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MÉMOIRES
ET DOCUMENTS
PUBLIÉS
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PAR LA SOCIETE D'HISTOIRE
DE LA SUISSE ROMANDE
Seconde série
TOME VII
LAUSANNE. — DfPRIMERIB GEORGES BRIDEL & C>*
MÉMOIRES ET DOCUMENTS
publiés par la Société d'hisloire de la Suisse romaude.
SECONDE SÉRIE
TOME VII
ESSAI DE TOPONYMIE
Origine des noms de lieux habités et des lieux dits
de la Suisse romande
PAR
HENRI JACCARD
Professeur au collège d'Aigle.
LAUSANNE
GEORGES BRIDEL & c'* ÉDITEURS
1906
I
*^>*^ 1 TABLE DES ABRÉVIATIONS
^'1
Arch. Fr. Archives fribourgeoises.
au§pm. augmentatif.
C. canton.
Gart. Laus. Cartulaire de Lausanne dans Mém. et Doc. VI.
Gart. Month. Cartulaire de Montheron.
D. district,
dim. diminutif.
Donat. Haut. Livre des donations de Hauterive.
F. B. Fontes rerum Bernensium.
fig. figuré.
Fôrstm. Fôrstemann, voir Bibliogpraphie.
h. ham. hameau,
loc. localité.
m. maison.
M. R. Mémoires de la Soc. d'hist. de la Suisse romande.
M. G. » de la Soc. d'hist. et d'archéol. de Genève,
n. pr. nom propre.
M. F. Mémorial de Fribourg.
Mtl. Matile.
Mus. N. Musée neuchâtelois.
M. N. » »
p. page.
R. dipl. Recueil diplomatique de Fribourg.
s. siècle,
subst. substantif,
s. m. subst. masc.
s. f. subst. fém.
T. fr. vieux français.
T. h. ail. vieux haut allemand.
Tr. Trouillat, voir Bibliographie.
Wstbg. Wûrstemberger, »
Zeerl. Zeerleder, »
* devant un n. propre ou autre nom indique un nom sup-
posé, probable, mais non constaté dans les textes.
Les noms locaux du Jura bernois sans indication d'origine sont tirés de
Trouillat, et pour le Valais, des volumes de documents publiés par Gremaud,
M. R. XVIII et XXIX-XXXIII et XXXVII-XXXIX.
ERRATA ^ < '
au tome Vil 2* série des Utm. et Doe. de la Soc. d'hist. de la Suisse romande.
Essai de toponymie, par H. Jaccard.
/ .i
Page 32, Bérenges, ligne 4, Beriken, lisez Berikon.
» 39, ligne 4, BloniuSy lisez Blanius.
» 40, ligne 1, biffez Bonis.
» 47, Bonloz, ligne 2, Boloohy lisez Boloch.
» 62, ligne 10, Cavouà, lisez Cavouè.
» 66, art. Cbalais, Saler, lisez Jalei\
» 68, ligne 17, ...tonis, lisez ionis.
» 79, Chaumont, ligne 4, Cbaumontel, lisez Chamontel.
» » » ligne 5, 1220, lisez 1229.
» 83, ligne 6, biffez Zeuss, p. 129.
» 89, ligne 18, Chabris, Chabre lisez Ckebris, Chebre.
» 93, art. Cboulex, ligne 3, M. G. XII, lisez II.
» 94, ligne 6 du bas, onomatique, lisez onomastique.
» 95, art. Clees, lignes 4 et 5, Glcfs^ Moines, lisez Clefs,
Moines.
» 96, ligne 17, Glouet, lisez Closet.
» 97, ligne 4 du bas, onomatique, lisez onomastique.
» 98, ligne 6, M. R. XI, lisez XII.
» » art. Collex, ligne 3, Collex, lisez Golex.
» 99, ligne 6 du bas, Praz. lisez Prez.
» 100, ligne 5 du bas, Acclini^ lisez Acelint,
» » ligne 9 du bas, CumboSy lisez Cumbas.
» 106, Gorges, ligne 3, 66, 67, lisez 166, 167.
» 110, lignes 17-18, Corsier, lisez Corsie.
» 111, ligne 5, Cosciniaco, lisez Coseiniaco.
» 114, ligne 13, Gurwol lisez Gurwoif .
» 120, ligne 21, M. R. 25, lisez M. R. 2Je série.
» 132, Dérochia, torrent à Géronde, lisez Grône.
» 136, ligne 11 du bas, Praz, lisez Prez.
» 145, art. Ecovets, ligne 2, Porthaux, lisez Ponthaux.
» 146, ligne 2 du bas, au-dessous, lisez au-dessus.
» 167, ligne 6, noms, lisez nous.
» 171. ligne 5, Fiouzalet, lisez Flonzelet
» 184, ligne 8, Canava, lisez Cenava,
» » ligne 11, cormique, lisez comique.
Page 187, ligne 9 du bas, 1272 M. G. XIV, lisez 1227 M, G. IV.
» 195, ligne 19, Praz ; Gottraux, bilîez le ; .
» 200, ligne 11, Gravaz l'i Daillens, lisez Gravay.
■» 208, ligne 14 Au lias. Hfremence. lisez Hcremenci.
» 223, ligne 3 du bas f.urre:, lisez Larriz.
» 231, an. Levron, ligne 2, Levrona, lisez Levrono.
» 233, ligne 4 du bas. Xll, lisez XII« s.
» 237, ligne 8,'au-dessous,\lisez au-dessus.
» 241, ligne 6, ctunuie la i^iive, lisez Loue.
» 2S4, lignes 13, 14, mnlen, tmupe.iii. lisez maka.
» 258, ligne 20. Vau de Rugt. lisez BuyI.
» 264, ligne 9, Martinae, lisez Uarlinaa.
» 263, Malran, ligne 1, 1148, liseï 1142.
» 266, ligne 4 du bas. 2» s., Usez ï« livr.
* 271, ligne 4 du bas, Merlingittm, lisez Marlingium.
» 274, Miécourt,iigne 6, 1129, lisez, 1239.
» 278, Moillesulaz. ligne 2, M. G. XIV. lisez IX.
« 287, ligne 14, Monterai, lisez Monliral.
» 288, ligne 16, Malconis, lisez Falconis.
» 292, an. Mi..iLl|ireve\rps, 1554, lisez 1164.
» 337, Penllii>n'az, D, Cossonay lisez Echallens.
» 341, ligne 4, l'errollcs. lisez Perrolles.
» 344, ligne 6, Riez lisez Riaï.
» 350, ligne;7, Facro.'lisez Faeto.
» 354. Iigne"2, M. R. I, 2» s., lisez 2« Hvr.
» 359, ligne 8, Rionda, lisez Rianda.
» 365, an. Pressy lii^nfï 2!) lisi'z 129.
» 381. ligue 1 du bas, liemalfeiu lisez Romutfens.
» 384. ligne 14, Rucei, lisez Rueci.
* 393, ligne 6, après *s Routes ajouter s. ra.
» 400, lignes 10 el 17, Ruty. lisez Rath.
> 409, ligne 9, 1394, lisez 1494.
» 412, ligne 7, 1039. lisei'1159.
» 416, nrt.Sarzens.f^humizo de Chumo, lisez Cbuuizo de Cliuono.
« 418, ligne,!, Otilcriis. h<f7. Snk;-ns
» 426, art. Seime, M. F., lisez H. G.
» 460, an. Thonex, ligne 2, 1230, lisez 1330.
» 462, Tinterin. ligne 2. Tentlichen, lisez Tenitichon.
» 463, dernière ligne, Tolère, lisez Tolore.
» 483, ligne 6, vassif, lisez vaisif.
* 492. ligue S du bas, Praz. lisez Prez.
» 520, ligne 4, Varannes 1231, lisez 1331.
» 537, Tsaraire, 75, lisez 88.
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CoRTHisY, Eugène. La vallée des Ormonts. — Lausanne 1903.
I
.$7:2
*^»*^ i TABLE DES ABRÉVIATIONS
Arch. Fr. Archives fribourgeoises.
augm. augmentatif.
G. canton.
Cart. Laus. Cartulaire de Lausanne dans Mém. et Doc. VI.
Gart. Month. Gartulaire de Montheron.
D. district.
dim. diminutif.
Donat. Haut. Livre des donations de Hauterive.
F. B. Fontes rerum Bernensium.
fig. figuré.
Fôrstm. Fôrstemann, voir Bibliogpraphie.
h. ham. hameau.
loc. localité.
m.
maison.
M. R.
Mémoires de la Soc. d'hist. de la Suisse romande.
M. G.
» de la Soc. d'hist. et d'archéol. de Genève.
n. pr.
M. F.
Mtl.
nom propre.
Mémorial de Fribourg.
Matile.
Mus. N.
Musée neuchâtelois.
M. N.
» »
P-
R. dipl.
s.
page.
Recueil diplomatique de Fribourg.
siècle.
subst.
substantif.
s. m.
subst. masc.
s. f.
subst. fém.
T. fr.
T. h. ail.
vieux français,
vieux haut allemand.
Tr.
Trouillat, voir Bibliographie.
Wstbg.
Zeerl.
Wûrstemberger, »
Zeerleder, »
*
devant un n. propre ou autre nom indique un nom sup-
posé, probable, mais non constaté dans les textes.
Les noms locaux du Jura bernois sans indication d'ori^ne sont tirés de
Trouillat, et pour le Valais, des volumes de documents publiés par Gremaud,
M. R. XVin et XXIX-XXXIII et XXXVII-XXXIX.
9p-
o534
«7
ERRATA 7<:^'-'-
au tome Vil 2* série des Mém, et Doc. de la Soc. (Thist. de la Suisse romande.
Essai de toponymie, par H. Jaccard.
Page 32, Bérenges, ligne 4, Beriken, lisez Berikon.
» 39, ligne 4, Blonius, lisez Blanim.
» 40, ligne 1, biffez Bonis.
» 47, Bouloz, ligne 2, Bolooh, lisez Boloch.
♦ 62, ligne 10, Cavouà, lisez Cavouè.
» 66, art. Cbalais, Saler, lisez Jalei\
» 68, ligne 17, .„tonis, lisez ionis.
» 79, Chaumont, ligne 4, Chaumontel, lisez Chamontel.
» » » ligne 6, 1220, lisez 1229.
» 83, ligne 6, biffez Zeuss, p. 129.
» 89, ligne 18, Chabris, Chabre lisez Ckebris, Chebre.
» 93, art. Choulex, ligne 3, M. G. XII, lisez II.
» 94, ligne 6 du bas, onomatique, lisez onomastique.
» 95, art. Clees, lignes 4 et 5, Gicfs^ Moines, lisez Clefs,
Moines.
» 96, ligne 17, Glouet, lisez Closet.
» 97, ligne 4 du bas, onomatique, lisez onomastique.
» 98, ligne 6, M. R. XI, lisez XII.
» » art. Gollex, ligne 3, Gollex, lisez Colex.
» 99, ligne 6 du bas, Praz. lisez Prez.
» 100, ligne 5 du bas, Acclini, lisez Acelint.
» > ligne 9 du bas, Cumbos, lisez Gumbas.
♦ 106, Gorges, ligne 3, 66, 67, lisez 166, 167.
» 110, lignes 17-18, Corsier, lisez Corsie.
» 111, ligne o, Cosciniaco, lisez Coseiniaco.
♦ 114, ligne 13, Gurwol lisez Gurwolf.
3> 120, ligne 21, M. R. 25, lisez M. R. 2tie série.
» 132, Dérochia, torrent à Géronde, lisez Grôiie.
3> 136, ligne 11 du bas, Praz, lisez Prez.
» 145, art. Ecovets, ligne 2, Porthaux, lisez Poiilhaux.
» 146, ligne 2 du bas, au-dessous, lisez au-dessus.
3> 167, ligne 6, noms, lisez nous.
» 171. ligne 5, Flouzalet, lisez Flonzelet
» 184, ligne 8, Canava, lisez Cenava.
» » ligne 11, cormique, lisez comique.
Page 187, ligne 9 du bas, 1272 M. G. XIV, lisez 1227 M. G. IV.
» 195, ligne 19, Praz ; Gottraux, biffez le ; .
» 200, ligne 11, Gravaz à Daillens, lisez Gravay.
•» 208, ligne 14 du bas, Heremence, lisez Hcremenci.
» 223, ligne 3 du bas, Larrez, lisez Larriz.
» 231, art. Levron, ligne 2, Levrona, lisez Levrono.
^ 233, ligne 4 du bas, XII, lisez Xlle s.
» 237, ligne 8,'au-dessous,\lisez au-dessus.
» 241, ligne 6, comme la Louve, lisez Loue.
y^ 254, lignes 13, 14, malea, troupeau, lisez malca,
» 258, ligne 20, Vau de Rugt, lisez Ruyt.
» 264, ligne 9, Martinae, lisez Martinaa.
^ 265, Matran, ligne 1, 1148, lisez 1142.
» 266, ligne 4 du bas, 2« s., lisez 2« livr.
>► 271, ligne 4 du bas, Merlingiumy lisez Marlingium.
* 274, Miécourt,'ligne 6, 1129, lisez, 1229.
» 278, Moillesulaz, ligne 2, M. G. XFV, lisez IX.
» 287, ligne 14, Monterai, lisez Montiral.
» 288, ligne 16, Malconis, lisez Falconis.
» 292, art. Montpreveyres, 1554, lisez 1154.
» 337, Penthéréaz, D. Cossonay, lisez Echallens.
» 341, ligne 4, Peppollcs, lisez PerroUes.
» 344, ligne 6, Riez, lisez Riaz.
» 350, ligne;;7, Fafî/o,-lisez Faeto.
» 354, ligne 2, M. R. I, 2« s., lisez 2« livr.
)^ 359, ligne 8, Rionda, lisez Rianda.
» 365, art. Pressy, ligne 2, 29, lisez 129.
» 381, ligne 1 du bas, RemulfenSy lisez Romulfens.
^ 384. ligne 14, Rucei, lisez Rueci.
)► 395, ligne 6, après es Routes ajouter s. m.
» 400, lignes 10 et 17, Ruty, lisez Ruth.
» 409, ligne 9, 1594, lisez 1494.
> 412, ligne 7, 1059, Ii8ez:il59.
* 416, art. Sarzens, Chumizo de Ghumo^ lisez Chunizo de Ghuono.
* 418, ligne,!, Oalcens, lisez Solcens.
» 426, art. Seime, M. F., lisez M. G.
» 460, art. Thonex, ligne 2, 1230, lisez 1330.
» 462, Tinterin, ligne 2, Tentlichen, lisez Tentlichon.
» 463, dernière ligne. Tolère, lisez Tolore,
» 485, ligne 6, vassif, lisez vaisif.
* 492, ligne 5 du bas, Praz, lisez Prez.
> 520, ligne 4, Varannes 1231, lisez 1331.
» 557, Tsaraire, 75, lisez 85.
sas. 1 1
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Plans cadastraux de nombreuses communes du canton de Vaud et du
Bas- Valais.
INTRODUCTION
Tout nom de lieu, ville ou villag-e, rivière, montag'ne ou simple
terrain, soit lieu-dit, a eu une sig-nification précise à l'origine. Le
sens d'un ^rand nombre de ces noms nous échappe aujourd'hui,
soit qu'ils appartiennent à des racines inconnues, soit qu'ils aient
été tellement défigurés dans la suite des temps qu'il ne nous est
plus possible d'en reconnaître la racine primitive sous la forme
que le nom revêt actuellement. Remarquons ici que très souvent
la forme officielle est une source d'erreurs. Les rédacteurs d'actes,
clercs et notaires, et, plus près de nous, les géomètres qui ont levé
les plans, les cartographes officiels ou privés ont très souvent
interprété faussement les noms qu'ils entendaient prononcer, et
leur ont donné une orthographe qui déroute aujourd'hui le cher-
cheur. Aussi est-il de la première importance, pour une étude
toponyraique, de rechercher les plus anciennes formes de chaque
nom. La lecture attentive des documents publiés dans les recueils
de chartes ou conservés dans les diverses archives est donc un tra-
vail préliminaire indispensable.
i. Origine. — A quel idiome appartiennent, d'après leurs
racines, les noms de lieux de notre pays?
Il j en a de trois sources différentes, formant trois couches
superposées. Et de même que le géologue détermine l'âge relatif
des divers terrains aux fossiles qu'ils renferment, on reconnaît
les origines diverses des localités du pays aux racines dont elles
dérivent.
If-
X INTRODUCTION
Une première série de noms, la plus ancienne, est d'origine cel-
tique. Nos ancêtres, les Helvètes, appartenaient à la nation g^au-
loise, un des rameaux de la grande race celtique. Leur langue se
rattachait à la famille indo-germanique ; elle était proche parente
du latin et des vieux idiomes germains, (Bopp, Grimm, Zeuss). La
plupart des noms de rivières, tous ceux en one, ar, sar, dive,
reuse, rhin, morge, etc. ; ceux de plusieurs montagnes, alpe,
dol, tann, balm; quelques termes topographiques, combe, oche;
quelques noms d'arbres, verne, sapin, et de beaucoup de loca-
lités, anciennement en dunum, durum, sont d'origine celtique.
Ces noms se rencontrent surtout dans la vallée du Rhône, de sa
source à Genève, et dans les vallées principales, Sarine, Broyé,
Thièle, Birse. Un assez grand nombre d'entre eux s'expliquent
avec plus ou moins de certitude; d'autres présentent une explica-
tion probable ; beaucoup offrent des prablèmes pour toujours inso-
lubles.
A cette première série de noms s'en ajoute une seconde beau-
coup plus nombreuse, celle des noms remontant à l'époque gallo-
romaine, vocables tirés d'une racine latine, ou gauloise, mais
adoptée dans le bas latin. Les conquérants romains s'établirent
essentiellement le long des grandes voies de communication, dans
les vallées déjà nommées, et sur le parcours des routes construites
par eux. Ils bâtirent des fermes, des maisons de campagne, ils
établirent des colonies, élevèrent des châteaux. A cette source éty-
mologique se rattachent les noms formés des racines villam,
casam, campum, pratum, planum, castrum ou castellum, monas-
terium, capellam, montem, vallem, furcam, mansum, coloniam,
burgum, vicum, condominium, murum, finem, paludem, aquam,
flumen, etc. La plupart des noms d'arbres, fagum, pinum, tiliam,
castaneam, laricem, etc., et quelques noms de végétaux plus
humbles, jonc, ronce, fougère, puis ceux qui dérivent de plantes
cultivées, froment, orge, épeautre, lentille, fève, pois, servent à
dénommer de nombreuses localités. A ces deux groupes dérivés
de noms communs viennent s'ajouter tous les noms de lieux ha-
bités terminés en ier, iez, ey, y, ex, ez, ay, primitivement formés
INTRODUCTION XI
d*un nom d'homme, généralement un g'entilice^, — nom de fa-
mille, — romain, celui du premier propriétaire, tels que Crissier,
Agiez, Chabrey, Moirj, Arnex, quelquefois d'un cog'nomen^ ou
surnom, Lonaj, Saconnex = domaines de Criscius, Abidius,
Cabri us, Maurîus, Arnius, Lonus, Saco, noms auxquels s'ajou-
tait le suffixe locatif acum; iacum s'est réduit à iac, puis à iaj,
iei, ie ou je, enfin à y qui avait d'abord le son de ie dans vie.
Mais d'autres noms se rattachent à ce g'roupe. Il faut y ajouter
quelques noms en on, dérivés de g^entilices avec le suffixe io,
ionis, tels sont Courson, Grandson, Valençon, Marsillon, etc.
Enfin le gcentilice peut se transformer en adjectif et ne prend pas
de suffixe : villa ^ Juvenia, de Juvenius-, domus Licinia, fundus'
Anicius; ainsi à Rome, pons Aemilius, via Valeria, aqua Claudia,
via Aemilia (Jubainville, p. a54, 3^5), et chez nous (villas) Da-
vias, Granias. A cette dérivation se rattachent des noms dérivés
du nominatif féminin singulier : Monnaz, jadis Mona, villa Mona,
Paganaz, terra Pagana, ou du datif-ablatif pluriel : Grang-es,
Grangiis, villis Graniis de Granius, villa Magis de Magus, aujour-
d'hui Mage.
Une troisième série de noms, la plus récente, est due à l'inva-
sion burgonde, au commencement du cinquième siècle.
Les Germains s'établirent surtout sur les plateaux qui séparent
les vallées, dont la population gallo-romaine était déjà assez com-
pacte; ainsi sur le plateau entre la Sarine et la Glane, entre la
* Les ^eotilices se forment des co^omens, surnoms adjectifs, par l'interca-
lation d'un i : Quintus-ius, Sextus-ius, Maunis-ius, Germanus*ius, ete. Les
Gaulois faisaient de même : Gabros-Gabrios, Toouta-Tooutia.
' Le propriétaire avait pris un çentilice quand il avait obtenu le droit de cit^
romain, et se contentait d'un co^nomen quand il était resté barbare; A. de
Jubainville, p. 96.
3 Fundus et villa sont deux termes corrélatifs : Fundus est la portion du sol
qui forme une exploitation agricole appartenant à un propriétaire déterminé.
Villa est le g^roupe des bâtiments où le propriétaire se loge et qui servent à
l'exploitation. Il n'y a pas de villa sans fundus, ni de fuodus sans villa. Suppri-
mez la villa, le fundus est réduit à l'état d^ager ou de locat^ Ager est locus qui
sine villa est. Jubainville, p. 95.
XII INTRODUCTION *
Glane et la Broyé, dans le Gros de Yaud^ enfin sur le plateau qui
s'étend entre la Venoge et le pied du Jura. Ajoutons quelques
rares établissements en Valais : Salins, Suen, Turtig. Chaque chef
burgonde reçut son lot dans le partage des terres ; il s y établit
avec sa famille et ses gens, et le nouvel établissement reçut un
nom dérivé de celui du propriétaire : par exemple Renens, primi-
tivement Runingis, chez les descendants de Runo. C'est ainsi que
sont nés, dans les régions que nous venons d'énumérer, les noms
de villages et de hameaux si nombreux (m d'après Zimmerli),
formés du suffixe germain inganij traduit en latin par ingiSy de-
venu dès le neuvième siècle enSy eins, enges ou anges, inges,
quatre formes qui ont chacune leur région particulière : ens à
Fribourg et la région d'Echallens : Berlens, Sullens; ins au sud
de TAubonne : Bursins, Prangins, et à Neuchâtel : Marin, Ver-
mondin ; inges à Genève : Presinges, Puplinges et dans la région
voisine de la Haute-Savoie, où Ton trouve une trentaine de noms
en inges (dans M. Inst. Gen, VIII, 12, J. Vuy en compte 38);
enfin la forme enges se trouve dans deux groupes de localités,
l'un dans la vallée de la Broyé : Auboranges, Martherenges,
l'autre près de Morges : Préverenges, Bassenges (aussi en Cha-
blais : Morlange, Champanges. etc.). Ajoutons encore une graphie
qui le rend méconnaissable, c'est an, Renan, Aran, Chevran,
Valavran. Un autre groupe de noms datant de la période de l'in-
vasion germaine comprend les nombreux Villars, de villare, réu-
nion de villas, généralement déterminés par le nom du Germain
auquel le hameau de colons gallo-romains échut en partage, ou,
pour les localités nouvellement habitées, le nom de celui qui a
fondé la villa, qui s'est établi sur le mont ou dans la vallée :
Villarimboud, Villargiroud, Villariaz = villas de Rambold, de
Gérold, de Rohart ; Vaumarcus, Montbovon, vallée de Marcold,
mont de Bovo. A ces noms de la partie méridionale de notre pays
romand s'ajoutent tous les noms composés en court du Jura :
Courtelary, Vendelincourt, etc., et la plupart de ceux en velier :
Undervelier, Develier, que Zimmerli (Ille p.) croit être d'origine
franque.
INTRODUCTION XIII
Presque tous les noms de cette classe si nombreuse des dérivés
de noms propres germaniques nous sont parvenus sous deux
formes, Tune allemande, l'autre française, qui s'éclairent récipro-
quement, la forme allemande ayant g-ardé g'énéralement la racine
plus intacte, ainsi Vufflens — Wûlflingen, de Wulfilo, Glovelier —
Liolting^n, de Lioht, Develier — Dietwiler, de Dieto, Villarepos —
Ruppertswiler, de Ruppert, Courroux — Lûtolsdorf, de Lûtold.
Toute étjmologie qui ne satisfait pas aux deux formes, française
et germaine, est fausse, ainsi celle qui tire Courroux de curtis
rufus (Dict. géog, Attinger), est d'emblée à rejeter, de môme
que celles qui dérivent le déterminatif d'un nom commun, court
et velier s'ajoutant toujours à un nom propre, voir Corban, Cof-
frane, Miécourt.
Notons enfin que ce mode de formation de noms locaux dérivés
de noms d'hommes se continue encore de nos jours, surtout dans
les montagnes. Citons parmi les noms propres existant encore
aujourd'hui, dans la Gruyère : la Saudannaz (Saudan), la Bu-
mandaz (Buman), la Vondervsreide, la Fégueline, la Guisolandaz,
— au Pays d'Ënhaut, la Jaquillarde, la Jaquerode, la Minaudaz,
la Gobalette ; dans le district d'Aigle, la Bercière, la Veillarde, la
Sordettaz, la Perrettaz; dans le Jura, district de Grandson, la
Porrettaz, la Rougemonne, la Rusillonne, la Roguine, la Pidou-
saz, la Christine, etc. Nous avons laissé de côté ces noms qui s'ex-
pliquent d'eux-mêmes.
Remarquons en passant que les notaires ont souvent donné le
suffixe gallo-romain iacum à des noms d'origine germanique et
quelquefois l'inverse. Citons Bruciniacum pour Brucins ou Bur-
sins, Givriacum — Givrins, Matiniacum — Mategnins et inverse-
ment, Burdignins pour Bourdigny de Burdiniacum, Cartignins —
Cartigny de Quartiniacum, Prignins de Prianiacum, Gresins de
Gratiacum, Nivillins de Novelliacum. Ils ont de môme donné ce
suffixe acum, qui ne s'ajoute qu'à des noms d'hommes, à des noms
de choses: Asneriacum, Anières; Pantharacum, Penthéréa; Chi-
seracum, Chéserex; Corgiacum, Corges; GoUionacum, Gollion;
Holder cite aussi un Tremuliacum, aujourd'hui Trembly, de tre-
XIV INTRODUCTION
mula, le tremble. Aux noms de localités dérivés de noms propres
germains, s'ajoutent, dans la période burgonde, un certain
nombre de noms, surtout de lieux-dits, dérivés de substantifs
communs germaniques : bole, breuil, mosse, léchère, râpe ou
rippe, rosé, saule, vœte, vuaz, vavre ou voivre, etc.
2. Modiflcatîons des racines. — Naturellement tous ces noms
ont subi, dans le cours des âges, maintes modifications. Les règles
qui président à la transformation des mots du dictionnaire, per-
mutations, transpositions, additions ou suppressions de lettres,
dont on trouve les lois dans les dictionnaires étymologiques, s'ap-
pliquent avec la même rigueur aux modifications des noms
propres; seulement leur orthographe est infiniment plus capri-
cieuse, plus mobile, car elle n'est réglée par aucun dictionnaire.
De plus, on y rencontre un certain nombre de permutations
inconnues au français, mais qui se retrouvent dans nos patois :
c-h aspiré. Corne— Home, Combe — Hombe; ch-f, Oche — OfiFe;
»-f , l'Essert — le Fer, Cingle — Fingle ; ch-ss, Ouche — Ousse ; ss-ch,
Ëssert — Ëchert, Pissot — Pichoux ; j-z, Joux — Zour ; ch-ts, Chanoz
— Zanoz, Chaux — Tsô; 1 mouillé et 1-d ou 5, Gollie — Gode,
Daillon — Dadon, Palette — Padette; j-d, Oujon — Audon, Chàges
— Chaude; q-t ou c-t, Paquier — Patier, Curtmannonis — Tourte-
magne; gl-11, Glaise — Liaise, Glarey — Liarey; — des additions,
comme le v entre deux voyelles, des suppressions, comme celle
du V initial ou médian, Vercome — Ercome, Vernayaz — Ërnayaz,
Novale — Noale. Nous y trouvons des voyelles et syllabes atones,
az, oz, è, y = e, Riondaz — Rionde, Iserabloz — Iserable; on écrit
indifféremment Trogny et Trogne, Reschy — Rêche, Sinièse et
Ziniegy ; cet i atone existe dans les patois de l'Isère où l'on écrit
tachi, clou, tronchi, souche, oulagni, noisette, armailli pour ar-
maille, troupe, drachi, marc, grailli, corneille, agi, haie. Au qua-
torzième siècle, plus de cinquante noms de lieux du pays aujour-
d'hui terminés en e, s'écrivent y : Venogy, et jusqu'au seizième
siècle, Viveysi i536, et au dix-septième, la Monsy i668, laMonse;
ez = es. Miserez — Mézières ; ier et iez .= y, Vernier, Agiez, Fiez,
INTRODUCTION XV
se prononcent Verny, Ag-y, Fy. A ce propos, remarquons qu'il se-
rait temps de modifier Torthog'raphe de nos noms de localités
pour éviter de voir ces noms défigurés par un déplacement de
l'accent. On entend déjà trop souvent prononcer Riondàt^ An-
zeîndàt ou Riondàze, Anzeindàze, les mots Riondaz, Anzeindaz,
que nos pères prononçaient Rionde, Anzeinde, comme nos mon-
tag'uards le font encore aujourd'hui. Nous devrions imiter les Va-
laisans qui ont abandonné les orthographes surannées d'Evolenaz^
Iserabloz, écrits aujourd'hui Ëvolène, Isérable.
Parmi les influences qui ont contribué à modifier les noms, il
faut encore ajouter :
fo La soudure de l'article, entière ou partielle : Lallex, l'Allée
ou l'Aller pour la Lex, Lormoy— l'Ormoie, Lourtier — l'Ortier, la
Liserae — l'Yserne, la Laire — l'Aire, Lirette — l'Irette, Loursine —
rOursine, Lautaret — l'Autaret, Louge — l'Ouge, Loche — l'Oche,
rObèche — lo Besso, l'Avare — laVare, l'Achat— la Ghaz.
2^ Au contraire, la séparation de 1 initial : l'Arrêt pour Larret,
l'Horette— Lorette, ou du a de l'article féminin, la London pour
l'Allondon.
30 L'addition d'un n initial provenant de la liaison de en avec
la voyelle, Onnaz— Nona, Euloz — Neuloz, Oez — Noës, Ombrieux
— Nombrieux, y Travers — Ni travers, fréquent en Valais où l'on
dit encore aller en Isérable, en Nendaz. Cette agglutination de l'n
est fréquente en romanche : Nalps, Nacla, Naul pour in Alps, in
Acla (= mayen), in Aul, devenus 'n Alps, 'n Acla, 'n Aul. On
a dit aussi Nenges pour Enges, Description de j\euchâtel, par
Amiet, 1692.
4** La soudure de en : Engollon, Enney, Envelier, Envuardes.
5° La soudure de es (y en Valais) : Ëtagnère, Elay, Eloyes,
Echilles, Epoisats, Eponveys, Eplatures, Evilard, Ecoteaux, —
lUettes, Itravers, Izigière, Ypresse.
60 La séparation de a ou e initial pris pour une préposition :
à Talens pour Attalens, en patois Talein, R. de Vouant pour
d'Evonant, Epenaux devenu es Pénaux, puis Penau.
7® Des confusions de suffixes : an latin avec ens germanique :
XVI INTRODUCTION
Aran pour Arens, Chevran pour Chevrens, Valavran pour Vala-
vrens ; ar latin et ard germanique : châtelar, molar, villar, outar,
de castellare, molare, villare, altare, devenus châtelard, molard,
villard, outard.
8<> Des modifications de suffixes, telles que aulaz, ollaz, eulaz,
pour ola, anciennement oula, de ula : Arg'naulaz, Foyaulaz, Ter-
raulaz, Serraulaz, Revereulaz, jadis Herniola, Teroula, Rive-
roula.
90 L'introduction de lettres parasites, telles que le h après t,
soit au commencement des mots, Thanna, Theil, Theisa, Thio-
leire, soit à Tintérieur, Athenaz, Bethusy, Epautheires, Mathod,
Mothe, Penthaz, ou à la fin, Buth, Ruth, Sejthe, etc., h qui a été
la cause de fausses étjmologies : personne n'aurait songé à dé-
river Betusie de Bet-hus, si Ton n'y avait introduit un h après le
treizième siècle. De même à la fin des mots le z est le plus souvent
parasite et n'apparaît que postérieurement; outre les mots en olaz
mentionnés plus haut, citons encore Monnaz, Penthaz, jadis Mona,
Penta.
En outre, de fausses étymologies, de faux rapprochements, ba-
sés sur des ressemblances fortuites, ont souvent influé sur l'ortho-
graphe, et quantité de noms nous sont parvenus sous un aspect,
un déguisement qui les rend méconnaissables. Citons parmi les
fausses orthographes actuelles, outre celles que nous donnons plus
haut : les Arts pour les Ars, le Cerf pour TEssert, Gouvaloup pour
Couvalou, la rue du Marché à Genève pour Marchet ou Maréchet,
le Muids pour le Muis, Jolimont pour Julemont, le Vaud, les
Veaux pour Leveau, Leveaux. Bord-de-l'eau pour Bordelloz, etc.
Les chartes nous oflFrent de curieux exemples de ces calembours :
Arcum Gœli par Arconciel, Periculo — Péry, Aprili — Avry, Gran-
dissonus pour Granzon de Grantio, Vallis Volucrum pourFuglis-
dal ou VaufFelin, Vallem Leonis — Vaulion, Vallis Mercurii — Vau-
marcus, Escholes Blanches pour Escublens (Gart. Haut Grôt).
Cette tendance à expliquer un nom par une ressemblance purement
extérieure a, encore de nos jours, conduit à une quantité de fausses
étymologies, dont \q Dictionnaire historique du canton de Vaud
INTRODUCTION XVII
et les travaux d'Hisely dans les premiers volumes des Mémoires et
documents de la société d* histoire de la Suisse romande oflFrent
encore quelques exemples, tels sont Bethusj de Bet-haus (l'h est
parasite), Romairon de Romanorum, Eclépens, Sclepedîng^us, de
schlepp-ding, étymolog-ie de Ruchat qui tire Ecublens de Schu-
bling* et Senarclens de Scharnachlingen, pays des ronfleurs (cité
par J, Olivier, Canton de Vaud, i88). C'est ainsi qu'en 1869
encore, Saugy tire Bellelay de belle laie, femelle de sanglier
(Histoire de l'Abbaye), qu'en 1900 M. Marchot dérive Villarepos
de villare repositum, et que nous avons entendu expliquer Saint-
Gingolpb par Saint-Jean en g'olfe !
Ajoutons les fausses lectures : Mameres pour Maineres avec un
i sans point et la faute inverse, Balinam pour Balmam, Yerconia
pour Vercoma; celles de Uaure pour Vavre, Juvego pour Jurig-o,
Uuurie lu Wurie pour Vuvrie (HautCrôt), Duluina pourDuluiva,
n pour u = V (M. R. III), in Auros (Malile) pour iauros = Ja-
vros, le Javroz, confusions dues à l'identité des lettres u et v.
C'est la môme raison qui n'a pas permis à l'éditeur de l'Obituaire
de la cathédrale de Genève, M, G,, XXI, 187, d'identifier le nom
de Valaureus, qui n'est autre que Valavran, écrit Valavrens, 1267,
M. G., XIV, 40*.
L'esprit de système est une autre cause qui a contribué à aug*-
menter le nombre des fausses étymologies. Au commencement du
siècle passé, la mode était au celtique. En 1807, l'Académie cel-
tique se proposait «d'étudier et de publier les étymologies de
toutes les langues de l'Europe, à l'aide du celto-breton» (Mémoires
I, p. 4)- Le doyen Bridel, tout épris de celtique, traduisait perdes
mots celtes plus ou moins authentiques tirés de Bullet, les noms
les plus manifestement latins : Ayerne, Baugy, Chavon, Chesière,
Forclaz, Manche, Mazot, Mocausa, Neirivue. De même Gaudy-
Lefort, dans son Glossaire genevois, 1820, pour Cologny, Pressy,
Crêt, Vie, etc.
< M. le chanoine Mercier, dans sa liste des chanoines de Genève publiée en
1895, Acad. Salésiennc d'Annecy, Mém., XIV, 196, n*a pas non plus identifie
Valaurens avec Valavran (comm. par M. Eujçène Ritter).
B
XVIII INTRODUCTION
Gatschct, dans ses Ortsetyrnologische Forschnngen ei Pro^
menades onomasliques, tous deux parus en 1867, a heureuse-
ment recouru aux sources aussi souvent qu'il a pu, et a rencontré
juste dans un grand nombre de cas. Mais il a aussi un système
qui lui a fait commettre mainte erreur. Il attribue aux plantes un
rôle exagéré dans l'onomastique locale, et dès qu'il découvre
quelque ressemblaace entre un nom de plante et celui d'une loca-
lité, il dérive celui-ci du premier, sans souci des possibilités.
Ainsi pour lui Vercorin, Valais, vient de verrucaria, l'héliotrope
d'Europe, petite plante peu apparente qui n'y croît pas ; Auvernicr
de avornio, l'orme, arbre d'Italie ; Auboranges de aubours, cytise
du Tessiu; Arzier de arze, mélèze, étranger au Jura; Avenex de
avoine. Fiez de fichte, le pin ; Céligny de siligo, froment d'hiver;
Lentigny de lens, lentille, quand les suffixes en acum des quatre
indiquent la dérivation d'un nom d'homme; les Evouettes, Ivettes,
de eibe, if; Naie de nardus, le nard «que le bétail préfère à toute
autre herbe», dit-il : erreur amusante, car aucun bétail ne touche
à cette graminée dure et piquante. Citons encore Gompesièrestra-
duit par Combe des pesses, quand la localité est située sur un crôt
fort prononcé, la Becca d'Audon, 8228 mètres, d'herba d'audon,
la bryone, plante des contrées chaudes. Studer {Schweizerorts-
narnen, 1896), admet de confiance toutes ces étymologîes qui ne
supportent pas l'examen, et renchérissant encore, dérive Eisten et
Fée, vallée de Saas, de l'allemand eisten et du latin fagus, hêtre,
arbre étranger au Valais; Monte Moro, col glacé, 2 100 mètres au
pied, de morus, mûrier, ou de morum, mûre de haie. Telle est
encore l'erreur de M. Paul Marchot qui, tout récemment. Revue
de la Suisse catholique, 1900, tire Charmey de carpinetum,
taillis de charmes, arbre qui ne croît pas à cette hauteur et, faute
plus g'rave, dérive, sans s'inquiéter d'aucune forme historique,
Morat et le Mouret de moretum, plantation de mûriers.
Aucune circonstance, aucune considération ne les arrête, ni la
configuration du sol, ni l'altitude et l'impossibilité pour telle
plante de croître dans le lieu donné.
Pour éviter autant que possible de tomber dans les erreurs de
INTRODUCTION XIX
nos devanciers, nous avons d'abord compulsé toutes les sources
de renseigcnemcnts que nous pouvions trouver. Les cartes, les
plans cadastraux et les Feuilles des avis officiels nous ont fourni
les noms actuels dont nous avons noté soig-neusement les variantes
d'orthographe. Puis les diverses publications des sociétés d'his-
toire et d'autres ouvrages, plus de 260 volumes, nous ont donné
les formes primitives de ces mêmes noms. Nous avons admis dans
le cadre de notre étude les localités jadis romandes, aujourd'hui
germanisées, du Valais, depuis Couches jusqu'à Louèche, où
l'allemand ne s'établit définitivement qu'au seizième siècle, ainsi
que les villages des environs des lacs de Bienne et de Morat, où
l'allemand continue sa marche en avant. C'est ainsi que Naters,
Brigue, Kerzers, Mett, etc., ont trouvé place dans notre étude.
Ce travail préparatoire achevé, nous avons étudié les ouvrages
qui pouvaient nous donner l'explication des différentes racines et
la formation des noms de lieux, les travaux de Quicherat et sur-
tout le magistral ouvrage de d'Arbois de Jubainville sur l'Or/-
gine des noms de lieux habités en France, le Dictionnaire de
De Vit pour les noms d'hommes d'origine latine, celui de Fôrste-
mann pour les noms germaniques, les ouvrages de Zeuss, de
Holder, Diefenbach, etc., pour les racines celtiques.
Ces différentes sources nous ont permis de résoudre maint pro-
blème étymologique resté jusqu'ici insoluble. Ajoutons que la plu-
part de nos solutions ont été soumises à l'examen de M. le profes-
seur J. Bonnard qui, avec une complaisance inépuisable, a mis sa
science à notre service pour vérifier et à l'occasion corriger et
compléter nos recherches. Nous lui en exprimons ici notre vive
reconnaissance. Nous devons également des remerciements à M.
le professeur J. Stadelmann qui nous a donné quelques directions
précieuses, et à M. Isabel, instituteur à Villars sur Ollon, qui
nous a renseigné sur de nombreux noms dérivés du patois.
Aigle, janvier 1906.
ESSAI DE TOPONYMIE
^^igine des noms de lieux habités et des lieux dits
de la Suisse romande.
b", rivière, Arula, en 3^3 dans S, Eucher, Ara, l^IO, Arola,
|daDs Fnkléffairc. Arar. en 178. ia3r>, F. B. II. laCti, 1274.
I3Â4. Ar, 1271, F. B. II. Sous loulcs ces formes, on re-
né la recioe cetlique Ar, fleuve, u/n, ola, dimJDtitifs. La
F Arar au contraire est sans doute Formée de ar, fleuve et
a particule augmeotative ar^= très, fréquente dans les noms
«IliquFs, indiquant ainsi la puissance du cours d'eau.
Uthayii. Clos —, k Hoche; ancîcDDe pi'opriété de l'abbaye du
SBÎat-Bernanl.
AI>or||e.in(x), loc. à Puidoux; Aberjoz, à Corbeyrier; Aber-
fjrot, cbalet et pâturage à Montbovon ; Aborglrc, & Tour-de-
Tffme; autres formes de l'Aliorgenient, D. Orbe, terre donnée
«D Nberg^ment, eu ferme perpétuelle et héréditaire.
I.'AlK>rtnu, chalets sur les VoPltcs. Ormont-dessous ; èa Abé-
riom, à Pran^Ds et Ormont-dessus ; es Aborrînux à Genolier ;
port de l'Abériou, aux Evouetles, Valais; i'Avériaiix, bras de
la Baie de Clarens =: l'abreuvoir. En Oauphïné, l'.Vbéourou,
ieabeurar. abreuver,
L'Abr^fiaiuc , ruisseau à Pdquier, Frib, . autre foroie de
direuvoir.
Les Almoa, t^ loc., prairies, à Court, Corban, Glovelier et Delé-
monl. Jura bernois. Peut-être y a-t-il quelque parenté avec le
terhe v. fr. abuet; convertir en fumier (Godefroy) bien qu'il soit
B. D. SIC. sinW, TOUR vil I
ESSAI DE TOPONYMIE
9
Origine des noms de lieux habités et des lieux dits
de la Suisse romande.
Aap, rivière, Arula, en 343 dans S. Eucher, Ara, t^io, Arola^
598 dans Frédég-aire, Arar^ en 778, i235, F. B. II, 1266, 1274.
Hara^ i354> Ar^ 1271, F. B. II. Sous toutes ces formes, on re-
trouve la racine celtique Ar, jfleuve, u/a, ola, diminutifs. La
forme Arar au contraire est sans doute formée de ar, fleuve et
de la particule aug-mentative ar= très, fréquente dans les noms
celtiques, indiquant ainsi la puissance du cours d'eau.
Abbays, Clos — , à Roche; ancienne propriété de Tabbaye du
Saint-Bernard.
Abergeau(x), loc. à Puidoux; Aberjoz, à Corbeyrier; Aber-
geot, chalet et pâturage à Montbovon ; Abergîre, à Tour-de-
Trême; autres formes de TAbergement, D. Orbe, terre donnée
en abergement, en ferme perpétuelle et héréditaire.
L'Abériau, chalets sur les Voëttes, Ormont-dessous ; es Abé-
riaux, à Prangins et Ormont-dessus ; es Aberriaux à Genolier ;
port de TAbérleu, aux Evouettes, Valais ; TAvériaux, bras de
la Baie de Glarens = Tabreuvoir. En Dauphiné, TAbéouPOu,
de abeurapy abreuver.
L'Abréviaux , ruisseau à Pâquier , Frib. , autre forme de
abreuvoir.
Les Abues, 4 loc, prairies, à Court, Corban, Glovelier et Delé-
mont, Jura bernois. Peut-être y a-t-il quelque parenté avec le
verbe v. fr. abuer, convertir en fumier (Godefroy) bien qu'il soit
M. D. SEC. SÉRIE, TOME VII 1
2 ACHY — AGAREN
difficile d'établir la filiation. Il y avait des campis Abes, près
Sierre, i453 et un lieu dit les Abes^ à Cressier.
En Achy, loc, à Ecublens, D. Glane, grangia de Axi^ ii79>
I i8o, M. R., XII, 4o, 4^* D'Arbois de Jubainville dérive un Achy
de France de Appiacum^ domaine d'un Appius; nous tirons le
nôtre de (praedium) Acciacum, domaine d'un Accius, autre gen-
tilice (nom de famille) romain, nous basant pour cela sur la
forme primitive Axi = Accie.
Acleus, D. Gossonay; Aclens, vers 1106, Hidber N® lôaS,
Asclens, vers 1200 et i383, M. R., V, 218, 2'jt^; AcienSy ï453 =
chez les descendants d*Ascilo^ n. pr. germain, Fôrstm, p. i3o.
Aclex, bois près Surpierre, nemus quod dicitur Asclei xiii« s.
versus supra petram M. R.VI, 325, 387. Le texte, p. 325, a aselei,
fausse lecture ou coquille. Origine inconnue.
Aux Adelins, ham. de Poliez-Pittet = chez les descendants
(ÏAdilOy Adelo, n. pr. germain, Fôrstm., p. 137. A Nax ou Con-
they. Valais, un campum dol Adeleyriy i25o.
Ados, loc, à Auboranges (Fribourg) ; Addox, à Boudrj;
Adoux, à Granges (Vaud) et Palézicux; es Ados, 1228, 1295.
Addoux, Villars-les-Moines, Montagny, Essertines et Gruyère ;
Adouz, à Bavois et Epagny : fr. ados = endroits bien exposés
au soleil, abrités.
Adrey, 2 ham. D. Gruyère ; du patois adrai, flanc d'une vallée
le mieux exposé au soleil, le flanc droit, l'adroit en français
romand.
Afflon, ham. près Gruyère et ruisseau ; de ad et Jlamen, vers
le ruisseau ; le hameau a ensuite donné son nom au ruisseau.
Les Afforets, loc. à Aigle ; les Affores à Gorcelles, Neuch. en
i346 ; de ad, vers, et bas \dX\n fo restai, forêts.
A(japen, village près Louèche, Valais. Aert, 1252, 1292. Ayerty
1267. Aient j 1273. Ayert, 16 fois, i366-i4oo. On y parlait alors
français. Dans la seconde moitié du quatorzième siècle, l'allemand
s'établit dans la contrée et le nom change. Agoni, i383. Agoren^
1394. Agarn , 1397, sans que la forme primitive disparaisse
complètement: Ayert, i393, i4oo, i4ii> i554. Zimmerli, 111,72.
AGISSONS — AGNY 3
Ayert est probablement le correspondant des Ayer de la Suisse
française, lieu où abondent les érables. Quant à Agarn, c'est le
plur. de agar, nom au Tessin de Térable.
Agassons, aux — , prés à Gonthey (Ag'açou), dimin. de aigasse,
lui-même augmentatif de aiguë, eau ; prés avec de petites
sources, prés humides.
Agaune, ancien nom de Saint-Maurice, Valais. Acaununij
comm* du cinquième siècle (Saint-Eucher). Agaunum^ 5i6, 708,
etc., du celte acaunum, rocher.
Age, plur. Ages, ham. d*Avrj-sur-Matran, et une quinzaine
de lieux-dits Vaud et Frib., es Agges à Ghatonnaye, Adgés à
Sales, Frib., Adzex à Naz ; les Haches à Torny-le-Grand ;
Hade à Damphreux et Montignez, Jura bernois ; les Hadzes à
Sassel ; Poète- Adze à Ballaigues ; du v. fr. agie, bas latin agia,
patois adje, adze, anglais hedge, du v. h. ail. haga, haie.
« Quel qui aura agie ou cloz sus pasquier de villa de Fribor...
que didant la saint Michie retraison lour âges et closon. » 1422.
Rec. dipl. Fr. VII.
Aget, forme pa toise de Azet, Voir Aze.
Ageltos, D. Sion. Agietes et Gieti, 1190. Agyeites, i25o ; les
Agit(t)es sur Gorbeyrier ; de ad, vers, et v. fr. gieie, du latin
jacitum, gîte.
Agîez, D. Orbe (pron. Agy !). Aziacum, loii et 10^9 M. R. I.
1109, 1160. Hidber, I, II. Agyz^ ^^79» Agyaciim, 1266, Agie,
1263, Agy, 1882. M. R. XIV. — Agy, ham. près Fribourg,
Aziey 1228, Azje, 1281. M. R. XII. Agye, 1800, Agiez, i34o,
ail. Ebsach ; de (/andum) Abidiacum, domaine d'un Abidius,
gentilice romain.
Agnens, ham. disparu entre Missy et Portalban (un commu-
nier encore en 1567), Asenens, loSo, Asnens, ii49> ii62,Matile;
Asneins, 1210, Asnens, 1228, 1289, M. R. VI. Agnens, 1842,
Matile. etc. = chez les descendants d'Asino, n. pr. germain.
Agny, loc. à Avenches, pas de formes anciennes =: (funduni)
Agniacum ou Aguniacum, domaine d'un Agnius ou d*un Agu-
nias; Holder donne ces deux gentilices, p. 69 et 62. Le m du
4 AGOUILLONS — AIGUEROSSE
second ayant cl il tomber de bonne heure, Ag'ny peut venir indif-
féremment de l'un ou de l'autre.
Agouîllons, deux collines au nord du Pont, vallée de Joux =
aiguillon, de aculeonem^ piquant.
Agreblaiâ, torrent temporaire ou dévaloir et forêt voisine à
Saint-Gingolph ; Agriblieray, forôt sur Blonay ; du patois agreb-
llaiy houx, dérivé du latin acrifoliam: localités où abonde le
houx.
Ayrimoino, D. Lac, Frib., ail. Agriswil, Agersswylcy 1276,
Agraswgl, i333, Agrîslwil, Kucnlin, 1882.
Aigle, Allium, ii38, Alio, 1179, Aile, 1204, Aylio, i255,
Algo, 1279, etc., en patois Ailloz, peut-être de aqaila, aigle,
comme le patois aillo, qui désigne à la fois Aigle, loc, et aigle,
oiseau. Aille dérive naturellement de aquila, comme maille de
macula.
Il est entendu que nous ne pensons ici nullement à une allusion
aux aigles romaines, mais simplement à Taigle oiseau, qui niche
ici et là dans les rochers au-dessus de la ville.
Aigremont, château ruiné aux Ormonts ; mont à Pâquier,
Neuchâtel ; de acrem montem = mont aigu, escarpé.
Aiguo : le latin aqua^ et le celte ève, ive, eau ont donné un
grand nombre de formes aiguë ^ eigue, igue, ivoue, ivue, invoue,
ive, ève, euve, qui entrent dans la composition de nombreux
noms :
Aiguerosso à Gryon, eau rouge ; Aigue-Saussaz à Salins sur
Aigle, du latin salsus^ eau salée ; Autraigue, Ormont-dessous,
au delà de Teau ; Ballaîgue, belle eau ; Fraîdaigue, eau froide ;
Raraigue, champs à Aigle, eau rare ; Longeaigue, Avenches,
longue eau ; Morlaiguo ou Mortigue, trois ruisseaux vaudois,
eau morte ; îVoiraîgue, Neuchâtel, îVoiraigue, Ballens, Neipigue
ou Neipîvue, Frib., eau noire ; Aiguctte, ruiss. à Saubraz, petite
eau. Corne à l'Ëgaz, loc. à Villeneuve, In Ygouasse à Gri-
mentz,Valais, aux eaux ; Albeuve et Erbîvue, Frib., eau blanche ;
Oapîvue, Valais, eau claire, Mapivue à Albeuve, grande eau ;
ïx)ngîve, Longivue, plus, loc, longue eau ; Rougève, Rogîve,
AILLE — ALBEUVE 5
Bogiaivuiy 1287, Rogivue, Rozaigue, Orbe, eau roug'e ; Saus-
sivoe, ruiss. Gruyère, salsa aqua, 1296, eau sal(*e ; Ivette ou
Ivoueite, torrent à Bex, petite eau, Evouettes, Valais et Evuettes,
Sépej, es Yvootles à Olion, es Invouettes à Charmey, petites
sources ; Ent rêves, Elrèves, Etrives, Ollon, entre les eaux ;
l'Evi, ruisseau d'Albeuve, Invoua à Marly, Invoué à Sales,
llnvoê à Thierrens, Flnvuex à Granges, Linvuex à Saies, Sa-
rine, Livoez, Assens, Ivuex à Prahins, Yvoex à Prangins, Evuez
à Roche ; de ève^ et suff. collectif ej?, eZy endroits où Teau abonde.
Aille En — , à Grandvillard, Gruyère ; Aillepraz à Granges,
Vaud, Aiilipra 1228; de aille, aigle = à TAigle, au Pré de
l'Aigle ; Treutse à TAille à Trient, Valais : rocher de l'Aigle.
Aillerens, ou Allerens, ham. près Moudon, Villar Aliénant,
1 142, Vilar Alarenc, 1 147, Aleran, 1 154. Cart : Month, p. 7, 11,
19 = chez les descendants de Allhar, n. pr. germ. de -4//o et hari,
guerrier. Un Allhar, sous la forme latinisée Alerius, est un des
signataires de la charte de fondation de l'abbaye de Payerne, 962.
Aire, deux villages de Genève, Aira, ham. de Saxon, et trois
ou quatre pâturages en Valais ; du latin area, aire, cour, champ,
place à bâtir ; l'AiPette, pâturage sur Ardon, EirctUiz à Isérables,
diminutifs. L'article s'agglutinant au diminutif a donné Lairettaz
à Cîonthey, Leyrettaz, loc. à Nax, Lirelte, ham. de Saiiit-Jean
d'Anniviers, Yreta, 1260 ; Lyrottaz, alpe sur Sierre, Lirette sur
Ardon.
Aire, deux rivières de Genève, affl. de l'Arve et du Rhône, écrit
quelquefois Laire ; de la racine celtique an si fréquente comme
premier ou second élément des noms de rivières. Arvc (Arar), Aar
(Arola), Isara, Areuse, etc.
.ijoie, ail. Elsgau, nom du pays de Porrentruy, Ayt/oya vers
1180, Aioia, 1236, Ajoya, i3ii = Hall'sgau ou contrée de la
Halle ou Aile, aujourd'hui Allaine, rivière qui traverse la contrée.
Albeuve, Fribourg, Alba aqua, 1019, M, R. VI, Erbiwi,
1171, Albewiy 1171, Albewy, 1221, M. R. XXll, Albegae, 1C20
(Dellion), du latin alùa aqua, eau blanche, ou du celtique alb
et eue^ ive^ même sens.
6 ALBINEN — ALLAINE
Albincn, D. de Louèchc, en franc. Arbignon ; voir ce mot.
Alesscs, ham. de Dorenaz, D. Saint-Maurice, Valais, Alleyses^
i342, Alesses, i35o; peut-être de la racine celtique ail, vieux
hibernien, rocher (Holder, p. 90), d*où Ton dérive Alesia. Alesses
est perché sur un rocher comme TAlesia que prit César.
Alferinée, ham. de Tûscherz. D. Nidau. Chloz de Alpherme^
1274, Zimmerli, villa Alframe en i325, t. III = domaine à'Al-
franiy n. pr. germ. Fôrstm., p. 58.
Algaby, ham. du Simplon, Valais, ital. al Gabbio. M. Alb.
Navillc, M. G. XVI, le rapproche de Gabiet (mine d'or) et de Gaby
(fer) ; ham. vall. de Gressonney, Aoste, et de Grange Gabj (mine
de fer) au Salève, et en conclut qu'il y a là une racine indétermi-
née signifiant mine. Cette racine est la même que celle du fran-
çais cage, ital. gabbia, et cave, ital. gabbiOy du latin cavea, cage,
et caoa, cave ; les divers Gaby désignent donc des excavations,
des lieux où l'on a creusé le sol. Peut-être y a-t-il eu à Algaby
des mines autrefois, comme à (jondo ; peut-être le nom est-il dû
simplement à la position profondément encaissée du hameau.
Allani<'in, D. Rolle ; ordinairement expliqué f&r ad Lemanuniy
vers le Léman (Bridel). Gatschet le tire de Allmend = Commu-
naux. Les noms de R. de Alamant, 1217, Johannes (1227) et
M. de Alamant, i235, et la parenté de ce nom avec ceux de Alla-
iiiands ou Alamans, prés à Chamoson, Valais, /)ra/a/n Allala-
manty i323, — il y avait k Chamoson un Ulrich VAllaman, Ul-
dricum Theotonicum, 1229, — et avec le hameau des Allainands
à Rougemont, les AllamanSy i238, M. R. XXII, 42, tous ces
noms nous font attribuer à Allaman la même origine : propriété,
ferme de V Allaman^ de l'AUemane. Ce nom revient fréquem-
ment, citons aux Côtes de l'Allaman à Belmont-Yverdon ; le Gué
(Wadcs) des Allaoïans près Domdidier, i3i4, la Vy des Alla-
nians à Ménières, la vy eis Alamans, 1620.
Allanionl, sommet sur Vouvry = à l'Amont.
Aile, grand village D. Porrentruy. Alle^ ii36, Halla, 1221,
Aile, 1226.
Allaine. rivière qui y passe, autrefois Halleine. Probablement
ALLÉE — ALLEX 7
de Tall. Halle qoi désigne partout une salioe. Cette contrée avait
encore an moyen â^ des sources salées qu*on exploitait alors^
ainsi à Soulce, Doubs, frontière du Porrentruy : salinas de Sul^
ceOy 1 179. Voir aussi le mot Soulce.
L'Allée, alpe d'Anniviers, la Lex en i349, la Ler^ iSoO, Mu-
rith. ; du v. haut ail. lei, rocher. Voir Leœ, Cette alpe est proba-
blement la même que celle de Lily, 1876, Lylly et Lilly ^ i3()5.
M. R. XXXVIl, p. 1 1 et 434. L'Allée est une fausse orthog-raphe
comme celle de la fameuse Allée blanche au mont Blanc, ortho-
graphe vulgarisée par de Saussure, qui devrait s'écrire la Lex
blanche et tire son nom de la paroi méridionale du mont Blanc
toute blanche de neige et de glaciers.
Allens ou Alens, Lutz, ham. près Cossonaj, villa Ariens
entre 987 et 998, M. R. XXIX, 35, Aslens entre ii63 et 1180,
Hidber, II, 192, Ariens^ i235, Alens, i358, Aslens, 1887, —
ham. de Blessens D. Glane, Arlengus , 1002, Allens, i25i,
M. R. XII ; autre, loc. près Saint-Prex = chez les descendants
à*Arilo (l'Aigle), n. pr. germain. Allingos près Thonon est une
autre forme du même nom.
M. Stadelmano, op, cit., 56, rejette la date 937-993 et considère le
document, dont rauthenticité lui parait douteuse, comme une copie du
treizième siècle, ce n'est qu'à cette époque que le suffixe l'ng paraît sous
la forme ens. M. Stadelmann a raison, mais, authentique ou non, ce docu-
ment prouve qu'il ne s'aiçit pas de TArlens fribourgcois, puisque cet
Ariens est entre la Venoge et TAubonne.
Les Allevays, loc. surTrélex et Genollier, D. Nyon ; Allovoys,
bois à La Sarraz ; un bois Allevey à Mies D. Nyon, i5G4; bois
des Eleva ys à Gland ; les Aile vaux à Corlèbcrt : du patois aile-
vai, repousses du hêtre coupé, bou allevaiy bois taillis ; du latin
allevatus, participe de allevare, relever, repousser.
Allèves, ham. de Liddes, Valais, Aleues, 1228, i23C, Allc^vax
à Conthey, sont peut-être de la même famille que le procèdent.
L'Allex, ham. de Bex et TAUex sur Grandvaux, ia Lais, 1212,
1217, 1238, Arch. Fr. VI et M. R. VI, ^l^^yLalays, 1270,^0/^0?,
i3i6 = la Lex, rocher, paroi, pente rocheuse, voir Lex, un autre
à Albeuve, Frib., même sens.
8 ALLIAZ — AMBURNEX
L'AJIiaz, ham. sur Bloaay, ou plus correctement La Liaz^
rAlliaz, loc. à Saint-Ojens, la Liaz, alpe de Bagnes ; du bas latin
legiQy leitty laia^ lia, forêt, latinisation du mot germanique
laidô, conduite, le premier sens de laie étant route dans une
forêt, puis forêt ; composés : Ballaly au Bouveret et Bellelay^
Jura y belle forêt.
L'Allier, Plan de — , sur Lig-neroUes, Champs de — , à Aubonne^
l'Alliez à Saint-Ojens, aux Alliés ou es AUys, ham. de Neyruz,
Frib., en Allîres à la Berra, Allières^ ham. de Montbovon, Al-
lyereSy 1294 ; chalet à Hauteville, Frib., loc. aux Eaux-Vives,
Genève ; du v. fr. allier = alizier ou sorbier.
Allierex, loc. à Ollon, collectif, lieu abondant en ailiers.
Alloches, loc. à Gollioo, fausse orth. pour à TOche.
Allondon, rivière à Genève. Voir London.
Alloux, ham. près Penthéréaz, terra de Allodiis, ii42, 1190.
Cart. Month. M. R. XII, 5, 62 ; AUaux à Denezy et Froideville ;
AUours à Corcelles-sur-Chavornay et Chardonne ; bois de la Lour
pour VAllour à Vallamand ; un es Alouz à Nendaz, 1268, 1277 ;
de allodiuniy alleu, terre libre de toute redevance féodale ; les
AUues à Laconnex, Genève ; autre orth. de alleu ; jadis le son
eu s'écrivait ue : nuef, dueil.
Alognys, ham. de Roug^mont, es Allognyers, 1692, lieu oiî
abondent les noisetiers, du patois alogne, noisette.
Alpe, du celte alp, mont, sommité, parent de l'adjectif alby
blanc, latin albus, sabin alpus, à cause de leurs neiges ^
Amandoleys, loc. du vignoble d'Yvorne. Un Amendolam à
Sion, 1242, M. R. XXIX, 365. Lamendoler, entre Sion et Or-
mona, i436, terram de la Mandoler, i3oo, Lamandoler au
vignoble de Sierre, i44i = les amandiers, l'amandier ; en pro-
vençal amandola, du latin amygdala, amande. Mandolire à
Veyras, Mandolaire à Vétroz, le même mot avec apocope de l'a.
Amburnex, pâturage du Jura ; Broniacum domunt et in chal-
mibus de Bronai, douzième siècle, M. R. Xll, 72, Bronay, Bru-
^ Alpes a caodore nivium dictse sunt... Sabini enim aipum dixere quod postea
Latini album; unde Alpium nomen. Festus cite par Gisi, p. 368.
AMIN — ANNIVIERS 9
%ay et Bruney au xiii» s. ; calmas de Ambranex, i38o. Les
formes primitives le rapprochent de Brunoy, France, et indiquent
tue origine gallo-romaine, peut-être de Bruno latinisé.
Amin, Chaux d' — , Jura neuchâtelois. A mens, ii5o. Gabschet
traduit « apud Amens quod Calcina dicitur, » le four à chaux
d* Aman tins. Ailleurs Chaux est écrit Chauld. Je pense que Cal-
cina est une fausse traduction latine de Chaux, calma, et chauld
une autre fausse interprétation. Voir Chaux. Quant à Amens son
suffixe montre un n. pr. germ. = chez les descendants d'Amo,
(Fôrstemann a le fém. Ama, p. 71) ou de Hamo, le cuirassé, de
kamOy cuirasse. Fôrstm., 699.
Es Ancelles, vignes à Bougy, Féchy, champs à Aubonne ; de
anceiley sf., bardeau, planchette, au sens de parcelle de terre.
Aneliette, ham. sur Sierre, Anset, 1218, 1221, Ansech, 1260,
i35o, Anschety i367, Anset, i455; peut être anset, fém. ansette,
serait-il une autre forme de ancelle ?
.increnaz, sommet à Bex ; voir Encrenaz.
Es Andenfi, prés à Colombey, Valais ; les Andins, alpes
d'Avcnt, le même que le patois andan, fr. andainSy < que
G. Paris, Romania XIX, 449, d<^ï*îve à'indaginum » (Bonnard).
Anel, n. fr. d^Ins, Seeland, Anet, 802, Anes, 1179, 1228,
Anesiy ii85, du celte iniSj bret. enez^ île, à cause de sa situation
au milieu de marais.
Les Angles, loc. à Vaulruz, Sorens, Vuarrens ; les Grosses, les
Petites .Vnglos à Riaz, Fribourg ; Angle-à-Lambert à Pampi-
çnv; loc. à Boncourt, Jura, eis Anglos à Ecuvillens treizième
siècle ; du subst. angle, morceau de terre dans un angle. < Angle
est souvent féminin dans rancienne langue. » (Note de M. Bon-
aard.)
.inières ou Asnières , Genève, Asneriacum vers 1170,
Asneres, 1226 M. R. VI, 024. Aneres, 1288, M. G. XIV, 16,
VII, 234. Agneres, i3Ci. — Loc. à Gonthey, Valais ; du latin
Qsinarias (villas), fermes où l'on élève des ânes.
Anniviers, Valais, vallis Anivesii, onzième siècle, Aniuesio,
1198, M. R. XVIII, Annivies, i2i5, Anives, i243, etc. ; de ad
10 ANTAGNES — ARAN
€t nives, vers les neig^es : villages très élevés où la neige reste fort
tard : Luc 1675 m., Chandolin 1970 m. Un Anniviers, loc. à
Saint-Martin d'Hérens, même sens.
Antagncs, ham. d'Ollon, Antagnes, 1199, Arch. Saint-Mau-
rice, Hidber, II, t\&o. Origine inconnue.
Anteines, AntheneSj i436, et Anlcinottes, trois pâturages
dans la vallée de THongrin, Alpes vaudoises. Peut-être pâturages
où abondent les rhododendrons, les antenets. Voir Gloss. Bridel,
Anzoînila/., pâtur. de Bex ; d'après Gatschet, du bas latin
ancyegium, du v. h. ail. anco, ail. suisse anken, beurre; en fr.
du moyen âge onciege est le nom du droit d'herbage en Gruyère,
redevance qui se payait on beurre ou autres produits du laitage.
Aouiilo, sommets, vallée de Joux, au nord du Pont, et
Gruyère ; l'Auillio, loc. à OUon ; syn. du v. fr. ouille z= aiguille.
Applos, D. Aubonne, Aplis, 1009, 1126, ii48, M. R. 111,74*
438, 486, puis Aples, 1167, 1265, ï4o3, etc. La mention villa
quae dicitur Erplens, 1009, ^^^ Gatschet rapporte à Apples,
désigne le petit hameau d'Iplens, à Tlsle. Quant à Aples, ne vien-
drait-il pas du mot celtique abal^ apall, pomme, qui a donné le
V. h. ail. aphal, ail. moderne Apfel? Ce serait le correspondant
des Maley et des Pomy.
Aprily, mayens à Mollens, Valais ; AprîHîors, lieu-dit à Atta-
lens, iC33 (Dellion). Voir Avry.
Aproz, ham. de Nendaz, Valais, Aspro, iioo, laôo ; du latin
asperum, rude, montueux.
Es Aragnos, prés à Leysiu ; v. fr. aragne, araignée, à cause
des nombreuses araignées qui y tendent leurs toiles sur le sol.
Aran, vill. D. Lavaux, villa Erans, ii42, vineas de Arins^
1198, M. Fr. III, G9, Arant^ 1210, AranSy 12G1, Arins^ 1298.
Avant de connaître les formes en ins nous tenions ce mot, d'après
Gatschet, de areanus ; mais Arins le rattache sans conteste à une
racine de n. propre = chez les descendants de Aro^ n. pr. germ.
Fôrstm., iiC, du v. h. ail. aro, l'aigle. Un Aro vivait à Lussy
au xiie s. (Donat. Haut.)
ARARE — ARCHE 11
Arare, ham. de Plan-les-Ouales, Genève, Arares^ 1874 ; de
une y ou aire y lalin area, surface, (étendue, et Tadj. v. fr. are^
sec, aride, donc terrain aride, sec.
Arbarey, loc. à Bex ; majens à Saxon (un Arbarey à Saillon
en 1282), un Arbarey ou Aibarey à Louèche, 1819, i336, Ap-
balet à Mag^, Valais, un Arbeley à Nendaz, 1260, Arbaley à
Corbejrier, Arborier à Ollon ; Arbérets, m. à Saubraz, ApIk>-
pex, bois à Laviçny et Villars-sous-Yens , Erboivy, bois près
Oron ; dérivés divers du latin arboretum^ \\e\x planté, couvert
d'arbres.
Arbaz, D. Sion, Valais, A /éa, six fois 1182-1296, Arba^ i838,
et loc. à Saint-Léonard ; du celte alb, aip = mont, sommet, et
blanc.
Es Arbenes, loc. à Leysin ; de arbenne, nom patois de la per-
drix des neiges ou lagopède ; du latin albus, blanc. (Note fournie
par M. Isabel.) Conviendrait pour cette localité, mais en Arlienaz,
vignes à Ayent, Valais, et Arbin, vignes à Riddes?
Arbères, ham. à Meyrin, Genève, Arbeire, 1281, M. G. IV,
86, comme Arbore près Divonne, Arbores, 11 79, et villa qui
dicitur Arbres; M. G. IV, 83, 77 ; Tun d'eux sans doute, le Ar-
bore (David de) de 1 164 =: lieu planté d'arbres ; un pratiim de
Arboribus à Salin, Valais, 1260.
Arberiaz, bois à Saint-Légier ; môme racine.
Arbey, chalets près Evolène, Valais, Albes vers 1280, Arbes,
1290, en Arpey, loc. sur Gingins. Voir Arbaz.
Arbignon, pâturage sur GoUonges, Valais, du nom d'un vil-
lage ruiné près de Collonges, desertum Alpinonis^ 85o, Albi-
gnon, 1200, 1289, i38o, Arbignyon, 1487 ; un autre à Marti-
gny ; Albinen, village sur Louèche, en fr. Arbignon, Albignun,
1224 .* dim. de alb, alp, sommet = petite alpe.
Arboyne, ruiss. et ham. Fribourg. Voir Aubonne.
Arcangiez, clos de vignes à Vevey, Archangiez au treizième
siècle.
En Ai*elie, loc. à Estavanens et Monthey, en Arclioz, chalets
A Morgins, Valais, Arolion k Chandolin de Savièse, Artzenoz,
12 ARCHENS — ARENAZ
territoire à Hérémence, Arzenaz à Riddes, Arzeni, alpe de Cha-
mosoD, Vanil des Artzès, sommet aux sources de la Veveyse,
Côte des Arches à Glovelier, Jura, Archette, forêt du Jura ; de
arc, arche, latin arca; patois, artzéy désigne des croupes plus
ou moins arrondies en arc et en pente rapide séparées par des
couloirs.
Archens, domaine dans le Jorat de Lausanne, Archens^ ^^k^y
ii44, Cart. Montheron ; probablement de Erichoy Aricho^ n. pr.
germ. et suffixe ens^ ingis, chez les descendants de Ericho, Un
Aricus (Aricho) est un des témoins de la donation de Renens en
964.
Apconciel, Fribourg, Arconciacum, 1082, Arconciei, ii48,
Arcunciacum vers 1 149 et 1 162, M. Fr. III, 66, Arconcier, 1162,
Arcunciej 1228, Arconcie, 1280, Arconcye^ 1292, Arconcier ^
1453, et Arconcier, m. à Russy, Frib. = {fundum) Archontia-
cum, domaine d*ArchontiuSj gentilice romain.
Arcossey, loc. à OUon ; du patois arcossay^ nom de Targou-
sier et du nerprun cathartique. L'argousier est commun dans les
glariers de la Gryonne qui s'étendaient jadis jusque-là.
Ardennaz, forêt de la commune d*Orbe. Grégoire (Dict. géog,)
traduit Ardennes par forêt profonde. Zeuss et Holder le dérivent
du celte arci, ardu — enna, pays élevé.
Ardevaz, sommet aux parois à pic sur Leytron, Valais, égale-
ment de la famille du celtique ardy arda, élevé, parent du latin
arduus, escarpé.
Ardille, sommet. Gruyère : du celte arty pierre, rocher, aird^
pointe, et suffixe dim. il le.
Ardon, Valais, Ardanum^ ii46, Hidber, II, 1179, Furrer, III,
Arduriy 1179, 1200 ; du celte ar, fleuve et duriy dunon, colline,
mont, citadelle = mont du fleuve, ou lieu près du mont et du
fleuve.
Les Ariettes, forêt Ormont-dessous ; les Irlettes, carte Rové-
réa.
Arenaz, loc. à Gryon, Saint-Saphorin-sur-Morges, Arainaz à
Conthey, Areinaz ou Areynaz, trois loc. Fribourg; du latin
ARENS — ARMARY 13
arena, sable = lieux sablonneux. Arrenaz à Lussery, à Bous-
sens^ Plan d* Arrenaz à Naye, simple variante orthographique.
Arenottes à Goumœns, diminutif. Arenay(s) à Bière, Ligne-
rolles, à Ependes, Frib. ; Arrenay à Ventbône, Val., A ne ne l,
i25o, Areneys, Assens, Payerne, Arronys, le Vaud, les Arenys
à Gimel et Founex ; d'arenaj sable, et suffixe collectif ey de
elum. En Larenaz à Bercher, Larency à Belmont, soudure de
Tarticle = TArenaz, TAreney.
Arens, ancien nom de Saint-Biaise, Neuchàtel, Arinis, ion,
ArinSy Aryns, 1177, AreinSy 1191, Arens, AreinSy Aririy etc.,
XIII® et xiv® s. D'après Benoît et Junod, de arena; impossible,
arena donne arène. Le suffixe ins indique avec toute évidence
la dérivation d'un nom propre. Arens = chez les descendants
à'Aro, Voir Arans.
Areuse ou Reuse, rivière, c. de Neuchàtel, Oruse^ ^^79» Tr. I,
Orousa avant le ix® s., Holder, Arousa^ Aarousa, i3i i, Arouse,
1820, Orousa, i3dô y Areuse, i346, Ourouse, 1872, Orouse,
i38o. Matile ; même origine que les Reuse, Rause, Reuss et les
nombreux Ruz, d'une racine commune à toutes les langues indo-
germaniques, V. h. ail. riuzen, couler. Voir Reuse.
Argentine, sommet sur Bex ; de argent, à cause de ses rochers
de calcaire urgonien, particulièrement brillants au soleil du soir.
Argil, Argîllé, voir Arzillier.
Argnaulaz, voir Herniaulaz.
Ariens, D. Glane, Fribourg, Arlengus, 1002, Hidber, I, 286,
Allens, i25i, M. R., XII, 278, Ariens, xiii^ s., M. R., VI, 3i4
= chez les descendants ôJArilo, n. pr. germ., dim. à'Aro, l'aigle.
Arlengus, rapporté par Stadelmann à Ariens (pp. cit. 56), doit
sans doute être rapporté plutôt à Allens près Cossonay ; il s'agit
dans la charte d'un échange entre des terres à Astlegus (Assens?)
contre deux maoses, l'un à Colombier, l'autre à Arlengus ; or
Allens, Ariens en 987, est près de Colombier. Voir Allens.
L'Arniary, ou la Mala-Armary , ruisseau, affl. de l'Aubonne,
Armari, i43o. Origine inconnue, sans doute celtique ; on y
retrouve la racine ar, eau courante, rivière.
14 ARMILLON — ARREI
Armillon, petit plateau semi-circulaire sur un gradin supérieur
de Talpe des Ravins, au Rawyl, Valais ; diminutif de armilley
anneau, du latin armilla.
LMrmont de Vent, de Bise, deux ham. de la Brévine, Neuchâ-
tel ; aussi écrit L'Ilarmont = ars-mont, mont brûlé, défriché par
le feu. Le Larinont, frontière française, le Armont, 1882, Lar^
mont, i383, même sens (agg-lutination de l'article).
Arnox, 2 villages vaudois, i» près Nyon, Arnai, ii54, Cart.
Month., Arnai/y ii64, ïï79> Arnai, 1166, M. G., XIV; 20 près
Orbe, Villa Arniaco, 1009? Hidber, I, 299, Arniacum, 1049^
1109, 1200, Arnei, 1228, Arnay, 1268, i4o8 ; Arney, loc. à
Saint-Livres, Araier, loc. à Peseux. De (fundam) Arniacum,
domaine d'un Arnius, nom g-allo-romain, forme latinisée du nom
germain Ami, Taigle.
Arnioux, ham. d'Ayent, Valais, Arnoch, 1 100, Arniosc, 1282 ;
de Arnius et suffixe ligure oscus, correspondant du gaulois acu^.
Arnon, rivière, Ysernum, 1177, puis avec soudure de l'article
LysernSy le Sernon, 18 12, Li/sernon, 1886, Lussernon, i364
(c'est aussi le nom d'un ruisseau à Ollon). Ces anciennes formes
montrent une étroite parenté avec la Lizerne, Valais, Yserna,
i3o4, et les différents Isère, Isar, etc., racine is, sans doute cel-
tique comme le suffixe ar, rivière.
Arolcy, alpes de Saxon, l'Apolez et Aroletto, sommet à
Trient; vallée d'ArolIa, Hérens, VArolla, i442, Arolaz, i449 ;
Aroleit (ou Aroley) à Zermatt ; du pin arole ou arolle, qui y est
fréquent.
Arpctle, ArpitetlA, Arpalle, Arpillc, Erpillos, syn. divers
de Alpette, petite alpe. Dans une même charte de 1889 on lit VAr-
peta et YAlpetaz, permutation /-r, et les Arpilles des Ormonts
s'appelaient Alpillys en i486.
En Arpey, loc.surGingins; de a//), permutation /-retsuffixee^.
Arrei, revers d'une montagne, Landarey, glacier, val d'Héré-
mence, Valais, Lindaret, frontière de Savoie, et Bandarrey au
col Ferret, Valais, pour l'en derrei. Ban d'arrei ; du latin ad et
rétro.
ARRÊT — .VRZIER 15
L'Arpèl, bois à Vulliens. Voir Larret.
Arrissoules, D. Yverdon, A ressuies, iit^2, ii46, 1198, M. F.,
II, III, A ressaies, A resoles, Arisùles, xii« s., Arch. Fr. VI,
AresouleSy i235. Aresloules, 1280 M. R. VI, 286 : coquille?
ArrulTens ou ArufTens, petit villag'e fribourgeois D. Glane ;
Arrujens, i34i; bois à Pampignv, pâturage à Montricher,
ancienne propriété des Mestral d'Aruffensznchez les descendants
à'Adrulf, puis Arrulf, n. pr. germ. Un Arulfus est témoin d'un
acte en 855 M. R. VI.
Ars, Apsos, Arsaz, patois Arzé, très fréquent Alpes et Jura»
Larsaz à Hauteville (article soudé), les Ars à Vallorbe, les Arts
sic ! à Leysin et à Orbe, les Ars, val Ferret, Combe des Arsos k
Tramelan, aux Arsattes à Moutier, les Arsels à Liddes, les Ap-
settes à Vérossaz et Charmey ; Arsiijoux à Gharmey, Arsajeur
à Vouvry. De ars, participe du vieux verbe ardre, latin ardere,
brûler. Désigne des terrains défrichés par le feu. De là aussi
Arson Praz, champs à EcublenS =: pré (de Y) arson, s. f. v. fr.
= incendie, action de brûler ; ardre.
Arve, rivière, affl. du Rhône, Arva, io83, Hidber, I, 38i,
1264, Alva, 1269, très souvent appelée aux xiii'' et xiv® s. Arar
(onze fois dans les M. G.), ce qui la rapproche de la Saône,
autrefois Arar, et de TAar. Pour Tétymologie, voir Aar.
Apvel, mont près Villeneuve ; peut-être (permutation de p en
v) synonyme à'Arpille ; des formes anciennes pourraient décider.
Apvela, ham. de Salins, Valais, Aroilar, 1248, 12C8, 1290,
Alvilar vers 1270. A la môme époque je trouve Valandus, Bor-
cardus dol Vilar. Alvilar est donc au Vilar ou Villar 2=. au vil-
lage.
Apveyes, ham. d'Ollon ; du latin arva, v. fr. arve, champs,
pâturages, et suff. collectif ej/e.
Apzîep, D. de Nyon, Argie et Anjier, i3oC, M. R. XII, 177,
180, Arsie, 1828, M. R. III, Ci3, Argier, i344, M. G. IX, 286,
Arsier, 1886, M. R. V, 870; d'après Gatschet et A. Godet vien-
drait de arse, arze, mélèze, et signifierait forêt de mélèzes. Mais
le mélèze est inconnu par là, au moins en forêts. Vient sans doute
16 ARZILLIER — ASSENGES
de (fundum) Arsiacum, domaine à*ArsiuSy gentilice connu dans
la contrée par les inscriptions : l'un d'eux était édile de Genève.
M. G. XX, 76. Arsius est peut-être une autre forme de Artius ou
Arcius, dérivé du nom d'homme g-aulois Artos, Tours. Quant à
Asserium, 1174? Hidber, II, 260, il se concilie difficilement avec
toutes le^ autres formes de ce nom et laisse supposer une erreur
de copie.
Arzillier, Arzilier, Arsillier (ou iez), une ving*taine de locali-
tés, Apzelly à Thierrens, Arzilly à Granges, Payerne, Arsilier^
1226, et à Yvonand, Argil à Grimentz, Argillé à Grîmisuat, Ar-
giles à Auvcrnier, les Argilles à Cressier, Argillat au Locle ;
avec l'article soude : Largiller à Châtelard, Frib., Larsilleys à
Vex, 1255, Larzillais à Lavey vers 1200, en Largiliaz à Yens,
1295, Larsilli à Erschmatt, Valais, 1242, Arsilye à Fribourg",
i4io ; de arg'ile, arzille en Ghampaiçne.
Assajor, forêt aux sources de la Baye de Montreux, pour Arsa-
jor ou Arsajoux, forêt brûlée. Voir Ars.
Assaz, loc. à Lens, entre deux torrents et deux bisses, le même
que
Asse, rivière du Jura à Nyon, autrefois Aasse. Lasse pour
l'Asse, torrent, affluent de la Reuse de Saleina, Valais ; l'Assaz à
Ghampex d'Orsières; les Asses, m. à Vuadens (petits ruisseaux !),
pâturag-e à Ghâtel-Saint-Denis ; Assois, loc. à Lucens, dim.
D'après M. de Rochas {Année géogr.)^ nom commun en Dauphiné
pour ruisseau.
Asse est aussi un mot patois : asse, s. m. = l'if, Taxus bac-
cata. G 'est à ce dernier qu'il faut rapporter le bois de l'Asse à
Montmagny, Avenches, loc, à Pailly, pas de ruisseau ; les Assets
à Martigny, Asset, Asson à Gonthey, et peut-être d'autres encore;
l'absence du ruisseau sera déterminante.
Assenges, m. à Sévery et Assens, D. Echallens, Hastens,
ii54, Astens, ii54, 1199, M. R. XII, 17, 28, 56, Asteins, 1288,
Astyens et Astiens, 1291, M. R. XIV, Ascens^ i453 ; probable-
ment identique avec Astlegus^ 1002, Hidber, I, 285 (le Dict.
hist.y Vaud. Suppl. a 1102 par erreur) = chez les descendants
ASUEL — AUCHES 17
4*AMiilo, D. pr. germain. Astens, de Asto dont Aslilo est le dimi-
nutif.
Asuel, D. Porrentnij, ail. Hasenburg ; Asuel, ii36, Hidber,
I, 53i, puis Hasuel ; du v. h. ail. hasOj lièvre, château des
lièvres.
Athenaz, ham. d'Avusy, Geuève, Atinaz, i3o2, 1826, M. G.
XIV, 3oo, XVIII, 97, probablement dérivé d*un cognomen romain
employé adjectivement. Le ^entilice Atinius donnerait une (villa)
Atiuia, qui serait devenu Atigna ou Atè^e. Il faut supposer un
<;ogiiomea* AtinuSy d'où (villa) Atinà. Voir, sur cette formation,
Monnaz.
AUalens, Fribourg-, Atialenges, 1068, M. Fr. H, Athalens^
1168, II 78, 1876, AttalenSj 1874, Aciaiens, i453, Tallens,
1680. D'uu dérivé du nom germanique Abtad, comme Abtadil,
d'où Abtadilingum, contracté Attalinges, L'apocope du a dans
la forme Tallens de 1680 n'est pas un cas isolé ; nous voyons dans
Stadelmann que Talein est encore aujourd'hui le nom patois et
nos journaux imprimaient encore Tallens le 20 juin 1904.
L'Aubepena, m. à Murist, Frib. ; de albaspina, l'aubépine,
de là aussi les Obépins, m. à G rata vache.
Auberson, ham. de Sainte-Croix; n. pr., dim. d*Aubert.
Aubonne, rivière, Albinna, dixième siècle, Albonna, douzième
siècle, et Arbogne ou Erbogne, affl. de la Broie , du celtique
Cl/6, blanc, et ona^ source, rivière, fréquent comme suffixe (voir
Lausanne). Rien de commun avec Eau bonne, comme le traduit
F. de Mulinen (dans Arch, Schw. Gesch, XIII, 279).
Aaboranges, Fribourg-, Alburengens, 11 55, Arborenges,
seconde moitié du xiP s., Alborengis, 1190, Hidber, II, 4oo,
Arboreinges, 1288, M. R. VI, 660, Arborenges et Alburenges
vers 1200. Gart. Haut Grôt, M. R. XII, i3, 149, i5o, i5i, etc. ;
non comme le veut Gatschet, de aubours, cytise, latin albur-
nam, qui ne croît pas là, mais d'un n. p. g'ermain = chez les
descendants de Albhar, Albhari, le g-uerrier de l'alpe (ou le
guerrier blanc).
Es Auches, m. à Prog'cns, Fribourg*. Voir Oche.
M. D. 8£C. SÉRIE, TOME VII 2
18 AUDÈCHE — AUGE
Audèdie, trois pâturages, alpes de Gharmey, Gruyère, Deschiy
ii46.
Audon, nom fréquent de montagnes, Audon au Pillon, alK
Olderiy d'où Oldenhorrij romand Becca d' Audon; Audon, Or^
mont-dessous, Praz Odon à Isenau, Ormont-dessus ; Siemes
Audon à Rougemont, l'Oudon, carte Du four ; Bonaudon et
Hautaudon, près Naye. Gatschet le dérivait d'abord d'herbe
d'audony nom patois de la bryone ; mais cette plante ne crottqu'à
la plaine. Plus tard, il Ta rattaché à la racine celtique arl, ardy
pierre, roche (permutation de ard en aud). Mais les formes
anciennes d'un de ces noms contredisent cette étymologie. Audon
d'Ormont-dessous, au pied du Mont d'Or, s'appelait Ouzoriy Ou-
gioriy i332, Ouzon, i4oo, i4ï2, les Chaux de Ouzon supra mon-
tem de Ouzon y i439 = la Chaux au-dessus d' Audon. Le mot a
subi la même permutation que le pâturage voisin de la Baiosa,
Bajousa, i3i5, i3i8, aujourd'hui la Badausaz. C'est donc le même
mot que OugCy Auge y Oujon près Arzier, jadis Algio, et que le
nom commun augCy tous dérivés de alveus. En regardant la carte
on voit que tous ces Audons sont dans de petits bassins fermés (la
permutation j-d se retrouve dans le n. commun. auginCy en patois
audena, s. f., canal élevé en bois pour amener l'eau à une scierie ;
renseignement de M. Isabel). Quant à 1'/ de Oldenhorn, on peut
admettre que les Allemands ont traduit oud par oldy parce que le
suffixe oud romand est le correspondant du old germain.
Auge, Ouye, nombreuses loc. (une trentaine), Vaud et Frib.
(aussi Neuchâtel : les Auges à Boudry) ; du nom commun augCy
bassin, au fig. endroit creux, enfoncé, bas latin augia, du latin
alveus. Ougetlaz est un diminutif fréquent. Un autre est An-
gine, ham. de Boulens et ruisseau, affl. de la Mentue ; un autre
affl. de la Mentue entre Bioley-Magnoux et Ogens, ce qui le fait
dériver d'Ogens par le Dict. hist. vaud, (Suppl. p. 53) qui vou-
drait écrire Ogine. L'Augine de Boulens, qui n'a rien de commun
avec Ogens, montre l'erreur. La I^uge, m. à Ghâteau-d'Œx, ter-
rain bas près de la Sarine, le même avec soudure de l'article pour
rOuge.
AUMONT — AUVERNIER 19
Aumont, D. Broyé, Frib., Altus nionSy 1226, M. R. VI, Au-
mont y 1337. Matile, = haut mont.
Les Aunes, 2 loc. de la Grujère, Cerniat et Yuadens ; paraît
dériver de aune, arbre, latin alnus, exception bien rare^ cet arbre
étant toujours désigné par son nom romand verne (du celtique
ffuern), qui a donné les noms de plus de i5o loc. de la Suisse
romande.
Ausannaz ou Eusannaz, pâturage sur Bex, en patois Œuvan-
naZy peut-être de ovisy mouton ; pâturage de moutons, conmie
Bovonnaz, pâturage de bœufs.
Aussays, ham. à Vérossaz, Valais, ou liausseys ou Haut
Serre, au-dessus des rochers de Saint-Maurice ; de altum saxum,
haut sex, haut rocher.
Autafond, D. Sarine, Fribourg, Autafonz vers i23o, M. R.
VI, 242; du latin alta forts, haute source; en Lottafon, loc,
source à Marchissj, pour TAutafont, même sens.
Autannes, paroi de rochers au col de Balme, au Trient, sur
Varone ; les Audannes au S. du Wildhorn, les Adannes à Rou-
gemont ; de Tadjectif v. fr. autain, de altus, haut ; voir aussi
Otanes.
Autavaux, D. Broje, Frib., Alta Valle vers 1160. Donat.
Hauterive, Arch. Fr. VI, et loc. à Combremont ; du latin alta
vallisy haute vallée.
Autervenaz, ham. sur Champéry, Valais, pour Hauta Rêve-
naz, haute ravine, des rochers profondément ravinés qui le domi-
nent.
Autigny, Fribourg, ail. Ottenach, villa Altignei, 1068. Mém.
Fr. II, dl^3. Altinieiy ii63-i2oo, Arch. Fr. VI, Altiniacum,
ii83, Altignie, 1217, M. Fr. W, Autinie, i22S,Autignie, 1278,
i44i) Ottigny, 1717, ; de (fundum) Altiniacum, domaine
d*Altinius, gentilice romain dérivé du cognomen Altinus. Hau-
tigny, ham. de Corsier, Vaud, même sens.
Auverniep, Neuchâtel, Averniacum, loii, Avernie vers io5o
et 1220, Avernie, Avernye, 1277, Avernier et Auvernier, même
charte, 1280, etc. Gatschet, et Studer d'après lui, le dérivent
20 AUX — AVENCHES
d'avornioy nom italien du Fraxinus Ornus, Frêne à manne et du
Cytise Aubours, étrangers l'un et l'autre au pays. M. A. Godet^
dans le Rameau de sapiriy l'explique par Au Verniery au bois
de vernes. C'est plus que douteux. Le suffixe iacum le rattache à
un nom d'homme : domaine d'un Avernius. C'est probablement
Auvernier qu'il faut reconnaître dans l'Avriniacum du Cart. de
Montheron : Uldricus, sacerdos de Avriniaco, ii54, M. R. XII, 22.
Aux, Lanze des — , alpes de Champéry ; de lanze^ lanche,
couloir, ravin, et aux, plur. de ail : couloir où abonde l'ail
feuillu, vulgairement branlette.
Avancliet, nant ou ruisseau près Genève ; probablement parent
du nom suivant.
Avançon ou Avençon, rivière à Bex ; 2. torrent à Yionnaz ;
3. m. et ruisseau à Colombey ; 4- torrent de Morcles, appelé aussi
Avançonnet ; celui-ci, Jlumen Aquansoni, charte de Saint-Mau-
rice entre 847 et 853. Cette traduction latine montre que le rédac-
teur de la charte y trouvait la racine ava^ eau. C'est un mot cel-
tique qui se retrouve dans la vallée d'Aoste : Ëvançon, et le Dau-
phiné : Avançon, Avance, Vance, Vançon, ces derniers avec apo-
cope de l'a.
Les Avants, ham. sur Montreux ; le t est peut-être une addi-
tion postérieure et le mot serait à rapprocher d'un clausum deis
Avans à Granges, Valais, 1260 ; peut-être du patois avariy s. m.,
saule osier, dont l'origine est du reste inconnue. Ce mot avans se
trouve dans un bail de 1 286 : exceptis avans et sarmentis (glos-
saire bas latin des chartes de Savoie. Doc. Acad. royale de Savoie,
II).
Aven, village de Conthey, Valais, Avainz, iioo, Avaiz, 1200,
Aveyn, i25o. Avens y i44o.
Avenches, de Aventica (Adventica), Civitas Aventica, Not.
Gall. iv® s., nom au moyen âge de l'ancien Aventicuniy celui-ci,
comme le nom de la déesse Aventia, est dérivé d*Aventos, juste,
racine au, protéger (Zeuss). Ce tjième gaulois avent se retrouve
dans plusieurs noms de communes de France : Avanton (Vienne),
Avansan (Gironde).
ATENKYRC — AVRY 21
ÀTeneyre, pâturajg^ et sommet, alpes de Villeneuve ; un autre
sur MontbovoDy Fribourg'. Le mot a une étran^ ressemblance
avec (wenaire, étran^r. Le pâturage de Villeneuve est dans les
limites de l'ancienne Gruyère, mais Villeneuve n'en a jamais fait
partie. Serait-ce donc Talpe aveneire, des étrangers ? 11 faudrait
d'anciens textes pour appujer cette <;onjecture.
Avenex, ham. près Nyon, Avenacarriy 926, M. G. XIV, 876,
Avenai, 1286, Avenay, 1260, M. R. XII, 1 56 ; du gentilice Aoe^
nus (autre forme d'Avius) = domaine d'Avenus.
Avennaz, bois au Jorat de Lutry, AwineSy 1 1^2, Cart. Monthe-
ron, Ewinaz, 1228.
Avouillons, ham. près^ Nyon ; loc. à Leysin, à Lavey ; prés à
Fully ; Avouiilaz, prés à Saxon, AvuHlon, prés à Saint-Martin
d'Hérens, loc. à Ollon, à Rcnnaz ; aux AvouîlieSy loc. à Olion
(aig'uilles rocheuses sur la Grande Eau) ; l'Avoullietta de la Za
= Aiguille de la Za, vallée d'Hérens ; les AvoHons, chaîne de
rochers, vallée de Bagnes.
Ces derniers, de avellhon, patois = aiguillons, à cause de
leurs pointes aig'uës. Mais quel rapport entre des aiguillons et les
prés de la plaine du Rhône ? Dans les prés humides où l'on ne
peut aller avec des chars, on fait un tas de foin, puis on glisse
dessous deux aouilles, ou aouillonSy deux aiguilles, disent les
paysans, c'est-à-dire deux perches, et l'on transporte ainsi la
charge qui est un avouillon. Les prés où l'on est obligé d enlever
ainsi la récolte sont les Aoouillons ou Avullions. Un en Ouliony
XIII® s., à Ëcuvillens, doit être le même mot, ainsi que les Aii-
glions (|^1 mouillé) à Fey et à l'Aulion, bois à Bière.
Avpy, Fribourg, Ayr/ vers 11 5o, Aprilis vers 11 78, Arch. Fr.
VI, Abril, 1177, Avriei, Avril, xii« s., Avrie, 1202, Matile.
April, Avril, 1228, Apriliy 1286, Avrie, i3oi, Avryez, il\2b
= ( fundum) Apriacum, domaine d'un Aorius, gentilice romain.
La fausse orthographe Avril du xiP s. a entraîné la fausse
interprétation latine Aprili, Aprilis. Il en est sans doute de même
pour plusieurs autres localités, telles sont une villa de Avrilliet,
aux environs de Palézieux en 1296. Cart. Haut Crét, M. R. XII,
22 AVULLY — AZEDON
i3oy probablement le même que le lieu-dit en Apriliers, i633, à
Attalens (Dellioo); les majens d'Aprily à Molleus, Valais, et
Avril, loc. et ruisseau à Genève, qui dériveraient également
d'Aprius.
Avully, Genève, Awillie et Avulie^ 1220, Avullie, 1227, Awyl-
lie, i3o2, Avuyllyey i326, M. G. IV, 3o, XIV, 3oo, XVIIl, 97 ;
de (fundum) AvilUacurriy domaine d'un Avillius, g^ntilice
romain. De Vit, I.
Avusy, Genève, Avuysie, i3o2, M. G. XIV, 3oo, Avusye, i338,
Aousier, i364, 1617, évidemment d'un nom pr. gallo-romain ;
probablement un {fundum) Auusiacum, propriété d'un Auusius,
dérivé d'Aous, aussi employé comme nom propre. De Vit, I,
590.
Ayens, loc. à Apples, Colombier, Clarmont, es AyenSy 1296
= chez les descendants d'Ayo ou Acho, n. pr. germain. Fôrstem,
p. 10.
Ayent, près Sioû, Agent, 1062, M. R. XVIII, Ayenta, ii53,
Hidber II, puis Aent, Aie ni, Ayent, xi\^ s. ; on peut en rappro-
cher à l'Ayen ou Layon à Puidoux, Vaud. D'après Gatschet, du
V. h. ail. eiyanti, part. prés, de eigan, posséder, soit terre for-
mant un bien propre, un alleu. On trouve encore une. vigne
diAent à Varone, 1262, un champ d' Ayent à Bramois, 1260.
Ayep, nom de villages alpestres : comm. D. Sierre, Ayer, i327,
ham. d'Hérémence, etc., et Ayerne, de nombreux pâturages ; les
premiers, du patois ayer, du latin acer, érable, et les seconds de
l'adjectif latin acerinus, lieux où il y a des érables.
Aze, Col de 1' — , ou de TAzet et Pointe de l'Azet au S. de
Lourtier. Laget, carte Siegfried, article soudé ; Bec d'Aget au
N. de Lourtier, vallée de Bagnes ; du v. fr. aze (valaisan, âge),
synonyme de âne, azet = petit âne.
Azot, chalets derrière le Cubli sur Montreux, peut-être un dimi-
nutif de aze.
Azedon, loc. à Conthey = probablement azelion, petit âne,
permutation ll-d ; on dit Dadon pour Daillon, ham. de
Conthev.
r
BAAR — BALEXERT 93
Baar, ham. de Nendaz, Valais, Barroy iioo, 1162, Bars,
1221, 1200; du bas latin barrum, terrain fertile, du gothique
bairan, produire, rapporter.
Bâche, Bâches, loc. à Ecublens, Ghardonnay, D. Mor^s, etc. ;
«adroits bas, creux, où restent des flaques ; du celte bach, creux,
humide, bas breton hac^ bassin, auge ; bach^ foin de marais.
Nous disons dans ce dernier sens bâche, Genève, La Côte, Aven-
chcs. Trebâche, forêt à Gorbejrier, est un composé, et Bachillon
à Yvome, Bachelet à Luins, diminutifs.
Bacon ou Baccon, loc. à Aigle, Crans, Ëchallens, Avenches
et ailleurs ; Proz Bacon à Bagnes ; de l'ancien fr. bacon, lard,
du V. h. ail. bacho, dos, employé adjectivement pour désigner des
terrains fertiles. La Suisse allemande dit de même Speck, Specki,
8 loc. citées par Frûh et Schrôter, v. Bibliogr., p. 3i4.
Badausaz, pâturage, Ormont-dessous, Bajousa, ]3i5, i3i8,
BaiousOn i332, Baiosa, 1420, permutation j-d, comme Oujon-
Audon ; peut-être de la racine de baie, ouverture : la Baiosa est le
passage obligé pour aller de Leysin au Col du Mouellé et à la val-
lée de THongrin.
Bagnes, vallée du Valais, Baines, ii5o, Hidber, II, Bannes,
1177, Bagnii, 1177, Bagnes, 1177, 120C, Banes, 12^2, Bannes,
1235, etc. ; du latin balnea, bains. Il y avait là au moyen âge,
d après Bridel, une source très fréquentée, disparue sous un
éboulement. Barnia, loc. à Villeneuve, au pied d'Arvel, avec
des eaux sulfureuses =: également de halnea. (M. de Gingins,
Recherches, p. 44» y voit une fausse lecture « in Barma prope
Villanova 1247 et non pas Barniaou Balnea comme le dit Levade,
p. 241. »)
Bainoz, ruisseau ; voir Bennaz.
Balandes, bois sur Bonmont, D. Nyon, Convallem de Ba-
lenda, 1202, M. G. XV, 2, mot d'origine celtique, kymri balaon,
bourgeon d'arbre, balant, le bourgeonnement des arbres, breton
balaen, v. fr. balain, balai, breton balan, genêt (Dictz).
Balavaux à Vétroz, Valais ^ belle vallée.
Balexert ou Balessort, Tour de — , près Genève ; du n. de fa-
24 BALLAI6UE — BARBERINE
mille Balexert, ancienne famille bourgeoise de Genève ; autre
forme de bel-essert, aussi écrit exert.
Ballalgue, D. Orbe, Aqua hella, 1177, Ballewiy 1228, Ba~
leiffue, i354 = belle eau.
Ballaly, forêt sur le Bouveret, Valais ; du bas latin bella tegia,
belle forêt ; voir Alliaz.
Ballens, Vaud, Barlens, 1189, ii48, M. R. 111, 58i, 4Bi, Ba-
leins, 1 165 ? Hidber, II, 2o5 * ; de Berlin ffis = chez les descen-
dants de iSerzVo, n. pr. i^rmain.
Balmaz, Balme, ou, permutation 1-r, Barmaz, Barme, Baul-
mes, Baume, parfois Bamaz, Château-d'Œx, Bassins, Moutier,
ou Bame, Ocourt, et les diminutifs en elle (atte, Jura bernois)»
otte : es Barmottes à Bex, ou ine : Baumlne, ruisseau ; du celte
balniy caverne, paroi de rochers.
Bambois, pour Ban-bois ou forêt à ban, synonyme dans le
Jura bernois, des bois Devens du G. de Vaud.
La Bammat (fausse or th.), pâturage du Jura de Nyon, chalme
Balme, xii® s. Gart. d'Oujon, M. R. XII, 72. Voir Balme.
Banderettaz, nombr. loc, Banncrcttes à Grand vaux ; pro-
priété d'un bander et ou banneret.
Baragne, prés à Orsières, pâturage à Arzier ; de la même
racine que « baragnon, fossé latéral d'un champ, » dit Littré,
Suppl., sans étymologie du reste.
Barberèche, Fribourg, Barbereschi, 11 58, Barberesche,
1178, F. B. \, [\h^y Barbaresche, i iSo, Barhareschi, 1182, 1228,
BarbaricOy 1428. Rec. dipl. VII. D'après Gatschet (et Studer), du
bas latin barbaresca, plantation d'arbres irrégulière. Est plutôt,
comme le Barbaresca du Maçonnais en 968 cité par Jubainville,
un nom dérivé avec le suffixe locatif gaulois isca, du gentilice
Barbarius ou du cognomen Barbarus : Barbarisca (villa), ferme
de Barbarus ou de Barbarius.
Barberine, ham. et rivière, affl. du Trient, Barberina, 1264,
Barbarina, 1807, M. G. XIV, peut-être la même origine que le
précédent ; du n. pr. Barbarus.
* Un peu douteux : on y parle des vignes de Baleins.
BARBOLEUSAZ — BAS-MONSIEUR 25
Barboleusaz, pâturaKi^ sur Gryon, Berboleuse sur Olloo,
Barbollie à Chevillj ; de la famille de barbouiller, préfixe péjo
ralif bar et racioe boull, qu'on retrouve dans le v. fr. boulions
bourbier : pâturages, prés boueux.
Bardonnex, Genève, Bardonacum, ii53, Barduniacum,
i25o, Bardonay, i344» Bardonex, i38i, M. G. XIV, 9, 29, IX,
229, III, 219 = (praedium) Bardonacum, propriété d'un * Bar-
donus ou * Bardunus.
Barges, ham. de Vouvry près du Rhône, Barges, 1269; loc.
à Yvorne près du Rhône ; prés à Veyrier, vers TArve. Gomme
Bargen, C. Berne, port sur TAar, Barges, 1228, du bas latin
barca, fr. barge, bateau à fond plat, bateau de bac. G'était sans
doute à l'origine l'emplacement de bacs sur ces rivières, ou des
lieux d'embarquement. En i439, à Fribourg*, un chemin de Bar-
ges que le Gonseil fait améliorer. G'e.st encore le nom d'un affluent
de la Petite Glane.
Barme, voir Balme.
Bameuse, alpe sur Ayer, Valais, et Uerneuse, sommet sur
Leysin ; peut-être adjectif dérivé du celtique hem, monceau,
amas et aussi fourré.
Barnia (ou Barniaz) à Villeneuve, voir Bagnes.
Bart, Chez le — , ham. Neuchâtel. Paraît se rattacher au v. fr.
ber^ provençal bar, forme nominative du mot baron, forme
régime, bas latin haras, homme fort, guerrier vaillant. Origine
discutée ; peut-être du celtique, kymri bar, héros.
Basenaz, pâturage à TEtivaz, Pays-d'Enhaut ; du n. pr. Basin,
famille de Rossinières (note manuscrite de M. Isabel).
Basens, 2 com. Lac. et Singine, Frib., ail. Bôsingen, Basens,
1228, 1234, M. R. VI, 1262, i4o6, Rec. dipl. I et VI, Basingel,
Rcc. dipl. VI, Besingen, 1264-1660 zzz chez les descendants de
Baso, n. pr. germain.
Bas-Monsieur, ham. près Chaux-de-Fonds. D'après V. Benoît,
Esq. neuch. I, 110, s'appelait autrefois le Ban-Monsieur, terrain
à ban, appartenant au comte.
26 BASSAYS — BATTIAU
Bassays (ou Basseys ou Bas-Serré)^ ham. de Vérossaz sur
Saint-Maurice ; de bas et sex^ rocher.
Bassecourt, D. Délémont, Baressicorty 1160, Barsecuri,
1178, Baressecort, 1181, 1289, Boressecort, 1266. Ces formes
anciennes indiquent comme premier élément un n. pr. C'est la
cour, la ferme d'un Germain, mais lequel ? Fôrstemann a Basso,
mais pas de nom renfermant le r de ces quatre formes primitives.
Bassenges, D. Morg«s, BaffingeSy 794, BassengeSy 12 17, et
Bassins, D. Njon, Bassinées, 974? 1000, Bassiniacum, iilfi.
Bassins, 1164, Bacins, 1196, i244> M. R. XII, etc. = chez les
descendants de Basso, n. pr. g*ermain.
Les Bassets, ham. à Clarens D. Vevej ; le Basset, col au val
Ferret, autre entre Liddes et Bagnes ; de bas. En Dauphiné les
cols sont souvent appelés baisses.
Bassy, ham. à Anières, Genève. Probablement de (fandam)
Bassiacuniy domaine d'un Bassius, gentilice dérivé du cogfnomen
Bossus. Il faudrait une forme ancienne pour changer cette con-
jecture en certitude.
Le Bastillon, arête de rochers au val Ferret, Valais ; dimin. de
bastille, château fort.
Bastioulaz, m. à Ëpesses = petite construction de pierre ;
diminutif, avec le suffixe oula, de bastia. Voir Bâtiaz.
Basuges, ancien nom de Saint-Prex, d'après le Cartulaire de
Lausanne ; de basilica, église. C'est là que fut enterré l'évoque
saint Prothais, et l'endroit prit dès lors le nom de Saint-Prex. Le
lieu-dit Sur Bassus conserve le souvenir de l'ancien nom du vil-
lage.
Bâtiaz, Valais; la Bâtie, Genève, château construit en i3i8,
Batista, M. G. IX, 3i3, Bastide, 1821 ; autre près Versoix ; du
V. fr. bastie, provençal bastide, lieu fortifié, du bas latin bastire.
Battentin, m. à Bulle, Frib., Battentein, 1286, Batetens,
1879, Battentin, il^']^, Arch. Fr. III ; probablement d'un n. pr.
germain, un composé de la racine Bado.
Battiau, ham. à Saint-Prex, m. à Granges, Frib. ; Baptiaux
à Aigle, Battioux, Ollon ; Battiou, Célig'ny ; Battieux à Colom-
BAUGY — BAY 27
bier, Neuchâtei ; forme patoisc du bas latin baptitorium, fr. bat-
toir.
Baugy, ham. de Montreux, Bogie, Bougie, 1260. Malgré les
o des formes anciennes, nous paraît dérivé comme les Baugy de
France de (fandam) Balbiacum, domaine d'un Balbius, geuti-
lice romain. Les nombreuses antiquités romaines qu'on y a trou-
vées parlent en faveur de cette origine.
Bauloz, ham. de Gimel. Voir Bolle.
Baulmes, D. Orbe, BalmOy 962, Balmes, 1174, Balma, ii83,
Balmis, etc. Voir Balme.
Un quartier de vigne à Neuveville s'appelle aux Baumes. Or un acte
de 1185, Trouillat, I, 261, parlant de vignes à Nugerol, in Nuerol,
nomme les « vineas ad Balinam, » Ce Balinam, qui n'a pas laissé de
trace, nous paraît être une fausse lecture pour Balmam, baume, nom
conservé dans Tendroit indiqué.
Bavelier, ham. de Pleigne, D. Délémont, Bawile, i336, ^at^i-
lierj i347> ^^^' BaderswiL Paraît d'abord formé de bach, ruis-
seau, et veliepy wiler, village, ce que semble justifier sa position
au bord d'un ruisseau. Mais le premier élément de tous ces noms
est toujours un nom d'homme, et puis bach n'explique pas l'ail,
bader. Bader, nom fréquent, m. h. ail. vient du v. h. ail. Ba-
Ihari, de la racine bad, vieux gothique beado, et hari, guerrier.
Fôrstem.
Bavois, D. Orbe, Baioes, 1182, M. R. VII, 28, et 1228, 1399,
Baoies, 1200, M. R. III, 5(jS, Baioies, i2i3, 1228,^0^0^5, 1226,
Bayoies, 1270, 1298, M. R. XIV, Bayoyes, i2']5, Bayoes, i359,
1453, Bavoyy i536. Mot difficile à expliquer. Autant qu'on peut
en conjecturer sur la physionomie du mot, en considérant que le
V est une lettre intercalée, on peut y démêler la racine bay, de
bachy ruisseau, et un suffixe collectif oyes, oies, village où il y a
plusieurs ruisseaux, ou territoire entre plusieurs ruisseaux ; or le
territoire est limité par le Talent et les eaux du marais, et plusieurs
ruisselets d'après la carte y descendent des coteaux à la plaine.
Bay, Baye, Bey, nom de nombreux ruisseaux ; de Tall. bach,
ruisseau. De là encore peut-être Bex, D. Aigle, villa Baccis, 674,
28 BAVARDS — BEFFEUX
BoeZf ii42, Bax, 1179, Bais, 1227, Bez, i245, et en Bex, loc.
à Eclépens, entre la Venog-e et un ruisseau. Quant à Bez, à Cour»
telary, il pourrait aussi bien venir de biez. Voir ce mot.
Les Bayards, Neuchâtel, Bayar, 1282, Bayari, Bayard,
Boyheartj 1344» Matile ; probablement n. propre d'homme.
Bayse (pron. ba-hi), ham. à Blonaj, aussi Bahise ; loc. à Bex,
à Faoug, Avenches ; Baysaz à Saint-Triphon, Bahyse, ham. sur
Cullj, Bayèzo, m. à Morgins, Creux de Bahyse sous Chamos-
saire, alpes d'Ollon ; à la Bahise, m. à Saint- Aubin, Fribourg ;
en la Bahi, m. à Hauteville ; origine inconnue, peut-être fam. de
bay.
Bé, Bi, préfixe patois = beau : Béboux (bois), Bécor (corne),
sommet à Morgins ; Bécuel à Landeron (cul) ; Bez Crettet (petit
crèt) à Outre Rhône, Bémoni/Bévilard (village), Bétzatay (châ-
teau), rochers à Outre Rhône, etc., Bicrets à Saintr-Gingolph ;
Bigitoz à Charmey ; Bimont ; Bipraz à Porsel, etc.
Beaugourd, voir Gourd.
Les Bédaires, loc. et ruisseau à Concise ; Bédayre, ham. d'Or-
mont-dessus et ruisseau, augmentatifs ; les Bedeaux, petits ruis-
seaux au pied de Marnex, Ormont-dessus, diminutifs; dérivés du
bas latin bedum, voir bied ; avec la permutation d-z : es Bozièrcs,
loc. à Etoy, Vaud, Beseiri, loc. à Courlevon, Jura bernois, le
même que Bezeria, Cart. Haut Crêt, M. R. XII, p. 127, Bezerie^
p. 129, considéré comme nom propre et qui nous paraît être un
n. commun, synonyme de bedeyre. On le retrouve dans le Cart.
Laus. M. R. VI où Ton parle de la Bezeri à Vevey, 1286, juxta
veteres muros, soit la meunière ou canal des moulins. Les mots
de la charte de Haut Crêt : « dicti religiosi aquam de Broya...
non debebant ducere per Bezeriam ad molendinum suum, * rap-
prochés de la bezière de Vevey, nous paraissent concluants. Une
charte de Bulle, i438, parle de quadam bezeria molendini dicte
ville.
Beffeux, ham. de Vionnaz, Valais, où habitait évidemment
Perrodus de Bellofago de Viona, i4o2, M. R., 2« série, II, i25 =
bel faux ou béfaux^ beau hêtre.
BEGNINS — BELLELAY 29
Begnins, D. Njon, BinginSy 1 145, Bingins, 1 165, Hidber, II,
BinninSy i2o4, M. R. V, 222 et vers 1224, M. R. XII, 5o ; Bi^
gnins, 1226, 1269, i349) Binins, 1289, M. R. XII, Bynyns,
1285, BignynSy 1266, M. R. XII, 1828, etc. ; de Benningis =
chez les descendants de Benno, n. pr. g'ermain (et non de Sanctus
Beai|i|^nus, comme on Ta écrit souvent).
Les Beillantsou Belliants, écart de Jussy, Genève, lesBalanZy
1274, es Balanz, 1276, M. G. XIV, 189. Voir Balandes.
Belfaux, Frib., Bel/o, Bello/ago, ii38, 1142, ii5o, Arch.
Fr. VI, BelfoZy 1228, M. R. VI, 1894, i4o6, Rec. dipl. i47ï>
M. G. XII, 60, Belfoly i4i6, etc. ; de bellumfagum^ beau hêtre.
Belin, employé fréquemment comme déterminatif. On connaît
Sauvabelin. M. Bonhôte indique encore (Musée Neuch. VII, 197),
Bas Belin, Cemeux Péquignot, Neuchâtel, Crêt Uelin, Aberg^
ment, D. Orbe ; Praz Belin, Bretonnière, Ballaiguc et Vaulion,
D. Orbe. Ajoutons Auge XUAxn à Couvet, en Bellin, prés à Bex.
Nous avons peine à rapporter, comme M. Bonhôte, toutes ces
localités à Belenos et au culte du soleil. (Il y rattache aussi Tré-
velin.) Nous voyons plutôt dans ce déterminatif le v. fr. beliriy
adj. = ovin, de mouton, donc, dans ces localités, des crôts, des
prés où paissent les moutons. D'après Godefroy, belin se dit
encore au sens de mouton dans le Jura. « Toutefois, nous fait re-
marquer M. le prof. Bonnard, pour que cette explication soit
exacte, il faut que les noms en question ne soient pas attestés avant
la fin du I2<^ siècle, époque où Bclin est employé comme nom
propre pour désigner le mouton dans le roman de Renart, comme
Renart y désigne le goupil, etc. »
Bellaluex, alpes de Bcx et Bellalui ou Ikillalui, alpes de Lens,
Valais ; de belle et laex, lui, paroi de roches ; voir Lex.
Bella Tola, sommet. Valais. Voir Tola.
Bellegarde, Gruyère, Balavuarda, 1228, M. R. VI, 28, Bella-
garda, 1426, XXII, 861 ; de belle et patois vouarda, fr. garde,
du V. h. ail. warien, garder, veiller.
Bellelay, D. Moutier, Bellelagia, ii4i» ii79» Balelaia, 1177,
Pellalagia^ Ï192, M. G. IV, i4, et 1800, F. B. IV, 6, Bellelee,
30 BELLERH'E — BELPRAHON
1244) BettelaiSy 1298, Belile, i33i. Trouillat, III; de belle et
legia, leia, forêt : belle forêt. Voir Alliaz.
Bellepîve, D. Ayenches, Paie hr a ripa^ 12^0, Bellariva, 1299,
M. R. V, 36o = belle rive.
Bellevaux, liam. à Lausanne, Bella vaiiis, 1 190, Cart. Month.^
BalesvalZy 1212, M. R. VI, i4o; BellevauXy i345, loc. à Neu-
châtel et Belvaux, ferme à Nods, Berne = belle vallée.
Belmoni près Lausanne, Belmunty 12 14, 20, 26, 28, 36, Bel^
lum montem^ 1267, Bealmont, i238, M. R. VI, 655 et 1239,
p. 663. Cette dernière forme ferait penser tout d'abord à Mont de
Beal ou Baal, le soleil, que les Celtes adoraient sur les hauteurs.
M. le prof. Bonnard, à qui nous avons soumis la question, ne voit
dans beal que la forme intermédiaire entre bel et beau. Les autres
Belmont, près Yverdon, Belmoni^ 1174» i235, Cart. Month.,
Belmont ou i?e/ma/ïe/prèsNidau, Bellum monteniy 1107, Trouil-
lat, I, 23 1, etc., ont la même origine : beau mont.
Belon, Crêt — , à TAbergement, D. Orbe, Tronche-Bélon à
Riaz, Frib. ; patois bélon = barlong, plus lonç que large.
Belosse, à Cheseaux sur Lausanne, es Belosses à Soral, Ge-
nève ; v. fr. beloce^ fruit du prunellier.
Belossy, loc. à Charrat, Valais ; au Belossi à Port Valais,
Bellochay à Iserables, Bolossy, Vuadens et Chavannes-les-Forts,
une terre en Bolosie k Morlon en i685, Bolossat, Villarimboud ;
la Belossière à Hermance, la Bélossettaz à Lavignj, Belossier
à Noville, les Belossières, Saint-Biaise ; la Bollossettaz à Riez
et Vuadens; en Belosson à Grjon, en llellesson à Arnex-Orbe.
Un pratum del Belocier, i2o5, donné à Tabbaye de Saint-Mau-
rice, une « fontem deis Bolossier près Cornaux, 1220. Du patois
belossi, bolossiy prunellier, celte poloSy breton bulos, v. fr. beloce^
anglais moderne bullace, prunelle, bas latin bulluca : « Nec aliud
penitus quam pomorum parvulorum quae bullucas vulgt) appel-
lant, vescabatur. » Vie de saint Colomban. (Holder, 63 1.)
Belprahon, D. Moutier, Berne, autrefois i?^/)raAo/ï, ail. Tiefen-
bach, en patois Bépravon ; du bas latin bedum, bief, ruisseau,
de Tall. bed, et profunduniy ce qui correspond au nom allemand.
BENDES — BERGHÈRES 31
Bend<^s, ham. de Saint-Légier ; Es Bendes à Villeneuve ; loc.
à Chandolin, D. Sîerre, et Benda à Chippis ; de Tanc. h. ail.
binda^ prov. benda^ fr. bande, surface longue et étroite.
Bendolla, alpe sur Grimentz, Anniviers, alpis de Bendala,
i3i2, diminutif du précédent.
Benenté, forêt du Jorat de Lausanne, corruption de Monsbe-
nestel^ ii74î de mont, benesty part, passé v. fr. = béni et suf-
fixe dim. eL
Benevîs ou Bennevys, loc. à Aigle ; c me paraît venir de a
bénévis ou bénéuis, du latin bene, bien et vis, tu veux ; locution
de droit féodal ; contrat pour jouir tant qu'il plaira, sans limita-
tion de durée. > (Note de M. Isabel.) Il y avait jadis une famille,
savoisienne de Benevis ; en 1821 un Michel de Benevjs prend
part au siège du château de Corbières au Pays de Gex par Amé V
de Savoie. Acad. Sav., 2® s. I. Peut-être le Benevis d*Aigle aurait-
il été une possession de cette famille : la noblesse de Savoie possé-
dait de nombreux fiefs à Aigle.
Benex, ham. de Prangins, Beinai, 1262, Benay, i3i5, M. R.
V, 35o, 247 = (oicum) Benacum ; du celte benacos, corne,
hibern. bennach, de benn, corne, promontoire ; Bernex est juste-
ment au-dessus du cap très saillant de Promenthoux, depromon-
torium. promontoire. Benacum est l'ancien nom gaulois du lac
de Garde, le lac « cornu » aux promontoires multiples, nommé
deux fois par Virgile.
Une charte de 1277, M. G. XIV, 155, parle d'un Venai/, terre des
Templiers. Le Rég. gen., 278, hésite dans l'identification de Venay entre
Avcnex et Benex, mais se décide au répertoire pour le premier. Ce doit
être plutôt le second, puisque la Commanderie des Templiers de La
Chaux avait une terre à Benex. La permutation b initial — v se retrouve
ailleurs à la même époque, voir Evordes.
Bennaz, bras du Rhône à Illarse près Aigle ; le Baino/ ou la
Bainaz, affl. de la Petite Glane ; patois bai/ma^ flaque d'eau sta-
gnante (Bridel), du celtique boinn, rivière. Sorebennaz, loc,
alpes de Veytaux, près de la Vereyaz = au-dessus du ruisseau.
Berchèpes, m. à Malapalud, Beryère, m. à Lucens, loc. Mar-
32 BERCHIER — BERNEX
chîssy, endroit où Ton garde des moutons ; bas latin bercharia ;-
synonyme du moderne Bopgerie qu'on trouve à Nyon, Valeyre,
Rances, etc. Voir aussi Verchère.
Berchior, D. Moudon, Bergie, Berchiacum, ii54, Bercie,
1166, Bergi, Bergy, Cart. Month., Berchie^ 1228, i453, etc. ;
Bercher ou Bepchîez, m. et terrain à Marchissy ; en Berchy,
loc. à Pampigny ; désig-ne évidemment un fundum, une propriété
d*un Gallo-romain, comme * Berbicius,
Berclaz, loc. à Bramois : un lieu Bercles à Venthône, Valais,
1229, les Bercles, loc. à Neuchâtel, es Bordes, i53i. Bercle,
patois berquié, est un nom v. fr. = treille. En 1670, dit le
P. Dellion, le curé de Montbrelloz doit entretenir les toits de la
cure, les haies, et « maintenir la bercie. » (Dans le C. de Vaud,
berclure, rame de haricots.)
Bérenyes ou moins bien Béranges, ferme à La Tour ; de Be^
ringis = chez les descendants de Bero, n. pr. germain ; du v. h.
ail. bero = ours ; correspondant de Beringen, SchaJffhouse, et
Beriken, Argovie.
Berlaz, Berley, voir Bierlaz.
Berlens, D. Glane, Fribourg, Be riens vers 1 176, Donat. Haut.,
1198, M. F. III, 69, 1228, 1228, M. R. VI, 4o8, 2^,Berliny 1577,
1688, Belle ns y i4o8 = chez les descendants de Berilo, n. pr. ger*
main, de bero, ours. Praz Berlens à Ghâtel-Saint-Denis, même
origine.
Berlin, Ghamp — , ham. de Sorens, Gruyère = champ de Be^
rilo. Quant à Berlin, m. à Morges, c'est un nom tout moderne
donné au xix® s. par un propriétaire allemand ; le nom local est
les Huttins.
Berlineourt ou Brelincourl, ail. Berlinsdorf, ham. de Bas-
secourt, D. Porrentruy = cour, ferme de Berilo, n. pr. germain,
diminutif de bero, ours.
lîernex, Genève, Brenaicus vers Tan 1000, Brenay, i256,
1 271, M. G. XIV, 88, 118, Birney et Berney, 1278, M. G. XIV,
i3o, Bernay, 1862 ; Bernay, m. à Port- Valais = (praedium)
Brennacum, du n. gaulois Brennos, comme les Bernay de France.
BBRNONA — BESENGENS 33
Bemona ou Bemone, loc. près Venthdne, D. Sierre, Ber-
nonnes à Sierre, Bemona^ 5i5, 1267, M. R. XXIX et XXX, de
(oillà) Bemona^ ferme de Berno ou Bernon^ n. pr. {Hj^ennain
counu dans le pajs.
Béroehe, la — , partie S. du district de Boudrj, Neuchâtel,
aussi appelée la Paroisse, la Paroche^ i433 ; du latin parochia
(saint Jérôme), altéré de parœcia, diocèse. De même dans le Por-
rentray, la contrée de Charmoille s'appelait jadis la Baroche, nom
encore employé en bourgnig'non pour paroisse.
Béroie, vaste pâturage et m. isolée, sur Saicourt, D. Moatier ;
paratt se rattacher au v. fr. berne, comme
Berolle, D. Aubonne> Vaud, Birola et Berola, 1278, Byrolaz,
1822, Birolaz, i453 ; dim. du v. fr. berrie, lande, plaine, pâtu-
rage vague, donc petite plaine ; en Berroulot, près ù Aigle,
dim.
Berra, sommet de la Gruyère, et Pointe de Béron, alpes du
Trient, Valais ; du celte ber, pointe.
Bert, en composition comme déterminatif dans plusieurs noms,
en Libert ou Liebert, loc. à Boussens ; Praz-Bert à Payeme ;
Prabept à Monthey ; Valbert à Ocourt, Jura bernois = forêts,
pré, vallée, de Beri, n. pr. germain, contracté de Berahi, Técla-
tant, le brillant.
La Berthaz, sommet ou saillie de Tarête au col de Couz, Val
d'Illiez, et le Berihex ou Berthet, alpes de Bex, dim. du précé-
dent ; les deux, sommets schisteux de flysch, se délitant cons-
tamment ; de l'adj. patois beriho, bertha, fragile.
Bertol, alpe et sommet à Evolène, Valais, Comba Bertol
vers 1280 = combe (de) Berthold, n. pr. germain.
Bertzo, chalets sur Ayent, Valais ; passage de rochers au Sa-
netsch ; Berze, (ts) loc. à Lcytron, Valais ; métal hèse pour brèche,
d'où le col des Bréchets, vallée d'Hérens. En Dauphiné, berche
= col.
Besenoens, D. Veveyse, Frib., Besencens et Besences, xii« s.
Cari. Haut-Crèt, M. R. XII, i5o, iSg, Bessensen, 1299, d'après
Kuenlin ; nom dérivé d'un n. pr. germain.
M. D. SEC. SÉRIE, TOME VII li
34 BESSINGES — BEURNEVAISIN
Bessinges, ham. C. de Genève = chez les descendants de Bezo
ou de BettOy n. pr. germain. Voir Bettens.
Besso, lo — , sommet, vallée d'Anniviers, Valais ; du bas latin
bissOy fr. bessoriy jumeau, à cause de ses deux pointes. De même
Grètabesse, sommet près Sion = crête jumelle, et Pierrabesse
à Grimisuat, Valais, Peira Bechy, 1262, Peina Bessy^ 1267;
loc. à Ollon, aux Ormonts et à Bex ; ici gros bloc erratique fendu
du haut en bas, ce qui en fait deux pierres jumelles. Pierrabaisse
à Conthey est sans doute une fausse orth. du même mot.
Béthusy ou Uétusî, ham. à Lausanne, Bitusiacurriy 906, Betu-
sicy 1220, Bitusie, 1228, Bettusie, 1287 î ^^^^1. de Bretig-ny-sur-
Morren:^ = (Jundum) Bitutiacum, domaine d'un Bit ut lus, gen-
tilice romain, peut-être, d'après De Vit, le même que Betutius,
Betucius ou Betutius, nom très connu par les écrivains et surtout
par les inscriptions. Ces formes primitives, avec le suffixe acu/n^
qui s'ajoute à des noms d'hommes (uniquement à cette époque
reculée) et l'absence de l'h, montrent à l'évidence que Tétymologie
germanique Bethaus, maison de prière (Dict. hist., V, p. 85) est
erronée.
Betzatai, rochers découpés sur Outre-Rhône, Valais = beau
château.
Bettelin, clos de vignes à Aigle, Bittilins, 1882 ; peut-être
comme Billens, Bitlens, voir plus loin = chez BitiiOy n. pr. ger-
main ; toutefois il faut considérer que Bitlens était contracté au
xii« s. et Bittilins non au xi\^. Il y a une racine onomastique Bitty
d'où l'on aurait Bittilo. Ici la contraction se produirait moins faci-
lement. (Note manuscrite de M. le prof. Stadelmann.)
Bettens, D. Cossonay, Betens, iit^2, 1269, 1286, Bectens,
1149, i358, 1881, Beteins, 1228, Bessens, 1286, BetteynSj 1278,
Bettens, 1887 ; — ham. de Château-d'Œx, Batentes, iii5, Hid-
ber, I, 4^8, Bestens, i486 = chez les descendants de Betto, n.
pr. germain très fréquent.
Beurnevaisin, D. Porrentruy, ail. Brischwiler, Brunnevisiriy
121 1, Burnevison, 1290, Burnevesin, i848 ; racine germanique
bran. Voir Bournens.
BEUSON — BIENNE 35
Beuson, ham. de Neadaz, Valais, Bousan, 1200, Bouson,
■
1227, 12^8, etc. ; 2^ loc. à Chamoson ; de beiise ou bouse : lieu
boueux.
Bevaix, Neucbâtel, yiWsiBeoacensiSj 998, Bevat, 1092, Bevais,
1142. Cart. Month., ^«e^eo;, 1268, i4o3, Bevaz, i258, 1268, i3ii,
Bevay^ 1280, Bevays, i3io, Beveyz, i32i. D après Gatschet, cor-
respoudaDt du n. ail. Bifang, du v. h. ail. bifàhan^ clore ; ce
serait le syn. des Clos, Closuit, etc., si fréquents. Mais le n. latin
cellam Beihaatiam, 1049» Hidber, I, 348, semblerait indiquer
une autre orii;^ne in(X)nnue.
Les Bevières au Landeron, Beviery, i243, Beviere, i343; es
Bévières, loc. à Vich, dérivés collectifs de beviunt, bief, prés
coupés de canaux.
Bévieux, h. de Bex et Givrins, le premier faussement écrit Bex-
▼ieux par de Gingins et par la carte Siegfried ; village de chalets
sur Montreux {Beaeux, i355); Béviaux, pâturage, Pajs-d*En-
haut, loc. à Blonaj, probablement dérivés de bief,
Bévilard, D. de Moutier, Berne, Bevilar, iiSi, Belviter, 1226,
Beviller, 1248, Beviler, 1829 ; de bé, bel, beau et vilar = beau
village.
Bex, D. Aigle, villa Baccis, 674, Will. de Bais, 11 38, Bœz,
1142, BaXj Baz, 1179,^01*5, 1227, BeZj i245, rattaché habituel-
lement à bachj rivière ; par M. de Gingins au bas latin baccus,
passage de rivière, bac.
Bezières, voir Bedayre.
Biaufond, ham. de Bois, Berne ; patois biaUy beau fond.
Biaugy, loc. à Rueyres ; de bellum gistum, beau gîte.
Bied, Biez, ruisseaux à Morges et Jura, loc. à Renens, Beium
en 904, Biez, 1226, et les Bieds aux Ponts (Neuch.), le Bîex à
Salavaux, 1289, Bez à Courtelary ; autres formes de bief, bas
latin beuium, beiam, bedum, de Tanc. h. ail. bed, lit de rivière,
puis canal, ruisseau.
Bienne, Bielna, ii4iï Bielne, 1184, Byello, 1187, Biello,
1280, Bielle, 1289, Beenna, i233, Bienna, i258, Biel, 1299,
etc. (26 variantes) ; dérivé ordinairement de byl, beil, ail. suisse
36 BIÈRE — BIOLEC
beily la hache qui figure dans ses armoiries ; mais ce sont là des
armes parlantes et Torigine nous paraît incertaine. Studer pro-
pose Tanc. h. ail. bil^ pris au sens d'entaille, de gorg'e, ce qui
conviendrait assez pour cette ville, à l'issue des gorgées de la Saze.
Toutefois, nous préférons nous ranger à l'opinion de Zimmerii
qui n'y voit rien autre que l'ail, bûhl^ colline ; en i4o5 le rocher
sur lequel s'élevait jadis le château est appelé der Bûel.
Bière, D. Aubonne, Bieria^ iiSa, Byerey^ ii43, Cart. Month.,
Beri^ wi^^ Biria, 1179, Bière vers 12 10, M. R. XII, i5, Bieriy
121 2, Beriay 1278, i453 ; du v. fr. berrie, plaine.
La Bierlaz, alpe d'Ormont-dessus, Berlaz dans les vieux textes ;
aux Berlcs, loc. à Denens ; à la Birlaz, loc. à Fully, la Byrla,
ham. à Trient ; Borletta aux Mayens de Sîon, dim. ; Berlaire à
Villariaz, liorloy, forêt à Montagny, Beriai, 1228; Berlex à
Tartegnins, Berlez à Villarepos, collectifs ; du v. fr. berle^ patois
beria, cresson de fontaine, du latin berula.
Billons, D. Glane, Fribourg, Bitlens^ xii« s., Billens^ 1180,
1189, M. R. XXIX, 125, Bilieins, 1228, Byilens^ 1282 = chez
les descendants de Biiilo^ n. pr. germain ; du v. h. ail. bitan,
désirer ; de môme Bois-Billens, ham. de Villars-sous-Yens.
Biole ou Biolla ; Biolet (Boudry), Biollet (Bevaix), Biolat
(Thierrens), Biolettes ou Biolattes, dim. ; Bioley, Biolay, Biol-
ley, Biollay, Bioliex, Biolayre, Bioiieyre, Biolyre (Valais),
etc., lieux où abondent les hioles, bouleaux ; du latin hetula on
betulla^ aussi celtique ; les collectifs en ey^ ay, ex, de betuletam ;
en ayrej yre, de beiularia.
Biolec, mayens, vallée d'Anniviers = Bioley,
Ce suffixe ec, spécial à la vallée d'Anniviers et à Evolèae : Liappec =
Liappey, Lirec = Lirey, Mottec = Moltey, Pensée = Pesscy, Rotsec
= Rochey, Vernek = Verney, Veisivic = Veisevay, rappelle singulière-
ment la formation des collectifs semblables en celte armoricain. On y
dit rosec (rosetum), /avec (fabetum), kanabec (cannabetum), etc. Zeuss,
p. 850. Cette terminaison identique pourrait faire penser à une origine
celtique commune, mais ce n'est là qu'une coïncidence : le dialecte anni-
viard ajoute un c inorganique à presque toutes les terminaisons en é, i,
ou : dek, sek, nek (doigt, soif, neige), amik, pourrik, pahik, nouk^ douk
(nu, dur), venouk.
BIONNENS — BLESSONEY 37
BMMineiis, D. GlAne, Frib., Byonens^ 1869, Bionens. i394«
M. R. XXII, 238 := chez les desceDdants de Beono. Beonnu, n.
pr. germain.
Biordaz, rivière D. Oron, Biorde, ii34« Barda vers 11 46?
Biorda, ii55, Biurda^ 11649 Byorda^ 1274, Byurda^ 1296,
Cart. Haut-Crét M . R. XII ; peut-être autre forme de borda,
La Biorle, ferme à Belprahon, D. Moutier ; peut-être autre
forme de bierle. Voir Bierlaz.
Koutaz, bois de bouleaux à Amex sur Orbe ; de bioux.
Bioux, ham. vallée de Joux ; loc. à Treytorrens, Saint-Cierges,
ChavaDDes-le-Chène, et au Biou à Yvonand ; forme masculine de
hiole^ bouleau, v. fr. boul; les bouleaux sont abondants aux Bioux.
Birse, rivière du Jura, Bersa, Birsa dans les chartes ; le v. f.
a bers, berceau, aussi lit d'un cours d eau. Y aurait-il là quelque
rapport? S tuder le tire du celtique, irlandais hir^ pir^ ruisseau.
Blachère, loc. à Bex, Blachoz, prés à Ollon, Bex ; les Bla-
eholeys, rochers gypseux à Ollon (la carte Siegfried écrit fausse-
ment Bacholejs), la Bléchereite, m. à Lausanne, Blaeon à Lully
sur Morges. Parents de blache, blachet, pâle, blanc. Il y a à Ol-
lon, Bex, beaucoup de terrains gypseux, blanchâtres ; mot dérivé
de Tall. bleichy même sens, que Dietz rapproche du grec blakos.
Le patois appelle blachette = blanchette, l'armoise absinthe et le
chèvrefeuille des haies, aux rameaux blancs. Dans TAin, on appelle
blache ou blachère les prés marais qui fournissent de la blache,
bâche à la Côte, flat dans la vallée du Rhône, sans doute parce
que cette herbe est blanchâtre quand on la fauche pour litière.
Blancberie, loc. à Morges, Yverdon. C'est le v. f. blancherie
= blanchisserie, endroits où l'on étendait les toiles pour les faire
blanchir, comme les Bleiche de la Suisse allemande.
Blessens, D. Glane, Frib., Biesens, ii5o, Blescens, iiCo, M.
R. XII, BlessenSy ï2i5, Donat. Haut., Blesseins, i238, M. R.
VI, 660 ; — Es Blessens, ham. du Crêt, Veveyse, Blessins
(Kuenlin) = chez les descendants d'un Germain dont le nom com-
mence par Biid, Bled.
Blessoney> ham. de Greng près Morat ; Blessonox, m. à Bot-
38 BLETTAZ — BLONAY
terens, Montblesson, ham. de Lausanne ; en Bellesson à Arnex ;
es Blessonnières à Jussj ; la Blessonnaire à Grand vaux, lieux
où abondent les blessonniers, poiriers sauvag-es ; de Tadj. blet^
Berrj blosse, d'orii^rine germanique ; ancien Scandinave bleyta,
amollir, suédois blôi, mou, parce que ces poires ne sont bonnes
que lorsqu'elles sont blettes, et suffixe dim. on, blesson = petit
fruit blet, puis les collectifs ej, ex^ aire.
Blettaz, loc. à Nendaz et alpes de Saillon ; en la BlettaZy iSgo,
à Grône, Valais ; Blettay, cirque rocheux, alpes de Leytron ; Blé-
taye à Miège, les Bletteys à Emosson, alpes de Finhaut, Tête
du Bletton, sommet au Saillon, Valais ; aux Blettes, alpes de
Bex, les Bléteaux ou Blettaux à Yvorne ; du v. f . blette^ variante
de blestCy bloste, s. f., motte de terre, employé jusqu'à la fin du
XYi® s. (Bonnard) à cause du sol inégal de ces localités.
Es Blevallaires à Ëcublens, Vaud = aux champs de blé ; du
bas latin blauum, v. f. bief; origine incertaine, probablement du
celtique blawd, farine.
Blignoux ou Blignoud, ham. d'Ayent, Valais, Bluvignosch,
Blivignohos, 1191, Bluoignoch, 1 229-1250, Bluvignoty 1287,
Bluvignoc et Blioignos, 1249, Blivignoch vers 1260, Bluvi^
gnose ^ 1295, Bluvignout, i338. Blouvignoux carte Dufour et
Dict. LutZy 1861. Blignoux carte Siegfried, Blignoud F. d'Avis
off. du Valais, contraction exceptionnelle au xix^ s. Probablement
dérivé d'un nom propre gaulois et du suffixe ligure oscus répandu
dans la Gaule méridionale et dont nous connaissons 5 exemples
en Valais.
Bliou, Blioux ou Bluch, ham. de Randogne près Sierre, Bluys^
1260, 1267, BluSy i24i, 14419 Plouche, Lutz, 1861; a\\, Blusch,
Le nom de Chamblioux, ham. à Granges-Paccot, Fribourg,
paraît formé de champ et de la même racine blioux qui doit être
un n. pr. germain.
Blonaire, loc. à Aigle ; peut-être ancienne propriété des Blonay.
Blonay, D. Vevey, Bloniacum^ 1090, 11 38, Blonay ^ 1142 et
Blenaiy 11 47» Cart. Month., Blanay et Blanoi, 11 03, Blenia-
cum, 117C, Blonacho, 1177, Blunais, i2i5, Blunai, 1286, Blu-
BLUARD — BŒNA 39
naium, i25o, Blonay, iSiq, Blognay, i33o, Matile, etc. Ne peut
Teoir de planiiies, plaine, comme le veut Gatschet ; le suffixe
acum s*ajoutant à des noms propres, mais de (praedium) Biania-
cum^ domaine d'un Blanios, n. pr. gaulois, latinisé Blonius
(Holder, 497)* Les formes Blanaj et Blanoi, ii63, nous rendent
le a primitif.
Au Bluartl, quartier à Morges, à Tangle N.-Ë. de Tancienne
enceinte ; le Belluard, pâturage à Château-d'Œx, au Belluard,
loc. à Soral, Genève ; le même que le français moderne boulevard,
de l'ail, bollwerk, fortification.
Bochaires, 3 loc. à Chàteau-d'Œx, et ailleurs ; Boehera, m.
à Troinex, Genève ; endroit où Ton coupe le bois, où on le met en
bûches ; du verbe v. f. boscheer, couper du bois.
Bochat, ham. à Lutry, Boschat, i223, et Bottens ; Bochet à
Afzier, Boscheturrij 1202, à Arnex sur Orbe, Boschet, 1268, à
Pizy, Châtelard, Cheseaux, Crans, et 3 loc. Frib. ; le Bouchet à
Saconnex, le Bochet, 1279 ; le Boochet, ham. des Bois, Jura ;
Botzat, nombr. loc. en Valais ; Botzet, 2 loc. Frib. ; du bas latin
boscheium, petit bois, fourré, lieu buissonneux ; Botzatey à Sail-
lon, collectif; Bochalet à Villars-Mendraz, Bossalet, Viilarbe-
nej, Botzallet à Essert, D. Lac ; dim. de bochat.
Boeonnex, loc. à Aigle, route dos Ormonts, collectif du patois
bocon, petit morceau (de terre).
Bodemos, ham. de Rougemont ; de l'ail. Boden et moos =
marais du fond.
Boécourt, D. Délémont, ail. {Bas')B(estingen, Boescort,
ii4i^ Bœscorth, ii47» Bœscouri, 1161, Bueschorl, '1180, etc. ;
peut-être court, village, de Boius ou Boios, n. p. gaulois.
La Bœna, loc. à Cuarny, ham. à Ennej, Gruyère ; la Boiuo,
ham. Neuchàtel ; la Beiinaz, chalets sur Monthey ; en llautabon-
naz, m. à Château-d'Œx sur le Montellier, de haute et bonne ; du
celtique bonn, limite, borne, bas latin bodina^ bodena, v. f. bone^
boine, bonncy devenu borne au xvi« s. ; boine est encore employé
dans un acte de 16 18, délimitation des bois d*Aigle et d'Ollon :
« la dite boine plantée au Plan de la Charbonnière. ^
40 B0ET — BÔLE
Boêt, Buit, Buis, Bouts, Buet, Bouet, Boux» Buz, Boz,
synonymes et dim. de bou = bois. De là Plambuit, Plan du boîs,
Praz Buit, Muraz, pré du bois, Vers Buit à Ollon et Corbey-
rier, vers le bois ; Souboz, Berne, sous le bois. De là encore l'an-
cien nom de Louèche-les-Bains, Buez, Bois. Voir Louèche.
Bofflens, D. d'Orbe, Bofflinges, loi i, M. R. III, 428, incurie
bo/flennisy 1007 ou looi, Hidber, I, villa Bofflens^ 1049-1 109,
BofflenSy i4o3 =: chez les descendants de Boviloy n. pr. ger-
main.
Bogts, D. Nyon, Bugeium vers ii44> 1166, 1179, M. G. IV,
83, Bougie^ 1286, Bogie 1260 ; autre forme de Bougy.
Bogis, bois près Nyon, nemore Bogie, 1289, 1240, Cart. Ou-
jon, M. R. Xll ; du v. f. bouge, s. m., terrain inculte et couvert
de petites brandes.
Boinod, ham. à Chaux-de-Fonds, à la limite du val de Saint-
Imier, Boineau, i84i ; sans doute du v. f. boine, borne, et suf-
fixe dim. eau.
Le Boir, ruisseau et forêt au Pillon, dans des lieux pleins de
creux g^ypseux (Isabel) ; pré à Conthey ; le Boiron, 2 rivières près
Morges, Boirum, 1221, 1228, M. R. VI, 265, Beyron, 1296, et
près Nyon, Boiro vers 1200, M. R., 2^ s., V, 21 5, Boiron vers
1220, 1269 ; de la famille du v. f. boire, s. f., fosse creusée par
les eaux. Boire est employé par Rabelais au sens de rivière.
€ Quand nous passâmes la grande boyre. y^ Gargantua, I, 38.
Boironnet, affl. du Boiron de Nyon, dim. Les M. R. III, p. 5i3,
indiquent à Yens une loc. nommée A Bo Yrenal, 1 296, aujour-
d'hui en Boironat, autre dim. de Boiron.
Bôle, D. Boudry, Boule, i846, Buloz, Bulo, i856, et BoUes,
Val-de-Travers, Neuchâtel, les Bulles à la Ghaux-de-Fonds, les
Builoz à Promasens, Frib., Bauloz, ham. de Gimel, Baule, loc.
à Begnins, le Bouloz, pâturage du Jura sur Nyon ; BuUet, D.
Grandson, villa Bolaco, 960 (rapporté à Bulle par Hidber, I),
Bulet, i85o ; les Bolets, ham. à Colombier, Neuchâtel ; les Bau-
lats, loc. à Bonfol ; du bas latin bola, boletum, du v. h. ail. bol,
terrain inculte, lande. Bolaire à Vétroz^ collectif, BoUen à Loué-
BOLLION — BONFOL 41
die, forme germanisée. Une localité sous Avent, Valais, valle
Baulis, i loo, Boulis, 1200, Boulys, i4o8, même orig-ine.
Bollion, D. Broyé, Frib., et loc. à Combremont ; pourrait venir
de bouillon, v. f. houllon, bourbier, dont Littré donne 2 ex. du
XIV* s. « Un bouUon ou bourbier ; un chemin moult destravé,
plein de boulions. »
Bonaudon, voir Audon.
Bonatry, loc. à Saxon, paraît être un Bonatrait ; de bon, et le
V. f. alraily l'opposé de Malatrex ou Malatrey ; suffixe valaisan
y = ex, ey. Voir Malatrex.
Bon, En, Au — , loc. à Montherod, Saubraz, Echichens, Char-
ncx. Es Bons, écart d'Aubonne, Bonez, i235, M. G. XV, 7 ; loc.
à Bremblens; peut-être bon, adj. sous-entendu terrain. Mais on
trouve dans la même région une autre série : le Bond à Echan-
denSy Lonay, Collombier, Denens, les Bonds (ou Bons) à Bière,
sorte de puits circulaires rejetant par intervalles une eau limo-
neuse ou de la boue ; on pourrait penser à une fausse ortho-
graphe, mais le d appartient bien au mot, comme le prouvent le
fém. es Bondes à Crassier, aux Bondes à Venthône, les dérivés
Bondet, forêt à Ollon, Bondez, forêt à Croy, en Bondex à
Denges, Préverenges, Céligny, Bpndys, 2 m. à Gillarens, Bon-
dallet à Romanel, Bondérex à Denens. Mot embarrassant. Bond
serait-il une forme masc. de bonde, qui a signifié au xii« s.
borne ? Les Bondes à Crassier, le long de la frontière française,
peuvent être es Bornes. En Angleterre on nomme pond les petits
creux pleins d*eau, tantôt plus ou moins sphériques, tantôt allon-
gés et sinueux (i ou 2 m. au plus) qui coupent la surface des ma-
rais tourbeux. Ce mot, sans doute d'origine celtique, paraît être
le même que les Bonds de Bière.
Boncourt, D. Porrentruy, ail. Bubendorf, Bovonis curia
I i4o, Trouillat, le texte a n : fausse lecture pour u =11 v ; Booun-
corty ii47, Boncurt, 1178, Bunchortj 1170, Boncor, 1290 =
court, ferme de Bovo, n. pr. germain, d*où le n. de famille Bovon.
Bonfol, D. Porrentruy ; ail. Pumpfel, Bonfo, Bunjol et
BanfOj 1291, Bon foui, 1821 ; peut-être bonumjagum.
42 BONGARDAZ — BORCARDERIE
La Bongardaz, loc. à Curoillens. D'après Zimmerli, viendrait
de Baumgarten. Douteux ; plutôt propriété d'un Bong^rd.
Bonmont, château, anc. abbaye près Chéserex, D. Njon. Beata
Maria de Bono monte ^ ii23, abbas DonimontiSy 1224= bon
mont, souvent prononcé au moins jusqu'en 1870, Beaumont, Bo-
mont dans la contrée voisine, par dissimilation comme Romont,
Moron, Lomont.
Bon(n)ayaux, alpe, val d'illiez (BonaveaUy fausse orth. de la
carte Siegfried), alpes à Montreux, Morgins, Rougemont, Grand-
villard = bona vallis, bonne vallée ; Bonavalottaz à Grandvil-
lard, dim.
Bonnefoniaîne, D. Sarine, ail. Muffethan, Bono/onte^ ii5o,
Hidber, II, Bonnefontainey 1287, F. B., II, 170, Bunfontana,
1270, Mun/otarty i449, Mont/etariy 1476, Arch. Fr. V, 43o, 292,
etc. Voir Stadelmann, p. 124, qui démontre que le nom allemand
n'est qu'une corruption du français.
Bonnenson, loc. à Bex ; peut-être le v. f. bonne ^ s. f. = borne
et en son, au sommet. Voir Bœne.
Bonvillars, D. Grandson^ Bonus vilary 11 24, Binvillare^
ii48, Bienvilar^ ii54, Binoilar, 1 1 74-1 228 = bon village.
Boraii, torrent dangereux, affl. de la Torneresse, Pays-d'En-
haut, s'enflant démesurément aux grandes pluies et charriant
beaucoup de cailloux ; sans doute parent de boraii, babillard.
Bouraiier, m. à Hauteville et Bourateyrc à Semsales pourraient
en être parents.
Borb, racine du français bourbe dont « l'origine, d'après
Darmsteter, est inconnue ^ (Bonnard) a donné le nom de
Borbaz, ruisseau et bois à Bernex, Genève ; champs à Bussi-
guy. Villa ps-sous- Yens, Pomv ; Borboz à Arnex et Pompaples ;
Pré Borbet à Bassecourt et Boécourt, Pré Borbeux à Lavey, en
Borbotaz, loc. à Veyras, Valais ; Borbuintze, Châtel-S* Denis.
Bopcarderîe, la — , loc. à Valangin, Neuchâtel, Burgi arde^
ritty i45o =: la fournaise du bourg-, que le Mus. N. explique :
endroit où se fabriquaient la tuile et la brique pour les réparations
BORDE — BORREX 43
du château. « J j vois le nom propre Borcard et le latin est une
fantaisie étjmolo^que. » (Bonnard in litt.)
Borde à Lausanne ; les Bordes, ham. de Bavois ; du f. borde,
ital. borda j du gt)thique baurt, cabane, chaumière ; dim. Bordel,
loc. à Chacdonne et Bordelloz, m. aux Clées. Cette dernière est
appelée Bord^de-Veau sur la carte Siegfried, quoiqu'elle soit loin
du moindre ruisseau.
Borgeau, ham. de Martignj-Bourg, en Borgeod à Pailly,
Borjoz à Rossinières, Borjaux, quartier de Blonay. Borjeau, h.
de Font, Frib., Borgeat, ham. de Cerniat, Frib., Borgeal, ham.
d*Orsières, Borzeau, ham. de Sorens ; dim. de bourg*.
Bordzay, Proz — , alpes de Bag'nes ; en Borjezan> loc. à Ches-
sel ; de bordzai, bourg'eois : propriété bourgeoisiale.
Bom, racine germanique, de Tall. born^ source, donne les
noms de nombreuses localités : Borneau ou Bouraeau, plusieurs
lieux-dits ; Bornet, Bornettaz, Vétroz ; Bornait à Bex, les Bor-
nis à l'Ëtivaz, ChÂteau-d*Œx ; Bournet à Treyvaux ; le diminutif
Bomalet à Aubonne, Treytorrens, etc. ; l'augmentatif Bornache,
combe à Villeret, Jura ; Prai>orgne, dans les chartes Prato-
bornOy nom français, bien oublié, de Zermatt ; la Borgne, rivière
du Valais, Borny, 1289, Borniy 1247» Bornie, i448.
Bomu, Moulin — , près La Sarraz, Bornnlj ii49i Bornuz,
ii58. Borna, 1228 ; de ladj. vaudois et v. f. borna, creux, vide,
dérivé de borna, trou en terre, crevasse, à cause de sa position
dans une étroite gorge ; quant à borna, il vient probablement du
germanique born, source.
Bornué ou Bornuet, ham. entre Vernamiège et Nax, Valais, a
une tout autre origine : le nom de ce hameau, Bornuesc, i2o3,
1243, BarnaheCy 122!^, Bornuech, 1289, vient du n.pr. germain
Borno et du suffixe germanique isca (aussi gaulois), ail. moderne
isch, qui sert à former des adjectifs (mansus, clausus) Bornais-
cas, propriété de Borno. D'Arbois de Jubainville, p. 55o-559, cite
de nombreux exemples de noms ainsi formés.
Borrex, D. Nyon (Guichard de Bornai, ii64, M. G. IV, 77,
Hidber, II, 208, fausse lecture !), Borrai, 1286, M. R. VI, 898,
44 BOSSATTON — BOTIRI
Borrat/y 1266, M. G. VII, 3 16 ; de Borracum, propr. d'un Bor-
ruSj nom servile ; une inscription citée par Holder, p. 494* porte
Borrus /ecit.
En Bossatton, loc. à Lusserj ; dim. de bosset, petit bois.
La Bosse, ham. de Saig^elég'ier, Berne ; forme féçi. du v. f .
hoêy bois.
Bossenaz, m. à Féchy, Tarteg-nins, loc. à Pizy, Bougy, bois à
Ferreyre; Boussine, alpe de Bagnes, Valais ; f. d*un adj. bous-
sin,ey V. f. boschain,e = boisé, dérivé avec le suffixe in, patois
f. enaXy du bas latin boschus ; bois, localité, alpe boisée.
Bossens, ham. de Romont, Boscens, 1147-1157, Arch. Fr. VI,
Bossens, 1244, M. R. VII, 43 = chez les descendants d'un Ger-
main dont le nom dérivait d'une des racines baudi ou hod. (Sta-
delmann, op. cit., p. 62.)
Bosscy, Vaud, Bossei, i234f i25i, Bossie, i245 ; et Genève,
Bossey, 1201, Bossie, 1268; Bossy, Genève, Bossie y i2i6y i344>
M. G. IV et IX ; peut-être de boschetum, lieu buissonneux ; plus
probablement, comme les Bossey, Bossay, Boissy de France, de
buxelurriy lieu où croît le buis ; le buis est abondant sous Bossey,
Vaud, et se trouve aux environs de Bossey, Genève.
Bo$sièi*es ou Bossirc, 2 m. isolées, monts de Lutry ; Bos-
Nièrcs, loc. près Promenthoux, correspondant patois de Boissière,
Genève ; maison dans les bois.
Bossonnens, Fribourg^, Bossonens, 1221, i^ol^yBucenensyeT»
1236, BoitonenSj i34i, Bossonin^ iGo6 = chez les descendants de
Baudson, Boitson ou Bauthson, — on trouve les trois formes, —
n. pr. germain formé de Baudo, Botto, Botho et son, fils.
Bosson, plus. loc, les Bossons, ham. de ChÂteau-d'Œx ; dim.
de bois; es Bossonets à Charmey, aux Bossenels à Lussery,
dim. du premier ; Bossonery, chalets sur Ollon ; le même, avec
suffixe ery = erie ou ière,
Botiri ou Botyre, ham. d'Ayent, BoiereSy 1200, i25o. Botte-
res, i3i I, et loc. à Vissoye, Valais ; Bottire, loc. à Sierre, en Bot-
téré, champs h Villars-le-Terroir, Botterez à Satigny. Voir Bot-
tay.
BOTTAY — BOUDRY 45
BotUiy, es — , bois à Lasserj, chalets à Charme v ; au Bottey,
pâturage à Mootbovoo, Botté à Vétroz, Praz Bottey, Vuister-
nens-devant-Pont ; probablement de la famille de botter y mettre
en botte, en fagot ; endroit, bois où Ton fait des fagots, bois taillis.
Bottens, D. Echallens, Botens^ 1142, ii83, Cart. Month., J^oc-
tenSy 1228, M. R. VI, Boutai ns, i38o, Matile, Boutai n, i38i,
BoutanSy 1897, Boutan^ il^il^, Boutain, i42o-i46o, M. R. XIV
= chez les descendants de Boto, Boit y n. pr. germain = l'en-
voyé, ail. moderne Bote.
Botterens, D. Gruyère, 1227, M. R. XXII, BocterenSy 1490,
M. F. IV =r chez les descendants de Botthariy n. pr. germain ; de
Botty l'envoyé, et hariy guerrier.
Les Botticres à Chancy, Genève ; h. près Belle]ay> Jura ber-
nois, la Buttièrey i3o4 ; la Bottière, à Cergémont ; voir Bottay.
Bottonens, loc. à Saint-Légier, bourg de Bothonens, quartier
de Vevey, habité par Perrod Bothonens en i34i, d'où son nom.
Voir Bossonens.
Bottonet, loc. à Puidoux, Botoneyre à Maracon ; peut-être la
même racine.
Botzeresse, alpe de Bagnes, Valais ; de botzety chevreau, et
suffixe V. f. eresse (comme Boveresse, Porcheresse, etc.) = alpe
des chevreaux.
A la Boudaz, loc. à Gland ; peut-être autre forme de Budaz.
Boude villiers, Val-de-Ruz, Boldiwilery 11 44» Boudeviler,
1195, Boldaviler, 1202, BudewillieZy i453 ; de villarcy village,
et Boldoy variante du n. pr. germ. Baldoy le hardi : village de
Boldo. L'étymologie de Matile, de boUy bois, et villarcy bois du
village, est démentie par les formes anciennes.
Boudry, Neuchâtel, Buldri et Baudriy 1268, Boudri, i3o6,
Budriy i336, Bouldry^ i346 ; de Balderichy n. pr. germain très
fréquent (= guerrier vaillant). Fôrstm., p. 208.
Gatschet, après avoir donné Fétymologie ci-dessus, en a adopté posté-
rieurement une autre (dans une lettre à M. Bonhôte) où il dérive Bou-
dry, comme Bêle, du v. h. ail. bola, lande, terrain inculte. Nous pen-
chons pour la première étymologie de Gatschet ; Fobjection de Bonhôte,
que « rhistoire ne fait pas mention de ce Baldurich » n'a pas de valeur.
46 BOUFFA — BOUIS
•
Elle pourrait s'appliquer à des centaines de noms de localités dérivés de
noms d'hommes^ gallo-romains ou germaniques^ localités dont nous
ignorons le fondateur, bien que nous soyons certains de Tezactitude de
la dérivation. L'histoire ne nomme pas davantage, par exemple, le Runo
qui a donné son nom à Renens, ni le Modernus, parrain de Modernacum
ou Mornex.
Bouffa, Tête de la — , rocher à Salvan, très exposé au vent ;
subst. verbal de bouffer, souffler, provençal bufar ; en Dauphiné,
buffa =. endroit exposé au vent ; 3Iontbuffat ou Bufet à Pre-
mier, môme racine.
Bougeries, nom de plus, forêts, Apples, Ballens, Yens, Ro-
mainmôtier, la Bougery^ 1 499 ; les Bougeries à Vandœuvres, et
ham. de Chêne, Genève ; nom commun au moyen âge de terrains
vagues, en partie boisés, ainsi en i3o4 « pro 10 posis de bouge-
riis > et en 1807 les bougeries et vernets de l'Arve. M. G. IX,
p. 99, 201, 248; de la famille du v. f. bouge, s. m., terrain in-
culte et couvert de petites brandes.
Bougnon, voir Bugnon.
Bougy, vill. et ham. D. Aubonne (Baigeel, 1062, Baugel,
1177, Bougez et Bougye, 1287, Bougie, 1276, Baugier^ 1849) ;
la Bouge, m. C. de Noirmont, Jura bernois ; du v. f. bouge y de-
meure ; Berry, bauge, hutte ; bas latin baugium, hutte, bougius,
cabane. Ducange cite duos domos seu bougios, 1292: deux
bouges, soit maisons.
L'ancien nom du vîU. de Bougy était Bougy -Milon. Joh. Bran-
dis de Bougye-Milton, 1285. M. R. XXX, 887. Millon, n. pr.
Au Bouil, loc. à Lens, Valais ; au Bouillet, ham. à Bex ; loc.
Ormont-dessous, ou Bulliet, 1882, Ollon, Yvorne ; Vex et Mon-
tana, Valais ; Bouillets, chalets sur le Pissot, Château-d'Œx,
Boulier, chapelle et source sous Vercorins, Valais ; au Bulliet,
loc. à Granges, Fribourg. Le premier synonyme, les autres dim.
de bouiy bassin de fontaine ; localités riches en sources, en filets
d'eau.
Bouis, Creux du — , alpe de Saillon ; Tltroz du Bouis, alpes
d'Ardon ; de bouiy bouet, bassin de fontaine, de botellurriy boyau,
tuyau.
BOUJEAN — BOURDIGNY 47
Boiyeaii, ail. Bôzingeriy D. Bienne, Berne, Bezsingeny 1008,
Tr. I, Bezingen, 1181, Basingen^ 1284, Boujans, 1264, F. B.
n, Bogsingen, Bochesingen, 1280 = chez les descendants de
BezOy n. pr. germain. Fôrstm., p. 219.
La Boulaz, Miserj et Cournillon, Frib. ; les Boules à Bernex,
Confignon, Genève ; Seleutc et Fontenaj, Jura ; Boulayres on
Booleyres près Bulle, Bolleriy iigô, Bolerg, 1878, et 4 autres
loc. ; Boulex à Pajerne, Bouley à Romont, Boulais à Boncourt
et Rocourt, les Boulats, Montignez et Fregiécourt, la Bouloie à
Ocoart et à Porrentruy, Bouiloye, 1828 ; Boulier à Asuel ; col-
lectifs divers du v. f. boule dont bouleau est le dim. Quant à
boule, d'après Jubainville, c'est une contraction de bedoulley dé-
rivé de betuliay forme gauloise fournie par Pline.
Boulens, D. Moudon, Bollens, 1142, M. R. XII, Cart. Month.,
1226, Boslens, 1166, Hidber, II, Boslans^ 1218, Month., 58, Bo-
lens, 1453 = chez les descendants de Bollo ou de BotilOy n. pr.
germains. Bollo, du m. h. ail. buole = époux, frère, ami ; Bo^
dilo, de bodo, maître, seigneur. Fôrstm., 274, 290.
Bouloz, D. GlÂne, Fribourg, BolohCy 1 154, BoloZy 1 155, 1 188,
Boloohy 1179, 1180, Bolos vers 1160 et 1260. Cart. Haut-Grôt ;
Bolocsh, Bolosc et Bolocs sans date, xii^ s., Bolo, i64o. Le
P. Dellion, Dict. IX, i64, y rattache Bedolosciy 1017, que Gats-
chet (271) rapporterait plutôt à Bulle, Fribourg. N'est pas de la
famille de bola^ lande, voir Bôle, mais plus probablement formé
d'un nom d'homme et du suffixe locatif ligure oscus. Voir Ar-
nioux.
Es Bourdes, bois à Crans, D. Nyon ; de bourde y bâton,
perche, dim. bourdon, bâton de pèlerin = bois taillis où ces
perches abondent.
Bourdigny, ham. de Satigny, Genève, Burdiniacum, ii53 et
i25o, M. G. XIV, 9 et 29 =r domaine d'un BurdiniuSy n. pr. ro-
main, dérivé de l'agnomen Burdius. De Vit, 1, 771. Mais le même
village est appelé Burdignin^ 1297, i3o5, i344, i346, Burdi-
gnynsy i3o7, i348, Burdignins, i358. M. G. XIV, IX, 244» 235,
XVIII, XXI, 217. Ce suffixe indiquerait une origine germanique
48 BOURGEAU — BOUX
= chez les descendants de Burdin, n. pr. germain. Fôrstm., 298.
Peut-être Burdinius n'est-il que la forme latinisée de celui-ci.
Peut-être aussi j a-t-il ici le même fait que dans Tart^^ins —
Trîtiniacum, Trivilins — Trevelliacum, Brucins — Bniciniacum,
Cartignins — Quartiniacum. On trouve de même Greysie (Gex),
1184 et Gresin^ 1220.
Bourgeaii aux Verrières^ Boiirgeaud à Carrouge, Bourjod à
Pailly, Bourzeaiix, ham. de Sorens, Frib. = petit bourg.
Bourguillon, ham. et porte à Fribourg, Burgallun, 1255^
Zeerl. I, Bourguillon^ Burguillion^ xiv et xv« s., Bùrglen en
ail., 1434 ; comme Biirglen d'Uri, Burgillay 857 ; dim. deburg :
petit château fort.
Bournens, D. Cossonay, BrunenSy 1142, Cart. Month., p. 9,
BrugnenSj i453, Burgnens^ 1^72, — Burnens, m. à Féchy,
Brunens, 1240, BruneinSy 1249, Cart. Oujon, M. R. jXII, i38,
i4o ; en Bournens ou Bournin, ham. de Treyvaux, Frib., Bur-
nens, xii« s., Arch. Fr. VI, 4o ^=^ chez les descendants de Bruno ^
n. pr. germain. M. Hisely, Cart. d'Oujon, p. 212, a confondu le
Burnens de Féchy avec Bournens ; le texte est précis : p. i4o on
voit qu'il s'agit de vignes : « arbergamentum vinearum, ...apud
Bruneins, et p. i38, apud Brunens vel in parrochia de Feschie. »
Bourrignon, Délémont, Berne, Borognun, ii36, Borreri'-
JunSy 1181, Burengis, 1224, Boroggnons^ i3o5, Bouroignon,
1373= (peut-être) chez les descendants de Boran, n. pr. ger-
main ; du V. h. ail. boran, fils, descendaut. Fôrstm., 276.
Bourzœtle ou Borsuat, ham. de Sierre : J. Tavelli dni Bor^
zati, i45i, dni Burgeti, i453, M. R. XXXIX = bourget, petit
bourg (permutation j-z).
lk)ussc, ËD la — , les Vieilles Bousses, loc. à Noville, Vaud ;
les liousses à Granges, Proboussaz à Miége, Valais = pré de la
housse, s. f., forme féminine du v. f. bouXy bois.
Boussens, Cossonay, Bussens, iit^2, 1182, Buissens, 1199,
Cart. Month., Busens, 121^, BossenSy i223, i382 = chez les des-
cendants de Busso, n. pr. germain ; du v. h. ail. bdsi^ méchant.
Boux, 5 loc. Frib. ; v. f. bouœ, bois.
BOVATAY — BRAILLE 49
Bovatey, 2 pâturages à Charmej ; les Montbovats à M ontfau-
con, Jura ; les Bovets, chalets Ormont-dessus ; de bovaiy booet^
jeune bœuf, alpes pour le jeune bétail.
Bovay, loc. à Vétroz, Bovex à Gollion, Vaud ; de bœuf et suf-
fixe collectif ex,, ay : pâture des bœufs.
Boven, m. et terr. à Valeyre-sous-Rances, Booens vers 1260
(villa^ détruit) = chez les descendants de BooOy n. pr. germain
connu (d'où Bovon), dont Bovilo est le diminutif.
Bovemier, près Martignj : jadis Bourg-Vernier. Ne sig'nifie
pas boarg'-des-vernes, mais, comme l'indiquent les formes an-
ciennes: Burgi Vualnery^ 1228, Bor Warner^ i25o, Burgum
Walneriiy 1290, Burgum Varnery, i45i, Bourg du nommé
Warner ou Vernier,
Boaveret, Valais, Boverety 1179, Furrer, III; Boveret à
Maules, Frib., Boveyre(aire), Bovire, 7 ou 8 loc. vallée du
Rhône ; Bovayron à Vouvry, Bovery, Colombey, Deng-es, etc. ;
Boverie, Fey, Payerne, Bouverie, Satigny ; Boveresse, Neuchâ-
tel, Boveressia, 1266, Boveresce^ 1284 ; id. à Lausanne, Vex,
Montbovon ; Boverasse à Cerniat, Gruyère ; de bovem^ bœuf, et
suffixe collectif erie^ patois eyre^ v. f. eresse = pâturages des
bœufs ; Boverattes à Pully, diminutif.
Bovigny, loc. à Avry-devant-Pont = domaine d'un Bovînius,
nom dérivé du gentilice Bovius, De Vit, I, 749.
Bovine et Bovinette, alpes sur Martigny ; Bovonnaz, alpe sur
Bex ; de bovem^ bœuf> pâturage des bœufs, comme, non loin de
celle-ci, Œuvannaz, aujourd'hui Œusannaz, de overrij mouton,
la montagne des moutons.
Bozon, Villars — , ham. de l'Isle, Vilar Bosun, 1278, Villar
BozoFiy i386 ; Praz-Boson à Courtion, Praz-liozon à Sottens =
village, pré de Boso, n. pr. germain ; du v. h. ail. bôsiy méchant.
La Braille, arête de rochers à Ghâteau-d'Œx ; la Brayaz, som-
met sur Viounaz ; la Breyaz, contrefort de Ghamossaire ; la
Braye à Rossinières, à Vouvry, etc. ; Brayetles, loc. à Gryon,
les Brayons, rochers à Brot, Neuch. ; Braillon, loc. et nant à
Lutry, Bralioriy 12 10, Hidber, III, Brallon^ 1288, M. R. VI,
M. D. SEC. SÉRIE, TOME VII 4
L
50 BRAMAFAN — BRECCA
645, dim. ; les mêmes que le français braie^ muraille, rempart ;
du bas latin braca, bracca, dig-ue, levée, orig-ine inconnue. Aux
Braihires à Mur en Vully et aux Brayères, champs à Vollèges,
Valais, paraissent des collectifs de ce mot.
Bramafan, pâturages de Vallorbe et de Ballaigues, loc. à Ap-
ples, prés à Chevilly, m. à Vulliens, loc. à Massonens, ham. de
Villaraboud ; sans doute terrain maigre où les vaches brament
de faim ; on appelle de même ces terrains en Dauphiné bramafam.
Bramois près Sion, Valais, Bramosium^ 5i6, BramueSy 1227,
Bramoues et Bramoys, 1260; Plan-Bramois, forêt sur Lens ;
d'après Gatschet, du bas latin bramosuSy boueux, sale, étymolo-
gie douteuse pour M. Bonnard.
Bran, m. à La Roche, Fribourg, et Bren, loc. à Bex ; de brariy
bren, ordure, excrément ? voir aussi Brent.
Branche d*Essert, ham. d'Orsières. Voir Sembrancher.
Branletles, pâturage sur Bex ; de Tail feuille (AUium Schœ^
noprasum) qui y abonde, vulgairement branlettes. Voir For-
reyre.
Branson ou Brançon, ham. deFulIy, Valais, Brandon, 1264,
Biranczony i383 ; Brentien ou Brentschen près Louèche, Bran-
dons, 1267, Brention, 1437 ; probablement comme le Brançon
de France (Saône-et-Loire), de Branciodunum, colline ou fort de
Brancio.
Brassus, ruisseau, affl. de TOrbe, Vallée de Joux, Bradolum,
862, Rég. Gen., 29, aqaam Bradoli, 1279, lo Brassioux, 1527,
M. R. I, 2^ liv. 107, 374, Brasseu, i555, Brassieux, 1677 î ^^
latin brachiolum, petit bras, le ruisseau étant considéré comme
un petit bras de TOrbe ; le Brassus à Géligny, bras de la Ver-
soix, Braxulias, 1200, Hidber, II, 4^4) même sens.
Bratsch, Louèche, Valais, PraeSy 1228, 1242, PrayeSy i357,
PraeSy i4oo. Frayes, i4o8 ; du latin prato, les prés (loc. de
langue franc, jusqu'au milieu du xv® s.).
Brecca, territoire, commune d'Hérémence, Valais ; champs à
Charmey et loc. à Bellegarde, Fribourg ; de brecca^ vaudois et
V. f. brique, fragment, morceau, de Tall. hrechen^ briser. Bre-
BREGOTS — BREXLAIRE 51
qoettaz à Charmey, dim. Brecaca, rochers très découpés à Chà-
teau-d'Œx, même famille.
Les Bregote, prés marais à Lignières, Neach. et loc. Avrj-
devant-Pont; dim. de brai, provençal brœy ital. bragOy v. f.
braiy fange, du Scandinave brâk^ isroudron, par assimilation entre
le goudron et la fange.
BreilleSy ham. de Barberéche, D. Lac, Frib., ail. BrigelSy curia
deBritilgiOy Hidber, II, BritelgiOy 1 148, BrigelSy 1578. Les deux
noms actuels sont identiques avec ceux d'un village de TOberland
grison : en romanche Breily ail. BrigelSy BregelOy 766, Brigelj
1 184 ; mais les formes primitives montrent des origines diffé-
rentes. Le village grison se rattache sans doute au celtique briga,
colline ; quant au premier, c'est à rechercher.
Bi*embleii8y D. Morges, BerblenSy 1177, 1228 = chez les des-
cendants de Berbilo ? n. pr. germain.
Bremudens ou Brumedens, ham. du Crét, D. Vevejse (Frib.),
BremoudenSy i4o3, Bermudens, 1882, Kûenlin = chez les des-
cendants de Brimold (Stadelmann, op. cit., 64).
Bii*en, Prés de — , à Monthey ; en Bren, loc. aux Posses de Bex.
Voir Brent.
Brenetfiy les (Neuch.) ; d après Gatschet, du bas latin Brena^
fourré, d'où l'adj. brenatia (regio), contrée buissonneuse ; mais
au xiY*' s. y époque de l'arrivée des premiers habitants, la localité
s'appelait villa de chez les BrunetSy de chez les Berne ts y du n. pr.
Brunet on Bernet. (Matile, Musée hist., 3 10.) Un Jean Brenet
était maire en i4o8. Les Brenelets, ham. près la Chaux-de-
Fonds, dim.
Breney, glacier, vallée de Bagnes ; peut-être de bren (ou
bran)y ordure, excrément, et suffixe collectif eg, la surface en
étant souillée de terre et de limon.
Brenlaîpe(ey), sonmiet de la Gruyère, les Brenlaires, 2 som-
mets, alpes de l'Etivaz, Pays-d'Enhaut, le Brenloz, pâturage. Or-
mont-dessus, Brenles, commune et signal, D. Moudon, B renies y
1277; en Brenles, ham. élevé d'Estevenens, Fribourg; de la
famille de breinloy branler, être en équilibre ?
52 BRENT — BRETAYE
Brenty village, ham. de Montreux, Bren^ iit^^y ii47» Cart.
Month., 3, II, 1175, M. R. VI, 4^9, Brende vers 1200, Brenty
1221, 1238, M. R. XII, 274 et VI, 669, et 1260, Bren^ i4o2 ; en
Brent, loc. à Bex, forêt à Monthey ; du celte Bren^ forêt, taillis,
fourré (Holder) ou du bas latin brandOy bruyère, origine incon-
nue, dit Littré ; peut-être parent du celtique bren,
Breonna, alpe et sommet près Evolène, Valais, Breona^ 1260,
Breana vers 1280 ; nom d'origine celtique, comme Breonay
Breoney aujourd'hui Brienne, France. Holder, 526, sans étymo-
logie.
Bresanche, Roche — , sommité du Risoux, Vallée de Joux,
sans nom dans la carte Siegfried (cote 1192), Brissenchey 1208,
Gart. Oujon, Roche BrésenchCy 17 16 ; dérivé de briser.
Brésil, loc. à Charrat, à Fully, m. à Monthey, Valais ; m. à
Ëpendes, D. Sarine, à Gruyère et à Bellegarde (au pied d'une
paroi exposée au midi) ; m. à Goumœns, loc. à Bonvillars ; au
Brasel ou Brazé, loc. aux Bayards ; les Braseyres, à Ghàtel-
Saînt-Denis, coll. ; du v. f. brasil ou brésily brasier = endroits
chauds exposés à l'ardeur solaire.
Bressaucourt, D. Porrentruy, Berne, Bersalcurty 11 39, Bre^
sacorthy 1177, Bersalcort, 1178, Brisaucourty i3i2, etc. =
court, ferme, et un n. pr. germain difficile à déterminer; les
noms les plus voisins dans Fôrstm. sont BrisOy Brisolfy et cer-
taines formes de la racine Berty du v. h. ail. perahty illustre.
Peut-être combinaison de bert et de saL Bertsal correspondrait à
la forme primitive, 1139. (Fôrstm. donne un Salberty p. 1068.)
Les Bressels, ham. et bois au Locle ; peut-être du v. f. bressel
(bresset, brisset, breçot), prov. bressolo^ berceau. A. Godet, M.
N. XXII, 48.
Bret, lac à Lavaux et 1 1 loc. Vaud et Frib. ; au Brez à Grand-
vaux, Bré à Rossenges et Cheseaux, Bray, marais à Fully et
Ayent ; du celte bret ou bré, marécag, anc. f. braiy fange et
goudron, bas latin braiuniy b radium dans Ducange. (D'après
Kôrting, brai vient du grec brayos.) Voir Bregots.
Bretaye, pâturage et lac, alpes d'OUon (un autre, frontière
BRETIÈGE — BREVARD 53
française sur Vouvry) ; même racine bret et suffixe collectif
aye.
Bretiège, n. f. deBrûtteleriyD. Cerlier, Beiney BriiillOy 1182,
BertiègeSj i255, Zeerl. I, BriterillaSy i255, F. B. II.
Bretigny^ 2 loc. D. Echallens, Britineiy 1 142, Briligniey 1224,
et Bretîgny-sur-Morrens, Bructigniey 1 177, et Bertigny, 3 loc.
C. Fribourg, Tune près Fribourg-, Britiniacum^ 1162, Britinieiy
ii'l^àyBritignieZy i368, Bretignie et Bertignie vers i45o; Bri^
tagniej villa^ détruit près Ëvilard, — la chapelle existait encore
en 1607, — de (Jandum) Britiniacurriy domaine d'un Britinius
ou BritaniaSy gentilice romain.
Bretonnières, près Orbe, BretoneriSy 11 54, 11 60, Breiuneres
vers I2i6y BretoneireSy 1228; la Bretonnière, ham. de Pajeme ;
Bretoneyre, forêts à Ropraz, Essertes, les Briteneres au Buron,
12 18 ; loc. à La Roche, la Brettonart/y i4o8 ; du n. pr. BretoHy
du n. germain Britto, Il y avait en 11 54 et 11 60 des Breton y
Breito à Breloneris. M. R. III, 476.
Breuil, ham. de Môtiers, Neuch., et très nombreux écarts et
lieux-dits ; le Breuîlle, Boécourt et Aile, Berne, les Breuilles à
Enges ; Broîlliat à Estavajer ; Broîllet ou Brolliet, Brouillet
(Brévine), Breuyin à Courgenaj, dim. ; au Breux à Laconnex,
Monibreux à Charmoille ; du celte brogilOy dim. de brogOy
champ, bas latin brogilurriy broilurriy terrain clos, taillis, prés
clos de haies, parent du v. h. ail. brogily pré marécageux. En
v. f. bruily de là les anciennes formes Bruyl à Môrel, Valais,
1280, es Bruels à Granges. 1228, Bruil, Ayent, i383, ou Bruely
Gilly, 1265, Orsières, i236, et Ecublens, Frib., 1278, le bruels de
Fontaines, le bruel de CofiFrane, i53i, Mus. N. XXXIV; et lea
formes actuelles Bruet, Broêt, Bruit, une io«, Bruî à Sig'ny,
les Brues à Lamboing, la Bruille à Billens, la Bruye à Cour-
faivre, Bruz à Amex, BrueuXy i499) ^^ Brus à Bevaix.
Les Bii*euleux, BruUuyy i44o> BruleuXy i526, et loc. aux En-
fers, Jura bernois ; du verbe brûler; le n. alL Brandisholz a le
même sens : terrain défriché par le feu.
Brevard, Crêt — , à Nods, Berne = crêt du brevard, n. c. Les
54 BRICHY — BRISON
brevards étaient une sorte de gardes-champêtres charg'és plus par-
ticulièrement de la garde des vignes.
Brîchy, loc. à Gollion, D. Cossonay, colline avec restes d'an-
ciennes constructions ; probablement un (fundum) Bricciacum,
de BricciuSy gentilice dérivé du nom pérégrin Briccus (Ju bain-
ville, p. 599) permutation cc-chy comme Luchy de Lucciacarriy et
Acht/y Axiy II 79, de Acciacum.
Brie ou Brien, 2 ham. de Chippis, Valais, BrienSy 1196, 1220,
Briez et BryeSy 1809, BrieXy i38o ; Briez à Vuadens (Brye) et
Chavornaj ; Bria ou Briaz, chalets près Châtel-Saint-Denis ; Bry,
ham. de Pont-en-Ogoz et de Romont, pâturage à la Berra ; Mont-
brion, alpes de Blonaj ; Bryon, alpes de Leysîn ; Breyen, ham.
d'Eischoll, Valais, Breioriy i444 ; Bï^y» ham. sur Brigue ; du
celte brigOy briay colline.
Brignon, ham. de Nendaz, Valais, BruniacOy iioo^ Brignons
vers 1170, Brignuny 1284, Brignon^ 1262 ; d'après la forme de
iioo (fundum) Bruniacum, domaine d'un Brunius, nom lati-
nisé du germain BrunOy le cuirassé ; les autres, nom formé avec
le suffixe iOy ionis.
Brigue, Valais, BrigOy 1215-1875, iSrrt^a, i4o8, i4i8. D'après
Gatschet, du v. h. ail. prûcoUy ail. mod. brùcke, pont, ce qui
s'accorde avec la forme de i4o8. Mais tous les noms de la contrée
sont d'origine romane ou celtique, Môrel, Fiesch, Glis, Brey, etc.
Nous penchons donc à y voir plutôt, d'après la forme primitive,
Brigay I2i5, 12 19, etc., la racine celtique brictty brigUy colline,
château (Jubain ville). La forme Brùga apparaît à l'époque pro-
bable de la germanisation.
Brinaz , ruiss. près Yverdon, Brinnaz , Carte top. Vaud,
Breynnay i848 ; du verbe patois brin-nây bruire. Se prononçait
sans doute autrefois brin-ne.
Brisecol, loc. à Giez ; ham. Lully, Morges, endroits pénibles à
labourer, à gravir pour l'attelage ; nom ancien : un Brisicol à
Soussens, Frib., en 975, Hidber, II, 257.
Brison, plus. loc. aux Ormonts ; en Brison, Châtelard,
Vevey ; Brezon, alpes d'Ollon et Mur en Vully ; Brisets, chalets
BRIT — BRU6ÈRE 55
à Château-d*Œx ; probablement de la famille de Brit. Voir ce
mot.
Brit, 3 hara., Grang'es, Treytorrens et Sjens et très nombreux
lieux-dits (une ving'taine) ; de Tanc. h. ail. brestan^ bristu =
briser, diviser, rompre, s'applique à des terrains défrichés, rom-
pus par la charrue. Un Richardus de Brest, 1227. Cart. Laus.
M. R. VI, 219. Hidber, II, dans les corrections p. LXII et LXVIII,
rapporte à Brit près Granges les localités nommées Britilgio ou
Britalgio, ii48, o. c. p. 45, et Brittilloy ii83, p. 33o. Le i««'est
Breille (Fribourg), le 2® Brâttelen, comme lui-même Tavait écrit
dans le texte.
Brivaux, espèce de défilé, vallée de la Broje, en amont du pont
de Bressonnaz ; probablement de brit, voir ci-dessus, et vaux : ce
défilé coupe la vallée en deux sections, Broie supérieure et infé-
rieure.
Bpoc, Gruyère, Broyc^ iii5, M. R. IX, 8, Broch, iii5, 1228,
M. R. VI, i327, M. R. XXII, i453, Broz, 1285, F. B. II, Sgi.—
Brol, Neuchâtel, Broch, 998, Brot, i346, Broch, 1372 (Matile);
de Tall. hruch, éboulement, rochers suspendus. Brocard, ham.
de Martigny-Combe, aug'm. Brochon à Montag'ny-les- Monts, et
Brochet, chalet avec ravines, vallon de la Veraye, alpes de Mon-
treux, dim. ; Brozot(ls), brèche rocheuse dans les rochers au gla-
cier de Paneyrossaz et à la Frète de Saille ; rochers et glacier près
du Wildhorn, Valais ; forme valaisanne ch-z (ts).
Rem. D'après F. Chabloz, Mus. N. XVIII, 120, le Broch de 998 serait
Don Brot, mais Broc en Gruyère.
Broyé, riv., Frib. et Vaud (et deux ruisseaux, affl. de la Senoge
et de la Mèbre) ; Brodia, Brovia, Brolius, 1274, Bruya, 1295,
M. R. XII, en ail. Brusch, 1470, etc. Du v. h. ail. brogil, ail.
mod. brùhly dira, de bruoch, marécage, rivière. Broyello, affl.
de la Senoge, dim.
Bruet, voir Breuil.
Bruyère, ham. de Guin, de La Roche, Frib., Brûgera à Ue-
berstorf et 6 autres loc. fribourgeoises, Bruyeron à Buchillon,
D. Morat, et les nombreux Bruyère (ou Bruièrcs, Eloy) ; du bas
56 BRUNCHENAL — LA BUDAZ
latin brugaria^ dérivé de la raciae celtique vroicOy bruyère. Bru-
vîère, hara. de Vucherens, m. à Forel, D. Moudon ; la Bpuvîpe
ou Ere vire, ham. de Châtonnaje, les Brevypes, bois à Mézières,
Frib.y le même avec un v intercalé, comme dans cauua pour
cauUf et Gruvire pour Gruyère.
Brunchenaly Grand, Petit et du milieu, 3 fermes à Delémont
dans une combe étroite du Jura ; paraissent un composé de che-
nal, de canalem, et un n. pr., probablement Bruno = chenal,
combe de Bruno.
Bruson, ham. de Bagnes, Valais ; les Brus, loc. à Bevaix ; sans
doute du celtique brùSy mettre en pièces, défricher, parent du v.
h. ail. bresian. Voir Brit.
La Buchille, loc. Bulle, Riaz, Villarsiviriaux ; les Buchilles,
Lausanne, Boudry ; la Beuchille à Delémont ; probablement de
bûche; Plan des Buchilles à Naye, Buchileula, ham. de Val
dlllier, dim. ; endroit où Ton met le bois en bûches pour le ser-
vice du chalet, où Ton en fait le dépôt ; un agvi de la Buschiliy
ii5o, Buschilia vers 1190 à Onnens, Frib. Donat. Haut.
Buchillon, D. Morges ; peut-être dérivé de baxuSy buis ; le
buis abonde encore à Buchillon, Vaud, comme à Buix, Jura ber-
nois, ail. Buchs. Quant à Budiillon, D. Morat, ail. Bttchselen,
Buochf 961, Zeerl. Urk. I, 12, Baschillion, iSSg, Rec. dlpl. III,
16, Buchillon^ 1453, la forme de 961 le fait dériver du v. h. ail.
buohhay m. h. ail. baochCy bois de hêtres.
Buclard, Mont — , forêt à Sainte-Croix ; les Buclards, forêt à
Premier ; Bucley, La Rippe, TAbbaye, Denens^ Chamblon ; Bu-
cleys, Eclagnens, Oulens ; les Buelers ou Bueleirs à Duilier ;
Bucly à Froideville ; du latin buccala, la saillie ronde du milieu
du bouclier, de baccula^ joue ; comparez Tall. huckel^ bosse.
Noms de localités formant une éminence plus ou moins arrondie.
Le même mot, bucléy se retrouve en Dauphiné.
La Budaz, ham. de Vuisternens-devant Romont ; du patois
buda, buddoy étable à vaches, probablement parent de Tall. budsy
log-is ; le d s*est maintenu sans doute par une introduction plus
récente du mot.
BUDRI — BUGNON 57
Badriy Roc de — , vallée d'Anniviers; d*an n. pr., comme la
Dent de Bertol, dans la vallée d*Hérens ; pour le nom, voir Bou-
dry.
Bufet, Mont — , à Premier, D. Orbe; de buffer ou boufifer,
provençal hufar^ souffler : endroit exposé au vent ; en Dauphiné,
un buffe = sommet, lieu battu des vents.
Les Buges, m. à Boudry ; Vers les Buges, ham. de chalets,
Ormont-dessus ; la Buge des Posats à Baulmes ; autre forme du
V. f. bougej demeure, voir Boug'y. U pour ou est fréquent dans
nos patois : bougnon, bug-non ; bouhie, buhie (lessive) ; fou, fu ;
Rouvenaz, Ruvines, etc.
Bugnaux (aussi Bugnoux), ham. d'Ëssertines, D. Rolle,
capella de BunniiSy i2o5, M. G. XIV, 19; paraît être une autre
forme de Bugnon.
Le Régeste genevois, u9 204, y rapporte la villa Ballo in pago gene-
vensi comitatu equestrico ; il nous parait difficile d'admettre cette iden-
tité. Ailleurs, p. 186, 459, le Rég. y rapporte le Bognon apud Doliacum,
Bugnon apud Dulliacum du Cart. d'Oujon, M. R. XII, 43^ 146. Ce Bu-
gnon, près Duillier, ne peut se rapporter à Bugnaux qui en est éloigné
de 10 km. à vol d'oiseau ; on eût plutôt dit Bognon apud Montem. U y
a à Duîlier même, en face du château, un clos de vignes appelé « au
Bugnon. » C'est évidemment là le Bugnon des chartes d'Oujon.
Bugnon, nombreux ham. et lieux-dits, une cinquantaine, Ik)u-
gnet et Bougnon à Conthey, Rossinièrcs ; Bugnenet, Bugnonet,
dim. Lieu Bcugnat, colline et m. à Courrendlin ; formes an-
ciennes : lo Buignum à Goumœns-la- Ville, 1275, Bognuriy Bu'
gnum à Payerne, 1278, Bognon^ 1286 à Duilier, etc. D'une ra-
cine indéterminée bugn, bogn, qu*on trouve dans beaucoup de
dialectes, patois vaudois : bougne^ bosse au front, f. bigne, Borry,
beugnCy provençal bougno, anc. h. ail. bungOy angl. bang, et
bunny, tumeur, presque tous les Bugnon sont dans une position
élevée au-dessus de la localité qui les a nommés, par une compa-
raison familière avec une bosse, de même qu'on a appelé tel pâtu-
rage le Goitreux (sur Corbeyrier) à cause du crêt arrondi qui
s'élève au milieu comme un goître ; tel sommet les Nombrieux
(Bex), de nombril, etc. D'un autre côté bougnot, bugnon signifient
58 BUIX — BURSINEL
aussi en patois source, fontaine à fleur de terre ; boa ff non, ouver-
ture d'un réservoir. Ce sens peut dériver également de la racine
ci-dessus qui a le sens de tumeur, d'où elle a pu passer à celui de
source, de lieu d'où un liquide s'écoule.
Buix, Jura bernois, Bus, 1 136, Bosco, 1 167, Boix, i244, Boiz,
i363 ; du latin buxus, le buis, qui y crott en abondance.
Bulle, Frib., Butalum, 855, M. R. VI, 201, Bollo, 1142, 121 1,
etc., Bullo, 1174, 1177, Gart. Month. ; l'ancienne forme empêche
de le rapprocher de Bolle^ mais en fait plutôt un diminutif du bas
latin butum, f. but, bout et butte. Voir But et BoUe.
Bure, D. Porrentruj, Bures, 1189, ii48, 1178, i2%o^ Burnen,
i348 ; cette forme allemande, avec le n caractéristique, permet de
le rattacher à Buron, Bûren, du v. h. ail. bùr^ maison, plur.
buren.
Les Bures, ham. à Oron, môme origine.
Burier, ham. près Clarens, BuriSy ii45? Buire, xi« s., Cart.
Haut Crôt, Burie, Cart. Laus., p. 16, 26, Bairie, 1228, Burye^
i3o9, prioratus Buriaci, i375, Burijez, 1879; de (fundum)
Buriacuniy domaine d'un Burius^ gentilice romain. Jubainville,
2o3 ; les formes Buria, Burie, de (villa) Buria,
Burignon, ham. de Chardonne, Burinaux, Chavannes sur
Moudon, sans doute dim. de Buron.
Burlaie, Grande et Petite, chalets à Planfayon ; Burlatey,
ham. à Monthey, Valais, Brullatiers, i352, Burlatex (z) à OUon;
les Bourloz, pâturage à Trient ; Bourlatzon, loc. à Yvonne ; lieux
défrichés par le feu, du patois bourlâ, brûler.
Buriond, bois à Vufflens-la-ville = bois rond.
Buron, ham. D. Echallens, Buiro, 1177, Buyrun^ 1184-87,
BuyroUy 1190, 1218, Buirun, 1199, Cart. Month.; Buiron, loc.
à Venthône, Valais ; du v. f. buiron, buron, chaumière, cabane,
du V. h. ail. èrfr, maison.
Bursinel, D. Rolle, Brucines, iiSg, Brusinez, i2o5, M. G.
XIV, 20, Brusinel, 121 1, Brusinai, 1220, Brusineus, 1241, M.
R. XIl, 81, Brusines, 1244, Brusinay, i328, Brussinez, 1248,
i344» Brussenel, 1392, forme diminutive de Bursins, villa Bru^
BURTIGNY — BUT 59
cins vers looo et Brncinis après io49, M. G. XIV, 2, 5, Bru-
zingeSy ion, Brucins^ io3o, io4o, Hîdber, I, \\\\di Bruciniaco^
xi« s., Brucino vers i i3o, M. G. XIV, 4 et XV, 2, Brusins, 1200,
12 14) 1243, Brussins, i25i-i344> Bursins, i543. Non point,
comme dit Gatschct, et Studer d*après lui, de bruSy brust, buis-
sons, broussaille, mais comme Tindique nettement le suffixe
ingeSy d'un patronymique = chez les descendants de Brutt,
Bruttiy n. pr. germain (= le terrible). Le pâturage de la Bursine
s'appelait la Brutena, 1208, la Bruttinas, 1280, M. R. I, 209,
XXVI, 248.
Burtigny, D. Rolle, Bretliffnei, 11 45, M. G. XIV, 7, Briti-
niacum, ii64, M. R., Britiniacum, 1172, M. G. XIV, Bructi-
gnie, 1177, Britinie^ i235, M. R. V, 329, Britinier et Brig^
tinyer^ 1276, M. R. III, 692, Brugtignie vers i3oo, BriligniSj
i344> Brutigniery 1392, Brutignyez et Brutigng, 1627, Burti-
gny, 1543 ; de (fundum) Britiniacum, domaine d'un Britinius
ou Britanius, gentilice romain.
Burtins, Vers les — , ham. d'Albeuve, Fribourg ; probablement
pour Bruttins = chez les descendants de Brutt. Voir Bursins.
Bussiaz, loc. à Grandcour : buissaie ?
Bussigny, D. Morges, Bussignye, i358, et D. Oron ; de (prae-
dium) Busseniacum, domaine d'un Bussenius, gentilice romain.
De Vit, I, 771.
Bussy, D. Broyé, Fribourg, Bussey, 1142, Cart. Monlh., 5,
Busseiy I30I, BussySy i337, Mtl., Bussy, i453 ; — sur Moudon,
Buxi, 1 160-1200, Hidber, II ; — sur Morges, Bussi, 1069, M. G.
XV, Bussie, 1223, — ham. Val de Ruz, Bussiers, 1296. Les
formes diphtonguées nous paraissent faire rentrer ces localités
dans les noms gallo-romains en iacum: Ae Buciacum( fundum),
domaine d'un Bucius, gentilice romain (variante de Buccins) connu
par 7 inscriptions. (On trouve aussi Bussius et Buxius,)
Le But, ou Buth, ham. de Lessoc, Gruyère ; en Buz à Saint-
Sulpice, Valeyres ; en But, loc. à Echallens ; Buttes, Neuchâtel,
Boutes, i^l^2, Butes, i^^ 2, Botes, Boutes, i38o, Buctes, i453 ;
du norois butz, morceau de bois, d'où dérivent les mots français
60 BYOLLEN — GAROUGE
bout, but et butte. Ces localités sont au bout du territoire dont
elles relèvent.
Mont Byollen à Salvan (variante d'orth. pour Biollin, de 6e/a-
linus), adj., mont où croissent les bioles, les bouleaux. Voir Biole.
Cabeuson, pâturage sur Ollon, assez fangeux ; de beuse et du
suffixe péjoratif ca.
CaboUes, 2 ham., com. de Puîdoux et de Lausanne, à la Cabu-
laz à Arnex ; du préfixe péjoratif ca (voir Littré) et de bolle^ bole,
terre en friche ; v. h. ail. bol, bas latin bola. Cabolettes, m. à
Epalinges, dim.
Cabourles, loc. à Yvorne ; même préfixe ca et racine bourlây
briller, terrain médiocre, défriché par le feu ; les Carboles, Savi-
gny, Forel, les Thioleyres, Tavernes ; les Carboules, Rougemont ;
même mot avec métathèse de IV. Carboles, pour Caborles.
Ce préfixe ca, dont Littré donne 2 ex., se retrouve dans cahute,
dans le v. f. calorgne (louche) et chez nous dans caborgne, hutte,
petite boutique obscure, et dans ca/u^er (lorsque le tratneau glisse
de travers),
Calève, ham. de Njon ; peut-être le même que le nom gaulois
Calleva (de callij bois, et eva ; localité dans les bois), capitale des
Atrebates de Bretagne, aujourd'hui Silchester = silva-castrum.
Un nom gaulois à Noviodunum, également gaulois, n'a rien que
de naturel.
La Cambuse, m. à Denens, à Savigny : maison de chétive ap-
parence.
La Capite, ham. de Choulex, Genève ; patois capita, même
sens.
(^rign<'in, ham. de Vallon, Fribourg, autrefois Dompierre-le-
Grand, encore en 1668, Carignan, 1G80. On ignore la cause de
ce changement. Quant à Carignan, ou Carignano, Italie, il vient
de Carinianum, dérivé en anus du gentilice * Carinius, du co-
gnomen Carinus, porté par un empereur, et dérivé lui-même de
caras.
Carouqo, Genève, Carrogium, 1268, M. G. XIV, i3io, Car^
CAKt — CAUQUELLA 61
roj'Ot 1871, Carroffio, i443, Quarrogio, i445, et commune D.
Oroo, Carrogiam, ia55, puis Carrojoz et Carroge ; de quadru»
vium^ pour qaculrivium^ carrefour, en patois carro. Carrogium
n'est que la latinisation du mot romand. A la même racine se rat-
tachent les deux Carra, ham. de Presinf^, et le Cilarro, ham. de
Meinier, Genève, l'un d'eux nommé Quadruvium en 5i6, sous
les premiers rois de Bourgogne i, Qnatruvium villa (FrMé-
g^aire, vii« s.), CarrhOy Carro^ UQ^? Cart. d'Oujon, M. R. XII,
ainsi que les nombreux Carrez, Valais, Vaud (9) et Fribourg
(11), Un Quarro, environs de Vinzel, ia65 ; ou Quarros aux
Mosses, Ormonts, i332, aujourd'hui Quart. Dans le Berry, car-
rouge est un n. c. pour carrefour.
Cartîgny, Genève, Car/miacttm, 1220, Cartignicy 1227, M.
G. IV, 29, 45, Qaartignie^ i3oi, 1362, Cartignier^ i344» Quar-
tignier, i362, Cartignyns, xiv« s., M. G. XXI, 240 = (fun^
dum) Quartiniacum, domaine d'un Quartinius, gentilice ro-
main. (Remarquer le suffixe germanique de la dernière graphie.)
Le Casard, m. à Crîssier, Savigny et Forel, Lavaux ; do case
et suffixe augm. and.
Catogne, 2 sommets à l'O. et au S. de Martigny, aussi au Tes-
sin : Catognay val, et sommet. On y trouve le suffixe dépréciatif
ogne (charogne, ivrogne) et une racine cat, Cat-ogne. Pourrait
être de la famille de capat. En français le c devant a devient gé-
néralement chj mais le patois, qui se rapproche du provençal,
offre de nombreuses exceptions.
Cau, Sex de la —, à Salvan ; à la Caux, prés sur une croupe à
Vionnaz, loc. à Port Valais ; aux (^ux, loc. à Bex ; Mont de
Caux, autrefois Cau, longue croupe sur Montreux ; probablement
du patois cauQj du latin cauda^ queue = croupe allongée, lieux-
dits à l'extrémité d'une « fin ». Voir aussi Cuaz.
Cauquella, en ail. Corbetschgrai (= arête en corbeille), loc.
à Salgetsch, Valais ; dim. de coque, du latin coucha^ petit vallon,
* Voir sur la villa Quadruvium la note de M. Jules Vuy, Mém. Insi. G. X ,
3, qui conclut pour le Carre de Meinier, tandis que GalifFe se prononce pour
Garoui^.
62 CAVOUES — CERGNAT
Coquelie, s. f., s'emploie en France au sens de cocotte, ustensile
de cuisine. Le nom allemand renferme la racine Korby qui, avec
une autre imagée, exprime la même idée. Coque et Ck)queltes,
chalets dans une combe, vallée de THong'rin, Pays-d'Enhaut,
môme origine.
Cavouës ou Cavouez, pâturages à Monthey et Colombej, Va-
lais, les Cavues à Château-d'Œx, es Gawuaz, alpes d*011on ; du
patois cavua, cavoua^ latin cauday queue ; Cavouin à Yvorne et
les Cavuettes à Lessoc, Gruyère, dim. ; c'est un n. commun : le
Cavouà, en patois, extrémités d'un territoire, d'une « fin )^. A
Château-d'Œx on trouve aussi une Schuantz (ail. =. queue),
croupe allongée au S.-E. des monts Chevreuils. Voir aussi Cau et
Cuaz.
Es Cayoudes, vignes à Blonay ; dérivé du latin cadere, tomber,
en patois cahia, dim. cahieret, lieu raviné, petit ravin.
Céligny, Genève, Siliniacum, ii63, 1179, Silignie vers 1200,
1261, M. G. XIV et 1224, M. R. XII, 69, VI, 890, Ciliniey i3ii,
Ciliffnie, i344> Cilignier, 1887, M. R. XXVIII, 208. Non point
de siligo, fleur de farine comme l'explique Gatschet (et Studer
d'après lui), mais de {fundum) Siliniacum, domaine d'un Sili-
nias y gentilice romain.
Cérac, un des sommets du Wildhorn, fausse orth. pour Sérac y
à cause de sa ressemblance avec un sérac ou séré, dérivé du latin
sérum y petit lait.
Le Cerf, pâturage et chalets sur le Sépey, Ormonts, le Cer,
i332, le Ceriy i4i9i corruption de VEssert.
Cerfs, Mont des — , aux Verrières, mont du Sais, i342, du
Sairty i382, du Sai/y i383, Matile ; probablement de Sex, rocher.
Cergnat, Ormonts, SernieSy i3i5, Serniay i332, SernyaZy
1439 ; C^erniaz, D. Payerne, Serniay i453 ; Cerniat, Gruyère,
Sirniaz, i453 et 8 autres, Fribourg; Cernil, nombr. loc. Jura,
CiCrnier, Val de Ruz, Cerniey i324, SernyeSy i346, CernieZy
1453 ; Cerneux, Cernet, Cernit, loc. du Jura ; Cerney, Conthey
et Vaulion, Cernay au Brassus, Cernayes, le Locle, Cernîes,
Jura, Cernieux, Zerny, Zerney, Valais, collectifs ; Cergnettaz,
CERISE — CÉSILLE 63
Cernieltes, Cergniaux, Cemiaulaz, Cergnaulaz, Alpes, Ser-
nioules^ à Enney; Gergnaud, h. de Gléresse ; Gernillat, Cernillet^
Gernatte, Gernetat, Jura, Cernion (Villeret), dim. de Sierne,
Scieme, Cierne ou Cergne, nom de centaines de loc. du pays.
Du mot français cerne, enceinte, terrain clos, du latin circinuSy
noms désignant, au moins à l'orii^ne, une ou plusieurs fermes
entourées de clôtures. Les noms de Gercenais ou Cercenet, D.
Courtelarj, et Chercenay, Franches-Montagnes, Cercenata,
ii39, présentent nettement la filiation du latin circinus.
Cerise, ham. d'Hérémence, Valais, la Cyriesi, 1288, patois
seriesi=z censé ; es Cerises, champs à Grandson. La désignation
d'un lieu par le nom d'un fruit au lieu de celui de Tarbre est très
rare ; on trouve cependant des Belosse, un Ëstranguelion.
Cerisier, très fréquent par contre, 21 loc. ; au Sirisier vers
1170a Lussy, Frib.
Cerjaulaz, ham. de Saint-Cierges et ruisseau ; de Cierge, — du
latin Sergius, — et suflF. dim. ola.
Cerlier, forme française de Erlach, Berne, Cerlie, 1098, Cer^
lei, I2i4, F. B. I, 5i4, Cellie, 1280, Cerlier, i424» Herlach,
1228 ; du V. h. ail. erilahi, taillis d'aulnes, en lat. Herilacum,
puis Cerliacum, d'où Cerlier.
Certoux, ham. c. de Genève. Voir Essert.
Cervin, Mont — , Valais ; de silvinus, adj. du nom latin et ita-
lien de la montagne, mons Silvius, monte Silvio, permutation
/-r, conmie Servan — Salvan, de siluanus.
Cery, ham. de Prilly, D. Lausanne ; pas de formes anciennes ;
pourrait être comme Seiry^ Frib., un fundum Seriacum, Le c
n'est pas une difficulté ; il permute sans cesse avec s : Syens,
Ciens, Sieme, Cierne, etc.
Cesaley, Granges sur Lourtîer, Bagnes ; du bas latin casale,
f. cheseau, grange, et collectif ey ; ch, habituellement ts, devient
aussi 8 : Cheillon, Seilon à Hérémence, pointe de Sesales sur Or-
sière, etc.
La Césille ou Cisille, ham. de Bassins, de Sisille^ autre nom
du ruisseau de la Combe, Sisilla, xii« s., Sisilli, iiQÔ, Sisily,
64 GETTY — GHABLIE
1269, Sesilly, i3o3, SysilliZy xiv® s., M. R. V, Sigillé, 1^17,
Sézille dans Lutz, édition de 1861.
Cetty, prés sous Chamoson, Valais, les SetyZy i3a3 = les
Seytes, (prata) secta^ les fauchages.
Ce nom et celui de Jetty, Giéty à Evolène, sont les deux seuls où le y
atone du moyen Age s'est maintenu ; dans trois autres on écrit y et e,
Réschy et Rèche, Trôgny et Trogne, Sioièse et Ziniégy. Les chartes
nous offrent plus de 40 ex. de cet y final aujourd'hui disparu, remplacé
par un e muet.
Ghablais, au moyen âge nom du pays qui s'étend du Trient à
l'Eau froide et à la Morge de Saint-Gingolph, Caput laci^ 8a6,
M. R. XXIX, 24? CaputlacensiSy 921 = tète du lac. Chablai,
1145, S. Mauricius de CaplatiOy 1179. Gatschet (Ortsetymologis-
che Forscbungen, 1867) conteste cette étymologie. Pour lui Caput
laci est une traduction latine du mot romand et il rattache Chablais
à Chable, et à la même époque (Promenade onomatologique,
1867), il accepte la première dérivation : c Chablais, payas Ca-
putlacensis, est le Pennelocus des Helvètes, penn, tète, /ocA,
lac, et doit se traduire par pays à la tète du lac». C'est aussi notre
opinion. On a de même au Tessin le village de Capolago. Voici
une autre preuve à l'appui : Chablais est aussi. Mus. N., XXIV,
143, le nom d'une partie du marais du Seeland (entre la Broie, les
collines d'Anet et de Joli mont et la Thièle), propriété de la com-
mune de Neuchâtel, Chablay^ i468 ; or il n'y a pas là de chables,
mais la position de ce territoire par rapport au lac est analogue.
Ghàble, Bagnes, Valais ; Châbles, Fribourg ; le Chabioz, ham.
de Château-d'Œx ; Chables, ham. de Mont sur Rolle ; Tschabeln
à Louèche, Tschabel à Saint-Sylvestre, Frib. (formes germani-
sées), etc. ; Zablo à Conthey, Grône, Vercorin, Valais, Zablotet
sur Riddes (z = ts), ol Chablo, Ërschmatt, 1242 ; du v. f. caable,
chaable, bois abattu par le vent, du latin cadabula, engin de
guerre propre à renverser, de là le bas latin cabulam : cabulum
dou Gra Jorey à Liddes, 1228, illi de Cabulo à Sierre, 1267, et
notre mot châble, dévaloir pour les bois abattus.
Chablie, partie du village de Tlsle, Cabliacum entre ioo5 et
CHABUÈRE — GHAIBEUT 65
io49> Chebliy ii54, Cart. Month., Chable^ 1202, C habite , 1200,
i2a3, M. R. V, 2i5, 220, Chablie^ i344? Matile = (yunrfw/w)
Cabelliacum^ domaine d'un Cabellius, gentilice romain. Même
origine pour Chibi, villa/^ ruiné près Aclens, Chibliez et Chivlie,
1228, Chibliez, 1282.
La Chablière, ham. près de Lausanne; de la famille de cAafr/e,
dévaloir, endroit où Ton chablait, dévalait les bois des forêts voi-
sines. Zablire (cA-z), loc. à Savièse et Bramois, Valais.
Chabrey, D. Avenches, Charbrey et Charbey, i342 = (Jun--
dum) Capriacuniy domaine d*un Caprias, gentilice romain, ou
Cabriacum, de Cabrius, nom g'allo-romain, dérivé du cognomen
CabruSy traduction du gaulois Gabros, correspondant du nom
latin. (Holder.)
Chachet, rochers à Savièse, correspondant des Sassets des Oi^
monts (ch-ss), dim. de sex, latin saxum, rocher.
ChalTard ou Chaffa, château ruiné près Riaz, Fribourg^ Cha-
Jalo, i33o, ChaJ^alOy i33i, Arch. Fr. III, domus fortis de
Chaffa alias Chaffalo, i483, ibid., ChaffaZy 1624. — Es Chaf-
faz à Sommentier, au ChalTa, moulin à Portalban, au ChalTard,
moulin à Chevillj, m. à Aubonne, Concise, Missj ; en ChafOouz
à La Roche, Chafflo, i4o8 ; les mêmes que Tanc. f. chaffal,
chaffauty échafaudage, bas latin catajaltas, de capta et du
germ. bal ko.
Les ChalTournières, loc. à Monnaz, D. Morges ; peut-être le
même que SalTornières au village voisin de Saint-Saphorin =
champs de safran. Orth. patoise à côté d'une orth. mi-française ;
beaucoup de mots patois s'écrivent avec ch ou ss. On pourrait
penser aussi à Chaufournière, mais Chaufour est rare dans le
pays où Ton dit généralement Raffort.
Chagneriaz à Ecublens, Vaud, synonyme de chênaie ; du v. f .
chaîne, chêne, et suffixe collectif erie. Chagnoty à Gimel, de
chaffnot, dim. de chagne, et suff. collectif y, taillis de petits
chênes.
Chaibeut, Mont — , près Courrendlin, Delémont ; parait être un
dérivé, — dim. irrégulier, — de caputy tête, comme chabot, poisson.
M. D. SEG« SÉRIE, TOME VU 5
66 CHAILLE '^ CHAUN
La Cballle, sommet du Jura près du Creux-du-Van» a^ h. fran-
çais à la frontière vaudoise près Saint-Cergpues ; forme féminine
du V. f, chail, pierre, caillou, sommité pierreuse. Le mot chaille^
s. f., s'emploie par les carriers à Villeneuve pour désigpner les dé-
bris de pierre de la carrière.
Cbailly, ham, de Lausanne^ Carliacum, 944» M. R. VI, Hid-
ber, I, 227, Charlie^ laaS ; de (fundum) Caroliacum, domaine
d'un Carolus ou Karl.
GbaiUy, bam. de Montreux. D'après les formes Challiery i342
et Challiacum^ i364, nous le dérivions de Calliacum^ domaine
d'un Callias, gpentilice connu; mais les textes plus anciens,
Charlie vers ii5o, Charlei, 1161, Gart Haut Grèt, Charli, laia,
Charliy 1228^ Donat. Haut., Charlie, 1260, M. R. XXIX, le rat-
tachent également à Caroliacum^ domaine d'un Karl.
Chaive, la — , longue colline au N. de Delémont, 894 m* ; de
chave, cavité, caverne, abîme, du latin cavuSy nom dû au cirque
rocheux par lequel elle se termine à l'E., dominant de 287 m. le
Creux du Vorbourg, 667 m.
Ghalais ou Chaley, D. Sierre, Valais, Saler , xi« s. (orth. germa-
nique), Chalez, 12 19, Chaler, i236, Ckaleir, 1260, Chalex.
1298^ Chaler, 6 fois i3o3-i354) Challir^ i4a5, Challey^ i553,
Challiy 1806 (Muritb.). <**^ Chalex, loc. près Aigle^ ChalleXy
1426, =/andam Cal(l)iacumy propriété d'un CaliuSy du cogno-
men Calas (du grec kalos), écrit quelquefois avec un seul 1.
Chalery, ham. des Breuleux, Jura bernois ; de chaUy s. m.
(dont chalet est le dim.), et suffixe collectif ery = ière, réunion
de chalets.
Cbalevay, chalet au Bourg-Saint-Pierre, Valais 9 chale ou
chalet, et v. f . veil, vieux (comme Pontvay ou Pontvey, Gruyère) ;
synonyme du Chalevieux ou Chalvieux d'Ormont-dessus ; vieux
chalet. (D'après M. Isabel, ce dernier serait le chale es Viaux, le
chalet des Viaux, n. pr. ; voir le mot Viaux.
La Chalière, rivière, affl. de la Birse, D. Delémont, forme fém.
du V. f. chalier, fossé.
ChaUn, alpe de Troistorrents, Valais, forme masc. du v. f.
GHALLANT — CHAMBEROT 67
ehaliney s. f., le fort de la chaleur, du latin calere, être chaud.
C'est une alpe élevée où l'on monte au milieu de Tété. On dit de
même mayen pour alpe de mai et dans le Haut Valais Augstkum-
men pour alpe d'août.
diallant ou Tzalan, pâturage de Saillon, Valais, Chalent^
1286, pente au midi au pied des parois du Petit Muveran. Chal-
iaad» pâturage à Bourg-Saint-Pierre, même exposition ; Zallan,
prés à Arbaz, Zallain, loc. à Gonthej, Valais ; participe adjectif
do Terbe v. f. chaloir, être chaud^ du latin calere ; même ori-
gine pour Challanty bourg de la vallée d'Aoste, Chalan, ^^^%
sur des pentes très ensoleillées.
dialloaXy champs à Bemex, Genève ; du v. f. chaily caillou =
champs caillouteux ; voir Chaille.
Ghalinet, CSialmery, voir Charmet.
Les Cbalotletâ, chalets à l'Abbaye, Vallée de Joux, dim.
Chainarin, en patois Samarain, forêt et pâturage sur Ayent,
Valais (le Chatmarin, sic I carte Dufour), campo de valle Cha-
marei/y i25o, M. R. XXIX, 444 ; Chamarey, source sur Con-
they, i3o2, Oiamaray, vignes à Conthey ; loc. à Fully ; une vi-
nea apud Chamarey, 1221, probablement à Savièse, M. R.
XXIX ; un Chamarai, Chamarey à Lutry, 1227, Cart. Laus. M.
R. VI, 4i4> 5oi ; probablement de (fundam Camaracum), do-
maine d'un Camarus, £n 1299 nous trouvons (M. R. XXX), un
Rodulphus Cambrey dans un acte passé à Granges, Valais. Ce
Cambrey nous paraît être la forme francisée de Camaracum,
comme chambre de caméra.
Chambellon, chalets Ormont-dessus = probablement Champs
béion, corruption de barlong, en forme de rectangle irrégulier ;
de long et préfixe péjoratif bar.
Qmmberomie, 3 ruiss. près Lausanne, l'un à Vidy, Chambe-
renia, 1142, Cart. Mon th., 2 ; les autres, affl. de la Paudèze et
de la Venoge ; de chamberot^ nom patois de Técrevisse, du latin
cammarus : donc ruisseaux à écrevisses.
Chamberot, vignes à Aubonne ; probablement du patois cham"
beraa, tschamberroty mot désignant les mauvaises herbes en gé-
68 CHAMBÉSY — CHAMBOVEY
néral qui croissent dans les cultures et en particulier le chardon
des champs (Bridel).
Chambésy, ham. de Preg-ny, Genève, Sambesie^ ^^11 y Sam^
beysie, 1807, M. G. XIV, Sambesier, 1809, IX, 262, Senbeysier^
1873, Sanbeysier, xive s., II, 864 et XXI, 89. Sambeisy au
xvije s., dit Galiffe, qui en fait un Saint-Bézier. Orig. inconnue.
Ghamblande (ou Champ-Blandes), loc. près Lausanne, CAa/i-
biandes, Chamblandes, 1280, 1288, M. R. VI, 4 10, 699, Clam^
blandes, p. 245 (faute, fausse lecture ou coquille ?). — Ciiamp-
blande, loc, à Ecublens. Holder, p. 707, cite un « Cantumblaii"
dam villa > ; c'est évidemment le même que notre Ghamblande
qui vient donc, non de campus, mais de cantus, territoire. Quant
à blande, c*est probablement un n. pr. : il y a un n. g'ermain
Blando, fém. Blanda, la blonde ; donc chant, territoire de Blanda,
Chamblon, D. Yverdon, Chamblon, 1286, Cart. Month. M. R.
XII, probablement un CamuliOy — ou Camilio, — nom en /o,
tonisj dérivé d'un des gentilices Camulius ou Camilias qui ont
donné Chambly^ comme Valençon de Valentio dérivé de Valen-
tius ; voir les nombreux ex. analog'ues dans Jubainville, p. 609-
520.
Chambon, ham. de Roche, Vaud, en Chambon, 1276, et de
Broc et Neyruz, Fribourg- ; de campum bonum, champ bon,
moins probablement, comme les 5 Chambon de France, de Cam*
bonum, dérivé du celte cambos, courbe : loc. sur des terrains on-
duleux.
Ducang^e, à Cambo, nous dit : « Rustici Dumbenses Cambonem appel-
lant quamlibet campum fertilem, sive ager cultus, sive pratum. » Les
paysans des Dombes appellent Chambon un terrain fertile quelconque,
soit pré, soit champ cultivé.
Ghamby, loc. sur Montreux ; pourrait être un (praedium)
Cambiacum, domaine de Cambius, gentilice deux fois gravé
dans une inscription de Nîmes, le même probablement que le n.
d'homme gaulois Cambios, dérivé de cambos, courbe. Jubain-
ville, p. 206.
Chambovey, ham. de Massongex, Valais, pour Ghamp bovey
CHAMBREUEN — CHAMPEL 69
OU champ-bouvier ; de campum bovarium, pâturag-e à bœufs.
Chambrelien, ham. de Rochefort, Neuchâtel, Chambrillan,
1769, M. N. XVI.
Chambres^ loc. à La Coudre, D. Cossonay, La Rippe ; Cliam-
brettes, plus, lieux-dits ; de chambre, un des noms patois du
chanvre, normand et provençal cambre, du latin cannabis ou
cannabus, avec épenthèse d'un r. Synonyme de chenevière, pour-
rait peut-être venir aussi du bas latin cambile < ag^er, ni fallor,
ubi cannabis crescit. » Ducange.
Chamossaire, sommets sur Aigple et Lavey ; Ghamossere,
sommet sur Ayent ; Ghamosalle, alpe sur Montreux ; Cliamo-
sence, alpe sur Chamoson, Bas-Valais, villa Camusia, io5o,
Chamosun, I2i4; loc. aux Agettes, Sion ; Ghamossin, m. sur
Vouvry, ainsi que Gamsen du Haut- Valais Gamosiin, laSS, dé-
rivés de chamois, anc. h. ail. gamuz.
Ghampagne, D. Grandson, Campania, 885-888, Champanes,
1228 ; la Ghampagne, loc. à Bex ; nom collectif du territoire des
communes de Gartig^ny, Ghoully, Chancy, G. de Genève : anc.
forme de Campag'ue. On trouve aussi pour le premier la forme
Champagney de 1882 à i44i» M. R. XIV, p. 4oo, ce qui en fait
un Campaniacum, domaine d'un Campanius. Mais les formes an-
ciennes ne justifient pas cette orthog^raphe. Quant à Tétymologie
de M. de Gingins pour ]a Champagne de Bex, campus pugnac,
champ de la bataille, on ne peut la considérer que comme une
fantaisie de T historien.
Ghampagny, C. de Frib., ail. Gempenach, Champagnie,
1265, Champagnye, 1890; loc. près Gilly, Champagniacum,
1276 ; id. à Montreux ; de Campaniacum = domaine d'un Cam-
panius, nom de famille romain qui a donné les noms de 88 com-
munes de France.
Ghampel, près Genève ; de campellum, petit champ.
Et non, comme le dit Studer^ d'après Chaponnière et Galiffe, de Cham-
pol pour Saint-Paul, reproduisant une opinion énoncée dans le vol. IV
des Mém. et Doc. de Genève ; les textes suivants prouvent l'erreur : « a
ruina de Champeiz inferius, » 1267, M. G. VII, 318, depuis la «ruvine
de Champeiz en bas (coteau ébouleux dominant de 50 m. le cours de
70 CHAMPION — GHAMPTAUROZ
l'Arve) et en 1475^ M. G. Vil, restimation faite alors de toutes les pro-
priétés de Genève, p. 309, 403, distingue Saint-Paul et Ghampel, p. 358,
« in via tendent versus Sanctum Paulum, ...versus capelle Sancti Pauli,»
et plus loin : « subtus furchas de Champel, ...a parte vîllagii de Gham-
pel... subtus Ghampel..., communia de Ghampel, » enfin « in via tenden-
tem de S^o Paulo versus villagium de Champel, » Voilà qui est net : il
y avait Saint-Paul et Ghampel, celui-ci de campellam, dim. de champ.
M. Eug. Ritter a déjà fait justice de la fausse étymologie ci-dessus dans
le Bull. Inst. Genevois, XXII, 201.
Champion, Roc — y sommet, alpes de Bex ; Roche — , vallée
de Joux, territoire français^ à loo m. de la frontière. Probable-
ment métaphore ; le roc Champion de Bex se dresse fièrclment en
avant de la Dent de Morcles. Ces images sont fréquentes dans les
noms de montagnes : le Moine, le Bonhomme, et en ail. Jungfrau,
Frau, Wittwe, Mônch, etc.
Champey, Champex, plus. ham. et lieux-dits, Vaud et Valais
(ici généralement Zampex, Zampy). Champois à Bure, Jura ber-
nois ; de champ et suffixes collectifs ex y ey, ois.
Champilles, chalets sur Lens, Valais (Echampilles, Dufour et
Siegfried); Ghampillon, plus. loc. Ormonts, Champillion, i33a;
à Corbeyrîer, Leysin, etc. ; dim. de champ.
Champion, village. Voir Gampelen.
Champlan, plus. loc. Vaud et Valais ; de campum planurriy
champ plan : Champlan sur Sion, Piano cantpo, 1260.
Champreveyres, ham. près Neuchâtel ; Champreoeroz, 1179,
— prevero, 1209, — pruoaire, 1220, campum presbiteri^ 1289,
Zeerl. I ; de campum presbyteri, champ du prêtre, v. f. pro^
voire,
Champroz à Vollèges, Valais = champ (du) pré.
Champsabet (Siegfried), Champzabey (Feuille ofiF.), Chanza-
bel, ham. de Lens, Valais ; champ et n. pr.
Champtauroz, D. Payerne, Chantuoro (Ghantvoro, Dict. hist.
fausse lect.), 1228, ChanteurrCj 1487, Chantouroz^ i453, M. F.
IV, 3o5 ; renferme comme premier élément chanta du latin cantuSy
territoire (champ est fautif !) ; le second est un problème à résou-
dre, peut-être tauro, de taurus, le taureau, le territoire du taureau.
GHAICFSEG ^ GHANDOLtN 9l
CShampsec, faam. de Bag'nes, terr. près Sion = champ sec.
CSiampveiit, D. Yverdon, Cùnventutn, 1012, Chaventiim,
10499 M. R. I, i54f Chanvent^ iaa4) 1228, laSi^ ChanvenZy
1^37, i25o, 1260, i3oo^ i3649 Chanvenêy 1260, Chanveniz vers
1275, Chanvant, i3i5 et 20 autres. Deux fois seulement champ :
Champvent, i3i5 et Champvenz^ 1317. Très probablement de
chantj latin cantus, territoire et ventus, vent, territoire du vent,
exposé au vent. Un coup d'œil sur la carte suffit pour constater
c}ue le château est à Tangle S. de la colline, exposé au vent du
midi.
Chamufens, ham. de Marsens, Fribourg (Chamussens, carte
Dufour) ; ChamuffenSj i332 = chez les descendants de Camulfj
n. pr. germain. Nous y rapportons le nom de Chamuiliis, pâtu-
raife de Rossinières (défi$piré en Chats mufinSy carte top. vau-
doise et Chatmufins^ carte Sieg-fried I).
È» €3iandeleys, loc. à Paillj, es CSiandelleyres à Essertines,
D. Echallens, Chandelly à Bellegarde, Fribourg ; prés où abon-
dent les chandeliers^ tsandelei, n. patois de la Primevère offici-
nale.
CSianey, Genève, Chanciej 1277, i3o2, i326, Chancier^ i344,
1372, M. G. XIV, 3oo, XVIII, 96, II, 370, IX, 228 = (fandum)
Cantiacum, domaine d*un Cantius, gentilice romain dérivé du
celtique cantos^ blanc. (Holder.)
Ghandolat, m. à Soubej, Jura bernois; Ghando(l)lan ou
Ghampdolan (Kuenlin) à Givisiez, Fribourg ; un Champdolent
à Goamens en i46i ; Champdollen^ Chandollen, 1477, M. R. I ;
de champ et d*un adjectif dérivé du celtique dol, table = champ
sur un plateau (voir Dole).
Nous j rattachions Chandolin, Chandoline et en patois Zan-
dnlin, Zandolet, villages et lieux-dits en Valais (Sion, Savièse,
Evolène, Anniviers, Ayent, Léytron, Bovernier, Nax) souvent or-
thographiés ChampdoUn, Champdelyn, déjà dans une charte de
1354. Mais les textes anciens montrent une autre origine, qui n'a
aucun rapport avec champ. Chandolin de Savièse s'appelait Scan-
dulinz villa en iioo, Escandulins en 1260; celui d'Anniviers
72 CHANDON — CHANIVAZ
Escandalyns en 1260. Il faut donc adopter l'explication de Gats-
chet : hameaux dont les maisons sont recouvertes de bardeaux,
d*échandoles (essandole, Littré), latin scindula^ bas latin scan-
dula, par opposition aux localités moins élevées dont les maisons
sont couvertes en ardoises.
Chandon, D. Glane, Frib., et ruisseau, eccl. de Candoney 1128,
Hidber, I, 477, "48, M. F. I, 876, Chanduriy 1228, Chandon
vers 1180, Arch. F. VI.
Ghandossel, D. Lac, Fribour|j|[', Chandossel, 12 14, Hidber, III
= champ du nommé Dossely conmie le pratum Dossel^ 11 42,
1 146, donné à Hauterive par Guillaume de Glane, M. F. II et III,
p. 64.
Ghanéaz, D. Yverdon, forêt à Montag^ny, Frib., les Chanées à
Cressier, Neuch. ; Chaniaz, loc. Blonay, Puidoux ; Ghagniaz,
Forel, Cheniaz, Monthey, Zénaie à Lens, une Chagnea à Ayent,
1294 = chênaie, de quercineta ; Chanel, Morges, Chanelles à
Correvon, Chanélaz, ham. de Boudry et loc. Bassins, Chanolaz
à Fontaines, Ghanerettes à Veytaux, dim. Ghanay ou Chaney,
une douzaine de loc, Ghanez, Gorbières; Ghany, Seigneux,
Wallenried ; Ghanex, Combremont et Treytorrens, Ghanet, 6 loc,
Chasnet au Landeron, 1869, le Chagnay à Peseux, i356, Ghe-
nay, Vouvry, le Gheiny à Gruyères, Ghenet, Grandfontaine,
Ghenat, Bure et Damphreux, Gheynatte à Delémont, Ghenois,
Charmoille et Porrentruy ; de quercinetum, bois de chênes.
Ghanoz, très nombr. loc = chêne.
Ghangins, chat, et ham. de Duilier, D. Nyon, ChanginSy
1224, 1285, M. R. XII, 69 et V, 882, 1299, M- ^- XIV, 277 ; d'un
n. pr. germain à rechercher.
Ghanivaz, écart de Buchillon, D. Morges. Le Dict. hist. Vaud.
y rapporte le Chanlioa du Cart. Laus., 1221, 1228, et M. Alb.
Sarasin traduit par Ghanivaz la mention « Dognneta de Cani^
vaio, xiv« s., de TObituaire de Genève. M. G. XXI, 126; mais
Canivatum ne peut donner Ghanivaz où az est atone et donnerait
plutôt Canivet ou Canevet. (Il y a un lieu-dit Canevet à Bassins
et un Canivet à Mauborget.) Origine inconnue.
CHAI^RION — GHARBONNAY 73
Chanrion ou Zanrion, alpe de Bagnes, Valais ; autre à Colom-
bey = Champrioud ou champ rond.
Chantemerle, Zantamerlo en Valais, nombreux lieux-dits, i8
à notre connaissance ; lieux affectionnés par les merles ; de Tim-
pératif de chanter : chante^ merle ! môme formation dans Chan-
tecoucou, écart de Crans, Chaiite-Ck>rneille à Genollier, D.
Nyon, et Chanteraine, lieu marécageux aux Bois, Jura bernois ;
de rainCy latin rana^ grenouille ; de même Chantarauna en En-
gadine.
Chantey, voir Teis.
Ghanton, 4 ham. du Bas- Valais : du latin cantus, territoire,
dim. cantonem, d'où le français canton. De cantus vient Chant
des Chênes à Ogens ; Chant est très fréquent dans le romanche :
chant, chaunt; Schlatter en cite une vingtaine d'exemples.
Chanlelet, forêt à Sainte-Croix, et Chantonet au col Ferret,
Valais, doubles dim. (de chanton et de chanteau).
Chapalayre, pâturage, vallée de THongrin, propriété d'un
Chapalay (chapelier), famille de Château-d'Œx ; Chapalleyres
à Charmey, Frib. même sens.
Chapaletles, ham. de Porsel et chalet à Pont ; es Chapallettes,
m. à Chapelles, dim. ; de chapala ou sapala, sapin (s-ch) = aux
petits sapins.
Chapelle, nom de plusieurs communes et ham., par exemple
Chapelle, D. Moudon, Capella Waldana, 1177, 1228, Chapala,
1226, M. R. VI, 168 ; de capella, église non paroissiale ; localités
construites autour d'une chapelle.
Chaponneyres, loc. à Vevey, Chaponeres, 1228, Capunieres,
1236 ; Chaponnières à Vinzel, Chaponnaire à Vufflens-la-ville ;
du bas latin capponem^ chapon, d'un radical chap, d'origine in-
certaine, qui se retrouve dans chapuiser, chapoter et le vaudois
chapler> Tzaponaire à Liddes, forme valaisanne (ch-ts).
Chapotannaz à Cully, domaine du notaire Chapotany qui le
planta en iSSg ; chapotan, comme chapuis = charpentier.
Charbonnay, -ey, -ex, -et et Charbonnières ou Charbon-
neyres, très nombreuses loc, hameaux, pâturages ; de charbon.
74 GHARDEVAZ — GHARMET
endroits où Ton a préparé jadis du charbon. Paray Gharbonnet,
pâturag'e à Château-d'Œx, est pourtant bien haut, au*dessus de
la région forestière ; peut-être nom propre comme un tenementum
Carbonis au territoire d'Ependes, Frib., vers ii5o. Donat. Haut.
Arch. F. VI, qui est le ténement du nommé CarbOy cognomen
connu (de la famille Papiria).
Chardevaz, 2 pâturages sur Moirj, D. Gossonaj, EscherdevaZj
1240, es Chardevaz, i244^ Chardena^ 12929 l^ïcU hist. Suppl.
(fausse lecture ou coquille n pour u) et Chardouîlle, ham. de
Mézièras, paraissant renfermer la racine cardy de carduuSy char-
don.
Cliardonne, D. Vevey, Cardona entre 996 et 1017, Hidber, I,
276, Chardona vers ii5o et 1170, Arch. F. VI, Carduna^ Car*-
dona, xiP s., M. R. VI, 876 et 1247 ; champ Cherdon à Concise,
Gliardon, pâturage, et Tserdonnet, dim., à Gonthey ; Chardon-
net, val Ferret, Zardonnet à Vercorin, Valais ; Ghardonney à
Morges, Chardenai^ 1226, et Moudon, Chardenai, 1228, Char-
donney à Ollon ; de cardonem^ chardon, et cardonetum^ lieu où
les chardons abondent.
Le Chargeoir à Pâquier, Neuch. ; le Ohargeau, Ohargiao, 5
ou 6 loc. Vaud ; Chergeau à M ontricher, Chargeux à Fullj, les
Ohargeux à Muriaux, Jura ; lieu commode pour charger et dé-
charger les charrettes.
Le Charme à Cœuve, Porrentruy ; Charmoy à Siviriez, Frib. ;
de carpinetum, f. charmoie, endroits où abondent les charmes,
ou de calma, voir la série suivante.
Charmet, pâturage à Ollon, loc. Combremont et Moudon, 2 h.
Fribourg ; Chalmet ou Chalmé, Jura bernois ; Chermet, Mou-
don, Ormonts ; Cherraey à Muraz, Valais ; Charmette, au plur.
Charmettes, une dizaine de pâturages et de localités, Chalmery à
Grvon, Charmey, D. Gruyère, Charmez, ii46, Hidber, II, ChaU
meis, 1202, 1228, M. R. VI, 28, 424> Chermeix, 1294, Char^
mey, i84o. Rec. dipl. III ; Charmey, D. Lac, ail. Galmitz, in
Chalmitis, 1242, F. B. II (français jusqu'au xviii« s.) ; les Char-
mattes à Muriaux et Undervelier, Berne, Zermette au Saint-
GHARMIGNY — GHAROUTZE 75
Bernard (ts), Tschalmett à Louèche, jadis romand. Du bas latin
calmaj champs, pâturages, permutation 1-r et suffixes collectifs
et, ey, du latin etum^ erj = erie, ou dim. ette.
Cliariiiigiiyy loc. à Ghardonne, Vevey ; de {fundum) Carmi^
niœamy domaine d'un CarminiuSy gentilice romain. De Vit, II,
i35.
€!haniillles, pâturages des Alpes, Etivaz, Ormonts, et du Jura,
Mont-Tendre, Sainte-Croix ; Ghaumille au Chenit ; Ghermillon,
alpes sur Muraz, sur Lens et sur Louèche, ail. Schermilung ou
Scherminong, la Gharmillatte aux Epiquerez, Jura ; de calma,
pâturage, et suffixes dim.
Gharmoille, D. Porrentruj, ail. Kalmis, Calmillis, ii36,
Calmilisj 1189, Chalmillisy 11 45, CharmayleSy ii^i, Chalma"
leSy 1175, CharmallieSj 1266 ; du bas latin calmis, aux champs.
Gharmontel, coteau, D. Avenches. Voir Chaumont.
Ghamioz, Aiguille du — , frontière française, alpes de Fin-
haut, sans doute encore un dérivé de calma, comme Gharmet.
Ghamex, ou Ghernex, village sur Montreux. Le manque de
formes anciennes ne permet pas de décider si c'est un Carnacum
(praedium)y domaine d'un Camus, cognomen romain (du n. de
peuple les Garni), ou un carpinetum, de carpinus, bois de
charnes ou charmes. Du second viennent Chernex, champs à
Grens, D. Nyon, au Chernay, loc. à Val d^IUiez.
Ghamiaz, loc. G. de Genève, autre forme de charnaie ou char-
moie, du latin carpineta,
Chamy, m. à Satigny ; peut-être un carpinetum, voir Ghar-
nex ; peut-être un (fundum) Carniacum, propriété d'un Garni us,
gentilice dérivé du cognomen Garnus.
Gharpîgny près Ollon, Cherpinnie, i2i4, Charpigniacum,
1235, Charpignie, 1240 ; de (fundum) Carpenniacum, do-
maine d'un CarpenniuSy gentilice romain. De Vit, II, i38.
La Charoutze, ou Sarouche, paroi de rochers et forêt au S. de
Château-d'Œx ; VArsa Rouchi, livre des extentes de Ghâteau-
d'Œx, 1276, ilr^a /îocca, xii« s., Gart. Laus. M. R. VI, 208,
<« de arsa Rocca, usque ad alba aqua » (Albeuve), limites des fo-
76 CHARRAVEX — CHATAIGNIER
rets comtales ; p. 207 « de arsa Rocca usque ad salsa aqua >
(Saussivue) ; de arsa^ brûlé, et roche, la Roche brûlée, à cause
des teintes rousses du rocher ; TArsa Rouchi,
la cha routse,
le a a passé à Tarticle, chute de Tr, permutation de s en ch, fré-
quente, et de ch en ts, régulière au Pays-d'Enhaut.
Charravex, alpe de Martigny, sur le versant N. d'Arpille ;
peut-être de Chaux, pâturag-e, et reveXy revers = la Chaux du
revers, voir Chaux et Revex.
Chapvaz ou Echarvaz, contrefort de la chaîne de Chaussy^
Ormonts, is Tsarva, 1788, Charfaz, paroi de rocher aux g'org'es
du Trient, le Tsarvo, sommet rocheux au N. de Salvan, Crettaz
Zarvaz, paroi de rochers à Chamoson, la Sarvaz ou Sarfaz (s
pour cA), paroi de rochers à Saillon ; comme le mont de la Chap-
vaz, au lac du Bourget, Savoie, de calvum, chauve = terrain dé-
nudé, rocher ; en Dauphiné charve, s. m., montagne élevée, nue ;
de (montem) calvum ; voir aussi Chervettaz.
Chassagne, forêt à Orbe, Cassanea, ii4i> M. R. III, 474»
Chassagny, i344) Matile, et à Granges (Payerne), Chassaffniy
1228 ; loc. à Eclépens et Champagne ; forêt à Rochefort ; fém. du
V. f. chassain, forêt de chênes, du bas latin casnuSy chêne. De
là aussi Chessenaires, écart d'Essertines, D. RoUe.
Chasse, pâturages rocheux, val Ferret et Sanetsch ; pente boi-
sée, rocheuse, à Vionnaz, Valais ; de saxum^ rocher, permutation
valaisanne ss-ch.
Chasseron, Jura, probablement autre dim. de Chasse ou
Sasse, de saxum, rocher. Autrefois cette montagne était plus
connue sous le nom de Sucheron, que Lutz donne comme nom
principal ; voir Suche. (A été aussi appelé la Roche Blanche,
acte de délimitation entre le Pays de Vaud et Neuchâtel, i525.)
Le Chassin, forêt à Diesse et Lamboing ; fausse orth. pour
chassain, s. m., voir Chassagne.
Châtaignier à Fully, Valais, loc. à Bex, Yvorne, Châtagny à
Villette, Lavaux, Chastagnye, 1211, et loc. à Montreux ; Châ-
taigneriaz à Founex, Castanelurriy 1 166, 1 179, M. G. XIV et IV,
CHATELARD — CHATONAYE 77
Castanerio^ ii77> id. à Tarteg^ins, Chastanierea^ laSô ; à
Etoj, id. à La Rippe, Chatonnaire à Vétroz« Chatonneyre, vi-
gnes à Corseaux ; Chàtagnay à Lussj, un es Chatoneres à Vex,
1255, auj. Zatonnires; la Chateneyre à Pailly, Cliatagnère à
Âg-iez ; de châtaigneraie = forêt de châtaigniers. Autrefois beau-
coup plus abondantes ; elles ont disparu pour faire place à la
vigne. Les chartes en mentionnent bien d autres encore : un
Chastagnereta à Lavaux, ia5i, un Chatagnerea à Crans, lagG.
Ghàtelard, nom de quelques vill. et ham. et de nombreux
lieux-dits où ont existé des retranchements de terre servant de
lieux de refuge : F. Chabloz en compte une dizaine sur le terri-
toire de Vaumarcus à Bevaix ; du bas latin cctëtellare^ castella-
rium = camp retranché, fort. Le d qui termine le mot aujour-
d'hui vient d'une fausse assimilation avec le suffixe germanique
ard et n'existe pas dans les vieux textes : Chastellar, Aigle, i4a5,
ChastelaPy Vex, i255, etc.
Ghâtillens près Oron, Castellens en ii4i) Chastelens, 1218,
ChasteleinSy 1220, M. R. XII ; du n. pr. germ. CastilOy Kestilo
= chez les descendants de Kestilo.
Châtelet, 4 ham. fribourgeois, Chàtillon, plus, villages (et
quelquefois d'anciens retranchements de terre), sommets escar-
pés : Ormonts, Bex ; ou simples crêts : Montcherand) ; Ghéteil-
lon, montagne à Youvry, Chétîllon, sommet sur Vionnaz, CliA-
toUlon à Cornaux, Géteillon, alpcs de Leysin ; Chételat ou
Chàtelat, Chestelet, 1837, village, et ferme à Mervelier, Jura ber-
nois; Chatelot aux Planchettes, Ncuch. ; en Valais Zatelet,
Tzetelet, sommets ; dim. divers de castellurriy château.
Châtonnaye, Fribourg, peut-être le C hestenoi ^wers ii45 du
Gart. Haut Crôt, M. R. XII, 162 ; Chastenaiey 1228, M. R. VI,
334, Chatenay et Chatenex, i33i, Chatonex, 1877, Chasto-
nayey i4o2, Rec. dipl. VI ; Chattonay, loc. à Ollon ; bois de
Ghatonnay à Gommugny, Châtenaye à Golombier, Neuchâtel ;
de castaneta et castanetum, bois de châtaigniers ; un camp, de
CastanetOj de Chestone à Bouloz, Fribourg, milieu du xii» s. Le
Dict. géog. d'Attinger dérive Ghâtonnaye de castrum et haya^
78 GHATROZ — CHAUDERETTE
anceinte, dérivation erronée que condamnent les formes anciennes
du nom.
CSiàtroz, vallon et ham. derrière Montorg'e près Sion, CaldrOy
io53, ChaldrOy iai6, Hidber, Chaudro, 1260, ChaudrOj i3o4>
Chadro, i33i, M. R. ; synonyme de chaudron, à cause de sa po-
sition enfoncée.
Chauchey, CSiauchy, Chauchis, nombreux lieux-dits ; CSiau*
eey, Goppet; CSiautzai, Arzier, Chaussiés, ham. de Siviriez et
3 autres loc., Frib. ; Chaussiaz, une douzaine de loc. Vaud et
Fribourg, Chaussy, sommet aux Ormonts : pâturage, terrain que
les troupeaux foulent ; du bas latin calciatus (fundus) ; quelque
fois aussi c'est l'emplacement de quelque ancienne route romaine,
ainsi la Chaussia près Pont est sur le chemin d'Oron à Porsel, an-
cienne route romaine. Une fine calciata de Trescovanie, i343y
Chouciata, 1378, Chauchiata à Yverdon, i343, etc.
Chaucrau, Lausanne, ChoucruSy i235, Chelcrus^ ia38, Chou--
crouXy 1225, Chalcras, M. R. VI, 5i6, 655 et VII ; de calidum
crosurriy chaud creux? De même CSiaucrau à Villars-Tiercelin
et en Ghacrau à Ghampmartin. Une charte valaisanne de 12 16
parle d'un Bernard de Chalcro ; c'est évidemment le même mot.
CSiaudanne, forte source, affl. de la Sarine près Ghâteau-d'Œx,
Choudanna, i433 ; Oiaudannes, loc. à Leytron, Bovemier,
Gryon, en Ghaudannaz à Bex ; Sudanne, Zudaiine(t8) ou
Tschudane, source et ham. près Salquenen, Valais, CaldanOy
12 18, ChoudanaZj 12 19, Chaldana, xiii® s., Choldana, i254>
la ChoudanOy 1424 ; Zoudana à Gonthey, Zudaniie, loc. à Gri-
misuat. Valais ; les Tzeudanes, sources près Bourg^aint-Pierre ;
une Choudana près Lavey ou Saint-Maurice, 1281. Zeu d'Anni
à Trient, carte Siegfried, nous paraît encore une Zeudanne ; de
calidus, chaud : sources profondes dont les eaux ne gèlent pas en
hiver. Ge ne sont pas des eaux thermales, mais à température
constante et par exemple, quand la Sarine est gelée ou encombrée
de glaçons, la Ghaudanne n'en a jamais; elle paraît chaude à côté
de sa voisine.
Chauderette, vallon à Gouvet; Ghauderon, gorges à Mon-
CHAUDES --> CHAUX 79
tnxa, ravin à Grancy, à TAbergement : quartier à Lausanne,
Choderon, ia33, Chouderorij 1288, Choudron, 1262, M. R. VI
= petite chaudière, chaudron, au fig*. pour lieu enfoncé.
Chaudes, col et alpe sur Villeneuve, ChageSy ii5o, 1289,
Chaagij Calgi vers 1160, CSart. Haut Grét, M. R. XII, igS, 194»
permutation rare j-d qu'on retrouve aux Ormonts. Voir Audon
el Badausaz.
Cbaodivue, m. à Sorens, Fribourg = chaude eau.
Oiaufour ; du latin calcifarnum^ four à chaux.
Cbaolin, ham. de Montreux, Choulin, 1817.
dunimtoy, sommet, alpes de Port^Valais, Chaumagniy Bri-
de!, Chaua>Magni, Lutz ; pour ces deux auteurs = la Grande
Chaux ; mais magna, magnus aurait donné magne. Pour Gats*
chet, c'est la Chaux des maignies, v. f. maignie, maison rurale,
ferme, étymologie inadmissible pour ce sommet rocheux. Origine
inconnue.
Chaumes, « flachères », à Ghessel, forêt à Boudrj ; de calmai
Oiaumette au Vaud, D. Nyon, et Chaumille, Démoret, Ohau*
■lilles, vallée de Joux, dim. Voir Chaux.
Ghaumont, sommet près Neuchâtel, Chomorty 11 43, Chai-
mont, 1220, Chumonty i35o, i538, 1667; ham. sur une colline
près Saignelégier ; ham. au Vully ; Chaumontet, loc. à Vevey au
moyen âge, Chaumontel, 1176, Chaumontety Chamontez, Cha^
motety ChamunteiZy 1220, Cart. Laus., p. 349» 36i, 366, 469,
plus tard Charmontay (de Montât, Hist. Vevey). Charmontel,
coteau et bols du Vully, Chalmontel, i243 ; de chaud et mont,
montet, sauf peut-être pour le Ghaumont, au climat rude, de
Saignelégier ; celui-ci plutôt de chaa, chauf'=. chauve, nu.
CSiauvigny, loc. à Bevaix, Neuchâtel = (praedium) Calvinia-
eurriy domaine d'un CaluiniuSy gentilice romain ; comme les
Chauvig-né, Ghauvigny de France, d'après D'Arbois de Jubain*
ville.
Oiaux, nom extrêmement répandu dans les Alpes et le Jura,
aussi à la plaine : la Chaux à Berolle, en Chau Rossât, prés à
Noville, la Chaux Givel, la Chaux Doudin et la Chaux Tavel à
80 CHAUX
Payerne. Du bas latin calma, qui paraît contracté de calamus,
chaume, sig'nifîant au moyen âg'e tantôt maison couverte de
chaume, tantôt : i® le champ de céréales ; 2® la prairie nue, les
champs étant généralement découverts d'arbres ; 3o le pâturag'e
élevé, au-dessus de la région des arbres.
Les textes abondent. En voici quelques-uns :
Une charte de 943 parle de Vecclesia S, Pétri in calme arli-
cana et une autre, de 1 096 (Cart. de Romainmôtier) : in calme
arlie. (Chaux d'Allier, près Pontarlier.) In chalme rotunda et
in chalme illenchia, etc. (Cart. d'Oujon). Calmes de Ambra»
nex, 1264. Plus tard, nous trouvons les textes super calvo de
Escublon, i3io = Chaux d'EcuOlon; per la Chaul de Esta-
leres, i3o4 = Chaux d'Etalières ; Chaux dou laie,,,. i373, et
la Chault de Font, 1378 (Matile).
Ducange cite les exemples suivants où calma signifie tantôt
champ, tantôt chaumière : terram invasissent uel vineas deplan-
tassent aut calmai rupissent, 790. Et : Calmam destruere nolo,
tum quia /rater meuseam aedijicavit, ii54.
Quant au mot calvo, de calvum, on ne peut l'attribuer qu'à
l'ignorance du rédacteur de la charte qui ne comprenait plus la
signification primitive du mot français chaul. Nos cartographes,
ignorant le sens du mot comme le copiste de i3io, ont souvent
transformé le mot en Chaud : Chaud de Forgnon, de Cham-
plong, du col Ferret, du val Triqueut, de Montana, etc., toutes
en Valais ; cartes Dufour et Siegfried.
En patois fribourgeois Chaux devient Tchaux, Tzau, Tsô ;
de même au Pays-d'Enhaut : Tso Fauthl {th anglais) Tso y
bots, la Chaux des crapauds.
En Valais, où ch, j devient z (pr. ts, dz), les Chaux deviennent
Zô et Zà : Zo en Zon, la Zâ de Derbon. la Zâ du Cœur, la Zà
de Cheville, alpes d'Ardon et de Conthey ; la Zâ de Lodzo sur
Conthey, la Zâ de Faye, Chaux des moutons, au Sanetsch,
Grande Zâ d'Hérémence, etc. Quelle que soit la forme du mot. il
s'agit toujours de pâturages élevés, au-dessus de la région des
arbres. Calma est devenu en allemand galm par la transforma-
CHAUX — CHAVAGNY 81
doa ré^lière dans cette langue du c eo g. Les Chaux sont des
gains dans le canton de Berne et la partie allemande du Valais.
L'alpe sur Louéche que les Romands appellent Chermignon
(dim.) s'appelle en allemand Gai m alp.
Enfin, dans le Haut- Valais, le m a permuté avec n, et toutes
les croupes herbeuses, nues, qui séparent les vallons de Gonches
soot des Galen, telles les Aerner-, Munster-, Ulrîcher-j Gestler-
galen. Pour les dim., voir Charmety Charmille,
On a voulu dériver chaux de callem, pâturage dans les bois, ou de
caiuaSy chauve (Lutz), et même de cavus, creux (Matile) ou de casa
(.MM. Châtelain et Alf. Godet, M. N. XIV et XXII). La preuve que ces
dérivations sont impossibles est donnée par les dérivés. La racine de
calma, calm, se termine par un m qui disparaît naturellement quand il
est final comme les n, m des racines corn, ver m dans les mots cor, ver,
mais de même que ces lettres reparaissent dans cornet, vermine, le m
reparaît dans les dérivés Charmet, Chalmet, Chaamette, etc. Si Chaux
venait de calvus, les dérivés montreraient ce v comme dans les mots
Chauvet, calvitie : de même pour callem, racine call ; ses dim. seraient
chaillet, chaiUon, mais n'offriraient également jamais de m. Au xv^ s.
on a aussi traduit par erreur chaux par calce, par exemple prato Calcîs,
de Calce = la Chaux de Premier, de Vaulion.
Chaux de calma s'emploie ailleurs qu'en Suisse. Grégoire de Tours
(571) parle d'une localité Maslicas Calmes, aujourd'hui les Chaux de
Moussy prés Embrun, Hautes Alpes.
Ajoutons que Chaume, s. f., s'emploie en basse Bourgogne pour
désigner les sommets dénudés et pierreux des collines. (Littré,
Suppl.)
La Chaux près Cossonay, domus de Calce, xiv« s., Calais in
Vuodo, i45o = chaux, calcaire. Mais ce latin n'est que la tra-
duction de chaux, pâturage, de calma, dont les rédacteurs de ces
actes ignoraient Torigine. Voir l'article précédent.
La Chaux de Fonds, Chault de Font, 1878 ; du latin fontem
= Chaux de la fontaine. Pour Chaux, voir plus haut.
Chavagny, loc. près Neyruz, Fribourg, Chavaniei, 1142,
Arch. Fr. VI, 87, Chavanie, 11 78 (Stadelmann), Chavanix,
1198, Chavaniz, 1247, M. F. 111, 69, IV, 214 = {fundum) Ca-
vaniacum, domaine d'un ' Cavanius ou Capanius, comme les
M. D.SEC. SÉRIE, TOME VII 6
83 CHAYAL — GHAZ
CMYagotLCy Chavagnac, Ghavagnieu de France ; un Caoaniacum
(diocèse de YieDoe) mentioDoé en ii&3, M. R. XXIX, 89.
€3iaTal, ham. de Yéromaz, Valais ; CShayalel, chalet à Roage>
mont, torrent et ham. à Champéry, Chavaley, loc. sons Lejsin ;
Chavalets, loc. ravinée, andeiis lits de la Giyonne ; du v. f .
chaae^ s. f., cavité^ caverne, du latin codo, et soffixe a/, et dim.
et. Le torrent de Ghavalet s'est creosé un profond ravin, petit
toutefois en comparaison de celui de la Viège. Chevalet, 3 pâtu*
rages de Gruyère, un autre, alpes d'Ollon et un dans un vallon
creusé sur les flancs de Gorjon, Pays-d'Enbaut, ont sand doute la
même origine.
Chavannes, nom de nombreux villages de la Suisse française.
En Valais Zavannes (z pron. ts = ch), Ghavenettaz à Ormont-
dessus, Rue et Rossens, Frib., dim. ; dérivé comme cabane du
bas latin capanna^ qu'Isidore de Séville (570-636) tire du celtique
cabariy de cab = hutte.
Ghavat, 2 ham. au sommet d'une combe près Saint-Ursanne ;
de chevetf comme le chevet d'une église, partie arrondie qui
ferme le chœur ; a = e dans le Jura bernois.
Le Ghavon de Seron, pâturage au Pays-d'Enhaut ; la Gha-
vonne, pâturage à Gruyère ; les Ghavonnes, alpe d'Ormont-des«
sous et de Gryon ; Zavonnaz à Miège ; Ghavonnetta, m. à Mor-
lon ; aux Grangettes, Frib. ; granges à Ormont-dessous, dim. ; du
V. f. chaoon, bout, extrémité (de chef) ; le pâturage des Gha-
vonnes est à l'extrémité du territoire, limite d'Ollon.
La Ghaz, 4 loc. aux Ormonts, la Ghâ sur Orsières et au Valso-
rey. Valais ; l'Achat, carte Siegfried, vallon des Verraux sur
Montreux ; Lotachat, croupe au N. de la Valsainte, Fribourg,
pour YHauta Chaz ; la Ghaz ou la Ghat, pente rapide, boisée,
entre Triquent et Finhaut, Valais, écrit aussi Lâchât : autres formes
de Sciaz. Voir ce mot. La Chaz, la Ghat est le nom de plus. ham.
en Savoie ; le col de la Ghat près Ghambéry s'appelait la Sciaz
en 1682, Mém. Savoie, IV, 262. Ghaz est aussi le nom de quelques
loc. du Jura français, dit M. Ghâtelain, M. N., qui dérive chaz de
casa et y rattache chaux.
CHATOUXAT — CBUIAU 83
QuiTOTBay* Caeomiacmm^ 977, iioo, M. R. YI, iiai« Hkk»
ber, I* 4/3, Caoornaemm^ 1173, Hidber, II, N. de CiWironiay«
1317, M. R. VI, io3, Chawornai^ i>a8, Chmvornag, i33S,
Cari. Month. ; pour Gatschet, du bas latin cavoniiin, caberaum,
ca^mie, hutte, est un (praedium) Ciworniacumy domaine d*un
CavorifUis, Zeoss, p. 199. De même Chavomex à Yillette, D.
Lavaox. Zeoss, p. 129, donne le nom craulois de Cavarinns^
qail dérrve de coior, géant. Une terra de Chavornajf^ is5o,
Chaoorney^ 1267, à Avent, Valais.
Chéfoor, loc à Orvin, Berne ; probablement autre forme de
chaufour, four à chaux.
Cheillon, Yoir Chillon.
Cheiry, Fribourg, Chereys? 1187, Hidber, 11, 373, Chirie^
1228, Chérie^ i453, Cheirier^ 1668 ; Mollie Cheiry à Corceliea->
le-Jorat; de (fundum) Cariacum (du cognomen Carus : taras,
cher) ; domaine d'un Carias^ gentilice romain.
CSieiiB, ham. de Lens, Valais, devrait s'écrire Chêlins^ car il
dérive d'un patronymique germain, comme le montre Torthc^
graphe ancienne Schilling (Lutz) usitée encore aujourd'hui
(Feuille off. du Valais), Chelling, ChilUng.
Chemenin, m. sur Vevey; Chemeneau, mayens sur Muraz et
sur Dorenaz, Valais ; dim. de chemin, patois tsemenin.
Les Chenaillons (ou moins bien, Chenalions), nom générique
de plusieurs ruisseaux temporaires à la Sagne, Jura neuchâtelois ;
dim. de chenal, de canale.
Chênat, Chenet, Cheacls, voir Chanéaz.
Chenau, forme dialectale de chenal ou canal, du latin cfina-
lem. De là de nombreux noms de hameaux (9 loc. Frib.), la
Cbenao, gorges sur Aigle et Cortébert, (Pénaux sur Gullj, Chi^
nauz, i36o. Défilé à PAquier, Neuch. et 6 loc. Frib. ; ruisseaux,
affluents de la Tinière, Villeneuve ; ruisseau à Cheseaux-Noréaz ;
la Cbenà à Bourg-Saint-Pierre, la Chenal à Courfaivrc et (for-
ban, Jura ; — les collectifs Chenalier, ham. de Monthey, (Hhena-
leyres à Autafond, Frib. ; — les diminutifs Chenalet et Chena-
lette, 6 loc. ; Chenaillettaz à Villars-Sainte-Croix ; Chenalllon
84 CHENAUSSANNAZ — ES CHERCHES
à la Sag-ne. En Valais ch devient ts ou z ; de là Tséné à Salvan,
Zenaz, torrents à Vernamièg'e et Hérémence ; Zenat à Ghandolin
d'Anniviers, Ziné à Saint-Martin, Zinal^ ham. au fond du val
d'Annîviers, Zenal, chalets dans une combe sur Conthej {Canali
et laz Chinai, i3o4) ; Zenali, localité au Sanetsch avec nombreux
couloirs de pierres et d'avalanches. Le z se retrouve aussi à Fri-
bourg- : Zenalettes, petit sommet entre La Roche et Trejvaux.
Chenaussannaz, alpes de Montbovon, cbenau et sana, saine,
couloir non ébouleux.
Chenauvaz ou Chenouvaz, voir Zenauvaz.
Ohénens, Fribourg, ChenenSy ii38, M. F. II, i4, i3i9, Chei^
nenSy ii43, Chinins, i2i4, Haut-Crêt, M. R. XII, CheineinSy
1244» CheneinSy I2i5, ChennenSj 1248 (Mtl.), Chinnens^ ^1^1 j
etc. = chez les descendants de Chagarij n. pr. germain (Stadel-
mann).
Chêne veypes, loc. Vevey, Cheneveres, i344» Chenevaîpes,
Saint-Triphon, et nombreux lieux-dits (i5 Frib.), forme patoise,
Tschenevieren à Albinen, forme germanisée de chenevière, bas
latin canaparia.
Chentremont, crêt au bord du Veyron à Pizj ; de mont et de
Ciientres, Chintres, Cheintres ; en patois fribourgeois, Tsintre,
Tzintre, ham. de Charmej, d'Orsonnens, etc. ; valaisan, Zintre,
Savièze, Cintre, Grimentz ; correspondants du français ceintrey
ceinture, terrain en bordure, localités au bord d'une rivière où
d'une limite quelconque. On trouve aussi Chantre par ex. à 01-
lon. Nom commun fréquent dans les chartes : très chant rias pra-
torum juxta prata curati, 1281, trois chantres de prés à côté des
prés du curé (d'Apples).
Es Cherches et Echerchettes, loc. à Mordes, frontière du
Valais ; les Tsertsettes à Finhaut, TEssertze à Chermignon,
Es Cherches, taillis à Château-d'Œx, les Echerches, alpes de
Vouvry ; Esserches, loc. à Aigle, limite de Leysin, Es Cherchy^
i3i4, es SercheSy 17 18, Escherchia de Sarduns versus Leissins,
1232 (limite E. des franchises du bourg d'Aigle), Lecherchi,
i3i5 ; une loc. de Lescherchy, i3o9, à Grimisuat, Valais, un bois
GHERMIGNON — GHERYETTAZ 85
de LescherchetOy 1822, et une Lecharchie à Louèche, i55i. Une
charte de i464 parle de Lecherchy de Soressert, limite entre
Leysin et Ormont-dessous ; toutes les localités dont la position est
précisée par le texte ou les plans sont, comme on le voit, à la
limite, à la circonférence des territoires dont elles dépendent ; pro-
bablement à rattacher au v. F. cerche, s. f., cercle, du latin cir^
eus ou plutôt d'un bas latin * circa, f. ; cherche de circa, comme
chercher, patois tsertsiy de circare.
Chermignoii, D. de Sierre, Chermignon, 1241, Chirmignoriy
1260. Dérivé, avec le suffixe io-ionis, du gentilice CarminiuSy
comme Avennio (Avignon), de Avennius.
Cheresaulaz et Cheresaulettaz, alpes de Châtel-Saint-Denis,
ChirisouleSj iSog ; Ghereseulaz, alpe de Youvry, Chersaulaz,
ham. très élevé d'Ormont-dessus, Chisseroulay i3i5, Chisirolley
i464. Ces deux dernières formes montrent que nous avons là une
métathèse ; ces 3 loc. sont des chisiroules, c'est-à-dire de petites
chesières ou chisières, chalets d'alpag'e, avec suffixe dim. ou/a,
ola, c'est le synonyme de la Zigeroula de Chippis, Valais.
Cherminche, bois à Chardonne et à Forel sur Lucens ; d'après
M. Isabel (in litt.), serait en patois Tsermintse^ la charmeuse, f.
de tsermu. Voir ce mot.
Chemiont, ham. d'Avry-devant-Pont ; peut-être du nom ger-
main Carmand? 2 chalets de Gruyère portent aussi ce nom.
Gruyères et Villars-sous-Mont.
Chermontane, 2 alpes de Bagnes, Valais ; du v. f. sermontan,
le Laser Siler, ombellifère très abondante à la Petite Chermon-
tane. En 1233, une vigne ou Sarmonlan^ M. R. VI, 5g3 (envi-
rons de Lausanne).
Cbemay, Ohemex, voir Chamex.
CSierpine, m. à Lancy, Genève ; de charpennSy n. patois du
charme?
Gherraire ou Tsaraire, défilé du Saint-Bernard près Bourg-
Saint-Pierre, forme patoise de carrière, chemin des chars.
Chervettaz, forêt de Châtillens, Oron, Calvata, 11 54, 1179»
ChaluetUy 1278, Charveta, 1273, M. R. XII; Chervettes, alpe
86 MONTGHERVET — CHESOPELLOZ
k GrandvîUard, Zervettaz à Sierre. De calvetta, dim. de calva ,
chauve = forêt dénudée, alpe déboisée.
Montchervet, m. à Puidoux, mont dénudé.
D'après un acte cité par M. Pasche (Gontrëe d'Oron, 587, ^^9), la
forme CcUvata de 4454 serait une fausse transcription; il faudrait Cal'
vacatOf mab ce mot donnerait Ghauvecée et non Chervettaz.
Chervîllers, ham. d'Epauvillers, Jura, Scherviler^ i3a9,
Cherviler, i34o = villag'e de * Scharo, ScherOy n. pr. gpermain,
de la racine Scar^ du v. h. ail. scara, armée. Fôrstm. n'a pas ce
nom, mais un dérivé Scherilo,
Le Ghesal, m. à Rougemont, Chesalles, 3 com. D. Moudon,
Oron, Caselles, Chaselles vers ii5o, et Fribourg* CheseleSf ii46,
1198, in Chesale/Of ii42, M. F. II, 219, Chesaleis, 1163, M. F.
II, 25, I, 270 ; Cheseaux, Lausanne et Yverdon, Chesaus, 1154»
ChesauZj Chesaux^ i235, Cart. Month., et i5 h. ou m., Frib. ;
Chesard, ham. de Grandcour, (]hézard, Neuchâtel, Chesas,
1285, 1294» Chesays, 1324) Chesair, i328, Chesar, i349 ; les
Chézards, loc. à Boudry, Chesel à Bourrignon, D. Porrentruj,
Casaley 1179, (^hesaSy 1187, Chesaus, i284.Chesalet àMonthey,
Çliesaley, m. à Marsens, Chesallettes à Charmey, dim. ; dérivés
de casaley ferme, qui vient de casa, chaumière.
Chéserex, D. Nyon, Chiseras entre 996 et 1017, Hidber, I,
276, Cisirac, 1093, Rég. g-en. 64, 44^, Chysirai vers 11 35, CAi-
serai(y), Chiserai, xii® s., Chesarium, 11 64, Chiseracum vers
1186, etc., M. G. Il, IV et XIV ; Chesières, ham. d'Ollon ; Cabe-
sîres, chalets, vall. de THongrin, Château-d'Œx ; Chizéré, cha-
lets, alpe d'Orsières, Valais ; du v. f . chesièrey cheysière, bas latin
casaria, dérivé du latin casa, chaumière, hutte, chalet de pâtu-
rage (en romanche chàsara). Une alpe de ChUeria à Louèche
(ou Bratsch), 1228, une Chisereta à Ayent, xiii® s., Chissereta,
i364, aujourd'hui la Chéseretaz, une des remointze de l'alpe du
Rawyl, une Chéseretaz à Arolla, i449 ; Chésery, alpe et som-
met sur Morgins, Valais, Chéserey, carte française, même ori-
gine.
Chesopelloz, Sarine, Fribourg, Chesaupenlo, i4o6, Chesauz
GHE88A — GHEYAUX 87
pennOj Chesanl PelloZy iilfi (Dellioo). Ces formes expriment
Dettement rorigine : c'est le chesauy de casaley de Penlo, de Pen-
nilOy la métairie de Pennilo, n. pr. germain.
Ghessa, alpe sur Ayer d'Anniviers ; probablement métathèee
pour sèchey ch -* ss.
Chessei, D, Aigle, Chessez, i3i2, Chessey, 1364, Chasiey^
ikoAy Chosely i4a8 ; les 3 premières formes indiquent un (fun^
dum) Cassiacum = domaine d'un CassiuSy gentilice romain.
CSbessayre, prés à Muraz ; peut-être dérivé du verbe patois
i9chesi, tomber ; chesaircy lieu d'où il tombe de l'eau d'en haut
par chute ou écoulement, dit Bridel. Chessaylaz, prés à Ollon,
même mot avec permutation r-1.
ddet ou CheZy 3 pâturages à Albeuve, Praz du €het, pâturage
à Villars-sous-Mont, les Chets, pâturages* à Enney ; l'Essert du
Ghet à Semsales, Sur le Chez, blocs erratiques dans le marais de
LignièreSy Neuch. ; orthographes vicieuses pour CheXy prononcia-
tion patoise de Sex, latin saxam, rocher, permutation s^hf
comme Sieme — Chieme, Siaz — Chiaz.
Oieteval, m. au bord du Doubs, Epauvillers ; corruption de la
forme ancienne Chetivaty i34o, dim. de chétif avec la permuta-*
tion jurassienne de et en at,
Oiêtre, plus. loc. D. Porrentruy, Tsehetroz, granges à Sierre,
Chestroy i238, Chestrozy i433, M. R. XXIX, 337 î peut-être
autre forme du v. f. chastrey camp, lieu retranché, du latin cas-
trum^ correspondant des châtelards si fréquents, C. de Vaud et
Neuchâtel.
Chevalleyres, 2 ham. de Blonay ; la Ghevaleyre sur Ville-
neuve, Cheualeriy 1276, Haut-Crêt, M. R. XII, ii5 ; propriétés
d'un Chevaley (= chevalier). C'est à ce dernier que se rapporte
le texte du Cart. Haut-Grét et non au ham. de Blonay, comme le
dit M. Hisely, p. 24 1-
Qievaux, La Dent chez — , sommet vallée de Joux, Montem de
Chiechevauz, i344> Matile, Dent de Chiecheuaax, idôq ; ce nom
étrange s'explique en le rapprochant de Chievachauly sommet de
Gruyère, dont il paraît une corruption par une double métathèse
88 CHEVÊCHE — CHEVRIL
ch X V, celui-ci (voir Tzouatzo) est formé de chuotty freux,
choucas et de chaulj chaux = la chaux des freux, des corneilles.
Chevêche, En la — , lieu-dit à Corbeyrier; de chevêche,
chouette, v. f. chevece, de capitia.
Ghevenez, D. Porrentruy, Chaviniacum, 8i4, Givinei, ^^89,
Chaveneiy 1179, ChivinySy 1290, etc. ; de (fundum) Cavinia-
cuniy domaine d'un Cavinius, (Holder a le gentilice Cavinnius et
De Vit le cognomen féminin Cavina.)
Cheville, col de — , alpes de Bex et Valais. Ce mot nous paraît
un dérivé, subst. verbal du verbe v. f. chevillier^ creuser, che^
villeor, celui qui creuse, diminutif du v. f. chevePj creuser, autre
forme de caver, wallon et Berry chaver^ creuser, chave^ trou.
Cheville serait donc creux, dépression, échancrure de l'arête. Rien
de commun avec le mot actuel cheville, qui dérive de clavicula.
Chevilly, Cossonay, Chiuilliery i54o, comme les Chevillé de
France ; de (fundum) Cavilliacum, domaine d'un Cavillius,
gentilice romain. De Vit, II, i .
Chevran, ham. d'Anières, Genève, mieux écrit jadis Chèvre ris
(orth. conservée dans le n. pr. Dechevrens), nom d'origine ger-
manique, à rechercher.
Chevrenaz, ham. de Boussens, Vaud, Eschivoronaz, 1877.
Chèvres, ham. de Bernex, Genève, Caprisy 1264 = aux chè-
vres, pâturage de chèvres.
Chevressy, ham. de Pomy, Yverdon, Chiwrusie, 974, M. R.
VI, i3o, Cabrusie et Cabruseiy 11 74» Chabrusei, Chebrusei,
ChabrusiCy Cheûressei, 1177, Chabrusei/y 1182, Cart. Month.,
Siorissie^ 1218, M. R. VI, 4^7? Chivrissiey 1627; de fundum
Caprissiacum, domaine de CaprissuSy nom d'esclave, puis
d'homme libre (De Vit) ; ou d'un nom dérivé du cognomen Ca-
pruSy comme Caprusius, ce qui expliquerait le u des formes pri-
mitives.
Chevpîep, ham. de Versoix et de Choulex, Genève, Chevrye^
i3i6, Chivrier, i34o, M. G. XVIII, 17 et II, 388; de (fundum)
Capriacum, domaine d'un Caprius, gentilice romain.
Chevril, 2 ham. à Ormont-dessus, Chevrillet, dim. ; Chavril
CHEVRON — CHEVRES 89
à Corbeyrier et Ollon ; Chevpy à Trélex ; Ghevrilles, D. Singine,
Frib., ChivrileSy ii5o-i2oo, Arch. Fr. VI, Chivrillies, 1824»
M. R. XXII, 22, Chevrilliez^ i453, Arch. Fr. I, — 2 pâturag-es
de la Gruyère ; les premiers, de caprile^ étable à chèvres, et Ghe-
vrilles du plur. caprilia. Chevrillière à Grandcour, autre dérivé.
Chevrils vers iioo, Chivriz, 1260, était le nom du hameau ac-
tuel de Gifrisch, près Môrel, Haut Valais.
Chevron, clos à Aigle, propriété au moyen âge des sires de
Chiuron, co-seigneurs d'Aigle (famille savoisienne, château près
d'Albertville).
Ghevroux, D. Payerne, Chevroth, 1286, Chevrod et ChevroZy
i3oo, Cheuros, i3io, 87, i453. Probablement même origine que
le Ghevroux de France (Ain) qui s'appelait Caprosiurriy dérivé
latinisé du nom gaulois Gabros^ chèvre et n. pr. Holder, 762.
(Ghevroux a une chèvre dans ses armoiries.)
Chexbres, Vaud. M. Gremaud y rapporte le Carbarissaj 1079,
M. R. VII, 4; Chibriacum vers iioo, M. R. XVIII, vers 1072,
Dict. hist. vaud., Cabarissa^ ii45, Chabris, 11 34, Chabre^
1142, Cerbre, ii47, ii54, Chebra, ii65, Chabriiy 1179, Cha^
breSy 1221, M. R. XII, Chaihri^ 1248, Chaibry, i368, Chehry^
1453, Chexbres^ xvi« s. Une autre loc., chalets à Blonay. Ge nom
a sans doute la même origine que Ghabrey, D. Avenches, de
(fundum) Capriacum, domaine d'un Caprins, ou Cabriacam^
de CahriuSy variante gauloise. Ghebris a le même sens : c'est le
datif pluriel de Cabrias (domus, villas), du même gentilice pris
adjectivement. Quant à l'x, on voit que c'est une lettre parasite
qui apparaît fort tard, au xvi» s. Ges additions se présentent sou-
vent ; ainsi M. de Jubainville remarque que Gesvres, de Gabria,
du même gentilice Gabrius, a deux s de trop, un au milieu,
l'autre à la fin. Pour Garbarissa (villa) et Gabarissa, noms peut-
être défigurés par les chancelleries allemandes (chartes de Henri IV
et de Gonrad II), c'est peut-être une altération de l'adjectif dérivé
de la forme gauloise Gabrius qui serait Cabrisca, comme Barba-
risca de Barbarius, Bardinisca de Bardinius.
Cheypes, D. Broyé, Frib., Chères, 1280, Chieres, i233, M. R.
90 CHEZ — CHIÈTRES
*
VI, 599, CheireSj 1299, Matile, Cheyeres, i453 ; de (villas) Ca*
riaSy les fermes de Carias^ g^ntilice romain, dérivé du sarnom
Carus.
Chez^ dans le Jura, suivi d'uii n. de famille, avec ou sans ar-
ticle : Chez les Gueissaz, Chez Jaccard, Sainte^^roix ; Chez les Pi-
^et. Sentier ; Chez Berthoud, Brévine. D'après le O^ Joubert
(Glossaire du centre de la France), dans les noms analogues de
localités de Tlndre, Chez-Serrant, Chez-Rateau, chez aurait fardé
son sens primitif de substantif, de C€uay maison. C'est possible
pour ces localités françaises. Mais nous croyons que dans les
hautes vallées du Jura, colonisées fort tard, chez avait déjà pris
son sens de préposition. Il a toutefois gardé un reste de son sens
primitif dans la combinaison Vers chez, fréquente par exemple à
la Gôte-aux-Fées : Vers chez Simon, — le Fèvre, — le Banderet,
— le Gros, — Juvet, — Maurice.
Chibaz, A la — , loc. à Lens, Valais = à la Cible ; de l'ail.
scheibe^ v. f. et vaudois cibe^ du v. h. ail. sciha,
Ghibi, loc. à Aciens, Vaud ; ancien village ruiné, Chiblie^ 1 166,
1182, Hidber, II, Chivlie, 1228, M. R. VI, 22, Chibliez, 1228-
1 282 ; de (fundum) Cabelliacuniy domaine d'un Cabellius^ gen-
tiiice romain ; permutation a-i, comme pour Chigny.
Chiblin, ancien moulin et scierie près Gingins, Chiblins, 1202,
Hidber, III, 4, 1272, 1276 ; peut-être de * Hibilo, dim. de Hibo^
n. pr. germain. Fôrstm., 660, comme Hichilo de Hicho, s= chez
les descendants de Hibilo.
La Ghiesaz, Saint-Légier, la Chiesa^ i2i5, ChesaSy 1242;
Chisaz à Renens et Burtigny ; Tschiesaz à Troistorrents, Valais,
ChieseSy 1268, toutes localités près de l'église ; « du latin casa,
maison. Au moyen âge, chiese Deu, maison de Dieu, l'église, la
maison par excellence. >► (Bonnard.)
C^hiètres, Frib., ail. Kerzers, Chartris villa, 926, eccl. ad
carcerem, 962, M. F. I, Kercers, ii53, Chiertri, 1228, M. R.
VI, Chercerz, i244> Zeerl., Chertres, 1390, Rec. dipl. V, etc. ;
du latin carceres, prisons, — d'où le français chartre, — peut-
être y eut-il là, à l'époque romaine, une prison pour les légion-
CHIEU — CHILLON 91
naires. Les chartes de Matile nomment souvent une localité du
même nom près Neuchâtel : Carceres, ii43, Caceriis, ii58,
Chaceres, 1177, Caceres, 1209, CacireSy 1268; un CSiiètres, h.
de Bex, même origine ?
CSbieUf Ghiœu, voir Cœur.
Chigny, près Morges, Chiniey 1221, M. R. VI, 29^, Chinni,
1228, ChigniCy ia32, ib. 692 ; comme les Chigny et Chigné de
France, de (/undam) Caniacum, puis Chigniacuniy domaine
d'un Canius, g-entilice romain dérivé du cognomen Canus (Hol»
der, 735), permutation a-i comme Cassiacum-Chissiez. Pourrait
aussi venir de Canniacurriy domaine d'un Cannius, autre g^nti-
lice cité par De Vit.
Es CSiilles, vignes à Saillon, champs à Montagny-la-Ville ; en
Eehille (pour es Chille) à S^Saphorin sur Morges, Eschillaz à
VallorbeS) CSiilloux, pâturage à Nods et à la Brévine, les Echies
à Courgeoay, en Echilly entre Croy et Moiry, en Eschillie, 1 344»
dans Matile, Ghillères à Montcherand. Une terre en la Chilla
ou Chylla à Naters, Valais, 1276, 1277 ; chille paraît être la
racine de chillon, et son dérivé chillou, le même que le chillou
ou chaillou du Berry = caillou, dont l'origine est du reste
inconnue.
C3iillon, château, Cilon, n^^], Castrum Quilonisy 1196, et
Chillon^ 1214) M. R. XII, 48, Chillon^ 1224, Chy lions, 1232,
Chilliun, i233, Chilioriy i236, Chillun, 1237, M. R. XXIX,
Chillum, 1247, ChillonSj i255, Chilluns, 1276, etc. D'après
Gatschet, du mot patois chillondy chillon^ plateforme de rocher.
Une décision du Conseil de Neuchâtel, de i663, citée par le Mus.
N., i865, p. i35, dit : « Octroi de 20 écus par an à Jehan Bompi,
paveur, pour maintenir les pavements, fournir les chillonds et
arènes, etc. » Ceci confirme l'opinion de Gatschet et le mot de
chillon, pierre plate, dalle, parent de caillou, voir Chille. Une
charte valaisanne nous parle d'un lieu dit Chillon près Diogny,
Lens, 1269, aujourd'hui Zilloii(ts). Il faut rattacher à cette
même racine Ziloiig(ts), loc., alpes d'Arbaz et Talpe de Gheillon
(carte Dufour), Cheillong, F. d'Avis, ou Seillon ou Seilon (per-
92 CHINDON — GHOISY
mutations valaisannes ch'S ou z)^ au fond de la vallée d'Héré-
mence, qui est donc l'alpe du rocher.
M. B. Dumur nous communique à ce sujet les textes suivants
tirés des manuaux du Conseil de Lausanne :
« En i556, on mentionne « des ânes chargés de pierres de chil'
» liod » pour le pavement de la Barre et « le i4 mars i588, le
» Conseil autorise n. Lojs Seigneulx à prendre au Flon » ung
chillon, tel que bon luy semblera pour faire une couche en son
baptiaux du moulin appelé de la Ryettaz. »
A la suite de ces notes, continue M. Dumur, j'avais écrit dans
le temps : Le château de Chillon serait donc le château construit
sur un chillon j soit sur un rocher. »
Ghindon, ham. de Reconvilliers, D. Moutier, Zer Chindoriy
1236, Tr. I, Der Kinden, 1241, Zchindun^ 1289 ; de Tall. Zer
Kinden. Quant à l'étymologie Kindunum, hybride de l'ail. Kind
et du celtique dunurriy colline des enfants, Dict. géog. Attinger,
I, 488 ; elle ne soutient pas l'examen.
Chippis, D. Sierre, Valais, Sepils vers iioo, M. R. XVIII,
ChipiZy 1288, ChipitZy i348, Chypis, i4io, Chippis, i46o ; loc.
à Hérémence, Chypis^ i448, Chepis à Verossaz ; du latin sepile^
haie, lieu clos de haies.
Chissiez, clos à Lausanne, Eschissiacum vers 1280, Eschisei,
1280, EschissiSy 1290, M. R. VI, 8o5, 4o8, Chissye, i5io, Chis-
seyy i5i8, Fr. de Chissy, i586, ChissieZy i557, M. R. ; tire
sans doute son nom de la famille de Chissy, Chissiaco, bourgeois
de Lausanne au moyen âge jusqu'en 1567 ; de (fundum) Cassia'
cuniy domaine d'un Cassius^ gentilice romain ; pour permut.
a-i, voir Chigny.
Choêx (ou Ghouex), ham. de Monthey, Valais, Choiz, 11 78,
ChoyZy 1288, ChueySy 18 16, Chuex, 1428, ChoeXy i436.
Ghivrajon, ham. près Aubonne, Chiavrajorty 1047, 1049, M.
G. XIV, 5, Chivraioney xii* s., Dict. hist. V., suppl.
Choisy, près Rolle, comme les nombreux Choisy de France, de
{Jundum) Cautiacum, domaine d'un CautiuSy gentilice dérivé
de cautuSy avisé, prudent.
CHOINDEZ — GHULES 93
Ghoindez, ham. de Courrendlin, D. Moutier, Berne ; forme
francisée de l'ail. Schwende, nom très fréquent dérivé du v. h.
ail. swentariy endroit défriché par le feu.
Gholochy ou Gholochex, lieu-dit à Ayent, Valais =: Sous le
Sex (s-cA).
Chorebisse, alpes de Nendaz, au-dessus du Grand-Bisse = So-
rebisse, au-dessus du bisse, permutation ss-ch.
Ghougny, ham. de Vandœuvres, Genève, Chougnier, 1826,
i368, M. G. II, 367, Chougnyer, i33o, M. G. XVIII, 129, Cho-
ffnier, i343, M. G. II, 388, Chounye, i345, M. G. XVIII, Chou-
nier, i364, Chômer^ etc. D'après M. Ch. Morel, M. G. XX, 567,
de (fundum) Conniacum, domaine de Connius, gentilice connu
par les inscriptions de Genève. Mais « ceci est impossible, c ini-
tial ne donne ch que devant a » (Bonnard). Il vient de Caunia"
cum, du g^ntilice Caunius, Hoider, p. 868, dérivé du nom gpau-
lois CaunuSy cité par Zeuss, p. 3 et 34*
Ghogny, loc. à Chessel, D. Aigple, un Chogney à Savièse, 1267,
môme orig'ine, domaine d'un Caunius,
Ghoulex, Genève, Cholay, 1260, 1298, M. G. XIV, CholaySy
i3i8, Guigo de Caulhiaco^ i394, et Caulliaco ; Choully, ham.
de Satignj, Cauliacum, 934, M. G. XII, 16, 912 d'après Hidber,
I, 209, Choyellie, 1296 ; comme les Caulhiac du midi, de (prcB"
dium) Cauliacum, domaine d'un Caulias, g-entilice romain.
Choutagne, loc. au Grand-Saconnex, Genève ; mot bien voisin
de Chautagne, nom d'une contrée de Savoie dans le Genevois,
Ckostagnia au xiii® s.
Es Ghueires, loc. à Villeneuve, prés sous l'arête de Sonchaux ;
probablement de chua^ chnva, nom patois du freux, v. f. choue,
du v. h. ail. kouva, corneille, et suff. coll. eire, endroit où
abondent les corneilles de rocher. Non [loin de là, à Naye, la
Tanna ai Chuve, la caverne des freux.
ChuiTort, plus. loc. Jura ; forme patoise de chaufour, four à
chaux. On a écrit de même Chumont pour Chaumont.
Ghules, n. fr. de Gais, D. Cerlier, Galles, ii85, F. R. I, 1208,
1217, 20, 26, Chutes, 1217, Chouley Chutes, i4o3 (Zimmerli),
94 CIGLBT — CLARMONT
GalSf 1265, ori^ne inconnue; quant au n. ail.» il indique, d'a-
près Zimmerli, une ori^ne pré-germanique et peut être rapproché
des noms rhétoromans Galspert et Galstramm (Walenstadt et Se-
velen, C. de St-Gail).
Cidet, loc. à Aigle, très exposé au vent ; du verbe patois ci-
klla, pousser des cris aigus.
Oserache ou Ziseraehe, alpe sur Saint^Martin d'Hérens ; dé-
rivé de chesièrey n. commun au xrv® s., bas latin chegseriam =
chalet de pâturage, de casaria, avec suffixe cxhe = asse. Dans
la vallée d'Hérens on trouve ss pour ch, ch pour ss. Praz Ochin
pour Ursin, Rèche pour Raisse et Zan pour champ» Zena, ché-
neau, etc.
Clages, Saint^Pierre de — , village, ham. de Chamoson, Va-
lais : ecclesia de Clagiis^ 11 53, de Clagis, 1196, S. Petrum de
ClageSy 12 18. Gatschet le rattache à Clées, bas latin cleda^ cleta,
du celtique cliath, claie, clôture à claire-voie ; voir Clées. Le g
est difficile à expliquer ; il serait absolument isolé au milieu de
toutes les formes dérivées de cieta. Serait^il possible de dériver
Clages de claves ? Les clefs sont un attribut de saint Pierre.
rJamogne, lieu-dit à Aubonne. Nous pensons que c'est la terre
dont il s'agit dans une charte de 1286 où GutU. Merchiant, bour-
geois d'Aubonne, reconnaît tenir du chapitre de Genève une pièce
de vigne au lieu dit Clamogin, M. G. XIV, 180, Rég. gen., 292.
Il faut probablement lire Clamogni (i-e).
Clarens, h. de Montreux, un G. de Clareyns^ curé d'Orso-
nens, 1826, Clareyns, i353, et ham. de Vich, Nyon, Clarens^
1164, M. R. V, 1179, ^*97> ^- ^' ^^ ' ^^^ ^^ glareanusy grave-
leux, comme le veut Gatschet, mais dérivé d'un n. pr. germain.
« Il y a chez les Germains de nombreux noms formés de la racine
clar, que l'onomatique germaine a empruntée au latin (clarus,
clair, illustre). Clarens peut très bien avoir eu pour forme primi-
tive Claringum, » (Note fournie par M. Stadelmann.)
Clarmont, D. Morges, P. de Claromonte, i2o4, Qairmont à
Renan, et Qermont, loc. à Saint-Imier ; de clarum montem^
mont clair, ensoleillé.
CLAIIUZ — GLEIBE 96
Gfamz, loc. à Marly, Frib., Clar Ruz^ i483, Cliaruz^ i83a
(Kaenlin), ail. Luterbach ; de clair et ruz, ruisseau.
ClaTaux (ou Clavoz), loc. près Sion^ Clivo, 1229, Clavot^
1299, Clahvotf i3o6, Clawot, i453, Clavody 147S et les nom*
hreux (11) Claivaz, Cleivaz, Clivaz du Bas Valais ; la Glairaz à
OUon (accent sur la pénultième) ; de cliva (terra), clivum (fun-
dum) = terrain en pente. Cleua. i253, Cleives, 1267 à Grimi-
ffuat. Bridel donne cliver comme n. conmiun dans la vallée d'An-
niviers pour désigner un terrain en pente. Kliwen à Varone,
Louèche, Inden, Cliben à Louèche-les-bains, formes germanisées.
ClaTeleyres, loc. à Aigle, Paropignj, et sans doute Clavelière,
écart de Begnins ; propriété d'un ClaveL
Clavons, m., vallée de la Tinière, Villeneuve, habitée en 1276
par Walieras des clavons^ tenancier de Haut-Crét. Cart., ii5;
aurait-il la même racine que Clavaux, de cli vus, incliné (terrain)
en pente? Godefroy a un adj. clavonné^ traversé de clous, mais
nous ne voyons pas ici de rapport.
C3é, Grand — et Petit — Clez (Lutz), 2 pâturages à l'Etivaz.
Auraient-ils quelque parenté avec le celtique clé, cleiz, klei,
gauche ; ils occupent le flanc gauche de la vallée en remontant.
« Ou plutôt d'un s. m. formé sur le s. f . claie, de cleta ? * (Bon-
nard.)
Les Clées, D. Orbe, les Clees, 1226, M. G. IV, 4i» les Claies
vers 1200, M. R. VI, 678, les Cloies, 1260, M. R. XIV, p. 4o,
Castrum Cletarum, 1271, Cletis dans les chartes, les Clées, loc.
à Noville ; m. à Boudry ; les Clefs, 2 pâtur. Gruyère ; la Clef aux
Moines, ham. de Savigny, — mieux écrit la Claie, Claye dans
les anciens plans; Clie, loc. à Vevey, Clees, 1176, Cleies, 1229,
etc., M. R. VI, 469, 365 ; la Clie à Gimel, la Qiaz à Pailly, aux
Clies à Bourdigny, Clîes et Cliettes à Savièse, Grimisuat, Pen-
thalaz, Arzier ; les Cléettes à Chamblon ; du bas latin cleta,
clida, clia, provençal cleda, du celtique cliatk = claie ; de là
aussi notre clédar, clef ou claie de haie.
Cleibe, ham. de Nendaz, Valais, Cloibi, 1162, 1193, Cloyer-
bis, 1267, Wrstb. ; Cleybi, 1289, Furrer, 91, Cleby, i434, i4^i ^
96 CLENDY — ES COCAGNES
d'après Gatschet, correspondant des Kleben de la Suisse alle-
mande, nom donné aux lieux où abondent les plantes qui s'accro-
chent, bardane, gratteron ; du v. h. ail. chleb. La bardane y est
en effet très commune.
Clendy, ham. d'Yverdon, Clendie, 885, et Clingerium^ M. R.
VI, 182, Clendiery 1277, ClendierSy 1174» Clendiez, i3i8,
Clendier, i453 ; probablement d'origine g'allo-romaine.
La Clergé, loc. à La Chaux, à La Sarraz ; la Clergie ou Cler-
gère à Moudon ; Clergis à Sottens ; anciennes propriétés du
clergé (séculier) de ces localités.
Le Cloître, quartier d'Aigle, Clotri, i332> la Cloître ^ plans de
17 18 ; de cloître^ couvent : ancienne propriété de l'abbaye de Saint-
Maurice.
Clos (145 loc. Frib.) et les variantes, Oods (Cemier), Clou,
Clouds, Cloux, Cluds ; les collectifs Closy, ham. de Vucherens
et 6 loc. Frib., Closuit, Cleusy, Cleusix, Clousix ; les dimi-
nutifs Closon, Cleuson, 2 alpes en Valais ; Clouet à Conthey,
Closel à Aigle et Champagne, Closelet, Closalet, une dizaine,
et Closelat, forme du Jura bernois, Closalon, Noville, Clausil-
lons, Bex, etc. ; participe passé du verbe clore, v. f. clos, clous,
cloux, claux, dus. La forme Clou est fréquente dans le centre
de la France.
Closure et le diminutif Closuratte, loc. du Jura bernois =
clôture.
Clouloup à Monnaz, D. Morges = clos (du) loup^
Clourion, loc. à Chandolin d'Anniviers = clos rond.
Cluse, nombreuses loc. ; subst. du part, passé fém. de clore,
dus, cluse; de même Cleusaz, pâturage sur Saint-Maurice;
Cleusettaz à Saillon et Clusettaz à Saint-Gingolph, Kluschet-
ten à Louèche, diminutifs.
Es Cocagnes, vignes à Mont-Rolle ; en Cocagne à Bussigny-
Morges ; probablement terres fertiles, allusion au pays de cocagne
où tout abonde, mot ancien dans la langue. Littré cite un vers du
xiiie siècle :
Li pats a à non coquaigne.
COCHE — COINSINS 97
La Coche ou Cotse, ham. de Finhaut, Valais, dans un repli
très accentué du vallon, — loc. à Blonay, — pâturag'e à l'Abbaye ;
Mont Cochet à Sainte-Croix, séparé du Chasseron par une en-
taille profonde ; Cotzettaz, loc. à Sion, entre deux crêts ; de
coche, entaille, mot probablement celtique.
Le Cœur, en Valais : chalets sur une croupe saillante, alpes de
Liddes ; Sur Cœur au M uveran ; Sur le Cœur, point culminant du
sentier de Mordes à l'Haut d'Arbignon ; Sex du Cœur, sommet
dominant le pas ou col de Savalenaz, alpes de Vouvry ; Croix du
Cœur, sommet du col entre Bagnes et Iserable, etc. A rapprocher
de la Croix de Chiœu, col sur Ravoire de Martignj, des Chieu
ou Kieu, soit cols d'Ëmanej et de Barberine, alpes de Salvan, de
Sur le Queud à Leytron, le Keu de Montabert à la Dent d'Hé-
rens, côté d'Aoste : formes diverses de coL Cœur est né d'une con-
fusion entre kieu^ coUet kieu y lieu, cœur. Ne peut venir de
cornu, corne, la plupart de ces localités désignant des échancrures,
des dépressions de 1 arête et non des saillies.
Cœuve, D. Porrentruy, Cova, ii36, Cuva, 1175, Cœuve, i254,
Cauva, i4io, ail. Kuff; du latin vulgaire cupa, d'où le f. cuve,
V. f. cueve, pris au figuré pour endroit creux ; dérivés, la Cœu-
vatte ou Cauvatte (= ette), ruisseau qui y passe. Covet, moulin
dans un ravin à Chavannes-le-Chène ; es Covets à Orbe, diminu-
tifs.
Coffrane, Neuchâtel, Cus/rano, 1092, Cor/rano, 1220, 1228,
Corfranon, 1264, Corfragne, 1270, 1295 (Matile), Corfraigno,
1870, Confrano, i4oi, M. N. XLI, Courfrasne, i453 ; paraît
signifier ferme des frênes ; c'est la traduction de Gatschet, de
M. A. Godet et du chartiste de i453. Mais le second élément des
composés de Cort, Court est toujours un nom d'homme. C'est
donc la court, la ferme de Frano ou d'un n. pr. germain appro-
chant, tels que ceux-ci Framn-us, Frane-rîch, Frane-mund où l'on
retrouve la racine onomatiqueyran.
Coinat, voir Cuénet.
Coinsins, D. Nyon, Quinsins, 121 2, 1221, 1224, 1262, 1268,
M. R. VI, 262, XII, etc., QuincinSy 12 15, 1286 (souvent écrit
M. D. SEC. SÉRIE, TOME VII 7
98 COINTRIN — COLLONGES
Quinsi/Hy 6 f., M. R. XII, p. 37-42), Quintins, 1288, CuinchinSj
i3o3, Cuinsins, i3o6, Caynsins, i332, et Coinsin, h. de Lussy,
D. Morges = chez les desceadants de Cunso, ConzOy ail. mod.
Kunz, n. pr. germain. Fôrstm., racine Gund, groupe Gunzo.
Cointrin, Genève, CuintrinSy I2i5, Quint rins et Quintri-
narriy 1224, M. R. XI, 53 et 48, CuyntrinSy i3o6 = chez les
descendants de Gitnther, Kundhari (de Kand et hari, guerrier),
d'où les noms de lieux comme Cuntheringun^ qui correspond
assez bien à Cointrins. Fôrstm., racine Gund, groupe Gunda-
char.
Golan, ruiss. et terr. à Curtilles, voir Coulaz.
Collatel, loc. monts de Bex et Lavey ; de collateluniy dim. du
bas latin collatum, Ducange, c jugum montis, vox nota in Alpi-
bus et Pjrenaeis, ^ bas latin collatUy s. f., espagnol collado,
colline ; donc petit mont, petite colline. *
Cojoniiox, ham. de Blonay, Cojenay vers 1160, Cogionai
vers 1260, M. R. XXIX, 487, Cojonay, xvi« s. Une inscription
de Nîmes donne le gentilice Coionius, Holder, p. io63, et de Vit,
a CoioSy n. pr. gaulois. Ce pourrait donc être un fundum Coio^
nacum, de Coionus, n. gallo-romain.
CoUex, ham. de Collex-Bossy, Genève, Cliolay, 1268, Colay,
1258-1809, M. G. XIV et IX, ColeXy i855, le Rég. gen., 1866,
écrit aussi Gollex. Paraît être comme Ghoulex, aussi appelé jadis
Gholav, un Cauliacum, voir Ghoulex.
Les Collièses, bois à Bôle, le même avec préfixe col = cum,
que les Liaises.
Colline, rivière, un des bras de la Promenthouse, près Nyon,
Collana vers ii5o, Collona, xii® s., M. R. XII, 2, 72, Colona,
i3o8, M. R. XXVIII, 2o3, le suffixe est la racine celtique ona,
source, rivière.
Les Collisscs, section de la commune de Nods, Berne ; forme
archaïque de coulisse, de couler, v. f. coler, du latin colare, fil-
trer; la Golisse, ham. du Chenit; le môme, avec permutation c-g.
Collonges, ou Colongcs, com. Valais, Genève ; 4 ham. Vaud
et nombr. loc. ; bas latin colongia, de colonica, terre cultivée
COLLUAIRE — COLOMBIER 99
par un colon, laboureur, métayer^ ou sa chaumière. On peut rap-
procher de ce mot le nom de Collondaz-Jeur == de la Joux (Pays
d'Ënhaut) et les localités des CoUondaîres à Villeneuve et des
GoUondalles à Montreux. Le d est une lettre intercalée comme le
prouve le nom de Petrus des Colandes, 1226, 1228, appelé plus
loin P. des Colunes ou des Colunges, M. R. VI, 332, 338 et 700.
Il y a là une confusion avec colonde, colonne, de columna.
Golluaire, nom fréquent de lieux-dits dans la vallée du Rhône,
aux nombreuses formes, pour lequel nous n'avons pas de solution,
tels sont Colluaire, champs à Bex^ CoUueyros, prés à OUon,
Yvorne, la Collure à Corbeyrier, Collures à Leysin, CollaereSy
1454 ; Couluîre, prés à Savièse, Valais, Colueri, 1260, Colaeryy
iSSg, Goluire, champs à Bagnes, CoUuires, prés à Saillon et
Bagnes, Galuiry à Nendaz, Collière à Ayent et à Vex, Colayro
à Troistorrents, Coleyre à Conthey, au CoUierux ou Colliaruz,
champs à Chessel, une Nigri Coliri à Louéche, i322, GoIIry, ou
GoUeri; môme nom, germanisé, à Salgesch, en la Coloyry vers
i45o ; le CoUioret, ruisselet. Gruyère, dim. Peut-être le v. f.
couloire, s. f. coulouere^ xiv® s,, coulière, passage, lieux où
s'écoulent les eaux ? « Il y a sans doute 2 mots couloire, oire =
atoria, et coulière, ière = aria. » Note de M. Bonnard.
Gologny, Genève, Coluniacum, 1 1^0, Colognier, 1208, 6'o-
loigneyy 1263, Colungniey 1272, etc., M. G. II, 4^ et XIV ; de
(fundam) Coloniacum^ domaine d'un Colonius, gentilice ro-
main.
Colombier, Vaud, Columbarium^ 938, 987, Columbirioy
ii4i ? Hidber, I, 569, Columbier, 1228, M. R. VI, et Neuchâtel,
Columbier, 1228, 1280, Matile ; CoUombey, Valais, Columbe-
rinm, xili* etxiv® s., En Collomboy à La Sarraz, et les fémi-
nins Golombeyre, ham. de Praz, Fribourg, la Ck)lombîèpe, ham.
de Fully, Valais et loc. à Begnins ; Colombo, loc. à Conthey ;
Collombaire à Aigle, Es Colombeyres, Cully ; de columba--
riam, tombeau ; dans la plupart de ces localités on a trouvé des
tombes, des urnes funéraires. Peut-être aussi, dans certains cas,
de columbarium^ pigeonnier.
400 COLOVREX — COMBERBOUX
Colovpex ou Golovrai, Crans, D. Njon, Colovray, ii84, Hid-
ber, II, Colovraiy 124A» M. R. XII ; un bois de Colourai près
Tolochenaz, 1228 ; de colubretum^ lieu où abondent les cou-
leuvres, du latin colubra. Quant à Colovray, ham. de Bellevue,
Genève, ColovreXy carte Dufour, Colovracumy 1186, M. G. IV,
Colovray, 1257, c'est plutôt un {fundum) Colubracum, domaine
d'un Colaber^ cognomen romain cité par De Vit, II, 380.
Combaby, loc. à Gilly, Convabis, Conbabis, 1265, M. R. III ?
Combanivaz, loc. aux Plans sur Bex ; probablement Combaz-
niva, combe à neig'e, où la neige reste longtemps.
Combarimboud ou Combarimbourg à Lessoc et à Grand vil-
lard. Gruyère = Combe à, de Raimbaud, n. pr.
Combarin à Rossinières ; de combe et arein, avalanche pou-
dreuse == combe à arcin, aux avalanches.
Combaz ou Combe, petit vallon ; du celtique comb, bas latin
comba, Comballaz, Ormonts, Conthey (patois Combadé), Marti-
gny, Comballon, Gryon, Combette, une 20S et Combatte, les
Comballats, Jura, Combiola, val d'Hérens, Combiola, 1190,
Furrer, III, 49? Combiola, 1260, Combire et Combirette, alpes
Valais, dim. ; Combasse, alpes d'Aigle et Combache à Grdne et
Chalais, Valais, augm. Combasson, loc. aux Verrières. Le Com-
bet, le Combeîpy, ruisseaux D. Yverdon et Cossonay, même
famille. Combe s'est conservé dans la Suisse allemande où le b
s'est assimilé à Y m. Gomma, 4 loc. Singine fribourgeoise, Gum-
men, Oberland bernois et Kummen, Haut Valais, par exemple
Kummen, ham. de Rarogne, s'appelait Chiimbon et Combon,
1282, Cambis, 1299, Cumbos, i3o8, Kumben^ i4o7«
Combaz Gelin, loc. à Ollon et à Premier = combe à gelinCy
combe des poules.
Combazeline, alpes de Nendaz, Valais {Combarzeline, carte
Siegfried), Cumba Acclini, 1260, M. R. XXIX, 454 = Combe
d'Acelin ou Azelin^ n. pr. connu par de nombreux actes de
i2i4, 1221, un Acelin prieur de Saint-Maire, i2o3, i243, M. R.
VI, 19, etc.
Comberboux ou, et mieux, Combe erboux, petite combe à
COMBORCHERIES — COMMUNAILLES 101
Yvorne, Vaud ; de combe-herbous^ combe (des) prés. On pourrait
objecter que dans ce genre de composés le second nom est dans la
lègle un nom d'homme : Combe Girard, Villar Giroud. Mais il y
a des exceptions, ainsi dans le Val d'Anniviers, Talpe de Zatelet
Prez ou Château pré, où le détermina tif est un nom commun.
Comborcheries, combe boisée et forêt de sapins à Leysin =
Combe^rcherie, pour orserie, s. f., de ursaria, tanière d*ours,
comme bouverie, de bovaria, avec permutation s-ch, comme Siaz-
ChiaZy permutation commune dans Tancienne Gruyère : Combe
des tanières d'ours.
Comborsin à Rougemont = combe-Orsin, du nommé Ursin et
non des ours : combe étant f., cela donnerait Comborsine, comme
Valorsine.
Combre, alpes de Vouvry ; de combala, petite combe, par
changement de / en r. Combrettes, dim. de Combres. Un Corn-
bres de France (Eure-et-Loir) s'appelait jadis Combulae. Holder,
1190.
Gombremont, D. Payeme, Conbramo, 911, M. R. VI, 344»
Cumbremont, 1142, M. F. II, 221 et 1177, Combremont, ii84,
Cart. Month. 42, i2i5, M. R. VI, 325, Cumbremunt, 1226, M.
R. VI, 164, Conbremont, i233, F. B. II, 129, le Conibi*emont,
loc. à Moudon ; peut-être de Tadj. v. f. combre, voûté, courbé,
ce qui conviendrait pour la contrée très vallonnée de ces deux vil-
lages vaudois.
Combron, affl. du Talent ; de Tadj. conibre ci-dessus.
Cornera, ham. de Grimisuat, Sion, Cornera, iioo, 1227, i25o,
1267, Comeira, loc. à Leytron, et Commaire (ou Comeires), h.
d'Orsières ; origine inconnue.
Commugny près Nyon, Communiaciim, 517, 10 18, 1026,
Hidber, I, 3o8, 317, Cuminie, 12 16, M. R. VI, 394, Communie,
1217, 32, Commugnie, i235; de (fundum) Communiacum,
domaine d'un Communias, gentilice dérivé de Communis, sur-
nom (cognomen) fréquent.
Communailles ou ConimounaiUes, nombr. lieux-dits, (Com-
munaux à Vevey, Cumunal, 1229, et à la Corbaz ; Queniou-
102 COMPESIÈRES — CONDEMINE
nailles, ham. de Lovens, Fribouri^; (>>Dimuiiances, fermes
éparses à Montfaucon^ Jura = pâturag-es communaux ; une loc.
les Cumunayles, Ormont, i332.
Compesiores, Genève ; d'après Gatschet, de cumba picearia^
combe des pesses, mais !<> tous les dérivés de picea ont le double
ss ; 20 la localité est sur la hauteur, non dans une combe ; 3^ les
formes anciennes n'ont aucun rapport avec Tétymologie propo-
sée ; on trouve CompeisireSy 1170, Compeseres, 1227, M. G. II,
37 et IV, 44» Compesseres, i339, ce qui incline à penser que
c'est simplement une terre des Compeys, comme Claveleyres,
Bretoneires, terre des Clavel et des Breton. Voir le mot suivant.
Compois, ham. de Meinier, Genève, Compeis^ i2o4, Compe^
sium, 1220, M. G. IV, 27 et 1276, CompeySy i3i8, etc., berceau
de la famille de ce nom. D'après Ch. Morel, M. G. XX, 667, de
cum et pagus, localité à la limite de deux pag^i, ce qui paraît
bien douteux.
Compengiez, anc. nom de Villeneuve, Compendiacum en
ïoo5, Compengie, 1166, M. R. XVIII, Compengiacum^ 1207,
Compendie, 1260, eccl. de Compegie que nunc appellatur Vil-
lenove, 1266 ; à ce moment le nom tombait en désuétude, voir
Villeneuve ; de (fundum) Compendiacum^ domaine d'un Co/w-
pendiuSy gpentilice romain.
Gonches, vallée du Rhône au-dessus de Brig-ue, ail. Gombs ;
(>)nehe, plusieurs hameaux et pâturages, y Gontze ou Conze(ts)
à Savièse ; du latin concava (vallis, terra) = vallon, localité
dans une dépression du sol ; Ck>nehon, plus. loc. Givrins et ail-
leurs, et Conehette, Cuntzettaz à Vex, dim.
(lonelse, Concisa, 1179, 1194, 1228; du bas latin concisa
(silva) = forêt coupée.
Condemine, Gondamine, Cioniamine, Condemène, nom ex-
trêmement fréquent. Pas d'endroit qui n'ait une condemine, nom
désignant toujours des terres fertiles, dans le voisinag^e des loca-
lités. Du latin condominium, bas latin condamine ; Condamina
à Sion, 983, Furrer, III, 29 = terres faisant partie du domaine
seigneurial. On trouve aussi Gondomina, Ducange dit : <c Narbo-
CONFIGNON — CONTHEY 103
Densibus condamina quasi condominium, a jure unius domîni
dicta, vel ut alii volunt quasi campus Domini, nam versus Seven-
oas Camp aut Con, campum sooat, ubi hac condaminae ab omni
onere a^^ario immunes consentur. » Contamine sur Arve, Con»
dominium en 1119. ^^ '^^^ germauisé est devenu Gûminen,
Berne, Conçlamina, 1274.
Conflgnon, ham. de Bernex, Genève, Cqfiniacum, 11 53, M.
G. XIV, 9, Cufjiniacum^ 1260; ailleurs Confinium^ 1190» Con-
Jinum, 1220, Cujinnurriy 1224, Cart. Month., Confignon^ 1278,
Caffignion^ 1426, Acad. Sav. IV., etc. D'après M. Ch. Morel,
M. G. XX, 557, de confiniarriy limite, territoire ; mais, d*après
les deux premières formes ci-dessus, signifie plutôt (fundum)
Cofiniacum, domaine d'un * CoJîniuSy dérivé du cognomen Co-
fias. De Vit. II. p. 374> H faut de même lire, pensons-nous, Cuf-
fiuum, le nom Anselmus de Cnssinuniy 1226, du Cart. Laus. M.
R. VI, 166.
Au Confln, ham. à Marlj et Confins à Mannens ; de confi-
nium, limite.
Conflens, Tioe de — , près La Sarraz, à la jonction de la Ve-
noge et du Veyron ; du latin con/laentem, confluent ; de la
même racine : Gour Gonflant, voir Gourd.
A la Confrary, loc. à Chardonne et ailleurs ; anc. prop. d'une
confrérie religieuse.
Consor ou Conzor, ham. de MoUens, Sierre, Conseur (Lutz),
ConJoPy i25o, Conjour, i354, 1376; de zor=zjour = joux,
forêt, et cum ; hameau près de la forêt.
Conthey, Valais, Con/{>z, fin du xi® s., Conteiz vers iioo,
Contesium, ii47# Hidber, II, Contez, 1179, 1200^ Conteiz, 1212,
Contheg, 12 17, Contesio, 1284, Contiouz, 1294, plus tard
presque toujours Contegium, Nom embarrassant. Ecartons d Sa-
bord le Contextrix de 5i6 qui fig-ure dans un document douteux *.
Gatschet tire Conthey de contextum, clôture de clayonnage. Si le
* Actes da concile d'Açaune, document siernalé comme apocryphe par plu-
sieurs critiques et dont le P. Chifflet, jésuite, dit : hujus fundationis tabulée
sunt imperiti cujuspiam. Voir M. G. XVI, p. 57.
104 CONTIGNY — COPPET
passade qui parle de Tarrivée du prévôt d'Agaune ad curtem Con-
dacensem vers 990, Cari. Saint-Maurice, dans Hidber, I^ 268,
Gatschet, 197 se rapporte bien à Conthej, ce serait un dérivé de
Condate, confluent. Conthey est non loin du confluent du Rhône et
de la Morge et Condate donne Condey d après d'Arbois de Ju-
bainville ; de son côté, Holder, p. 1094, rattache à Condate Con--
teium, aujourd'hui Contt/j dép. de la Somme, la situation et les
rapprochements ci-dessus rendent, nous semble-t-il, cette étjmo-
logie des plus probables.
Contigny, ham. près Lausanne, Qaintignie, 1182, Hidber, II
(qui le rapporte par erreur à Coinsins) et 121 1, M. R. VI, 419»
Quintinie, 1202, ContignieZy 1470 ; de (fundum) Quintinia--
cam, domaine d'un Qaintinius, gentilice romain. Le texte de
l'acte de 1 182 où le pape Lucius III confirme au prieuré de Saint-
Maire la possession de ses vignes montre que c'est bien de Conti-
gny qu'il s'ajj^it.
Au Gonvent, loc. à Gilly = couvent, de conoentum.
Convers, loc, vallée de Saint-Imier ; du latin conversum^ situé
à l'endroit où les flancs du vallon convergent pour se terminer en
cul-de-sac.
Coor, Grand — , dépression profonde entre la Dent de Mordes
et la Tête Noire, alpes de Fully ; probablement autre forme de
Gor, voir ce mot, les deux 00 pour ô et c pour g, comme dans
camber de gambe,
Goppet, Vaud, Copetum, 1191, et 5 ham. fribourg-eois ; forêt
à Bioley-Magnoux ; Coppy, bois et ruiss. à Corcelles-Chavornay ;
Coppex, ou Coppey, pâturage sur Conthey, Coppet en i3o4;
Copettes à Champvent, Copet, 1867 ; les Coppettes, pâturage
sur Givrins, la Coppettaz à Ollon, Goppoz, ham. du Mont sur
Lausanne, la Goperie ou Gouperie, trois loc. du Jura bernois.
Dérivés divers du verbe couper = lieux défrichés, forêt coupée.
Peut-être certains de ces noms dérivent-ils du v. f. coppe, bas la-
tin coppa, sommet, ail. kappe, ou d'un autre vieux mot copel,
coapety même sens. M. Brandstetter, Indic. hist. suisse, 1870,
p. ii3, dérive coperie decupa, au sens de colline arrondie.
COQUAZ — CORBAZ 105
Coquaz, A la — , m. à Billens, Coques, chalets Ormont ; du
latin conchay syn. de Conche, petit vallon ; voir ce mot. Co-
quettes, chalets vallée de THongrin, Cciuquella à Sal/^etsch, Va-
lais, diminutifs ; Coquerellaz à Ecublens, Vaud, double dim.
Cor, racine isolée dans Cour, ham. de Lausanne, Cors, xiii* s.,
M. R. VI ; Court, D. Moutier, Berne, Cori, ïi48, Curt, 1189 ;
dérivés du latin cohortem, proprement, troupeau, contracté en
coriem, bas latin curtem^ v. f. cort, propriété rurale, ferme. Ce
mot forme le premier ou le second élément (construction germa-
nique) d'un grand nombre de noms de localités, l'autre terme
étant généralement un nom propre germain, celui du premier pos-
sesseur. Quelquefois cor est difficile à reconnattre sous les trans-
formations subies : Coffrane, Cudrefin, Coussiberlé, etc. La cons-
truction germanique est spéciale au Jura bernois : déterminatif
en tète du composé, Bassecourt, Miécourt, etc. Bon nombre de
ces composés ont un second nom, allemand ; pour que Tétymolo-
gie soit juste, il faut qu'elle explique également les deux noms.
Voir à leur ordre alphabétique.
Les Corailles, loc. à ChAtel-Saint-Denis ; le dim. coraillon,
cœur, désigne au figuré le meilleur morceau de terrain, la partie
la plus fertile d'un territoire. Cette figure s'applique-t-elle aussi
à coraille ? les patoisans pourront décider.
Corban, D. Porrentruy, ail. Battendorf. Ne peut donc venir de
Corbannum, comme on l'a dit, Dict. géogr. Attinger ; Corpaoriy
1240, Corbaorij 1817, Corbahon, i435, Courban, ilfiiyBathen-
dorf, 1 184 = court, ferme de Bado, BattOy ou Batho^ n. pr.
germain cité par Fôrstm. Battoncourt, château au-dessus de Ché-
zard, Neuchâtel, au moyen âge, a exactement la même origine.
La Corbaz, Ormonts, Corba^ i332, Corbes, Corbez, plus,
loc, Corbeyrier, Vaud, Corbières, Frib., Corbere, iii5, Cor^
beire, ii4o, F. B. I, Corberes, 1174, M. R. XXII, Corbeiry,
Frib., villages et hameaux ; en Corban à Bramois, Corbaraye,
Corbaray, plus, lieux-dits ; Corbettes, sommet, D. Veveyse ;
Corbire, alpe de Lens, Valais, Corberes^ 1287, Courbillon à
Lamboing, Corbatière, ham. à la Sagne et loc. à Sion, Corbas-
106 CORBELETS — CORGEMONT
sîère, Copbassyre, loc. ; Ciorbéron, Corbiron, ii34i Corbas-
sîère, Corbéry, Corberaye, Curbît, D. Morges, loc. et ruis-
seaux ; dérivés de courbe = localités sur des terrains onduleux,
ruisseaux au cours sinueux.
Gorbelets, crêt à Leysin ; allusion à sa forme, celle d'une pe-
tite corbeille renversée.
Corcelles, i^prèsChavornay, Corsales, 1177, Corzales, I2a8,
Courcelle, 1897, Courselles^ i433 ; — 2® près Payerne, Corzales^
1228, Corsales^ i34o ; — 3® Gorcelles-le-Jorat, Corcellis^ xii® s. ;
4*^ près Neuchâlel, CttrceWis, 1092, Carseles^ 11 85, CorcaleSj
1228, Corzales, i236, etc., Matilc; — 5o D. Moutier, Berne,
CorcelleSy 1226 ; 6 ham. d'Attalens, Corsalles, ham. de Rossens,
Frib. ; de coriicelln, dim. de curtem, corlem, ferme. Corce-
lettes près Grandson, Corsalletes, i342 et Corsalettes, D. Lac,
Frib., dim. des précédents.
Cordex, le — , ruisseau, un des bras de la Promenthouse, D.
Nyon ; Coi*dez, loc. à Conthey ; probablement de la même racine
que le Gordon ou Gorjon.
Gordona, ham. de Mollens, D. Sierre, aussi Cordonnaz (Cor-
don-na), Cordona, i2o3, 1267, Corda na y 1240, Cordonnaz
i4oo. Goi*donna, alpe de Bourg- Saint-Pierre, en bordure
entre le torrent et le rocher ; Gordon, ruisseau près Nyon ; voir
Gorjon.
Gorges, ham. de Payerne, même ori|^ne que la localité nom-
mée dans le Gart. de Haut-Grôt, Corgia, p. i65, 170, 173, 194,
Corge, p. 20, 66, 67, 70, 71, 194, et Corgiaco, p. 168, que
M. Hisely rapporte avec doute à Gorsier près Vevey et que Gats-
chet, se basant sur cette forme Gorg-e, tirée d*un bas latin corgo,
souche, tronc d arbre, défrichement où les troncs sont laissés en
terre. Quant à Gorg-iacum, c'est une simple gpraphie de notaire ;
ils ajoutaient parfois le suffixe acum à des noms dérivés de noms
communs : Pantharacum, Ghiseracum. « Gorg-e, mot inconnu,
nous écrit M. Bonnard, en tout cas il faudrait corgas pour
Goreces. »
(^orgémont, D. Gourtelary, Coriamunt, 1178, Corgemunt^
C0R6N0LEY — CORMEROD 107
1179, Cortgemunt, 1181, Corteimunt, 1228, etc. = court,
ferme de Gimmund ou Gaimundy n. pr. germains donnés par
Fôrstemann.
Gorgnoley, loc. à Ëvionnaz, variante de Cornioley, bois à
Monthey et loc. à Roche ; de cornioley ^ nom patois du cornouiller,
lieu où abonde cet arbrisseau. (Holder donne un Cornioletum^
697, aujourd'hui Corneilles.)
Gorin, ham. de Lens, orthographe fautive des cartes pour Co-
rens ou Coring^ Feuille ofiF. Valais, Corens, 1 100, Coreins^ i233,
12439 Corens, i449) évidemment d'un n. pr. germain.
Gorjolens, D. Sarine, Coriolens, xii« s., et 1298, Coriolains
€t CoriolanSf 1228, Donat. Haut. Arch. Fr. VI, Corjoliens,
1445, Corjellin, 1668 = court, ferme des descendants de Jodilo
(voir Joulens), n. pr. germain. Rien de commun avec Coriolan
dont on a voulu le dériver. (Revue suisse cath., 1900, p. 871.)
Corjon, ruisseaux à Nyon (aussi Cordon), Echandeus, à Sau-
braz et à Châtel-Saint-Denis ; loc. au Mont, Ëclagnens, Bour-
nens, Seigneux, Boussens, Echallcns ; pâturage et sommet au
Pays-d'Enhaut, Corgion^ i332 ; probablement dérivé de chorda,
boyau, pris au figuré pour vallon étroit (d-j).
Corjoa, m. à Sorens = cour, ferme de la joux, de la forêt, à
moins que ce ne soit une autre forme de Corjon.
Cormagens, Sarine, Cormagin, ii48, M. F. I, 269, xii® s.,
Donat. Haut., Arch. Fr. VI, Cormargin, 1294, Cormargens,
i44^9 ferme d'un Germain.
Cormanon, ham. près Fribourg ; court, ferme de Mano ou
Mann, de Tall. mano, homme. Fôrstm., p. 908, cite justement
un endroit appelé en latin Afannoniscurtis : c'est l'exacte traduc-
tion de Cormanon. Du même nom germain dérive celui du village
français de Prémanon, à la frontière prè^ Saint-Cergues.
Cormayeux, loc. à Vollèges, Valais, comme Cormayeur
d'Aoste ; de carte m majorem, la grande ferme.
Gormerod, Lac, Fribourg, vers ii43 et 1180, Arch. Fr. VI, 7,
107, Cormoral, xiii« s., Cormoraiil, 1869, Cormeraul, i483,
Cormeraud, i56o = court, ferme de Moralah, Morolt, ou tel
108 CORMINBŒUF — GORNAUX
autre nom germain de la racine maur, môr^ empruntée au latin
mauruSy noir.
Coruiinbœaf, Fribourg, Cormenbo, ii^s, M. R. XII et vers
1180, Arch. Fr. VI, Corminbou, wj^, Kormanbow, i449» Arch.
Fr. V, 428, CormenboUy i445, Cormenboa/, 1470, M. G. XII,
7, etc. = court, ferme de Aîainbod, n. pr. germain ; la finale
devenue bœuf en fr. par confusion avec le patois bauj bœuf.
Cormoley, bois à Monthey ; de corme, lieu où abondent les
cormiers ou cornouillers.
Cormondes, Fribourg, Cormunt, 1228, M. R. VI, CormoneSy
i363, i^aS, R. dipl. VII, Cormondes, i453, etc. = ferme de
Manda, n. pr. germain.
Cormondrèche, Neuchâtel, Cormundresge, 11 78, Cormun^
dreschcy 12 15, Cormundrehchi, Cormondrechy^ 1281, Cormon-
dresche, 1268 = ferme de Munderich, n. pr. germain.
Gormoret, D. Gourtelary, Cormoret, 1178, 1817, Cormorel,
1228 = ferme de Morel, forme postérieure du n. pr. germain
Mor, Moro, du v. h. ail. môr, noir.
A la ComaZy aux Cornes, lieux-dits situés dans une pointe du
territoire ou sur quelque promontoire plus ou moins saillant ;
nombreux dérivés diminutifs : Praz Cornet, alpe de Château-
d*Œx dominée par deux crêts boisés, les Cornettes, sommet. Va»
lais, le Grand Comier, sommet du Valais et champs à Rennaz,
Cornallaz à Epesses et Corseaux, Cornaux, ham. à Montreux,
Es Cornaux à Luins, rA>rnillon, petit sommet sur Vionnaz, Cor»
nilly à Bex, Cornuet à Chesières, Es Curnilles à Chardonne,
rx>rnache, patois Comatze, plus. loc. Genève, Vaud et Valais,
augm.
Cornat-la-Lîèvre, loc. à Courtetelle, Berne ; fausse orlh. de la
carte pour Corne à la Lièvre.
Ck)rnaux, Neuchâtel, eccl. CorneoliensiSy abbat. Corneilîy
1143, Cornaulx vers ii5o, Curnaul, 1212, 1220, Curnal, i2i5,
1228, 1800, Ciirnau, i255, paraît par ces formes primitives être,
comme les autres Cornaux, un diminutif de corne, en tout cas rien
de commun avec cerne, comme le veut F. Chabloz, M. N. XX.
CORNIOLESSE — CORRENÇON 109
Gorniolesse, loc. à Vétroz, Valais, et Corniolire, loc. à Sig-ny^
D. Njon ; endroit où abondent les cornouillers, patois cornioley.
Comol, D. Porrentruy, ail. Gundelsdorf^ Gundolstorf, i245,
Coronotum, ii36, Coronolt, iiSg, Coronot, 1286, Correnol,
i343 = court, ferme de Gundold, contraction de Gundooaidj
n. pr. g-ermain. Le n. fr. n'est qu'une corruption du n. ail.
Corpataux, Fribourg, Corpaslur, 1142, Corpastor vers 1176,
Arch. Fr. VI et iSig, Corpaiour, i38o; ferme du pasteur, du
berger.
Gorraterie, rue à Genève, anciennement Courraterie, autrefois
nom de tout le faubourg* entre la ville et la jonction de TArve et
du Rhône, étjmologie fort discutée.
D'après Bonivard, rue des corroyeurs, du v. fr. corroier, parce qu'on
y coarratail les cuirs. Mais il n'y avait là aucun établissement de tan-
neurs, nous dit Galiffe (Genève historique, I, p. 146 et suiv.), qui, rap-
pelant son nom du xv« s., la Carrer ia corrateriœ eqaorum, en fait la
me du Cours aux chevaux, endroit où les corratiers, les maquignons
faisaient courir à l'essai les chevaux mis en vente. Enfin M. Jules Vuy,
en i867y dans une séance de la Société d'histoire de la Suisse romande,
dans une note fort intéressante, « Origine du mot Gorraterie », Mém.
Inst. Gen. XIV, 7 et suiv., le dérive de corrata, autre forme de cor'
vala, coliatOy gollata, corvée, impôt, tribut, en le rapprochant des Gol-
latengasse de plusieurs villes de la Suisse allemande, Aarau, Bienne,
Bûren, Berthoud, rues situées entre la muraille intérieure et la muraille
extérieure de la ville, où habitaient des gens qui ne jouissaient pas de
tous les droits des citoyens, mais qui étaient soumis à des corrata ; ils
étaient des corraterii, de là le nom de leur quartier, Gorraterie. Le nom
allemand de Gollaten, corrompu, est devenu parfois Goliath. Le profes-
seur Hidber a publié sur cette question un mémoire : « Der Goliath in
Regensburg und die Goliath und Gollatengasse iiberhaupt, Beru, 1875. »
A l'explication de M. Jules Vuy, Galiffe répond : « Quelque valeur que
cette interprétation puisse avoir pour d'autres villes, nous devons dire
que nous ne trouvons aucun indice qui puisse l'autoriser pour Genève et
sa banlieue. »
Gorrençon, ham. de Saint-Cierges, D. Moudon ; ferme de
RenzOy contracté de Reginzo, n. pr. germain. — Le nom de
Conestum, ii47» Cart. Month. M. R. XII, Conostiim, ii54» Co-
nesturriy 1184, près Aillerens, que le Dict. hist. Vaud et Hidber
rapportent à Corrençon ne nous paraît pas avoir de parenté éty-
110 CORREVON — ES CORTETS
mologique ; au contraire, une loc. près Aoste loco qui vocatur
Corenzoni, 1190, M. R. XXIX, 127, nous semble être le même
nom que notre Corrençon. L'endroit appelé Connenczon près
Saint-Cierg^s, charte de 1622 citée en note M. R. V, i5i, est évi-
demment Corrençon, permutation r-n (ou fausse lecture ?).
Correvon, D. Moudon, Corevont, 1166, Corevone, 1169, Hid-
ber, II, Correuolt, 1182, M. R. VII, 28, Corevunt, 1182, 1228,
Coreoont, 1228, Corooont^ 1247, Coreoont^ 1267, Wrstb., Cor-
revont ^ il\bZ ; d'après la forme de 1182, paraît être la ferme de
Redbolt, n. pr. germain donné par Fôrstm., p. 996, — ou quelque
autre nom très voisin de celui-ci, — (chute du d et permut. b-v).
Corseaux, D. Vevey, Corsial, ii47» dorsal vers 11 70, Arch.
Fr. VI et vers i2i5, M. R. VI, 35i, puis Corsaul, 1272, 1872,
Corsau, ï453 ; simple dérivé adjectif de cort, ferme.
Corserey, D. Sarine, Fribourg*, Corserei vers ii5o, Donat.
Haut, n» 208, 216, Corserer, 1802, R. dipl. II, 20, Corseray^
Kuenlin ; Corsier, Genève, Corsie^ i844 ; vill. près Vevey, Cor-
sierj 1079, Corsiey^ ii47i Corsiacum, "79> Corgie vers 1180,
Donat. Haut., Corsie, 1228, Corsiez, i4o3 ; Corsy, h. de Lutry,
Corciacutn, 907, Corsiacum, 1275; de (fundum) Curtiacum^
domaine d'un Curtius, gentilice romain. La forme Corise de
1079, M. R. VII, 4, est évidemment une faute pour Gorsie. Hisely
y rapporte avec doute le Corge, Corgia du Gart. Haut Grèt,
voir Gorge.
Gorsinge, ham.de Meinier, Genève, Corsingium, 1807, 1878,
Cursingium, 1816, M. G. XIV ; le sufHxe inge indique la déri-
vation d'un patronymique germain = chez les descendants de
CursOj Corso, Fôrstm., p. 820.
Cortaillod, Neuchâtel, Cortaillaul, 1180, Cortaillot, 181 1,
Cortallyot, 1887 = court, ferme AWgilald^ n. pr. germain.
Coptébept, Gourtelary, Cortaibert, 11 78, Corleber, 1880 =
court, ferme à' Albert, contraction àWgibert, n. pr. germain.
Fôrstm., article Agabert.
Es Ck>ptcts, nombreux petits chalets sur Monthey ; diminutif de
cort, de cortem, ferme.
GORUZ — COTTERD 111
Le €k>ruz, affluent de la Mentue, à Dommartin ; paraît formé
de nu, ruisseau, et préfixe cum; mot composé comme ceux de
G>]liéseSy Conflens, Conjour, etc.
Gofisonay, Cochoniacum, 1096, Coconiacam, xii» s., Con-
sonaiy 11 47» Cosonai, 11 64, A. de Cosciniaco vers 1200, Coso-
nay, 1202, Cossonay^ 12 18, M. R. VI, io4. D'après la forme de
1200, ce serait un (fundum) Cossiniacum^ domaine d'un Cossi-
niiis, çentilice romain, dérivé de Cossus, surnom d'une branche
delà fameuse famille Cornelia. Correspondant des Kûssnachde la
Suisse allemande. Toutefois les formes primitives et le suffixe ay
rendent cette dérivation incertaine, iacum devenant régulièrement
ier, iez ou v.
Costalet, loc. a Yvonand, Gotalet à Saint-Jean, Valais; dim.
du v. f. costal, de costa, côte.
Les Cotards, 3 ham. à la Brévine, Neuchàtel ; les Cottards,
2 pÂtur. à Rossinières ; de costa, côte, et suff. augm. ardy « ou
bien du v. f. costal, avec la même transformation qui a changé
brancal en brancard. » (Note de M. Bonnard.)
Aux Cottaires, loc. à Chardonnay ; Cotteîre à Rovray ; de
co«/a, côte, et suff collectif aire ; Côly, val de Ruz, Couty, 1794,
collectif ; la Côtelette, pâturage de Baulmes, double diminutif.
ColteDS, P D. Cossonay, Cotens, 1049, ®^ ^^ Fribourg, ail. Cot-
lingen, Cotens, 1142 et vers i2i5, Coitens, 1198, M. F". III, 69,
Cotains^ 1228, Cotens, 1248, Cotteins, 1202, Matile ; 3® ancien
fief à Begnins = chez les descendants de Cott, n. pr. germain.
Tr, I, 365, mentionne dans Tévôché de Bâle un allodium de
Cotheingis, 11 79.
Cottepcl, D. Avenches, Costel, i3G8, 1873; quartier d'Ollon,
CQsale del Coster de Oulam, 1211, Furrer, III, 62 ; loc. à Bex,
Cosierg, i4o2 ; ham. de Saint-Aubin et de Prez, Fribourg, Cot-
lert, quartier de Monthey ; Cottei»y, village de Bagnes ; Coster,
moulin à Burtigny ; Bel Cx)ster, crôt, Jura de LigneroUes ; C'ot-
lep à Aubonne ; alpe d'Evolène ; Cotlier, alpe d'Anniviers. Des
chartes valaisannes du xiii® s. parlent du Coster de Nax, 1228,
1243 et d'un Coster à Arbignon, d'un autre à Chaler (Ghalais),
112 COUAZ — COULA
i325 ; une de Haut-Grét, d'un U. de Costel vers i i5o, M. R. XII,
i52, une autre d'un Coterel k Lussy, Frib., 1260. Un Cotterelj
Cotrei, environs de Chardonne, xii« s., Donat. Haut. Toutes les
formes anciennes ramènent à costel, dim. de costa, côte, d'où coster
par permutation 1-r = coteau. Le d elle ff final sont parasites.
Couaz, voir Cuaz.
Gouchon, ham. de Sierre, Cosson, 1874 ; probablement un dé-
rivé en io, ionis, d'un gentilice romain, de Cautius par exemple,
qui a donné les Cossé de France ; en Couchon, loc. à Forel sur
Lucens et à Cremin, Couchette, chalet à Château-d'Œx, peut-
être pour Couchon, Couchette (comme Cou fin de Confin ?) et
Couvalou de Convalon. Conchon, Couchette, seraient des dimi-
nutifs de couche, fréquent au sens de combe, petit vallon arrondi.
En Coude, loc. à Envy, D. Orbe, située sans doute au contour
du chemin, comme les nombreux Crochet.
Coudraz, Coudre, Caudraz, nombr. loc., Cœudre, aux Ponts,
Neuch. ; du v. f. coudre, noisetier, du latin corylum. Coudray
(-ey-ex-et), Qiudray, Caudret, Cueudray, Tieudray à Salvan,
Cudré, Cudrex, -ey, -et, -y, les fém. Coudrée à Bardonnex,
Caudriaz, plus, loc, Coudrière à Mejrin, suff. coll. ière, le dim.
Caudraulaz, Leysin ; de coryleium, coudraie, un nemus de la
Coldra à Onens, une foresteria de Coldreta à Lentigny vers
1190, Arch. Fr. VI.
La CoufTa, loc. Ormont-dessus près de la Grande-E^u ; du latin
cophinus, probablement le même que le v. f. coffe, s. f., baquet,
bassin, allusion à la situation enfoncée de ce chalet.
Coufln, territoire, alpcs d'Ollon ; du latm conjînium, limite,
f. confin, permutation on-ou, comme couvent de conventus. Il est
à la limite d'Ollon et d'Ormont-dessus.
Cougnon, 2 loc. Ormont-dessus et dessous ; diminutif de coin,
le V. f. a cug'uet, le romanche cagn, caogn.
Coula, Coulaz, Coules, eys Coules à Granges, Valais, i3oi,
Coulayes, nombreux ham. Vaud et Fribourgp ; Coulai à Bex ;
subst. verbal de couler. Dans le Berry, une coulée de pré, suite
de prés formant un fond de vallée. Le ham. de CouUat, Frib., les
GOULET — COURDELUNE 113
ruisseaux de Golan à Curtîlles et Gollens à Ferlens, en GoUen à
OUoD, paraissent se rattacher à la même racine. Les CouUayes,
ham. de Château-d'Œx, ont peut-être une autre origine ; ce nom
s'écrivait jadis Culaes : Jean de Culaes, iSôg, voir CuUayes.
Coula, Coulaye était au mojen âge un n. commun dont nous ne
saisissons pas bien le sens : Une charte du Livre des Donations
d'Hauterive, n^ i44, Arch. Fr. VI, 55, 1 190-1200, dit : Thebol-
dus... g-uerpivit pratum... et juxta idem pratum dédit colatam
unam, et nemus... colata, colline? Voir CoUatel.
Goulet, loc, vignes à Saint-Prex, Allaman. Le v. f. a coulet,
s. m. = goulot, qui peut s'employer pour désigner un lieu res-
serré, un passage étroit. 11 faudrait connaître la situation.
Goulouvrière, loc. à Chancy, Genève ; lieu où abondent les
couleuvres, syn. de Golovrex.
Goumattaz, pâturage et forêt au Pays-d'Enhaut, orth. francisée
de lall. Kuhmait, pâturage des vaches. Le Pays-d'Enhaut a de
nombreux noms d'origine germanique.
Goumin, ham. de Cheiry, Frib., Cumyn, i^QÔ.
Gour, voir Cor.
Gourcelon, ham. de Courroux, Delémont, ail. Sollendorf,
Curzelun, iiSg, Corcelun, 1175, Corselun, i243, Corsolon,
i3i7 = court, ferme de Sollo (n. allemand) ou de CellOy Zello
(n. f.), n. pr. germains donnés par Fôrstemann.
Gourchapoix, D. Porrentruy, ail. Gebstorf, Corchapu, xv«s.,
= ferme de Gebo, d'après le n. allemand, la forme française in-
diquant un dérivé ou diminutif du même nom, tel que Chappo.
Gourcbavon, D. Porrentruy, autrefois Châtel Vouhay, ail.
Vogtsburg, Castram Advocati (= avoué = Vouhay = Vogt,
comparez Montvouhay, Vogtsburg) ; le français actuel est plus
difficile : court, ferme de chaooriy peut-être dérivé d'une forme
* skapino, variante du saxon skepeno, du v. h. ail. sceffeno^
sce/J^eriy ail. mod. Schejffen, d'où vient le français écheviriy dont
un des sens correspond à avoué.
Gourdelune, mayen sur Saxon, Valais, écrit par erreur en
3 mots, Cour de Lune, par la carte Siegfried ; sans doute la pro-
M. D. SEC. SÉRIE, TOME VII 8
114 COURGYS — COURROUX
priété des Cordelo. Deux frères Martinus et Wullielmas Cordelo
sont nommés dans une charte de 1228, M. R. XXX, 38o ; défor-
mation de Cordelone.
Les Gourcys de Jaman, arête dentelée dominant le col de Jaman.
Serait-ce une métathèse du y. fr. croucit, sorte de croc^ allusion
aux pointes qui la couronnent ? On trouve un exemple de la même
métathèse dans Forchaux pour Frochaux.
Gourfaivre, Berne, Cor/avro, ii46, Cor/avrey ii48, etc. =
ferme du forgperon, latin yhôer, v. îr./avre.
Courgenay, Berne, ail. Jennsdorf, Corgennarty 1189, ^u'*^-
ffenari, Il ^i y Corgainarty 1181, Corgennay^ 1327 = court,
ferme à'Eginharty n. pr. germain.
Courgevaud, Fribourg, ail. Gupwol, Corgivulj io55, Cur^
givol, 1080, M. R. I, 167, Curgeuolty ii^a, M. F. II, 220, Cor-
givolt vers 1 180, Arch. Fr. VI, Gorgevolty Gorgivolty CorgivoUy
i2i5, M. R. VI, 325, 387, Curgioel, i45o = ferme de Giwalfy
n. pr. g>ermain.
Courlevon, Fribourg, Curlevon, 1428, Zimmerli, Corlevoriy
i45o, M. F. II, 3o2, CourlevoZy i56o = peut-être courte ferme
de Lewo/iy n. pr. germain (= lion) ; peu sûr, faute de formes
plus ancienne^.
GourniUens, Fribourg*, Curnillin, 1262, M. R. XII, 281, Cor»
nilinSy i3i2, Curnellîn, i34o, R. dipl. III, 29, CurnilUenSy
1369 ; d*après ces formes franc, peut signifier ferme des descen-
dants de NilOy n. pr. germ. de la famille Nil, Nihl, Fôrstm., mais
le nom allemand Curulirij i449> Arch. Fr. V, 4i8, auj. Curliriy
fait difficulté.
Gourrendlin, Berne, curtis Bendelana, 866, Currandelinimy
II 79, Rendelincorty 1181, Courrendeliriy 1239, ail. R^H^ndorfy
1184, aujourd'hui Rennendorf (1^20) = ferme de Rendiliriy n.
pr. g'ermain.
Courroux, Berne, ail. Latolsdorfy Corolt, ii48, Corul, i3o8,
Lutoltestorf, 11 46 ; non, comme le dit le Dict. géogr. Attinger,
de curtis rufus (sic !), mais, comme le montrent les formes an-
ciennes et le nom allemand = ferme de Lutolt, n. pr. germain»
GOURSET — COURTéPIN 115
Le Courset (Cours sec, fausse interprétation), torrent à Lavey^
Carsetum, laSo; Curset, 1281, M. R. XXX, dim.de cours.
Courson à Béguins, voir Gurson.
Gourtaman, D. Lac, Fribourg^ = court, ferme d*Amano, n.
pr. germ.
Gourtaney, ham. d'Avry sur Matran, Fribourg, Cortane vers
1 180, Cortanerj 1 288, Donat. Haut., Arch. Fr. VI, Cortaneir, i445.
Gourtedoux, Berne, Ceir//s Udulphi, Sit^, Curtedul, 1189,
Courtedou, i3io, Corledoul, 1862 = ferme dXMulf, n. pr. g-er-
main.
Gourtelary, Berne, Curtis A 1er ici ^ 962, Carte Aleri, 1178,
Cortaleriy 1178, Coralari, 12 15, Courtalary, 1296, Cortalari,
i3o8, Trouillat; Curtalari, lioo, F. B. FV, 28, etc. = ferme
A^Alerichy n. pr. germain ; du v. h. ail. a/, tout, très, et rich^
riche, puissant.
Gourtemaiche, Berne, Cordemasge^ 1189, Cordemasche^
ii45, Cordomache, 1179, Cordemaischej 1261, etc. = court,
ferme d'un Germain, dont le nom est composé de Aîasco, Masgo^
devenus plus tard Mctëch, Aîasche, voir Fôrstm., p. 916, 917, et
d'un préfixe représenté par la syllabe de, Vautrey, Hidber et le
Dict. d'Attinger d'après eux rapportent ici le Cartem mietiam de
866 et 884 ; c'est une erreur : ce nom se rapporte à Miéconrt.
Goortemlon ou Gourtemelon, ham. de Courtetelle, Berne ; pas
de formes anciennes ; probablement ferme d*Emilo, de la racine
onomastique amal, dérivée peut-être du v. h. ail. ami, travail.
Fôrstm.
Gourtemautruy, ham. de Cour^enaj, Berne, Cor te malt rut,
1162, Curthemaltrut, ii46, 1228, etc. = ferme d'Amaltrad, n.
pr. germ. de femme, comme tous les noms en trud; du v. h. ail.
trdt, ami.
GourtépiD, Fribourg, Curtipin, i848, Cartilpin, 1890, 1428,
i484, Curtelpin, i486, Rec. dipl. V, 67, VIII, 44, VIII, 91 =
ferme d'un Germain dont le nom reste, pour le moment, indéter-
miné. Fôrstmann a les noms Ilbo, Ilbunc, Ilpunc de la même
racine.
116 COURTELLE — COUTURAZ
Courlelelle, Berne, Curtetele, 1178, Cortetele^ ii84, 1267 =r
ferme d*Idelo, ItelOj n. pr. gcerm. Ne peut venir de Tello, comme
le dit le Dict. géogr. Atting'cr, cela donnerait Courtelle.
Courtinaiix, ou Gurtinaux, ham. de Lutry, Curtinal, 1227,
Courtenaux à Fully, Curtinal kVeXj 1260, et à Grimisuat, 1267,
Courlenaud(x) à Gélifçny, Courtonaz, chalets, alpes de Gontliey,
comme les Curtina, Gurtins, Curteg'ns du Tessin et des Grisons ;
du bas latin curtina, dim. de curtem, petite propriété rurale.
Courtion, Fribourg, Corliun, ii38, 1162, M. F. II, i3, 16, et
III, 66, Cortium, ii48, M. F. I, 269, Cortion, 1286, F. B. III,
et i3oi, Rec. dipl. II, 8, Corti/on, i453, Curtyon, i483. M. Paul
Marchot, Revue suisse cath., 1900, p. 80, traduit par Court,
ferme d'Yon, Pourrait être aussi cour, ferme de Tyon. Nous
trouvons ce nom g-crmain porté par deux moines d'Oujon : Tyon^
moine, 12 10, et Tiuriy procureur, première moitié du xiii® s., p.
i5et45, M. R. XII.
Cousinbert, montag-ne aux riches alpages près la Berra, Frib. ;
corruption, suivant les uns, du nom allemand Kàsenberg, mon-
tagne des fromages, mais plutôt de Gaissenberg ou Geissberg,
montagne des chèvres.
Gousset, ham. de Montagny, Frib., Cussey^ i343 ; peut-être,
comme les Gossé, Gosset, Gusset de France, de (fundam) Cau^
tiacum, domaine d'un Caulias ou Caucius, gentilice romain.
Nous trouvons dans les chartes un endroit non localisé : Casellam, de-
canus de Cuselli vers 1240, M. R. XVIII, 171, Humbcrl de Cusel, 1338,
M. R. VII, 302, serait-ce Gousset ?
(k)ussiberlé, Frib., Corsibellay, i425, Rec. dipl. VI, 208, Cur^
siberlex, i558 ; de court, ferme, et un n. pr. germain indéter-
miné. On pourrait penser à Berilo, mais cela n'expliquerait pas
ri intermédiaire.
Coiissy, pâturage et forêt Ormont-dessus, Cucey, i425 ?
(k)ulaz, une vingtaine de loc. Vaud et Frib., forme patoise de
côte ; CouloI et Coutelet à Prangins, Coutelles à Bullet, Coute-
pon, Peney-le-Jorat, dim.
En Gouturaz, loc. à Gland; c'est le v. fr. couture, s. f. sjn, de
COUVALOUP — COUVET 117
culture, terre cultivée. Aujourd'hui encore couture, dans le Berry
= gprand champ cultivé. Ce mot se retrouve dans de vieux noms
de rues de Paris : Couture Saint-Gervais, Couture Sainte-Cathe-
rine, qui datent du temps où ces quartiers étaient des terrains cul-
tivés.
Couvaloup, vallon à Lausanne, clausum Couvalou, Covalau,
1227, Couvalou, 1233, Coualou, i238, Cart. Laus. M. R. VI,
225, 543, 64i, Convalouz, i325, Covaloz, i3i8 ; territoire près
Lavej, CouvalonCy 1286, Conoalons, 1296; Couvaloup, aussi
Cuvaloup, pAturage et forêt à la Dôle, au-dessus de la forêt des
Balandes. On pourrait traduire Queue du loup, territoire écarté,
habité par les loups, et c'est probablement cette idée qui a donné
à ces noms la forme actuelle ; mais ce texte de 1202, où Pierre et
Hug'ues de Gingins donnent à Bonmont des terres € usque in con-
vallem de Balenda, )► M. G. XV, 17, montre la vraie orig'ine, de
cum et vallem^ * vallonem ; localité dans un vallon, conforme d'ail-
leurs à la situation des trois localités. Le nom de la rue de Couva-
loup à Mortes près des fossés de la ville a évidenmient la même
origine. M. B. Dumur nous communique obligeamment le texte
suivant: En 1294, Cono, prieur du couvent de Lutry, mentionne
« quandam domum nostram... sitam infra villam de Lustriaco,
inter domum nostram que dicitur domus de Couvalou ex una
parte, et clausuram murorum ville predicte ex altéra. » (Arch.
Cant. Vaud, Reg. cop. II, 3i.) Cette maison de Couvalou était
donc près des fossés de Lutry, comme le Couvaloup de Morges.
Le changement du premier on en ou, Convalon-Couvalou, est ré-
gulier comme couvent de conventus ; quant au second il s'explique
par le besoin instinctif de donner un sens au mot.
Gouvet, Neuchâtel, Coves, i38o, Covety 1470, 1569, Mus. N.
XLI ; les Covels, pâturages à Cormoret et Villeret ; Sur le Covet,
m. à Essertines (Echallens), le Covet à Chavannes-le-Chêne ; les
Covats, ravins de la Veveyse "à Saint-Légîer ; du v. fr. cowet^ s.
m. syn. de cuve, au fig. endroit creux.
M. A. Godet, M. N. XXIX, 60, parlant de la faïence fabriquée au
xvi® s. déjà à Gouvet dit : « On fabriqua d'abord des espèces de réchauds
118 COUVIGNE — CRANS
appelés covets qui ont probablement donné leur nom au rillage de Cou-
yet. » Il oublie que le nom du village existait plus d'un siècle aupara-
vant. Ce sont plutôt ces réchauds qui tirèrent leur nom de celui du vil-
lage.
Gouvigne, pâturage, sejte de Cergniat, Ormont^-dessous ; forêt
à Salvan-Finhaut ; Cuvigne, 6 pâturages de Gruyère, à Montbo-
YOQ, Albeuve et Grand villard, m. à Granges d'Attalens ; Guvi-
gnettaZy dim. ; en Kevegne, loc. au Pillon, avec vieux sapins ;
de covagne, kevegne y vieux sapin branchu, creux, à lichens, le
gogan du Jura = pâturages, forêts avec de tels sapins.
doux ou Gouz, col au val d'Illiez, montem qui dicitur Co/,
1188, montem de Culj 1209, M. G. XV, 4» Coul^ ia33, en Col,
1272, Couly 1268, Furrer, 77, et i438, M. Inst. Gen. VIII, i3;
Sur le doux, loc. à Champéry ; autre forme de col,
Govatannaz, gorges de TArnon sous Sainte-Croix, loc. à Va-
lejres-sous-Rances, Epauthejres, ruisseau très encaissé près Gris-
sier, autre près de Romanel, Lausanne, Covatana, i357 ; de
caua, creux, et tanna, caverne.
Grai ou Gray, sommet sur Château-d'Œx ; petit sommet près
de Saint-Imier ; le Grey à Combremont ; au Grey, ham. de Châ-
tel-Saint-Denis ; du celte crag, pierre, rocher, s'emploie aussi en
Dauphiné.
Gpaivavers, loc. à Chailly, Lausanne et Préverenges ; Graiva-
vert, ruisseau au Jorat, Crevaveel, 1 5167 ; de crever et v. fr. veel
= veau. C'est donc Crève- veau, nom analogue à celui de la
combe de Greva tsevau, près Saint-Cergues, ainsi nommé parce
que les chevaux s'y abattaient souvent.
Gramoux, loc. et bois près Palézieux, Cramot, 1274, 1296,
Cart. Haut-Crôt, M. R. XII, 109, 128.
Grans, D. Nyon, Cranos, 1009, M. R. XIX, Crans, 1019,
io36, 1173, M. R. VI et VII, 1179, 1296, M. G. IV, 83, XIV,
CranZy 1219, 1246, M. G. XIV, IV, 66, Craanz, 1224, M. R.
XII, 184, Craniy i236, M. R. VI, 391, 393, Cran, i3oo, M. R.
V, 237, i5io; les Grans, loc. (prairies) à Buix, D. Porrentruy;
Gran ou les Grans, plateau avec étangs et canaux sur Lens, Va-
l*.
GRAPOSAIRE — CRASSIER 119
liis. D*après Gatschet (Promenade onomatolog^que), d'un bas la-
tin crana = tranchées, fossés dans les prairies. « En tout cas, il
faudrait supposer une forme cranus de ce mot pour expliquer
cranos. » (Bonnard, in litt.) Ce serait un mot de la famille de
cran, entaille, wallon cren, latin crena. On pourrait peut-être y
rattacher les lieux-dits aux Crénées à Myes et aux Oenex à Bex.
On s'étonnera peut-être que ce mot puisse désigner une localité :
il ja l'exemple de es Rifjjpoles assez fréquent et de Grabe, Grabou,
encore plus répandu ; voir ces mots.
Graposaire, marais près Senèdes, Frib. ; probablement cra-
paadiére.
Cras, nombreuses localités dans le Jura bernois ; synonjme de
Crét, C'est une fausse orthog'raphe : on devrait écrire Crât, di-
minutif Gratat pour Cretet (permutation jurassienne de e en a,
Clochatte, Combatte, Rochatte), etc.
La Grasaz, loc. au bord du lac de Neuchâtel entre la Corbière
et Autavaux, Frib. Ce mot de crase se retrouve comme n. com-
mun à Coppet : crasat ravine profonde (Bridel) et dans le C. de
Genève où il désig'ue les falaises qui bordent l'Arve et le Rhône
près de Genève ; « ces escarpements pittoresques que nous nonunons
aujourd'hui des crases, ruinae dans les chartes féodales, » Galiffe,
Genève hist. II, 17. Probablement de la racine du verbe écraser,
acraser en dialecte g^enevois, que Littré dérive du vieux Scandi-
nave krassa, suédois crasa, broyer, nom dû aux érosions du
fleuve, qui broie le coteau, ic Non seulement les formes bizarres
affectées par les crases changent d'année en année, mais nous
avons vu, dans l'espar^c de quelques lustres à peine, disparaître
entièrement des sentiers, voire des routes carrossables qui cô-
toyaient nag-uère ces falaises dont les éboulements ont lieu souvent
à la pose, d'un seul coup. ^ Galiffe, ib., p. 18.
Crassier, D. Nyon, ecclesia de Craciaco, xii® s., M. G. IV,
89, Craceie, 1128, II, 27, Cracei, ii64, IV, 78, Gracie 5 fois
XIII* s., puis Crassi/j Gracie r^ etc. = (fundam) Graciacum,
domaine d'un Grassius, g'entilice romain dérivé du cognomen
(surnom) Crassus. — Il y a aussi un cog'nomen romain Gracus,
120 CRAU — CRESSIER
d'origcîne barbare, qui aurait pu donner un g^ntilice Gracias. De
Vit, II, p. 48o, 48i.
L'église de Saint-Eusèbe in villa Craciaco de 1110 donnée à Saint-
Claude par Guy, évéque de Genève, que le Régeste genevois serait dis-
posé à trouver dans Crassier doit être cherchée ailleurs : l'église de
Crassier était sous le vocable de Marie-Madeleine. Sa possession était
contestée par l'évéque de Genève et l'abbé de Bonmont auquel elle fut
adjugée par jugement arbitral en 1225 et nous ne trouvons nulle trace
de Saint-Claude qui a gardé ses possessions ailleurs (Genollier, Saint-
Cergues) jusqu'à la Réformation.
Grau, Craou (Frib.), Graux, Groux, Grosex (collectif), Gro-
set, Grosat, Grozet, Grozat, diminutifs et les fém. Grausaz,
Graousaz, correspondants du fr. creux, bas latin crosum, de cor--
rosas, rongé, creusé ; les Greuzas, ravins au col Ferret, Greu-
zier, alpes de Saxon ; nom d'un grand nombre de localités, en-
droits creux ou ravinés. Grosettes à Bougy-Villars, Grosettaz,
Vouvrj, les Groisettes, Lausanne, Crosetes, i233, diminutifs^
les Grosayes, alpes d'Ëvolène. Un mot parent par le sens, mais
d'origine différente, est le Gropt, les Gropts. Voir plus loin.
Grebelley, ham. de Noville, Cresbelley et Crebelley, i4o2,
M. R., 25, II, 27. 120 ; Grebellay, loc. à Vionnaz, Valais, Crest-
bellei/y vers 1720, Grebeley, loc. à Mossel, Fribourg ; peut-être
de crêt et v. fr. belle t, dim. de beau.
Gredery, loc. à Satignj, Genève = crél-dery, derrière, par rap-
port au village.
Gremin, D. Moudon et Grémine, D. Moutier ; pas de formes
anciennes. Auraient-ils quelque parenté avec cramena, grand
froid, localités au climat rigoureux ?
Gremîre ou Crémière, vill. près Ghardonne, D. Vevey,
CrimièreSt 1199 et 1288, M. R. VI, 388 et 667; d'après Gat-
schet, lieu couvert de broussailles, de cremea, cremiuni, bois à
brûler.
Grépillaux, ham. de Vuibroje, D. Oron, Cresl PyoulliouXy
i3io; patois piaullhiauj pouilleux, au sens de pauvre, stérile.
Voir Pouillerel.
Gressier, Gressy, voir Crissier.
CRESSONNIÈRE — CREY 121
Cressonnicro à Moiry et Ferreyres ; ham. près Saint-Cergues ;
endroits où abonde le cresson.
Crésuz, D. Gruyère, Fribourg-, Cresu, CrisUy i3oi, Rec. dipl.
II, 8, Crissa, i442, Crisu, i5ii ; on trouve encore Crisus, Cré-
iieaXy Crusuz (Kuenlin). Serait-il possible de rapprocher ce nom
dus. m. craisu, l'antique lampe de nos pères; du v. fr. creasealy
espagnol crisueloy mot d'origine incertaine qui, d'après Littré, du
sens de lampe a passé à celui de vase creux et a donné le mot
creuset. Ou de la famille du v. fr. cruise, s. f., coquille, Berry,
creuse, vaudois croise, diminutif craisille, conque, vaudois cra-
sille? Crésuz, 900 m., est-il assez enfoncé pour que sa situation
puisse se comparer à la concavité d'un craisu ?
Oèl, autrefois Crest; du bas latin cristum, forme masc. du latin
crista, crête de coq, au fig. arête, de là Crête, Crettaz. Diminutifs :
GreUion, Ormonts, Crêtel, Cretelet, Cretillon, Grètenet à Sul-
lens, CretoUiet, h. de Servion, Crêtolet, Cretalet, Crettallaz ;
Oèlasse, Oêtasson, augm., Crettex, val d'Illiez, collectif;
Crêlayoux à Leysin, composé = Crête (de la) joux, de la forêt.
Cretely, clos de vignes à Vevey, En Elles, 1175, 1288, lo
Crest de Elles, Crestelles, M. R. VI, 35 1-869 ; plus tard les
Credylles (il y a un Crest d'El à Collex-Bossy, Genève).
Cretodon, loc. à Géligny ; pourrait être un Crêt-Odon, de
Odon, n. pr. fréquent au moyen âge ; il faudrait des formes an-
ciennes pour décider.
Creugenat, ruisseau temporaire à Porrentruy, Creuzenans,
xiii« s. ; de creux et gênais, gêna, sorcier, parent du latin ge^
nias, génie, démon favorable, provençal genh, gien.
Au Creussenay, Evionnaz = au croisonnier, pommier sauvage.
Crevey, ham. de Nendaz, Valais, Creoeyz, i255, Crevis,
1272 ; es Creveys, 1241, es Creoeiz, 1262, à Varone ; m. à Char-
mey ; Crevez, loc. Etoy, Saint-Prex, Vuittebœuf ; peut-être
formes du v. fr. crevé t, crevasse, fente ; Crevey de Nendaz est près
de grands ravins où le sol est très accidenté, coupé de précipices.
Crey, à la — , 4 ham. Fribourg, m. à Chavannes-le-Chêne =
k la Croix.
122 CRINCINIÈRB — CROISETTES
Grincinière, n. commun de plusieurs sources plus ou moins
ferrugineuses au Val-de-Travers, à Motiers, Couvet, Buttes, Tra*»
vers ; corruption de crinsonière, fr. cressonnière, de cresson, en
patois crinson.
Grissier, Lausanne, Crisseij 11Ô7, M. R. Vil, 17, Crissiez
1174» Crisiacum^ 1190, CrissieXy ia54) Cryêsiey ia84, etc.,
Cressier, Fribourg, Criisey^ 1080, M. R. I, 167, Criêsie^ 1228,
etNeuchâtel, Criseiy 1081, F. R. I, 345, Crissiey 1178, Criscia*
cuniy 1180, Crissi, 121 3, Cressiej 1180, 1217, i3oo, Crissiez y
i333, etc. ; Gressy, ham. d'Onex, Genève ; de {fundum) Criscia-
curriy domaine d'un * Criscius (nom inconnu è De Vit qui a les
gentilices Crisius et Crîtius). Ces noms n'ont rien de commun
avec le cresson dont Gatschet veut les dériver.
Le Grlstalin, ruisseau au N. d'Oulens ; tire probablement son
nom de la limpidité de ses eaux ; adj. v. fr. cristalin (xv« s.).
Le Crochet, m. à Bex, h. de Mont, loc. à Belmont, m. à Che-
seaux-Noréaz ; du n. com. crochet, dim. de croc, au fig. pour lo-
calité à un détour du chemin ; on dit c faire un crochet », dans
ce sens. Schlatter — - St. Gallische romanische Ortsnamen —
cite plusieurs localités des Grisons et de Saint-Gall, Krogs,
Crogs, Grogs y du romanche croch, crochet, où l'on arrive par
des chemins en zîg-zag*.
Le Crocolet, petit ham. d'Ormont-dessus, « abréviation de
Crocolébailli = le Creux à Colet^Baillify le Cropt-Bailli/,
1782. (Note de M. Isabel.)
Crocs, Roche des — , près la Sagne, Neuch., ainsi écrit par la
carte Siegfried et le Dict. géog. suisse d'Attinger ; la carte de
Mandrot, M. N. XIV, écrit des Crois, F. Chabloz écrit roche des
Cros, des corbeaux, cro ou crot = corvus corax, oiseau fréquent
dans ces rochers. L'orth. de Siegfried est évidemment fautive,
et pour cette fois nous nous rangeons à l'avis de M. Chabloz.
Une preuve à l'appui de notre opinion est fournie par la Pointe
du IVid-du-Crô, saillie de rocher près du lac, à TE. de Neu-
châtel.
Croisettes près Lausanne, les Crosetes, 1288, Cart. Laus., M.
CRONAY — CUARD 123
R. VI ; non de croix, comme le prouve la forme ancienne, mais
dim. de crosa, creux ; voir Crau.
Gronay, Yverdon, Crosnaiy ii42, M. F. II, 221, et 1174, Cart.
Month., M. R. XII, Cronaiy 1160, 1228, CroneXj xiv« s., et
1793 ; de (/andum) Cronacam, domaine de CronuSy cog^nomen
{surnom) romain.
Le Cropt, quartier de Bex, chalets à Plambuit, Chesières, alpes
d'Oilon, les Gropts, pâturage à Bex et Ormont-dessus ; le Crot,
pâtura^ à Ormont-dessous et au Vaud, Jura ; du v. fr. crot ; et
la CroUaz, passage dans les rochers près Lavey^ loc. à Corseaux ;
Ooles et Crottés, 4 loc. Frib., les Crottes, ancien nom des fa-
laises du Rhône près Genève, loc. à Cheseaux ; le chemin le
CroUon du Risoux ; le Croton à La Tour, Crotet, dim., m. à
YuUiens ; v. fr. crotey dim. croton^ du latin crypta^ grotte.
Cros, Croset, etc., voir Crau.
Les Crossettes, Grandes et Petites, deux combes à la Chaux-
de-Fonds ; fausse orth. de 1 atlas Siegfried pour C rosettes ^ — dim.
de cros, creux, — orthographe régulière qu'emploient le Dict. At-
tîoger et M. G. Huguenin dans sa Description de la Mairie de la
Chaux-de-Fonds, Etrennes Neuch. II, io3 et passim.
La Crotèle à Pâquier, Neuch., m. isolée dans un bas- fond ; de
crotey s. f. du latin crypta, et suff. dim. elle.
Croumaclire, loc. alpes de Lens, Valais ; patois vaudois kre^
mallhirCy fr. crémaillère, du bas latin cramacula : pâturage sur
ane pente rapide, comme suspendu.
Cpoy, D. Orbe, villagium de C race y d'après F. de Gharrière,
M. R. III, 24, synonyme des divers Croix : au croisement de plu-
sieurs chemins.
En Cry, loc. à Valeyre-Orbe, montagne à Conthey et loc. à Sa-
vièse, Valais; Crie, terr. à Bex, Criez, 1 198, Hidber, II, 1248, 1247,
1281, M. R. XXX ; Crie ou Cryes, ham. de VoUèges, Valais. Un
dry de France, Yonne, s'appelait jadis Griacum, Holder, 11 65.
Les nôtres ont sans doute la même origine (f andum) Criacum,
domaine d'un Crius, peut-être forme latinisée du n. grec Grios.
Au Cuard, ham. de Rue, Fribourg ; les Coards ou Couards à
424 CUARNENS — CUASSIÈRES
Gorcelles, Neuchâlel ; Cuarot, m. à Villarimboud et Arconciel,
dim. ; du patois eu et suffixe ard. C'est un n. commun au moyen
âg'e : en la Prela unum cuarum, una tola juxta supradîctum cua--
rum, » Donat. Haut., n» Sog.
Cuarnens, D. Gossonaj, QuarningiSy looi, Quarnens après
loig, M. G. XIV, villa Qaarnensis, logô, M. R. III, io4, Cuar-^
nens, ii49, ii77> Quarnens^ i25i, M. R. XII, it^^Quarneyrts,
1273 ; d'après le suffixe ing-is = chez les descendants d'un Ger^
main dont le nom reste à déterminer.
Cuarny, Yverdon, Quarnie, 1174, ii77j CuarnieZy i449,
Cuarnier, i453. D'après Gatschet, de (villa) quercina (ferme)
des chênes : plus que douteux, quercinus étant devenu chêne en fr.
et dans tout le pays romand. Vient plutôt d'un n. pr. gallo-ro-
main, comme toutes nos localités en ie, y, ier. Quant au nom lui-
même, il est possible que ce soit le même nom, latinisé, que le
nom germain dont dérive Cuarnens.
Cuaz^ Couaz, etc., nombr. loc. dans tout le pays romand, par
exemple la Cuaz à Géronde, Valais ; la Quaz, croupe entre Saint-
Sulpice et Buttes, Neuchâtel, un Cuaes à Arconciel, 1471? Couaz,
3 pâturages de Gruyère, Cué à Chandolin d'Anniviers, Cues à
Bercher, Vaulion, Villars-le-Terroir, Cuvaz à Châtel-Saint^Denis
et Gruyères, Longecuve (Longue Queue), ham. de Pâquier et de
Pont-la- Ville, Fribourg ; I^nge Coue à Vufflens-la-Ville, 1278,
etc. ; es Clouasses, Yvorne, Cuasse à Charmey, augmentatifs ; du
patois cautty cuva^ queue : localités sur des croupes allongées
entre deux ruisseaux, ou sur une pointe de territoire, comme à la
Cuaz, à Gorcelles, Payerne, qui s'avance en enclave dans le terri-
toire fribourgeois. On dit dans le même sens en français Queue :
les Queues à Saubraz, au Lieu, à Château-d'Œx ; la Courte
Queue à Boécourt, Jura bernois. Queue d'Arve à Genève ; les
Queues de Perche, de la Ville, aux Ormonts ; Sur Queue, chalet
alpes de Bex.
Cuassîères, loc. Essert-Pittet, Cuessîre à Grissier, aux Ecues-
sires (pour es Guessires) à Ecublens, Vaud ; racine eu, et sufiF.
augm. asSj et collectif ière^ ire, parent de cuard.
GUBLI — CUGNY 425
Cubli, mont sur Montreux. Hiselj et Hidber y rapportent avec
doute le monte Chiblin, 1 154, ii55, Chiblino vers 1 185 du Gart.
de Haut-Crêt, M. R. XII, 6, i36 et 269.
Aux Caches, ham. à la Brévine, d'après Lutz ; Cuchon ou
Couchon, ham. sur Sierre ; parents de cachet , tas de foin, cout-
zet, sommet, cime.
En romanche, il casch, la cuscha désigne la souche haute de 60 à 80
cm. qu'on laisse en terre en abattant un arbre dans les terrains en
pente, et de nombreuses localités en tirent leur nom. Schlatter, op. cit.,
en indique 5 dans le canton de Saint-Gall.
Gudré, Cudret, etc., voir Coudre.
Cudreiin, D. Avenches, Curlejîn, 999, M. R. XXIX, 62, Cor-
delfiriy i2i5, Matile, Cordai fin^ 1240, Cadrejin^ i243, Matile,
Codalfrin^ 1268, Wstbg-., Cadrifin^ i3oo, F. B. IV, 16, Caa-
drefiriy iSoo, M. R. V., i35 = Coarl-Ulfin^ ferme (ÏUlJin, ou
latinisé Ulfinus, du n. pr. germain Wul/iriy de wolfy le loup.
Cudrevy, nom fr., dans Lutz, de Ciitterwily D. Sarine, Carti-
vri(y), i355, i36o, Caltiori, 1428, Cartivril, i436, i445, Ca-
tryvy, i555, Coartrivey, xviiP s. (Zimmerli et Stadelmann, op.
cit.) ; évidemment formé de court, ferme, et d'un n. pr. germain,
peut-être * Ibilo, dim. de /60, racine onomastique Ib. Fôrstem.,
p. 769.
Cuénet, loc. à Roche, Penthéréaz, Cucnix à Lejsin, Cunay,
trois pâturages du Jura sur Bière, Coinat, nom d'un ham. des
Breuleux et des quartiers d'Aile, D. Porrentruy, Coucnyon, trois
pâturages des Ormonts, les Cugnets (ou Quignets), combe à la
Sagne, Neuch. ; les Cugnons, loc. reculée, vallon d'Arpette sur
Orsières, Cugnonaux à Colombey ; formes diverses du v. fr. coi-
gnety petit coin.
Cufattes, voir Cuve.
Cugnerens, ham. de Vuadens, Frib., Canerens, xiPs., Donat.
Haut., Arch. Fr. VI = chez les descendants de Canhariy n. pr.
germain, de Cano, hardi, et hari, guerrier.
Cugny, loc. à Granges près Payerne et à Bardonnex, Genève ;
pourrait se rattacher à coin, comme Cunaj, voir Cuénet, mais il
126 CUGY — CULLY
nous semble plutôt dérivé d'un n. pr. Jubainville, p. 173, cite en
Gaule un Cunnacum qui viendrait du nom d'homme gaulois Gon*
nos. Un gentilice * Connius formé sur ce nom donnerait Con^
niacum ou Cunniacum qui deviendrait régulièrement Gugny»
donc : domaine de * Gonnius.
Cugy, Fribourg, villa Cuzziaco, 968, et Cubizasca, 1079, ^*
R. VI, 4 et VII, 4, Cubizaca, 1080, M. R. VII, 4, Cuzei, |ii42,
Gart. Month. 5, Ctizzie, 1228, M. R. VI, Cugie, 1280, Gart.
Month., Cuzie, i233, F. R. II, 129, CugieZj 1254» CugiCy i34i»
et Vaud, Casi, ii47» Gart. Month. 11, Cuzie, 1142, Gagiez,
II 74, Cuzet/y 1182, Gart. Month. ; Cugie, i4i6 ; de Cupidiacum
(fundurn)y domaine d'un Capidius, gentilice romain (De Vit).
D'après Hiseiy, Comtes de Genevois (Mém. Inst. G. II, 40), dans la
mention villa Cuziaco, au lieu de in comitatu Warasco, il faut lire in
comitatu Waidensi.
Culand, sommet et pâturage à Ormont-dessus, Gulant, sommet
à Rossinièrcs, Calant en Oiz, 1 238, M. R. VI^ 648, Culat, ham.
et Culet, sommet à Ghampérj, loc. à Troistorrents, Port- Valais et
Nyon ; la Gulaye ou Culée à Motiers-Travers ; les Gullayes, D.
Oron, CulaeSy i359 ; Culayes, ham. de Rougemont, en la Col-
ley te à Ghessel : endroits reculés, dérivé de cm/, souvent em-
ployé pour désigner le fond d'un vallon fermé : Beaucul sur 01-
lon et Montreux, Cul du Nozon à Vaulion, — de la Golaz à Yvo-
nand, — des Roches au Locle, encore en i8o4 dans les Ëtrennes
helvétiennes de i8o4 ; aujourd'hui Col, — du Vent, carte Merveil-
leux, aujourd'hui Creux, etc.
Culliairy, ham. de Sainte-Croix, dans une combe au S. du vil-
lage ; probablement le même que le s. cuillère, « du latin coch-
learey de cochlea, par comparaison avec la coquille du limaçon.»
Littré. Le Cuillerey, loc. à Courtépin, Lac, Fribourg ; c'est la
même métaphore que Conche de coucha.
Cully, D. Lavaux, Culliacum, Caillez, Cusliacamy ii54, Ma-
tile, Hidber, II (le Dict. hist. Vaud dit Gustiacum), Caliacaniy
1179, M. R. VII, Culliey 1223, Callye, 1275, Cart. Month., Cu-
lye, i383, Arch. Schw. XIII. D'après l'inscription Libéra Patri
CUQUERKNS — DAILLY 127
Cocliensi trouvée à Saint-Prex, 1774» -— si elle se rapporte à
Cully, comme on le croit ^néralement, — le nom primitif serait
Cocliacanij propriété d'un CocliuSj gentiiice dérivé du surnom
Caclias. De Vit, II, 368.
Guquerens, ham. de Bulle et loc. à La Roche, CoquerenSj
1277, M. R. XXVII, 67, Coqueririy i^ia, Arch. Fr. III, 117 =
chez les descendants de Cotthari^ n. pr. germain.
Gurefatte, ruisseau à Chancj, Genève ; patois fata^ poche,
vide-poche.
Gurson, écart de Grandvaux, D. Lavaux, Corson, Cursorij
i36o, Courson, i464; et Gourson, loc. à Begnins; probable-
ment, comme les Courson de France, de CurtiOy dérivé en io, io-
nis, du gentilice Curtius,
Gursille ou Gurzille, clos à Aubonne ; hanu de Remauffens,
Frib., loc. à Saintp-Prex ; peut-être synonyme de
Gariilles ou Courtilles, D. Moudon, Curtilia, 861, Curtilliy
ii449 Cartilij 1162, Curtiliacum^ M. R. VI, 4^6 ; ham. de Dar^
dagny, Genève ; loc. à Chexbres ; du bas latin curtile, jardin,
dérivé de curtis, métairie. Gourtillet, Gurtillet, Pizy, La Praz,
etc., dim.
Cuves, ham. de Rossinières, au fond d'un bassin arrondi,
CuveSy 1271 ; de cuve, s. f., bas latin cupa^ au fig. pour endroit
creux ; les Cufattes, pâturage et ham. à Bémont, Jura bernois ;
de cuve et suffixe jurassien atte = ette : plusieurs creux en eu-
yette dans le pâturage.
Daillens, D. Cossonay, Daliens vers 600, villa Dalletis vers
iioo, M. R. III, Dalens, 1182, 1282, DalleinSy 1288, DallyenSy
i344* Matile, Dalliens, i358, M. R. V, 869, — 2» ham. de Bot^
tens, D. Echallens =: chez les descendants de Dallo, n. pr. ger-
main parent du gothique deall^ illustre, superbe. Les formes an-
ciennes ne permettent pas d y voir le nom Dahsilo que suppose le
nom allemand Dachslingen qui date probablement de la conquête
bernoise ; voir Stadelmann, loi.
Oailly, Leysin, Ayent et Sembrancher ; Oaillet, ham. à Grône,
128 DALA — DARBON
Valais, Dalletum, i2i5; Dailly à Mordes, Grattavache; Daliy
à Vuadens ; Oalley à Lutry ; Oaillay, Roche et Lig^erolles,
Dalletis vers iioo ; Dailler à Château-d'CEx et Sion ; es Dail-
lères à Tartegcnins et Bellerive, collectifs divers = bois de dailles.
Le simple aux, es Dailles est très fréquent ; autres orthographes:
Dallaz à Villars-Sainte-Croix, Dalles à Bag'oes ; Dayes à Mon-
thej ; diminutifs : Daillon à Conthej (en patois Dadon), Dallon^
1267 ; Daillettes à Fribourg et Villarlod, etc. ; un Dallie à
Agarn, un Dalliez à Louèche, 1421, Dalje à Albinen ; daille,
nom romand du pin sylvestre, dérivé comme Tall. suisse dàhle,
d'une racine commune sans doute celtique.
Dala, rivière près Louèche, Dala, i332. Dans l'antiquité, Dali'
terni y habitants des environs de la Dala. Holder, 12 16 ; nom pro-
bablement celtique.
Daniphreux, D. Porrentruy, eccl. de Domno Friolo, ii4o,
Dam/riol, 1161, Dunfrioly 1178, Damphrioly I255, etc. =
Dominas (saint) Ferreoly patron de l'église.
Damvant, D. Porrentruy, Danval et Dampna Walle^ i346,
Danipvanty 1288, Dampvalx, 1476 ; de domina (sancta?) Wala
ou Wallia. Fôrstm., p. 1281, donne les deux noms de femme
Wala et Wallia.
Darbapara, pointe, alpes de Gryon ; de pare^ latin paries,
paroi et darbé. Darbélaz, ham. de Salins près Sion, Darballaz,
vignes à Saint-Maurice, Derbélaz, bois à Ormont-dessus ; dim.
Darbelenaz, loc. à Hérémence, Darboline, loc. alpes de Ley-
tron ; Derbally à Sales ; les Dopbalys, écart de Bossonens, Fri-
bourg ; Darbagnon, forôt et chalets au Sanetsch ; Dcrbé Sau-
dan, pâturage à Ormont-dessus, en Derby, forêt, Sainl-Gingolph,
Derbîs, bois à Maracon, et probablement Derborenee, alpe de
Gonthey ; de darbi, darbé, nom patois du sapin, employé surtout
en Savoie, derbi aux Ormonts. Dans la Veveyse fribourgeoise,
derbi, un jeune sapin qui a séché. Holder et Zeuss citent un mot
celtique darbiy derbi qui désigne diffcreuts arbres, entre autres
une espèce de pin.
Darbon ou Derbon, vallon sur Ardon, pâturage Ormont-des-
DARD — DAUDES 129
SUS ; Darboneire, alpe et glacier, vallée d'Hérémence, Valais ;
de derbony taupe, et derboneire, taupinière. De la vallée on ne
voit que la moraine du glacier de Derboneire, toute semblable à
une gigantesque taupinière.
Le Dard, ruisseau à Ormont-dessus ; autre sous Chamossaire,
affluent de la Grande-Eau ; un 3® à Rougemont ; cascade du No-
zon sous Croj ; es Dards, à Vérossaz ; diminutif : le Dardet à
Ormont-dessus ; figures, par allusion au cours rapide, aux nom-
breuses cascades ; le Creux des Dardeys, forêt sur Chamossaire,
collectif. Pierredar, aux Ormonts, composé ; voir ce mot.
Dardagny, Genève, villa Dardaniaco vers iioo, M. G. I, i48,
Dardanie, 1298, Dardagnier, i3o5, 1821 =(praedium) Dar-
daniacumy domaine d'un DardaniuSy dérivé du surnom (cogno-
men) Dardanus, De Vit, II, 564.
Dardens, ham. près Bulle, DardenSy 1298, i83o, Dardin^
carte vaudoîse, correspond au n. de lieu Tarodingin cité par
Fôrstm. = chez les descendants d'un Germain Tarod.
Es Dares, loc. à Ëpesses ; es Darenches, vignes au Mont sur
Rolle; peut-être du celtique dar^ kjmri dar^ irlandais dair^
chêne. Les noms celtiques d'arbres n'ont pas complètement dis-
paru devant les noms latins ; verne (guern) a prévalu sur aune,
sapin (sap) sur abies, darb (pin) et tann (chêne) ont laissé aussi
des traces.
Damona ou Darnonnaz, ham. sur Sierre, Darnonay 1267,
DernonCy cadastre de Venthone ; paraît dériver d'un n. d'homme,
avec le suffixe gaulois ona,
Darrey ou Darreï, nombr. loc. Alpes valaisannes, désignant
des parties reculées des vallons ; du latin de rétro, patois darrei,
provençal dareire, f. derrière.
Daucher, n. f. de Tiischerz sur le lac de Bienne, Tusschiers
vers 1280, TuscherSy 12C7, Tuschiers^ 1288, F. B. II, 66, 688,
III, 458. Nom sans doute d'origine romande, village germanisé
dès le xin« s. avec Douanne (voir Zimmerli, p. 42).
Daudes, m. à Lentigny, Frib. et Ghâteau-d'Œx ; la Daudaz
(pron. Daouda) à Grandvillard, en la Daouda, m. à Charmey,
M. D. SEC. SÉRIE, TUME VII 9
en la Dodaz, loc. k Ollon, Doiitles, loc, prés et jardins^ MoUens,
Valais ; probablement d'un aom propre germanique comme
Daldo, Dalda.
La Daiisaz, ferme aux Tavernes, JDrMa, ii54r iifiag Doasa,
1181, 1378, Cari. Haut-Crtt, M. R. XII. — Une loc. la Dousaz,
alpe de Lens ?
Daviar., ham. de Masson^x, Valais, Damas, i3iG ; de (dHIos,
casas) Damas, A\i g'cntilico 'Daviai,âa coga. Daoas, comme
Granias de Granius,
Le Dny, chute de l'Orbe et bameau près Vallorbe ; ^rges dn
l)ny, au-dessus de Pissevacbe, Valais ; Jeiir-Day, bam. d'Is^-
rablcs. Valais. On dit du dai pour brancha^ de sapin, en celtique
dail, feuillage; y aurait-il quelque rapport, et Jeur-day signi-
fierait-il la forêt de sapin ? Voir Daillc.
Dnzelet, vigne de Fontaine-André, Neuchatel, et Unzonet,
quartier du Loclc, autres formes de Dêzaley ; Oasalay en 1 134 ',
voir ce mot, le second avec permutation l-n.
Degottiau, le — , bois à Châleau-d'Œx ; forêt en pente rapide,
avec des sources, où l'eau descend de rochers eu rochers = dé-
g:onttoir, suffixe patois iau, comme Lanciau, Nancian.
I>eléinoDt, n. fr. Laiinant, 1181. t>ico Delemonte, 7^8, Hid-
ber, I, 4, Deleyinonl, laSg, 1257, Delémonl, i3i8 ; n. ail. Tels-
berg, ii3i, Thalesberc, iitii, Talesperc, 118/1, TelUberc, Tels-
perg, ta34, i3^3, aujourd'hui Delsberij ; cunstruction germa-
nique (comme la plupart des noms voisins du Jura en court et
velier) = mont de Dello, Tello, n. pr. germain.
Es Dniaises, Ecublens. Chescaux, Praz, Prib. ; Delèze, Marti-
gTiy, Cudrefin, Noville, Ollon, Delleytij, i^ïS ; Delèso, Pâtpiier,
et dim. Delezettcs, Ënney, etc. ; Dc^^^Jc.'^, Tornj-le-Graod ; (
permute avec r et n : Derèso ù Borrex, es Denèzes, Cbesalles
surMoudon ; la Tcroisï, orth. allemande, à Miëge près Sierre ;
contracté dans aux Dr.'tises à Pcseux et Draize, loc. & Neucbâtel.
Mot fréquent dans les chartes : un rivum de Derasiis, Ependes ou
Marly, XII» s., />erays( h Sierre. laSr, Dereysy, lagg, la De-
reysi k Bramois, ia5o, Deresy, 1376; une Oeraise près des Fa-
DBLLEY — DBNEZY 131
▼erges, Lavaux, ia5o, en la Derayse^ Ëpeodes, Frib., 1278, à
AHvemieTy 1280, Duraise au Landeron, 1378. Nom commun qui
désigne une clef de haie, barrière. Ce mot se retrouve en patois
savoyard : daraise, grille en bois ou en fer entre la nef et le
chœur, daresia dans les chartes : Ëpiscopus ordinavit quod fiant
daresiae in introitu chori i458. Doc. Acad. royale de Savoie, II.
Nous pensions à le rapprocher du celtique : comique dele^ an-
tenne, breton dele^ Léon delez, vergue. Le mot employé dans le
Léon de lez est exactement le nôtre, mais M. Bonnard nous fait
observer que « le r est dans les textes les plus anciens, il est donc
probable que c'est r-/, non l'inverse. » Toutefois on pourrait en-
core admettre une permutation plus ancienne 1-r : il y a des
exemples de ces balancements entre les deux liquides.
DeUey, D. Broyé, Frib., Deler, i342, 43, pas de formes plus
anciennes ; peut-être un (fundum) Delliacum, domaine d'un
DellitÂSf gentiiice romain. Kuenlin y rapporte un Dalens, 1282.
Ce serait une transformation curieuse : Dalens a une origine ger-
manique très nette = chez les descendants de Dalo, Deloy n. pr.
germain, parent du v. gothique deall, illustre, superbe. Peut-être
la forme actuelle serait-elle due à une latinisation du n. ^rmain
Delo, transformé en Dellius.
Demoreiy D. YyerdoTiy Donmores y ii54, Gart. Month., De~
moreSy 12 17, Donat. Haut., Dummores, 1228, M. R. VI, Démo-
rety 1453. Il y a probablement dans Don, Dum, la contraction de
domnus, comme dans Dunfriol (Damphreux) = domnus Ferreo-
lus, et dans mores un n. pr. de la racine Mor ou Maur, comme
dans Cormoret.
Deneos, D. Morges, DisnenSy ioo5, 1177, M. G. XIV et II,
DignenSy 1220, i332, Digneins, 1228, DynenSy i4o3 = chez les
descendants de DenOj DinOy n. pr. germain. Fôrstm., 33 1, 335.
Deneyriaz, vallon et ruisseau derrière le Chasseron ; sans
doute du n. pr. de famille qui, sous ses différentes formes, Deney-
rîaz, Dénéréaz, Denoréaz, vient de Noréaz, noerea, noyeraie.
Denezy, Moudon, uillare Donaciaco, 929, M. R. VI, 232,
Danesie^ Donasiei, xiP s., Arch. Fr. VI, Danisei, ii42, M. F.
132 DENGES — DÉRUPAZ
Ily i6, Donesiej 1169, Danusiacum, 1173, Danesie^ 1188, Hîd-
ber, II, Deneisie, 1228, Danaisie^ xiii« s., M. R. VI, DenisieZy
i!\bZy Dinisiez^ 1 555, etc. z=:(fundum) Donatiacum^ domaine
d'un DonatiaSy g^ntilice romain.
Denges, D. Morçes, villa Dallingis, 964, M. R. VI, les
Denges, 1 164, M. G. IV, 78, DengeSy 1 184, Hidber, II, lesDenges
à Ëcubiens et Viilangeaux, Fribourg* = chez les descendants de
DallOy n. pr. g'ermain.
Les Dentaux, découpure de l'arête de Sonchaux et les Dentaux
de Naye, rochers de Tarôte au N.-E. de Naje, alpes de Montreux ;
3** pâturage à chèvres, alpes de Dorenaz, Valais, sous les rochers
des Gorges. Devrait s'écrire denteau, autre forme de dentel,
provençal dentelh, créneau, ital. dentello, même sens, dont den-
telle est la forme féminine ; les dentaux sont des dentelles de ro-
cher.
Le Déquemanliau, loc. à Ormont-dessus ; le Déquemanlieux
à Champéry ; l'Ecoumandons à Rougemont ; endroit où Ton en-
lève les kemanlété ou coumandété, coins à boucle qui ont servi à
traîner à plat sur la neige des billes de sapin pour les dévaler en-
suite jusqu'à un nouveau replat. L'Encoiimaillaux, vallon de
Culand, Ormont-dessus ; lieu où l'on plante le coin de fer, la ke-
manlite, en tête d'une bille pour la traîner sur la nei^. (Ëtj-
mologie fournie par M. Isabel.)
Deraise, voir Delaise.
Derbonnaz, prairies à Corcelles ; où abondent les derbons, les
taupes.
Dérocheux, ruiss. à Gortaillod ; Déroehia, torrent à Géronde,
Valais ; Bey Dérochai, Ormont-dessus ; Dérotchia, alpe à Port-
Valais, Dérochiaz, loc. à Pizy, Dérotchoux, rocher à Bex, Dé-
rozisses à Gonthey ; du préfixe dé et roche ■=: précipice, éboule-
ment, torrent qui ravine.
Dersence, Derzence ou Erzenzc(ts), rivière, affl. de la Liène
ou Rière, Valais, descendant du vallon d'Ers ou de Ders (soudure
de la préposition) ; pour Ers, voir Erse.
Dérupaz, loc. à Montherod et ailleurs, dérape, s. m., en pa-
DÉSALE y — DÉVODIO 133
tois ; du V. f. desrup = précipice, ravin ; « se rattachant à un
verbe disrupare^ dérivé de rupesy roche. > (Bonnard.)
Désaley ou Dézaley, loc. à Lavaux, Dasalay et Daisiloiy
iib^, Dasiluy, 1184» Desaley, i363, etc., une 10^ d autres à
Vouvry (Désalays), Aigle, Yvorne, Corbeyrier, Chessel, Noville,
Grenthod, Bière, Crissier, Posieux, Grangette et Villars sur Glane,
Fribourg ; de taxOy ail. dachsey tasson, blaireau, et du bas latin
/eya, laîa^ forêt, fourré ; fourré où abondent les tassons.
Desolossy, loc. à Conthey = dessous le Sex.
Deute, plus. ham. du Jura bernois, à Delémont, Noirmont, La
Chaux, à Péry ; deute est le nom jurassien d'une variété de roche
calcaire, connue par les géologues sous le nom de dalle nacrée,
pierre calcaréo-siliceuse, composée de débris d*encrines et de bryo-
zoaires ; origine inconnue.
Develier, D. Porrentruy, ail. Dietwiler, Divilier^ iiSg-iSag,
Titewilre^ ii84 = village de DieiOy n. pr. germain (= l'alle-
mand) •
Devens, Devenir Devin, plus, hameaux, nombreux bois et
pâturages, que le seigneur avait mis à ban, en défenSy où il était
défendu de couper du bois et de pâturer : (ncmora), que sunt de
usamentis et que sunt endevein ad pascendum porcos et faciendas
domus, etc., M. R. VI, 826 ; Deveny ou Te vent à Sierre et
Deweng, à Albinen, formes germanisées. Devinchet à Thier-
rens, diminutif ; Défenet, petite forôt, près du lac Lioson, Or-
mont, nous paraît également un diminutif de défens^ du latin de-
fensus : « Le provençal a la forme féminine devesa^ représentant
defe(n)sa. » (Bonnard.)
Es Dévîets, champs à Sainte-Croix ; le v. f. a dévié, s. m.
(Godefroy), lieu interdit. Déviet est très probablement une autre
orthographe de ce mot, pour désigner des champs où le parcours
était interdit.
Au Dévodio, loc. à Lussery, D. Gossonay. M. Isabel en rap-
proche le patois dévouedyaôy s. m., dévidoir. Y aurait-il eu là sur
quelque sentier, pour arrêter le bétail, un tourniquet, qu'on au-
rait comparé à un dévidoir ?
134 DIAZ — DIRLARET
La Diaz, i^ ruiss., affl. de rArnon ; a^ roissean de la Lance, près
Concise ; 3<> ane des sources de TOrbe ; 4^ affl. du Nozon ; 5* cha-
lets près du torrent d'Ajeme, Ormont-dessus. — La I>ieK, pr. di,
alpe d*Ayenty Valais, nombreuses sources, Diex, i4a8 ; les Dix,
vallée supérieure dHérémence, aux nombreux ruisseaux, en Dies^
laSg, les Dies, xiv« s., DyeSy i456 ; Soiady, chalets sur les
sources de la Baye de Montreux. C'est le même mot que les 5 Dee
d'Angleterre et d'Irlande, les 6 Dives de France, la DuiSy afB. du
Loir, les Deba et Deoa d'Espagne ; de deOy deva^ dia, dioa^
deiva, f. de deivos (latin divus), mot celtique désignant propre-
ment la nymphe déesse de la source ou du fleuve, puis la source
elle-même. De là encore les 4 Divone ou Divonne, l'une à notre
frontière, près Coppet. — La racine deioo, divo se réduit souvent
à dio, Holder, p. i285, a 17 mots avec la racine dio. Rman a
employé divonne comme n. commun ; « La charmante vallée de
Tremeur, arrosée par une ancienne divonne ou fontaine sacrée
que le christianisme sanctifia en y rattachant 1q culte de la Vierge* »
Cité par Littré, Suppl.
Diesse. D. Neuveville, Berne, ail. Tess, Diesse, 1178, iai8,
villa Thesso, 1182, Thesse, Tesson^ 11 85, i^Zi , Diesson^ iigS,
Diessi, 1200, Diessy, 1249, etc., Matile et F. B. ; du n. pr. ger-
main Tiezo.
Diette, Dieux, voir Giète, Joux,
Dlme, Grange du — à Avenches, à Aigle et plus, autres loc. ;
au Dixme, m. c^ Trélex ; endroit où Ton serrait la dlme, patois le
dimOy perçue sur les récoltes ; dixme est s. m. dans tout le centre
de la France.
Diogne, loc. à Lens, Valais, Diogni, 1228, Dyogni, I243,
Diogny, 1259, M. H. XXIX et XXX ; Yogne carte Siegfried.
Diolly ou Tioly, loc. près Sion, Dioles, iioo, laSS.
Dirlaret, n. f. de Rechthalten^ D. Singine, Fribourg, Dreit"
larisy XII® s., Drallaris, 1142, M. F. II, 220, Recto clivo^ 1178,
Arch. Fr. VI, 1189, M. R. XXll, 22, Dretlaris, 1216, 17, M. F.
IV, io4, io5, Dreclaris, 1228, M. H. VI, 24. De dreity droit, et
du V. f. taris, larris, lande, bruyère, terre en friche ; le n. ail.
DIZY — DONATYRE 135
Rechikaltofij 1200, F. B. II, 824, recht, droit, et halde^ pente, et
le latin rectum clivum ont le même sens ; Tétymologie de Gatschet,
directo latere^ adoptée par Studer et Zimmerli, est fantaisiste.
Dizy, D. Gossonaj, villa Discidis, 969, 966, Hidber, 11^ Disy,
XI* s., Disi, 1221, Dysie et Dysi^ 1223, M. R. III, 549, et VI,
5(^2y Dysy, 1285, Disis^ i^QQ» M- Cr. XIV, Dyssiy i3ii^ ^y^f»
i336, Matile, Disîaco, bulle de Clément VI (i 342-1 352), Arch.
Schw. Gesch. XIII, 261. Un autre, loc. à Saint-Prex. Comme les
Dizy de France, de Disciacam (prsedium), corruption d*après Ju-
bainville de Deciacum (p. 227), (H*opriété d un DeciuSy gentilice
romain. Disciacum perd le c de bonne heure : Disiacus, 672, 907,
Dizy (Marne). Quant à Discidis, il a Tair d'un patronymique :
chez les Discides, les descendants de Discius, soit Decius.
I>oge, voir Douve.
Dole, sommet du Jura, Dolaz, 1628 ; du celtique dol^ table, à
cause de son sommet aplati ; de même Sur la Dôle ou DoUe à
Gilly, la DolOy 12 16 ; la Dola (DoUaz), maisons à Pont-la- Ville,
la Dollaz à Vuadens. C'est sans doute à la même racine que se
rattachent l'adjectif
Dolent, Mont — , au fond du val Ferret, Valais, et
Dolin, Mont — , au fond du val d'Arolla, Valais. Voir aussi
Champdolent.
Dom, au commencement d'un nom de village, vient du latin
dominas, seigneur, et précède un nom de saint, celui auquel
Téglise du village était consacrée : Donunartin, DomnomartinOy
ii5o, Donmartiriy 1208, M. R. VI, i38, Dompnum Martinumy
i3i^, Domdidiep, /)oAino Desiderio, 1180, Dundedier, i2i5,
DongntxlideriOj 1267, Wurstb., voir Saint-Didier ; Dompierre,
Domno Petro, iil^S, DonperrOy 1228, s'expliquent d'eux-mêmes.
D'autres sont moins faciles : Dombrcsson, Dombrecoriy Dam-
brizuriy 1179, Domhrexon, iic^i, Domnus Bridas, 122S, Don-
bressan, 12G7 =: Saint-Z?r/ce.
Donalyre, Donnatieri, 1228, M. R. VI, Domna Thecla, i343,
Donatiere, i453 = Dame ou sainte Thècle, martyre du i^^s.,
fête le 23 sept.
136 DONNELOYE — DORBEN
Donneloye, Donelui^ ii42) Donna Lui, xiP s., Arch. Fr. VI,
Domnoluiy ii57, Donneluy et Donneloia^ ii74i Domnelaiay
1177, Donnelue, 1177, Doneliuay i2i4, M. H. VI, io3, Donna-
luy, 1280, Dogne Eluye, 1280, M. R. VI, puis Domnoloia^
Dompneloye, 1428, i458 = Dame ou sainte Luce ou Lucie,
V. et m. -]- 8o4, fête le 18 déc. ; pas saint Louis comme le sup-
pose Hisely, M. R. XII, 244 > et comme l'a dît Gatschet, saint
Louis étant mort en 1270 et canonisé en 1297, ni saint Lucius
(Gatschet), les formes Donne, Donna indiquent qu'il s'agit d'une
sainte. Quant à Studer, il le dérive, sans sourciller, « de Jean-
Philippe Loys de Villardin, » qui vivait en i652 I Pour Damvaiit
et Damphreux, voir ces mots.
Dôme, nom de quelques montagnes : le Dôme du Goûter, le
Do m des Mischabcl ; du celte douma, sommité. Holder. duma.
Dominge, Champ — à 01 Ion, Praz Domengeoz à Leysin, Bois
Dominge à Villars-les-Moines ; Pré Dominge à Constantine;
Praz Domingeoz à Vuadens et Gutrevy ; Praz Dominjoz à Vaul-
ruz. Champ de Menehe (pour Demenche) à Bex ; du latin domi^
nicuSy du seigneur = champ, pré, bois du seigneur. £n 1244 un
pratum Domenge à Dullit.
Donchire, m. à Rue, crêt à Dompierre, Frib. ; loc. à Chesalles-
Moudon, Saint-Saphorin, Morges ; Donchires à Ferreyre et Ar-
nex-Orbe, celle-ci en face de Sur-le-Château dont elle n'est sépa-
rée que par la route ; Donchière, h. à Ursy, m. à Chavannes-
les-Forts, Dontzire, ham. à Praz, Sarine ; en Donchère, champs
à Bagnes. Point de forme ancienne de cette famille assez nom-
breuse (10 loc.) ; de (terras) do minicar ias^ du bas latin domini-
carius, syn. de dominicus, les terres du seigneur (comme jon-
chière, jontzire, de juncaria).
Donne, Clos — , m. à Ecoteaux, D. Oron = clos de la dame.
Donroux, Clos — à Monthey, es prez Domprod, 1696; de
domy dominus, seigneur, Rod, Rodolphe.
Donzel, Champ — à Cronay = champ (du) donzel, de domi-
cellus, du seigneur.
Dorben, ham. sur Louèche, alpis de DorbiniSy 1260, Dorbons,
t.
DORGHAUX — DOUBS 137
1267, DorbonÇy i3a2 ; identifié par erreur, par M. Gremaad,
avec le Daubenhorn. DorbonSy 1217, Furrer, III, 55, DorbenSy
1221, Dorbi, i25o. Dorbeyns, i25o, est aussi le nom ancien de
Dorbain, vallon qui se creuse entre Chandolin de Savièse et la
colline de la Soie ; peut-être faut-il y voir la racine celtique darbi^
espèce de pin ; voir Darbellaz. On peut en rapprocher le nom de
Tôpbel près Viège, Dorbia^ iioo, puis TorbiOy Torbi, xiii« s.,
Torby^ et enfin Torbily i4i8, Tôrbil, 1439.
Dorchaux, sommet à Ormont-dessous ; du celte dor, sommet ?
Dorenaz, commune, D. Saint-Maurice, Dorone^ 848-853 ; d'a-
près ce texte « desertum Alpinonis (Arbig-non) a flumine Aquams-
soni (Avançon de Mordes) usque ad frontem Dorone^ » M. F. IV,
356, Doronaz, 1768 ; Dorenaz, pâturage élevé à Château-d'Œx ;
loc. à Randogne, D. Sierre ; sans doute même racine dor y som-
mité.
Dorigny, loc. près Lausanne. Les formes anciennes manquent,
mais le suffixe indique un nom en iacum : Doriniacum, domaine
d'un DoriniuSy dérivé de Tadj. Dorias, comme les Torigny de
France de Taurinius.
Dos, nom, fréquent dans le Jura bernois, de larges croupes :
Dos Val, Dos le Cras (le Grêt), Dos le Bos, Genevez, Doinont,
ham. de Soulce, etc. = dos du val, du crèt, du bois, du mont.
Dozepce, fermes près Moutier = dos de l'Erse (forêt). C'est l'an-
cien génitif français, sans préposition. M. le prof. Bonnard (in
litt.) y voit « plutôt le môme mot que le français dès. Littré donne
dos comme forme bourguignonne de dès. Or tous ces lieux sont
dans le Jura bernois. >
Douanne, D. Nidau, ail. Tivann, Tuana, ii^ij, Duana, ii85,
F. B. I, 1228, 1252, Duariy i2i3, Tuanna^ 1225, i235, Tu-
wannoy 1237, F. B. II, 2, Duanne, i255, 1274, etc. D'après
Studer, de daana, douane, étymologie contredite par les formes
primitives allemandes ; origine inconnue.
Doubs, Dabis des auteurs latins, aussi Duba, Doua, Diwius,
Davis ; d'après Zeuss et Holder, d'une racine celtique, vieux hi-
bernien rfwé, noir, encre ; gaélique dubhy cambrien et armoricain
138 DOUVE — DOY
du (dou), noir ; rétymolof^ie de dubius, douteux, à eause de la di-
rection incertaine de son cours, est une plaisanterie.
Douve, et dim. Douvette, vallécules rocheuses à Château-
d*Œx, loc. à Albeuye ; les Douves, bois à Versoix ; la Douvaz,
Âigle, Villars-Burquin ; la Deuvaz à Orsières ; la Do va Blanche,
g>lacier, vall. d'Hérens ; la Doge à Coppet et Tour-de-Peilz ; la
Doza au Val Ferret (g-z) ; du bas latin dova, latin doga^ fr.
douve j dépression du soH ; en allemand suisse daûbe^ d*où Dau-
benhorny Daubensee à la Gemmi. Ce mot doga^ doha (Ducange)
peut être aussi en partie Torig'ine du mot suivant Doy.
Dovalles, pâturage à Neirivue, Fribourg ; diminutif pluriel de
douve y combe, vallécule, avec suffixe aile comme Comballaz de
combe, donc les petites combes ; le v. f. a le masc. dovaa (Gode-
froy).
Doy, Doye. 11 y avait à Genève une rue et une porte de la
Doye, 1492» 6t une ordonnance de i5ag dit « on grillera les
doges (égouts) pour la sûreté de la ville. » M. G. VU, 298. La
Doy 9 Aigue-Doy à Bassins, la Doye, autre nom du Crrenier, bras
de la Versoix qui passe à Coppet, Doyes, loc. aux sources du To-
leure à Bière ; la Doiz, ancien nom (i3i2) de la DiaZy ruisseau
de la Lance près Concise, la Doux, une des sources de TAreuse,
Neuchâtel ; la Doa, ruisseaux à Courchapoix et à Courtetelle ; —
peut-être es Doux, pâturage aux Ormonts ; — la Doye ou Doix,
ham. de Vérossaz, où jaillit la source de la Rogneuse, la Dueg^
xviii^ s. ; les Fontaines de Douay, nombreuses sources jaillissant
du rocher, alpes de Collonge, Valais ; Vers la Doy à Corbey-
rier, en la Dœy à Bex ; la Douay, ham. d 'Orsières ; la Duî, alpe
au Sanetsch, nombreuses et belles sources sortant d*une paroi de
rochers ; probablement aussi £n la Dey, ham. d*Arconciel, Frib.
Ces mots dérivent peut-être en partie de doga, voir plus haut ; la
plupart du v. f. dois, s. m., doit, m. et f., doie, s. f., conduite
d'eau, ruisseau, du latin ducere.
* Une autre forme est les Donyes, couloir rocheux sur Port- Valais (par
chulc du fç remplacé par y).
DOZERCE — DRÔNE 139
I>ozercey fermes à Moutier, Berne ; de Dos-Erse, dos de TErse,
forêt voisine, voir ces mots.
Umej ou Drassy, loc. à Saint-Prex, ancien village détruit ;
oilla Draciana, 886, villa Draciaco^ 885, Drassie sans date
▼ers i2i5, M. R. VI, 275, 289 = villa, ferme d*un Dracius,
Drahen, torrent, affluent de la Sionne ; de draconem, drag-on
(permutation c-A), à cause de son cours impétueux, aux crues su-
bites. Holder et De Vit mentionnent un DrahonuSj affl. de la
Moselle, aujourd'hui le Drohn, que Zeuss explique par fleuve épi-
neux, c'est-à-dire entouré d'épines. 11 y a un autre Draco, au pied
du Vésuve. Ce nom est fréquent : il y a 3 Dragpone, ruisseaux,
et une Dragponata, dans le Tessin ; de même le Drac, rivière du
Danphiné, jadis Drao.
Draize, voir Delaise.
Dranse ou Drance, Dranciy 972, nom de trois rivières du Va-
lais et d'un ruisseau alpes de Finhaut ; comme la Dranse du Cha-
blais, DruentiOf puis Drancia, même origine que la Durance de
France, Druentia, de la racine celtique (ligurienne d'après Jubain-
ville, druent, druant, rapide, violent = la rapide, la violente,
d'où le subst. drun, torrent, rivière.
Drapel, ham. sur Aig'le ; du v. f. drapel, petit drap, encore en
usage au sens de lange, pris au fig. pour petite prairie au milieu
des bois et des rochers.
Drize, ruisseau C. de Genève ; même racine celtique que
Dranse.
Drognens, ham. de Siviriez et de Sorens, Frib., DroynenSy
1755 = chez les descendants de Drogo, n. pr. germ. connu chez
nous : un Drogo de Gossonay était un des témoins d'un acte de
1142, M. H. XVIII, 6 ; un Drogo paraît en 906, M. R. VI, 97,
etc.
Dpône, de la racine celtique drun, torrent, rivière. Ce nom, dit
A. de Rochas dans V Année géographique^ est si fréquent dans
le centre et l'ouest de la France qu'il devient nom commun. Un
enfant accompagnant un jour Onésime Reclus s'écriait à la vue
d'une rivière : « Ah ! la belle dronne !» De là chez nous les noms de
440 DRÔNE — DUDES
Drône, village de Savièse, Valais, DraonOy ii« s., Drona^
1 189, près des g'orges de la Sionne ;
Dronaire, alpe du val dllliez, très ravinée, parcourue par cinq
ruisseaux, et aux Dronnaires, loc. à Ollon ;
Dronaz^ Pointe de — , au Saint-Bernard ; cinq ou six ruisseaux
en descendent ; enfin Durnant, afil. de la Dranse, Dronnant^
i346.
Drousinaz ou Dreusonaz et Drausinaz. deux forêts sur Bex,
et Drauzines, Drosina, i3i5, Dr usine, i464> pâturages à Or-
mont-dessous ; les Droges, pâturage à Lessoc, Gruyère ; de lall.
droSf dim. drosslif romanche drossUy aune vert, aune nain, fré-
quent dans ces localités où il forme de véritables taillis. Le Livre
des Donations d'Hauterive parle d'autres localités de ce nom dans
la Gruyère : on y trouve une alpe Drussina^ 11 34» Drusina ou
Drosina^ ii46, 1198, Z)ro5y/ig au xiii® s., aujourd'hui es Ros-
seyres. (De là, dans les Grisons, les nombreux noms en Dros,
Drus, comme le Drusen thor, qu'on a voulu dériver de Drusus.
Droutzaî, ham. Ormont-dessus ; Drotzu, pâturage à Char-
mey ; Drotzî à Neirivue, Fribourg ; Druchet, mayens d'Isérables,
Valais ; du patois droutze, droutsche, la patience des Alpes, Ru-
mex alpinus, si fréquente près des chalets. Au Drotzé ou Dro-
chet, m. à Noréaz, Frib. ; en Drochox à Payerne, Drachez à
Fétigny ; peut-être d'une autre espèce de Rumex.
Bruges, chalets à Lessoc ; du patois drudje^ drudjze, druge
en Dauphiné = fumier ; aussi fertilité, abondance. Littré se de-
mande si on pourrait le rattacher au celtique : kymri drivg, bas
breton droug, en général ce qui sent mauvais, à cause de l'odeur.
Comme l'oseille des Alpes croît dans les endroits où abonde le
fumier, il est probable que droutsche vient de drudje.
Drugex, ham. de Puidoux, Lavaux, Drugeg, i2i5. Peut-être
de druge. Peut-être aussi du n. germain Drogo, latinisé en Dro-
g us y DruguSy d'où fundum Drugiacum^ domaine de Drugus.
Drogo est connu chez nous : par ex. Drogo de Gossonay, M. R.
V, 2i3.
Les Dudes, ferme et ancien château ruiné à Mont sur Rolle.
DUET — DULIVE 141
Castrum de Dudo, démantelé probablement en 1292 ; Es Dudes,
loc. à Granges, Payerne. Du nom propre germain Dudo, Dodo,
De là aussi le nom de Dûdîngen, en fr. Duens, 1228, i453, auj.
Guin, près Fribourg. II y avait un Dodon de Vuibroye dans la
seconde moitié du xii® s.; un autre à Saint-Cierges, 11 54.
Duet, alpe d*Ayent, Valais, DueXf i4o8; probablement autre
forme de Douay, Dui, voir Doy.
Dugny (Dogny dans Lutz, aussi Dunier), ham. de Leytron, Va-
lais, Dagnyepy 1824 ; comme les Dugny de France, de Dunia-
cam (fundum) = domaine de Dunius (latin), du nom gaulois
DunioSy homme ; irlandais duin. Un Dunius est nommé dans une
inscription trovvée à Pierre-Pertuis.
Duilicr, D. Rolle ou Duillîer, Cono de Duelliei et de Duellier,
1 145, Duelliy 1 166, M. G. XIV, 6, 10, Dulli, DuUye ii54, Gart.
Month., Duelli, 1224, Doliacum^ 1286, Duallie, 1286, Duilie^
1244, M. R. VI et XII, Dulliacum, i244> Duelie^ 1269, Duyllier
vers i3oo, Duelie, i255, M. G. XIV, 34 = (praedium) Dullia-
canif domaine d'un Dullius ou d'un DuiliuSy ce dernier gentilicc
célèbre, le premier connu seulement par une inscription.
Duin, ruine de château près Bex, Duig, 1208, Duigno, 1276,
Duynghy 1280, Duing, xiv® s. D'après Gatschet, du v. h. ail.
divingen, dompter ; correspondant des noms allemands Twing^
Zwingen ; pour Duig, voir Suen.
Dullît ou Dully, D. Rolle, Delui, 1288, Deluz, 1288, Diluth^
Delut, 1243 et 1244» M. R. XII, Dului, 1284, G. de Dulucio,
1827, de DuliciOy i385, Dulut (pu Dulict?), i4o2, Duliciuiriy i484»
1499, etc. ; le terr. de Délais ^ dans un acte de vente de vigne
dressé à Bursins, Brussins, 1271, pourrait encore ôtrc Dullit. Mot
difficile à résoudre, il faudrait des formes antérieures au xiii* s.
Dulicium paraît être une simple latinisation du nom romand.
Peut-être est-ce comme Duilier, un dérivé de Dulliacum.
Dulive, rivière près Rolle, Deluiva, 1272, DuluivUy 1280, Do-
lioa, 1880 ; de Deluiy Dului, anciens noms de Dullit. (La nota-
tion Duluy/ia, Delui^a, Dolina, M. R. III, 118 et 45o, et Rég.
gen., 476, est une fausse lecture : n pour u-d).
142 DURTNES — ECHàNOZ
És DurineSy lieu-dit dans le marais de Martig'Bj ; dim. de dur,
terres un peu dures soit moins molles que d'autres parties du marais.
Dumant, voir Drône.
Duzillet^ ferme de la plaine du Rhône à Ollon, ancienn. Dui-
silletj carte Rovéréa, Douzillet à Sierre et Lens, Valais ; IkHize-
liex, loc. aux Thioleyres, D. Oron ; de duzily douzily diminutif
de duity à cause des canaux d'écoulement dont le domaine est
coupé. Le Berry a aussi dousil^ s. m., petit canal.
Dzennepi, voir Génépi.
Au Ilzetiau, ou D'Zetiau, carte topog. vaudoise et atlas Sieg*-
fried, loc. à Blonay près du Palud ; au Zettieux, marais à Fully ;
au Gittioux, prés à Massongex et Saint-Maurice ; formes patoises
correspondant au dzetai, s. m. du patois du Pays-d'Enhaut =
margouillis, bourbier (Bridel), endroits marécageux ; dérive peut-
être avec le suffixe patois iaux, ieux = oir, du verbe patois dzeti,
bondir, cabrioler.
Les Ecasseys, commune D. Glane, Frib., es EscacSy 1437,
Dict. Dellion, X, 5o3. On peut en rapprocher les Ecasseyres, loc.
à Démoret. Y aurait-il quelque parenté avec le verbe escasser,
rompre, briser ? Ce nom rappelle celui d'une « terra que dicitur
es cassinSj probablement à Crissier, 1227, M. R. VI, 226.
Echallens^ Vaud, Charlens^ ii4i, Escharlens^ ^^11* ii84,
Eschalleins, 1279, Echallens^ i3i5, M. R. XIV, Echalans^
i38i, Echallan, i4i4 ; voir Echarlens.
Echandens, Vaud, Escannens, 855, M. R. VI, Eschagnens^
XI* s., Schandens^ ii64, M. G. IV, 78, Scanneins, ii65, Hid-
ber, II, 2o5, Schannens, 1177, M. G. II, 89, Scandens^ 1182,
Eschandens, ii84, Cart. Month., 43, Escanneins^ ^^^ly Eschan-
deins, i238, Eschangneins, 1288, M. R. VI, 659, Eschannens,
1291, M. R. V, EschanenSj i453 = chez les descendants de
Scôni (le beau), n. pr. germain.
Ek;hanoz, maisons à Château-d'Œx ; probablement pour es
ChanoZy aux Ghônes. Il y a encore une localité, le Chêne, à Châ-
teau-d'Œx.
éCHARLENS — ÉCHONO 143
•
Echariens, Fribourgp (patois Tserlin), Escarlingus villa. 855,
M. R. VI, 201, ScarlenSy ii45, M. F. II, 240, Escharleins,
isa5, M. R. VI, 211, EschallenSy 1228, comme Echallens, Vaud
= chez les descendants de Scarilo, n. pr. germain.
Aux Ëchaux à Plan-les-Ouates et à Gingîns, en Echanx à
Bressaucourt, en Proz d'Echaux à Vîonnaz, en la Chaud, 1 728 ;
soudure de Tarticle pour es Chaux; de calmas, aux champs.
L'Echepche, le Ghâble de — à Vionnaz, les Echerches à Vou-
vrj, l'Echcrchetaz à Vérossaz, TEcherchettaz, Etzertzetcs, pâ-
turage à Dorenaz, TEtzertze do la Maraitze (du marais) passage
de Van à Salanfe, alpes de Salvan. M. Gross, de Salvan, définit
ce dernier mot « escaliers naturels dans le roc. » Si cette définition
est juste, il faut rattacher à ces mots toute la famille de Cherche,
p. 84, et chercher Tétymologie dans le patois etzerissi, déchirer,
etzerissa, s. f., déchirure, etzér'ssa avec chute du i est bien près
d*etzertze, qui désignerait ainsi des endroits où le rocher est en-
taillé, découpé ; TEsserche d'Aigle, limite de Leysin, présente une
double série de degrés dans le roc.
Echerin ou Escherin, ham. sur Lutry = chez les descendants
de Eschariy n. pr. germain ; de Scich et hari, guerrier.
Les Eehossettes, chaîne de rochers découpés à TE. du val Per-
ret, Valais ; permutation ch-ss et soudure de es, es Essettes ; voir
ce mol.
Eehîehens, Vaud, Chichens, ii3i,M. G. II, 27, Echichen,
1 177, Eschicheins et EschichinSy 1288, M. R. I, 186 et VI, 3i8 ;
le môme que
Echîens ou Esehiens, Fribourg, EschienSj i245, Echichens,
1274, M. R. XII, 71 et 290 = chez les descendants de Scich ou
Scihy n. pr. germain.
Echille, Echilly, voir Chiile.
Echine, chalet, alpes de Rossinière, sur une arête de la mon-
tagne ; du fr. échine, arête du dos, v. h. ail. skina, piquant, pa-
rent du celte chein, dos.
Echono, partie du village de Montricher, Chosno, 1202, M. R.
144 ÉGLAGNENS — ÉGORGHERESSES
VI, i38, EschonoZy 1228, Eschenoz, xiii« s. ; probablement pour
es ChesnoZy aux Chênes.
Eclagnens, D. Echallens, ClaignenSy 121g, M. R. III, K90,
Clanens, 1266, Claniens et ClagnenSy 1285, M. R. XIV, et
Glagnens, loc. à BretignjHsur-Morrens = chez les descendants de
Clano, n. pr. germain, dont Fôrstmann, 3 18, donne le composé
Clanaheri (hari, heri, guerrier).
L*Eclataz, nom des champs au-dessous de Mayen de Vionnaz,
exempts de la dime, nom attribué à une prouesse à la fronde d*un
J. Muriaux ; « campis in fine de Mayin de leclattaux,,, ab omni
décima liberis, » i558, Eclattaiix, i638, Eclatoz, 1723.
Edépens^ SclepedinguSy 8i5, M. R. VI, 240, IsclapadeneSy
loii, SclepenSf ii47> Gart. Month., Esclepens, 1174, 1278,
1453, EsclepanSy 1286, M. R. XIV, Esclapeins, i325, Matile ;
d'après Gatschet : chez les descendants de Scaptwalt (le faucon-
nier), n. pr. germain.
' L'Ecofferie, écart du Chenit, vient d'une ancienne tannerie ;
bas latin escofferia, magasin de cuir.
Ecogia, ham. près Versoix, Eccogia au cadastre, villa que di-
citur Adesgogia (ad Esgogia), 1022, Rég. gen., n^ 166.
Les Econduits, i® pâturage, alpes de Vollège ; 2® loc. aux
Bayards, Neuchâtel ; du subst. v. f. éconduity du v. éconduire,
conduire hors = pâturage avec des canaux d'écoulement, comme
ailleurs le Duziilet, les Bévières ; — 3» arête au fond du val Fer-
ret, ofiFrant plusieurs échancrures où Ton peut passer sur le ver-
sant italien.
Ecône, grande ferme près Riddes, dite aussi Icône, Ek*onna,
Eeonaz, Escorta^ i32o, Esqainia en i3o2, quand P. de la Tour
la vendit au Saint-Bernard = (villa) Esquinia, ferme à'Esqui^
nias, n. pr. romain. Icogne (ou Econe) près Lens, Ucogniez et
Ucogni, i234, Ucogny, 1260, i365, 1377, Hucogny, i339, Hu"
congny, i394, a probablement la môme origine. On pourrait
peut-être y rattacher aussi Equennaz, loc. à Grimisuat.
Les Ecorcherosses, ham. de Souboz, D. Moutier, Berne ; sans
doute la même étymologie que rEcortchau, loc. au pied du Mo-
ÉCORNE — JÉCUVILLENS 145
iésoD, Gruyère = Técorchoir, lieu où Ton a jadis abattu ou écor-
•ché du bétail ; voir la légende de Djan dé la Bolliéta, ou « In
Tsoatzo vé Tremetta, » £tr. frib., 1886.
Ecorne, ham. d'Evionnaz, Valais, aiosi écrit par la carte Du-
four, pour es Cornes.
Les Eeots^ bois à Corbeyrier sur des rochers ébouleux, et prés
au-dessous ; Praz TEscot à Roche, même situation sous les ro-
chers de la Sarse ; participe subst. du v. fr. escorre ou escoarrey
faire tomber^ renverser.
EcoUeaux ou Ecoteaux, D. Oron, Escotals, ii35, S cotais,
f 157, Costely xii« s., Escotaus, i233, M. R. XII, Escotaz, i25i,
Wûrstbg. ; ham. de Martignj-Bourg ; loc. à Saxon et à Ruejres,
Yaud ; les EcotUs à Vouvry ; Escottaly à Fey ; de ès^ dans, sur,
et coteaux, v. f. costely dim. de costa^ côte.
Ecoulayes, glacier, vallée d'Hérémence, Valais ; Ecoulis, tor-
rent des —y Entremont, les Ecoulaz, ham. de Chavannes-les-
Forts ; loc. à Promasens, Saint-Saphorin, Vufflens-le-Ghâteau ; du
▼erbe écouler.
Les Ecovets, plateau boisé sur Ollon ; les Ecovettes, ham. de
Porthaux, Frib. ; EkM)vayé8, pâturage à Pâquier ; formés des suf-
fixes collectifs et^ aye et du v. f. escoive,s. fr., buisson, touffe de
ronces, dérivé du latin scopa, balai = lieux buissonneux ou cou-
verts de ronces.
Lflcualaz, pâturage, Ormont-dessous ; de écuelle, à cause de sa
position enfoncée en hémicycle entre le Mont d*Or et le Gros Van ;
TEcuellaz à Anzeindaz ; Ecuellettes à Gland, les Ecouellottes à
Renan, D. Courrelary, TEcualettaz à l'Etivaz, dim.
Ecublens, i® Vaud, Scubilingis, 964, M. R. VI, Escublens^
iil\2y ScublenSy ii47, 1162, Gart. Month., et 1180, M. R. I,
^o2y Scubleins, 1220, EscublenSy 1228, M. R. XXIX et VI;
^^ commune G. Fribourg, Escublans, 1220, F. R. II, 22, 74,
Escubleins, 1226, Escublens, 11 80, i4o3 = chez les descendants
de Scubilo, n. pr. germain.
Ecuvillens, Fribourg, ScaviUens^ ii43, 1162, EscuvilienSy
1 182, M. F. III, 66, IV, 99, EscubillienSy i4oi, Arch. Schw. G.
M. D. SEC. SÉRIE, TOME VII 10
146 ÉGASSE — EISGHOLL
XIII, Escuvillens, i453, etc. z= chez les descendants de Scubikily
n. pr. g'ermain (d'après M. Stadelmann).
L'Egasse, Plan —, pâturag-e à Saint-Imier ; peut-être aigpue,
eau, et suffixe augm. asse.
A TE^az, loc. à Chardonne; probablement à TAigue, eau.
L'Eglaise, Plan de — (^1 mouillé), m. dans les bois à Saint-
Livres, D. Aubonne ; voir Glaise.
Eglepy, loc. à Saint-Biaise, Neuchàtel = es G 1er y, aux gla-
riers ; voir Glarey.
Les E^ras, ham. d*Ursy, D. Glane, au pied d'une forte mon-
tée ; le Pont d'E^ras sur Roche ; les E^ras^ alpe de Charmey ;
Combe des Egraz à Vallorbe ; du patois égras = es gras, aux
degrés, à Tescalier, latin gradus, romanche gra,
Ehalaz, loc. à Ayent, Valais, permutation c-h, voir Hombes
= écalay du latin scala, vignes disposées en gradins.
A TEhochour, loc. à Lens, Valais = à Técorchoir, à l'abat-
toir; autre forme du v. f. escorchioux (c-h) ; l'Ecortcia ou
Ecorsia, Ëcossia, petit hameau de Granges, Valais, même sens.
Ehornettes, rochers prés du Rawyl, alpes de Lens ; soudure
de l'article = es Cornettes^ permutation c-A spéciale à cette ré-
gion ; voir Hombes.
Eischoll, D. Rarogne, Valais, OselZy 1200, Oiselz^ 1260, Oy-
sez, 1267, Oysel, 1286, 1807, Oysol, i336. Dans le Necr. Sion,
une Laureta de Castellun dédit ij cens apud Ausel, sans date,
probablement antérieur au xiiPs., Eysoll^ i4i8, Œysel, i4A4r
Eysely i534, encore en patois Ëisel. Du celtique : gallois uxellOy
cambrien achel, hibernien uasaly haut, escarpé. Zeuss traduit
Ouxellodunum, oppidum (dunum) in prserupto monte (uxello).
Notre Oysel, Osel est donc un lieu « escarpé », ce qui convient on
ne peut mieux à la position d'Ëischoll au bord d'un plateau domi-
nant de 600 m. la vallée. Un Mont Oysel, Oisely Oisels ou Oisez
est aussi limite des possessions d'Oujon au xii® s., M. R. XII, 2,
5, 72. C'est sans doute aujourd'hui le Montoîsey, 167 1 m.', au-
dessous de Gex. La localité Montoiseau à Crans, au bord d'un
ravin en pente rapide, pourrait être aussi un Mont Oisel, enfin
EISON — ES EMPTOZ 147
Oschell, pâturage près Belleg'arde, Fribourg, en i5o4 (pratum
Dossely d'Ossel^ ii38, ii43, ii46, Hidber, I^ II ?) a la même ori-
gine.
Eison, ham. de Saint-Martin, Hérens, Valais, Eson, 1224^ Ey^
son, 1807.
Eissy, voir Ejssy.
Elay, D. Moutier, ail. Seehof, d'après lallemand de es, dans,
et lat/y lac.
Ely, Bois d' — , faussement aussi Bois des Lys, grand domaine,
jadis seigneurial, à Crassier ; probablement pour es Lyes : aux
forêts, le mot Bois ayant été ajouté quand on eut perdu la signifi-
cation du mot principal ; voir Lajaz.
Enabassu, ham. et gorge où s*écoulent les eaux à Renan, Jura
bernois, autre forme d'Ëmposieux; rEmbouchoz en i5i7 était le
nom des entonnoirs de TOrbe à Bonport, en patois les imbou-
chaux ; de en et bouche.
Les Elmbreux, pâturages à Lajoux et aux Genevez, Jura ber-
nois ; de en et breuXy autre forme de breuil, voir ce mot.
Les Embrouches, loc. à Jussy, Genève; lieu où abondent
(abondaient) les myrtilles ou embroches, patois embrolze^ eim,"
broize, ambresailleSy etc., origine inconnue.
Aux Emenaux, loc. Ormont-dessus, Eminaux, 1824» aussi
Eminods ; « de lancien prénom Aymonod, petit Aymon, » d'a-
près M. Isabel.
L'Emeri, Forêt de — à Gourfaivre, D. Delémont. Sans doute
fausse orth. ; non loin de là on trouve, à Undervelier, la Côte de
l'Aimerie.
Elmosson, pâturage, en partie marécageux, de Finhaut, Valais,
alpem de Musson, 1807, M. G. XIV ; de mosse, ail. moos, ma-
rais.
Emposieux, ham. de Travers, loc. aux Ponts, à Lignières, etc.
nom générique des entonnoirs où s'engouffrent les eaux dans le
Jura bernois et neuchâtelois. D'après Littré, de en et le provençal
potz, puits. De in et puteolis, dim. de pute us ^ puits.
Es Emptoz^ loc. à Blonay ; voir Entes.
148 ENCISE — ENNEY
Encise, plaine — , loc. à Avenches ; du latin incisa, entaillée,
comme Pierre-Encise, à Lyon.
Ekicoumailloux, voir Déquemanliau.
Encrenaz, sommet à Or mont-dessous, Ancrenaz, alpes de Bex,
Increna, Val d'IUiez ; de in et crenay entaille = arête dentelée ;
rEncrenettaZy m. à Riez, Lavaux, dim.
Les Enfers, D. Franches-Montages, Berne, dans une plaine
profondément enfoncée ; de inferos, lieu bas ; la Combe d'En-
fer, vig-nes de Fully , doit par contre son nom à la chaleur intense
qui y règ'ne en été.
Enges, NeuchAtel, Einge vers laao, Enge, iai3, Enjo, i235,
Enge, i373, Matile. C'est sans doute lalleu nommé ^m^u qu'Ul-
rich de Neuchâtel obtint par jugement arbitral du couvent de
Frienisberg en i i8a, Matile, I, p. 26. Le suffixe ingn indique net-
tement la dérivation d'un nom germanique.
Engollon, Neuchâtel, Engoloriy ii43, Engolan, laaS, Ange-
loriy 1374» l'Engollieu, loc. à Montmollin, l'Angolliau, loc. à
Bettens, Vaud ; l'Angola! à Lajoux, Jura bernois ; l'Engouloir,
source à Gimel, Engoliau à Gilly, Engoliour, ia65. EngolUeu
est un n. commun dans les vallées aeuchâteloises pour désigner
les entonnoirs naturels où se perdent les eaux. Engollon a sans
doute le même sens. Au xvii* s, , un mot engoulloir désignait à
Neuchâtel une bouche d'égout ; de en et gola, gula^ gueule.
Enjalin, loc. à Ecublens, Vaud ; probablement : en Jalin, pa-
tois djalein, dzalin = le givre, le g^l ; lieu exposé aux gelées
blanches du printemps et de l'automne.
Ennaz, Grande et Petite — , pâturages d'Arzier, D. Nyon, écrit
aussi Aine ; le même que aine, s. f., de inguem; ce mot peut dé-
sig-ner au fig'uré ces deux pâturages situés chacun dans d'étroites
combes, fort resserrées.
Enney ou Henney, D. Gruyère, Eizy 1224, Cari. Month.,
HegZy 1254, 1494, EgSj i388, i5i4, Hayes, i535. En Heyz^
i548, enfin Heney, i555. h^ Hesi àe 1267, Cart. Haut-Crôt, M.
R. XII, 285, est probablement la même localité. D'après Hisely,
de En Ëys, dans l'Ile, nom qui serait peu justifié. Heyz viendrait-
ENNIEZ — EPfVY 149
îlda V. h. ail. hei, enclos, de heien, enclore? Il correspondrait
au Clos, si nombreux dans nos Alpes ; à examiner.
D'après Zimmerli, Enney s'appellerait en ail. Zum Schnee, qui serait
iM traduction de en nei, dans la neige ; ce nom allemand a été fait évi-
demment sur les formes modernes, postérieures au xvie s.
Eoniez, loc. à Bussignj, D. Morges ; voir Henniez.
Ensex ou Ëncex, pâturag^e d'Ollon = en Sex, in Saœo, dans le
rocher ; en 1291, Escez = es Sex, dans les rochers.
Ensier, loc. à Monthej, dans les rochers des fiporg'es de la
Mèze (Eusier par faute de gravure atlas Siegfried ^005)» vers En
Siez, 1696 = dans les rochers ; cette diphtongaison Siez pour
Sex, du latin saœum, se retrouve ailleurs : dessus le Siaix à Vey-
taux.
Enson, alpe sur Vernamiège, Valais, Pi/a Enson^ iSSg ; Proz
dïnson à FuUj ; Enson le Bémont à Saignelégier, Enson la
Pin à Saint-Braix, Enson la Jeux, à Roche d'Or, les trois Jura
bernois ; du v. fr. en som^ au sommet. Pour Pya, voir ce mot.
Boonenson à Bex : les bonnes (terres) du sommet.
Les Entes à Bursins, Crêt des Entes, Bretonnières, es Entos,
Entoz, Pont-la-Ville, Lignerolles, Pampigny, Etagnières ; à TEn-
toz à Yens, Mont-la- Ville, es Entoz à Suchy, i5i2, es Antoz à
Massonnens, Fribourg, et Conthey, aux Entes, es Elntoz à Choëx,
Monthey, A nies, 1696. La localité es Emptoz à Blonay nous
donne l'origine probable, du latin empias, acheté = (fundos)
emptos, fonds, terres achetées.
Notons toutefois que M. le prof. Bonnard (in litt.) n'admet pas que ce
soit une preuve : « On écrit parfois p devant t sans raison ; ainsi domp-
ter, de domitare, qui n'a pas de p. »
Envelier, D. Delémont = in villare, dans le village.
Envuardes ou Invuardes, ham. de Payerne, en Wardes, 1278,
JM. R. VI, 809 ; de en et Vaardes, du patois vuardâ, garder, v.
h. ail. wartan.
Envy, D. Orbe, Envi^ 12 16, Envy, i359 ; du latin in via, sur
la route. — M. de Gharrière traduit in viis, au carrefour de deux
chemins, ce qui nous paraît moins conforme à Torthographe.
450 EPAGNIER — EPENDES
Epagnier, ^euchàie], Espag nie, ii63y 1208, Ispaniei, Espa-
niei vers 1180, Donat. Haut., Arch. Fr. VI, Espagniez^ Hispa-
nie, 1192, Espagniacuniy 1201. — Epagny, D. Gruyère, Espa-
gniePy iii5, Espagnie, 1196, Epange, 1278, etc. ; de (fundum)
Hispaniacum, domaine d'un Hispanius, gcentilice romain.
Les Epagnier du Livre des Douai. Hauterive se rapportent à Epagnier,
Neuchâtel^ et non à Epagny, comme le fait par inadvertance M. Stadel-
mann, p. 27. Il est question à plusieurs reprises de vignes dans la loca-
lité ; or nous ne pensons pas qu'il y ait jamais eu de vignes dans la
Gruyère.
Epalinges, D. Lausanne, Spanengis, 1182, Espaningium,
1224, EspalinfOy Espalingio, i233, M. R. VI et VII, Espallin"
gieZy XIV* s. = chez les descendants de Spalo, n. pr. germain.
Epantaires, loc. à Boussens, D. Cossonay, pour es Pantaires
ou Panthaires, barrières, portes à claire-voie d'un terrain clos ;
voir Penthéréaz.
Epautheires ou Epautaires, ham. d'Essertines, D. Echallens,
Spelterias en 885, 888 ; loc. à Bercher = champs d'épeautre, la-
tin speltUy céréale cultivée par les populations germaines.
Epauvillers, Jura bernois, Villare, 1189, Epavillers, 1179,
Hidber, II ; pourrait être le village de Spalo, n. pr. germain.
Epeisses, ham. Genève, Espessi, 1220, M. G. IV, 28, Espegs-
sie, Rég. gen., Espeissg, xiv® s. ; — loc. à Ollon ; — Epessos à
Lavaux, Espesses, 1166, Spesses, 1228, Espesses, i453 ; — m. à
Puidoux ; Episses, loc. à Leytron, ,Valais ; es Epessoux ou
Epessons, m. à Echarlens et à Vuippens, diminutif ; du v. fr. es-
poisse, espesse, fourré, du latin spissa,
Epelouies, Epeluves, voir Pelouyes.
Ependes, Vaud, Spinles, 11 54, Espinnes, 1160, 1174* Espin-
des, 12 16, Espignes, 1227, Spinnes, i25i ; — 20 Fribourg,
Spindis, ii42, ii47, M. F. II, 220, 2QS, Espindes, ii63,Matile,
IspindeSy Espinnes, 1174, Espindis, 1180, Pindes, 1198, M. F.
III, 69, Espindes, 1228, M. R. VI, Spindes, 1261, F. B. II, 343,
Espines, Espignes, i354, Matile, Spins, i356, Jahrb. Schw.
Gesch. II, 237 et i449 > ^^ \bX\ïï spinas, épines.
EPENEY — . ERDES 151
Epeney, Villars — , Yverdod, et les divers hameaux Epenex à
Crissier, Ecablens, et 3 ham. Fribourg, Epenay, Ecublens, Es-
penaiy ia3i ; Espigny à Ollon, Epenis» Monthej, Espeniz,
1281 ; Epenets, Aile, D. Porreptruj ; du latin spinetum^ fourré
d'épines. Epinassey à Saint-Maurice, Valais, Silvam Spinaceti
vers 85o, Spinacetunij 1214» Espinassex, 1268, Espinassetum^
1281, augmentatif. A la même racine, mais dérivés directement
du français, se rattachent les nombreux TEpenaz, les Epinettes,
Montprevejres, Epenattes, Fabj, D. Porrentruy, Epenaux à Lo-
naj, Epenoud à Commug'nj, Epignat à Evionnaz, Epignaz,
1760, Penau, ham. du Mont sur Lausanne, EspinouXy i34o, Es^
pinaaZy i47^> qui s'est décomposé en es Pénaux ^ puis Penau.
Epetex, Es — , prés à Saint-Maurice et à Colombey, ceux-ci
aussi es Paquais. Cette dernière forme montre Torig'ine : corrup-
tion de es Patais pour Paquais, permutation valaisanne q-t.
Les Epiquerez, comm. D. Franches-Montagcnes, est formé de
es Piquerez ; on dit aussi et mieux Les Piquerez ; peut-être n. pr.
Eplatures, ham. Chaux-de-Fonds, et TEplature, loc. aux Pom-
merats ; de es et platureSy terrains plats.
Epoaisats ou Epoisat, voir Posât.
Erbio ou Erbioz, ham. de Nax, Valais, très probablement le
Elbio de Petrus de Elbio, 1224, M. R. XXIX, 244 ; sans doute
autre forme de la racine a/6, blanc, devenu erby comme dans Er-
bivue, Erbogne, synonymes de Albeuve, Albone, à cause de la
teinte blanche du terrain gypseux où il est situé.
Epbîvue, ruisseau près Montbarry, Gruyère, et autre forme du
ruisseau d'Albeuve, Gruyère = alba aqua, eau blanche.
Erbogne ou Arbogne, rivière et ham. D. Broyé, Fribourg",
forme parallèle de Albona, Aubonne ; du celte a/6, blanc, et ona,
cours d'eau.
Erdes, village de Conthey, Valais, Erdes, 1208, i255, Herdes,
I2i4, 1239, 1275, i446. C'est aussi un lieu-dit à Granges, Valais.
Peut-être l'adjectif v. f . verdy verde ; le patois de plusieurs vil-
lages de la contrée supprime souvent le v initial atsey ein (Ayent),
entro (Savièse), etc. Le village est au milieu de vertes prairies.
152 ER6ISCH — ERSE
Ergisch, D. Louèche, Valais, Argessa ii fois iioo-i4oo, Or-
gissOy 1279 ; peutrétre de la racine celtique argo, brillant, clair,
à cause de sa situation sur un plateau bien ensoleillé.
Erguel, ancien château ruiné, vall. de Saint-Imier, fondé au
ix^ s. par la famille d'Arguel, près Besançon ; probablement
même racine argo.
Aux Erines, pâturages et fauchage à Gryon, en patois aux
jErnets (Isabel) = probablement A renets , soit dim. d'areiriy
avalanche poudreuse, endroit où descendent de petites avalanches
poudreuses.
Emayaz, loc. à Hérémence = Vernayaz, apocope du v ; dans
certains patois du centre du canton on supprime le v initial (v)ein,.
(v)atse, etc.
Erpllles, pâturage de Rougemont ; autre forme d'Arpille, du
latin alpicula^ petite alpe.
Les Erres, écart de Cottens, Frib., entre les chemins de Lenti-
gny, de Lovens et d'Onnens ; du v. fr. erre^ du latin iteCy au sens
de chemin = les chemins.
Errouvenaz, Errouvenoux, 3 loc. G. Frib., pour es Rouve-
naz, etc., voir Ruvines.
Erschmatt, D. de Louèche, Valais, HuerSy 1209, 1242, 1267,.
1828, Uyers et Uiers^ 1260, Hoers, i357, i38o, Hugrs, i4oo,
HoerSj i453. A cette époque l'allemand s'est établi dans la con-
trée et le nom s'est modifié par l'addition du mot germanique
mattf prairie. Quant à Huers, c'est sans doute une forme plurielle
de huerty jardin, en patois du Dauphiné, uert en romanche, du
latin hortus.
L'Erse (ou Ersse), forêt à Monthej ; les Erses, pâturage à Con-
cise, Jura ; l'Herse ou Lerse, montagne à Evionnaz ; les Her-
sa ttes, forêt à Pierrefitte, Jura, suffixe dim. jurassien atte^ elle ;
paraît être un participe pris substantivement du verbe v. ir.herdrey
erdre, aerdre, s'accrocher ; il désigne des forêts rapides, comme
accrochées au rocher, — ce qui est le cas pour les localités valai-
saunes I — par une figure comme cille de la Grappe, Greppon.
De la même racine, les moulins de l'Elrs, faussement écrit Lers,.
BRTETS — ESSEIN6ES 153
suspendus aux parois des gorg'es de la Liène près Lens, Valais^
et les chalets de Ders pour d*Ers, pâturage dans le vallon précî pi-
teux de la Derzence^ affl. de la Liène.
ErletSy pÂturafjçe à Ormont-dessus, frontière bernoise, Yretes
dans les délimitations de froalière avec le Châtelet en i44i et
1474 • Cette forme primitive rappelle sing'ulièrement Tirette, val-
lée de la Lizerne = petite aire, petit plateau dans la montag'ne.
Esbons, écart d'Aubonne, Bonez, i235, M. G. XV, 7 ; d après
cette ancienne forme = es Bonnes (terres) ; voir cependant Bon.
Escalaz, vignes à Grang'es, Valais ; du latin scala, provençal
escala, vignes en pente rapide s'élevant par degrés. Ehalaz à
Ayent, le même mot h = c.
Eschert, ail. EscherZy D. Moutier, Berne, Escert, 1179 = Es-
sert, permutation jurassienne ss-ch comme sire-chire ; une vigne à
VEschertel, 1179, à Nugerol (Landeron).
EschienSy voir Echichens.
Eslex ou Es Loëx ou Eley, ham. de Lavej, entre les parois de
rochers qui descendent au Rhône, la Lex^ i5o4y Furrer^ III ; Es-
tez, loc. à Evionnaz ; de ès^ dans, et leiy rocher ; voir Lex.
L'Esparse, ruisseau à Payerne ; participe adjectif esparSy du
y. fr. espardrey répandre, disperser : ruisseau qui verse ses eaux,
qui déborde.
Esseinges ou Essinges, ham. de Surpierre, Frib.^ Essences,
1278 ; ham. de Léchelles et de Gumefens, m. à Seigneux ; Mon-
tessingeoz à Attalens ; probablement = chez les descendants de
EssOy variante de AzzOy EzzOy n. pr. germain. Fôrstm., p. 191 ;
mais à côté de ces hameaux, on trouve un grand nombre de lieux-
dits, non habités, qui paraissent avoir une autre origine : en Es-
singe à Mézières, Frib., loc. à Chénens, Praratoud, Frib. ; à
Payerne, les deux Gombremont, Thierrens, Baulmes, Arnex,
Vaud ; Essanges à Moiry, Essenges à Penthéréaz ; au xii« s. ,
Donat. Haut, passim, une loc. territoire de Lussy, in Lassingi,
Essengia, Essingia, et à VEssangia à Praroman. Une charte de
1217, M. F. II, io5, parle de la décima de Lessengi de Lusera-
bloz, sive de Naiz. Celles-ci nous paraissent être le subst. verbal
154 ESPBRSIERS — ESSBTTES
du verbe v. fr. essengier^ rouir : endroits où Ton fait rouir le chan-
vre. Peut-être faut-il y rattacher une partie des^noms précédents.
Les Espersiers, écart de Gorsier, Vevey ; peut-être du verbe v.
fr. esperdre, anc. part, espers dont nous avons gardé le part, mo-
derne éperdu = maisons écartées, comme perdues.
Esparsillier, loc. à Ëtoj ; paraît être de la famille du verbe v.
fr. espardrCy part, espars^ éparpillé.
Les Essapenx, loc. D. Porrentruy ; article agglutiné pour es
Sapeux, celui-ci formé de la racine sap^ sapin, et du suffixe dimi-
nutif eux = eolum, iolum = aux petits sapins.
Esserdilles, ham. des Bois, Jura bernois ; dim. de
Essert, en France essart, eyssart, issarty du bas latin exsar-
tum, terre défrichée. Nom de 3 com. Vaud, 2 Frib. et de centaines
de hameaux et lieux-dits. Anciennes formes : Essert-sous-Champ-
veni, Exertas vers 1096, Essert-Pittet, ^x«r/«5, iioo, Issert,
val Ferret, Valais, Exert, 1228. De là aussi Essertes, Sortis,
ii54 et 1162, M. G. IV, 77, Exertis, iiSoy Essertes, 1271 ; Es-
sertines, D. Rolle, 1228, M. R. VI, Exertines, i344»^sertio à
Aile, D. Porrentruy, fausse orth. pour Essertiau, Essertons, di-
min., nombreuses loc. ; Elssertoux à Chardonne (permutation
ons-oux), Essertze, alpe de Rougemont, Esserze, alpe d'Héré-
mence, Valais, Echerté ou Echertes, loc. à Luc, ELssertex à Vé-
rossaz, Valais. Composés : Exergillod, ham. d'Ollon, pour Ës-
sert-Gillod, n. pr. ; Exertimont aux Ormonts, en Exermon,
1882 ; Essert-Fallon, ham. d'Epiquerez, Jura bernois, de Fallon,
n. pr. : en 1847 vivait un Jean Falum à Ocourt. Aux Nesserts à
Fleurier et les Nesserts à Courroux : n agglutiné de la liaison
En-Essert. Gertoux, ham. de Perly, Genève, Sartoux vers i537
(Duval, Ternier et Saint-Julien, p. 90) ; dérivé de sarter, défri-
cher, syn. d 'Essertons, avec permutation ons-oux comme dans
Essertoux.
Les Essettes, chaîne de rochers dentelés près du glacier de Sa-
leina ; les Essets, alpes de Bex ; les Echessettes (ch-ss) au val
Ferret, dim. correspondant à aisselle ; du latin axilla, avec le
sens d'échancrure, d'angle ; allusion aux dentelures en scie des
ESTAVANNENS — ESTEVËNENS 155
rochers, par la même fig-ure qui fait dire Taisselle des feuilles
pour rang'le ai|;i;ii entre la feuille et la tig-e.
Estavannens, D. Gruyère, Frib., EstaoanenSy 1281, Exiave^
nenSy i453 = chez les descendants d'un Germain au nom indé-
terminé Stabatin, Stabadin ? (Stadelmann.)
Eslavayep-le-Lac, Stavaiel^ ii58, 1162, M. F. III, Stavail^
Siavaia^ ï'77> F. B. I, Estavay^ ii84, Estavail, 1224» *S'/a-
violoy 1225, M. R. I, 208, Stavayay 1244* Estavayacum, 1265,
Stavaffy i3oo, F. B. II, Staviacum dans les chartes du xv® s. —
Estavayer-le-Gibloux, Stavael, ii42> Gart. Month., Staviolum
sub Jublory 1227, Estavaiel-li vila^ 1228, etc. Le suffixe acum
n'est qu'une graphie de chartiste et ces deux localités doivent être
exclues des noms en acum. Gatschet dérive Ëstavajer, ail. Stâffis,
patois Tavaf, du bas latin stadivurriy ail. stad^ staad, lieu de dé-
barquement ; mais si cela est bon pour la ville, cela ne convient
^ère pour le village du Gibloux. Ensuite cela ne tient pas compte
des anciennes formes ci-dessus. Nous pensons nous approcher da-
vantage de la vérité en rattachant ce nom au v. h. ail. staffal^
aujourd'hui staffel^ station, étape, surtout des troupeaux s'élevant
à la montagne. M. le prof. Bonnard nous objecte (in litt.) que le
f de staff ne s'est pas changé en v dans les mots romands. C'est
vrai pour les mots introduits récemment, qui ne remontent pas au
delà du xvi® s., tandis que ceux-ci ont passé dans le romand au
xii« et sans doute avant .
Dans le Cart. Haut^Crêt, M. R. XII, p. 198^ on trouve la mention d'un
Oererdus apud villam cujus nomen est ThasvaeL Au Répertoire, p. 256,
M. Hisely le rapporte à Estavayer-le-Lac. Nous sommes d'accord pour
identifier avec Estavayer ce nom qui ressemble beaucoup au patois Ta-
vaï. La métathèse de Ts est curieuse. C'est peut-être une simple faute du
copiste qui deux lignes plus bas écrit Wluricus pour Ulricus. Toutefois
nous rapporterions plutôt ce Thasvael à Estavayer-le-Gibloux : il y est
question de la dîme de Bouloz donnée à Haut-Crét et les personnages
nommés sont presque tous des villages voisins du Gibloux.
Este venons, D. Glane, Fribourg, Esievenens, i4o3 = chez les
descendants d'Esieven^ n. pr. germain dérivé du latin Stephanus
(Stadelmann).
156 BSTRANGUELION — ETER
En Estranguelion, loc. à Etoy, Vaud ; endroit où abondent les
poiriers aux poires âpres, appelées poires étrangle ^ poires d'e^-
tranguillon, ailleurs poires channes. Un des rares cas où la lo-
calité est désignée par le fruit (es Cerises près Grandson).
Etablons, chalets sur Iserabloz, Valais, montana de EstabloUy
1262, Wûrstbg. ; de stabuluniy étable, et suffixe dim. on.
Etagnières, D. Echallens, Estanneres^ 1202, M. R. VI, 187*,
et 1288, ib., p. 682, EstanereSj 1290, M. R. XIV, E tanières y
1877, Ethagnires^ i4o3, Estagnyeres^ i424> Etagnire, loc. à
Villars-le-Terroir ; de es, dans, aux, et tanières, de taxonaria^
terrier de blaireau.
Aux Etalles, prés à Ormont-dessus et pàturag'e à Ënney^
Gruyère ; à TElélay, pré dans la forêt sur Roche et taillis à Port»
Valais ; à l'Etellay à Leytron ; Plan de l'EtalIaz, alpes de Châ-
teau-d'Œx ; Combe des Etelles à Saint-Ursanne, Berne ; proba-
blement du patois étale y s. f. pi. copeaux, itella, etella^ s. f.
bûche ; endroits où Ton met en bûches le bois de chauffage ou lieu
où on le dépose pour le service du chalet.
Etaloges, ham. de Buchillon et ruisselet, D. Morg-es. C'est
probablement la localité désignée dans une charte de Saint-Prex,
M. R. VI, 265 4c li boscez entre les doves eschaloges ; » de là éca--
loges, étaloges, permutation populaire de c en t.
Etambeau, maison à Château-d'Œx ; Etambot, loc. vignoble
de Lausanne, Estamborc, EtamboCy ExtamboCy 1228, 1285^
M. R. VI, 248, inter Warcheriam, la Vuachère, et lo Ruai de Pa-
laieres, le ruisseau de Palejres.
Etavez, ham. du Mont sur Lausanne = es Tavez ou es TavelSy
sjn. de tabernae, cabanes, comme on le voit par Tavel, Fribourg^
Tavels, 1228, et Tabernae, ii5o et i255 ; voir Tavel.
A rEteindiaz, champs à Henniez ; patois eteindia, étendue.
Etep, forêt D. Neuchâtel, traversée par une ancienne route que
Ton croit romaine ; le patois a étier, route, chemin (Bridel). —
D'après le Dict. géog. d'Attinger, du latin i7er, au sens de che-
* Le texte porte Estanueres : fausse lecture ou coquille.
ETERPAS — ETRAY 157
min^ de passag'e. Cela ne nous paraît pas possible, iter ayant
donné erre^ s. m. et f. ; orig'ine à rechercher.
Eterpas, loc. à Vallorbe, Ollon, Château-d'Œx, Rossînières, et
3 Frib. ; Eterpeis, Monnaz et Grang'ettes, Fribourg-, Eterpeys à
Lausanne, Esterpaies^ 1224 et 1242, M. R. VI, 243 ; Eterpys à
Suscévaz, Essertines-Jorat, Eterpis, une 12® de loc. ; Esterpis à
Vionnaz, Etierpes à Dorenaz, ELsterpoz à Mordes, etc. ; du latin
extirpata^ endroits défrichés. Eterpon à Conthej doit être de la
même famille ; es Esserpes, champs à Sainte-Croix, paraît être
une autre forme de Ësterpes, la permutation exceptionnelle st-ss
due à l'influence de essert qui a le même sens.
Etiez ou Etier, ham. de Vollèges, Bag^nes, Octier^ ii5o, Hid-
ber, II, Octiez, 1177, Furrer, III, 4i, OitieZy 1179, Ottiez^ 1198,
OthieZj 1245, Oytier, 1249, Octhiez^ 1280, Octyez, i3i5.
Etivaz, vallée et ham. de Château-d'Œx, Leytiva^ ^^l^y 1628,
M. R. XXIII, 99, 287 ; du latin aestiva^ lieu où Ton passe Tété.
Etoules, loc. à Pampigny, D. Cossonay ; autre forme (bourg'ui-
g^nonne) du fr. éteulcy chaumes qui restent après la moisson, en
patois et rouble y du latin stipula.
Etoy, D. Morges, Stuie, ii45, Estui, 1167, i2o4, Stoi/y 1177,
Estue, i2i5, 1234, Estui/y 1269, EstueZy i349, ^^* ^m StueZy
1879, Arch. Schw. Gesch. XIII, Estuey, i43o, etc. D après Gats-
chet, du V. h. ail. stuba, étable à moutons.
Etrabloz, ham. de Payerne, villam de StabuliSy iilfi, M. F.
I, 375, Extablo, 1299 ; de stabulum, étable, avec épenthèse d'un
r. Cette addition est ancienne : « Yestrablo sito in finag-io de Vi-
rier, > dit une charte de 1278, M. G. VII, i38.
Les Etramaz, hameau écarté de Bottens, près du Talent =: ex-
trême de extra, en patois estra,
Etraz, faubourg* de Lausanne, StratOy 1216 et vers 1280, ^5-
ira, 1289, M. ^' ^^^9 446, 664; de (via) strata, situé sur la
route; route d'Etraz, Myes-Crassier, Nyon-Aubonne-Cossonay.
En Etraz, au petit Etraz, loc. à Russin, Genève, sur un ancien
chemin de Genève à Farg'es, même orig'ine.
En l*Etray, m. Ormont-dessus, vers la Grande-Eau, TEtrait,
158 ETREMBIÈRES — EVERDES
alpes de Lîddes, en Etrey à Echandens et plus. loc. Frîb. ; le
même mot que les Etroits à Sainte-Croix, loc. resserrée et à
Vionnaz Estrey^ Etrey , 1728 ; v. fr. étreit. Pierre Etreite, loc.
alpes d'OlloQ, comme les Etroits à Saiote-Croix : loc. dans des
valions^ des combes étroites.
Etrembières, loc. et pont près Genève, jadis es TrembièreSy
les Trembiières dans Spon, 1680, aux Trembières, 1682, M. G.
XXIII, 276 = aux taillis de trembles ; du latin tremula,
Etrèves ou Etrives, ham. d'Ollon, entre Charpig>nj et le
Rhône; la Grande EstriuaZy prés à Barges, plaine de Vouvrj, Va-
lais, 1722. A Létrivaz à Maracon, probablement même orig'ine^
mais laquelle? Le v. fr. a estrif^ s. m. et estrive, s. f., dont le
sens principal est querelle, combat, l)ataille, et d'autres sens abs-
traits difficilement applicables.
L'Etroz ou ritroz, petit village écarté de Trient, Bas Valais^
Etroz, loc. au Sanetsch, Valais ; Aitroz, loc. à Vionnaz, Estrioz^
1728 ; ritroz de Seilon, chalet le plus élevé, vallée d'Hérémence ;
ritroz du Bonis, chalets, alpes d'Ardon ; aussi C. de Vaud : Bois
d'Etroz à La Sarraz. Bridel le définit chalet des Alpes les plus
élevées, diminutif à'etrabllo. Mais ce diminutif par retranche-
ment nous étonne. Ces mots viennent du v. fr. estre, s. m., em-
placement dans un lieu ouvert, parent du latin exterus, ital. estera
= étranger, lointain.
Les Eudrans, loc, prés humides à Massongex, vers les sources
de la Lœnaz, es Haudrans vers 1720, Audran, 1761.
Euseigne ou Useigne, ham. vall. d'Hérens, Valais, Usegniy
Usogni, 1200, L^se/i/ii, xiii® s., Ysogny, 1879, M. R. ; d'après
Gatschet, avec quelque réserve, de sognie^ soignie, redevance qui
consistait pour le vassal à cultiver de l'avoine pour son seigneur.
Ce serait donc l'endroit où l'on cultivait ou bien où l'on livrait
l'avoine au seigneur.
Evaux, ham. de Onex, Genève = es Vaux^ aux Combes ; sou-
dure de l'article comme Everdes, Etagnières, etc.
Everdes, ham. d'Echarlens, Gruyère, J. de Everde, 1187,
Hidber, I, 584, Verdes, i848, M. F. IV, 98, Verdes, i85o,
EVI — EVORDES 159
EverdeSy 1894, M. R. VII, 276, ail. Grûningen ; es Verdes =
dans la verdure.
Evî, ruisseau à Albeuve ; du celte ève, ive, eau, correspondant
du latin aqua ; voir Aiguë.
Evilard, D. Bienne, Berne, ail. Leubringcen ; de es et du bas
latin villarey réunion de fermes (villa), soit village.
Evionnaz, D. Saint-Maurice, Valais, Evunna vers 1020, Hid-
ber, I, 3 10, Eviona, 1268, M. R. XXX, 86 et 1760, Archives
communales ; comme Evian, Aqaianum dans les chartes, formé
des racines celtiques eue = eau, et ona = rivière.
Evolène, D. Hérens, Valais, Ewelinay 1260, Eweleina, i255,
EwolenaZf i449> puis Evolénaz ; de ewe, eau, et latin lenis^
doux, eau tranquille (d'après Gatschet). La Borgne y est relative-
ment paisible. J. Monod, Guide du Valais, tire ce nom à^évolcy
éboulement ; nous ignorons ce mot, en tout cas les formes primi-
tives ne permettraient pas cette explication.
Evoêttes, loc. au Sépey ; Evouettes, loc. à Berolle, Corsier
(Genève), à Saint-Martin d'Hérens, et vill. D. Monthey, EvuyteSy
i486, HedyeZy 1298, Eydiez, Aydiez, M. R. XXX et 2® s. II,
14. Les deux noms se confirment Tun l'autre : Evouettes, dim. de
eue, eau = petites sources, et Ejdiez, collectif de eydie, eau. Il y
a 2 ham. Evouettes d*en bas et d'en haut ; celui d'en bas, le plus
important, s'appelait Eydier en i486 : « undecim foci (foyers) à
Eydier, quinque à Evuytes. » Yvœttes, en latin Açuetas, charte
de i556, loc. à OUon, même sens ; une loc. Aiwetes {on Aivueies)
à Vercorin, Valais, i25o. Evuex Roche ; de ève et coll. ex. Un
Euez, Eivez en 1228, Cart. Laus. M. R. VI, 178, 218 est peut-
être rinvuex à Granges.
Evordes, ham. de Troinex, Genève, Esvordes, 1201, M. G. II,
54, 1222, 18 18, M. G. IV, 88, et XVIII, 24. La forme primitive
aurait été es Bordes (permutation b-v) d'après M. Jules Vuy,
Mém. Inst. G. IX, 2, qui y rapporte un Umbert de Bordis, xiii»
s. La permutation b initial v, quoique rare, se présente parfois,
par exemple Bibiscum, Viviscum, Berseya, Versoie. Dans ce cas
ce nom signifierait aux chaumières, voir Borde. D'autre part, d'à-
160 EYSINS -^ FA6US
près une communication verbale de M. W. Meylan, prof, à Ge-
nève, on trouve les formes es VorsaZy es Vorges^ ce qui signifie-
rait lieu où abondent les vorzes, saule marceau.
Eysins, D. Njon, OsincOy in pago equestrico looa, Hidber, I,
Osinsj ii4o, ii45 et ii64, M. G. XIV, 7, IV, 78, iao2, XV, 7,
Oisins, 121 1, 12 ig, M. G. XIV, Oysins^ i235, M. R. V, 33 1,
OsinSy OyssinSf i236, Cart. Oujon, Oisins, i25o, M. R. VI, 393,
correspondant de Ossingen, G. Zurich = chez les descendants de
OsOy OssOf n. pr. germ. que Fôrstemann rattache avec doute au
vieux gothique ôs, dieu.
Eyssy ou Eissy, ham. de Domdidîer, Fribourg, Essie entre
ii63-i22o, Donat. Haut., Eyssy, i4oi. Essy, auj. Essis, loc. à
Ghâtillens, D. Oron, Essy y 1273, M. R. XII, 201 ; conune Achy,
de (fundum) Acciacum, du gentilice Accius = domaine d*Ac-
cius, comme les Essey, Aisy de France.
Fada, Forêt de la — , Ardon, Valais ; = forât de la fée, du la-
tin yh/a, patois JatOy fada, romanche yac/a. De la même racine,
la Grotte aux Fées à Saint-Maurice, le Temple des Fées à VaU
lorbe, la Cave aux Fées à Croy. Mais on confond souvent avec ce
mot celui de faye = brebis, aussi écrit fée, voir Faye.
Fagne, Bière, et plus. loc. du Jura bernois, es Praz de
Faigne, loc. à Choéx près Monthey, plan de 1716 ; du îv.fagnSy
provençal fanha^ faigna, mot employé aussi dans les Ardennes
et dans TAunis, du bas latin yanm, lieu marécageux, autre forme
de fange, et correspondant de Tall. Fenn, voir Fennes.
Fagus, du latin ya^u^, hêtre, patois fau, fou, feu, dérive une
très nombreuse famille.
lo De fagus: Faug, loc. à Bex, Burtigny, Jongny, Vulliens ;
Gombe du Faoug ou Faug, pâturage à La Rippe, faussement
écrit aussi Combe du Four, Belfaux près Fribourg, Bellofagi,
1142, les Faougs à Founex, Faoug ^ près Avenches, Fol, 1228,
1 Faoug, en ail. Pfauen, a un paon dans ses armoiries. Ce sont des armes
parlantes. L'allemand traduit habituellement f initial par pf. : Fines, Pfyn, Fa-
FAGUS 161
M. R. VI, Fo, 1290, 1828, Foz, i338 ; Champ du Faux à Pra-
iiins, Côte es Faux à Yvonand, les Faux à Peney-le-Joral, — le
Gros Foux à Neirivue, es Foux à FiauKcère et Orsonnens, la
Foux à CroDay et Gharmey, Son-les Foux à Rossinières (== som-
met des hêtres), Entre-Foux à Sug'oens, Foux-Praz, Bussy-
MoudoD, Fin du, des Fous à Thierrens et Fenin, Plan dos
Faouls à Peseux, — Crète du Feu à Massong^x, Beffeux, Bello
^agOy i4o2, et Proz du Feux à Vioooaz, Pré de Feu à Colombey,
jadis Pré du Faug*.
2» Du collectif masculin ya^rc/ttm ; Fay, le — , les Fays (pr.
Fey-i) à Martigny, Monthey et 10 autres ; Plan Fay, Champ Fay,
très répandus dans tout le pays romand ; Plan Fet, ham. à la
Côte aux Fées, Neuch, ; Fey, D. Echallens, Fai, 1 154, Faio vers
ii5o ; ham. de La Sarraz et 3 loc. Frib. ; le Faz, bois à Peney-
le-Jorat ; Fayet à Dizy, Fayat à Trient, Fayot à Val d'Illiez,
Fayel à Cossonay, Fayey, Saint-Ging'olph, Faël à Vaulion,
Fayez à Bière, Fayay à Vionnaz et les nombreux Fahy du Jura
et à Aig-le, Fayez, 1718, Fahy, D. Porrentruy, Fayl, 1^77»
Fahy y 1377.
3» Des collectifs féminins /arrêta, /a^raria: Fayo à Prahins,
Trey et 8 autres. Rouge Faya à Aigle ; les dim. Fayettaz,
Fayetaz ; la Fayîre à Vionnaz, Feyère à Ollon, Fayèro à Esta-
vanens, la Fouéraîe à Boudry, Foyers, bois à Beumevésin,
D. Porrentruy, forme masc. correspondant à Foyère.
4® Les diminutifs Fayaulaz, 8 loc. Vaud et Fribourg- ; Foyau-
laz à Villarimboud, Fayules à Bottens, Faiola à Berlens, xiPs.,
FayolaZy Fayoula, Faolaz, i3o9, à Châtel-Saint-Denis, Faioula,
1298, à La Roche ; dim. masc. : Fayaux à Blouay, Fa yeux à
Monthey.
50 Enfin de l'adjectif yh^i/itt« = de hêtre, dérivent Plain Fa-
hyn, ham. de Pierrefitte, D. Moutier, et Plain Phayen à Vermes
et Corban, Jura bernois = plaine (boisée) de hêtres.
ver», Pfafers, Ferrettc, Pfirt, Faido, Pfaid, etc. C'est ainsi que Eau est derenu
dans la bouche des Allemands voisins Pfau, et ce nom ne leur offrait pas d'autre
sens que celui de l'oiseau.
M. D. SEC. SÉRIE^ TOME VII {{
162 FAILLAZ — PARTIES
A la FaillaZy vignes à La Rippe, subst. verbal de faillir, v. fr.
faille, s. f., manque, solution, rupture de continuité dans une
roche, un filon, une nature de terrain.
Falcon, Prafaloon, ham. près de Sicrrc, Valais, Prato Far^
con, iSSg, encore Farcon dans la popnl. allemande, Benfarcon,
prés à Grimentz ; Plan Faloon, loc. à Gorbcyrier ; du n. pr. Fa/-
con ou Farcon, fréquent en Valais au moyen âg'e. Nous en rap>
prochons Farcounet, pâturage et chalet à Ormont-dessous ; dn
n. pr. Farconety dim. de Farcon, de Marquil Farconetus du Sé-
pej, qui acheta ce pré « ou pede dou Léser », au pied du Leysaj»
en i355. Un Farco vivait à Gergnat sur le Sépej en iSSa.
Famenaz, loc. à Orges, D. Grandson ; patois = famine, pour
désigner un terrain improductif.
Fanel, ham. près Champion, Berne^ avec un bac sur la Thièle ;
probablement le même que vanel, passage, défilé, du bas latin
venella, permutation 0;/*sous Tinfluence allemande (comme Fiesch
de viens).
Fang, village d'Anniviers, Valais, et ham. de Bellegarde, Fri-
bourg; de Tanc. h. all.y<lAa/i, clore; correspondant des Clos,
Clouds du pays romand.
lia Faraz ou les Fares, loc. vallée de la Gryonne, avec paroi à
pic sur la rivière ; la Faraz, torrent impétueux, vallée d'Isérables,
Valais ; campagne à Saint-Légier ; ham. de Vufflens-la-Ville,
Fara, 1260, 1877 ; et 3 autres loc. ; en Phare à Monthey, FarrCy
1696, Fare, 1819 ; les Farettes, défilé et paroi à pic sur la
Grande Eau près Aigle^ es Farestes, plans de 17 18 ; la Farau-
saz, pâturage sur le rocher du Lécherex, Ormont-dessus ; Faratte
à Presinges, Dos Faratte à Courroux, Jura bernois ; Mont-Fa-
ron à Apples. Peut-être dérivés du verbe v. h. a\\, /arân, aller,
ou de la même racine JoTy origine inconnue qu'on trouve dans
faraud, primitivement fier, orgueilleux.
Les Farenes, lieu-dit à Villette, Lavaux, les Fama, champs à
Chabrey ; du patois farena (far'na) == farine, employé pour dési-
gner une terre sèche, très meuble, poudreuse.
Farties (e final légèrement ouvert), forêt des — à Finhaut
FARVAGNY — PAYE 163
part, passé fém. du verbe v. fr. sortir ^ briser, défricher^ avec
permutation valaisanne s-f ; équivaut environ à forêt des Ësserts.
Fapvagny, 2 com. Fribourg-, Favarniacuniy 1082, Faverniei^
Favarnieiy ii38, Donat. Haut., Arch. Fr. VI, Faverniacum^
1286, M. G. XV, 24, Favergnye^ i453, etc. ; de (fundum) Fa-
briniacum, domaine d'un Fabrinius, gentilice romain.
A la Fattaz, vignes à Conthej, Valais ; du patois /a^^a, poche,
au fig*. pour un lieu enfoncé ; la même métaphore à Champvent :
es Poches, vignes.
Faocoimièrey Revers de — , paroi rocheuse dominant à FO. le
lac de Joux : endroit où nichent lesjaucons.
La Fava, sommet 2614 m. au S. du Sanetsch, Valais, Sex de
la Faba dans Lutz ; de fava, latin /aba, fève, à cause de sa
forme ; à la Favaz, loc. à Mont, D. Rolle, lieu où Ton cultivait la
fève, de même les diminutifs en Favel, Favaulaz à Villargîroud
et Broc, et les collectifs es Faveires, prés à Ormont-dessus,
champs à Sévery ; la Faveîre à Vaulion et Vucherens ; le Favîer
à Tramelan ; en Favez à Ësmonts, à Rue ; les Favières à Esser-
tioes, D. Rolle, et Favery, ham. à Blessens ; en Favarlx, m. à
Champtauroz ; Faverettaz à Eclagnens et Faverules à Bussignj,
Morges, diminutifs.
Favarge, 2 ham. près Neuchâtel et 2 loc. Vaud ; Faverge, 5
loc. Vaud ; ham. de Saint-Saphorin, Fabricas vers 11 38 et ii46,
Arch. Fr. VI et M. R. III, Favargiis, 1216, i223, M. F. IV, Fa-
vargeSy i232, FavergeSj 1262 ; — Farvages, ham. d'HauleviUe,
m. à La Roche, Frib., les Favargettes à Coffrane, Farvagettaz
à Vuadens, diminutifs ; du latin yaôrico^, forge, avec métathèse
de IV. — Montfavergier, Franches-Montagnes ; de mont et /a-
oergier^ forgeron, de/abricarius.
Aux Favrins, prés à Ormont-dessous ; du n. pr. Favre, famille
nombreuse aux Ormonts.
Faye, la Zâ (Chaux) de Faye au Sanetsch, la Part — pour
Pare, — es Fayes à Villeneuve ; le Parc es Fayes à la Berra,
Fribourg; le Graux des Fayes sur Mollens; la Tannaz es
Payes à Champéry, la Luis Feya à Bex. Souvent écrit /ée par
464 FÉCHY — FÉLÉSIMAZ
confusion avec ce dernier mot, ainsi la Côte aux Fées, Neuch.»
Coste es faeSy i354, Costa des fai/es, i337, Coste es Fayes,
i658, sur la cloche du temple ; le Six des Fées, Hérémence, le
Sex de Pares es Fées, alpes d'Aigle = le Rocher des parois aux
moutons qui vont s y mettre à Tabri ; les Champs de Fées à Fre-
sens. Ce mot vient du latin y!?/a, brebis pleine, puis brebis en g'é-
néral, vallées vaudoises /èa, Dauphiné yfeia, patois fahie^ v. fr.
feya(z) comme le montre ce passag'e du Plaict de Lausanne
(i368), art. 1 17 : « Personne ne peut vendre une brebis ou feyaz
pour un mouton. » « Nullus potest vendere ovem femellam seu
feyaz loco castronis. >►
Féchy, D. Aubonne, Fescheio^ 1180, M. G. XIV, i5, Feschiy
i2ol^y Feschie, 1221, \2l\o^ Fechie^ i344> Feschier, 1467; Fes-
chy, m. à Gollion ; de Fesciacum (praedium), domaine d'un
Fescius, g'entilice romain.
Feîdey ou Feydey, loc. à Lejsin et au Sépey, D. Aigle ; de
Jilicetum^ fougeraie ; à ce mot se rattachent Flaugy, m. à Fiau-
gères et le Fiauzi, ham. près Rue.
Feigire ou Feygire près Châtel-Saint-Denis, /^cy^rueres, i5ii,
Fégières dans Lutz ; de Jilicarias, fougères, patois Jllaudze^
fiaudja. De même Fiougère à Port^ Valais, Fiaugères à Yens, à
Saint-Martin, Frib., Felgeria vers ii5o, Fiougière^ 1260 ; dim.
Fiaugerettaz à Chardon nay-Morges, Fiaugire à Oron, Fiau-
dière à Montreux ; Fieudère à Hérémence et Leytron ; Fiongère
à Ependes ; Fougères à Conthey, Feugères, i243, et Lausanne ;
Fougière à Massongex ; Faugère à Lens, Faugeroz à Monthe-
rod, Foigière, Montignez, Porrentruy ; Fegîère, Coffrane, Fe-
guire, Feyguîre, Faiguières, Feydière, Gruyère, au Fidero,
Fedepoz à Vouvry, Flongière à Vaulruz, Fiaugire à Croy,
Fiougère à Baulmes, et les collectifs Foigeret, Folgiret, D. Por*
rentruy.
Es Felards ou Fellards, prés à Yvorne ; de Jelard^ filard^
filet dans lequel on charge le foin, prés où Ton est obligé d'enle-
ver la récolte dans des filets.
Félésimaz, pâturage près Charmey, Filisiema^ i458, Fili--
FENASSE — FERNASSE 165
iiesmCy i5o4 ; viendrait dejilices, fougères, d'après Gatschet, qui
j rattache le nom d'une alpe de Phillix ou Félix à Gsteig* (Ges-
senay) ; à étudier.
Fenasse, prairies à Jussj, Corsier, Cologny.
Fenêtre, 5 ou 6 cols du Valais, et Fenestral, Fenêtrail, alpes
de Finhaut et de Fullj, Valais ; de fenêtre, ouverture et suffixe
aagm. a/, ail,
Fenette, voir Fin.
Fenîl ou Fenis, D. Cerlier, ail. VinelSy Fenis, 1072, F. B. I,
Feni^ 1098, Finis, 1196, FinilSy 12 15, Fenis, 1228, M. R. VI,
lôyFinins ante Cellier 1286, Vinils, i3oo, Finilis, 1809, Tr.,
etc. ; Fenis, bois près Corserey, Frib. (et vestiges d'un anc. châ-
teau) ; les Fenils à Roug^mont, et plus. loc. ; en Fenix ou Feny
à Vérossaz ; Fenin^ Neuchâtel, Fenis, 1228, M. R. VI, 20; de
finit, latin fenile, romanche fanigl, fenil, ail. suisse FineL
Fenalet à Bex, Finalet, i4o2, et Saint-Gingolph ; Feneict à Ley-
siu, Feneliet et Fenîllets, Ormonts, Albeuve, etc., diminutifs,
voir aussi Findelen.
Pennes, Sieme es — , chalets, vallée de la Manche à Rouge-
mont, Prafenne à Monthey, en Praz fennez, 1696 ; du v. h. ail.
finn,Jenni, lieu marécageux.
Le Fer, pâturage à Leysin, prononciation patoise pour TEssert,
permutation ç^f comme fîngle pour cingle ; de môme les vignes
du Fept à Ëvionnaz, es Preyses du Fer à Saint-Maurice.
Ferlens, com. D. Oron (et hameau de Massonnens, Frib.) ;
Ferlens, 11 46 et vers 1160, Fellens. i3ii, i33o; Ferlyn, Fer-
lin, Ferlens, i33o, Arch. Fr. III = chez les descendants de Fer-
hil, n. pr. germ. Fôrstm., 899, a le nom voisin Ferhilt, de la ra-
cine ybr, du verbe yhrdn, aller.
Fermens ou moins bien Ferman(d), bois et ferme près Apples.
C'était le nom d'une famille de donzels d'Apples au moyen âge.
Probablement de la même racine yhrd/i.
Fernasse, bois à Versoix, renferme, avec le suffixe augmenta-
tif asse, la même métathèse que le nom de la localité voisine,
Fernex, pour Frenex, du latin fraxinetum, bois de frênes, ou
166 FERPÊGLE — FERREX
d'une forme bas latine farnetum que signale Muoth. (Bûnd-
nerische Ortsnamen^ 29.)
Ferpècle, grand pâturage, val d'Hérens, Freytpiclo vers 1280,
M. R. XXXIII, 432. Murith écrit Frepey en 1806 ; d'après Stu-
der, du romanche ver = val, et de l'italien piccolo, petit, ou de
pecuffliOy troupeau^ donc petite vallée ou vallée des troupeaux.
Mais ce romanche et cet italien nous paraissent étrang'es en Va-
lais. L'ancien nom de Ferpidoz, com. D. Sarine, et maison à
Gruyère, nous met sur la voie. Ce village s'appelait Frigidam
pesclam, 1137, M. F. II, 16 (le Frigidum Pesdum, Donat.
Haut., a45, Arch. Fr. VI, 97, est sans doute une coquille et il
faut lire Pesclum). Ce nom devient Ferpehclou, 1269, Ferpe-
cioz, i3oo, etc., Zimmerli, II ; pesclum est évidemment /}asca/am,
petit pâturag'e. Freytpècle est donc froid petit pâturage ; Frépècle
est devenu Ferpècle par métathèse de l'r ; remarquez l'orth. de
Murith.
Ferrage, Ferpajoz, Ferpageoz, une i5« de localités, m., h.
aux abords des villages, le Feradze ou Foradze à Dorenaz, Va-
lais, forme pa toise. Nom ancien : une vinea de Ferraio à Beuson,
Valais, 1246, campo de Ferragio à Vu fflens-la- ville vers 1260 :
ou Ferraige à Yens, 1296, Ferraio à Apples, i337, loco qui di-
citur Ferrnjoz à Olmona de Savièse, xiii® s. ; des prés au Fer-
rajon à Corserej, Frib., i5i3. On pourrait penser à ferrage, lieu
où Ton ferre les chevaux, bien que celui-ci s'appelle ordinairement
faverge. Mais ferrage peut avoir une autre origine. Dans le Cart.
Laus., M. R. VI, p. 266, une terre paie «VIII denarios Ae ferra-
gio » et ailleurs : « Avena et ferragium est vice domini. )► Ce
mot paraît parent du latin farrago qui signifie un mélange de
diverses céréales, provençal ferraige^ et pourrait désigner l'en-
droit où l'on percevait la dîme des grains.
Ferrex, vallée du Valais, Nemus de Ferrea^ "89» M. R.
XXIX, 12, Férray^ ii^o, Ferrex, 1228, Ferreg, i395. D'après
Gatschet, du v. h. ail. varrich, pfarrich^ ail. pferch, parc à
bestiaux. Vient plutôt de feurre^ paille, fourrage, comme le di-
minutif Feppcule à Sorvilier, Jura bernois, feurre et suffixe ola.
FERREYRE — FEUR 167
Feppeype, D. Gossonay, Forrarias, 8i5, Gart. Lems. y Ferrie-
rw, 978, loi I, villa FerreriaSy 981, Hidber, II, Ferrarias, 1049,
FerreriaSy iog6y Ferre ria, iit^i, Ferreres, 1174» ia36, 1269,
i344> M. R. D'après Gatschet, du v. h. ail. voraha^ sapin, lieu
couvert de pins ; d'après Studer, de /brarius, ail. Forrer, fr.
fourrier. Les deux noms paraissent faux et nous dérivons ce nom
comme Ferraire à Belmont, Ferreire, pâturage à Tlsle, en Feiv
reyre à Blonaj et Saint-Légier, Fereyre, chalets sur Lejtron, du
V. fr. yî?ttrr«, fourrage, du germ.yiio^ar, all.y«//^r, bas latin
Jbdruniy doù fodrariayforraria^ fourrière, bâtiment où l'on
serre le fourrage. Même origine pour la Ferrière, commune de
maisons éparses, D. Gourtelarj, Berne ; par contre la Ferrière,
anc. nom des forges de Là-Dernier à Vallorbe, 1 286, vient comme
les Ferrera des Grisons du latin yerraria, endroit où l'on fond
le fer. Quant au chalet de Ferraire, alpes de Ghamoson, sur le
chemin de la mine de fer, il est difficile de décider.
Feschel, D. Louèche, Valais, Veselli, 1267, Veselly, 7 fois
j[iv« s., Vessellij i357, Vexelly^ i363, i4io, Veschily 16 19.
Fétigny, D. Broyé, Frib., Festigneiy 1142, M. R. XII, Fisti-
ney^ 11 84, Hidber, Fistignier, i38o, etc. ; de (fundum) Festi-
niacuniy domaine d'un Festinius, gentilice dérivé du cognomen
Festinus.
Fouillasse, ham. de Meyrin, Genève, Follacia, 1286, Folia-
ciz, 1297, M. G. XIV, 189, 267, et bois près Satignj, i3o5, Fo-
liacum, Rég. gen., 389, 483. De feuille et suffixe augm. asse, à
cause des bois qui l'entourent.
Feuillerat, m. à Rougemont, Feuilleresse, bois à Delémont,
Feuillerette ou Feuilleret, alpe de Louèche-Bains ; de feuille et
suffixe adj. eresse et dim. ette, forêts d'arbres à feuilles, en op-
position aux conifères. Voir aussi plus loin Folly.
Feur, For, du latin foris, dehors ; Feurporte, quartier à
Nyon, Feurtille, bois à Baulmes ; en Forbuey à Etoy = en de-
hors de la porte, des tilleuls, du bois. A foris se rattache aussi le
Bourg de Four, quartier à Genève, Durgum Foris au xrv« s.,
Borg de Feur dans Spon, 1670, le bourg du dehors, le château
468 FEY — FILLING
hors de Tenceinte (au comte de Savoie) par opposition au château
intérieur, celui de Tlle (à Tévêque). D'après Galiffe, ce Burgum
foris ne serait qu'une traduction bas latine du français de l'époque,
mais cet auteur ne propose pas une autre étymolog^e.
Fey, Feydey, voir FaguSy Feigire,
Fiesch ou Viesch, Haut Valais, Fitt, 1196, ViuSy 1289, Viox,
1233, Viosca^ 1268, F/05, 1277, Vyes^ VîeSf i323, i325; du la-
tin vicuSy village, comme le bourg savoisien de Viuz. La forme
Viosca s'explique par l'italianisation du nom vulg. ail. Viesch
déjà en us&ge parmi la population allemande. Les familles nobles
souveraines, les Blandrate et d'autres, comme les Omavasso, ve-
naient du Novarais.
Fiez, D. Grandson, Figiacam^ 885, Fiacum^ 888, de FeiacOy
1049, Hidber, I, 348, Fyx, ^179» ^^^> 1228, Fyes^ 1299, Fyez^
1342 ; Fiez-Pittet, ham. de Grandson, parvam Fiacum; comme
les Fijji^ac de France, autrefois Figiacum, de (praedium) Fibia^
cunif domaine d'un Fabius (Fibius), gentilice romain célèbre.
D'après Gatschet et Studer, de l'ail, fichte^ pin, mais acum ne
s'ajoute qu'à des n. d'hommes. Cette étymologîe par contre est
exacte pour d'autres Fiez, lieux non habités ; voir Five.
Figneroles, m. et territ. à Cuarny, D. Yverdon, Firiroles vers
1 100, M. R. III, 5Si, FilleroleSy Filliroles, 1 174, "77» M* ^- ^'^ ^
dérivé avec le sufHxe dim. olas, plur. de ola, d'un n. commun
indéterminé. Peut-être j a-t-il aussi un double diminutif erola. La
double permutation r^l-gn rend la recherche encore plus difficile.
Les Filasses, pâturage d'Anzeindaz. M. Isabel nous commu-
nique ceci : « na fila en patois est la cascade d'un long chenal
horizontal déversant en aval les eaux fluviales. Il y a aux Filasses
quelques sources qu'on a amenées à Anzeinde. »
Filling, Grange — ou Phillings, ham. fribourgeois près
Payerne. C'est évidemment le môme nom que Fillinges, village
près Bonne, Savoie — chez les descendants d'un Germain. Hid-
ber, II, p. 322, appelle ce hameau Granges-Ferlein, orthographe
que nous n'avons pas rencontrée et qui ferait de ce nom un dérivé
de Ferhil, voir Ferlens.
L
FIN — FIVE 469
Fhi, du leitin JiniSf territoire. Chaque village a sa Fin. Donne
son nom à de nombreux hameaux et forme des composés : les Fins-
hauts ou Finhaut, Valais, les Fint/aux, 1294, les Feniaz, 1307,
les Plansflns au col Ferret, Valais, etc. Le diminutif est fré-
quent : le Finet à Saule j, Jura bernois. Finettes à Martigny ;
Fenette à Payerne, Fenettaz à Grandcour, Corsier, et une 12® de
loc. Frib. Fenatte à Châtillon, Court, etc., Jura bernois. Fin est
devenu Fan dans quelques composés. Longefan, prés à Valejre-
floos-Rances, Langefan^ loc. à Roche, perm. o-a comme dans Pra-
fandaz ; Belle Fan à Penthaz, Rouge Fan à Essertines, D. Ëchal-
lens.
Findelen, ham. de Zermatt, autrefois Finelen, en fr. Fenalety
forme germanisée de Fenils, Il y a une alpe Findels, C. de Saint-
Gall. Finneln, ham. de chalets à Staldenried ; vient également de
fertile j ail. suisse Finnel, et désinence plur. en = les fenils.
Finges, ham. et forêt à la limite du Valais romand et alle-
mand, Fingio, 1821, iSSg, Ft/nio, 1876, Finges^ i4i7 ; en ail.
Pfyriy comme Pfyn^ Thurgovie, dans les chartes ad fines (Rhe-
tiœ). Le g fait difficulté, c'est sans doute la consonification d'un
I comme dans singe de simia. En considérant les anciennes formes
on voit que le g n'apparaft définitivement qu'au xv* s.
Finive, la — ou Fenive, sommet, alpes de Finhaut, frontière
française ; Fenives, loc. à Leysin, les Inflnives, prés à Vionnaz,
seraient-ils aussi dérivés de fin ? M. Bonnard, consulté, nous écri-
vait : « Je doute qu'on trouve beaucoup de dérivés en ive servant
à former des substantifs. Cependant Godefroy a finitive, s. f. =
fin. »
Five, Fivaz, nom de nombreux bois, une 10* C. de Vaud; aux
Fivettes, bois à Apples, diminutif ; la Fia, Chaux-de-Fonds ;
Fin des Fies à Savagnier, Combe des Fias à Rochefort, Fya à
Fleurier, 1282 ; dejîve (Vaud) ou Jie (Neuchâtel), sapin, spécia-
lement sapin rouge, rameau de sapin, le dim. fiola à Moutier =
épicéa. Le 4 mai i533, « les compagnons d'Orbe arborèrent la
five » (signe de ralliement des catholiques, écrit Pierrefleur
§ LXII. D'après Gatschet, de l'ail, fichte, nom du sapin rouge.
170 FLACHE — FLON
« Les bois de fies et de sapins seront conservés... » acte de i537
dans Bojve, II, 876. Il faut probablement y rattacher les bois de
Fyà Gryon, de Fyay ou Fiay à^rzier, Bassins, et au Fiez, au-
jourd'hui vignes, à Fullj, à Coinsins, et loc. à Borrex.
Flache, prés à Ajent, et Fiache, prés à Chalais, Valais, la
FIAche à Cugy, D. Broyé ; même racine que nos JlachèreSj prés-
marais où Ton récolte de Isijlache, vaudois àxiflaty de la litière ;
du fr. flache y s. f . , creux lég-er : flÂche d'une route, mare d'eau
dans un bois argileux, lieu inondé, que Littré rattache à l'ail.
flachy plat, et Dietz au néerl. vlacke, terrain bas.
Flambois à Vionnaz, flanc, côte du bois.
Flammayen, ham. de mayens à Ëvolène = flanc, côte du
mayen ; Crettaz es Flancs ou Crettaz des Flancs à Saint-Martin
d'Hérens ; Flanthey, ham. de Lens= flanc, coteau, large, étendu,
de flanc et they, de tensus, voir teis, teisa.
Flanche (Flantze), prés à Evolène, Valais = v. fr. flanche,
s. f. = flanc, prés sur le flanc du coteau.
Flendruz, nom de deux ruisseaux du Pays-d'Ënhaut, Flandru,
iii5, F. B. I, 366.
Fleurie, nom de parties élevées de pâturages, sous les arêtes ;
du p&iois flloria, récolte de foin d'un pré, parce que ce sont des
pentes rapides, non pâturées, mais réservées à la faux, telles sont
les Fleuries sous le Tarent, Ormont-dessus, Floriettaz, partie
gazonnée du sommet de l'Arnenhorn, Ormont> et Florettaz,
même sommet, versant de l'Etivaz. Flore, sommet, alpes de Con-
they, les Ënfleuries, Infleuries à Vionnaz, l'En Fleurie au N. et
au S. du Sanetsch, Luys Fleuriaz, alpes de Leytron et de Sail-
lon.
Fleurier, Neuchâtel, Flurye, 1282, Flurié, 1872, M. N. XLI,
Florye, i38o = (fundum) Floriacum, domaine d'un Florius,
gentilice dérivé du cognomen Florus et connu par les inscrip-
tioDs ; Floriacum a donoé les noms de 29 communes de France
(dont 17 en y, 5 ey, 2 ieu, 3 ac).
Flon, du latin flumen, rivière, nom d'une vingtaine de ruis-
seaux. Une forme plus voisine du latin est Flumi à Château-
FLOT — FOLLATERRES ' 471
d'Œx, FlumiePy i6o3, et le dim. Flumeau à Lavigpny et Lau-
sanne. Le diminutif latin flumicellum (flumicellam Osnona,
rOyonnaz à Vevej, 1286) a donné Flonzel, Allaman, Vich, Bel-
mont, Flunselj 1227 ; Flonzet à Molondin, Flonzalet à Puidoux,
Flonzalet à Duillier. Désigne aussi des localités : le Flon, ham.
sur Vouvry, lo Flon de Miez, 1281 ; de la même racine, Flums,
Saint-Gall, curtis Fluminis, 766, et Flims, Grisons, Flemes, 766,
en romanche flem, flim, flliém, flum, eau courante.
Le Flot, monticule boisé à Leysin, et TEfflot à Vejge, Leysin ;
non point par métaphore de flot, vague, mais par corruption de
JloCf s. m., touffe de laine, de soie, de poils, du latin floccus^
pris ici au fig. pour un crét boisé. On a dxijlotorij et en Lorraine
on dit un flot^ un nœud de rubans (Littré), Floquet, m. isolée
sur Chéserex, D. Nyon, les Flochets au Landeron, diminutifs.
La Foge, ham. de Marchissy ; loc. à Colombey et à Monthey,
a loc. à Montreux, l'une est peut-être le Foz près Vevey, I2i5,
M. R. VI, mot soumis aux recherches.
Foirausaz, pâturage sur Bière ; les Foireuses, rochers près du
Velan, Valais ; la Foirausaz, affl. du Sauteruz ; es Fueyrauses,
m. à Vuadens ; Foiroux, loc. à Ghancy ; Foireux, taillis à Port-
Valais ; du patois fouairau^sa, fr. foireux, qui a la diarrhée ;
par métaphore pour des localités humides, fangeuses, des torrents
aux eaux boueuses.
Follalerres, loc. à Fullv : fausse orth., Bridel écrivait mieux
FollataireSy Fullateriis, 1282 ; autre à Mage, campo de la Folla-
teri sub Magi, 1260; 3« à Saint-Léonard, Fo/Za^eri, 1260, une
4* à Grimisuat ou Sion, la Foulateri, 1289; la Follatery à
Granges, i3oi, des Folateres à Drône de Savièse, xi^ s. Aujour-
d'hui une Follntire à Ayent, Foillatire à Grimentz, la Follataire,
châtaigneraie à Collonges, la Feulataire à Morcles et Vionnaz,
Foiillateriisy 1728, es Folataires à Bex, les Follataires à Ollon,
Etoy ; Fulateyro à Gharmey, Follaticre, bois à Ballaigue, la
Follatery à Bavois, la Feuîllateyre(aire) à Villarepos et Essert,
Frib. ; les Feuîllatières, lieu buissonneux, ravin de TAllondon à
Russin. E>érivé adjectif de Folliat, Feuillat, lieu boisé, feuillu, et
472 Es FOLLES — FONTAINE
suffixe adj. aire, ejre, ire = ière, donc terre couverte de buis-
sons, de petits bois feuillus. Les localités que nous connaissons
sont en effet couvertes de buissons partout où elles n'ont pas été
défrichées.
Es Folles, loc. Aigle, les Foliies, bois à Vouvrj et Vionnaz,
en lafallij 1728, Folliaz, ham. de Villarimboud et plus, loc., la
Foiieulaz à Vouvrj, dim. ; du v. ÎT,/olia, feuillée, patois /b/Me,
bois feuillu, par opposition aux bois de conifères. Nombreux col-
lectifs, Folly, pâturages, val Perret, Ormonts, Chàteau-d'Œx,
Montreux; ChAteau Folly à Château-d'Œx, Chastel Folliety
ii34, Hidber, I, 534) les Folliets, alpe d'Orsières, Foillet, alpe
de Mex, Valais, Folliez à Ëtoy, Follier à Conthey, au Folîard à
Vouvry, Folllerat, alpe à TEtivaz, Foljeret à Louèche, en Follie-
raye à Mont-Rolle ; Follieux à Renens et Fontaines, Folliux à
Charmey, Folliaux, alpe de Villeneuve, FoUiausaz à Prangins,
Foilleusaz, sommet à Troistorrents. De la même racine les
Foyers à Vouvry, jadis Foilly ; la FuUy à Cottens, Vaud, Fulli^
1877, loc. à Coinsins, Borrex, etc. ; la Foulie à Sion, ly Fuly^
i4i4 ; la Fouly, ham. de Montherod, la Fully, 1875, en la Fouly
à Gryon. Quant à Fully, village du Valais, voir ce mot.
Fond, Sur la —, 2 m. au-dessus de la source de la Raisse à
Fleurier ; fausse orth. pour /ont, source. Frey-de-Fond, loc. à
Chavannes sous Orsonnens, fausse orth. de Tatlas Siegfried pour
Freide-Fontf source froide. Une autre au xiii* s. , Fredefonds^
Freidifons à Ecuvillens, Donat. Haut. Arch. Fr. VI.
Fondras, Saigne es — à Saignelégier ; les Effondras à Rebé-
velier. Creux de TEffondro, alpes de Port- Valais, à TEnfondras,
loc. à Croy et à Mathod ; subst. dérivés du verbe v. fr. fondrer,
d'où le mot fondrière : localités coupées de creux, de fondrières.
Font, D. Broyé, Frib., Font, loii. Font, ii42, Fons, ii54,
M. R. XII ; de/bntem, source, comme Funs, Grisons.
Fontaine, et forme patoise Fontannaz ; de Tadj. latin /on-
tana, de source, a de nombreux dérivés : des collectifs, de/onta-
netiim, lieu riche en sources, Fontaney, Aigle, Isérables ; Fon-
tany, Fully, Massongex, Charmey ; Fontenais, D. Porrentruy,
r;
FORCHAUD — FORMANGUEIRE 473
FonUmoux à Echarlens, Pfontanie à Louèctie ; Fontanezier,
D. Grandson, Fontanisy^ i4o3 ; des diminutifs, Fontanettes et
Fontanelles, plus, ioc.^ Fontenailles à Monthey, Saint-Triphon,
Fontenelles à Bagues, Fontanilles à Peissj-Genève, Fontanal à
Conthej, Fontanalles à Arconciel et Molondin, Fontanil à Sal-
van, etc. ; Fontanasses à Saint-Maurice, dépréciatif ; — des com-
posés : Fontainemelon à Neuchâtel, Fontaine-Millon au xiii^ s.,
de Millon, n. pr.
Forchaud, voir Frochaux.
Fopchex, ham. d*Ollon et loc. à Arnex, Fopchy à Bourg-
Saint-Pierre, Ghardonne, Mollens, Rueyres ; de farcelum : Foiv
chire (ou Fourchj), ham. de Riddes, Valais; v. tr.Jbrchière,
petite fourche, au fig. dans la plaine pour bifurcation de chemin.
Ces mots sont de la même origine que les nombreuses Forclaz,
diminutif Forclettaz, des Alpes de la Suisse romande ; du latin
Jïircula, petite fourche, petit col ou localité dans le voisinage (et
non de forum clausum, comme le veut Bridel, ce qui donnerait
forclos) ; les Forcola du Tessin, les Fuorcla des Grisons ont le
même sens.
Forel, plusieurs communes et bois : Baulmes, Romainmôtier,
ou même prairies : Lignières ; mot du vieux français, du bas latin
foresta^ du verbe forestare, prohiber = bois, terrain à ban ; di-
minutif/or^s/e/Za, d'où par contraction forel ^ racine Jorisy de-
hors. La forme primitive se retrouve dans es Forestelles à Mon-
they, Forestallaz à Blonay, Foretal à Athenaz, Genève ; en Fo-
retallaz, loc. à Cossonay ; Foretellaz à Boussens ; une Foretalla
à Avully, Genève, Foretaille à Bussy, Pregny, contractée dans
la Forellaz, m. à Forel. Un nemus de Foresta vers 1 170, Arch.
Fr. VI, près Chebri et Posdors (Puidoux) est sans doute Forel de
Lavaux, Fores, 1274, Forel, i3oo ; Forel, D. Broyé, Forest,
1289, M. R. VI, 347, Fores, i342, Forex, i354.
Forestay, ruisseau à Lavaux ; Foretex, loc. à Blonay, le Fo-
retay, bois à Vionnaz ; autres formes de YdA],forestai, forestier,
entouré de bois.
Formangueire, près Belfaux, Frih,, Fromendeire, 1294, Fro-
174 FORNET — FORTUNE
menderie, i363, Fromendeyri, i43i, Fromendery y i445, au-
jourd'hui en patois Fromendiaire = (terre) fromentière^ adj.
V. fr., qui produit du froment.
Fornet, loc. à Aigle ; ham. de Lajoux, D. Moutier, For nais et
FornaZy 1181 ; les Fomets à Marchissj et val d'Illiez, au Four-
net à Vionnaz ; de /omet, petit four ; Fomex à Ollon, Monthej»
Fornels, 1696, au Forney à Villeneuve, es Fomels à Chardonne,
Forny à Liddes, Fornez, 1 228, à Charmey, et 5 autres loc. Frib.
z=/brnily du latin furnile, four. Foumoutz à Bourg^Saint-
Pierre, et peut-être au Founoux à Hérémence, la Fomeyre à
Lovatens, Fomache, Ormonts, Port-Valais, OUon, Vionnaz, etc.,
Fornasse à Attalens, augmentatifs, correspondants du fr. Four-
naise, loc. à Saint-Léonard, Sion. Noms désignant des endroits
chauds, bien ensoleillés, des pâturages bien exposés.
Foron, nom de nombreux ruisseaux de la Haute-Savoie, Ta-
ninges, Scionzier, Bogève, Sciez, Reignier, deux à La Rothe, en-
fin celui qui forme la frontière genevoise. Ferons, 1269, M. G.
XIV, nom sans doute celtique comme tous ceux de rivière. Si Ton
considère qu'on a probablement ici la permutation savoisienne s-
y, Foron pour Soron, on y retrouvera le nom de la Sarine, jadis
Sarona, de la Serine et de la Valscrine, les deux autrefois So-
rona, et la racine sanscrite sar, couler, voir ces mots. Cette per-
mutation s-f se retrouve dans le nom du torrent du Fier qui s'ap-
pelait Cier, Ciers au xiii® s., Reg. gen., 286, 34 1 ; elle est fré-
quente en Savoie, aussi chez nous soit que le s vienne d'un c latin,
sangle-fingle (de cingula), scgogne-fegogne (de ciconia), soit d'un
s, l'Essert-le Fer (de sartus), a satti-a fatti (de satis).
Fopré, au — , champ à Marchissy ; du bas latin fodrum,
paille, v. iv, feurre et foirre, du v. h. ail. yiio/ar, all.yuWtfr,
fourrage. En Forez, champs à Chavomay, a peut-être la même
origine, mais le r simple paratt le rattacher plutôt à Forel.
Forts, Chavannes-les-, D. Glane, Frib., Chavannes les fors,
i346, Matile, Praz de Fort, hameau le plus éloigné de la com-
mune d'Orsières ; de /bris, dehors, en romanche yb«r,ybr.
Fortune, ham. de Villariaz et de Chavannes sur Orsonnens ;
FORVEY — FOULE 175
loc. à Saxon et à Orsonnens; Fortuno ou Fortunaux, ham.
d'Ajrent et majens à Vernamiège ; de fortune, sort, chance favo-
rable. Ce nom abstrait étonne ; cependant on le trouve déjà au
XIII® s. : Un Ulric de Granges donne en gage sa vigne de Lafor^
iana, charte de Conthey, 1266, M. R. XXX, 19. On connaît
aussi des Solitude, Abondance (Savoie), Famine (Orges), Gaieté
(Yugelles), Repentance (Genève), Plaisance (Riez), Charité, Ferté
(France) ; le Berry a plusieurs Malaise, 4 Nuisance, etc.
Au Fopvey à Romanel-Morges ; subst. verbal de /orvoier, s'é-
carter : localité éloignée de tout chemin.
La Fory, deux bois de pins à Bovernier et Sembrancher ; ham.
de FuUy, — pins partout où la vigne ne les a pas chassés ; —
pourrait venir de Tall. fohre^ pin : quelques noms d'arbres nous
viennent de Tall., daille, fie, saule.
En Fossabert, loc. à Gland ; paraît formé de fosse et d'un n.
pr. comme Prabert.
Fossard, ham. à Thonex, Genève, et 3 ham. Frib. ; une charte
de Gruyère, i43i, parle d'un rivum dou Fossard; Fossau. Fos-
siaux, Fossioux, Fochaux, plus. ham. et nombreux lieux-dits,
Fochau à LigneroUes, Fossey à Daillens, Fossy, écart de Farva-
gny et ruisseau, affl. de la Dullive, Fosseau, ruisseau, bras de la
Dullive ; le Fossaux, torrent de Vouvry ; au Fossorey, loc. à
Vionnaz ; lieux enfoncés, torrents creusant leurs rives. Nom an-
cien : un Fossaul, 1204, Fossau, 1227, à Lutry, in Fossato à
Yens, 1295, M. R. III, 5i3.
Les Fotelats, bois à Buix, D. Porrentruy ; Ae/outeau ou /ou-
telf dim. de /ou, hêtre, et suffixe dim. jurassien at .= et : les pe-
tits hêtres.
Le Fouetteley, petit bois près Bullet, D. Grandson ; probable-
ment de yb«/6/, petit hêtre, et sufF. coll. ey.
Foule (La), maisons à Payerne, Vallorbe, Croy, La Sarraz^
Marly, Gorgier, le Locle, Boujean, etc. ; àefoule^ ancien moulin
à foulon, généralement propriété du seigneur, où chacun était
tenu de fouler ses draps, /ollare pagna sua in folla subtus
Croy, Cartul. Romainmôtier. La Folla à Monthey, La Follaz à
176 FOUNEX — FOYERS
Romont, Lussy, Cheirv, même sens. Foula veraey à Bussj sur
Moudon, la Foule de Verney.
Founex, D. Nyon, Fosnai, 1224, M. R. XII, 69, Founai^
1261, M. G. XIV, Fonay, 1296, M. R. V, 398. Peut-être d'un
coguomen romain tel que * Fonus : il y a un g'entilice Fonius ;
(praedium) Fonacum donnerait Founai, Fonay. Le s de 1224 est
peut-être parasite, cela arrive assez souvent. Le Reg*. gen. Réper-
toire, p. 484» donne Fornay : faute d'impression ?
Fourche, nom de plusieurs cols ; de furca^ fourche, col pro-
fondément échancré entre deux pointes ; le Fourehon, ham. de
Treyvaux, diminutif ; les Fourchons, patois Fortzons, chaîne de
rochers au Saint-Bernard ; de fourehon, dent de fourche ; la
Fourchette à Trient, diminutif.
Fourches (les), nombreux lieux-dits : Pré des Fourches à
Villeneuve, Vers les Fourches, Pompaples ; aux Fourches, etc. ,
souvent sur des éminences, des crêts, à Rue, Delémont, Lully,
Maracon, Lucens, Sembrancher, etc. ; les Forches à Saint-
Biaise ; de ad furcas, les fourches patibulaires, le gibet, cons-
truit sur quelque endroit élevé aux abords des localités où le sei-
gneur avait droit de haute justice. Vers le Gibet à Cudrefin, et
Sur la Hart à Delémont, même sens ; de hart, proprement la
corde avec laquelle on j)endait les criminels au gibet.
Les Fours, mazots sur Vionnaz, et Sur les Fours, prés au-
dessus, pente exposée au N. Sans doute une fausse orth. four
pour fou, conmie dans la Combe du Four, voir Faoug et Fagus ;
donc == les Hêtres, Sur les Hêtres, qui sont assez abondants dans
la localité. Quant à Sur le Four^ 2 loc. au N., 1960 et 1880 m.,
alpes de Liddes et de Bourg-Saint-Pierre, à plusieurs centaines de
mètres au-dessus de la limite des hêtres, qui manquent d'ailleurs
dans l'Ëntremont, peut-être de furnum, d'un four à chaux qui
aurait été établi là.
Les Foyers, bois à Beurnevésin, Jura bernois ; forme mascu-
line corrrespondant au fém. Foyère (patois yb Ai ra, de fagaria),
dejagus et coll. arium = bois de hêtres.
FRAIDAI6UE — FRASSE 177
Fpaidaigue, ham. do Saînt-Prex ; de frigida aqua^ eau
froide : une source très fraîche en cet endroit.
Fraidera» loc., — pente au N. — à Develier, Jura bernois ;
dérivé de freid,e, froid, bien que le suffixe soit difficile à expli*
quer.
Fraises, les — , m. foraine de Tramelan ; de fraise, s. f.
Frane^ Frêne, Franoz, Prenez, nombreuses loc. ; de fraxi^
nus^ frêne, le collectif latin yroxin^/eim, bois de frênes, a donné
les divers Frenoy, Freney, Saint-Oingpolph, Franey, Franex,
ham. d'Ecoteauxy de Remauffens et commune, D. Broyé, Frat*
neif ii42> 1242, Franeys^ i337 ; le \dX\n fraxinariay frênaie, a
donné Frenières, Bex ; Franières à Rossinières, Fregnire, Or-
monts ; Fragnire à Neirivue, Frcunieres, i235, etc. Diminutifs,
Fragnolet, ChÂteau-d'Œx et Gruyère; Fregnoley à Bagnes,
Frenelley à Corbeyrier et La Rippe.
Frasse. Un ancien mot français, dérivé ég'alement de fraxi-
/IU5, a donné des noms de lieux plus communs encore ; c'est
fraisse^ fraîche y fréche^ dim, /raisseau y un des noms vulgaires
du frêne dans les provinces du midi de la France ; il faut y ratta-
cher notre moi /rasse (correspondant au mot casse ^ de querci^
naSy employé dans TArmagnac). Le iadin ^frasen^ le romanche
fraissen. De ce mot viennent les nombreuses Frasses, une quin-
zaine Vaud et Fribourg, et plusieurs dans le diocèse de Genève,
Fracy, Fracia, Fraxia, Reg. gen. m, 485. Citons en particu-
lier Frasses, D. Broyé, Fribourg, Frasces, Fraces, 1142, Cart.
Month., 5, hosp. S. Marie in Frescin, 1225, F. R. II, 52, hosp.
de Fresceirif 1228, M. R. VI, Frasses, i337, et Frasses, D. Lac,
ail. FraêchelSj Freschens, 1276, Freschols, i3o2. Ces formes
de 1225, 1228 montrent bien Torigine. De là également les Fras-
sis, Ghàteau-d'Œx, Gruyère ; Frassys, Villeneuve ; les diminutifs
Frassettes, Ormonts, Fracettes à Vionnaz, Frassillet à Char-
mey, Frassonayaz au val d'IUiez, ainsi que les formes patoises
où ch, ts remplacent ss : Fratzes, Martigny ; Fratzi sous le Gram-
mont ; Fratzay à Leytron, Fraciiy et Frachiaz à Bex ; Frachey
aux Ormonts, Frachay à Liddes, FrachierSy plan, vers 1720, le
M. D. SBC. SÉRIE, TOME VII 12
178 FRERES — FRETEREULES
Frache à Lavej et val d'Illiez, bois de Fréchaux à Gimel, et le
dim. Fracheret à Gryon ; un pratum de la Fraschi à Vex,
121 3. Peut-être quelques-unes de ces dernières localités tirent-elles
leur nom de /ratzi, /rachiy mettre en pièces, briser, latin /reS"
sus y brisé.
Frères, Bois des — , près Genève, ancienne propriété des
Frères prêcheurs ou Dominicains de Plainpalais.
En la Frémi, m. à Saint-Ging-olph, les Fremiés, propr. sur les
Mosses d'Ormont où abondent les fourmilières (Isabel) ; le Frou-
millet, pàturag'e Jura d'Arzier; Froumy, loc. à Saint-Martin,
Fribourg"; du f&Xois frémi , /rou mi = fourmi.
Frégiécoupt, ail. Fridlinsdorf^ D. Porrentruy, villa qui ro-
mano dicitur Frigiecort^ theutonice Fridestorfy 1287.
Nom français. Nom allemand.
Frigiscurth^ 11 36, 12 18. FridestorJ^ 1237.
Frigiscorty 1180. Friderstorff^ 1296.
Frigiecourty 1221. Friedrichsdorf, i3o8.
Frigiecurl^ i3o5, aujourd'hui Friedlinsdorf.
Nom français : court, ferme de FrigiSy du g'othique /reis, v.
h. all.yrf, libre, n. ail., village de Frid^ le paisible, puis de Fré-
déric, enfin de Fridolin, tous trois du reste de la même racine
frîdy paix. Rien de plus curieux que le changement de nom que
Tendroit a, sous la plume des notaires, subi à quatre reprises, ou,
si Ton s'en tient aux deux groupes, de la forme allemande à la
française.
Fresens, C. Neuchâtel, Fresens^ 1268, Fresain, 1290; de
Frisingis = chez les descendants de Friso, n. pr, g^ermain. Un
FredingiSy 930, in pago Wald. pourrait-il être Fresens?
Frète, du çerm. Jirsty faîte de toit, v. fr. frète, nom commun
de localités, pâturages près des arêtes. Frétaz, ham. de BuUet, de
Vaulion, de Pomy ; les Frêles, près du Locle ; Fritaz, ham. sur
Saint-Gingolph ; dim. Fréterettaz, pâturage d'Arzier ; Fréteux,
loc. à Fontenay et Courchavon, adjectif.
Frétereules, ham. près Noiraigue, Neuchâtel, apud Fructu-
raies, 1247, Fructereules et Frétereules, i346, FruterouleSy
FRÉZILLON — FROIDEVILLE 179
i38o; de fructarolas (curtes), lieu fertile en fruits. Un autre
Fpétepolle, au col de Coux^ versant français, Fruyierolaz, i438,
Mém. Inst. Gen. VIII, dim. de fruitière, au sens de laiterie.
Le Frézillon, loc. à Vallorbe ; de fresillon, nom vulgaire du
troène, Ligustrum, et du fusain.
Frinvilliers, ail. Fridelischwart (Fridlinschwanden d'après
Zimmerli, de schwanden, essert,) ham. d'Orvin, D. Courtelary,
Friderichswarty ï3ïiy Frunweliery iSgS, FreyvillierSy i4o3,
31. N. XXXIV, 267 = village (n. fr.) ou poste de garde (n. ail.)
de Friderich (puissant pour la paix).
La Frînze, torrent, affl. de la Navizence, Valais ; subst verbal
«Je /rinçuer, sauter, j^i'ambader, probablement du bas breton
ring a j sauter, avec permutation g-z (comme longue-lonze). En
_2>atois le subst. verbal désigne parfois l'auteur de l'action, une
atollhCy de batolhî, etc. Pourrait peut-être venir aussi de
reinzey crevasse, de freindre, du IdXmfrangere, briser.
Les Friques, Villars —, Fribourg ; du v. îv.friquey provençal
ricy du gothique yriTcs, v. goiïi, frec (d'où l'ail, /rech) y joyeux^
ardi, gaillard ; donc village des (hommes) hardis, joyeux. Ancien
énitif les pour des, comme Villars-le (du) Comte, Villars-les
^^^loines.
Froehaux, ham. d'Ënges, Neuchâtel, Froischaiid, 1897,
^Chambrier, 687, Forchau, 1670, carte du P. Bonjour, Mus. N.
^^CXXI, 288 ; Frochet, loc. à Roche ; Frochex ou Froschex à
^3yens ; Frossaux à Ecublens, Fribourg ; Fpotzé, loc. à Vui-
fcroye, FrochaiSy 11 54, FroschaiSy 11 55, FroscaiSy 11 79, Fro^
^haySy 1278, M. R. XII, Froschex, 1589. Avec métathèse de Vr :
Forchaut à Boveresse, i345^ au Forchaux à Cernier, Neuchâtel,
Vorchaux ou Forchaud {Forcho dans Kuenlin) à Hauteville et
Treyvaux, Fribourg, en Forchaulx à Praroman, xv« s. Du v. fr.
JroCy terre inculte, mot très employé jusqu'au xvP s.
Froidevaux, 2 ham. de Soubey et Montfaucon, Jura bernois ;
àefrigidam vallerriy froide vallée.
Froideville, une commune et 3 ham., a Vaud, i Fribourg; de
frigidam viliam^ ferme froide. Froideville était aussi autrefois
180 FROMENTAUX — FUYENS
le nom des Tavernes^ D. Oron, Froydevillaz encore en iSga,
167g, bien que Tavernes fût déjà employé.
Fromentaux à Grans^ pi. de Tadj. fromental^ et Fromentey^
m. à Sales, Fribourg; de froment et coll. ey; champs de froment.
Fromentin, Plan — , ham. d'Ormont-dessus ; d'un n. pr. connu
déjà en i4o2. Johannes Fromentin et un Petrus Rubuy étaient
les deux premiers syndics d'Ormont-dessus en i494-
Frontenex, ham. de Cologpny, Genève, Frontunay^ i3og et
i368, Frontenay, i438, M. G. IX, 288, XVm,et III, 210 (Hum-
bert écrit Frontenay, 1862) ; de (prœdium) Frontenacam^ do-
maine d'un Frontenus = Frontius, g'entilice qui a donné le nom
de 7 communes de France.
Fruence, vill. près Chàtel-Saint-Denis, autrefois chef-lieu de
toute la coniréBy Fruenci y Friwenci vers 1180, Donat. Haut.,
Arch. Fr. VI, Frewencia^ 1096, Fruenci, I2i5, 1220, 1228,
Fruenciay 1228, Fruentia, 12 55, M. R. XXX, 9. D'après Gat-
schet, du bas latin /rua, de fraor, désignant spécialement les
produits du laitag^e ; étymolog'ie douteuse. Plutôt dérivé d'un n.
pr. germain. On trouve un Fruonzo en 1180 dans Tr. I, 383.
Fully, D. Martigny, Valais, FuUacum vers iioo, Fullye,
1200, Fulliey i25o, 1824, Fulli, xiv® s. ; de (prajdium) Fullior
cum ou Folliacum, domaine d'un FolliuSy g'entilice romain.
Holder, p. 1499» cite un praedium Folliacum.
Le Furcîl, loc. Val de Travers ; paraît être uu dérivé de/urca
au sens de bifurcation de chemin. Ducang'e a fourq, via in furca
divisa. Il faudrait supposer un moi/urcile, d'où le suffixe il. Mais
les dérivés de furca ont o et ou, et non ei, nous fait observer
M. Bonnard ; donc origine indécise.
Fussy, loc, 2 m. Combremont. Pourrait être un (fundum)
Fusciacuniy domaine d'un FusciuSy g'entilice romain dérivé du
cognomen yVtôcus, brun.
Fuyens, D, Glane, Fribourg, Fuens 4 fois ii5o-ii8o, Donat.
Haut., 1198, M. F. III, 69, Fuiensy xii® s. (1167 ?), Fuens, i36o,
1668 = chez les descendants d'un Germain dont le nom vient de
la racine Fug'^ qui a donné le n. pr. Fugilo,
6ABIARE — GàMPEL 181
La Gabiare ou Gabière, ruisseau, affl. de la Birse par la
Scheulte, forme féminine correspondante au v. fr. gabeur, mo«
queur, de gaber^ railler, se moquer; les noms de ruisseaux
abondent en figures : la Gaie, la Gaillarde, la Rogneuse, la Mion-
naz, etc.
Gaehet, ham. de Founex, loc. à Courtilles ; du v. fr. gaschiéy
8. m., marécage, terrain humide, de la famille de Tall. waschen
(note de M. Bonnard) ; les Gâchettes, m. Haut-VuUj, et es Ga-
ehettes à Trélex, même origine ? (ou du n. pr. Gaehet).
Gademoz, chalet à TEtivaz (frontière allemande !) ; du v. h.
ail. gadaiHy grange, fenil, comme les nombreux Gadmen des
Alpes. Le Pajs-d'£nhaut a de nombreux noms allemands : Rubli,
Gomfluh, Coumattaz, Schuantz, Bodemos, etc.
Gagnerie, sonmiet sur Evionnaz, Valais ; de gagner y au sens
archaïque de faire paître, à cause des pentes herbeuses qui en
couvrent le flanc S. et que Ton peut paître. Littré (Addition) donne
gagnerie y nom de métairies dans certaines parties de la Bretagne,
et dans le centre, d'après Joubert, ce mot désigne les terres culti*
vées sur la lisière des bois.
La Gaillarde, ruisseau à Bougy^ D. RoUe; adj. gaillard, gai,
joyeux.
La Gainaz, m. à Noville, entre le Rhône et un ancien bras ; la
Gaine, pâturage dans un étroit vallon, Ormont-dessus ; du n. c.
gainêy de imgina, à cause de Tétroitesse de la localité ; la Gai-
nèehe, loc. à Saint-Braix, en est peut-être un dérivé.
Au Galataz ou Galetas, loc. à Etoy, Bursins, Lully, Villars-
sous-Yens ; du v. fr. galatas^ allusion à la position élevée.
La Galeisaz, ham. d'Ormont-dessus = la jolie en patois vau-
dois, d'une racine germanique gâl^ gai, joyeux. De là encore es
Galaises à Vouvry ; les Galeides à Troinex, Genève ; Galeyaz,
champs à Chalais, Valais ; la Galaz, ham. de Vaulion ; le Lieu-
Galet, m. à Develier, Berne ; es Galites, ham. d'Hermenches,
Vaud ; Pré Galle ? à Chavannes-de-Bogis (peut-être pré de Galle,
n. dTi.).
Gampel, D. Louèche, Valais, ChampHz, 1288, i366, CampiZy
182 GAMPELEN — GARITALAZ
i3o5, Cantpuelj iSog, Champiz, iSSg, Champez, i344, i357,
M. R. XXIX, XXX, Gampil, i4^4» etc. ; de campellum, petit
champ.
Gampelen, D. Cerlier, Berne, Gamplunch, 1226, F. B. 11,52,
KamplunCj 1229, Zeerl. I, fr. Champion, Champion^ 1179, ^^~
tile, l, Champlun, 1228, Jampluns, i235, M. R. VI, i5, 623,
Champlorty 1289 ; les deux de campilionem, dim. de campum^
champ.
Gampenen, ham. de Louèche, Valais, fr. Gampière^ Cham-
pagnesy 1267 ; de campaniaSj campagpaes.
Gamsen, D. Brig'ue, Valais, Gamosuriy i233, Gamoson^ i3i2,
Chantosono, 1392, Gamse, i4oo. D'après Studer, de campus;
mais toutes les formes anciennes le dérivent du v. h. ail. ffamuz,
chamois. C'est le correspondant de Chamoson.
Gandole, loc. à Genthod, Genève, es Gandoules, prés sous
Aig'le. Nous pensions à en faire une autre forme de gondole, ri-
gole pavée, qui pourrait désig'ner ici rig^ole en g'énéral ; dans le
Berry : une gondole de pré. M. le professeur Bonnard Testime peu
probable, gondole n'ayant été emprunté à l'italien qu'au xvi« s.
Ce n'est pas une raison absolue, le mot est anciennement connu
chez nous. Pour la permutation o-a, nous avons à Aigle Prafan-
daz ou Prafondaz = profonde.
La Gara, ham. de Jussy, Genève ; subst. verbal de garer ?
La Garde, ham. de Sembrancher, Warday i322,et chapelle à
Evolène, Wuarday 1280, etc. ; du v. h. ail. warta, signal, tour
de garde.
La Garennaz, loc. à Montagny, Yverdon ; la Garenne, ham.
de Satigny, Genève = v. fr. garenne , terrain de chasse réservé
au seigneur, du v. h. ail. waron, garder.
Garonne, ruisseau à Bougy ; voir Géronde.
Gaulé, Gauloz, voir Gueule.
La Gayaz, m. à Combremont ; probablement de Gay, n. pr.
La Gay, ruiss. à Vaulion ; prob. la gaie, adj.
A la Garltalaz, vignes à Essert-Pittet, D. Yverdon ; es Gari-
talles à Mur, D. Avenches ; dim. de garita, fr. guérite, maison-
GÉLINE — GENÊTES 183
nette pour la g'arde des vignes, où Ton se g'are, s'abrite en cas de
pluie. A Savièse, 'na garetta est une maisonnette de vigne (étj-
mologie fournie par M. Isabel).
Géline, Creux — , combe à Soulce, Jura ; creux (des) gélineSy
des poules de bruyère. Voir aussi Combaz Gelin.
Gemmi. Nous mettons ce mot, bien qu'étranger à la Suisse
française, parce qu'il est connu de chacun et qu'on en a proppsé
5 ou 6 étymologies *. Voici, croyons-nous, la vraie, inédite. La
Gemmi s'appelait Curmilz en 1262, F. B. II, 35o, CurmyZy i3i8,
M. R. XXIX et XXXI ; Gemmius monSy 1677, Gàmmiy 1608,
Arch. Louèche-bains d'après Zimmerli. Les deux formes primi*
tives indiquent l'origine : du latin culmen, sommet (ail. kulm),
avec permutation de 1 en r ; en Dauphiné, courme = sonmiet.
Quant à la terminaison ilz =1 ils, forme plurielle, elle était répan-
due dans la contrée, ainsi à la même époque Gampel s'appelait
Campilz = les champs. Donc Curmilz = les sommets ; un Vau-
dois dirait : les frètes ; ce qui est tout à fait juste pour un hcd)!-
tant de Louèche. On y parlait français alors, et le mot s'est dé-
formé sous l'influence de l'allemand introduit au xvP s. Die
Gemmi, aujourd'hui fém. sing., serait donc dérivé d'un masc.
plur. romand.
Génépi, Aiguille du — , sommet des Alpes de Trient, au S.-O.
du glacier, et le Dzennepi, presque en face, à l'Ë. du glacier ; de
génépi, génipi^ nom patois de l'Armoise Mutelline, qui abonde
dans leurs rochers.
Le Genêt, villa près Rolle, déformation de VOujenet, 1269,
Oagenety 1597, diminutif d'Oujon, chartreuse près Arzier, à qui
ce domaine appartenait. Il s'appelait antérieurement Marmotéa.
Les Genêtes, pâturage de Premier ; probablement du vaudois
genetie, s. f., patois djenetta, jeannette dans le Berry, un des
^ De g^emitus, mont des soupirs (Séb. Munster) ; de gemini, rochers jumeaux ;
de gemma, gemme, pierre fine, cristal ; de galm, de calma, au sens de hutte
couverte de chaume (Gatschet et Studer), toutes controuvëes par les formes
primitives.
184 GBN&YE — 6EN0LLIKR
noms populaires du Narcisse des poètes si abondant dans certains
pâturages de la région.
Genève, Geneua dans César, Genava, m-vi* s., Oebenna dans
toutes les chartes du moyen âge, employé pour la première fois
par le pape Pascal II en i loo, peut^tre, suivant GaliSe, pour évi-
ter la confusion avec Gênes. On trouve les formes Geneva, Ge-
nava, Genuavay Gennava (Tab. Peutinger), Genovay Genabe,
563, GenaOy 441» ^n? ^8^> ^^9> Canava, 38i, Jenava, 5a3,ya-
noboy JanubOy Jenuba, Jenuvay Januva (Grég. de Tours), Janua
(Frédégaire), Januis. Du celte genavUy bouche de rivière, embou-
chure, geriy bouche, et avUy eau ; hibern. genouy cormique ge^
nau. Le nom ligure de GenuQy Gènes, a le même sens d'après
Holder.
Les Geneveys, 2 vill. Neuchàtel, GenevaiSy i738, et les Gene-
vez, D. Moutier, Berne, les Geneveys y i38i : trob communes
dont la fondation est attribuée à des colons genevois venus pour
s'y établir en 1291, voir Boyve, I, 260, et i3o7, mais aucun docu-
ment d'aucune espèce, ni à Genève, ni dans le Jura, n'est venu
confirmer cette tradition.
Genièvre, Genèvres, Geneyvroz, Genevroz, une 10» de loc.
Vaud et Fribourg ; de janiperuSy genièvre. Genevrets, Mon-
treux, Avry, Genevrex, Chexbres et 7 loc. Frib. ; Genevray,
Gonthey, Ardon ; Genevris, Châtelard, Frib. ; Geneveret, Sou-
bey et Vicques, Jura ; Aq Juniper etum y lieu où abondent les ge-
névriers ; Genevrausaz au Châtelard, Vaud, et Geneyvroux, h.
Rueyres-Tréfayes, Frib., adjectifs ; Geniévries, Chéserex ; Gène-
vries, Bursins ; Geneverles, Goumois ; Genevrières à Meinier ;
les Genavrières, Lugnez, Jura, collectifs. Il faut sans doute y
ajouter es Genevières, champs à Liddes, Valais, et la Genevière^
loc. Barberêche, Frib.
Genollier, D. Nyon, Genolliacumy 11 10, Genolleiy 1164, Ce-
nolliey 1180, M. G. IV, 78, V, 38i, Genoliacuniy iigS, M. R.
XII, Genolliy i2o4, Genoliey 1211, Jonolie, 1221 y Jonolliey y Jo^
nollieZy i235, M. R. V, 221, XII, 20, et XXVIII, 72 ; GenogliePy
1256, etc. D'après Gatschet^ copié par Studer, de gatlinay poule,.
GENTHOD — ES 6EIUT 185
d*oà le patois dj'enellier^ poulailler, « parce que, dit-on, le cou-
rent de Saint-Claude avait là son poulailler. » Mais cette explica-
tion nous paraît douteuse, le suffixe acum ne s'ajoutant qu'à des
noms d'homme.
Genthody C. Genève, Gentoax, 1290, GenthouSy i3o6, Gen-
thouz et Gentouy 1828, GentouZy xiy« s., M. G. I, 122, IX, 242^
XVIII, 106, XXI, 173. On trouve encore Gentour d'après M. F.
de Saussure qui le tire de Janitorium, cabane de ^arde.
Georgette, quartier de Lausanne, Jargeta^ Jargetaz^ 1270,
CrargatUy 1289, Jariata, 1288, M. R. VI, p. 682, 656, c vineam
inler palaieres et Jariata^ » ce qui montre que le Jarlata^ 1288,
pa^ 699, est une fausse lecture 1 pour i, GorjectaZy i548.
Gerdil, à La Rippe ; Gerdy à Nendaz, Zerdy à Leytron, —
permutation valciisanne ^-xr, — autre forme, plus ancienne, de
jordily jardin, gerdil au xiv« s. Du v. h. ail. gartOy parallèle du
latin Aor/itô, jardin.
Y Gères, alpe sur Grimentz, Valais, est probablement alpes
Gerias, 1100, des monts de Vercorin, M. R. XVIII ; origine in-
connue.
Gérignoz, ham. et ruisseau, aussi appelé GérinSy à Ghâteau-
d*Œxj JurienuSy xi^ s,y GiriglnoZy 1187, Hidber, I, 584, aqua
scu Quvio vocato Jurignioz, villa de JurignioZy i84i> Brenno de
Jurignyo, 1889 (il y a encore des Brénon à Gérignoz), M. R.
XXII. D'après ces textes, Gérignoz serait un dérivé d'un adjectif
jurinuSy de juria, forêt, ou une contraction de juricinus, nom
fréquent dans les chartes, et signifierait l'eau de la forêt. D'autres
textes le confirment : deux ruisseaux de Gérignoz coulant au S.-
E. du Gibloux sont désignés « inter duos juricinos, juricinus, >►
855, M. R. VI, 202, 2o3, et « duos rivos nominatos Jurenses^
1 145, M. F. II ; la Gérine, ruisseau à Cully, même sens, ainsi que
la Gérine, affl. de la Sarine, descendant de la Berra, couverte de
forêts, Argerona, i3i4, 1824, même nom avec préfixe ar = ri-
vière ; voir cependant Géronde.
Es Gerit ou es Jerys, forêt à Colombey, Valais, au xviii* s. en
Jury ; en la Gery, prés à Colombey ; évidemment de la racine jur.
186 GERMAGNY — GESSENAY
joux, forêt, et sufF. collectif y. Cette forme Gerit pourrait expli-
quer les mots Zériet, alpe d'Ayent, loc. à Iserabloz, à Vétroz, et
le bois de Géricton à OUon. Le chang'ement de u, ou en e se re-
trouve dans d'autres noms, ainsi le Routet-Retet. Quant au c de
Géricton, il est parasite, comme dans nombre de mots Jouctens,
Boctens, Georg'ectaz.
Germagny, ham. de Mont sur Rolle, Germaniacuniy 1018,
1049, Hidber, I, 3og, Germanie^ 1228, M. G. XIV, 28, villa
Germaniaci, Germagniey 1284, Germanye, 1298, Germagnie
sur Romanel, i8o5, M. G. IX, 208, Germagnier, i3i4 ; =(prae'
dium) Germaniacurrif domaine d*un Germanius, g-entilice ro-
main.
Les auteurs du Régeste genevois, ignorant rexistence d*un Romanel
à Mont^ ont fait du Germagny de 1305 une localité à Romanel sur
Morges ; voir RomaDel.
Géronde, ancienne chartreuse au bord du Rhône près Sierre,
Valais, Ggrunda, 1288, GirondOy 1267, Gyronda^ 1285, Gi-
randa, 1298, Gerunda^ i83i, etc. Ce nom présente une étroite
parenté avec Gironde^ fleuve de France, ou Garonne^ Garamna
et Garonne, ruiss. à Bougy, D. Aubonne. Il y a là peut-être un
autre exemple de la permutation mn-nd, comme columna-co-
londe, vidomnus-vidondey et la forme primitive serait Gar, Ger-
umna, où Ton peut démêler une racine indéterminée et amn^
fleuve. La racine ger se retrouve dans un grand nombre de ri-
vières : Giers, Gers, Gière, Gère, en France, et nos Gérines pour-
raient s*y rattacher aussi, malgré les textes latins qui les rap-
prochent de juria.
Au Gésiaux, bois à Rueyres, D. Ëchallens ; subst. de la racine
de gésir, « patois se dzesi, se coucher sur le flanc pour se repo-
ser » (Isabel), avec suffixe patois iau = oir, comme Lanciau,
Chargiau, Battiau, endroit où Ton se repose, où Ton se couche.
Gessenay, n. fr. de Saanen, Gissinai, 1228, Gissiney^ 1270,
Gisinayy 1828. D'après Hisely, M. R. X, du v. h. ail. Giessinin,
de giesserij verser, à cause des nombreuses chutes d'eau. Sous
toutes réserves. Une autre explication paratt plus plausible : un
GETS — GIFRISGH 487
traité de paix conclu entre les g'ens de Gessenay et ceux de Fniti-
gen en i34o, M. R. XXII, p. 126, dit: «Die landlQthe... vonder
march ufF von Wisenœya untz (bis) an das gebirg^e von Wallis. »
D'après ce texte Gessenay serait une dérivation réguiiàre de wisen,
les prés, et Œy^ nom de la contrée, par la permutation de w en
g*. Il est vrai que w donne dans la règle g dur ; mais il y a des
exceptions, ainsi vipera donne guivre et givre et g dur devient
aussi g doux.
Les Gels, ou les Gez, chalets, maisons éparses, vallée de la
Brévine, comme les Gels, village du Chablais ; synonylne de gîte,
bas latin gistum, de Jacitum, Mais les Gex, vergers à Vérossaz,
et aux Gex, Saint-Gingolph, vient de Gex, n. de famille.
Gibloux, sommet G. de Fribourg, Jublios, 1 138, Donat. Haut.,
Monte Jubleur, ii4i» Jublor^ 12*27, Jublors^ 1240, F. B. II;
du V. h. ail. gibil, pointe, ail. moderne Giebel, pignon, faîte
(d'après Gatschet).
Giète, nom de nombreux pâturages en Valais, aussi Giette, en
patois Diette : Massongex, Djètc, Dorenaz ; Gittoz, Gittes ou
Gite, une 3o» Vaud, Fribourg et Jura, Gissaz, Frib. ; Gittettaz
(et Gissettaz, 8 pâturages Fribourg), diminutifs ; du bas latin
gistum, gîte. Gilroz, Giétroz, Gétroz, ham. et pâturages en Va-
lais, le même mot avec épenthcse d'un r ; les Agittes ou Agites
sur Aigle, les Agettes près Sion ; le môme avec le préfixe a (ad).
Giez, D. Grandson, GieSj loii, 1221, 1228, M. R. VI, 19, 128,
Gisium vers iioo, M. R. I, i65, Gis, Gieij ii54, M. R. III,44it
470, Gyz, 1179, Giez, 1199, M. R. XII, Giacum^ 1297, M. R.
XIV, Gye^ 1864. — Gy, G. de Genève, Gyez, 1208, 1272, M. G.
XIV, 17, 42, Giez, i8o4, 1818, GyeZy 1824, Matile, Gye, Gie,
Rég. gen. Un Gy de France (Loiret) s'appelait jadis Giacum.
Holder, i5i8, ce qui paraît être une contraction de Gaiacum,
ainsi Giez et Gy seraient des (fandum) Gaiacuniy domaine d'un
Gaius. Quant à Gisium, c'est la latinisation du mot romand.
Gifrisch, ham. près Môrel, D. Rarogne, Valais, Chevrils vers
1200, ChivriZy 1260, M. R. XVIII et XXIX ; de caprilia, étable
à chèvres ; voir Chevrilles.
188 GILLAMONT — 6IVRINS
Gillamont, ham. sur Vevey, vico de Gillamonty 121 3, M. R.
VI, 362.
Gillarens, D. Glane, Fribourg', GislerenSy xii* s., M. R. XII,
i4o, GislarenSy 1226, M. R. VI, 160, Gillarens, 1273, M. R.
XII, 200, et Gillarens, loc. à Vucherens, Vaud = chez les des-
cendants de Gisilhariy n. pr. germain.
GiUy, D. Rolle, Juliacum, 11 79, M. G. IV, 83, 67/i>, Gillie,
Julie et Giliacam dans une même charte de 1265, Gillt/Cy 1276,
Gilier, i332, Gillier^ i352-i4A6» etc. ; de(Jundum) Juliacam^
domaine d'un Julius, gentilice romain. Il y avait des Julius àNyon.
Gimel, D. Aubonne, Gemella entre 983 et 993, Hidber, I, 263,
GimelliSy io5i, Rég*. g'en., Gemes, 1139 (bulle de Rome, les or-
thogpraphes j sont parfois défigurées), GimeiZy 1172, Gimez^
1265 et i344, M. G. XIV, 38o, 80, et IX, 234, Gemels, 1286, Gi-
mellOf 1299, M. G. XIV, 276, Gymelz, i494* Gemellae est un
nom fréquent de localités antiques : De Vit, Onomasticon, II, 223,
en cite 10. De l'adjectif ^«me//£i«, jumeau, double : (villse) gemel-
lœ (fermes) jumelles, voisines.
Gingins, D. Nyon ; par une exception bien rare, l'orthographe
n'a jamais varié: Gingins de ii3i à 1 344 et jusqu'à aujourd'hui,
M. G. II, 27, XIV, 23, 445, XV, 7 = chez les descendants de
GingOy n. pr. germain ; de la racine gangûn^ aller. Fôrstm.,
p. 469.
Givisiez, D. Sarine, Fribourg, Juvinsie, ii42, 1228, M. R. VI,
Juvensieiy 1162, Arch. Fr. VI, Juvisei, 1142, M. F. Il, 222, Ju^
visie, i32o, i453, JuvisiePy i357, Jyvisié, i456. D'après M. Sta-
delmann, de (fundum) Jubindiacuniy domaine de JubindiuSy
nom peut-être helvète.
Givrins, D. Nyon, Gevrins, 1 145, M. G. XIV, 7, GivrinSy
1224 et vers 1260, M. R. XII, 45, 5o, Gevriny xiii« s., GyvrinSy
1387. (On trouve aussi une fois, dans M. R. XII, 72, Givriacuniy
xii<^ s., orthogr. de notaire) == chez les descendants de GivarOy
n. pr. germain. Fôrstm., p. 45 1. A la même racine, Fôrstm.
donne encore avec doute les noms Giber et GiprOy qui convien-
draient aussi (permutation p-v, b-v).
GLAIS — GLAPEYSl 189
Les Glais, loc. à Lancj ; Glaisy ou Gleysi, bois à Apples ;
<vlei8e, bois à Pampi^j ; Plan des Glaises à Saint-Livres, de
l'Eglaise, carte top. vaud. ^ Lialses et Liaisettes, bois à Lau-
sanne ; m. à Lutrj ; les Gollièses, bois à Bôle (préfixe cum) ; de
glaise^ mot g'aulois, gliso dans Pline, ou de la forme gliteay
glaise, patois gllèse ; le nom lausannois rend mieux la bonne pro-
nonciation. En 1226, un fond de GleiSy 1278, pêcherie de Gleys,
Rég. gen. 167, 266, près de Colognj (sous Traînant), même sens.
La Glaivaz, loc. à OUon, la Glaive ou la Plàtrière, plans
d'Aigle, 17 18 ; pente de terrain argilo-gypseux ; peut-être d'une
racine germanique : angl. clay, argile, avec un v. épenthétique.
Gland, D. Nyon, W. de GlanSy villa Glanais entre 994 et
1049» M. G. XIV, 3, Glanty 11 79, GlanSy 1202, i2o5, M. G. IV,
83, XIV, 19 et XV, 7, Glanez, i344, Joh. bast. de Gland, i386,
M. R. I, 2<i<^p., p. 237. — Gland, ham. de Vullierens, D. Morges,
Glans vers 1260, M. R. III, 538. Comme les Gland de France, de
Glanna, Glannis, dérivé du celtique glann, rive d'un fleuve,
bord, frontière. Gland est non loin de la Promenthouse, et le h.
de Gland- Vullierens est près de la Broyé, sous-affluent de la Ve-
noge.
La Gland, sommet, alpes de Liddes, Valais ; fausse orth. de
l'atlas Siegfried pour VAglan, patois et prov. aglan, s. m., fr.
gland, à cause de la forme du sommet
Glane et Glaney, 2 rivières et 2 ruisseaux, Fribourg, aquam
de Glane y 1 1 43 ; les Glanes, vill. près Romont ; nom de nom-
breuses rivières ; du celte glânos, pur, brillant, limpide ; hiber-
nien et kymrique glan, gallois glân. Se retrouve en Carinthie,
Bavière, Salzbourg, comme en France et en Espagne, et, sous la
forme Glen, en Ecosse et en Irlande.
Les Glapeys, paroi de rochers calcaires sur les bains de Lavey,
Glappey, rochers ébouleux à Morcles ; Glappin, vignes à Saint-
Prex ; le même que Liapey et Lapié, voir ce mot, les clapeys de
la vallée d'Aoste et les clapiers du Dauphiné ; en bas latin clape»
rium, tas de pierres ; d'une racine germanique klap d'après Kôr-
ting, du kymri clap d'après Littré.
190 GLAREY — GLETTERENS
Glarey, ham. de Sierre, Glaretum, 1271, et avec les formes
Glary, Glariers, Gleyriers, Glerriers, nombreuses localités de
Sierre au Léman et dans les Alpes, souvent prononcé 11 mouillé
comme le montrent Uarey à Saxon, Uarys à Lens et la curieuse
forme lllarisse à Chamoson, pour y=ès Liaris ; de glaretuniy lieu
graveleux, collectif de glarea, gravier.
Glatigny, faubourg de Payerne, Glatignie^ 1242 ; un autre
près Montheron, Glaiinie^ i349> i46i, M. R. XII ; évidemment
dérivé en iacum d'un n. pr. gallo-romain. (Les anciens plans de
Payerne nomment ce faubourg la Tigny).
Glères à Trey, Gleyre, faubourg dTverdon, Gleritz^ ik^k^
Glert/j i^Sl^y Glières à Chavannes-sous-Orsonnens, la Lière à
Pont-la-Ville (graviers de la Sarine), les Lières à Boudry, Lîerry,
2 pâturages à Grandvillard ; du latin glarea^ romanche glera^
gravier ; glaire^ vallée d'Aoste, gl souvent mouillé, à Titalienne,
comme le montrent les formes en Lié ; Glérettes ou Gleyrettes
à Trey, TËtivaz, diminutifs.
Gléresse, ail. LigerZy D. Nidau, Berne, aussi bois à Courcha-
von, Jura bernois. Le nom primitif du village est évidemment
d'origine romane. Lieresse^ 1178, Liersiy 1229, Lieresce, 1284,
LierecSy i256, Lyerece et Lierescg, i^ii, Lyeresce, i357, Glie^
ressyy i354, Gleresce, i38i. Le nom allemand présente les
formes Liegerche^ 12 18, Ligertze, 1280, Ligretz, i3i9, Lie^
gresce, 1870, Legeriiz, 1371, Trouillat, Matile. Gl a d'abord été
mouillé, comme Gletterens-Lietterens, Glion-Llion, et le n. vaud.
d'h. Glardon, jadis Liardon. Le patois dit glleriy lieri, glarier,
de glarea. Gléresse est donc g Hère, avec le suffixe adjectif esse
= localité graveleuse. Quant au nom allemand, c'est une meta-
thèse du français. G-liresse — Ligerss.
Glérolles, château à Lavaux, Glérolaz, GléroulaZy GléraulaZy
dans les chartes Glerula^ Gleyrolay Gleroula, i3i6. Identifié à
tort par Bridel et Vulliemin avec le Calarona de la Notifia digni^
tatum (rve s.) ; vient, comme les précédents, de glarea, gravier,
avec le suffixe diminutif o/a, ula, fr. oie.
Gletterens, D. Broyé, Fribourg, LieierinSy 1289, M. R. VI,
GLION — GOBET 191
347, Liegterens et Lietorens, i343, Matile, 537, 539 = chez les
descendaDts de Liothari, n. pr. germain ; de lioht ou leuht,
peuple et hari, guerrier.
Glion, ham. de Montreux (prononcé monosyllabe et son mouillé
lion !), Gatschet dérivant Ilanz, en romanche Glion, d'alnus,
aune^ Studer en dérive aussi le Glion vaudois et ajoute « du patois
vaudois iffl ognSy » ces mots romanches sont inconnus chez nous. Il
faut plutôt chercher une racine celtique, peut-être //o/z, lioriy eau
courante ; voir Lionne et Vaulion.
GHss, D. Brigue, Valais, GlisUy i23i-i3o4, Glise, iSog. D'à*
près Studer, de sa situation à l'entrée de la cluse de la Saltine,
explication bonne pour un Germain chez lequel û et i permutent
facilement. Vient plutôt d*ecclesia ; de bonne heure Glisa fut sé-
paré de Naters, et, aujourd'hui encore, Gliss a l'ég-lise paroissiale
de Brigue.
Glottens, 2 loc. à Bière ; de Liotingis = chez les descendants
de Lioht ^ n. pr. germain ; même permutation li-gl que pour Glet-
terens.
Glovelier, D. Délémont, ail. Lietingen^ Lolenvilery 11 39,
Lovilier, ii48, 1180, 1239, Lovilir^ 1161, 1178, Loyviliry 1173,
Lovilery 11 79, Loveiller, 1189, Loviller^ 1248. La transcription
Gl pour représenter le son mouillé n'est apparue que beaucoup
plus tard. Le nom allemand présente les formes Lioltinguen^
1184, Lioltingen, 1241, Leoltingeriy 1264. De Lioht et velier ou
villar, bas latin villare, village, village de Lioht, n. pr. germain,
ou chez les descendants de Lioht (nom allemand).
Glutières, ham. d'Ollon. C'est évidemment le Lietery d'une
charte de i320 qui énumère divers hommes et biens vendus par
Jean de la Tour à Guill. de Pontverre, M. R. 2® s., IV, 84 : Jaque-
met de Lietery, Perrussod de Lietery. Ces anciennes formes le
rapprochent de Lieterens, 1 343 = Gletterens. Y auraitril quelque
parenté ?
Goay, ham. de Puidoux, D. La vaux, Goiz^ 12 18, 1288, M. R.
VI, 644i et XII, 55, GueZj xiii® et xiv« s., Guex, xv« s.
Gobet, Chalet à — , auberge sur Lausanne ; tire son nom d'à*
192 GODE — GOUSSE
près M. £. Ghavannes, M. R. XXVIII, 252, du syndic Jean G0-
betf syndic en it^S. La Gobettaz, pâturage à Charmey, m. à
Corpataux, du même n. pr. Gobet,
Gode, forme valaisanne de gollie^ permutation //-c/ qui se pré-
sente dans certains patois, Ardon, Conthey et Liddes, aussi à
Château-d'Œx ; de là. Gode du Laci, au pied du Velan, Grouille
du Lait, Gode Seye, au pied du Petit Combin^ Gouille de l'Arête
(Seye, scie, fig. arête). Gode Gotta près du Saint-Bernard, Gode,
petit lac dans les éboulis des Diablerets; Gode Zarlan près
Liddes. La même permutation 1-d se présente près de là dans le
nom du Mont Brûlé y appelé aussi Mont Brudon ; à Conthey |
Daillon se prononce Dadon.
GoilIOy Gollie. Chacun connatt ces mots patois et le vaudois
gouille^ dérivés de Tall. suisse gdlley purin. Ils ont donné les
noms de nombreuses localités ; citons la Gollie, ham. de Cor»
celles-le-Jorat, la Goille près MoUens, finem de GolleSy 1017,
Umb de Goiles vers 12^0, M. R. V, capellanus de Golli^ i2o5y
M. G. XIV, 20, GoylieSy 1267 > ^^ Gollies à Cournillens, GoUes
à Villaraboud, Gollion, D. Cossonay, Gollariy 1228, Gollon^
1235, Goillon, i453, la GoUaz, ruisseau près Yvonand, le Gol-
liez, loc. à Aigle (mares !), le Goliet, petit lac, alpes de Monthey,
Gollie à Savièse, ou Golliet, loc. à Louèche, i553 ; es Gouillons
à Port- Valais, les Golliassons, alpes d'Ollon, diminutifs.
Golet, ham. de Grenilles, et 4 autres loc. C. de Fribourg, le
Golet, col entre Vallorbe et Vaulion, le Golat, gorge à Soulce et
autres loc. du Jura bernois, Golette, col sur Salvan, Golettaz,
gorge à Muraz, Valais, Golatte^ plus. loc. Jura bernois, diminu-
tifs m. et f. de goule, gueule, du latin gala, à cause^e l'étroi-
tesse du passage.
Golèze, col entre les vallées de Champéry et de Sixt, la Go/-
leyse^ i563, M. G. XVII, 100. — La Golèze, forêt à Monthey,
loc. à Mordes (rochers), D. Aigle, forêt et précipices à Collonge^
Valais, es Gollaises, Goulèze, Gollèses^ paroi de rochers à Mas-
songex ; probablement de la même racine gueule, latin gula.
• La Golisse, ham. du Chenit, variante de coulisse, dû à sa posi-
GOMBS — GOR 108
tion ; passage étroit entre le mont et le lac de Joux ; en patois c
permute assez souvent avec g,
Gombs, district du Valais, fr. ConcheSy desenum CromeMU-
nurn^ de cumbas, les combes, dont Couches est le correspondant.
On y voit reparaître le b de combe disparu dans Kummen. Gome
de Monasterio, i38i, combe de Munster.
Gond, Mont — , 2 sommets en Valais, alpes de Conthej et alpes
de Nendaz ; probablement de leur ressemblance avec un ffond de
porte, du g-rec gomphos^ cheville.
Gondo, Valais, village au fond de gorges étroites. Le même
que ritalien ffonda, vase à boire, et que la racine de gondole^ la
douve ménagée au bord d'une route pour Técoulement des eaux.
Le romanche a gonda, éboulement de rochers, cône de déjection,
employé dans TOberland et la Basse Ëngadine, devenu ailleurs
Ganda, Gand, Gant, Il aura signifié d'abord par métaphore le
pays, le lieu enfoncé dans les rochers, puis du sens de précipice,
passé à celui d*éboulement.
Les Gonelles, ham. de Corseaux, D. Vevey. Dans TAunis, go-
nelle, s. f., désigne un fossé longeant une digue de marais. Ge
sens est ici difficilement applicable.
Gor, Gour, etc. ; du v. fr. gord, bas latin gordum, Berry
gour, de gurges^ gouffre, nom de très petits lacs ou de creux pro-
fonds, le Go de Gotta (aussi écrit en 2 mots Gode Gotta) au Saint-
Bernard, au Go à Cudrefin ; le Goz, petit lac, alpes de TEtivas ;
le Goz ou Gors de la Torche, Gor à la Torchi, iSgS, ravin à
Fribourg ; le Gor GodoD, loc. à Liddes ; au Gor à la Vraconnaz,
Sainte-Croix ; Gorre, Gop, ou Gour à Neuchâtel, le Gop de Bray
(voir Bret) et le Gor du Communal dans les gorges de TAreuse,
au Gors à Chavornay, au Gort à Chardonne, les Gorrhes, marais
à Vionnaz et Vouvry, Gorres^ 1728 ; le Goup, lac, alpes de TEti-
vaz et à Rougemont, Champ du Goup à Moudon, les Gourds à
Morlens, les Gords à Montagny-Fribourg, le Goup es Oies à
Courroux, Grandgourt (sic, 1182), ham. de Courtemaiche et
combe profonde près Porrentruy, Grandigurgite, 1188, iao8,
le Goup Gonflant (= ConQens), creux au confluent de la Sorne
M. D. SEC. SÉRIE» TOME VII i3
194 GORDANNE — GOTTAZ
■
et de la Birse, le Rond Gourd, gorges du Doubs, Beaugourd,
ham. de Goumois, Jura, sur un plateau se terminant par un pré-
cipice béant sur le Doubs, à 200 m. au-dessous. Il faut j rattacher
La Gordanne, ruisseau près Allaman, la Gorsire, prés maré-
cageux à Port- Valais, parsemés de gords ; en Goursaz ou
Gourses, Gueurse, Gueurge à Colombey ; le Gorzou, affluent
de la Veveyse de Châtel, et Gourze ; voir ce mot.
Gorgîep, G. de Neuchâtel, Corgie, i252, Gorgiery 1260, i337,
Gorgie, 1840, Matile, Gourgier, 1898, M. N. XVI. Jeanne-Marie
de Neuchâtel en i634 écrit « le baron de Gourgi mon bon père. >►
Gatschet, considérant que Téglise était sous le vocable de saint
Georges, ecclesia sancti Georgii super ferram de Gorgier^ en
tire le nom du village. D'abord g devant e perd le son dur. Mais
une autre raison nous fait rejeter son opinion : c'est la fidélité
avec laquelle toutes les localités qui tirent leur nom du saint de
leur église ont conservé cet adjectif, soit pur, soit modifié (Dom-
martin, Sembrancher, Donneloie, etc.). Il serait étrange que ce
Saint-Georges fît exception à une règle aussi absolue. Gorgier a
plutôt, comme tous nos noms en ier, une origine gallo-romaine
et vient probablement de (fandnm) Gordiacum^ domaine d'un
GordiuSy gentilice cité par De Vit.
En Gorgon, ham. d'Arconciel, D. Sarine, pratiim Gorgun^
1142 ; ne peut venir de saint Gorgon, par la raison donnée à l'ar-
ticle Gorgier. Dérive peut-être de l'adjectif celtique gorgo, rude,
sauvage (Holder, p. 2o34), qui a probablement donné le v. fr.
gorgon, bouillonnement ; ou, plus simplement, un ancien géni-
tif : pratum Gorgun, pré de Gorgon, n. pr. commun au moyen
âge.
Gosscns, D. Yverdon = chez les descendants de Gozzo, n. pr.
germain (le Goth). Fôrstm., p. 4i6.
Gottaz ou Gottes, une 3o« de localités, Gotiallaz, 12 loc, et
Gottette, diminutifs ; Gotteyre, Gottaiix, etc. ; du bas latin
gotUy goiale, petite source, de gutin, goutte. Un lieu-dit bona
Goteta à Lausanne, i238. Un pratum ad Gutias, de Guttis à
Lentigny, xip s. Mais le quartier de vigne appelé Gota-dOr en
GOTTERON — GOULE 195
1874 à Champreveyres près Neuchàtel tirait évidemment ce nom
de la qualité du vin qu'on j récolte et qui était déjà fort apprécié ;
de même En Gotta d'Or à Lutry.
Golleron, ravin et ruisseau à Fribourg- ; paratt un double di-
minutif de g'otta : gt)tteyre, gotteron ; les noms allemands Galte-
rum, 1233, F. B. II, 12g, Galterroriy 1897, Galteron, i4o6,
i449f Rec. dipl. VI, Arch. Fr. V, 432, aujourd'hui Galtern, sont
des corruptions du français.
Gottfrey, ham. de Saxon, Valais, GotefreZy 11 90, Gotefredus^
1279, M. R. XVIII ; du n. pr. germain Gottfried.
Gottreux ou Gcetreux, Gotiraux, fém. Gotirausa, goîtreux ;
noms donnés par une métaphore triviale, mais expressive, à des
pâturages, des localités formant une éminence plus ou moins ar^
rondie : le Gottreux, pâturag'e aux Agîtes sur Aigle, loc. à Evion-
naz et majens sur Ravoire de Martîgnj (monticules arrondis) ; le
Gottraux à la Forclaz, et Rocher Gottraux aux Ormonts, Got-
trausaz, ham. et pâturage aux Ormonts, ham. à Crissier, champs
à Payerne, es Gottrauses à Chardonne, Champ Gottraux à
RoUe et Praz ; Gottraux à Chavannes-des-Bois, en Gottrozan à
Ecublens, etc.
Goubîng, ancienne tour près Sierre, Gabyri^ 1299, Goubing^
i38i.
Goudebas, loc. aux Brenets, Neuchàtel, le Gudevaz^ i3o4,
Gudebaty i359, 1378, Matile, Gondebach, i454, M. N. XXXIII,
260 (fausse lecture : on pour ou?). L'orth. Goux de Bas, xv« s.,
d'après Benoît, est fautive). Paraît formé de deux racines Gonde
et vaz^ vaz, waz, vuaz ; désigne un terrain bas, inondé, voir
Vuaz. Quant à Goude, nous le retrouverions dans les Saves de
Goudet, terrain bas, souvent inondé, près du Rhône à Chessel.
Seraient-ils parents de godet y v. fr. gode^ xiii« s., vase à boire,
pris au figuré, comme auge, noche, bac ?
Goueyraz ou Gueyres, pâturage près Charmey, le Gueyraz,
m. à Gruyère ; probablement de guera, gaira^ nom patois de la
Peucédane impératoire, plante médicinale des bergers.
Goule, voir Gueule.
196 GOUMŒNCHE — 6RANDG0UR
La Goumœnche, loc. à Lonay ; propriété d'un Goumœns.
Goumœns ou Gumœns, D. Ëchallens, Gomuensy ii4i> M. R.
XIV, GumuenSy ii42, Cart. Month. 7, Gummens et Gommens,
ib. i3, II 54, Gomoêns, 1177, Gommuans, 12 18, Gomoans^ 1220,
M. R. XII, etc. ; et Goumois, Frauches-Montag'nes, Berne, Go^
moensem ecclesiam, 1177, Gamoëns et GoumoënSy 1267, i3o4,
Tr. = chez les descendants de Guma, n. pr. germain.
Gourze, Tour de — , Mons Gurgii, ii4o, M. R. I, 174,
Goursiy i3i6, Goursiz, 1897 ; de gurga, gorge, par sa position
sur un col du Jorat. De la même racine : la Gourzine, torrent
profondément encaissé sous la Dent de Mordes, la Goursenaz ou
Gurzenaz, loc, marais de Muraz, Valais.
La Grabe, combe et ruisseau à Bourignon, D. Delémont,
Berne, es Graboz, le Graboz, 5 loc. Vaud et Frib., Grabo ou
Grabon, 3 ham. Frib. ; Grabonat, petit ham. près Tavannes ;
Grabou et Graboux, loc. Avenches et 6 Frib. ; de lall. Graben^
fossé.
Grammont, sommet sur Vouvry, Valais, Grandis mons, i3o6
= le grand mont.
Gramoneype, champs à Fully, Valais; Gramonire à Ven-
thône, Valais ; en Champ Grammont (fausse orth. I) à Marsens,
Frib. ; lieu où abonde le gramon, le chiendent, du latin g r amen,
Grancy, D. Cossonaj, Grantie, 1202, M. R. V, 220, Grande,
12 19, Grancier, 1672 ; de (praedium) Granciacum, contraction
de Graniciacum, domaine d'un GraniciuSy gentilice romain.
Grancia au Tessin en vient également = (villa) Granicia, Voir
des contractions semblables, Agy, Cugj, Marly, Sugiez, Torny.
Grandcévaz, forêt à Bussignj, D. Morges, et Grandsivaz, h.
de Mannens, Frib. ; de grandem silvam, grande forêt.
Grandchamp près Villeneuve, Grandis campus, 1196, Hia^
gnum campum^ 1276, s'explique de lui-même.
Grandcour, D. Payerne, Grancorty 12 12, Grandcort, 1299,
M. R. VI, 436, V, 36o, Grancor, 1842, Matile ; de grandem
carte m, grande ferme.
GRANDFEY — GRANGES 197
Grandfey, près Fribourg ; de grande fageium^ grand bois de
hêtres.
Grandson, Granzio, 1049, Gr^ctncione vers 1090, M. R. I,
i6a, Granzon, Grantionem, 1126, 1142, M. R. III, 44o* 44i>
474» XII, 7, Grazon, 1177, M. G. II, 89, Grantsam, 1191, Gran^
sonianiy Granciano^ 1225, M. R. I, 208, Gracon^ 1228, Huo de
Grancon, 1216, W. de Grancon, 1228, M. R. VI, 18, 100, 118.
Les formes Grandi ssonum^ 11 49» Grand son et Grantsum, 1191,
grand sommet, sont des interprétations, de même que le d actuel
du mot. L*étymologie de Gatschet, grangia IsoniSy grange d'Iso,
est à rejeter. Pour nous, les formes Grancio, Grantio nous pa-
raissent indiquer un nom en 10, ionis dérivé d*un gentilice en ius,
comme ceux que d*Arboîs de Jubainville étudie p. 5o8-5i8 de son
précieux ouvrage. Allio de Allias, d'où Aillon, Cartio de Car^
iiuSy d'où Courson, Gentio de GentiuSy d'où Gensson, Mucio de
MuciaSy d'où Mousson, etc. Grancio serait donc dérivé d'un
Grancius qui a donné Grancy = propriété d'un Grancius.
Grandval, Jura bernois, Grandis vallis, 866, grande val-
lée.
Grand vaux, D. La vaux. Sous sa forme actuelle = grandem
vallem, grande vallée, mais les formes anciennes montrent que
ceci est une corruption du nom primitif. En effet cette localité
s'appelait Gravas, 1260, Wûrstbg., 182. Un Rod. de Gravas,
1 172, Donat. Haut., 175.) Gravai, 1260, M. G. VII, 3o4, 3i4,
Gravauz, 1270, Gravaul, 1280, M. R. XII, enfin Gravaux, xiw^
s. et Grantval, i453, et Hidber, I, p- 284, y rapporte un Gra-
vado de looi d'une charte de Saint-Maurice. C'est donc le même
que les Grave, Gravaz étudiés plus loin.
Granges, D. Payerne, in fine Graniacensi, 881, 929, M. R.
VI, 343, 232, est rattaché par d'Arbois de Jubainville (p. 247) au
gentilice Granius, Granges est dérivé directement, sans suffixe,
du gentilice pris adjectivement : (villas) Granias, comme Aure-
lias, Fabias, Gaprias, Turrias, sous-entendu villas, domus, au pi.
fém. des gentilices Aurelius, Fabius, Caprius, Turrius. L'ancien-
neté de la forme fine Graniacensi et les antiquités romaines par-
:.--*..
198 GRANGES — GRASSIAZ
lent en faveur de cette dérivation d'un n. d'homme, qui ne s'o£Fre
du reste que pour cette localité.
Granges, Valais, in monte Grangensi, xi« s., Granges^ 1182,
Granies^ 12 19, Grangiay xiii«s., ail. Gradetschy Gradenschej
1269 î — P^^ Soleure, ail. Grenchen, Grangis, ii85, Grenchon^
ii3i ; GrSchen, D. Vièg-e, Valais, Grachan, 12 10, Granchon,
1260, GrangiiSj 1295, 1297, Grenkan, 1807, etc., et les nombr.
villages de Granges, dim. Grangettes ; du n. commun granges,
latin graneas.
Les traités de 1271 et 1291 pour le transit des marchandises en Valais
parlent à deux reprises du « pontem de Graagiis de Marti|B^aco », M.
R. XXX, 205, 207, 419, 422. Ces Granges de Martigny doivent être le
village actuel de la Bâtie où la route du Valais franchit la Dranse.
Granjeur, à Trient = la grand Jeur (juria), la grande forêt.
Granois, près Sion, en patois Granoaety Graionosc, iioo,
Granuech, 1221, 1261, Gragnuech vers 1260, GrannuehCy 1267,
GragnuesCy 1274, Granuez, i343, etc. Ces désinences, dérivées
du sufHxe locatif gaulois ou ligure oseras, correspondent en Va-
lais aux suffixes ei/y iez, ey^ du reste de la Suisse romande, qui
viennent des suffixes gallo-romains iacurn, acam. C'est donc un
(fundum) Graniacum, domaine d'un Granius, gentilice illustre.
Grappillon ou Greppillon, mont et col au fond du val Ferret,
Valais, Grepillon de TOrs, alpes d'Orsières, tous deux aux
pentes très raides, les Grepillons, pâturage à Ëvolène ; le Grep-
pon blanc, sommets, val d'Hérémence et alpes de Saillon ; les
Grippons (italien Greppo, rocher), pente rocheuse à Saint-Ur-
sanne, Jura bernois ; du thème crap, qui se retrouve en celtique ;
irlandais krape, accrocher, comme dans les dialectes germa-
niques, V. h. ail. chrapfan, s'accrocher. Magrappe, pente ra-
pide sur Veisonnaz, même racine avec préfixe ma ou mau, mau-
vais. Cette racine se retrouve en romanche, crap, grap, rocher,
Crap alv, grond, long, ner, Grappe, Graeplang, etc.
Grasset, Grassette, plus. loc. ; de ladj. grassef, un peu gras,
petit domaine sur un terrain fertile.
Grasslaz à Morges et 3 loc, Grassoaz, Orny, Chevilly ; Gras-
6RASSU — GRAUBES 199
sey, 6 loc, Grassy, 7 loc, Grassis, ham. d'Og^ens et 6 loc,
Orassiaux à Ghavornay ; dérivés divers de grassi, genévrier, en-
droits où cet arbuste abonde ; es Grassillières à Baulmes et cinq
autres loc. ; la Gracellire à Boudry ; la Grasselière à Gheiry,
Frîb., autres collectifs ; le patois grassi, de gras, à cause de son
bois imprégné de résine.
Le GrassUy ham. de Grenilles, Frib., au Grassuz, h. de Cot-
tens ; paraissent être également des dérivés de grassi, avec suffixe
u, uz de utus, ellipse du i : Grass-u, comme Grass-ey.
Grassy, loc. à Puidoux, Grassy ^ I2i5; cet endroit, où le ge-
névrier est rare, nous paraît plutôt un (fundum) Gratiacum ou
Graciacuniy domaine d'un Gradus, gentilice romain. Il est quel-
quefois difficile ds décider si un nom de lieu dérive d'un nom
d'homme ou d'arbre, voir des cas semblables à Fiez, Onex, Vigny.
En Grattacu, loc. sur La Fontaine à Aigle, endroit où abon-
daient jadis les églantiers et, avec eux, leurs fruits en automne.
Les Grattes, 2 ham. à Rochefort, Neuchâtel, autrefois Gratta ;
loc. à Crans ; dérivés, Sur Graty(î) à Vaulion ; dim. ; Grattet à
Bretigny-sur-Morrens, les Gratterels à Lignières, Neuch. ; les
Grateris, pâturage à Villiers ; le Graîtery, sommet sur Court et
pâturage à Saint-Brais, le Grétery, pâturage à Soulce, tous dans
le Jura ; composés : Grattaz Vache, m. à Forel, Lavaux, Grat-
tavache, commune D. Veveyse et pâturage, Gruyère ; un Grate-
vache, 1820, limite entre Grandson et le Val-de-Travers ; Gratta-
vau (ou Grattalau), ham. de Berolle, D. Aubonne, Grattalau à
SaintrLivres, Grattalaux à Grandsivaz, Gratteloup à Cossonay
et Founex, Grattaz ï^yvraz à Préverenges ; une vigne en Gra-
techa à Neuchâtel, i479, ^* ^- ^^^* ^® gratte, suhsL verbal de
gratter, ail. kratzen, allusion à une végétation pauvre et clairse-
mée, où le terrain est comme gratté. « Gratta, dit le professeur
L. Favre, indique un sol mince, qu'il suffit de gratter pour trou-
ver la roche. Les composés sont d'anciens génitifs : gratte (des)
vaches, gratte (du) vau, veau, etc. On trouve des composés sem-
blables au Berry : Grattebec, Grattechien, etc.
Graubes, loc. à Port-Alban, Frib., et
SOO GAAOBON — 6RENET
■ Graubon, Rio — , ruisseau et ham. de Corcelles-le-Jorat. Pro-
bablement de graubay greuba^ sorte de tuf pulvérisé, soit ruis*
seau aux eaux tu£Peuses.
Gravany, loc. à Boudry ; de Tadj. gravan^ de grave, gravier^
terrain, sol gravan, graveleux, et suffixe collectif y ; territoire au
sol graveleux.
GraTe, ham. de Cartigny, m. à Avusy, Genève ; Graves à Se-
segnin et Vétroz ; Gravaz, plaine du Boiron à Yverdon, Grava^
885 ; un pratum de Graves à Corsier ou Blonay au xi^ s., Cart.
Haut-Grôt, M. R. XII. Avec le suffixe collectif ay, ey, Gravey à
Dizy, La Chaux, Vallorbe, La Sarraz, Gravaz à Daillens, celui-
ci sans doute le Gravatum, 888, Gravât is, 89^, et le Gravais de
1233, M. R. VI, i32, i33, 286, 21 3, en Gravesse, vignes à Lu-
try, es Grevîres à Bofflens ; dérivés adjectifs, Gravenaz à Pizy,
les Gravines, gravières à Versoix, Gra vannes à Corsier, Grave-
nés à Vufflens-la- Ville, 1278, Graveline, m. près Yverdon. De la
racine grav, d'où gravier et grève, du sanscrit gravan, pierre ;
noms désignant des endroits graveleux comme les Graus du Lan-
guedoc et les Graves du Bordelais, et le provençal crau^ autrefois
cravo € in cravo sive in agro lapideo », dit un texte de 1226 cité
par Diefenbach. Cette racine se retrouve en romanche ; citons
Gravasalvas, ham. et alpe de la Haute-Engadine, pour relever
une erreur singulière de Studer ; celui-ci décompose Grava-sal^
vaSy sous-entendu terres : terres sauves, libres de gravier. Il faut
lire gravas^alvas = grèves, pierres blanches ; la localité se si-
gnale de loin par les pierres blanches qui attirent le regard.
Gravelone, vignes à Sion ; de grave, gravier, et double suffixe
dîm. el-on, comme Motelon de mote.
Graverney, bois à Cossonay, cité en i404, M. R. V, i3o ; loc.
à La Chaux ; m. à Courge vaud ; Graverny à Bussigny, D. Mor-
ges ;;= grand verney, grand taillis de vernes. Gras Verney à Fui-
doux est sans doute une fausse orthographe.
Grenet, nom de plusieurs rivières : le Grenet, affl. de la Broyé
et ham., Granetum, ii4o, Grinet, ii55; le Grenier ou Greny^
GRENG — GAESALLAZ 201
à Coppet ; le Grenay(iiey), ruisseau à Mathod, D, Yverdon ; ori-
j^ne inconnue.
Greng ou Greing, ham. près Morat, autre forme de Grang'es,
comme il s'appelait encore en 1 349, Grangiis^ Gruent et Groyn,
i349, ^' ^- ^^'> 145 ; du bas latin grangias, de granea, gre-
nier à blé ; les Groins, 3 chalets^ alpes de Gruyères, rapprochés
de la forme ci-dessus de 1349» paraissent avoir la môme origine.
Grengiols, D. Rarogne, Valais, Graniols, 1290, Greniols^
i325 ; vient sous sa forme actuelle du diminutif ^ranio/a^, petites
granges. Mais il s'est appelé d'abord Graneirolis, io52, GrinU
ruelSy 1222, Grinirœz, i253, GraynerueyZy 1287, Granyreylz^
1334. Ces formes le dérivent de granariolaSy petits greniers.
Grenier, plusieurs pâturages : Bagnes, aussi Greney^ Vej-
taux ; diminutif Grcneret, Bagnes, Grenairon, Finhaut, Gre-
neyret, OUon et Ormont-dessus, Graneret, Granerette, Gruyère ;
de granariam, grenier, nom passé du bâtiment au pâturage.
Grenilles, D. Sarine, Frib., Grenegles, 1180, M. R. VI, Gre-
nelleSy i244> F- B. H, 1266, Rec. dipl. I, Grenelés, 1264, Gre-
nillies, i3i8, Arch. Fr. III, 77, Grinillies, i4ii» R^c. dipl. VII.
Origine incertaine. La forme Grenelle rappelle Grenelle, quartier
de Paris (ancien village), probablement un synonyme de gre nef te,
diminutif de grenier, donc, au plur., les petits greniers. Hisely,
M. R. XII, p. 247, y rapporte avec doute une localité inconnue
Gumiinges de la page 196, erreur évidente. Nous soupçonnons
une fausse lecture ou une faute de copiste et nous croyons que
c'est Rumilenges, aujourd'hui Rûmlingen, Berne. Toutes les
autres localités nommées sont de la Singine ou du Lac, localités
allemandes dont les noms sont plus ou moins défigurés.
Grens, D. Nyon, Graiens, ii64, M. G. IV, 78, Grens, 1202,
i2o4, Granz, 12 12, Greins, 1298, etc. M. G. XIV, 18, 276 =
chez les descendants de GraOy n. pr. germain, Fôrstm., p. 545.
Grao donne régulièrement Gra-ingis, d'où la forme primitive
Graiens.
La Gresallaz à Tour de Trôme ; Gresaleys, Greselley, Gre-
202 GRESSY — GRILLY
selly, Gresallaire^ une io« de localités, Vaud et Fribourg ; de
ffresalOy nom patois des myrtilles, de Tall. kraOsel, groseille. Se
rencontre déjà dans des textes du xiii® s. : un Champ dou Gre-
sale ou Gresaley à Illens, donné à Hauterive en i252. Mém. Fr.
I, 263. Un Grisalley à Corserey, i5i3.
Gressy, D. Yverdon, Gressey, 11 87, Hidber, II, Grissie^ 1228,
M. R. VI, GriziCf i245, Gart. Month., Grissye, 1817, GrissieZy
i453 ; de {fundum) Graciacurriy domaine d'un Gratius, Grésy,
m. à Lausanne ; Greysier, loc. à Bex, a la même origine, comme
les Grésy et Greysier de Savoie (Jubainville, p. 246) qui possé-
daient des fiefs à Bex au moyen âge.
La Gretsch, arête de rochers aux Ëpiquerez, et le Gretschet à
Courtetelle, Jura bernois ; autres formes de yreizon, petite col-
line, petit crét (Bridel), avec la permutation jurassienne s-ch.
Quant à g'retzon, c'est crêt avec le suffixe dim. patois tzon, cor-
respondant du français chon (anichon, follichon).
Les Grevalets (llets, lleys) ou Grevalia dessous et dessus, deux
pâturages à Châtel-Saint-Denis, la Grevallaz à Saint-Gingolph ;
autre forme de Gresaleys, — voir ce mot, — permutation s-v
comme Ausannaz — Œuvannaz et Varsalannaz — Varvalannaz,
doubles formes des mêmes noms de ces pâturages (Bex et
Gruyère).
Greyis ou Greïs, rochers de gypse au col de la Croix, alpes
d'Ollon ; du patois grehi, gypse, craie.
La Greyiaz, ruiss. à Oppens ; du v. fr. graiie, prov. graile^
du latin gracilis, mince, fluet. Le n. de famille Greyloz a la
même origine.
Grillet à Trélex, Forel et Ogens, Pré Grillet à Chardonne,
Grillettaz, 6 loc, les Grillettes à Cressier, Neuch., Grillière à
Montcherand et à Middes, Frib., Grillerettcs, Romanel sur
Morges ; terrains secs, ensoleillés, où abondent et chantent les
grillets ou grillons ; de môme
Les Grillons, ham. à Elay, Jura bernois, Grillon, côte au midi
à Undervelier ; en Grillon à Noréaz, à La Chaux.
Grilly, loc. à Viiiars-sous-Yens et grand village du Pays de
GRIMENTZ — GRIN 203
Gex, Grellier, Greillye, Greilly ; de (praediam) Grelliacum,
domaine d'un Grellias ou GreliuSy gentilîce romain cité par De
Vit.
Grimentz ou Grîmence, D. Sierre, Valais, GrimienSy xi« s.,
M. R. XVIII, Grimesij i243, Grimenchi, i25o, Grimeynchi,
1827, Gremenchy f 1428, Grimenche^ 1820 (Bridel). La forme
primitive indique nettement Torigine = chez les descendants de
Grimo, n. pr. germain, racine onoma tique pri m. Fôrstm., p. 547.
Grimisuat, D. Sion, Grimisochy iioo, Grimisuel, 1198, 1226,
1228, Grimisols, i2i5, Grimesol, 1224, Grimisuech, i25o, Gri-
misolioy 1255, Gremeisuel, 1260, Grumisy, 1842, Grimisua^
6 fois 1809-1848, Grumesia, i85i, Grumesuyy 1888, Gremisaa,
i449« D*après Gatschet, qui le rapproche de Grimsel, du v. h. ail.
krimiy grimi, défilé, passage, et 50/, mare, étan/^. Ce serait alors
le passage aux étangs ; en effet en suivant le chemin de Sion au
Rawjl on longe deux ou trois étangs sur le territoire de Grimi-
suât. Toutefois nous rejetons cette explication : i^ les racines alle-
mandes sont extrêmement rares, en dehors des noms d'homme ;
2° les suffixes och et iiech de 1 100 et i25o paraissent se rapporter
au suffixe ligure déjà signalé dans les environs immédiats à Ar-
oioux, Arnoch en 1 100 et Granois, Graionosc, 1 100, Gragnuech^
i25o. Nous voyons donc ici un dérivé en oscus du nom germain
Grimo trouvé dans Grimentz, Grimisoch, domaine de Grinio, la-
tinisé.
GrimoÎDe, ham. de Barberôche, Frib., ail. Gurmœn, Gur-
mendj i434- D après cette forme ancienne, nous avons là un com-
posé de court, curtem, avec un nom germanique. Cur est devenu
Gur sous rinfluence germanique comme dans Gurmels de Gort-
Munda, Gurwolf de Curt-Giwulf, etc., donc court, ferme de
Mend, m. h. ail. Mende^ autre forme de la racine mand, v. h.
ail. mandjan, se réjouir, mendia la joie. Fôrstm., 906.
Le Grin, les Grins, maisons éparses sur la Braille à Châtcau-
d*Œx ; les Groins, môme loc. sur un plateau G. de Gruyère ; le
Groin du Vé, loc. sur Mauborget = probablement autre forme
de grange, comparez Greng.
204 GROISIÉRE — GRUYÈRE
La Croisière à Boudry ; du v. fr. groisSy gn^avier =r la gra-
vière,
Gpolley, ou Grolay, Fribourg", GrosleriOj 1187, ii42, Mém.
Fr. II, 16, 219, Groslero vers 1175, Arch. Fr. VI, GrolleiPy
i35o, Groller, 1267, Wûrstbg., 1449, Arch. Fr. V, 4i8. D»
grolle ou grosle^ nom vulgaire de plusieurs espèces de corbeaux
(freux, choucas), du latin graculus, et suffixe coll. ey = endroit
où se rassemblent les grolles ; analogue des noms allemands
Krâhenbûhl, Kraien, de Krâhe, corneille. C'est peut-être à cette
localité qu'il faut rapporter le Monte Cornelii nommé dans la
même charte de ii43 (p- 220), ce qui fortifierait notre étymologie.
GrouIIes, m. à Russy ; même origine.
Grône, D. Sierre, Valais, Gruona, 11 00, Grona, 121 1, 12 fois
1244*14469 en outre Grouna, i255, Gruna, 1267, Grone, i432 ;
du germanique gruoni, vert, ou du celtique groun, gronnay
lieux marécageux herbeux (Zeuss, 778, Holder, 2042).
Le Grosel, Grossel ou Groseil, ham. de Château-d*(Ex, Gro-
self 1276 ; peut-être de Tall. grossel, groseille, employé aussi en
patois pour désigner les myrtilles qui devaient abonder dans ces
lieux quand ils étaient boisés.
Grugnay, ham. de Chamoson ; peut-être de grougna, grugna^
souche, tronc bon à brûler, grosse racine de hêtre, et suffixe coll.
ay ; endroit bâti dans une loc. où abondaient les souches après
Tabatage de la forêt.
Grusa, petit hameau au fond d'un ravin à Vercorin, Valais ;
peut-être autre forme de crousa, crosa, creux ; voir Crau.
Gruyère, m. à Prangins ; loc. à Ollon ; moulin aux Franches-
Montagnes ; en la Gruire, champs à Yvonand ; ancienne demeure,
propriété d'un gruyer, au moyen âge officier juge des eaux et
forêts. « Li gruier gouverneront les eaues et les viviers, » dit uu
décret de Philippe le Long, i3i8. M. Hisely en dérive également
le nom de la Gruyère, vallée, Grueria, 1286, F. B. III, 891 (pa~
tois Gruvire) ; gruier, bas latin gruarius, vient du v. h. ail.
gruo, vert ; il avait un synonyme, verdier^ qui justifie l'étymolo-
gie ; en 1269, un clausum a la Gruy près Nanz, vallée de la
GRYON — GUIN 206
Sionne. Quant à la grue que portait l'écu des comtes de Gruyère
et qui figure dans les armoiries de Gruyère, de Château-d*QSx,
etc., ce sont des armes parlantes comme la coupe de Coppet, la
roue, de Rue, etc.
Gpyon, D. Aigle, Griuns^ 1^89, Furrer, III, 47» 1194» Hidber,
GrionCy 1206, GrionSy 1268, Grion, GrionSy i345. D'après Gats-
chet, du V. h. ail. grioz, gravier, ail. gries = lieu bâti sur un
terrain caillouteux, et la Gryonne, la rivière qui charrie du gra-
vier, comme les Griesbach de la Suisse allemande. Grions, loc.
du vignoble de Fully, Valais, même sens.
Guerce, chalets sur le Sépey, Ormonts, marais dans le voisi*
nage ; Guercet, ham. près Martigny, entouré de marais. Cette
coïncidence indique une racine commune à rechercher. Ne peut
venir en tout cas de quercetum, chênaie, comme le dit le Dict.
géog. d'Attinger, ce mot n'ayant pas laissé de trace en romand où
il est remplacé par roboretum et casnetum ; d'ailleurs q devient c
€t non g.
Gueulaz, col sur Finhaut, et loc. à Vétroz, Valais, m. sur
l'Areuse près Boudry, la Goule, gorge du Doubs près Noirmont,
loc. à Gourgenay ; la Goula es Vey, couloir, alpe de Barberine,
Salvan = vey pour vés, la gueule, le passage des veaux ; de
gueule, goule, latin gula^ à cause de Tétroitesse du passage. Le
col de la pierre du Moelle s'est appelé goule : en Ougion en la
Gouia^ 1882. La gorge de la Lizerne, de môme : Gula Licernae,
121 7, Furrer, III, 56. La Potze di Gaulés, gorge où aboutissent
plusieurs couloirs étroits, près de la GummQuh, alpes de Château-
d'Œx = la Poche des Gueules.
Gueuroz, ham. de Salvan, Valais, les Jeurs, carte Dufour ; de
jeur ou joux, forêt ; le hameau est entouré de bois. L'atlas Sieg-
fried écrit GiierraZy nom que nous n'avons jamais entendu dans
la contrée.
Guevaux, ham. de Mur, D. Avenches, Gouel vers 1240 ; paraît
renfermer la môme racine indéterminée que Goay à Puidoux et
vauXy vallée.
Guin, D. Singine, Fribourg, Duens, 1180, F. R. I, 467, de
206 GUINTZET — HART
1182 à 147I) Hec. dipl. I, 5, M. R. XII, en ail. Dadingen, Tïa-
dingen, i258, F. B. II, 4^8, Thùdingen^ 1276, III, 120 = chez
les descendants de Dudo, n. pr. germain. Le patois a conservé la
prononciation Dyens(in), « Le français, dit M. Stadelmann,
n'ayant pas de signe graphique correspondant au son dy, on a
remplacé ce dernier par la consonne qui s'en rapprochait le plus,
fff écrit gu, k cause de Ti suivant.
Guintzet, 2 ham. Fribourg et Gorpataux ; Guinchets, m. à
Domdidier ; Guinchet, prés à Colombey ; de guintzet, guinchei
= guichet, petite porte, comme ailleurs des Clies et des Pan-
thaires.
Guivre, voir Vuivre.
Gumefens, D. Gruyère, Ggmonjins, 1298, M. F. I, GumofenSy
i3oi, Rec. dipl. II, Gumufens, 1807, Gomofegns^ i453, M. F.
IV = chez les descendants de Gumulf, n. pr. germain, composé
de Guma et wulf, loup.
Gumine, n. fr. de Gitminen^ D. Laupen ; voir Condamine.
Gumnifluh, sommet à Ghâteau-d'Œx, nom ail. et traduction de
la Pointe de la Combe. Gumme en ail. bernois = combe.
Gurbn'i, D. Laupen. Sous sa forme germanique cache un n.
romand. CurbriL 12 15, Corbruil, i256, Gurbrnij 1262, Cor^
boru, 1267, F. B. I et II. Le premier élément est évidemment
cort, court j ferme, le second d'après la forme Cor-bruil pourrait
ùive breuil. Mais le second élément des composés de court est un
n. d'homme, généralement un n. pr. germain.
Guttet, D. Louèche, Valais, Gottet, 1857, 1482, Guttet^ i5oi ;
comme les Gottettaz du pays romand, de gotOy petite source. On
parlait encore français à Gottet au xv^ s.
Iladcs, ILlgos (Echallens), voir Age.
L'Ilannont, voir l'Armont.
Harroz, voir Garroz.
HaH, Sur la — , loc. à Delémont, ancien emplacement du gi-
bet, correspondant des Fourches du reste du pays romand ; de
harty proprement la corde destinée à pendre le criminel.
HAUDÈRES — HAUTE COUR 207
Haudères, es ou les ~, ham. d'Evolène, Valais, Oudeires,
i25o, Ouderres, xiii« s., Houdeyres vers 1280. Paraît renfermer
la même racine que les Odes, territoire aux maisons éparses,
majens de Riddes, Valais, Odei, chalets dans un lieu ravagé par
l'avalanche à Trient, et que Guides, partie du pâturage de Bar-
berine, alpes de Salvan, parcourue et ravagée par le torrent.
Les Ilarnays, prés et champs à Massongex, fausse orth. ; c'é-
tait les AreneySy 1743, terrains sablonneux ; voir Arenaz.
Hausseresse, vallon au Pays-d'Enhaut, plus anciennement la
Vausseresse, Valorseressy^ 1276 ; de val^ vallée, et de l'adjectif
fém. orseresse ou orsière, des ours = vallée des ours.
Hausseys, ham. de Vérossaz, Valais, écrit encore Ausseys,
plans, vers 1720, Aussays et Haut-Serre ; du latin altum saxarrij
haut sex, haut rocher.
L'Haut, nom de pâturages supérieurs, vallée du Rhône,
Gruyère et Jura, parfois mal orthographié : l'Haut de Mordes, de
Collonge, de Val d'Illiez, de Morge à Saint-Gingolph (yEaUy
carte Dufour, Laudemorge, Siegfried), de Taney à Vouvry
{Looz, atlas Siegfried ; l'Haut Patéri à Château-d'Œx, l'Haut de
la Joux, Gruyère, l'Haut des Roches à Romanens ; — Pré de
l'Haut-dessous et dessus^ V Haut y i444> à Montricher et l'isle,
l'Haut Mont à Arzier, Jura. Ici l'influence du latin ait us l'a em-
porté sur celle du hoch germanique qui |a produit l'aspiration
française de haut. Au temps de François 1®»" haut n'était pas aspiré,
d'après Génin ; en i533, d'après Bouille, le peuple aspirait l'h.
Hautafln, forêt au Buron, D. Echallens, nemore de Altqfine^
1177, haut et fin, limite, territoire.
Haut Crèt, ancienne abbaye, D. Oron, Altcrest, ii5o, Alto-
crest, iib^y Aie rest, 1166, Aucrest, 1242; de altum cristum,
forme masc. de crista, crôte.
Haute Cour, ham. de Mont, D. Rolle, Altacort, i235, M. G.
XV, 12, Autecortj 1245, Autacort, 1248, Autracort, 1260, 5i,
Aut{r)acort, 1261, Ault{r)acorty 1266, 1298, M. R. XIL On
peut hésiter : quelques formes signifient haute cour ; d'autres avec
le r paraissent signifier ultra cortern, ce qui s'accorderait avec la
208 HAUTERIVE — HERMONT
situation du hameau, au delà du villagpe principal par rapport au
château.
Ilauterive, Fribourg, Alta ripa^ ii57, Alteripe^ 1162, et
Neuchâtel, Arta ripa^ 11 43, s'expliquent d'eux-mêmes, ainsi que
Hauteville, ham. de Saint-Légier, Vaud, Au/ac;/7a, Altavilla,
xiii« s., M. R. VI, 349-389, et commune, Fribourg, Alta villay
Ï227, M. R. XXII, 32 = haute ferme.
Hennens, D. Glane, Frib., Henens, i4o3, EnnenSy i432 =:
chez les descendants de Hino ou de HennOy n. pr. germain.
Henniez, Vaud (pron. Ingny)^ Enny^ i38o, Iffnie, 1668 ; do-
maine de Hinius ou Inius, n. pr. germain Hino latinisé. Enniez,
loc. à Bussigny sur Morges, à rapprocher du ruisseau voisin, ri^
vulus dictas Anye, 1278, Dict. hist. Vaud. Suppl., p. 27. Sans
doute même origine.
Hérens, vallée du Valais, ail. Erinyerthal, Erœns, iioo,
EruenSy 1195, Heruens, 121 1, Herens, 1224, Eroinsy 1266, gé-
néralement Herens depuis 1260, cependant Heruens, 1274, i33o.
D'après Gatschet, chez les descendants de Hero, contraction du
n, pr. germain Hericho ou Ericho.
Hérémence, D. Herens, Valais, AremenSy 1195, Eremeinci,
xii« s., Heremeins, 1200, Herementia, 121 1, Heremencia, 1248,
Ermencia et Heremence, 1329 ; Hermance, Genève, Ermencia,
1271, M. G. XIV, Hermencia, i326, i344> M. G. IX; Her-
menche, D. Moudon, Ermenges, i254, M. F. IV, 216, Het-
mainge, i453, Hermenges^ xvii« s. Les trois, d'après Gatschet,
du n. pr. germain Heremunty Harimunt, Plutôt d'un autre nom
de la même racine, si l'on décompose Herem-eins, Herm-enges, le
nom doit avoir été Heremo, Harimo. En tout cas, rien de com-
mun avec Hermès, ni avec eremos, comme le voulaient d'anciens
étymologistes qui se basaient trop souvent sur une ressemblance
fortuite.
Hermont, maison et colline isolée. Gras d'Hermont près Por-
rentruy = crêt à'Harimant, n. pr. germain. Trouillat I, XXVIII,
y place le camp d'Arioviste dans la bataille entre César et ce chef
germain et traduit Gras d'Hermont par Crêt des Germains.
HÈRES — HUTINS 209
Aux Hères, loc. à Monthey, es Hères,, 1819, fausse orth. pour
é% Aires ^ 1696, voir Aire ; de même les Hères à Massong'ex, es
EyreSy 1761.
Herniaulaz, pâturag'e de Villeneuve, le même qu'Argniolaz,
alpes d'Ollon et Argnaulaz^ vallée de TEau froide, Herniola,
1242, Hernyola^ 1247» Gart. Haut-Grêt, M. R. XII, 69, 78; ra-
cine hem et suffixe dim. ola, Godefroy a un s. m. hernu = juil-
let. Ce serait alors un petit pâturage où l'on monte en juillet,
comme les Majens, où l'on monte en mai, en ail. les Augstkum-
men ou Gombe d'août. Seulement c les textes où figure hernu
sont tous du nord-est de la France et il n'y a pas de preuve que ce
mot ait été usité chez nous, » nous écrit M. Bonnard ; ceci reste
donc une simple conjecture jusqu'à plus ample informé.
Y Hombes à Lens, Ilombo et Hombettes à Ghalais, autre
forme de Gombes, Go m bettes. Gette permutation curieuse c^h est
assez fréquente d'Arbaz à Ghalais, soit entre Sion et Sierre : Har-
roz pour Carroz à Ghalais et Arbaz, et même à Gryon (Vaud).
Voir les mots suivants
tlondemène à Ayent = Condémine.
tlongrin, rivière, affl. de la Sarine, Ongrim^ 1294» M. R.
XXII, 44t» Ongrin^ 1392, i4oo, le Longrin, l'Eau du Longrin,
plans d'Aigle, 1720.
Ilorbe, loc. à Ayent, Valais = corbe, courbe, pour c-h voir
Hombes.
L'Hormont, mont boisé à Praz, D. Glane ; voir Ormont.
Aux Hornes, loc. à Gryon, D. Aigle = aux Gornes, pour c-h
voir Hombes.
Es Hornettes, Ehornettos, carte Siegfried, sommet sur Ayent
=: es Gornettes ; permutation c-h, voir Hombes.
Les Hors, crêts au Rawyl, alpes d' Ayent = les Cors ou cornes,
pour C'h voir Hombes.
La Houmaz, loc. à Ayent = la Gombe, avec apocope du b,
sous l'influence de la forme allemande Kummen ; pour c-A, voir
Hombes.
Hutins ou Huttins, Utîns, Uttins, une 3o<^ de lieux-dits dans
M. D. SEC. SERIE, TOME VII 14
210 HOTEAU — IGNES
la région du Léman et d'Orbe à Neuveville ; autre forme de hau--
tains ^ en Vivarais, autainy v. fr. utin^ nom des vignes grimpant
sur des arbres morts dont on a laissé les grosses branches, mode
de culture disparu chez nous, mais qu'on retrouve encore aux en-
virons d'Ëvian. Huimets, champs à Founex, diminutif.
L'Hotau à Murist et Montagnj-les-Monts, les Hotaux à Broc,
Fribourg, dessus l'Hottaux à Ciavalejres près Morat ; du latin
hospitale, patois ofauy la maison, v. fr. hostaul, iSga, Rec. dipi.
V, 85, les hotoz de Torgon à Vionnaz, 1728. De là aussi en
l'Heptau, loc. à Saint-Gingolph, vers l*Etôt, m. à Dorenaz, Va-
lais ; les nouf Hospitaul, i4o6, les Hôpitaux^ une des 4 ban-
nières de Fribourg, et les Hôpitaux neufs et Hôpitaux vieux k
la frontière française près Vallorbe.
L'Hôpital, ham. détruit près Ménières, Frib. Le P. Deliiou,
prenant ce mot au sens moderne, et le trouvant c dans les docu-
ments les plus anciens, » en conclut que « cet établissement de
charité remonte aux premiers temps du christianisme. Dict. hist.
VIII, 891. Les mots ci-dessus montrent qu'il s'agit simplement
d'une maison.
lluémoz, grand village d'Ollon, Oësmoz, 1629, Recueil de
chartes d'Aigle, p. 16G.
La Hutte (ou Heutte), D. Gourtelary ; fr. hutte, du v. h. ail.
hùtia, cabane.
Ibeau, nom sur l'atlas Siegfried d'une forôt du val Ferret, forêt
Ibeau. Evidemment fausse orth. Ce doit être la forêt, la Jeur y
Bôs, la forêt aux crapauds, comme la Tsau y Bots à Château-
d'Œx, de Bô, Bot, Bau = crapaud, ou le Crêt d'y Baux sur
Montreux, de bau, bœuf.
Icogne près Lens ; voir Econe.
Ignés, Glacier et Col des — , vallée d'Arolla, Valais ; pourrait
venir du provençal igne^ de feu, du latin ignis, feu, allusion aux
teintes de feu de ce col glaciaire au soleil levant pour les habi-
tants des Haudères et de la Forclaz d'Evolène.
IGUES — ICIZENEN 211
Igues, m. à Orzens, entre le Sauteniz, le ruisseau de Graylaz
et le Ruz de Jaudray = les eaux, de aquas.
llattes, Côtes des — sur le Doubs, à Soubey = ilettes, petites
îles ; suffixe jurassien at = et.
Illarse ou lllarsaz, ham. de Colombey, Valais, Ylarsa, i35i,
Peirum de Illarza, un des quatre premiers syndics octroyés à la
ville d'Aigle en 1288 ; de y = in et v. fr. larsCy larze^ mélèze,
de laricem, aux mélèzes. 11 y a encore des groupes de mélèzes çà
et là dans la plaine.
lllens, ruines et ham. près Arconciel, D. Sarine, ail. Illingen,
et lllens, château ruiné près Pont, D. Veveyse, UllenSy ii55,
iiSS, lllens, 1157, M. R. XII, 12, 47» i5, HellenSy HeslenSy
1 154, Cart. Month., ItlenSy 1179, Icliens, 1182, Donat. Haut.,
Ylleinsy 1284, M. R. XXIX, 809, Illeins, 1288, M. R. VI, 669,
Hy liens, i25i, F. B. II, lllens, 181 9, Malile, Yllans, i85o, /r-
lens, 1888, YrlenSy il^iç), Erling dans la chronique de Schilling*,
Irlains, 1470, Arch. Fr. V, etc. =chez les descendants de Itilip),
n. pr. germain.
niiez ou llliers, vallée du Valais, Yliacum, 1180, Hidber, II,
vallis Uiaca, xii^ et xiii® s., Y liiez, 1200, Ylies, 1286, Yllies,
1268, 1287, Ylles, 1281, Yllier, i436. Gremaud, dans M. R.,
très probablement d'un n. d'homme; pourrait dériver de Illus,
nom cité par De Vit. Ce nom porté par des hommes d'origine ger-
manique paraît être la latinisation du n. germain ///o, ////, le ter-
rible.
En tous cas pas vallée des houx, de ilex, comme le veut Studer ; cet
arbrisseau y est presque inconnu et le mot latin n'a pas passé en ro-
mand ; quant à rinterprétation de M. Léon Franc, Vau de lié, vallée des
eaux, reproduite par J. Monod (Guide du Valais), elle ne s'accorde pas
non plus avec les formes primitives.
Increna, arête rocheuse près Champéry ; voir Encrenaz.
inden, D. Louèche, Valais, village | autrefois romand, Indes.
1242, i38o, Yndes, i25o, 1299, i45o; le ai allemand représente
le s plur. français.
Iclzenen, ham. de Gampel, aujouid'hui simple mayen, es
212 INYERSmS — ISERABLES
probablement le JonczanUy 1276, Joutzana^ ia85, de deux
chartes, M. R. -XXX, que M. Gremaud n'a pas identifié.
Inversins, loc. à Saint-Georges, Burtiguj, Gimel ; endroits si-
tués à l'envers, sur la pente opposée au lieu principal.
Invoua, ham. à Marly, à Tlnvoué (Invuez) à Sales, Sarine,
rinvoê à Thierrens, Tlnvoex à Granges, es Invouettes à Char-
mey ; autres formes de ivoué, du celtique ive, eue, eau, parallèle
du latin aqua, d'où le v. fr. aiguë.
Invuardos, ham. de Payerne, voir Ënvuardes.
Iplens, loc. à l'Isle, D. Gossonay, Iplens, xiii« s. et 1878, M.
R. I, 26 livr., 64. C'est sans doute la «villa quae dicitur Erplens^^
1009, et le ErplenXy 1002, Hidber, I, 286, que Gatschet, p. 266,
rapporte à Apples, tandis que ce village s'appelait Aplis en 1009,
M. R. III, 427 et 1125, ib. i438, et dès lors toujours Aples ou
Apples = chez les descendants à*ErpilOy dérivé de Erpo^ n. pr.
germain. (Fôrstm. a Erfilo et Erpel, racine Arb.)
Les Ireites, loc. sur Lens, Valais = airettes, voir Aire.
Irlens, ham. de Chapelle sur Gillarens, D. Glane, Frib. ; autre
forme d*Illens, voir ce mot.
Isenau, alpe d'Ormont-dessus, Isenoz au plan cadastral, Ise-
nod dans Bridel, 1801 ; autrefois Eisenaux, Oisenaax, carte
Rovéréa, Ezen d'Eaux dans Lutz, forme primitive UsinauZy
1279 (Corthésy, p. i48). La localité esta la frontière allemande.
Origine inconnue. Ce mot serait-il d'origine germanique ? Il y a
plusieurs noms ail. dans le voisinage. Ce serait alors la racine
isen, eisen, assez fréquente, Isenberg,-thal,-egg,-fluh,-ried ; du v.
ail. isen, fer, et au, prairie.
Isérables ou Iserabloz, D. Martigny, Valais, Aserablos^ 1227,
Heyserabloy 1260, Yserablo(z)j 1266, Heserahlo, 1267, Asera-
blo, 1822, etc. ; de iserable, nom patois de l'érable, aussi en
Dauphiné, même origine pour
Isérables à Gy, Genève, à Outre-Rhône (Lisérabloz), 2 loc. à
Olion et à Ferreyres, Daillens, Yvonand, Vaud, à Hauteville
(Gruyère), ainsi que Oserabloz, loc. à Vollèges, Valais, un casale
ISERAZ — IVETTE 213
de Asserabloz à Ependes, Fribourg, 1278, M. F. I, 274, Lose'
rablsy loc. à Neuchâtel, 1874.
Iseraz, ruisseau à Moirj, D. Cossonay, appelé la Liseraz par
soudure de Tarticle dans le Dict. hist. Vaud, parent des nom-
breuses Isara, aujourd'hui : Isère du Dauphiné ; Isar, affl. du Da-
nube, Iser» affl. de TElbe, Yser en Belg'ique ; c'est le fém. de Tad-
jectif ligure isaroSy qui va vile = la (rivière) rapide.
Iserin, pâturage d'Ormont-dessus, Y serins, i44i> M. R., Yse-
ririf 1474 (Gorlhésy, Vallée des Ormonts, écrit Yserim ?).
Llslan à Bavois, D. Orbe, maison et domcdne sur une émi-
nence dans le marais, faussement écrit VIsland sur Tatlas Sieg-
fried ; de {fundum) insulanum, fonds formant une tle ; Tlslon,
loc. à Bex près la Gryonne, dim. de île, comme es Isellions, dans
les bras du Rhône à No ville, et les liions à Illarse, filions, 1696.
On appelle l'Isle, D. Cossonay, Insula, 1824, Lile, i848, Lila^
1862, M. R. V, de insula, île, à cause de sa situation entre les
sources de la Venoge. Les Isles dans les vallées du Rhône et de
l'Orbe et aux Ormonts les terres entourées jadis par les bras du
Rhône, de l'Orbe et de la Grande Eau.
Issert à Orsières, Valais, et ailleurs ; autre forme d*Essert.
Itrivouos, forêt à Chamoson^ Valais ; de ultra, outre, et
ivoués ; outre les eaux, au delà de la Lozence et du torrent de
Cry.
Itroz, voir Etroz.
Ittens ou liens, ham. de La Chaux, D, Cossonay ; villa /f-
tinges, 964, M. R. VI, 3, Idens en ioo5, Itteins, 1288, M. R. VI,
646, Ittens, 1887, M. R. V, 8o4 = chez les descendants de Itto,
Ido ou H itto, variantes du même nom germain ; un Hitto est un
des signataires de la charte de fondation de l'abbaye de Payerne
en 962.
Ivelle ou Ivouette, affl. de l'Avançon à Bex, les Iveltes ou
Evouettes, vill. D. Monthey, Valais, avec de nombreuses sources ;
celui-ci, d'après Galschet, copié par Studer, de l'ail, eibe ou ibe,
if. C'est certainement une erreur et son nom vient, comme celui
214 IVUBX — JAVROZ
du torrent, de iuue, eau, et suffixe diminutif ettêy petite eau, pe-
tites sources.
Iviiex, loc. à Prahins, même racine, ainsi que Livœz à Assens,
article soudé pour Tlvœx ; de ivue, eau, et sufiF. coll. ex.
Izigière, ham. d'Ardon^ D. Conthey, Valais. C'est une faute
de la carte qui a soudé l'article is = es. La Feuille ofiF. du Valais
dit les majens d'isîères, Ysieri apud Ardum i3o6 campo Z)y-
syery (d'Ysyery) apud Arduns 1 260 ; peut-être de la racine celtique
iSj frais (Holder, p. 79). On trouve aussi Nizière de en Isière.
Jabloz ou Jable, deux pâtura^ à l'Ëtivaz, au pied sud de la
Gummfluh, qui s'appelle aussi quelquefois Jabloz. Peut-être le
même que le n. commun jable, qui présente aussi le sens de fa-
çade, fronton (Godefroy) ; le Jabloz ou Gummflub présente de ce
côté de hautes parois qu'on peut comparer à un fronton.
La Jaluze, vall. et ham. au Locle, Neuch., Jaluse, 1429, M.
N. XLI, Jaleuze, i53i ; dejaluzay partie tendre du roc ou cal-
caire jurassique supérieur. Desor, M. N., 62, origine inconnue.
Jaman, montag'ne D. Vevey, Gément, Gémant, i34o, Géman,
i4o2, M. R., 2« s., II, 71, Zamantj i453, Creux de Jéman, pa-
tois Dzéman, pâturag'c et rochers à Collongpe, D. Saint-Maurice,
Valais.
Jamblex, m. à Bursinei, prato de Jambla, 1249, M. R. VII.
Jargonani, ham. et ruiss. près Genève, Gerganant, i368,
nantum de Gergunant, i475, M. G. XVIII, Gergonant, i48o,
1670 ; de nant, mot celtique = vallée, ruisseau, et d'une racine
égcalement celtique qu'on retrouve dans Gerg-ovie, capitale des Ar-
vernes.
Es Jaux à Gorbeyrier, D. Aigle, les Petites Jaux à Echallens ;
autre forme dej'oux, forêt, de môme le Dzaou, Ormont-dessus.
Jaulin, ham. de Riaz, Fribourg ; voir Joulens.
Javrex, ham. de Cerniat, tire son nom du
Javroz, torrent, affl. de la Jogne, Gruyère ; aqua que dicitur
JuauroSy ii34, JaurOy 1294, JaaarOy 1296, JaurCy 1577. Gats-
JENTES — JOINTES 215
«het le tire d'aquarium, conduite d'eau, ruisseau. « Impossible^
à cause de la place de Faccent. » (Boonard.)
Jentes, D. Lac, Frib., nom fr. de JeasSy Juus, i423^ JenteSy
JuenieSy i34o, Jœntes^ i423, Rec. dipl. III, VII. D après Gats-
«hel, contraction du n. pr. Johannetus ; le fém. Johanneta don-
nait un nom Je nia.
Jetty, ham. d'Evolène, D. Hérens, Valais, Lagyetiy 1260, M.
R. XXIX, 456^ alpem de Lageti, fin du xiii« s., M. R. XXXIII,
452 = la Giète, voir ce mot.
Jeu, Jeur, Jeux, voir Joux.
La Jeamaz, forêt de châtaigniers à Monthey, la Dieurna,
1819, JeurnaZy 1696 ; d'un adj. du bas latin ^ jurina, de forêt.
Jogne, riv. de la Gruyère, Jonia, Jon, Joune, Youn, 1397.,
M. R. XXII, 261, Jouriy 1677, ail. Jaun; la Jogne ou Jougne-
naz, affl. de l'Orbe *, Jonnia, 1049 et vers 11 10, M. R. III, 456,
464, Jonia, II 58, ib. 476, Joninm, 1181, Hidber, II. Comme les
Jone de la Suisse allemande, l'une affl. de la Reuss, l'autre du
lac de Zurich, Johanna FluviuSy 834» auxquelles on peut ajouter
le Jungenbach de Saint-Nicolas, Valais, Jong^ i33o, Jongynon,
1827. Toutes portent le même nom d'orig'ine celtique, parent de
ceux de l'Yonne, JoinOy 670, de la Jouane, Jonay affl. de la
Mayenne, que Holder, Keltischer Sprachschatz, rapporte sans les
expliquer. Gatschet dérive Jog^ne de eauve, iauve par l'intermé-
diaire d'un adjectif hypothétique juvina, juina. Studer, toujours
fantaisiste, ajoute : Die Freiburger patois lassen vor Abstânden
zwischen aqua und eauve, iauve y iaune (sic !) nicht so sehr er-
schrecken .
La Joie, ruisseau de — , à Bonmont, gracieuse métaphore qui
convient on ne peut mieux à ce g-entil ruisseau, descendant en pe-
tites cascatelles près du château.
La Jointe, m. et pâturajçe au confluent des deux Hong-rins, la
Joynti d*Ongrin, i332, une autre à Vionnaz ; subst. verbal de
joindre.
' Jouçiie, Joni, 1±2S, M. R. VI, 19, vient de Jonnia, et Joutçnenaz à son tour
de Jouane.
216 JOLIMONT — JONGNY
Jolimonty colline près Anet, Berne, autrefois Julemonty encore
en 1800 (Bridel), Tschulimong dans le dialecte ail. de la contrée ;
corruption de CAa/e-Mont, Chalimont, xyiip s., mont de ChuleSy
nom fr. de Gais, village situé au pied. M. Alf. Godet, citant
Torth. Sus le Mont, cadastre de Cerlier, 17 18, en dérive Chule-
mont, Chulimont, permut. s-ch, puis Julimont, Jolimont, permut.
ch-j. Quant à Chules, il viendrait de Chulemont, et non Tin-
versé. C'est bien compliqué. D'après cette explication, Chules se-
rait tout à fait moderne, or on voit à Chules que ce nom se ren-
contre déjà en 1217, i4o3.
Le Jonc, écart du Grand-Saconnex, Genève, est une corruption
de VOujony cette terre appartenant jadis à la chartreuse d'Oujon,.
à laquelle les nobles de Sacounex (l'avaient donnée en i2i5. M.
R. XII, I, p. 52, confusion entre TOujon et le patois lou Jonc.
Jonchères, ham. de Boudevilliers, Neuch., JunchiereSy 1291 ;
loc. à Etoj et à Miécourt, Jura, Juncheres, 1290 ; Jonchires à
Mézières, à Bursins, la JonchieriZy 1429, Jonchière à Cossonay,
Jonzîères à Gland, au, aux Jonchet,s à Presing-es, Grang'es,.
Payerne, etc. ; du latin juncaria et junceturriy lieux couverts de
joncs, conmie les Joncs à Avenches, Lussy-Fribourg, etc. Le c
disparaît parfois : en Jon, écart de Donneloye, les Zons, prés à-
Conthey. De ces deux dernières formes dérivent en Jonnaire à
Rennaz et Villeneuve et les Zonnaires à Colombey, Jonneyres,
1696, et Monthey, Jonnaires, 1819, prés marécageux de la val-
lée du Rhône. Au Jochet à Monthey, aux Hochets, 18 19, était
es Jonchets en i']2'].
Jongny, D. Vevey, Jaunie, Jalnie^ Jalniei^ xii® s., Donat-
Haut., Arch. Fr. VI, 89, 71, 79, Jongnye, 1873, Jongnyez,
102 2. La forme primitive a dû être Jalu ou Jaliniacum, domaine
d'un Gallo-romain, au nom indéterminé. Hidber, II, p. 197, rap-
porte le Jalnie d'Hauterive à Jougne ; c'est probablement une er-
reur. Si la localité d'Hauterive ne se rapportait pas à Jongny et
que Jongnye fût la forme primitive du nom, ce serait un {f un-
dam) Janniacum, gentilice dérivé du cognomen Jannas, Holder,
p. 89.
JORAT — JOTTE 217
Jorat, montag^ne au N. du Léman, Joraty ii42, ii84, Jorety
1177, Jorathy 1182, Joreth, iigo, Gart. Month., M. R. XII, et
nom de nombreux pâturag'cs des Alpes et du Jura ; dérivé de yor,
mot sans doute celtique, aujourd'hui joux, forêt. Jouret, Jorette,
Jorettaz, Jorattaz, diminutifs de Jor ; Jorasse(az), Ormonts,
dépréciatif ; Joratel, ham. des Ponts, Neuch., dim. de Jorat ; Jo-
rogne, pAturag^es semés de bois à Gryon, D. Aig'le, péjoratif; de
jor et suffixe offne (comme char-ogne, ivr-ogne).
iordil, Jardil, une So® de loc. Vaud et Fribourg, Zerdil en
Valais ; plus anciennement gerdil, xiii et xiv^ s., es Jardits,
Yvorne ; dérive du v. h. ail. garto, parallèle du latin hortus, jar-
din. Jordillet, loc. à Belmont, Jordillon à Grandvaux, diminu-
tifs; la forme jardin se rencontre très anciennement dans les
chartes: Willelma deu iardiy illi de Jardin^ 1289, 1244, M. R.
XII, 128, i58.
Joressant (ou Jorissant), ham. du Haut Vullj, Fribourg, aussi
€t mieux Jorîssens (on prononce ein). Je ressens, i85o, Juris-
^^nsy 1878, Juriscein, 1878, Matile, Jerussens et JorassenSy
1409, Kuenlin, Port de Jersin, i456, dans Boyve, II, 87, 88. Dé-
rivé d'un n. pr. germain ; l'étymologie de Gatschet (p. 106), qui
la lire de l'adjectif bas latin juricina, de juria, est fort douteuse.
Jopnaire, loc. Vétroz = Joux noire.
Jorogne, voir Jorat.
Jorlèsc, autre nom du plateau d'Ayerne sur Corbeyrier =
Jor-teisa^ autre forme de Jonx-Teisaz, Villeneuve, Ollon ; de
joux et teise, de tensus, part, de tendere, joux étendue.
Jougne, Jougnenaz, voir Jogne.
Joulcns, près Morg'es, jadis village paroissial (aujourd'hui 2
maisons), Jolens, ii4o, ii47, Cart. Month., 1218, 1228, M. R.
VI, 22, 291, Juiens, 1 182, M. R. I, 176, et VII, 28, Joleins,JoiinSy
1288, M. R. VI, 818, 643, etc.; Bois Jolcns a Montcherand ;
Jaulin, ham. de Riaz, Frib., en Joulens, i83o = chez les des-
cendants de Jodiio, dérivé de Joto, n. pr. germain. Fôrstm.,
p. 812.
La Jette, 8 m. à Travers, Neuchâtel, sur le flanc N. de la val-
^8 ÉOUX — JURIGOZ
lée. Il y a une forme dialectale de joue, Berry, jotte^ provençal
ffautOy on dit aussi les jottes d'un vaisseau, les deux côtés de l'a-
vant. Cette forme est-elle connue dans le patois local ?
Joux, Jour, Jœur, Jeux, Djeux (Vérossaz), Dieux (Masson-
gex), la Jieu (Evionnaz), Jaux, Dzaou et en Valais Zour, Zeur,
formes diverses dejoux, bas latinyur/a, forêt ; ce dernier, lati-
nisation de j or y mot sans doute d'origine celtique, d'où dérivent
Jura, Jorat, voir ces mots. Château de Jeux, Jour, 1276, Jou,
1377, Matile ; La Joux, Fribourg, la Jour, i38o, le Mas de Joux
à Villars-le-Terroir^ les Petites Jaux à Echallens, jadis Afas de
Jor ; le Six Jeur sur Finhaut = le rocher de la forêt ; Jeur en
Saas, vallée de Bagnes, la forêt dans les rochers, Graigeur à
Trient = Grand Jeur, la grande forêt, etc.
Jouxtens, D. Lausanne, Joiens, 1228, Joutens, 1228, M. R.
VI, 234, Jothens, 1227, Joctens et Jouctens, xiv® s. = chez les
descendants de Joto, n. pr. germain. Fôrstm., p. 812.
Les Joyeuses, clos de vignes à Cortaillod (« le meilleur vin
blanc du lieu », dit Matthey-Doret) ; ce nom n'a pas besoin de
commentaire.
Jura, Jura dans César, Joras dans Strabon, Jourassos oros
dans Ptolémée, au pi. Jures et Jura au sing. dans Pline et César,
plus tard mons Jurassus, Jurum, 869, M. R. XXIX, montem
Juri, montem Jure, 1079, Cart. Laus., Jurim, ii5o, Cart. Ou-
jon, montem de Jour, 1282, M. G. VII, 342, racine celtique et
peut-être ligure d'où dérive le moi Jor, bas latin juria, joux, fo-
rêt, nom commun dans les chartes du moyen âge pour désigner
surtout les forêts montagneuses.
Jurlens, D. Orbe, Jurians, 1263, M. R. III, 569, Juriens,
1359. Gatschet le tire de jouXy forêt, par l'intermédiaire d'un adj.
jurianus. C'est plutôt un dérivé d'un n. pr. germain ; le ans de
1263 paraît d'abord s'y opposer, mais il y a de nombreux exem-
ples de ans au xiii® s. dans des noms dérivés de ingis, voir à No-
nens.
Jurigoz, loc. à Lausanne ; cette localité entre Burgo et Oschie
où le Chapitre possédait de nombreuses vignes, est toujours dési-
iUSST — LAHéNIRE 219
^ée (20 fois) dans le Cartulaîre de Lausanne (M. B. VI) sous le
nom de Jooego, Juvego. Faut-il supposer que le nom aurait ainsi
<:hangné ? Il est plus probable que le c? est un r et qu'il faut lire
JoregOf Jurego. Quant à l'origine de ce mot, impossible de rien
préciser. Jubainville, p. 5oo-5o8, cite une 20« de cognomina em-
ployés tels quels comme noms de lieux, villa Brannus^ fundus
Catulus, viens Marcellus. Il est possible que Juregt) en soit un.
Holder a un nom d'h. Juricus^ ce cocrnomen ainsi emplové don-
nerait à lablatif Jurico. Peut-être les recueils de n. propres en
donneraient-ils la solution.
Jussy, Genève, Jusseij 1181, M. G. II, 42» Jussier^ 1^73, Jus^
sie^ 1291, Jussy e^ etc. ; de (/andum) Justiacum ou Jassiacam^
domaine d'un Jnsfias, gentilice dérivé du cognomen Justus,
Jux, Goumœns-le Jux, Gumœns lo Jux, i447» M. B. XIV,
Gumuens le JiiZy i448 ; de l'ancien adverbe fr. jits^ dessous, du
bas latin Jusum = Goumœns-dessous, 588 m., tandis que Gou-
mœns-la-ville est à 6ao m.
Au Laberrlau à Evionnaz, Laberiaux^ 17^0 = Abériau, voir
p. I.
Lâchât, forêt et forte montée entre Salvan et Finhaut, proba-
blement fausse orth. pour La Chaz ou Sciaz^ arête. Do même
pour i^ehat ou l'Achat, forêt à Goiombej, l'Achat, croupe boi-
sée, vallon des Verraux, Montreux, La tachât ou Lotachat pour
l'Hauta Chaz, arête au N. de Charmey, Gruyère. La Chaz est un
nom commun dans nos Alpes, voir Chaz et Sciaz,
I^cherelles, ham. de Travers, Neuch., Lescheri, 1266, Matile;
diminutif de Léchère, voir ce mot.
Laconnex, C. de Genève, Laconay^ 1226, i3i8, Lacunay^
1281, i3o2, etc., M. G. IV, XIV ; de {fundiim) Laconacum, pro-
priété d'un Lacon, du cog'nomen Laco, Holder, 117.
Lagec, territoire à Saint-Martin d'Hérens = Laget pour l'Agpet,
prononç. valaisanne de azel, voir Aze ; pour le c final, voir Biolec.
Lahénire, champs à Ayent, Valais = la Chénière^ pour cA-A
voir Bombes ; ire pour ière est fréquent. Léchire, Jonchire, etc.
220 LAIFROUT — LAMBOING
Laifrout, loc. faubourg d'Avenches ; de lai y lé y là et /rou, de
Joris, dehors : là-dehors.
Laire, plus. loc. ; à Monthey, écrit aussi Lherre, à l'ère , 1819^
Lairette, voir Aire.
Laissalet, voir Luissel.
La Laissy, pâturage à l'Etivaz, frontière du Gessenaj ; serait-
ce le D. ail. du vallon : Lessi ? Plusieurs localités du vallon ont
des n. ail. : Gademoz, Coumattaz, etc., sans doute jadis propriétés
d'habitants de l'autre versant.
Laite, Leyte, Leytaz et Leytets, diminutifs, noms de pâtu-
rages, Pajs-d'Enhaut et Gruyère. La Laitemaire, sommet à Châ-
teau-d'Œx, même racine et maire, de major, plus grand ? Layte
mapy ou Le3rtemarie à Charmey, Let^ mael, it^ii. Probablement
parents du mot lède, lette, leyie, donné par Littré, Suppl., dési-
gnant les petits vallons renfermés entre les dunes des landes. Le
Valais a d'autres formes qui s'y rattachent sans doute : Bonnes,
luites, champs à Martigny, la Luitte à Grimisuat, Loite condoi,
arête de rochers, vallée d'Arolla, une autre sur Talpe de Vouas-
son, vall. d'Hérens. Ce nom se retrouve dans le Tessin : Loita
dura à Airolo, Loita délia Camoscia, val Maggia ; paraît signi-
fier ici passage, chemin des chamois. Signification incertaine et
origine inconnue.
Laives, ham. près Moutier, loc. à Epiquerez, et Laves, plu-
sieurs loc., toutes Jura bernois ; du nom commun lava, laver
couches de pierres polies répandues dans le Jura (Bridel) ; du latin
lapis y pierre.
Lallex, ham. près Grandvaux, Lalays, 1270, M. R. XII, en
Lallex à Ghoëx, Monthey, à V Allée, 1819 ; Lalley, chalets combe
de Reschy, Valais ; en Laly à Corbeyrier, en Lally, 2 loc. sur les
pentes de la Pleyau (ou Pleïades), une 3^ à Saint-Georges ; fausse
orthographe pour la Lex, la Ly, autre forme de ley, rocher, pa-
roi rocheuse ; voir Lex.
Lamboing, ail. Lamlingen, D. Neuveville, Lambœns, 1178,
1255, LambuenSy i25i, Lambligen, 1290, Lamblingen, i3o4,
Trouillat = chez les descendants de Lambo (fr.) ou Lambilo
LANGE — LANDERON 224
(all.)y dim. de Lambo, n. pr. germain. Fôrstm. n'a que Lampo,
mais p-b permutent facilement ; dans la même racine, Fôrstm.
donne Lampert, Lambert, Lamprecht, Lambrecht, etc.
La Lance, source et ruisseau près Concise, aquam, rivum de
Lancea, ii94) Matile, la Lanci, iai5, M. R. XII, 54> de la
Zancy (j atone), i3i7, 1820 dans les actes de fondation de la
-Chartreuse. Ne peut venir, comme on l'a répété, d'une relique de
la sainte lance qu'on y aurait conservée : le ruisseau est déjà
nommé ainsi plus d'un siècle avant la fondation du couvent dans
Matile et le Cart. de Haut-Crèt. C'est le subst. verbal de lancer, à
cause de la vitesse de l'eau. Remarquons que le ruisseau fait une
cascade et que ce nom de Lance se rapporte en particulier à celle-ci*
Le ruisseau lui-même a un autre nom, la Diaz, jadis Doiz, la
Doiz de la Lancy, i3i2. De même le Nozon fait à Croy une cas-
cade appelée le Dard par une fig'ure analogue. La Lance (Lancy)
était jadis aussi le nom de la forêt de Vernand-dessus, Lausanne.
Lanche, Lanize, Lanze (pr. tz), nom de nombreuses ravines
que suivent les éboulis ou les avalanches, Alpes vaudoises et va-
laisannes ; contraction de lavanche, Lanfes à Leysin, permuta-
tion ch'f •=. Lanches. Lanchettes, Lancettes, diminutifs. Lan-
chys à SainlrLégier et Saint-Gingolph, collectif.
Lanciau, ham. sur Riez et une lo^' de loc. Vaud et Fribourg ;
forme patoise de lançoir, endroit d'où l'on lançait le bois dans
un torrent ou dans un dévaloir. Lanfleux, loc. à Saint-Gingolph,
le même avec perm. s-f.
Lancy, Genève, Lanciacum, 1097, ^^S- S^^- ^^» LanciBy
ii^Oy Lancy e, 1264, i3o5, M. G. II, 46 et XIV, Lanciacum,
1295, iSii, Lancier, i3i4» M. G. XIV, etc. = (fundam) Lan-
ciacum, domaine d'un Lancius, gentilice romain. De Vit, IV.
Le Land, chalet à La Roche, domaine à Ëssert, Frib. ; de l'ail.
landy campagne ; les 2 loc. sont à la frontière des langues.
Landecy, Genève, Landissiacam, M. G. II, i54, Landissie,
1290, i3o2, M. G. I, 122 et XIV = domaine d'un Landicius.
Holder, II, p. 1 43, a un Lanticiacus.
Landeron, Neuchâtel, Lande run, 1209, 1212, Landiron,
222 LANFFREY — LAPIAZ
laoQ, 1343, Landeron, i325, etc. ; es Landerons à Hermenches^
D. Moudon ; diminutifs de lande. L. de Meuron, op. dt. i5, croit
pouvoir dériver le Landeroo ueuchâtelois de lall. landen, aborder.
L'existence d'autres Landeron, loin de tout rivage, contredit cette
étymoio^e, qui n'explique du reste pas le suffixe eron.
Laiiifk*ey, loc. à Romainmôtier, emplacement d'un ancien vil-
lage disparu : plus d'habitants en 1671; de Land/riedy n, pv.
germain.
Langefan, loc. à Roche == longue fin, permutation o-a comme
dans Nava pour Nova, Prafandaz pour profonde, Longefan à Vil-
leneuve et Valeyres-sous-Rances, et in-an comme dans tous les
noms en eins, prononcés aujourd'hui an.
Lanta Toina, Pré à — , à Golombey, Valais, à Lantaz Thoi-
naz, 1696, à VAnlaioine, cadastre 1881 ; probablement un Pré à
Y A nie à Toine, à la tante de Toine ou Antoine, v. fr. ante, encore
au XIII* s. et qui s'est conservé dans certains dialectes : picard
aniCy provençal amda, anglais aunt,
Lantaney, loc. à Bex et à Ëvionnaz ; de lantanetum^ endroit
où abondent les lanfaneSy latin lantana, soit les viornes obier.
Lanvouîsset, lieu pierreux au pâturage de Salanfe, Valais ;
l'Envuissel à Cremin ; Lanvuîsscl, ham. de Middes, près
Payeme ; du patois anvôuiy anvoué, lanvoui (article agglutiné),
lieu où abondent les serpents ; du latin angaisy serpent. Lanvoué
se dit surtout de l'orvet, mais a dû désigner à l'origine un serpent
quelconque.
Lapex ou l^ppc, pâturage à Gharmey ; de lapé, du latin la-
pathurriy oseille des Alpes, trop abondante dans bien des pâtu-
rages.
La Lapiaz, ham. sur Monthey, Lapié, Lapiez, Lapîays, La-
piayes, Lappé, alpes fribourgeoises (Gharmey) ou avec la diph-
tongue Liapcy, Lîappey, Liappec dans le val d'Hérens, etc. ;
nom commun des éboulis de rochers dans les Alpes romandes,
ainsi que des rochers dénudés, rongés par le travail des eaux et
des glaciers ; les Liappalés k Enney, Gruyère, diminutif. S'em-
ploie aussi dans le Jura : les Lapes, sur Givrins {LarpeSj atlas
LAQUE — LARRETS 223
Siegfried), Longirod et Saint-Georg^es, les Lepes sur Arzier,
Liapes au Mormont, la Joux des Lapies à Fiez, duos lapides ap-
pellatos Lapyesy i5i6, es Lapies près Neuchâtel, 1292, les Lap-
pies à Rochefort et à Neuchâtel, i374- Le Liappay de la Gronaz
près Martigny s'appelait en i346 lou Glappey de la GrunnaZy
M. R. XXXII. C'est donc le même mot que clapier, au sens de
tas de pierres qu'il a encore en provençal, dans le bas latin clape-
rium, dans le valdôtaio clapey, d'une racine klapy d'origine ger-
manique d'après Kôrting*, qui se retrouve dans le celtique: kymri
clap.
Laque, Saint-Maurice de Laque, aussi écrit Lac, village près
Sierre, autrefois Laques., tout court, lo LaqueSy 1228, Anton, de
Lac et P. Sutor de Laques, 1271 ; Ma yen de Laque à Saint-
Martin d'Hérens, Laquet, un des ham. du village précédent, en
patois Laquouet, la Couet, carte du Club, un pratum dou La-
quais à Nax, 1289 ; ni les uns ni les autres de lac, bassin d'eau :
il n'y en a point et les petits lacs des environs s'appellent Loussel,
Loucet, Louchet. Probablement du v. fr. laCy s. m., fossé, ravin,
caverne.
Larcossey, vignes à Vionnaz, Valais, article soudé pour l'Ar-
cossev : voir ce mot.
Larduzan, Lardezan dans Lutz, grande alpe au S. de Grône,
Valais ; Zam, tout court, dans la vallée, Alpe dou Chan, i3io,
Campo dou Chan, iSSq = VAlpe du Champs permutation l-r
et ch'£{ts).
Larenaz, I^reney =1 Arenaz,ey, avec soudure de l'article,
voir Arenaz.
Es Larrats, champs, Villars-sous-Champvent, sans doute le
même que
I^rrels, ham. Ormonts, Lejsin, Bioley-Magnoux, Hauteville ;
I^rrel, loc. à Monthey, Larry, 1696, Grandcour, Avenches, En-
ney, Larrî à Vullierens, Larrit à Mont-la-Ville et Echallens,
Larry, Bercher ; Laret à Sullens, au Larrez, 12G0, et à Saint-
Aubin, Frib., Larit et Lares, i444 (ce qui l'a fait dériver de ad
Lares, Dict. Dellion XI, 19), Lary. Corbeyrier et Villars-le-Ter-
224 LARZE — LAUFON
roîr, les Larrus à Neuveville, les Larines à Saint-Triphon, Larin,
ham. de Chavannes-sur-Moudoo ; du v. fr. larrisy larizy s. m.,
bas latin larricium, lande, bruyère, terrain en friche ; d'après
Dietz, du néerlandais loar, clairière. L'Arrêt (carte vaudoise),
forêt à Vulliens, est une fausse orth. du même mot. Larrevoin,
loc. à Aigle, rochers buissonneux, parait avoir la même racine.
La Larze, alpe sur Bex, es Larses à Monthey ; de larzCy mé-
lèze, latin laricem^ z permute avec j : les Larges à Vionnaz. Le
collectif laricetum, bois de mélèzes, a donné Larzet à Gryon,
Larzay(ey), une 12* de loc, Larsey à Saint-Maurice, à Anni-
viers, 1288, et Vemamiège, 1260. Avec apocope du r, Lazay, La-
zier ou Lagier, alpes de Conthey, le Laisier à Vérossaz, Ley^
sier, 1720, le Leyzay (Laysey), vallon et chalets, Ormont-des-
sous, en la Lazaire (mélèzes !) à Vouvry. Un pré aux environs de
Palézieux, Larsi en 1284 présente les variantes Laisi, Laysi,
Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, 2, i48. Du collectif f. lariceta dérive
Larzette à Vérossaz, Largette, petit ham. de Fully, permut.
z-j, une Larsette à Ayent, Valais, i4o8. Larzolet, forêt à Or-
sières, diminutif. Enfin ce mot présente les formes légèrement
germanisées de Larschen, loc. à Salquenen, et Larschi, ham.
près Louèche.
Lasse, Revinne de — à Vionnaz, Valais, pour TAsse, s. m. =
if, voir Asse ; Tif est fréquent à Vionnaz.
Lassîores (Siegfried) ou Latiores (Dufour), alpe sur Evolène,
Valais, alpe qui dicitur Laces j 1260, alpem de Lacces, Accès
vers 1280.
Latte, Pont de la — sur THongrin, Gruyère, et la Lattaz, loc.
sur Champéry (pont sur un torrent) ; de latte, v. h. ail. latta,
perche ; aussi celtique, irl. slat, gallois llâthy ital. latta, etc.
Date de l'époque où le pont était fait d'une ou deux lattes jetées
sur le torrent. Bois des Lattes aux Ponts, Neuch., bois de
grands pins, nus jusqu'au haut, même sens.
Laudallaz, alpe de l'Etivaz ; voir Vaudallaz.
Laufon, Berne, forme francisée de Tall. Lau/en, de lauferif
LAUSANNE 225
courir, nom générique ail. des rapides des rivières : la Birse y fait
une cascade près du pont.
Lausanne, Lousonna dans Tinscription de Vidj^ rapportée par
Ch. Morel à Tan i68 ; Lausonium, Itin. m® s. ; LosonnCy carte
Peutinger, iv« s. ; Lausanna^ v« s., Géog. de Ravenne, Lau-
sanna, ii42, Losene^ 1^93, etc. Etjmologie très controversée.
D'après Gatschet (Promenade onomatologique, 1867) et De Grou-
saz (Dict. historique, 1867), de Laus, ancien nom du Flon. 4iLau8
était le nom du Flon, tel qu'il est nommé encore en i3i5 et i558,
et Lousonna était bâtie sur ses bords » (Gatschet). Flon est un n.
corn, (de flumen) et Laus était le n. propre du Flon de Lausanne :
4(en i5o2, le Flon appelé Laus = VeaiU soit le Flon appelée Lau^,
i552 (Blanchet, p. 12) et, en 1761, le ruisseau autrefois appelé le
LauSf » textes cités par M. B. Dumur (Revue hist. vaud., 1901).
A Laus s'ajoute le suffixe onna ou ona, qui n'est autre que le
mot celtique ona, rivière. Lousona, c'est donc la rivière Laus ^,
qui a donné son nom à la ville bâtie sur ses bords, comme VAl-
bonUy la rivière Blanche, à Aubonne. Notre pays o£Pre une dizaine
de noms semblables, formés d'une racine souvent indéterminée,
nom spécifique du cours d'eau, et comme suffixe du mot ona :
Colona^ la Colline, Sanona ou Sarona, la Sarine, Sorona, la
Serine, Massona, la Massa, Bivonna, la Divonne, Liona, la
Lionne, etc. ^ Lorsque la langue latine prévalut, ona disparut et
l'on dit flumen Laus, le flon Laus : à cette époque on savait en-
core que ona :=: flumen, et l'on n'a pas fait le pléonasme.
De son côté M. d'Arbois de Jubainville tire Lausanne du n. pr.
gaulois Lousos, dont dérivent le cog-nomen latin Lausus et le
gentilice Lausius tous deux fréquents dans les auteurs et les ins-
criptions ; voir Holder, II, p. i64. Mentionnons enfin pour mé-
1 n semble que Laus ait étë aussi le aom d*un ruisseau près de Prangias : en
1246 dans un hommage de Humb. de Cossonay, la charte fixe les limites « ab
illa aqua Li Laus de Pcrcngins, M. R. V, 227.
* One s'emploie souvent seul en France : One, affl. du Loir, One. D. Sarthe,
One, Rhône. Petite One, Dordogne ; One d'Arboust et One d'Oueil, Haute-Ga-
ronne.
M. D. SEC. SÉRIE, TOME VII 15
226 LAUTARET — LAVEY
moire rétymologîe proposée par Studer (Op. cit., p. i49)» qui dé-
rive Lausanne du mot romanche aloussa, laassa, cerisier à
grappes (Prunus avium) et cite à Tappui un grand nombre de
noms de localités romanches ou italiennes qui paraissent en pro-
venir. Chacun sait que le cerisier à grappes s'appelle chez nous la
poutta, le putiety que le mot aloussa y est complètement inconnu
et il n*y a pas lieu d'insister sur Timprobabilité d'un nom de lieu
vaudois dérivé d'un mot romanche qui n'aurait pas laissé d'autre
trace dans le pays.
Lautaret, alpe, Val des Dix, D. Hérens, Valais, li Altarety
1238, alpem des Autares ou Autarez, laSg, très probablement
en souvenir d'anciens autels de l'époque païenne, dit M. Gremaud»
Lauteret, pâturage sur Montreux. On connaît aussi l'alpe et le
col de Lautaret en Dauphiné, jadis écrit YAutaret^ du latin a/-
tare^ autel.
Lavanchy, une io« de ham. et de loc. des Alpes et jusque dans
le Jorat : un Lavanchy à Montpreveyres, collectif = endroit ex-
posé aux avalanches ou aux lavanches. Le mot simple s'emploie
souvent : à la Lavanche, Ormont-dessus, et ham. de Châtel-
Saint-Denis, les Lavenches, ravines sur Yvorne, le Lavancher,
couloir aux avalanches, alpes de Salvan ; les Lovanches, ham. de
Hauteville et de Semsales, Frib. ; Lavintsie ou Levanlsia, forme
patoise, chalets sur Lourtier, vallée de Bagnes. Vient d'awa-
lanche, par métathèse et apocope de l'a : la lavanche, provençal
lavanca, d'après Littré, ou dérivation irrég. de labina, lavina,.
même sens ; en Lavancher k Vionnaz, 1728, est devenu aujour-
d'hui en la Vanchée.
Lavançon, loc. à Vionnaz, Valais ; article soudé pour l'Avan-
çon.
Lavey, D. Aigle, Alaver, io5i, Lavetum, 1180, 1246, etc.
D'après le baron de Gingins, de lavare, dans la pensée que ce
lieu aurait été une station thermale et que la source trouvée en
i83i aurait été connue des Romains, puis détruite par la chute
du Tauretunum. C'est bien douteux : il semble qu'on devrait en
trouver des traces dans les récits de l'éboulement ; d'ailleurs il y a
LAVIAUX — LAYAZ 227
•
un autre Lavey à Evionoaz. Gatschet tire Lavetum, Lavey,
comme Talpe de Lavey, Haut Simmenthal, de lapât hum, oseille
des Alpes, d'où vient notre mot lapé, mais lapé est le seul mot
employé pour désigner cette plante qui ne croît d'ailleurs pas à
Lavey. « On pourrait plutôt, nous écrivait M. Bonnard, le ratta-
cher à la famille de lavey pierre plate, dalle. » Lavey, avec le suf-
fixe collectif ey, serait donc un lieu où il y a beaucoup de telles
pierres, où on les exploite. Seulement ce mot lave, employé dans
le Jura (v. Laive) n'a pas laissé de traces dans la vallée du Rhône.
Laviaux, une lo® de loc., Lavieu à Salvan, 1782, Laviaou à
Gruyère, Laviaouz, ham. de Misery, Frib. ; au Lavœx à Aven-
ches, Lavieux à Gryon, es laviours à Granges, Valais, 1482, es
Laviorets, Laviotels, diminutifs à Bullet et Corcelles, Payerne ;
formes patoises du v. fr. laviour, lavoir, qui est aussi le nom de
plusieurs ham., par exemple Boécourt, Courroux, Jura bernois.
Lavigny, Laviniacum, ii45, 1172, etc., Lavinei, 1177, M.
G. II, IV, XIV, Lavigni, 1210, M. R. XII, 58, Lavinie, 1228,
M, R. VI, LavigniacOy 12^^, Lavigny e, 1822, Lavignyer, i335
= (praedium) Laviniacum, domaine d'un Lavinius, gentilice
romain fréquent.
Lax, D. Couches, Valais, Lncx, 1296, LaXy i3o8, Lacx, i333 ;
on a dérivé son nom de lacus, lac, à cause de plusieurs petits lacs
qui se cachent dans ses alpes (comme Laax ou Lax des Grisons,
LageSy 1290, Lags, i3io)^ mais ces lacs sont fort éloignés et
n'étaient pas connus avant l'établissement du village qui tire plu-
tôt son nom de la gorge profonde du Rhône qu'il domine ; du v.
fr. lac y s. m., fossé, ravin, caverne. Comparez Laque.
Layaz, pâturage au milieu des bois, Ormonts, loc, prés à
Choéx, Monthey, forêt à Blonay, à Goumœns-le-Jux ; les Layets,
chalets Ormont-dessous, Layette, forêt à Sainte-Croix et Champa-
gne, diminutifs ; es Layeux, m. à Ollon et loc. à Vouvry ; autres
formes : Leya, alpe à Lessoc, Gruyère ; Lye, mayen dans la forêt
sur Painsec, Anniviers ; Liez, ham. de Saint-Martin d'Hérens ;
Prés-Leys à Rossens, Lîaz, ham. de Mont sur Rolle ; l'AllIaZy
pour la Liaz, alpes de Blonay ; du bas latin legia^ forêt, v. fr.
228 LAYJU — LÉCHÈRE
layCy du germ. laidôy chemin dans la forêt, puis forêt, f^yen,
m. à Puidoux, adjectif = de la forêt.
Layju, territoire à Onnens, Vaud,. au-dessus du village = lé^
là, et V. fr. JuSj dessous, du latin jusum : là-dessous.
Lazier ou Lagier, la Zer, atlas Siegfried, la Gère, carte Du-
four, Lazière en patois, 5 formes du même nom d*un ham. d'Ar-
baz, D. Sion. Ansermoz dou Lasier, Johannes dou Leysier,
1824» M. R. XXXI, 481 ; paraît être un larzier, ou larzej, de la-
ricetam, bois de mélèze, avec apocope de Tr, comme dans Lazaj,
Lasier ou Lagier à Gonthey. Voir Larze.
Léamont, ham. de Finhaut, Valais ; Liamont, ham. de Peney-
le-Jorat = lé-amont, là haut, ces hameaux étant situés au-dessus
de leurs villages.
Léchaud, quartier de Bex, au pied du Sex, bien exposé au
midi ; probablement pour YEchaud, subst. verbal de échauder,
chauffer.
Léchelles, D. Broyé, Frib., ail. Leitern, Leschielles, i3oi,
Leschieles, i43o, Rec. dipl. II, 8, VII, 286, Léchielles, i484 ;
d'échelle, lat. scala, à cause de la montée rapide depuis Chandon,
autrefois chef-lieu paroissial.
Léchère, Léchaire, Lécheyre, Leschière, Leichière, Les-
chîpe, Lichière, etc., une 5oe de loc. dans tout le pays romand
(lischiera au Tessin) ; du v. h. ail. lisca, herbe de marais, fr.
laîche et suffixe collectif ère ; le simple se rencontre aussi : aux
Lèches à Ecublens et à Gollion, le Plan de la Lèche, pâturage à
TEtivaz (pourrait être aussi Tendroit où Ton donne du sel à lécher
au bétail), Lécherex ou Lécheretaux Ormonts, Leschery, 1429,
autre collectif, suffixe ex ou ey de elum. Lécherette, Bernex,
Gryon, les Mosses, Villars-le-Gomte, Lescherelaz à Massonens,
i54o, diminutif. Des formes plus voisines de l'allemand : Lischier
à Louèche, Lischera à Gourtaman, Frib. A la même racine se
rattachent les noms allemands Lyssach, Lischeren, Liesberg,
jadis Lieschenberg, Quant à Liss ou Lyss, D. Aarberg, Lissa,
1009, il nous paraît venir plutôt du gaulois lisso, irl. liss, de-
meure fortifiée par un rempart de terre.
LÉDERREY — LENTIGNY 229
Léderrey, Grjon, OUod, Ormont-dessous, Leyderriz, i5ii,
Léderay au Châtelard, Léderry à Champtauroz, Liderrey à
Conthey, à Charmey, Villa le derrei, iSig. (Lidderey, atlas
Siegfried, fausse orth.) Patois lé-derrei = là-derrière, comme
Lidedain à Conthey = là-dedans ; en français populaire on dit
là-dernier, de là les forges de Lademier à Vallorbe.
Leiggem, ham. sur Rarogue, Valais, œmmunitas de Leucrun,
1378, M. R. XXXIV, probablement du n. pr. gaulois Leucuron^
cité par Holder, II, 196.
Les Leisettes, ham. de Salvan, Valais, sur une pente rocheuse
très raide au-dessus du Trient, Leseies, 1294, en la Legettaz,
loc. à Choëx près Monthey, 1716 (z-j) ; probablement diminutif
de leXj rocher, voir Lex.
Leytel, Leyiet, voir Luissel.
Léman^ lacus Lemanus ou Lemannus des anciens, Lemanos
limnê (Dion, 89, 5), Lemanê (Ptolémée), Lémannâ limné (Stra-
bon) ; Lemanus (Lucain), Lemannus (Ausone). D'après Gatschet
(Promenade, p. 28), mot celtique parallèle du grec limné, lac,
étang.
Lenage, m. Monts de Lutry, patois pour lunage, v. fr. du bas
latin lunaticumy lunadium à Porrentruy, i3i7, «étendue de
terrain qu'on peut cultiver en un mois lunaire (Ducange) ; une
loc. Lunagio à Bursinel, i243.
La Lendaz, loc. à La Roche, Gruyère, l^nda, rue à Fribourg ;
de l'ail, lindây tilleul : un Jacob de la Linda à Frib., i356, Jahr.
f. Schw. Gesch. Il, 244-
Lens, D. Sierre, Valais, Lens et Lenz, 1199, Lenz, 1260,
1286, Lent, 1391. Non point de lens, lentille (Gatschet), mais
probablement comme Lens en Artois et Linz, Rhin, de Lentium
(vicum) ou comme Linz, Autriche, de Lentia (villa), tous trois
dérivés du gentilice Lentius,
Lentigny, D. Sarine, Fribourg, ail. Lentenach, Lintiniei vers
iit^2, Lintinie, ii58, 1264, F. B. 11, Lintignye, 1286, Lenti-
gnye, i43o, Rec. dipl. VII, 236 ; de (fundum) Lentiniacum,
domaine d'un Leniinius, gentilice romain dérivé de Lentius et
230 LENTILLÈRE — LEVAUX
non point comme le veut Gatschet, copié par Studer, de lens^
lentille.
Lentillère, loc. à Collonge, Conthey et à Martig^ny-Combe,
Lentîllières à Grissier, Lintiller à Troistorrents ; un Huldricus
de Lentilier témoin d*un acte entre le couvent de Haut-Crêt et Pa-
lézieux, 1284. Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, i3 ; endroits où Ton
cultivait des lentilles y voir aussi Nantilières.
Lentina, loc. vignoble de Sion (Lensinaz au cadastre d'après
Zimmerli), Lentina^ 6 fois ia3o-i256; de (villa) Lentina^ pro-
priété, ferme de LeniinuSy cognomen romain.
Lessoc, D. Gruyère, Lessos, 12^1, à les SoZy 1287, M. R. VI,
2^2, Lessotj i352, iSqô, 1420, M. R. XXII, i453. D'après Gats-
chet, du bas latin socca, souche, tronc. Mais le c est moderne.
Peut-être de soth, bas latin sotus ; de saltus, qui, dans Ducange,
désigne un parc à faire paître les moutons, un bois. A les Soz
signifierait donc aux bois, aux parcs. De même, d'après M. de
Chambrier, le vallon appelé aujourd'hui Pertuis du Soc ou plu-
tôt du Sault, près Neuchâtel, se nommerait dans les actes anté-
rieurs à 1377 Perlais du Soth.
Lessus, nom du plateau du rocher de Saint-Triphon et les Prés
Laissus à Vaumarcus = lé-sus, là-dessus.
Les Letzettes, prés à Vionnaz ; dim. de latche, herbe de ma-
rais ; voir Léchère.
Leuchelette, loc. à Sierre, soudure de l'article pour l'Euche-
lette, rOchelelte, la petite oche ; Luchelet à Granges est peut-
être un diminutif masculin.
Leuchu, plus. loc. Jura bernois, la Fin Leuchu à Boécourt,
20-3o m. au-dessus du village ; les Prés Leuchus à Develier, 20-
4o m. au-dessus ; les Fins Leuchus à Courfaivre, Clos Leuchu
à Rossemaison, les Champs Leuchus à Movelier, 5o m. au-dessus
= les fins, les prés, les clos, les champs là-sus, permutation ju-
rassienne ch'S (chire pour sire). M. Bonnard (in litt.) serait dis-
posé à y voir plutôt le mot lieu.
Levaux, 2 m. et grand domaine à Vouvry, les Grands Ley a tfx,
1776, prés à Vouvry et Colombey, près du Rhône, ham. sur Mon*
. LBVIN — LEX 231
they, aussi écrit Levoz (ou les Yauds, carte Dufour), vallée de la
Vièg^, ham. de Plan-Ies-Ouates, Genève, Champ Lévaux sous
Bottereus, Frib. N'ont rien de commun avec vaux, vallée, qui
n'expliquerait pas les Levaux. Au reste si les trois premiers sont
dans la vallée, le 4® est sur la hauteur. C'est le même mot que
l'anglais et v. fr. level, liueau, xv«s., provençal livel^ wallon lé"
vaij italien livello = niveau, du latin * libellum^ latin classique
livella, niveau : localités sur un terrain plat, de niveau. Il fau-
drait donc écrire leueau. Le village de Le Vaud, D. Nyon, tire
probablement son nom du même mot.
Le vin, Château — , à Monthey, en Chastellevey, 1696 ; de Le-
vet, n. de famille de Monthej.
Levpon, grand ham. de Vollège, Valais, le Levron^ 1260, Li-
wrone, in Levrona, i45i ; probablement un (vicum, pratum) le-
porinum, des lièvres, comme en Levpon, prés à Ollon ; voir
Leyvres
Lex, Ley, (Lay) ou Lée, Vérossaz, Lez, Evionnaz, Lîx, Lys,
ou avec la diphtongue, mais toujours monosyllabe, Lœx, Loë,
Luex, Lue, Massongex, Luy, Luis, Luix, Luys, aussi Louex,
la Louex à Vionnaz, les Loués de Don à Vionnaz, Loué, 1770,
Loués à Isérables, nom très fréquent dans les Alpes, où il dé-
signe, tantôt des parois de rochers nus, tantôt des pentes ro-
cheuses, plus ou moins couvertes d'un maigre gazon ; du subst.
vieux et moyen h. ail. lei^, leie, m. et f., rocher, hollandais leie,
rocher schisteux, anglo-saxon leia, f., rocher; aussi celtique,
vieux irl. lie, plur. lieie, pierre. Lésette, Leisette, Luisette,
Luisîn, loc. Valais, diminutifs des formes Lex, Luis. Forme sou-
vent des composés : Solalex, alpes de Bex 1= sous la paroi ; Bal-
lalui, alpes de Lens, belle paroi ; se soude aussi avec l'article :
Eley, ham. de Lavey (ou Eslex ou es Lœx) pour es Lex, dans
les rochers ; l'Allée au Mont-Blanc, au Sanetsch et val d'Anni-
viers, l'Allex à Bex, Grandvaux, Albeuve = la Lex (voir Allée,
* Chacun connaft le Lorelci des bords du Rhin = le rocher de Lore ou Lur,
fée qui entraînait les bateliers dans l'abîme.
232 LEYDEFEUR — LIAVAS
Allcx), Croix d* Aller sur une paroi de rocher, alpes de SainMjin-
g-olph = Croix de la Lex.
Leydefeur (ou Laitefeux), ham. à Bossey, prés Genève, loc. à
Genollier et Givrins ; Ley de Fourt (ou Furt) à Bonvillars, Leî-
defrou à Ruejre-les-Prés, Frib., peuWtre le LaideJ^urSy ikl^y
Arch. Fr. V, 3o4, 807 ; de léy là, et feur^ four^ ffouy de foriSy
dehors. Chalet deiTrou à TEtivaz, même sens.
Leysin, D. Aigle, Leissins, 1282, Lisiriy i355, Lesin, i355»
i4o2, puis Leysins, xv* s. (Layzeiriy i588, Leysin et Ley sein ^
xviie s., chartes d'Aigle). La forme primitive montre que nous
avons affaire à un nom patronymique d'origine germanique. C'est
le correspondant français du Leissigen bernois, D. Thoune, Lea--
zingen^ i386 .= chez les descendants de Leudo^ LeuthOy n. pr.
germain. Fôrstm., p. 858.
Leytron, D. Martigny, Valais, Leitrun^ 12 19, Leytrun, 1281^
1284, Letron, 1291, M. R., Leitron, 1262, Wûrstbg. D'après
Studer, « du celte ladr, leydyr, latin latro, voleur, brigand^ >►
donc « nid de brigands. » Mais c'est impossible, latron, lafronem
a donné en français les mots larre, lairre, larron, tr devenant
régulièrement rr. Vient plutôt du n. pr. gaulois Leiturrony
donné par Holder, II, 171.
La Leyvraz, vallon et sommet à Château-d'Œx, Roche à la
Leyvpaz, Epesses ; Leyvpcs, loc. à Cossonay et chalets à Masson-
gex, en la Ley vpoz à Vérossaz, Valais ; la Levra ou Laivra, pâ-
turage au Saint-Bernard, Levratayre, loc. à Fully ; Mauleîvpa
à OUon ; pré Levpay à Ollon, Praz Levpey à Servion, pratum
Leporinum, xiP s., Cart. Haut-Crôt, M. R. XII, Lèvpemont à
Apples ; de leivra, s. f., lièvre, latin leporem.
Liaîscs, forêt sur Lausanne ; voir Glaisy.
Lîapey, voir Lapié.
Liaprey, loc. à Saxon, Liappay à Collonge, Valais ; le même,
avec le son mouillé, que Glarey.
Le Liaugex, m. et terr. près du Rhône à Aigle, Li auges, 1646,
1669, le Liauges, 167/4.
LIARREY — UGNEROLLE 2^
Liavas, Prés — à Bassecourt, D. Delémont ; Liavoz, chalets
à Charmey, Clos Liavoz à Semsales, Liavaux à Châtel-Saint-
Denis, Liavau, écart de Neirivue = Li, lé, là et avaux, aval, là
en aval.
Liddes, D. Ëntremont, Valais, Leides, 1177, LedeSy 1199,
1286, LitdeSj 1200, Leddes, 1228, Leydes, i256, Ligdes, 1259,
LyddeSy 1267, Lydes, 1296, Liddes, i345, LideSy i38i, enfin
définitivement Liddes, 1470. D'après Gatschet, du bas latin lida,
lidda, péage ; possible, bien que les formes primitives en e, ei, ey
le rendent un peu douteux. Un autre Liddes à Sierre n'a pas de
formes anciennes pouvant éclaircir l'origine.
Lidedain, Liderray, voir Léderrey.
Lieffrens, D. Glane, Fribourg^, Leufrens et Lei/res, xii« s.,
Li freins^ Lie/reins, 1247, Gart. HautCrêt, M. R. XII, LyefrenSy
1 359 = chez les descendants de Leatjried ou Liejredj n. pr.
germain. Les orth. Riefrens et Lacfrens, 1262, Wûrstbg., 297,
sont des fautes de copistes ou d'impression.
Liène ou Lienne, autre nom de la Rière, rivière descendant du
Rawyl, Valais ; Lienna, ruisseau descendant de la Berra sur La
Roche, Fribourg ; du celte glen, vallée, encore employé en Ecosse
(Glenmorey Glencoa, etc.) pris au sens de ruisseau, comme nant,
ruisseau de nantu, vallée. Rière est le même mot avec permuta-
tion de / et n en r,
Lienson, chalets épars sur un plateau en face de Charmey =
Li-en-Son, là sur le sommet ; un peu plus loin sont les chalets de
Liavoz, dit la carte pour Li-avau, là en bas.
Le Lieu^ D. Vallée de Joux, jadis le Lieu-Poncety Lociis-Pon-
tiiy II 55 ; du nom d'un ermite Pont i us ou Ponce qui le premier
y habita. Le Lieu, i483.
Liez ou Lies, Valais, voir Laye.
Lignerolle, D. Orbe,' Li ne rôles, 11G3-1171, Arch. Fr. VI, Li-
nerouleSj XII, Linnirules et Linnierules, i235, M. R. VI, 624,
Lignierales et Ligniruoles, 1282, M. R. III, 553, LigneraleSy
1285, Ligniroules, i446, i458, Glignyroules, i485, Lignyro-
laZy i52i, Ligneroules, i525. D'après Gatschet, de lignarolis
234 LIGNIÈRES — LIOSON
(barbarisme) regio, rég'ioo boisée. Très peu probable. D'après
les formes primitives, sans g-, de linariolas, dim. de linariaSy f.
pi. de linarius, de lin, donc petits champs de lin. Plus tard s'est
établie une confusion avec Ugnarias, de lignum, bois. Un Li-
gnerolles de France s'appelait Linariolas au milieu du vin® s.
(Jubainville, p. 523).
Lignières, C. Neuchâtel, Linieres^ 1179% 1212, i3ii, Lineres,
1297, Lignyeres, i349 ; m. à Saint-Sulpice (Linière), Neuch, ;
ha m. de Saint-Saphorin, Lavaux ; loc. à Essertines sur RoUe et
Lignièr^, ham. de Gland, D. Nyon ; de linarias, champs de lin.
Ceci d'après les formes primitives xii^ et xiii« s. Toutefois la dé-
rivation de lignaria (vallis), vallée, région boisée, du Mus. N.
XXXIV, 263, n'est pas absolument exclue. Voir le mot précé-
dent.
Lilat à Dorenaz, Lillaz, loc. à Martigny, à l'angle entre la
Dranse et le torrent Bayard = VIslaz ou Vile,
Limasse ou Limace, grande forêt et pâturage à Baulmes,
Jura, prel de la Limace ^ i4i5, prato de la Lymacyz^ i5i6 ; les
Limaces, métairie à Courtetelle et les Limes, loc. à Agiez, pâtu-
rage à Cormoret, Jura bernois ; en Limassier, bois à Yvonand ;
dérivés du latin limas^ ital. limo^ lieu humide, racine qui a donné
le fr. limon.
La Limbaz, rivière, Vaud et Frib., affl. de la Broyé ; paroi de
rocher près Saillon, Valais ; Proz Limbi, au pied des rochers du
Combin au Valsorey ; du latin limbus, bordure, ruban, circuit,
fr. limbe.
Lindéret, pâturage derrière Gorjon, Pays-d'Enhaut = l'En
derrey, derrière.
Lionne ou Lionnaz, rivière à l'Abbaje, affl. du lac de Joux,
Liona, Leona avant iioo, Leena, ii4o, M. R. I, 172 ; fausse
interprétation d'un nom celtique. Lionette, ruisseau à Frenières
sur Bex, diminutif. Lion, ancien nom du Nozon, d'où Vaulion
= Vaux-Lion, vallée du Lion ; du celtique lion, gllon, eau cou-
rante, parent de glen^ vallée ; voir Lienne.
Lioson, deux pâturages, D. Aigle, l'un à Ormont-dessous,
LIREC — LIZERNE 235
Lyusorty 1247, Lyoson, 1262, Lusun, 1287, Lioffson, Lyogson,
i24g; l'autre sur Argoaulaz, vallée de TEau froide, — que
M. Hisely a confondu avec le premier, — Liuson supra Herniola
et Lioson, 12^2, Lyusun, 1248, Lyoson, Lyosum, 1262, Lyou-
son, LyesoHy i255, Cart. Haut-Grét, M. R. XII, pascua de Glo-
son, 1829. Probablement de locum, lieu, patois /l'u, et son, som
= du sommet ; de Tadj. latin summum^ donc le lieu, la station,
le pâturag'e du sommet, chacun d'eux étant le pâturage le plus
élevé de la région, celui où le bétail fait sa dernière station dans
la montée. L'étjmologie de Gatschet, qui le tire de lacticinia^ est
absolument impossible.
Lirec, alpe, Val d'Anniviers = Lirette, pour le suffixe ec, voir
Biolec.
Lirette, ham. de Saint-Jean d'Anniviers, le Yreta, 1260, Li-
rette sur Ardon, Lyrettaz sur Sierre, autres formes, avec sou-
dure de l'article, de YAirette^ dim. de Aire ; voir ce mot.
Lite, la Lita ou Leta de Pont, au Plan des Isles, les Lites ou
Letes, lé léti du Rachy, subtus les Lites, i332, Ormonts, ceux-ci
fauchages longs et étroits ; la Lette, alpe de Bourg-Saint-Pierre,
es Lettes à Collonge, à Yionnaz, Littes, 1770, aux, es Littes à
Yvome, à Troistorrents, Vérossaz, à Fang de Chandolin et à Mol-
lens, Valais ; es Littes à Erschmatt, i43o ; du v. h. ail. lista,
bordure, bande longue et étroite (en Berry lîte, bande étroite de
mousseline. Les Ilettes à Monthey, près de la Vièze, ont la même
origine ; c'était autrefois es Lites, Littes, 1696 ; de même à Mas-
songex les Ilettes, es Lettes, 1743, avec le patois y Lettes ; il y a
eu soudure de l'y, de là ès-y-Lettes, les Ilettes.
En Liresson, loc. à Conthey, Valais ; probablement en l'Ires-
son^ hérisson.
Litroz, fausse orth. pour L'Itroz, voir Etroz.
Liseraz, ruisseau, fausse orth. ; voir l'Iseraz.
Lizeme, riv. D. Conthey, Valais, aquam de Lyserna, 1 268 ;
mais ce 1 n'est que l'article agglutiné comme le prouvent d'autres
mentions: aquam que vocatur Yserna, i3o4, Yserna, i3i5,
i4i2, Iserna, iZZ^^ Isernia, 1457 ; elle porte ainsi le même nom
236 LOBSCHEZ — LODZO
que rArnon, Ysernarriy 1 177, et que le torrent Tlsamo du Tessin»
mot d'origine celtique, parent sans doute de Isara, voir Iseraz.
Lobschez, ham. de Soubej, Jura bernois, Lobcheyy 1179^
i342, Tr. I, 365 et III. Le Jura présentant régulièrement la cons-
truction germanique dans les noms, on pourrait traduire la mai-
son de Lobo. Hidber interprète par Lo Bissei. II, 288.
I^c, ham. de Randogne, Valais ; voir Luc.
Loche, 2 m. à Puidoux, D. Lavaux, Loche et la Loche-dessus ;
Loche et Lotze à Oleyres, Luchelet, forme masc, à Granges,
Valais^ Lochettaz à Bouloz et Lotsetaz à Tornj, Frib. ; Louche
et Louchettaz à Monthej, Loschetiaz, i6g6 ; Lochelettaz à
Miè|;C6, Valais, Leuchelette à Sierre ; agglutination de l'article
pour rOche, l'Ochette, l'Ochelette, voir Oche.
Locle, C. Neuchâtel, en patois Louche, Loutché^ Loclo, LoS"
culo, Losclu, Locloz, i35i, i359, Loucle, 1396, 1 53 1 ; de la ra-
cine celtique lochy lac, correspondante du latin lacus et suffixe
dim. ulus. Ce celte loch, encore employé en Ecosse et en Irlande,
se retrouve dans le nom celtique Penn^loch, tête du lac, Penne-
locus ou Pennilucus des Romains, localité qui existait alors sur
l'emplacement de Villeneuve. La vallée du Locle était souvent
inondée et a dû former primitivement un lac. Lodat, petit lac
près Saint-Biaise, un autre près Gouvet, Neuch., le même mot
avec suffixe dim. at = et. Le Grand Locle, loc. à Gorcelles, Lo-
c /or vers ii5o, on Locle, 1280; les Lodats, loc. à Auvernier,
avaient sans doute jadis de petits lacs aujourd'hui disparus. En
i844> les champs du Grand Locle devinrent un tac de 7 à 8 pieds
de profondeur. M. N. XIX, 278 ; voir aussi Luissel.
Locras, n. fr. de Lilscherz, D. Gerlier, Berne, Luscerat, 1277.
Lodzo, vaste terrasse qui se creuse sur le flanc O. du Mont-
Gond, au-dessus des parois de rochers du Ghemin-Neuf ; la
Loudze, pâturage entre Bretaye et la Forclaz, Louze(dz), alpes
de Ghamoson, permutation j-dz : Lodzo = louge, comme rodzo,
rouge. Louge, article agglutiné pour l'Oug'e, autre forme de
auge ; du latin alveus, bassin, voir Ouge,
LŒNAZ — LONAZ 237
La Lœnaz, ruisseau à Massongex, Valais, aqua dicta Aloygno,
1247, ^- ^* XXIX, 4o3.
L<etschen, vallée du Valais, Lyehc, i233, Liesch^ 1290,
Liech, i477> encore en i53i, ordinairement Liée aux xiii«et xiv«
s. , vallis Illiaca superior dans les chartes, pour la disting>uer du
val d'Illiez ; probablement du celtique lieic^ pierres, britann.
liech, breton liac'h, pierre. Zeuss, p. 32.
Lœx, ham. de Bernex, Genève, au-dessous des falaises du
Rhône, Lœs, xiv« s. ; de lei, rocher, voir Lex.
Les Loges, nombreuses localités, chalets, hameaux, Jura vau-
dois, neuchâtelois et Val. Saint-Imier ; encore plus fréquent en
France (71 fois dans Tlndre) ; dim. Logette ; le même que le n.
commun loge, au sens primitif du germ. laubja^ primitivement
hutte, cabane de feuillag^e, ail. lauby romanche lobgia, tonnelle.
Dans la Louge, m. à Château-d'Œx, qu'on prendrait pour une
variante, il faut plutôt voir Tarticle a^g'lutiné : Loug'e pour
rOuge, les maisons de la Louge sont dans un terrain bas, au bord
de la Sarine, même position que de nombreuses Ouges.
Es Lognies (pour Lognes), vignes à Luins^ D. Rolle ; endroit
où abondaient les lognes, nom patois de la bardane.
Lombriaoa ou Lombriaux, sommet qui termine le chaînon
de la Dent de Lys, Fribourg = y, fr. Vombril ou nombril, du
latin umbilicus, avec agglutination de l'article, sjn. des Nom-
brieux.
Lomont, longue chaîne du Jura qui s'étend des environs de
Delémont à Pont de Roide en France = long mont par dissimi-
lation comme Moron de Montrond et Romont de rond mont, bois
de Loomont, i3o8, dans la charte des Franchises de Blamont
(Blantmontj.
Lona, alpe et col, avec 3 lacs, entre les vallées d'Hérens et
d'Anniviers, Valais ; de lona, en provençal launa, étang, marais,
petit lac, dérivé du latin lacuna, d'où par syncope launa, d'après
Dietz. Dans le Lyonnais et en Dauphiné, lône n: ancien bras de
rivière à l'eau dormante.
Lonay, D. Morges, Lonay, 1 177-1208, Losnai, i2i3, 1228,
238 LONDON — LONGE
1242, S parasite. La forme de 11 77 nous montre un dérivé d'uD
n. d'homme, sans doute (Jundum) Lonacum, domaine d'un Lo^
nus : le cognomen Lonus est dans Holder, II, p. 286.
LoDdon, rivière C. de Genève, carte Dufour et carte état^major
français ; fausse orth. pour VAlondon, par apocope du a passé à
larticle comme le montrent les formes anciennes Alonda, 1292^
1295 et i3i2, M. G. I, 108, XIV, 244 et XVIII, 4, Aronda, i3o5y
AUondonz, 1821, Alondon, i358, M. G. I, 126, XVIII, 63. Plu-
sieurs autr&s rivières du diocèse portent le même nom, remarque
le Rég. g'en. On y trouve une racine indéterminée al ou ar et
onda, qui vient peut-être, comme dans Gironde, d'un plus ancien
umna, parent de amnis, fleuve, voir Géronde. Al est le même
que Ar : Alonda, Aronda, et doit être le celtique ar, fleuve. Il y
aurait donc là une combinaison de deux racines sig-nifiant cours
d'eau, à moins que ar ne soit ici la particule aug'mentative ar =
très ; voir Aar.
LoDge, fréquent en composition, présente deux sens, c'est quel-
quefois le verbe longer, ainsi Longeaigue, ham. de Buttes, Neu-
châtel, qui longe l'eau, LoDgive, m. à Puidoux, même sens.
Longe Reuse ou Longereuse à Fleurier, Longeborgne, ermi-
tage près de la Borgne, Longe Borny, i448, qui longe la Borgne,
Longevit, champs à Montmagny, pour Longevy, loc. à Arnex,
Ghampmartin, Salavaux, champs longeant la route. Lonlîgue^
prés à Sottens : le long de l'eau.
D'autres fois c'est longe, adj. v. fr. = longue ; c'est le cas le
plus fréquent. De là les nombreux Longeraye, une 20®, on
trouve aussi Longue Raye et en Valais Lonzeraies (Randogne)^
Longeaigue, ruisseau à Avenches, Longeau près Bienne, ail.
Lengnau, Lengenachy ^goy Lengowe, 1181, Longieiva, 1228,.
Longeau, 1262 ; Longive, ruisseau près Oron, la Longue eaue,
i553, Longivue, ruisseau près Autigny, Longeornes à Enney,
de orne, sillon ; Longefange à Froideville, D. Echallens^ Longe-
fange, 1142, Longifangi, 1184, 1190, M. R. XII, Longefan à
Villeneuve, longue fin ; Longeperche à Ollon, de pertica, voir
Perche. Longessiaz, chalet à Gharmey, longue arête, voir Sciaz ;
LONGB3IALE — LOSSY 239
Longevaux à Villeneuve, longue vallée ; Longe Vemaz à Pam-
pignj, Longeville, ham. d'Orges, D. Yverdon, Lon^avilla, 1126,
M. R. III, 44i et 1260, longue ferme ; Crétalonge à Sierre et
Grêta Lonza à Sion, permutation j-z. Enfin longe est s. f . dans
Longemale, ham. d'Ejsins, D. Njon, m. à Fétignj et Cor-
celles-Ie-Jorat ; Longemalaz, 5 ou 6 loc., Longemalle, place à
Genève, Longimala, 1278, Longamalay 1298, Longimala et
Mala Longa, i3o3 et 13 10, M. G. IV, XIV, LongamallOy xrv«
s. Le Cart. Laus., M. R. VI, 647, parle d'une vigne près du ma-
rais, paludem que vocatur Longimala : de longe y pris substanti-
vement, comme dans longe de cuir, et mala^ mauvaise = mau-
vaise longe (de terre). Le quartier de Longemalle à Genève for-
mait alors un long promontoire dû aux atterrissements du lac, à
TE. de la baie du Molard qui s'enfonçait jusqu'aux rues Basses
actuelles, et le terrain y était assez marécageux, comme le montre
le nom de Paluajs, Palajs (paludetum), donné à des terres voi-
sines. Longemalle, loc. à Fiez, même sens.
Les Longennes, prés à Beurnevésin et les Longines à Villeret,
les deux Jura bernois ; de longe^ s. f. et su£F. dim. ine, patois
ena, d'où enne ; petits morceaux de terre de forme allongée.
Longirod, D. Aubonne, Longirot^ 1267, M. R. XXVIII,
209, Longiro, 1891, i44i-
Lonza, rivière du Lœtscbenthal, Valais, Lodentza, i3o4, Lo^
denza, 1807.
Lonzet, Ghamplonzet, à Liddes, forme valaisanne de longet.
Lopetle, chapelle à Bourg-Saint-Pierre, Valais, à Fribourg, à
Saint-Ursanne, à Porrentruj, qu'un cartographe ignorant écrit
VHorette (atlas Siegfried) ; chapelles consacrées à N.-D, de Lo-
rette, de Loreto, Italie.
Lormaz, Lormoy, Lormy = Orme, Ormoy, avec agglutina-
tion de l'article ; voir Ormej.
Lossy, ham. de Belfaux, Frib., Lozchie, 1228, M. R. VI, 338,
Lozie, 1229, Lochiey 1267, Lotzie, 1294, Locye, i445 = (f^^-
dum) Losciacum ou Lossiacum^ domaine d'un Loscius ou d'un
240 LOUGHET — LOUR
LossiuSj deux gentilîces connus chacun par 3 inscriptions. Hol-
der, II, 289.
Louchet, Pompaples, Saint-Saphorin, Louchez, Valais ; voir
Luîssel.
Louchet, majen, alpes d'Hérémence, près Orsera ; probable-
ment de Prato Longet in montibus Heremencia in Ossella, i456 ;
de Longet par une double permutation on-ou, j-ch. Ce n'est pas
Praz long" ou Prato longo, comme 1 explique le Répertoire M. R.
XXX, puisqu'on échange la terre de Prato Longet contre une
autre à Prato longo, p. 587.
Loudze, voir Lodzo.
Louèche, Valais, ail. Leuk, Leuca, 5i5, ii3i, il38, Lu-
chiam, 1017, Luechia, xii* s., puis encore Leucha et Leuca,
xiii« et xiv« s. (Gremaud), Luech, i474> Arch. Schw. Gesch. III.
21 5. D'après Gatschet et Studer, du v. h. ail. luoff, luoc, ca-
verne, gorge. Mais comme tous les anciens noms de la contrée
sont romands, celtiques et non allemands, vient plutôt de la ra-
cine celtique lieicy leugh, pierre, ou mieux encore de l'adj. cel-
tique leucos, loucos, blanc, brillant (Holder, II, 196, 291), qui
convient bien à la position ensoleillée de la localité.
Louèche-les-Bains, balneis Leuca, i446, s'appelait Buez^ Bœz,
1229, communitas de Buez, i3i5, balnea de Bœz, i339, vallis
de BoiSy i4o2, balnea magna in vallede^oé'5, i4o5, Buex, 1421,
de bois, la vallée étant alors couverte de forêts.
Loup, Plaines du Loup, sur Lausanne ; de En L'Osf, v. fr. osiy
armée, prononcé en Lo, écrit en Lod, puis plaine du Lod, enfin
plaine du Loup, Sur l'origine de ce mot en Lo, un contemporain
des guerres de Bourgoi^ne, le syndic Johannes Grant raconte que
le duc Charles le Téméraire « plaça son armée (i4 niars — 27 mai
1476) dans les champs soit dans le lieu dit Grattapaille dès lors
appelé en Lo : ^ obsidionem suum in campis sive loco dicto Gra-
tapalliz... posuit, ibi ex tune en Lo dicitur, M. R. XXVIII, 248.
Lour, Bois de la — à Vallamand ; fausse orth. pour IM/Zour,
voir A Houx,
LOURTENS — LOVENEX 241
Lourtens, D. Lac, Frib., ail. Lurtigen^ Lurtingen, i558,
Lurtens, 1620 ; d*uQ n. pr. germain indéterminé.
Lourtier, voir Ortier.
Lousine ou Loursine, pâturage sur Fully = TOursine ; du
latin (comba) ursina (combe) des ours.
La Louve ou Loue, ruisseau à Lausanne, comme la Louve,
affl. du Doubs. On pourrait penser à un substantif verbal de luerCy
arroser, laver, baigner, mais il y a une forte objection que nous
fait M. le prof. Bonnard, c'est que « luere ne semble avoir sur-
vécu nulle part dans le domaine des langues romanes. » Donc ori-
gine inconnue.
Louvin, loc. à Gléresse = adj. v. fr. louuin, loviriy du loup,
i30us-en tendu pré.
Louye, loc. à Goumœns-la-Ville, Etagnières, et Fully, Valais ;
«n Louyaz ou es Louyes, ham. de Prez, Frib. ; probablement
pour VOaye, patois Vouhiey Toie, prés où pâturaient les oies.
Quant à la Louye dlllarse, Valais, elle s'appelait la Loge, Loget-
iaZy 1696. Un singulier exemple de défiguration de nom nous est
fourni par la Louye de Fully, écrit la Croix de la V Houille dans
la Feuille d*Avis oflF. du Valais.
Lovatens, D. Moudon, Lovatingis entre 996 et loi'], Lovar-
tens entre 1200 et 1229, Donat. Haut. = chez les descendants de
Lobeto, n. pr. germain; racine lob, louange. Fôrstera., 879.
Lovaty, chalet à Gharmey, Lovatîère à La Rippe, Lovataîre,
Provence, Lovateyre, ham. de Lussy, Frib., forêt à Vufflens-la-
Ville, es Lovaleîres, Auvernier, i356, Crou des Lovatieres au
Locle, 1872 =. louvatière, endroit où il y a des /oui^e^s, jeunes
loups ; de là encore Lovât à Sottens, Mont Lovel à Tour-de-
Tréme, Champ Lovet à CofiFrane, Praz Lovât, Forel de Lavaux,
pré Louwet à Cornol, i3i4, Combe Loviat à Courgenay, i347 ;
Lovettes aux Tavernes.
Lovegnoz, pâturage sur Mage, D. Hérens, Valais, Loueno,
iSSg ; peut-être de la famille de louin, comme
Lovenex ou Lovenet (Lutz), Loweneg, xviii* s., pâturage sur
M. D. SEC. SÉRIE, TOME VII 16
242 LOVENS — LOYE
Saint-Gingolph, qui paraît un adj. diminutif de Lovin, adj. =de
loup. (Praz) Lovenet, petit pré des loups.
Lovens, D. Sarine, Frib., ail. Lowing, Lovens, xii« s., Lo^
vains f i2i5, 1228, Arch, Fr. VI, Loueins, 1264, F. B. II, Lo^
venSy 1820 =: chez les descendants de LobOy n. pr. germain ; du
V. h. ail. lôpy lob, louange.
Lovay, forêt à Saint-Maurice, Lovère à Bassecourt, es Lovey-
i*es à Noville, Lovières à Tramelan, Louvière, ham. de Presin-
ges, ferme à Mervelier, forôt à Chévenez, Luvery à Dompierre,
D. Moudon = louvière y bas latin luperia, endroits où il 7 a des
loups ; diminutifs Lovaret à Gryon, Loveret à Vufflens-la- Ville,
I^uverain à CoflPrane, Loverens à Fej ; toutefois ce dernier nom^
avec sa finale ens, pourrait avoir pour origine un n. d'homme et
signifier : chez les descendants de Lobhari, de Lobo et hari,
guerrier ; voir plus haut Lovens.
I^veresse, D. Moutier, Loveresce, 11 48, 1181, Loverezo^
1179, Loverasse, 1226, 1267, etc., loc. à Miège, Valais, à Aigle^
Loveressi/y 1426, Louveresse, 17 18, et 6 autres Vaud et Frib.;
I^veresche à Zinal et Loveréché à Grône, D. Sierre, Valais ;
le môme, avec suffixe v. fr. eresse, que louvière.
La fréquence des noms dérivés de loup montre combien cet animal
était abondant dans le pays jusqu'au xviu® s. Les comptes du syndic
d'Aigle, Pierre Sylvestre, pour Tannée 1642, mentionnent des primes
payées pour 30 loups et un ours.
Loye, village de Grône, Valais, Loy, 1260, Lohy, 1279, Loify
1892, i4i7 ; la Loye, forêt à Garrouge-Oron ; Loyes, loc. à Ëtoy,
et Ëcublens-Morges ; la Loyettaz, loc. à Bettens et Bavois^ m. à
Rossens, Frib. ; les Loyettes, nombreuses forêts et lieux-dits.
Eloyes, loc. à Saint-Imier, même mot avec soudure de es. Du v.
h. ail. loh, fr. forôt, employé jadis comme n. commun. On trouve
dans M. R. XVIII un acte de iioo où Ton parle d^unam loianiy
une forôt. Loyes est aussi le nom français, oublié aujourd'hui,
(le Laupen. Un récit contemporain (i34o) de la bataille de Laupen,
Rec. dipl. Frib. III, p. 27, dit : Illi de Mureto, videntes Bernenses
triumphari, currebant ad aquam Saronae prope Loyes : Ceux de
LOYE — LUCELLE 243
Morat, voyant les Bernois l'emporter, couraient à la Sarine vers
Lojes.
Loye, quartier de Louèche, en ail. Loge, paraît ainsi se ratta-
cher à l'ail, leug'e, lôg«, g'alerie, passage ; c'est à Louèche la rue
qui conduit à Varone. Mais ce n'est qu'une fausse traduction alle-
mande fondée sur un rapport extérieur ; les trois quartiers de
Louèche, Loieou Loje, Galdenen et Tschablo s'appelaient en i4ii
tertia Lobiiy Caldane et Cabuli, /. de LobiiSy 1392. Loje est donc
ici un synonyme de loge et vient comme lui du v. h. ail. laubja^
hutte, voir Loge.
l»zeDche ou Losenze, rivière près Chamoson, Valais, Agensi^
1177 ^^ 12 18, VAzenchyy iSqS, aquam de Ausenches, i33g, en-
core un exemple d'agglutination de l'article.
Luc, ham. d'Ayent, Valais, en patois Lui, Lus, 1267, 1279,
1296, Luis, 12^0, LuXy i336, i34o, i343 ; 2<> commune, val d'An-
niviers, Luc, tout court, i3o4, 12, 27, Lucx^ i4o8. Aujourd'hui
encore Lac, tout court, 1903, 1904, dans les publications officielles
de la commune, souvent Saint-Luc depuis une 5o* d'années.
F. ofiF., 1900. Généralement dérivé de Saint-Luc. A cela s'oppo-
sent : lo les anciennes graphies Lus, Lux, Lucx ; 2<> Luc n'avait
pas d'église ; 3<> toutes les localités qui tirant leur nom de saints
sont constamment désignées par leur double nom. Jamais il ne se-
rait venu à l'idée d'un clerc de dire tout court Luc pour Saint-
Luc ; 4® Luc d'Ayent n'a pas même de chapelle et il y en a un 3*
à Randogne, I^c ou Lock, Luch, 1267, M. R. ; Loc, i342,
1429, Zimmerli, Lus, i454. Bridel le dérive de son côté de lucus,
bois. Lux, Luc pourrait aussi venir de la racine celtique lue,
briller, parent du latin. Luc d'Anniviers est particulièrement en-
soleillé et quand la vallée d'Anniviers est encore ou déjà dans
l'ombre, les maisons de Luc brillent au soleil. Luc ou le Luc est
aussi le nom de 5 ou 6 loc. de France : Drôme, Isère, Var, Cal-
vados.
Lucel, Luchet, voir Luissel.
Luc«lle, ail. Liitzel, loc. et rivière, D. Porrentruy, Berne, Z»a-
cicella, 1126, Lucella, ii36, Lucela, 1139, ii46> Lucila, 1176,
244 LUCENS — LUGNORRE
Monasterio de Luciscella, 1189, Trouillat; Lucella, i3oo, F. B.
IV. Du V. h. ail. luzil^ petit, et de cella^ demeure, maison,
changé par les moines en lucis-cella, demeure, maison de lumière,
nom donné sans doute par le fondateur du couvent. Les moines
aimaient ces changements pieux ; c'est ainsi qu'ils changèrent
aussi le nom de Stadowe : owe, la prairie, et Stad, le bord, en
Gottstatt, Locum Dei « Locum Dei antiquitus dictum Stadowe, »
1255, F. B. II, et Frienisberg en Aurora.
Luccns, vitla, Losingus, 968, M. R. VI, 4> Locens, 1157
(Lettre de S. Amédée ad Lausannenses citée par Hisely, Comtes
de Genevois), LucenSy 1217, LocenSy i244> F. B. II ; ail. Lobsi-
geriy Lossingen = chez les descendants de Lobizo, n. pr. ger-
main. Racine lob, lôp, louange. Lucinge en Faucig'ny a la même
origine.
Luette, ham. de Saint-Martin d'Hérens, Valais, Luethy
1822.
Lugnez, D. Porrentruy, Berne, Lunigie, 1181, Lugney, 6 f.
i3i6-i332, Leugney, xv^ s., vico Lugdanico dans la Vie de
Saint-Imier, xv® s., Vico LugduniacOy Musée historique, p. 295,
nous paraît identique, comme origine, avec un Luguniacum pa-
gus Alsinsis, viiie s., cité par Holder, II, 344 : le pagus Alsinsis
ou Alsg-au est justement le pays de Porrentruy. Holder dérive Lu-
g-uniacum du nom du dieu gaulois Lugus, dieu de la lumière,
d*où dérive également Lyon. Lugdunum z= le fort de Lugus.
Lugnorre, ham. du Haut-Vully, Fribourg ; Lug inares et Leu--
conaries, lo']^, LeaconareSy iil^5y Luchnorro, ii83, F. B. I,
478, Loisnuerrey 12 16, Losnoros, 1228, Lonurro, 1280, Loi-
nouros, i235, Lugnourro, i352 ; on trouve encore Losnorro,
LausnorOy Lausnotro, LunuerrCy Lenoro, 1817, Lognerro et
Lonerro, i836, LunouroZy 1878, Lenauré dans Boyve, xvii^ s.,
etc. D'après Gatschet, de lucus nucarius, bois de noyers. Etymo-
logie douteuse. Plutôt d'origine celtique. La première partie du
nom lug, liigi est une racine celtique, — voir le mot précédent, —
qui se retrouve dans de très nombreux noms. Lugi, peuple de
Bretagne, Lugidamus, Lugidunen, Lugdunum, etc. Leuco est
LUGRINES — LOUCHEZ 245
aussi une racine celtique. Quant au second terme nares, norro, il
est énigmatique.
Es Lugriaes, vignes à Monnaz et Vaux^ D. Morges, et loc. à
Vandœuvres, Genève ; probablement de Lugrin, n. pr. de fam.
répandu à la Vallée et Savoie.
Luins, D. Rolle, Luins, iii5, Hidber, I, 4^9, 1177, M. R. I,
187, LuinSy 1299, M. G. XIV, Luyns, i335, 1887, M. R. V, évi-
demment un patronymique d'origine germanique. Mais quelle
consonne disparue y avait-il dans le suffixe ins. Serait-ce un équi-
valent de Luvens = chez les descendants de Lubo ? Nous ne sa-
vons où le Régeste genevois a trouvé Lunnum, p. 5o4* La charte
de 1299 à laquelle il renvoie a Luins dans M. G.
Les Luisettes, parois rocheuses au Valsorej, près du Saint-Ber-
nard ; le Luisin, sommet sur Salvan, o£Frant de grandes parois
rocheuses ; diminutifs de luis, forme locale, 6 loc. en Valais : la
Grand Luis au Saint-Bernard, la Luis Balayer à Salvan, etc. ; du
mot lex si répandu dans nos Alpes = paroi de rochers, voir Lex.
Luissel, nom de nombreux petits lacs, à Bex, Panex sur Ollon,
les Plans de Bex, Grebelley, Ghâtel-Saint-Denis (aussi Lussel ou
Lussy)f loc. à Aigle ; le Luissalet sur Gryon ; loc. à Bex ; autre
près de la Veveyse à Saint-Légier : V/ssalet, carte vaudoise ; eys
Lissalets sur Saint-Saphorin, diminutifs. Ajoutons
Les Gouilles de Lassez à Vuitebœuf, Vaud ;
Le Lucel ou Loussel, vall. d'Arolla, Valais ;
Le Luchet, lac sur Ayent, Valais ;
Le Louchet, marais à Pompaples ; loc. à Saint-Saphorin ;
LoucheZy petits lacs à Savièse et à Lens, Valais.
Les chartes valaisannes en nomment encore beaucoup d'autres :
Le luxellum Montis Ordei (Montorge) ; lucellum Gastri Novi
luissel de Ghâteauneuf près Sion ; luxellum de la Planczeta à
Sierre, 1467, au Luyssel à Savièse, i25o ; lo Lussel à Vex, 1267,
lo Lousselet de Géronde à Sierre, 1299, oui Loussel à Chermi-
gnon, et les comptes de Chillon, M. R., 2* s. II, 71, 96, une alpe
de Lussel, Luysel près Jaman. Tous ces mots viennent d'une ra-
cine celtique : vieux hibernien loch, cymrique luch, gallois Iwch,
246 LEYTHEL — LUSSERY
lac ; armoricain louchy mare ; irlandais lough ; breton /ocA,
marais, cornouaille loch, étang, écossais loch^ lac, mots parents
du latin lacus. Un autre mot celtique de la même famille, le
cambrien laithy lac, paraît être la source d'une autre série carac-
térisée par le t ; au xiii<» s. lac se dit parfois layty d'où les dimi-
nutifs laytelj laytelet, tels sont :
Leythel, marais à Attalens, Veveyse ;
Au Leyty, pâturag-e avec petit lac à Grandvillard, Gruyère ;
Les Leytets, chalets à Rossinières, avec 2 niares ;
Laithalet ou Laissalet, pâturage (mare) à Château-d'Œx.
Ajoutons le lac Tqp, vallée de Joux, qui s'appelait au xrv* s.
Laytely petit lac, d'où par corruption Layter^ puis lac Ter.
Peut-être cette seconde série peut^lle être dérivée du latin lœus,
en patois lai, romanche lai, lei par un diminutif laiet, d'où laie-
tel, puis laitel.
A lai se rattache directement
Eloy, ail. Seehof, D. Moutier, Berne = es Loys.
Lully, ^. Marges, Lui liacum, 1 01 \, Lulie, 1217, M. R. VI,
291, Lulliez, 1453 ; Lully, Fribourg, villa LulliacOy loii, Lu-
lie, 1228, Lulye, i337 (Matile), Lulier, 1437 ; Lully ou Lolliez,
ham. de Jussy, Genève, Luliacùm, xii^ s., M. G. II, Lullier,
i364 ; et Lully, ham. de Bernex, Genève, Lullie, i3o4i Lullier,
Rég. gen. = (praedium) Lulliacum, domaine d'un Lullius ou
Lollius, de la famille consulaire Lollia, dont on a trouvé des mé-
dailles à Genève.
Lurqui, Lurquier, Gruyère, voir Ortier.
Lusigny, loc. à Burtigny, Lusinie, 1269, Lusiyniey Lusi-
g niez, xiv^ s., M. R. V, nom d'un moulin sur la Serine; doit
être un (fandum) Luciniacum, du gentilice Lucinius ou Luce-
nias, connu par 2 inscriptions, à moins qu'il n'y ait eu ici la per-
mutation i-u qui a donné Lusignan, primitivement villa Lici-
niana ; dans ce cas ce serait le domaine d'un Licinius, gentilice
très fréquent.
LUSSY — LYS 247
Lussery, D. Cossonay, Luseri, ii47> Gart. Month., Luxirie,
XIII® s., M. R. VI, 322, Lussirie, 1280, Luœirie, Luxurie et
Luxirier dans la môme pag-e d'une charte de 1887, M. R. V, 8o4,
Luxurier, i46i, ih']2yLuxiry^ iQ^^=z(/undum) Luxuriacum,
domaine d*un Luxurius, De Vit, IV.
Lussy, D. Morg^s, villa Luciaco, 1026, Lascif 11 77, Luxie,
1228, Lussie, 1280, Luxye, 1279, M. R. VI, M. G. XIV, Lus-
siez, 1453 ; Lussy, D. Glane, Frib., Lussiei, xii* s., Arch. Fr.
VI, Lussie, 1226, Luxie, 1268, Lussye, 1260; 8© ham. près Ghâ-
tel-Saint-Denis (voir aussi Luissel) ; de (fundum) Lucciacum,
domaine d'un Luccius ou Luscius^ gentilice assez fréquent.
Quant à es Lussy, vignes à Riez, Tarticle paraît en faire un n.
commun ; peut-être forme de luissel, voir ce mot.
Lutry, D. Lavaux, Lustriacum^ 5 16, 997, 1079, in Lustraco,
907, Lustriei, 1147, Lustrey, 1160, Lustriez 1218, 1228, Lus-
triez y i586, Blanchet, i54. Gatschet le tire de lustrum, forêt,
lieu solitaire. Mais d'après le suffixe acum, la première partie du
mot est un n. d'homme. Cette racine onomastique lustr est con-
nue : une inscription de Nyon a le composé Lustrostaius et De
Vit a Lustricius, Lustracum, 907, viendrait de Lustras, Lus-
iriacum, Lustriei signifieraient domaine de Lustr ius, mais nous
n'avons pas de preuves que ce nom ait existé.
Lyre, Grande et Petite Lyre, 2 glaciers latéraux du glacier
d'Otemma. Lyre Rose (ou Lire), glacier, les trois, vallée de Ba-
gnes ; en Lyre, loc. à Ghoëx, Monthey. N'ont évidemment aucun
rapport avec lyre, instrument. Gomme le Valais a quatre Lirette
= Tirette ou l'Airette, petite aire, de area, — voir Lirette, — ces
Lyres ne seraient-elles pas des Lires pour Vire ou l'Aire, article
agglutiné? Ce serait alors la Grande Aire, la Petite Aire, VAire
Rose, l'Aire (de) Rose, de glacier. Voir Rosa.
Lys, pâturage et sommet D. Gruyère, Ly en i537, Arch. Fr.
III, 182, et plusieurs Lys en Valais; de lex, rocher, voir Lex.
D'après le Dict. d'Attinger, le Lys fribourgeois viendrait d'un pe-
tit lac (//' en patois) qui existe près des chalets d'En Lys.
248 MACCONNENS — MAGE
MaccoDnens, D. Glâne, Frib., Masconens, 1^20^ Macconens^
i335, i4o6, Rec. dipl. VI, Mascognin^ xvi® s. = chez les des-
cendants de Mascon, n. pr. g-erraain.
Mâche ou Maiche, D. Nidau, Berne, Mâches vers ii5o et
1228 ; en ail. Mett, Metten, i3o5 ; les deux mots v. fr. mâche et
meiCy du latin meta = meule de foin. La concordance de ces
deux noms prouve Tétymologie : lieu où Ton fait les meules de
foin ; même ori|^ine pour la Mâche, forêt et pâturage près Val-
lorbe. Le plus souvent on rencontre d'autres formes dérivées du
latin meta, voir à Maya. Maiche a de nombreux dérivés :
Les Maichières, loc. à Develier et à Courroux, D. Delémont ;
La Mechière à Lugnez ;
Les Mechières, loc. à Damphreux, Meschere<, i3o6, et peut-
être Méhyre, loc. à Pierrefitte ; de maiche et sufF. collectif ière ;
Maicheratte, maison à Corban, et les Macherelles à Bôle, dimi-
nutifs ; enfin c'est probablement à la même racine et suffixe col-
lectif que se rattachent
Mâcherey, ham. de Troistorrents, Valais, Mascherel^ 1281-
1329;
Machéri, loc. à Villars-le-Gomte ; Macheiry, loc. à Pregny ;
Machereux, alpe de Gruyère, Macherieux, Mechiriouœ,
i458;
Masserey (ch-ss) à Saint-Martin d'Hérens et sur Painsec d'An-
niviers, Valais ; en 1276, le Gart. de Haut-Grêt mentionne un ri-
vum de Macherel près de Villars-le-Terroir et, en 1275, on
trouve un pré « au Mascherel > et une terre « sita en Matharel >►
à Jussy, M. G. XIV, 139,
Macolm, ail. Magglingen^ D. Bienne, Macolegn, i34i =
chez les descendants de Magilo, Macculo, dim. de MagOy
MaccOy n. pr. germain. Macco est fréquent dans la vallée du
Rhin, Holder en a i4 exemples.
Mage, ou en patois Mase, D. Hérens, Valais, villa MagiSy
1100, Matgij 1200, puis Magi ou Magy, xiii-xv® s. Gatschet,
reproduit par Studer, le dérive « du bas latin magiscay ital.
maggese, labour fait en mai » et ajoute ce texte : « si quis fecit
MAGNE — MAIGNON 249
magisiam in qua debetur seminari granum. "» Mais Titalien mag-
gese n'a rien à faire avec magisca et représente majensis ; mag'isia
est la latinisation de magg'ese. Mag-e n'a pas de rapport avec mai.
Magis est pour nous un cognomen employé à Tablatif pluriel. Ju-
bainville cite plusieurs gentilices employés ainsi : Mettis, Metz,
Auriis, Bassis, sous-entendu fundis, de Mettius, Aurius, Bassius.
Quand on eut oublié la nature adjective de ces mots, on les em-
ploya avec villa au nominatif, ainsi villa Valeriis, 877, villa Bas-
siis, 960 ; villa Magis, villa, ferme de Magus, n. pr. du latin
magus ou du n. germain Mago latinisé.
La Magne^ D. Glane, Frib. ; de (villa) magnUy grande ferme.
Pré Magne à Corban, Jura = grand pré.
Magnedens, D. Sarinc, et ham. de Villarimboud, D. Glane ;
le premier Manoldens vers 1162, Arch. Fr. VI, MannudenSy
xiiP s.yMagnudenSy Magnoudeins, 1229 == chez les descendants
de Maginold, n. pr. germain.
La Magnenaz, loc. à Aigle, Gimel, Mauborget ; propriété d'un
Magniriy n. pr. dérivé du v. fr. magnin, maignan = chaudron-
nier ambulant, du bas latin machinanus,
Magnoux, Bioley-Magnoux, D. Yverdon, mieux orthographié
jadis Bioley-Magnoudy xiii« s. = Bioley (de betuletum, bois de
bouleaux) de Magnoud, forme contractée de Maginold, n. pr.
germain.
Magny, village près Genève, Mainiacum, Magniacum, xiii«
s., Rég. gen., 5o5, et loc. à Bex = (fundum) Magniacum, do-
maine d'un Magnius, gentillce romain qui a donné les noms de
soixante-cinq localités de France.
Mainniacum, H 53, que Hidber, II, 506, rapporte à Magny est Mei-
nier : la charte 2867 n'est que la reproduction du No 1997. Le pape In-
nocent IV y confirme au prieuré de Saint-Jean, et à l'abbaye d*Ainay
dont il relève, les possessions mentionnées dans la bulle d'Eugène III. Il
est évident dès lors qu'il s'agit dans les deux de la même localité. Les
auteurs du Hég. gen. ont de même rapporté à Magny la mention de la
charte 827 (1250) et à Meinier celle du N© 331 (1153).
Maignon, ou Magnon^ ou Magnot, ham. de Vétroz, Valais,.
Amanoisco, iioo, Amagnoc, 1200, Magnioi, 1217, Furrer, III,^
250 MAIGRAUGE
56, Magniochy 1224, Magnochy 1227, 1240, Amagnyochy i25o,
Magnohcy 1267, Amagniosc, iZzl^^ Magnyoch^ it^i7,Magnyot,
1453. Remarquons d'abord qu'il ressort avec évidence de ces dif-
férentes formes que le a initial de quelques-unes n'est autre que
la préposition a soudée au nom, comme les chartes en offrent de
nombreux exemples. Gatschet tire Amanoisco du n. pr. germain
Amano, mais celui-ci aurait donné un nom en ens ou ins, comme
les rares noms germaniques du Valais : Suen, Salins, Vercorins.
Si nous retranchons le a, qui n'est que la préposition agglutinée,
il nous reste le nom Magniosc identique avec un nom Magnios^
eus ou Manioscus, étudié par d'Arbois de Jubainville (p. 595)»
formé du gentilice Magnius et du suffixe locatif ligure oscus =
gaulois acus. C'est donc un correspondant des Magnj, de Ma-
gniacum, domaine d'un Magnius,
D'autres chartes nous parlent d'un endroit nommé Maigniez,
introuvable sur la carte, mais dans la même contrée. En 1202,
Boso de Ardun et Giroldus de Magniez sont témoins d'un acte
M. R. XXIX, 147, et le même Gérold reparaît avec les noms de
MennieZy 121^]^ Maigniez, 12 18 (p. 160, 186, igô) ; ailleurs on
parle encore du feodo de Mennie, p. 43 1. Maigniez est évidem-
ment Magniacum,
D'autre part, une charte allemande de i446, M. R. XXXI,
mentionne «, das Lehen einer Manschaft > nommé dans la même
charte Megins, Mengnes, MegneSy Manges^ situé en aval de
Conthey. C'est évidemment Magnioch. Si l'on retranche à Mai-
gniez le suffixe iez, à Magnioch ou Magniosc le suffixe ose, och
commun en Valais à cette époque (Arnioch-osc, Blivignoso-och,
Graionosc, Grimisoch), il nous reste la racine Magn^ commune
aux deux noms et à peine modifiée dans la charte allemande
Mengn. Ces trois séries de noms ligure, gallo-romain, allemand
désignent donc toutes Magnot.
Maigrauge, abbaye cistercienne à Fribourg, claustrum in der
durren Owa, 1265, Macra Augia^ 1260, 68, 89, Macre Ochie,
1376, M. R. IX, 207, et la Maigroge à Hauterive, Neuch., Macre
Oschicy 1285, Macre ogie, i334, Matile ; de macra, maigre, et
MAIJONÂGHES — MALADAIRE 251
auffûj terrain bas, enfoncé, voir Auge. Le nom allemand Mage-
raa renferme la même racine mager, maigre, et auy du v. h. ail.
auwa^ owQj désignant également des terrains bas au bord de
Teau. Les formes de 1286 et 1870 montrent une confusion de
auge avec oche^ ce qui serait possible aussi. Un pâturage du
même nom à Cerniat, même origine.
Mayonèches ou Mayonèche (ou Maizonaches), ham. à Saint-
Martin d'Hérens ; de maijon, maison, et suflP. dépréc. èche, ache.
Misonette, majen, val d'Anniviers, dim.
Le Maira, ham. de Buix, D. Porrentruj, près d*un étang, le
Mairauly i36o, Maras, i363, MareU i386, le Mairat, loc. à
Vendelincourt. Si l'on considère que dans le dialecte jurassien ai
= a (Maiche-Mache) et le suffixe ai = et (Prailat-Pralet), on
conclura que Mairat = Maret^ diminutif du v. fr. mare^ marais,
voir Mare.
Maisonnex, ham. de Meyrin, Genève, Maisoniacum ou Maisi-
niacum, ii53, 1260, Mesonacum, M. G. XIV, 2, 29, Rég. gen.,
ôo5 ; probablement, avec le suffixe iacum, acum, un dérivé d'un
n. propre gallo-romain.
La Maiteneux à Bassecourt, la Metteneux à Châtillon, la
Mettneux à Undervelier, les Emetteneux à Vicques, 4 loc. du
Jura bernois, désignant des prairies ; dérivés du patois maiten^
maiiein, milieu, et suffixe eux = les prairies du milieu.
Maix, nom de trois fermes du Cerneux-Péquignot, Neuch., les
Maix (écrit aussi Meis) Baillod (ou Balliod), Rochat et Lidor ;
maix Baillod et maix Lidaure^ 1720, M. N. XXXVII, i53 ; du
latin mansum, voir Mex.
Maladaire, Maladeîre, Maladière, nombreuses localités aux
abords des villes et des villages, où au moyen âge on reléguait
les lépreux ; dérivé de malade. La Maltière, à Delémont, autre
forme du même mot.
Une étude sur les Maladières, Arch. Schw. Gesch. XIII, en mentionne
67 : Vaud 23, Valais 10, Genève 3, Neuchâtel 15, Fribourg 16, et le
Dr Dind en compte 55 dans le C. de Vaud seulement (Discours d'ouver-
ture à rUniversité, 26 oct. 1904). La Maladeire d'Aigle, autrefois au lieu
252 MALAGNOU — MALATRAIT
dit au Songeon des Trez, jouxtant le Sex de Chalex de la part de Saint-
Maurice, a été transportée en 1544 au lieu-dit de sous CreytaZy chartes
d'Aigle. Le nom de Maladeire s'est conservé au premier emplacement.
Malagnou, ham. des Eaux- Vives, Genève ; da n. de la famille
Malagnioud, Malagniod ou Malagniou qui y possédait des im-
meubles aux XV* et xvi^ s., Rég^. ^en. et GalifFe ; 2® colline à Bu-
l^cnaux sur Rolle ; celui-ci peut-être de malagnou^ nom romand
du muscardin, Mus auellanarius.
Malagny, ham. de Genthod, Genève, Malagnier^ i^O^» iSaS,
ôg, M. G. XIV, et XVIII ; un autre en Savoie, frontière suisse,
Malagnie, 1284, i3o2, M. G. XIV, Maleignie^ xin« s., Rég.
gen. De Vit a un gentilice Melanius qui donnerait facilement un
(fundum) Malagniacum (permutation e-a), propriété d'un Me-
lanius.
Mala, Maie, Mau, adjectif, mauvais, très fréquemment em-
ployé en composition.
Mata Chenau à Cuve, Pays-d'Enhaut, Mala Chenaulxy 149^}
endroit mal famé, attentats, sabbats de sorciers, etc.
Malaz CheDaux, combe étroite d'un affl. de la Baye de Mon-
treux.
Malacort à Venthône, mauvaise court, ferme.
Malafln, loc. à Pizy, Trey, Menières ; mauvaise « fin >►.
Malagottaz à La Roche, Frib., Malagota, 1284; mauvaise
goutte, petite source.
Malajoux à Veytaux ; mauvaise joux, forôt.
Mala laya, ham. de Lentigny ; mauvaise laye, forêt.
Mala Molllc (ou Malla mollière), ham. de Pont-la-ville et ham.
de Gumefens * = mauvais terrain humide, et
Malapalud, D. 'Echallens ; mauvais terrain marécageux.
Malaterraz, m. à Lentigny.
Malatrait, sommet sur Villeneuve, Malatrex, 7 ou 8 loc. (Mal-
la trex à Golombey), les Mallatreys à Enney, Gruyère, et Maula-
treys, pâturages, TEtivaz et Gruyères ; du v. fr. atrait qui a de
nombreux sens : amas, tas de matériaux, déblais.
^ Le P. Dellion dérive ce mot si clair de mala mulier» mauvaise femme.
MALAVERNAZ — MAUPAS 253
Malavernaz ou Malivernaz à Saint-Lég-ier ; de vernaz, ver-
naie.
Malécart, loc. à Montricher ; mauvais écart, domaine écarté.
Maie Côte, près Asuel ; route en pente très raide.
Malègues, prés à Orsières, Valais ; mauvaises eaux.
Malessert, 5 ou 6 ham. ; essert improductif, stérile.
Malevaux (mal écrit Malveaux), forêt sur Evilard, D. Bienne,
et Maies Vaux à Rossinières ; de vaux, vallée.
Maie Vie à Saint-Ursanne ; mauvaise route.
Malévoz à Monthey, près d*un ruisselet, Malevoz, 1696 ; mau-
vaise eau ; Malève, chalet et ruiss. à Dorenaz, torrent près Abon-
dance, Haute-Savoie.
La Malmaison, m. à Saint-Brais, Jura bernois.
Malmont, ham. de Couvet, Maraont et Maumont, deux défilés
au Pays-d'Ënhaut, le premier en aval de Rossinières, le second à
la Chaudanne, ainsi appelés soit à cause de la difficulté du che-
min, soit que ce fussent jadis des lieux peu sûrs où Ton attaquait
les passants ; peut-être encore, pour le Maumont, parce que là
s'élevait le g'ibet ; tels sont encore Mamont, aux Plans sur Bex,
Maumont à Torny-le-Grand, à Valeyres-sous-Rances, Moraont,
pâturag^e d*Albeuve et ham. de Pont-la-Ville.
Malpas, localité près du Locle, le même que Maupas.
Mal val, ham. de Dardagny, Genève, Malval et Marval^ même
charte, 1286, et Malvauz, Marvauz, même charte, i3o4 ; mau-
vais val.
Mauborget, D. Grandson, Malborget, i4o3 ; ham. du Crêt,
Fribourg-, in malo Borgeto^ i5o2 ; quartier à Moudon ; de bor-
gety borgel, petit bourg. Maborzet, loc. Bramois, [Malborget,
1 38o, môme sens ; mauvais petit bourg.
Mauboux, forêt à Villars-Sainte-Groix ; mauvais bois.
Maucarroz ou Maucare, forêt sur Nyon ; de carroz^ carre-
four.
Maufay à Syens ; fay = de/ageturriy mauvais bois de hêtres.
Maupaccot à Essertes, Forel et le Mont ; mauv. terrain boueux.
Maupas, nombr. loc. ; mauvais pas, route à forte pente.
254 MAUPEREY — MANCHE
Mauperey, Chavannes sur Moudon et Bercher ; mauv. terrain
pierreux.
MaupraZy Maupré, Mopraz, Mapraz, Malpralj Maupra soz
GevrinSy 1261, M. R. XII, i35, 187 ; mauvais prés.
Maussan, Praz-Maussan, Villeneuve, Etoj ; pré mal sain.
Mauvemay, Lausanne, Malvernay, 1218, M. R. VI, 244r
Gland, Dizy ; mauvaise vernaie.
Mauvoîsin, vallée de Bagnes, passage périlleux ; autre, torrent
dangereux près Saint-Maurice, jadis Bonvoisin, par antiphrase,,
ainsi aux plans de 1722.
Malleray, ham. D. Moutier, Berne (aussi Mailleray), Malereiej.
Il 48, Mallereia, 11 79, Maire, 1268, i3i7, Malrey^ i3oo (Tr.) ;
d'après Gatschet, du bas latin malgeria, pAturage, dérivé de ma^'
lea, troupeau. Cette étjmologie nous paraît discutable ; nous l'ad-
mettons pour Meillerie, Meilleret (voir ce mot), et autres localités
où le nom renferme le II mouillé. Nous dérivons plutôt Malereie
de mala, mauvaise, et raie y sillon, terre labourée, localité aux
champs de peu de valeur.
Malley, ham. à Lausanne, en Mallet à Dizy, 1877, Maley,
ham. de Saint-Biaise, Neuchâtel, le Malin, 1692, Ëtrennes neuch.,
II, 56 ; peut-être de maletnm, pommeraie ; « malum est devenu
melum dans le latin vulgaire sous l'influence du grec melon, >►
nous écrit M. Bonnard. Mais n'est-il pas possible que quelques
localités aient conservé la forme primitive ?
Mallieu, loc. à Pully, loco dicto de Pallin alias Malliouz, Mel^
Houx, 1877, ^- ï^- ^^ î peut-être malum locum, mauvais lieu.
Les Malvendes, vignoble près de Genève ; d'après Spon, du
n. pr. Malvenda, noble famille genevoise d'origine espagnole,
dont il cite deux épitaphes à Saint-Pierre, de i499 et i5o5.
La Manche, vallon latéral de la Sarine à Rougemont ; d'après
Gatschet, de mansus ; étymologie inadmissible, d'abord mansus
est masc, puis il s'est réduit à massus déjà au xiii® s. et dans les
mots modernes le n a partout disparu. C'est tout simplement le
n, commun manche, s. f., du latin manica, pris au figuré pour
MANDOLAIRE — MANLOUD 255
désigner des vallons étroits, comme en géographie des bras de mer ;
la Manche, partie supérieure de la vallée de Morzine, Haute-
Savoie, et la Pouete (laide) Manche, govgt étroite au Val-de-Ruz,
Neuchâtel, ont la même origine et ne sauraient dériver de mansus.
Mandolaii*e-ire, voir Amandoleys.
Mandoux, ham. de Bottens, D. Ëchallens, Mondo, 1286, Cart.
Month., M. R. XII.
Mandalon, alpe d'Hérémence, chalets dans une dépression dou-
cement arrondie ; peut-être par fig'ure un diminutif de mande, bas
latin manda, anglo-saxon mand, fr. manne, corbeille, berceau.
On trouve la même figure dans le Berceau, m. à Château-d'Œx.
Les Mandreys, pâturage à chèvres sur Corbeyrier, D. Aigle ;
de mandra, v. fr. mandre, s. f., étable, enceinte de mur sec,
Bridel ; mandra en romanche = étable, troupeau : alp Mandra,
Mandra d*Aguost (d*août), Tun et l'autre dérivés sans doute du
celtique mendo, chevreau. Mandrolalre à Arnex-Orbe, dim.
Manens, Mannens ou Magnens, mas^ ci-devant fief à Villars-
le-Terroir, D. Ëchallens, Mauinens (ou Mannens?), 1199, Cart.
Month. ; Mannens, D. Broie, Fribourg, Mannens, 1228, Cart.
Laus., M. R. VI, Manens, Magnens, i5o4 = chez les descen-
dants de MannOy n. pr. germain, de Mann, Thomme. Il y a trois
Manno ou Magno latinisés Magnus, abbés de Haut-Crêt de i i4o-
1 180. L'étymologie de mansus, ferme, du P. Deliion, Dict. hist.
des paroisses Frib. n'est pas soutenable. Dans M. R. V, i65, il
est parlé d'une vigne de Manens près d'Eysins ou de Nyon, i263.
Manfounettes, voir Mansonnes.
Mangepan, ruine de château près Môrel, D. Rarogne, Valais :
platea directi castri cui vulgariter dicitur Mancapan, i355, M.
R. XXXIII, i4i. Cette forme paraît indiquer une parenté avec
manquer et pain, une allusion difficile à expliquer en l'absence de
documents.
Manloud, ham. sur Lausanne, Monlo, Monlost et Monloz,
1475, Comptes de la ville de Lausanne, M. R. XXVIII, p. 268,
826, 827. Serait-ce Mont (de) VOst, de l'armée? voir Loup.
Aux Mannes, champs à Sainte-Croix ; peut-être manne, s. f.^
256 MANNES — MARGHAIRU
corbeille, par ûg. pour loc. dans une dépression, comme le Ber-
ceau à Chàteau-d'Œx.
Mannesivaz, ham. de Servion, D. Oron ; de mannesivay nom
patois des Viornes, viorne mancienne et viorne obier, dans le dis-
trict fribourgeois de la Veveyse, et sans doute dans la contrée voi-
sine d*Oron.
Manschetgraben, vallon à Louèche-Bains ; forme légèrement
germanisée de manchette, dim. de manche, au sens de vallon ;
voir Manche.
Les Mansonnes, loc. à Ollon ; la Mansonnette, alpage près
d'Ensex, alpes d'Ollon ; du nom de famille Manson : un « Hu-
gues ManssoUy ancien Sindique » d'Aigle, acte de 1698 ; les
Manfonnes, forêt à Vionnaz, Valais, et es Manfounettes, loc. à
Leysin, même nom avec permutation s-f^ fréquente dans ces loca-
lités ; Proraançon, prés à Fullj, pour Proz-Manson, et Manson -
naz à Vétroz, ont la même origine : un Aymon Manczon ou Mac-
zon d'Ayent est nommé dans plusieurs actes de 1 269-1 288.
Maracon, D. Oron, Mont warascoriy 1 236, Mont Warascum,
1255, Wûrstbg., 198, M. R. VI, 242, Morascon, 1287, i425,
Monracot, 1290, Montracot, 1292, Gart. Haut-Crôt, M. R. XII,
p. 124, 296, Marascon, i4o2, i453, de Mont et d'un n. pr. ger-
main, le même que celui qui a donné en 1026 le nom d'un comté,
Comitatu Warasco, comté des Varasques, M. R. XXIX, 58.
Maragnin ou Maragnenaz, ham. près Sion y Afaranina, 1221,
M. R. XXIX, MaragninUy 1227, Malagnina vers i25o ; Mere-
niaux, loc. à Rossenges, D. Moudon ; « peut-être de la famille de
l'ancien fr. mai rien y bois de construction, du latin mater iamen,»
(Bonnard.)
Maraiche, Marachat, voir plus loin à Mare.
Marans, champs à Nyon ; voir Marin.
Marchairu, croupe et passage du Jura vaudois, D. Aubonne,
que le Dictionnaire de Lutz, — est-ce par plaisanterie ? — ex-
plique par « marché rude», Marchirioux en i346. Vient sans
doute de marche, frontière. Une donation de 1208 de Berthold de
Zâhringen aux seigneurs d'Aubonne dans le Jura comprend toutes
MARCHE — MARC Y 257
les montagnes « depuis le Mont Marchia au Mont Salla^ » etc.
M. R. XXVI, 109. Ce mont Marchia paratt bien être le mont
Marchairu ; « il faudrait pour cela supposer un adjectif marchier
sig'nifiant qui forme la frontière » (lionnard). Une localité Mar-
ehéré à Jussy, frontière française, pourrait avoir la même
racine.
Marche, nom assez fréquent ; dérivé de lanc. h. ail. marcha^
frontière. De là viennent
La Marche, 2 pâturages, Ormont-dessus, frontière de Berne.
Chapelle des Marches près Broc, limite de la Gruyère.
Creux des Marches à Chavannes-de-Bogis, frontière française.
Ruisseau des Marches, limite d'Ormont-dessous et dessus.
Luys de Marche au Sanetsch, frontière de Valais et Berne.
Bois des Marches, Ormont-dessous, limite d'Ollon, etc.
Marche a aussi signifié forêt, terre commune, « tout terrain où
ne passent pas la charrue et la faux. y> (Secrétan, Essai sur la
féodalité.) Il désignait également au moyen âge un terrain neutre
choisi par deux juridictions voisinespoury juger leurs différends ;
Tévêque de Lausanne et les sires de Cossonay avaient leur marche
k Villars-Sainte-Croix, M. R. VII, 892.
Enfin Marche est encore une contraction de marèche, pré maré-
cageux, humide, en romanche mar^cA, pourri, fangeux ; dim.
Marchet ; de là viennent bon nombre de noms de localités non
situées sur une limite, tels sont des hameaux de Matran, Neyruz,
Avry-devant-Pont, Fribourg et plus. loc. vaud. ; voir Maraiche.
Marcliissy, D. Aubonne, Marchisie, i235, M. R. V, 829,
Marchissie, 1261, Marchissier, 1801, M. G. XIV, 8ï, 298, etc. ;
de (praedium) Marchisiacuniy dérivé d'un nom gallo-romain
inconnu. Ch venant dans la règle d'un c latin suivi de a, Marchi-
siacum viendrait d'un nom comme * Marcasius qui pourrait dé-
river du celte niarca, cheval de bataille.
Marcy ou Marsy, loc. à Saint-Prex, ancien village ruiné ; villa
que nominatur Marciacus.., in villa Marciaco, 968, M. R. VI,
279, Alarsye, xiii® s. Le Cart. Laus., M. R. VI, 383, mentionne
4in autre Marci, environs de Granges, 1228, = (fundum) Mar^
M. D. SEC. SÉRIE, TOME VII il
258 MARE
ciacum, domaine d'un Marcius, g-entilice très fréquent dérivé du
prénom Marcus.
Mare, s. m., au Mare, loc. à Essertines-Echallens et Lullj-
Morges, les Mares, loc. à Corcelles, Neuch. ; Maroz, ham. sur
Gorbières ; au Maret à Ayent, les Marets, ham. à MontbovoD,
loc. à Port- Valais, diminutifs ; Marex à Lignerolles, Marez à
Penthéréaz, collectifs ; synonyme du v. fr. marc, s. m., marais,
dérivé, comme toute la famille marèche, marchois, etc., du latin
mare, mer, Mares dans les formes anciennes ; en Mares à Bulle,
1826, Arch. Fr. III, Mares à Mossel, 1268, M. R. XII, ol Mares
à Avenches, 1269, ol Mares à Vercorens, 1299, M. R. V et XXX.
C'est à cette racine marc, mare qu'il faut rattacher les localités,
— terrains marécageux, — le Mar à Roche, au Grand, au Petit
Mars ou Mas à Noville, Rennaz ; Proz de Mars à Saillon, Mars
à Ghamoson, et ham. d'Hérémence, sans doute le Mar, Marc y
Marchy Marhc souvent nommé au xiii^s., M. R. XXIX et XXX.
Mais il est essentiel de remarquer ici qu'il y a eu parfois une con-
fusion avec Mas, de mansus. G'est ainsi qu'en i33o le comte L. de
Neuchâtel, dans son testament dit : « mes mars de terre sissant
ou territoire do Vau de Rugt, ...demorant sur mes mars, » etc.,
6 fois mars pour mas (voir Matile). Il faut donc connaître le ter-
rain pour préciser dans certains cas auquel des deux il faut ratta-
cher le mot, l'orthographe ayant varié, ainsi les Prés de Mars à
Aigle (prés humides), campis de Mas et ou Mas, i425, au Mars
à Tartegnins (vignes), Pré dou Mas à Penthalaz, i494, du Marc,
i546 ; au Grand Mas ou Mars à Noville (marais).
La, les Maraiche,s, nombreuses localités et hameaux : Matran,
Neyruz, Avry. Ghâtel-Saint-Denis, Marèche,s, Albeuve, Verna-
miège ; Marlque à Savièse ; diminutifs Maréchet, Saint-Gierges,
Promasens, etc. , Maréchal, Y verdon, Maraîchat, Arnex-Orbe, Ma-
récot à Monthey, Marescot, i696,Marécottes à Salvan, Maret-
zon à Fully, Maraitzon à Gollonges, Maressettes à Grône. Puis
avec chute de la voyelle, Marchet à Forel-Moudon, Marchez à
Granges-Payerne, Marchettes à Semsales, Marchât à Thierrens,
en Marcel, flachères à Vouvry, Marcot à Salvan, et les doubles
MARÉCHAUCHÉE — MARENS 259
diminutifs Marcolet à f^cublens et Marcheulin, vallécule maré-
cageuse entre les deux sommets d'Ayerne à Champéry ; du v. fr.
marchais et mareschey dans les chartes mareschia, pré maréca-
geux, du bas latin mariscuSy dérivé comme le v. h. ail. marachy
marais, du latin mare y mer. Ajoutons aux formes ci-dessus :
10 les formes germanisées Maressen, Martschen, Meretschen,
Meretschy du district de Louèche ; 2° la rue du Marché à Ge-
nève, vico de Marchez, 1260, 1267, porta de Marchez, 1270,
M. G. XIV, 5o, 96, ii5 ; rue de Marche, i45o, orthographes qui
montrent qu'il s'agit là, non d'un marché, mais d'un ancien
marchais ou terrain marécageux, alors à peu près au niveau du
lac.
Maréchauchée, loc. à Bottens, D. Ëchallens. On penserait
d'abord que c'était une terre appartenant à l'office de la maré-
chaussée, — mareschauci, i3i4, à Romainmôtier, — qui avait
des droits étendus, percevait des redevances de blé et autres. Tou-
tefois ce nom ressemble bien au v. fr. mareschauchaille et ma-
rescauchie, marais et au nom de Chauchet-maraîs au Cerneux-
Péquignot, Neuch. Ce serait alors un Maret-Chauchey, terrain
marécageux, foulé, parcouru par les troupeaux ; voir Ghauchej.
A la Maregliere, champs à Muraz de Golombey, Valais ; pro-
priété du marreglier, v. fr. = marguiller, ou terre attachée à
cet office ; de même sans doute en Mareillay, prés à Aigle. Il y
avait des Mariglier bourgeois d'Aigle en \l\v^,
Marenda, Sex de — , sommet, vallée d'Anniviers ; de maren-
doriy repas du milieu de l'après-midi = rocher du Goûter, d'après
la position du soleil à cette heure pour ceux qui l'ont nommé,
comme le Dôme du Goûter pour les gens de Chamounix. Es Ma-
rendines à Valeyres-sous-Rances pourrait être par contre la pro-
priété d'un Marendin.
Y Marennes, prés et vignes à Ayent, Valais ; en Marenaz à
Bex, es Mérenaz à Gryon, autre sur Alesses, Valais, MeronaXy
atlas Siegfried ; peut-être du v. fr. marene, s. f., sorte de cerise
aigre.
Marens, loc. à Nyon ; voir Marin.
260 MARERION — MARIOTTY
MarerioD, loc. à Gonthey ; de mare, s. m., marais, et riond^
rond.
Maressen, quatre loc. à Varone, Louèche- Ville et Bains ; le
même que Marèche.
Ces mots rappellent le temps où tout ce district parlait français, jus-
qu'à la fin du xvi^ s. La plupart des lieux-dits y sont encore français
sous une forme légèrement germanisée : Gfbntor, Kreta, Glotscheten, Pa-
leten, Plantscheten, Tschenifieri, Preisen, Schampitro, etc.
Margocin, m. à Ghavannes-de-Bogis, D. Nyon ; du celte
marga, v. fr. marie, latin margila, avec le double suffixe osse-
in : le terrain y est très marneux, comme au ham. voisin de Pa-
coty.
Marguet, chalets aux Voëttes, Ormont-dessous, entre deux
ruisseaux : du patois marguet, pré marécageux au bord de Teau ;
les Marguiers, loc. au pâturage de Seron, Pays-d*Enhaut ; pro-
bablement les deux du celte marga, marne, terrain humide.
Margy, ham. de Vuadens, Fribourg ; pourrait peut-être se rat-
tacher également à la même racine.
Les Mariages, prés marais à Vionnaz ; de mare, s. m., et suflF.
coll. âge, équivalent du fr. marécage.
iMarin, G. de Neuchâtel, Marens, ii63, 1191, Marens, 1208,
M. F. IV, 102, Marins, 1220, 1249, Mareins, 1220, Marens,
1195, 1220, 1247, 1280 (Matile). D'après de Meuron et Junod, re-
produits par Studer, de mala arena, mauvais sable. Mais le suf-
fixe ens indique la dérivation d'un n. d'homme d'origine germa-
nique = chez les descendants de Alaro, n. pr. germain. En Ma-
rens (ou Marans), loc. à Nyon, même sens, ainsi que Marin près
Thonon, Marins, 1191, que Forel, Répertoire M. R. XIX, rap-
porte à Mariniacum. G'est une erreur de Forel : Mariniacum,
5 16, du gentilice Marinius ou du cognomen Marinas = Mari-
gny ou Marignier près Bonneville ou quelque autre loc. du même
nom.
Mariotty, ham. aux m. éparses, val Champey, Valais ; un ter-
rain un peu marécageux ; de * mariot, dim. de mare, suff. patois
iot, petit marais, et collectif valaisan y = ey ; ensemble de petits
MARIVUE — MARNEX 261
marais. Le patois intercale souvent un i : bretschio, de bretsche,
bétion, gàtion, etc.
Marîvue, ruisseau d'Albeuve, Grujère ; du celte //lar, marOy
grand, et ivuey eau = grande eau.
Marly, ail. Mertenlach, D. Sarine, Frib. ; in Marlenst\ io55,
Marlieiy ii34, ii48, 1181, M. Fr. I, 271, Marllie, 1228, M. R.
VI, 24, Afallie, i25i, Wûrstbg., i5o, Marlie, 1240, i45o, Mar^
lieZj 1453, Marly e, 1476, Maillié, ^479, Dellion ; Mertelach,
1449» Arch. Fr. V. D'après Gatschet, c d'un bas latin maretil-
lu m, dérivé de moor, modifié en mar dans les langues romanes. ^
Mais les suffixes de toutes les formes anciennes montrent un nom
d'origine gallo-romaine ; c'est un (fundum) Martiliacum, pro-
priété d'un Martilius, gentilice romain. De Vit, IV, 879.
Les Marmontains, petite chaîne rocheuse au fond du val Fer-
ret ; de marmontain, un des anciens noms fr. de la marmotte,
du latin murem montanuniy rat de montagne.
(La) Marmotea(z) ou Marmotera, Cart. Oujon, M. R. XII,
ancien nom du domaine du Genêt, près Bursinel ; de marmotaie
ou marmotière, lieu habité par des marmotes (un t en v. fr.) ou
des taissons ; es Marmottes à Montagny-Yverdon, Marmottez
(et), forêt à Château-d'Œx, au Mormotey, alpes de Semsales, es
Maniiotays(ottej), alpes de Vouvry ; môme origine.
Marnand, D. de Pajerne, aussi Mamens d'après Lutz et Hi-
sely ; Marnanty iil^2 et 1226, M. R. XII et VI, 882. Si l'ortho-
graphe ens était prouvée par les documents, ce serait un nom
d'origine germanique, chez les descendants de Mari no, Fôrstm.,
p. 909, a la forme latinisée Marinus, dérivée de MarOy racine ono-
mastique mar.
Mamèche, deux alpes d'Ormont-dessus, sous Isenau et sous
Culan ; de marne, v. fr. marie, dérivé de margila, d'un mot gau-
lois marga, admis en latin dès Pline.
Mamex, ham. près Commugny, D. Nyon ; peut-être un (fun-
dum) Maternacum, du cognomen MaternuSy comme Mornex de
Modernacum ; propriété d'un Matemus. Quant à Marnex, pAtu-
262 MARQUES — MARTBRAY
rage d^Ormont-dessus, il serait plutôt à rattacher à marne comme
Marnèche.
Marques, vignoble à Martignj, au bord des rochers qui domi-
nent la Dranse, et Marquet, loc. à Vétroz ; peut-être autre forme
de Marche.
Marsens, ail. Marsing^ D. Gruyère, Frib., Marsingus^ 855,
M. R. VI, 202, Marsans, 1187, Hidber, I, 534, Marsens, 1180,
Marsins, 1 22^ y Marcens, 1162, 1177, i453 ; 2® tour près Gully,
MarsenSy 1166, i366, Marceins, i435 ; 3® village disparu près de
Gland, D. Nyon, Marcins, ii45, 1164, 1197» M. G. IV, 78, 85,
écrit aussi Marsins, Marsin ou Massin ; iMarsin, loc. à Perly, Ge-
nève = chez les descendants de Marso, n. pr. germain.
MarsilloD, ham. de Troinex, Genève ; de MarciliOy dérivé en
£0, ionis du gentilice Marcilius, donné par Jubainville, p. 128,
comme Gaillo, aujourd'hui Gaillon, de Gallius ; Allio, Aillon, de
AUius ; Tullio, Touillon, de Tullius ; Pontio, Poinson et Ponson,
de Pontius ; Marcio, Marson, de Marcius ou Martius, etc.
Martalley, champs à Rennaz, D. Aigle ; probablement collec-
tif dérivé de maretel, diminutif du v. fr. marety marais, petit
terrain marécageux, comme le Marteau, pré à Vionnaz, contrac-
tion de maretel.
Martel, Ponts de —, aussi Martil aux xvi^ et xvii« s., M. N.
XXIII, 2o4 ; de martel, nom générique des marais tourbeux du
Jura neuchàtelois. Rien de commun avec Charles Martel ; dérivé
de mare, s. m., marais, et double suffixe diminutif maret, mare-
tel ; de même au Martel, marais à Vionnaz, es Martelets, prés
à Vouvry ; quant à Pré Martel, plaine à Bex, peut-être même
sens, ou n. pr. Pré de Martel.
Martenet, m. à La Roche, Frib., le même que Martinet,
nombr. loc. ; du patois martenet, forge, clouterie.
Martenolt, ham. du Val dllliez. Valais, Martinuel, 1267,
Marti nue in parrochie de Yilies, 1281, Murtinel, 1288 (lire Mar-
tine!), M. R. XXX ; peut-être syn. du précédent.
Marteray, nom fréquent de localités : Martheray, château à
Begnins, faubourg à Lausanne, Marterei, 12 17, en Marterai,
MARTHERENGES — MARTIGNY' 263
1287, Marterey, 1278, M. R. VI, ham. de Féchj, loc. à Che-
seaux, à Vevey, Marierai^ 1220, Mariherely i525 ; maison à
Bouloz, Frib. ; Martherey à Vuarmarens et Romanel-Morges ;
Marterey à Duilier, à Pampi^nj, 1628, à AUaman, i43o ; Mar-
teret, ham. de Prez, Frib., les Marterets, ham. de Belfaux ;
Maptepé(ez), loc. à Nierlet, Frib., Martray à Jussj, Genève,
nombreux tombeaux ; Marlorey à Ollon, Sépej, Fullj, Dorenaz ;
Martopet, loc. à Tentrée dç Monthey, Martorey^ 1696. Marto-
lel, cour avec tombeaux à labbaje de Saint-Maurice^ le Marté-
lay, m. à Saint-Gingt)lph, Marteley, loc. à Vufflens-la- Ville,
Martelley à Fey, Martelet, colline à l'entrée de Leysin ; la Mar-
iera Pippa à Grimentz, un ancien autel druidique entouré de
nombreuses pierres à écuelles ; noms dérivés du v. fr. martroi^
bas latin martoretum, martreium, place où Ton torture, lieu de
supplice. Quelques-unes de ces nombreuses localités désignent in-
contestablement le lieu de supplice, du g'ibet ; d'autres des endroits
où il y a eu des corps de suppliciés ou de martyrs, par exemple le
Martolet de Tabbaye de Saint-Maurice. Pour d'autres, comme le
Martelety la Croix du Martelet à Leysin, ils désignent simple-
ment l'emplacement d'anciens calvaires^ rappelant le martyre de
Jésus-Christ. Nous croyons en trouver la preuve dans un texte
rapporté par M. de Montet (Histoire de Vevey), le Marierai de
Vevey, Marterei, 1229, M. R. VI, 869, est désigné dans un acte :
« Martherel alias en Crousa ». Or Crousa ou Crusa est appelé
ailleurs in Crace, à la Croix, soit au Calvaire.
Maptherenges, D. Moudon = villa, curtis Martherenga^
ferme des descendants de Marthari, n. pr. germain.
Maptîgny, Valais, ail. Martinach, Martiniacurriy 5 16, Martin
gniacum, 1168, 1200, I2i5, i25o, etc. Non point, comme le veut
Studer, qui malheureusement pour lui ne copie pas ici Gatschet,
de martinet, marteau de forge*, maïs de Martiniacum {/un-
^ Hilairc Gay le dérive également de martinet et en donne pour preuve que
les sires de Martigny avaient pour armes « de ^eules au lion d*or, tenant un
marteau d'arp^ent. » Ce sont des armes parlantes qui ne prouvent rien pour
rori^ine du nom, pas plus que la roue de Riaz et le paon de Faou|^.
264 MARTINES — MASSONGEX
dum), domaine d'un Martinius, gentilice romain, rare, mais dont
Jubainville cite 4 exemples dans les inscriptions ; généralement
Octodurum jusqu'à la fin du xii® s. Le Martiniacum isolé de 5i6
se trouve dans un document douteux ; voir Conthej.
Les Martines, ham. du Mont sur Lausanne et de Château-
d*Œx ; du n. pr. Martin.
En Martînat (ou Martenat), marais à Golombej ; probablement
dim. de maret : maretin, martin-et.
Martinet, alpe et glacier sur Bex, Martinae, io43, M. R.
xvin.
Mapze, vignes à Gonthey ; probablement forme valaisanne {j-z)
pour margCy bord.
Mase, voir Mage.
En Masire, loc. à Essertines, D. Echallens ; voir Mézières.
Masot, voir Mazel.
Massa, rivière, affluent du glacier d'Aletsch, Haut Valais,
Massona, i235, i255, 1297 ; du celtique mass, beau (Holder, II,
454) et onUy source, rivière = belle rivière, nom fort bien trouvé
pour ce puissant torrent du plus grand glacier des Alpes.
Massillon, ham. sur Monthey, MaxilUon, cadastre de 169G,
Max il Ion y 1819 ; dim. de mas.
Massongex, D. Saint-Maurice, Valais, Massungiacum, 1178,
1235, Massunge, 1226, Massongie, 1260, Massungiez, i3i6,
Massungie, 1290, i3t^2,Massugier, iSt^^y Massongiez, plhn vers
1720 = (praedium) Massoniacum, domaine de Massonius, gen-
tilice romain. De Vit, IV, 391. Justement une inscription de Saint-
Maurice, tout à côté (Orelli, 21 3), nous fait connaître une Masso-
nia. Quant à 1 etymologie de Gatschet qui rapporte à Massongex
le Maxiniaciim d*une charte de 1062, Gart. de Sion, en le tirant
de macinata, moulin, elle n'est pas défendable ; i® iacum s'ajoute
à des noms d'homme ; 2® Maxiniacum donnerait Machigny. Hid-
ber de son côté, ï, 270, 276, y rapporte un Maximiacum, 993-
996, villa Maximiaca, 996-1017, Arch. de Saint-Maurice, dans
le comté de Genève, Nous y verrions plutôt Meximieux, dép, de
MASSONNENS — MATZE 265
TAin. £n tout cas Maximiacum ne saurait donner Massong'ex ;
d ailleurs Massongcex n'a jamais fait partie du Genevois.
MassoDnens, D. Glane, Fribourg-, in Mansoningis d'après
Gh. 'b/lovel^ Massenens, ii77,M. R. XII, 3i, et 1226, MassunenSy
i34A> Massonens, 1471 ; « provient certainement de mansum, »
ferme, dit le P. Del lion. Mais les suffixes ens, ingis indiquent
encore plus certainement une autre origine = chez les descen-
dants d'un Germain au nom de la famille de Alanso, racine
Mand, dans Fôrstmann.
MategniD, ham. de Meyrin, Genève, Matigniaco (1 fois) et
Matignins (7 fois) dans la môme charte, 1269, M. G. XIV, 107,
MatigninSy i344> M. G. IX, 235 = chez les descendants de Mat-
ten, dérivé de Alafto, n. pr. germain. Fôrstm., 917. Ce nom oflFre
un intérêt particulier parce qu'on y surprend la tendance des no-
taires à traduire par le suffixe gallo-romain iacum les noms d'o-
rigine germanique.
Matélon ou Mattelon, carte Rovéréa et atlas Siegfried, chalets
sur le Sépej, Mastalon, i23i, M. R. XXIX, 294 ; autre: colline,
alpes de Bex. L'orthographe avec un t reproduit mieux l'ancienne
que celle que Siegfried a adoptée et qui est absolument fautive.
N'a certainement rien de commun avec Tall. matt, prairie, qui
n'a pas passé dans notre langue.
Mathod, D. Yverdon, Mastod, i il^i, Masiout, i235, M. R. VI,
MathoZy i382, M. R. XIV, Mathod &i Mastou, it^o3, Mat houx,
i52i, etc. ; les Alascot, i344> et Mascout, i345, loc. près Saint-
Christophe (Champvent) dans Matile sont sans doute une fausse
lecture. Origine inconnue.
Matran, D. Sarine, Frib., MartrenSy ii32, ii48, M. F. II, 16,
220, Matrans, ii48, M. F. I, 376, Martrans, 1178, 1182, 1228,
Matrans avant 1246, Marirant, i339, R. dipl. III, 16, Matrant,
1453, Martrandy 1471- Nom exclu par M. Stadelmann des noms
en ens. En tout cas la prononciation eins, — si elle a existé, — a
disparu de bonne heure, nous trouvons la finale ans dès 11 48.
Origine douteuse.
La Matze, forêt à Vex et à Salvan ; les Matzes, forêt à Colom-
266 MAU — MAURAZ
bey ; la Maze(ts) à Savièse ; la Jeux-Matze à Vionnaz ; sjn. de
mazzCy ital. et romanche mazza, massue, mot désig'nant des fo-
rêts de hêtres exploitées en têtards ; ces vieux troncs sont sem-
blables à des massues. Ce mot a été employé dans le Jura : un
acte de 11949 Hidber, II, 426, Matile, I, 34i parle d'une forêt près
Vauxmarcus, nommée Matza S Hua, forêt des matzes. On sait le
rôle historique joué au xv^ s. en Valais par une mazze ou massue.
Une massue de bouleau, taillée en forme de tête humaine, symbo-
lisait le peuple opprimé ; on la portait de lieu en lieu et sur la
place publique on l'interrogeait : 4( Mazze, pourquoi souffres-tu ?
Parle, nomme-nous l'homme que tu crains ? Est-ce Silinen? est-ce
Asperling- ? est-ce Heungarten ? Sont-ce les Rarogne ?» A ce nom
la mazze s'inclinait. Alors chacun des partisans des opprimés
plantait un clou dans la massue en signe d'adhésion. Telle fut
l'origine de la guerre contre la puissante famille des Rarogne,
i4i4-i420.
Mau, préfixe, voir Mal.
Maudens, ham. de Ghâtel-Saint-Denis, Moadens, 1809, 1867,
MaudenSf 1668 = chez les descendants de Maldo, n. pr. germain.
Maudran, Praz — , loc. à Ollon et à Bex. D'après M. Isabel (in
litt.), de maudrè, moudre, à cause du voisinage des moulins qui
s'y trouvaient dans les siècles antérieurs, donc = pré du moulin.
La Mauguettaz, grand hameau d'Yvonand, D. Yverdon, la
Mourgetta, i4o3, M. R. XIV, la Mouffette, i583, la Mongue^
taz, i538 ; autre, chalet à Blonay ; es Mauguettes, loc. à Rovray.
La forme de i4o8 rattache ce mot à mourget, tas de pierres, lieu
pierreux ; voir Murgier.
Maules, D. Gruyère, Maulés dans Kuenlin ; Maulaz, ham. de
Romont ; La Maulaz ou Maoulaz, m. à La Roche et à Neyrigue.
Le premier. Moins superiores, 965, Molis, 1 145, M. F. II, Moles,
1179, Hidber, II, et 1274 ; du latin molas, meules, moulins.
Mauraz, D. Cossonay, Moraz, 1824» M. R. I, 2® s., p. ao5.
Peut-être une (villa) Maura, du cognomen Maurus, la seule
forme ancienne que nous possédons, relativement moderne, n'est
pas suffisante pour décider.
MAUREMONT — MAYA 267
Mauremont, Maurmont ou 31ormoDt, colline calcaire près
Eclépens, Mauromonte en i8i4f M. R. VI, 240 (Mormunt, titre
de la charte, postérieure), soit longtemps avant les premières in-
vasions des Maures, nom dont on a voulu le dériver, Mormont,
i344- D'après Gatschet, du v. h. ail. muor, moor, marais, ce qui
conviendrait à la position de la colline isolée dans les marais de
rOrbe. Mais ce mot allemand ne saurait s'appliquer à trois autres
loc, Mauremont ou Mormon t, tertre à Pizj, Mormont à Cour-
chavon, MorimonI, crét boisé à Charmoille, les deux D. Porren-
truy. Le texte même du Cartulaire indique la véritable étymologie
que Gatschet n'a pas aperçue. Dans la charte de 81 4, Louis le
Débonnaire donne à TEglise de Lausanne la « villa que dicitur
Sciepedingus cum ruboria que vocatur Mauromonte ; » le village
dit f^clépens, avec la roncière dite le Mauremont. C'est donc le
mont des mûres de ronces, latin rubus, dont le fruit est appelé
morum^ mûron. Les noms des trois autres localités, ainsi que en
Mauron, loc. à Vaulion, ont la même origine.
Maya, Maye, etc. Le bas latin mea, maia, dérivé du latin
meta, v. fr. moiCy meule de foin, patois mata, mota, est souvent
employé. D'abord pour désigner d'assez nombreux sommets des
Alpes et du Jura : la Maya, val Ferret et val d'Hérens, sur Saint-
Martin ; la Maye de BricoUa, val d'Hérens ; les deux Maja, 3o4i
et 3o47 m., val d'Arolla ; la Maye d'Arbignon, rochers près
Mordes ; la Mayaz, sommet au N. de Sainte-Croix, Jura ; la
May, sommet sur Saint-Ursanne (qu'il faut sans doute écrire
Maye), ainsi appelés à cause de leur ressemblance plus ou moins
grande avec une meule. Puis des localités où s'élèvent habituelle-
ment les meules, en Valais : les Mayes à Vionnaz, Maye ou
Mayez, ham. de Savièse, Mayaz, ham. de Saint-Léonard, k la
Maya à C balais ; Meya, chalets à Zinal, Meyaz, prés à Marti-
gny ; les Moïes sur Ayer, Anniviers, pratum de la Meyta, i3io,
Moaye, alpe d'Orsières, Moayes, mayens sur Bruson de Bagnes ;
en la Meyaz à Leysin ; la Meyettaz, pâturage k Châtel-Saint-De-
nis, diminutif. Eraayes, loc. à Monthey = es Mayes. Es Moyes-
ses à Mur en Vully, de moïe et suff. adjectif esses. Le mot latin
t
268 MAYEN — MAZEL
meta a passé aussi dans rallemand, comme le prouvent Alett et
Z'meiden, vallée de Tourtemag-ne = zu den Meiden, Vers les
Meules ; et en romanche où Ton appelle maida les g'randes
meules qu'on fait dans les hauts pâturages ; de là aussi les Meidje
du Dauphiné et, au Tessin, les nombreux noms de sommets Me-
done, Madone, sufF. aug'm. one pour désig-ner des montagnes de
forme conique.
Mayen, ham. de Vionnaz, D. Monthey, Valais, Maen, i4o2,
M. R., 2^ s., II, 124, Mahen, 1728 ; sommet, alpes d'Aigle ; les
Mayens, pâturage à Ghâtel-Saint-Denis ; nom commun de tous
les alpages inférieurs en Valais, Maeyng (de Sion) i3o6 : « do«
munculas que vulgariter maeyns nuncupantur, i3o4, M. R.
XXXI; Majing-eAp et -horn à Louèche, le môme mot mayen ger-
manisé ; de mai parce qu'on y monte au mois de mai. « Olivier de
Serres, fin du xvi« s., donne un exemple où maïen signifie foin
qu'on fauche en mai. > Note de M. Bonnard.
Es Mayenchos, loc. à Ollon ; forme féminine du précédent.
Mayenzet ou Mayontzet, village de mayens sur Montagnier de
Bagnes; 2 pâturages sur Hérémence, Mayench^ i25o, et sur
Useigne, Hérens ; autres sur Ghable de Bagnes, la Douay d'Or-
sières et à Gonthey, Manschet à Louèche et Louèche-Bains, nom
germanisé de Mayenchet, 1862, 1527, Mainchet, i38o, Man^
chety i4o3-i425, les Maenchez à Vez, i255 ; dim. de mayen.
Mayeux ou Mayoux, ham. val d'Anniviers et loc. à Colombey,
Valais ; probablement dérivé de maya =• mole, meule de foin ;
voir plus haut Maya.
Mayoresse, vignes à Grand vaux ; propr. d'un mayor.
Mazel, quartier du Vieux Mazel à Vevey, Macello veteriy
i348, M. R. VII ; loc. à Vallorbe ; de macellum, boucherie, v. fr.
masely maiseL
Le Mazel ou Mazel, pâturage de l'Abbaye, D. Joux, Mazé^
chalets sur Troistorrents, Valais ; v. fr. masely dim. de maSy mes
ou maixy du latin mansum; les Mazots, ham. au Col de la
Croix, Ormonts ; même origine, mazot est le nom commun des
MÂZÉRIAZ — MËITREILAZ 269
petits chalets ou fenils des Alpes vaudoises ; mas et suffixe dim.
ot (mazet en Provence).
Mazériaz, va 11. de Bag-nes, Mazerettaz, voir Mézières,
Mèbro, ruisseau près Lausanne, Aleybry, i357, M, R. VII,
167.
Medetta, ham. de Salvan, en la Meidetaz apud Sarvan, 1782.
Medîère, grand villag-e de Bag'nes, sur la hauteur entre Chable
et Verbier ; peut-être du bas latin medietaria, qui est au milieu.
Meîlleret, sommet à Ormont-dessus, et loc. sur Muraz, Valais ;
Meliérel, ham. de Bercher ; Melleret, loc. à Ghône-Paquier ;
Méléret au Sépey, Ormonts et à Treyvaux ; Millerit à Bremblens ;
es ^lillerets ou Millîèrey à Golombey ; Millery à Ocourt, Jura
bernois ; es Mellières à Vouvry, la Mellère, m. à Pont, Veveyse ;
les Meillereltes, prés à Martig-ny-Bourg* ; la Mîllière à Ecublens,
Mêlerai^ 1278, et Rueyres-Tréfayes, G. Fribourg* ; Mélériaz à
Puidoux et à Montreux ; Melleries, ham. d*Hermenches, D. Mou-
don ; Mellierîn, ham. sur Lutry, Meillerine ou Méliérine,
mayens escarpés sur Fully. On peut ajouter Meillerie, Savoie,
Alelereie, ii54, Melereia, 1177, Afellerea, 1286, à Satigny un
Melerea, 1272, 1296. D'après Gatschet, du bas latin malfferia,
pâturage à moutons.
Meina, alpe et col vall. d'Hérens, Valais ; on écrit aussi la
Maigne (Lutz), ce qui montre l'origine, adj. v. fr. mairie^ de ma-
(jna (alpa), la grande alpe. Un autre pâturage de la Mcina,
Meïna, Meynaz, dans le vallon de Nendaz, Meyna, 1280, et la
Ménaz, alpe de Dorénaz, tirent peut-être leur nom d'une mine
qui jadis y aurait été exploitée.
Meinier ou Meynîep, G. Genève (prononcé Meini), Mainiacum
et Mainniacum, ii53, M. G. XIV, 9, Meyynier, i343, Mei-
y nier, i344, M. G. XVIII, et IX, Meini, 1817 ; de (fandam)
Maniacum, domaine d'un Manius^ gentilice romain (Holder, II,
407).
Meitreilaz ou Maytraylla, alpe d'Ormont-dessus, Meteyla,
1287, Gorthésy, op. cit., 149. Gette forme montre que l'r est
épenthétique et permet de ratttacher ce nom à l'idée de milieu.
270 MÉLEY — MENTUE
méteil de medietas par une forme medietalis ; cette alpe est au
milieu de la série de la Première à Isenau.
Méley, loc. à Gonthey, Goumœns, Forel-Moudon, Pâquier-
Frib. ; les Méleys à Aig'le, Mesleys, 17 18, Auboranges, Haute-
ville ; Mélay à Saint-Lég-ier ; Melley à Dorenaz, Suchy, Pomy,
Bussigny-Morges, Brenles, Ghabrey, Mêler , 1842 ; es Melleys
au Bouveret ; Merlet, anc. Mellet à La Tour, Mély ou Melly à
Bursios, agri del Mêler, xii® s., Melyr ou Mellyre à Lens, Va-
lais, Melleis, Mellier, Mellers, ancien nom de la colline de la
Bâtie à Genève ; du bas latin meletum, pommeraie ; en patois
mêlei -=. pommier sauvage, néflier, du latin mespilum^ mais le
néflier est très rare dans le pays et le pommier sauvage très com-
mun. En 1827, Pierre de Gruyère autorise l'usage dans sa forêt
de Bouleyres « exceptis quercibus, fagis et meleis. »
Mell de la Ni va (de la neige), sommet près Evolène ; proba-
blement de mell, provençal meilh, patois vaudois mé, du latin
milium, grain de millet, au fîg. pour sommet en tête arrondie.
MénièreSy D. Broyé, Frib., Minières dans Lutz, Maineres,
iil\2 (Mameres dans M. R. VI, faute de copiste ou de lecture),
Mennieres et MeinireSy 1228, M. R. VI, 17, 338, Meneriers,
môme charte, p. 334, Mennieres^ i34i, Matile. L'orthographe
Meneriers est à noter, car elle prouve que certaines formes où
Taccent paraît déplacé sont de simples fautes de copiste. D'après
la forme primitive de 11 42, du v. fr. mainey s. m., demeure, et
suffixe coll. ière =. réunion de demeures, village.
Menoge, affluent de la Venoge, Menobia, 5 16, Menopia, Me-
navia, xii^^ et xiii® s. ; origine incertaine. Sans doute celtique
comme tous les noms de nos rivières.
Menthon, château à Begnins, ancien château à Lausanne ; de
la famille savoisienne de Menthon, dont plusieurs membres ont
été baillis de Vaud.
Menlue, rivière du Jorat, Menfuye, 1280, Cart. Month., M. R.
XII, wadum ementuje, 1280, M. R. VI, 187, Menthoez, i586,
M. R. VII, aussi Menthuaz, Mantue ; origine inconnue.
MENZE — MERLINGES 271
Menze ou Miritze, ham. de Martigny-Gombe ; contraction de
mayentze^ forme fém. de mayen.
Merdasson, Merdesson, Merdenson, dim. Merdassonet,
Merdeschon, alpe de Mollens, Valais. Noms de nombreux tor-
rents aux eaux boueuses, de localités, de pâturag'es au sol fan-
g'eux. Le nom est ancien : un Merdasson^ ruisseau à Vevey, 1229,
un Merdasam à Pully, 1226, Mardascon à Boudry, i346. De la
môme famille, g-lacier et torrent de Merdéré, vallée d'Hère-
mence, Valais, et Merdisel, ham. et bois à Satigny. Cette déno-
mination était déjà employée, comme la racine, à l'époque ro-
maine. Holder cite un rivas Merdero,
Méribé, pâturage, vallée d'Hérémence, Valais, Miriber, 1278,
Miribel, 1277, i448, M. R., 1677, Furrer. Un autre Miribel
alpes de Lens, i449 »' Méribé, loc. à Chalais ; de mirer ^ regar-
der, et bely ou en patois nieri et bé ; pâturage d'où l'on a une
belle vue ; miribel et mirebeau s'emploient comme n. communs
dans le Jura pour désigner de beaux points de vue.
Mérieux, voir Miriau.
Les Mérils, ou Méris, pentes rapides au-dessus et au N. de
Ghâteau-d'Œx ; probablement aussi du môme verbe meri, regar-
der ; on y jouit d'une belle vue sur la vallée.
Les Merlas ou Merlaz, pâturages de Gruyère, la Merlaz, pâ-
turage au Ghasseron. Ge nom de Mer la se retrouve 4 fois dans
diverses vallées des Grisons et 2 fois à Saint-Gall. Palliopi (Dict.
romanche) dérive las merlas d'un mot celtique, meryl, marais.
Nos Merlas de Gruyère pourraient dériver de ce môme mot.
D'autre part, M. Isabel nous écrit que lé merlâ, s. f. pi., désigne
les fleurs de la renoncule des ruisseaux qui couvre souvent de
grands espaces dans les leux humides des Alpes. Ge nom patois,
qui se retrouve en Savoie, d'après le botaniste D"" Ghabert, vient
sans doute du môme mot celtique.
Merlinges, ham. de Mcinier, Genève, Merlingiumy i3o4,
Marlingie, i3i8, M. G. XIV et XVIII, 25, correspondant de
l'ail. Merligen (Berne) = chez les descendants de Marlo^ n. pr.
germain.
272 MERMETS — MEYRIEZ
Les Mermets, ham. de Bourrig-non, D. Porrentruy ; du n. pr.
Mermety petit, prénom fréquent autrefois.
Le Méruel, alpe de Bex ; probablement autre dérivé de meriy
regarder ; voir plus haut Méribé et Mérils.
Mervolier, D. Delémont, Berne, ail. Morswiler, Morswilre^
1184, Morswilr, i325 = villare, villag-e de Morso, n. pr. ger-
main. Fôrstm., 986.
Messayre, la Vy — à Ormont-dessus ; chemin conduisant à
Vers l'Eglise ; de messe, chemin suivi pour aller à la messe, mot
fourni par M. Isabel.
Métail, carte Dufour, Métal, Siegfried, ou Métall, alpe d*Hé-
rémence, Mectal, i456 ; le c peut être parasite comme dans Joc-
tens, voir Jouxtens ; peut-être alpe du milieu, de medietalis,
comme Meitreilaz aux Ormonts.
Meudon, ham. des Verrières, Neuch., entre celles-ci et les Ver-
rières de Joux. Probablement, comme le Meudon près Paris qui
vient, d'après le Dict. de Grégoire, de Metiosedum, nom d'origine
gauloise, comme Mediolanum (Milan), Mediomatricum, etc., du
gaulois mediOy milieu, et d'une autre racine indéterminée sedum,
donc localité au milieu entre deux autres.
Meure, En la — , loc. à Cartigny, Genève ; prob. de meures
patois, mûre de ronces.
Meuringue, métairie, montagne de Gormoret, Jura bernois,
propriété de Môrigen, près le lac de Bienne ; pour l'origine, voir
Morens.
Mex, 1° D. Gossonay, Mais, ii47» 54, Gart. Month., Mais,
1 177, May, 1371, 1887 ; 2® village près Saint-Maurice, Mez, i338,
Meys, 1842 ; 8<* les Mex sur le Sépey, D. Aigle, Mes, Mez, Metz,
1882 ; V. fr. mes, s. m., du bas latin mansum (mesure de terre
jugée nécessaire pour faire vivre un homme et sa famille), devenu
massnm déjà au xiii^ s., en 1282 : medietate albergi seu massi
sui, M. G. XIV, 4i6. De là un mas de terre, les Maix ou Meis
du Jura, les diminutifs Mazot, Mazel, voir ce mot.
Meyriez ou Meyrier, D. Lac, Frib. (prononcé Meyri), Meria--
cum, 1162, Mirie, 1226, Merrie, 1228, M. R. VI, 882, i4f Me^
METRIN — MéziàRES 273
ryty 1239, 1289, Afeiriacuniy laôô, Wûrslbg., 200, Afeyrie,
XV s. y ail. Merlachy « de Mitiriœumy connu comme nom de lieu
par les chartes des viiP et x* s. » (Stadelmann).
Meyrin, C. Genève, Mairin^ iiSa, Mairins, ii53, Mayrins^
laSo, MeyrinSy i3o5, i344, M. G. XIV et IX, Moyrens, i46a,
Galiffe, J. A. I, 4^3 = chez les descendants d*un Meyer ou Ma»
jor comme Meirinyen, Berne. Les MeyrinSy les granges de Mey-
rinsy étaient au xv« s. le nom des rives du Rhône à Genève entre
la Fusterie et Bel-Air ; rien que des granges dans le recensement
de 1470-
Mézel, Pont du Mézel ou Mézé à Aigle ; rue du Grand Mézel à
Genève ; quartier du Vieux Mazel à Vevej ; du latin macellum,
V. fr. maisel, patois mazéy mésel, boucherie.
Mézeriez, ham. près Salins, D. Sion, Valais, Miseriez iiii et
1807, Misyrie, i25o, Meisericy 1261, Miseris, 1260, Miserier,
i33o, etc. ; de {fundum) Miseriacaniy domaine d'un MiseriuSj
gentilice romain ; voir aussi Misery.
Mézepy, D. Lausanne, villa MasiriacOy 928, M. R. VI, Ma-
siriacum, 10 10, Warn. de Masiriei, 1180, M. R. V, Masirie^
1188, 1220, Maisiricy 1227, M. R. VI, 280, Maixiriez, xiiP s,,
MeysirieZy i357, etc., et un autre D. Yverdon, Mai série ^ 1224,
Maysiriez et Maisery, xiii« et xiv« s. ; de {fundum) Masiria-
curriy domaine d'un MasiriuSy autre forme du gentilice MaciriuSt
Holder, II, 867.
Mézîères, D. Oron, Vaud, MaiseriiSy ii5o, Maseres, 1161,
Maseriis, 1170, Masieres, 11 77, Maisieres^ 1180, M. R. VI, 116,
Masirie, 11 84, M. R. XII; Maceriis, 1186, Hidber, II (qui le
rapporte par erreur à Mézery), Messeretes^ 1228, M. R. VI, May*
seres, 1290, Mayseriis, 1292 ; un autre D. Glane, Frib., Masie*
reSy xii« s., Maiseres, 1228, Masseres, Maissiere^ 1261,
Wûrstbg., MexiereSy i453 ; du latin maceria (un Petrus de
Maceria, 1157, Furrer, III, 89); v. fr. maisièrcy muraille, puis
maison. De la même racine dérivent encore en Masire, loc. à
Epauteires, D. Echallens, nombreuses ruines romaines, et Mazé-
riaz, mayenSy vallée de Bagnes, Mazerettaz, loc. à Sion, diminutif.
M. D. SBC. SÉRIE, TOME VU 18
274 MIDDES — MIES
Middes, D. GlÂne, Frib., Mildes, 980, Hiâber, I, 220, qui le
rapporte avec doute à Moudon, Middes^ xii* s., Donat. Haut., et
laaS, F. B. II, Mides, 1211, i3oi, etc., MildeSy i244» 45, F. R.
II, Mydes vers i25o (M. R. VI, p. 260, Migdes) et i33i, M. R.
VII, io3, etc. En 766 Ayrvenus donne à Matulphus, chef du
chœur de Melve, Meldensis (un des cinq chœurs de la psalmodie
perpétuelle établie à Saint-Maurice) et à ses successeurs, soit aux
religieux de Saint-Maurice, une terre allodiale située à Tornj su-
périeur, aujourd'hui Torny-Pittet « in agro quorum vocabulum
est Taurniaco superiore » Hist. Mon. patr. chart. II, 2. En 960,
les religieux de Saint-Maurice concèdent des terres à Mildes, ib.,
p. 43. Déjà en 980 nous voyons apparaître ce nom de Mildes.
C'est évidemment le nom que reçut Talleu mentionné ci-dessus,
après qu'il fut devenu la propriété de Matulphus Meldensis,
Miécoupt, D. Porrentruy, ail. Mieschdorf, Miesdorf, Tr. III ;
Curtem mietiam, 866, que le Dict, géog. suisse d'Attinger rap-
porte par erreur à Gourtemaîche ; Miecurt, 11 36, Myecorthy
1176, Miecorthy 12 18, etc. ; de Mietiam cortem, ferme de
Mieto, n. pr. germain, que Fôrstm. donne pour l'année 792. En
II 29, un notaire, ne comprenant plus ce nom, a essayé de le
rendre en latin par Meticuria. L'étymologie d'Attinger, qui le
dérive de mies^ forme dialectale de mooSj marais, village maré-
cageux, est contredite par la forme primitive ; d'ailleurs court ne
s'ajoute qu'à des noms d'homme.
Miège, D. Sierre, Valais, ail. Miesen, Myeyoty 1200*, Mieio,
1226, Miejoy Miegioy 1228, Myeioy 1288, il/ye/o, 1280, Myaiat,
i38o*, Myegoy i4oo, Myejoz, i444» MiezoZj i554, i558, la
Miège, pâturage à Courtelary ; probablement formes diphtonguées
de l'adj. v. fr. mege, voir l'article suivant.
Mies ou Myes, D. Nyon ; Miex (pron. Mî), ham. de Vouvry,
Valais, Miez, xiii» s. ; My ou Mye, Son My (sommet de My) et
1 Comment concilier les règles de l'accent avec ces orthographes ? Il faut ad-
mette, ou que l'accent s'est dëplao^, chose peu probable, ou que les finales oty
ai étaient atones, comme ozy az, ezj et souvent y, ou encore que ce sont là de
simples fantaisies de copistes. Voir aussi Musot.
MIETTES — mLLON 275
Mie on Miel, dîmiDatif, alpes de Conthej ; es Myes, loc. à Lej-
tron ; Mayen dou Mié à Evolène ; les Myeyes oa Meyes, loc. à
Bramois ; de Tadj. v. fr. mi, mège, en romanche miez, milieu,
Piz Miez, qui est à la moitié, au milieu de. M j est à mi-hauteur
entre Conthej et Talpe ; Miet entre a parois de rochers ; Myes
entre Coppet et Versoix ; M iex entre Vouvry et Talpe ; Miège entre
Salgetsch et Sierre, localités plus anciennes et plus importantes.
Stnder dérive le Mies vaudois de mansus, ce qui est impossible,
mansus donnant mas, mais ou mex.
Es Miettes, loc. à Novalles, D. Grandson, dim. ; voir Tarticle
précédent.
Miéville, voir Miville.
Mgoux, chalets sur Montreux, Combe de — , NeuchÂtel, Corn*
bâte de Myezour, i^ii, Miez Jours, i354, 1372, Miejour, 1878,
Myejoux, 1880, au milieu de la joux, de la forêt.
Milandre, 2 fermes et anc. château, D. Porrentruj, Milande,
Mylande, Mylant, Melan dans les chartes du moyen Âge ; ori-
gine inconnue.
Milavy, m. à Saint-Légier^ route de La Tour, et à Avenches,
chemin de Domdidier ; I^Uvis pour Mivy, m« à Avry sur Matran ;
Mîvy, m. à Chardonne, route de Chexbres ; de vy, voie, route,
et mi, milieu = à mi-chemin.
Minière, loc, champs à Colombey, Collonge, Vionnaz, à Vé-
troz et à Granges, Valais, eys Millieres à Tourtemagne, i383, v.
fr. miliere, champs où Ton cultivait jadis le millet, de milium,
nom correspondant des Panissière du C. de Vaud.
Millon, Crète et Tète de — , arête et sommet sur Zinal, vall.
d'Anniviers ; paraît être le v. fr. million, débris, patois mellhon,
millon, que Bridel définit moellon, débris de mur, fragments de
pierre brisée : à cause de Taréte et du sommet faits de blocs entas-
sés. Pour M. Bonnard (in litt.), le mot patois n*est pas le même
que moellon dont Torigine est inconnue. Pour nous, mellhon est
dérivé de mell, meilh, grain de mil, latin milium, auquel appar-
tient le verbe patois emellua, réduire en menus fragments (que
276 MILLY — MISEREZ
Bridel dérive par erreur de mille), mellhon = menus débris, plâ-
tras.
Milly, écart de Genthod, Genève ; sans doute un (fundum)
Miliacum, domaine d'un Maelius, g^ntilice romain, comme les
Meilhac, Meillac, Meillj, Milhac et Millj de France (d'Arbois de
Jubainville).
Mimorey, ham. près Goinsins, D. Njon, Memoreiy laia, 3ff-
moreiy iai3, MimoreiSy 1219, Memorey^ 122!^, M iemore^ i235,
Miemoreiy 1288, M. R. XII ; en Memorey(aj), prés et bois à Co-
lombey ; de m/, au milieu, et moretum, roncier, de moram^ mû-
ron, fruit des ronces, et la ronce elle-même, soit localité au milieu
des ronces.
Miolan, ham. de Vandœuvres, Genève, Miolans, xiii* s., Cart.
Laus., M. R. VI, 624, Myolens, i3oi, M. G. XIV, 458. C'est
aussi le nom d'une localité de la Savoie: G. de Miolano, 11 8g,
Nant. de Myolanis, i2i4> Cart. Haut-Crét, M. R. XII, 62, N. de
Miolan^ 1218, F. B. II, Moylans, 1224» M. R. XXIX ; celui-ci est
dérivé dans les M. Savoie de MeduUanum, Castrum Medullorum,
de Medulles, ancien peuple de la Maurienne. Peut-être Tun et
l'autre viennent-ils, comme Milan, Meilen, (Zurich), Mojlans, en
Belg-ique, de Mediolanum, du gaulois medio, milieu, et lanon,
plaine, nom d'une i s® au moins de villes en Gaule, Bretag^ne et
Germanie.
La Mionnaz, ruisseau, D. Oron = la gprondeuse ; du verbe pa-
tois mionnâf gronder, ennuyer de ses plaintes, v. fr. mionner^
chanter, fredonner.
Miriau, bois à Giez, D. Grandson, Mériez, loc. sur Aven, Va-
lais ; Mérleux à Noville, es Mouriaux, crêt et chalet à Chàteau-
d'Œx, le composé Montmirail, NeuchÂtel ; de miriau^ forme pa-
toise du V. fr. mirial ou mirail^ miroir, endroit d'où l'on a une
belle vue ; la forme moderne dans le Six du Miroir à Mage, au
Miroir, ham. des Monts de Lutrj, loc. à Vallorbe ; voir aussi
Muriaux, Mérils, etc.
Miserez, ham. de Charmoille, D. Porrentruy, Miserey^ ^m^
MiserCy 12 18, Miserach, 1287, et Misery, D. Lac, Frib., Mise-
MISSION — MODZENAIRE 277
rie, xii« s., 1^43, F. B. II, 243, et i3oi, Rec. dipl. II, 8, Misi-
riez, i4o6, Rec. dipl. VI, en ail. Misrach, i449> Arch. Fr. V,
4i8 = {fundum) Miseriacum, domaine d'un Miser ius, gentilice
romain, comme les quatre Miserj de France, Holder, II, 682.
Mission, ham. d'Ayer, vall. d'Annivîers. Une tradition locale
rapportée par Bridel veut que ce nom lui vienne des missionnaires
qui convertirent les Anniviards au christianisme. Nous parait plu-
tôt venir de Messio, dérivé en io du gentilice Messius, ou de
MissiOf de Missius pour Mussius, qui a donné Missy ; voir ci-
dessous. D*Arbois de Jubainville cite un grand nombre de dérivés
en io de g^ntilices en ius ; voir dans ce volume Courson, Grand-
son, Marsillon, Valençon, etc.
Missy, D. Payerne, ail. Missach, Missiacum, ii48> ii83,
Missy e, 1260, Missie, i342, 1399, Arch. Fr. V, Missi in Villie,
1263, Wûrstbg^., = (fundum) Missiacum pour Mussiacum, do-
maine d'un MussiuSy g^ntilice romain. De Vit, IV. Les Archives
frib., I, 375, donnent Massiacum, mais rorigîn;il a Missiacum
d'après Hidber, II, LXIII.
Miyille ou Miéville, ham. d'Ëvionnaz, Valais, et de la Sagoe,
Neuch. ; Mievilla, loc. à Lens, Valais ; Mivellaz à Gryon, Mor-
ges, Ëcublens, Mivelaz à Puidoux, Rennaz ; un Mievila à Eysins,
1236 ; du latin média villa, à moitié chemin entre deux villas,
deux localités voisines.
Mocausaz, grand pâturage de Roug^mont, aujourd'hui la
Verda ; Moscausa dans l'acte de fondation du prieuré de Rouge-
mont, ii55, M. R. IX, 10. D'après Gatschet, Hisely, de mucosus,
muqueux, sale ; et le Dict. géog. Attinger, de moca, morve. Mais
la présence de Ys dans la forme originale montre que ce nom vient
de muscosa (prata), prairie moussue. Ce pâturage, très humide,
renferme au milieu un vaste marais, lac temporaire^ où abonde en
effet la mousse.
Modzenaire, pâturage sur Chaude, alpes de Villeneuve (et ail-
leurs) : pâturage des veaux, des modzons, dim. de modja, génisse,
V. fr. moge. Ce mot se trouve dans le latin des chartes : « sex
mojonos, unam mogiam, il\tfi. Archives de Vantéry à Monthey.
278 MOFLON — MOIRY
Le Moflon, ruisseau à Oron = le maUy mauvais ^on, du latin
malumjiumen,
Moëllé, Moïes, voir Mouellé, Maya.
Moille ou MoUie, nom très fréquent surtout Jura et Gruyère
(une 60^), Mouille (26), les collectifs Mollialres, MolleyreSy es
Mollueyres à Liddes vers 1720, Molllex, Montricher, la Moillure
à Saxon, et les diminutifs au Moillon (Moyon) à Semsales, au
Mollion, Oron-le-Chàtel, Mollettes et Molliets à Vaulruz, Moil-
lettes ou Molliettes(jàz)y une 12®, Molliau à Tolochenaz, Mollien-
ches à Châtillens et Démoret, Moillasson à Caroug>e, Mouillet à
Goumois, Mouillesse, Mouillesson à Sainte-Croix, Praz Molley
à Pâquier-Frib., es Mouilleuses, adj., à Laconnex-Genève. Noms
désîg-nant des terrains humides ; le primitif, substantif verbal du
verbe mouiller, dérivé du latin mollis, mou. On dit de même
molle en Dauphiné.
Moillesulaz, ham. de Chêne/ Genève, Molliez solai, xiii* s.,
M. G. XIV, 3o4, Molhisolay xiv* s., Moillesole, 1409, M. G.
XXI ; Moille Sulaz à Sullens, D. Cossonay ; Moille-Saulaz, loc.
à Corsier et Saint-Légier, D. Vevey, Villeneuve et Payerne =
mouille, terrain humide, parsemé de saules, (Blavignac dans M.
G. faisait du premier une meule seule, solitaire.)
Moinsel, loc, ancien fief noble, près Arzier, D. Nyon. On
trouve au xiii® s. Willelm. de Moncel, vers 1200, qui cède à Bon-
mont ses droits sur les Amburnex (Bronay), Hidber, II, 4^1,
/. de Monsez, témoin d'une enquête au sujet de Téglise de Vich,
i2o5, M. G. XIV ; /. de Monseiz dans une charte de 121 1, M.
R. XII, 60 ; Joh, de Monsel, donzel, témoin d'une contestation
entre Gimel et Bonmont, 1299. Ces difiPérents noms de chartes
viennent évidemment de monticellum. Cela n'explique pas le i de
Moinsel, mais il n'y a pas dans la contrée d'autre localité qui
pourrait correspondre à ces noms.
Moiry, D. Cossonay, villa Mauriaco, xi© s., M. G. XIV, Mo-
riacOj xi® s., M. R. III, 474, Moriei, loii, Moiriacum, 1049,
Moirie, 12 19, 1228, Moërier, 1264, Moyrie, 1269, Moirey,
1825, Matile, Muerye, i345, et Muerier, i368, M. R. XXVIII,
MOIRY — MOLENDRUZ 279
etc. = (fundam) Maariacum, domaine d'un Maurius, K^^ntilice
romaio, dérivé du surnom Maurus, C'est à Moiry qu'il faut pla-
cer la villa Mauriaco, charte du xi« s., citée p. i4i, Sao, vol.
XXVII des M. R. que M. de Charrière place à Mauraz. Mauria-
cum ne saurait donner Mauraz dont la seconde syllabe est atone.
Moîpy ou Moiré, alpe et g-lacier, vallée d'Anniviers.
La Molanchière, loc. à Noville ; la Molenchère à Penthéréaz,
la Maloncheire à Lessoc, les Malanchières à Château -d'Œx, la
Molonchire, m. à Broc, Gruyère, es MulenchiereSj i493. En pa-
tois molan = tas de pierres amoncelées dont on a débarrassé un
terrain. On pourrait supposer une forme féminine * molanche^
comme palanche de palan ; ce serait alors, avec le suffixe adj. ière
le terrain parsemé de molans^ de tas de pierres.
Molanson oa Montlaçon, près Béguins, Vaud, Monslatianus^
1164, Monslacianus, 1202, M. R. V, 2i4, 220, gr. de Montela^
cinnOf i3o2, MoleyczanSy i493, M. R. XXXIV, 4i> ^U, Mollan-
son ou Molansoriy 1696 ; de mons Latio, dérivé en io de Latius
ou Lattius, gentilice assez rare connu par deux inscriptions.
Quant à la forme Latianus, forme adjective dérivée du même g'en-
tilice, c'est la traduction latine de Montlaçon : Monslatianus don-
nerait Montlaçan.
Molard ou Mollard, nombreuses localités sur des collines, à la
Côte et ailleurs ; du bas latin molare, dérivé de moles, gprande
masse, levée de terre, éminence. Désig-ne parfois le château bâti
sur la colline, ainsi « le molar de Jonolier, le molar d'Aubonne )^
(château du coseig'neur). Le d actuel de molard est parasite,
comme celui de châtelard, de castellare, suite d'une confusion
avec le suffixe germanique ard ; les anciens textes jusqu'au xv« s.
écrivent toujours molar ou mola: le Mollard à V'onnaz, au
Mola, 1770, Meula, 1728 ; aussi n. commun pour tas de pierres.
On trouve la forme diphtonguée miolard : à Vionnaz, es Miollaz,
dans les pierriers du torrent de la Greffaz, les Miola, 1776, au
miolardi au murgier alias au miollard, 1728.
Molendruz, col et pâturage du Jura, D. Cossonay, Mont-Leri'-
druz, 1614.
280 MOLÉSON — MOLLENS
Moléson, pâturage et sommet de Gruyère, Moleisun^ 1228,
Moleson, 1287, M. R. VI, 216, Moleyson^ 1287, 1247, Molesoriy
1807, Molleson, 1819, « la véritable étjmolog'îe, dit Studer, co-
piant Gatschet, est mons lacticiniae^ mont où Ton prépare les
produits du lait. » Nous ig-norons par quel tour de force on pour-
rait ramener ces deux mots à Moléson. Pour Bridel, c'est moles
summa, mont le plus haut : satisfaisant pour le sens, seulement
moles est fém. et le mot est masc. M. Bonnard nous fournit Téty-
mologie probable: t du v. fr. moloise, s. f., xv« s., prairie hu-
mide ; on dit encore moloise dans ce sens dans le Morvan, le Ni-
vernais et la Bourgogne. » Or les pâturages du Moléson sont
riches en ruisseaux, en sources, en places très humides ; il y a
même une alpe qui s'appelle les Marais ; ce serait donc un dimi-
nutif masc. moleise-on.
Molière, Tour de la — , prèsMurist, D. Broyé, Mollerie^ 1476 ;
Molleyres à Vucherens et Gorcelles-le-Jorat ; Molleyre, ham.
d'Avry et m. à Middes ; la Molaire, ham. du Châtelard, Fribourg,
les Moleres, ham. de Saint-Martin, D. Veveyse ; de molière, adj.
= meulière, carrière de meules de moulin.
Molignon (Moulignon), ham. près Sion, MuUgnan, 1208,
1267, Molignan, Murignuri, i2^Q, Milignun, 1269 ; dérivé pro-
bable de molinum, moulin.
Mollenchires, loc, plaine de Ghavornay ; Mollîenchires ti
Vuadens, Mollonchire à Broc ; sans doute dérivés collectifs de
mollienches, voir MoUle.
Mollens, D. Aubonne, Morlens^ ïi39, M. R. III, 58i, 1167,
1177, 1 25'] j Molle nSi Molli nff es, 1228, M. R. VI, et Morlens,
D. Glane, Frib., Morlingis, 996, Morlens, i m, M. R. III, Mol-
lens, 1179, Hidber, II, 1278, M. R. XII et i453 = chez les des-
cendants de MorilOy n. pr. germain, racine onomastique Maur^
Quant à Mollens, D. Sierre, Valais, Moulin, carte Du four et
Dict. Lutz, Molaen, 1260, Aymon de Moleing, 1286, M. R.
XXIX et XXX, Moleyn, i3oo, Zimmerli, Moloeyng, i3i6, il/o-
loyn, i342, Molen^ 1487, i443, Mollens, 1G71, il nous paraît
avoir une autre origine. Dans un acte de 1221, un chevalier Wil-
MOLONDIN — MON^AZ 281
_ _ •
lerme de Sierre donne un cens dû par Uldric d'Anset et Michel de
MolendinOy le premier lieu est Anchette sur Sierre et le second
doit être Moulin ou Mollens qui en est voisin ; dans un autre acte
où interviennent des gens de la même région, de Sierre, de Ven-
thone, apparaît un Willelmus de il/o/en(/mo, 1226, encore en 1429
Joh. de Molendino, acte cité par Zimmerli ; donc ce Mollens
vient de molendinum^ moulin, et Moulin est la véritable ortho-
graphe.
Molondîn, D. Yverdon, MollendenSy i38o, Molandens, 1437.
Gatschet, rapprochant ce nom de celui de Borcardus de Molendi*
nis, 1284* Tr. II, 894, dérive Molondin de molendinum, moaUn,
Cependant la terminaison ens des deux formes authentiques laisse
quelque doute.
Momaing ou Moming, sommet au S. de Zinal, vallée d'Anni-
viers, Valais, probablement pour Mont^Maing ; de montem ma-
gnurriy grand mont, même origine pour les Rochers de Momin,
sur Talpe de Louvie de Bagnes.
La Monderèche, ruisseau à Sierre, Monderesse à Miège,
aquam de la Mugneressy , 1887, torrentem de la Manderessy^
i44ij M. R. XXXIV, XXXV, le même que la Mugneresse à
Saint-Maurice de Laques = monneresse, meunière, bief de mou-
lin, permutation n-d, comme colonne-colonde.
Mondillon, crêt à Mollens, D. Aubonne, et Mondion, pâturage
sur Bassins, avec chalet sur un petit crêt arrondi = petit mont.
Un Montiun dans les terres d*Ebal de Mont en 1287, Montioriy
1287, 1246, Gart. Oujon, M. R. XII.
Mondralesse, alpe de Lens, Valais, Mundralessy, i25o. Mon-
drelessiy i4i8.
Monéaz, ham. de Palézieux, et Mouniaz, bois voisin, Monetay
II 55, Monea, 1274; Monnaye, loc. Bas Vullj, au bord de la
Broyé, Frib. ; Moniaz, ham. de Jussy, Genève, Munia^ 1261, M.
G. XIV ; Mounéaz (ou Monayaz), m. à Vétroz, Valais ; en la
Mouniaz à Noville, vers TElau froide ; la Mounaye, ruiss. à Saint-
Martin d*Hérens ; Monnaya(z) ou Monnaie, patois Monnya, loc.
vallée de la Dranse, près Sembrancher, Valais ; une Monea^ affl.
282 MONGOBERT — MONNAZ
de la Thièle près ChampîoD, i3o3, et un vicum, casale de J/o-
neta près Payerne, Cart. Laus.^ M. R. VI, 3io. De Tanc. fr. /wo-
nee, s. f., du latin molinata, moulin. Quant aux Moneta des
chartes à Palézieux et Payerne, ce sont de fausses traductions du
V. fr. monee, de même que Tall. Mitnzgrabeiij canal de Monnaye
qui aboutit en face des m. de Monnaye, Bas Vully.
Mongobert, le Sex de — à Massongpex et Mongebert, Mongi-
beri, 1696, loc. à Monthey = mont de Gobert, Gusbert, Gaus-
bert, n. pr. g-ermain ; un Gausbert était évoque de Sion en 1092.
Monlési (ou lézi), m. sur Boveresse, Neuch. ; nom formé de
deux mots patois, mon lési = mon loisir, donné au xviii^ s. par
un propriétaire à ce domaine appelé antérieurement La Louva.
Matile, Musée hist., II, 69.
Monnat, ham. de Seleute sur un ruisseau, ferme à Verme,
combe de Monnat à Saint-Ursanne, Combe Monnay à Roche
d*Or ; Bois de Monin à Chévenez ; Combe es Mopin à Saulcy,
ruiss. et moulin ; en Monnin, vers le ruisseau à Corban ; Côte
es Monnins, au-dessus du ruisseau à Roche d*Or ; Bois es Mon-
nin à Tramelan. Monnat (at = et) et Monnay = meunier. Quant
à Monin, Monnin, c'est sans doute moulin déformé sous l'in-
fluence de monnay ; peut-être aussi le nom de famille Monnin,
une famille Monnin au Landeron éteinte en 1760.
Monnaux ou Monod, 2 ham. à Mollens et Mon tricher, sur le
Veyron ; le Monaud-d'Enhaut, sur le ruisseau à P'uidoux ; pour
monneau, du v. fr. molinel, petit moulin.
Les Monnayres, loc. à Château-d'Œx, Mugneries^ i436, jadis
moulins dès longtemps disparus ; es Monneyres à Blonay, la
Mouneyre, Conthey, ruiss. des Monéires à Salvan, es Monne-
resses, ham. de Prez, Mounerèche à Mage, Valais, comme les
monneresses d'Aigle, meunières, plan de 1718, de Vevey, de Sal-
van, synonymes de meunière ou bief de moulin.
Monnaz, D. Morges, Mona, Mon/ia, I2i3, Afuna, 1221-1237,
M. R. VI, Monnaz, i453 ; le Cart. de Haut-Crêt, M. R. XII, 71,
parle d'une terre de Muna à Mossel ou environs, i245. Probable-
MONNENS — MONTAGNY 283
ment des (villa) Mona ou Monna, ferme d*un Monus ou Mon--
nas. Holder, II, 626, 27.
Jubamville (505-508), cite an cerUin nombre de cognomina employés
ainsi au f. sing. : Cupita, Romula, Urbana, sous-entendu villa, domus,
ferme, maison de Gupitus, Romulus, Urbanus.
Monnens, voir Mugnens.
Au Monnet, m. à Puidoux sur la Sallanche ; probablement le
même mot que Mornet entre Landeron et Neuverille, Mulnet et
Mornetj ii85, 1221, Mornet, 1265, Matile, Morney, 1692,
Amiet ; de molinetum, moulin.
Monruz, bam. près Neucbàtel^ Monruz, 1220, Morruz, i^ik
(de Ghambrier, 22), Montruz, MonruXy i463, Molrupz, Molrap,
i485, M. N. XLI, Monrupy 1626 (Jeunet). D'après l'orthographe
primitive = mont du ruz^ du ruisseau ; par contre Monrup siK^cni-
fierait montem ruptum, mont brisé, rompu, à cause de la cou-
pure que présente la montagne. La première étjmologie nous pa-
raît la plus probable.
Monsieur, Maison — , au bord du Doubs, Neuchâtel ; jadis
péage construit par Monsieur de Valengin, comte René de Chât-
iant, en i545.
Monta, La — , ham. val d'Hérens, la Munta, 1267 ; la Mon-
teau, atlas Siegfried, ou le Montoz, Lutz, ham. de Bagnes ; la
Monteau, râpes à Vionnaz ; en la Montau à Troistorrents ; subst.
verbal de monter, provençal monta ; le chemin offre une forte
rampe dans les deux localités.
Montagibert, faubourg à Lausanne, Monte Girberi, i238, M.
R. VI, 663, Montegiber, i475. Serait-ce le Mons Gusberti de
1 i4o que le Dict. hist. Vaud identifie avec le Ghalet-à-Gobet ; voir
ce mot. Le texte de i238 = mont de Gerbert, n. pr. connu.
Montagnon, ham. de Lejtron, Valais^ Montagnan, i234» M.
R, XXXy Montagnon, 1262 et 1291, Wûrstbg. ; diminutif de
montagne.
Montagny, D. Yverdon, Montaniacum, 11 58, Montagniei,
1174, Cart. Month. ; ham. de Lutry et de Corsier, m. à Villette ;
2 comm. D. Broyé, Fribourg, Montaniacum, 1180, Matile, et
284 MONTAIGRE — MONTAUBION
i2^0y Montagnye, iZw^ Montaig niez ^ i368, Matlle ; ham. de
Mont-Rolle, Montagniacus curtis^ 1009, Rég*. gen.^ Montagniey
1284 ; Montagnier, ham. de Bagnes, Valais, Montagnyet 1290 ;
Montagnie, territoire près Apples, 1281 = (fundum) Montania"
currij domaine d'un MontaniuSy gentilice romain qui, d'après Ju-
bain ville, a donné le nom de plus d'une 100* de communes de
France, dont 27 Montagny et 87 Montignj.
Montaigre, sommet du Jura de Porrentruy ; de montem acrerriy
mont aigu, escarpé, synonyme d'Aig-remont.
Montaigu, sommets du Jura à Soulce et Souboz ; de montem
acutum, n'a pas besoin d'interprétation.
Montalban, ham. de Semsales, Montauban à Grandson et
Gonstantine = Montem Albanum, mont d'Albain, n. pr.
Montalchez, D. Boudry, Neuch., MontallichieZy i34o, Mon-
ialechieZf 1898, Montalleschiez, i432, Montaleschiez, 1487.
Origine douteuse : de mont et als^ aux, chieZy cases, maison ?
Montalègre, ham. de Cologny, Genève =: mont et allègre, gai.
Montalin, crêt isolé à Courfaivre, D. Delémont ; de montai =
montai, et suff. dim. in = très petit mont.
Montana, D. Sierre, môme forme dès 1249 =^ (villa) mon-
tana, ferme de montagne.
Montaneyres, loc. à Hennens, adj. patois = (terres) monta-
gneuses.
Montandrey, ham. de Villars-le-Terroir, Montandre, 1218^
M. R. XII, au xii^ s., terra Sancti Andreae = Mont (de saint)
André.
Montant, écart d'Arzier, D. Nyon ; fausse orth. des cartes
comme le montrent MontenSy i244» 1261, i444» Monteins, 1244,
1246, Gart. Oujon, M. R. XII = chez les descendants de Munty
MundOy n. pr. germ. Fôrstm., 940.
Montaubion, D. Moudon, Montalbium^ 1228, Montoubyony
xiii^ s., et Monte AlbeoniSy Albionis vers 1280, Gart. Laus. M.
R. VI, i55, 187, et VII, 87. D'après cette dernière forme, où le
déterminatif est au génitif = Mont d'A/6/on, n. pr. latin, « no-
men virile. » De Vit, I, p. 197.
MONTAVAUX — MONTBOVON 285
Monta vauXy ham. d'Org'es, D. Grandson, loc. à Dombresson et
ailleurs ; de mont et avaux^ en aval.
Montavon, ham. de Boécourt et m. à Reclère, D. Porrcntruy,
Berne, Montaan, i33o.
Montbautier, ham. à Saicourt, D. Moutier, Berne ; probable-
ment mont et n. pr. germain Balder ou Balter, mont de Balter.
Montbelley, 2 ham. à Tornj-le-Grand, D. Glane, Fribourg.
Monibeney, villa et domaine, Mont sur Rolle, Monte bent"
dictOy ia84; tire son nom de Tabbaje de Montbenott en Bour-
gx)gne qui j possédait des dtmes en i i4i«
Montbenon à Lausanne, Monbennon, 1 233 ^ Mont benan^ i238;
M. H. VI, 597, 661, Mombennony 1269, Montbenon^ i533, M.
R, VII ; un autre, petite colline de prairies, à Vallorbe ; = Mont
de BeçLno, n. pr. germain connu. On trouve aussi des champs
Bennon: campant Bennonis vers 1170, à Lussj, Frib., Donat.
Haut., no 129.
Montblesson, ham. de Lausanne ; mont et blesson, fruit du
poirier sauvage et le poirier lui-même, abondant dans ces contrées.
Montborget, D. Broyé, Fribourg, — ham. de Blessens et de
La Joux, D. Glane, Fribourg ; ham. de Giez, D. Grandson ; mont
et borget, borgely dim. de bourg = petit bourg sur un mont. Le
P. Dellion, Dict. VII, 542, traduit le premier par « malum bur-
gum » (burgellum), comme Mauborget, Vaud, mais il ne donne
pas de forme ancienne justifiant cette interprétation.
Montbovet (ou Montbovat), ham. de Montfaucon, D. Franches-
Montagnes, Berne, Montem bovetiy 1210, Montbooa, i436 ; de
bovet, jeune bœuf.
Montbovon, D. Gruyère, Fribourg, décima de MontebovoniSy
1255, Montis bovonis, 1294, M. R. XXII, 43o, 44i> Monbovom,
i365, d'après Studer, Mons bovum, Mons bovariorum, sans
indication d'origine ; ail. Bœmberg^ 1492 = mont des bœufs ou
des bouviers. Mais i^ ces formes ne se trouvent nulle part et
20 Mons bovum ne saurait donner Mont bovon. M. Paul Marchot,
Revue suisse cath., 1900, indique la vraie origine : Mont de Bovon,
n. pr. Ce nom est connu dans la Gruyère. Nous trouvons au milieu
286 MONTBRELLOZ -^ MONTE MORO
du XII® S. un Humbertus Bovon ; en ii43, ii54» un Bovon de
Mossez (Mossel), en 1268, un Bovon, curé de Gruyère, 1260, M.
R. XII et VI, et la famille Bovon existe encore à Chàteau-d'Œx.
Montbrelloz, D. Broyé, Fribourg, Morts brenloSy 1228, M. R.
VI, Montbrelo et MontbrenlOy i325, Matile, i343, Montbreloz,
1453 ; le même d'après les anciennes formes que Montbrenlaz^
ham. de Villarimboud ; le P. Dellion, VIII, 468, hasarde Mons
Berulfi. Les formes anciennes ne permettent guère cette explica-
tion.
Montbreux, voir Breuil.
* Montbrion, voir Brie.
Montbut à Pont-la- Ville, Fribourg = Mont du bout (voir But).
Montchallon, m. à Chàteau-d'Œx ; le Dict. de Godefroy a le
V. fr. challon, s. m., espèce de bois.
Montcherand, D. Orbe, Moncherantj i453, Montcheranty
1475.
Montchervet, voir Ghervettaz.
Montécu, D. Sarine, Fribourg, Monticon^ i323, i366, Mon-
tekoa et Montikon (texte ail.), 1476, Arch. Fr. V, 291, Monti-
can, 1487, M. G. XII, 142, Montecu, 1690, etc.
Monteiller, Montellier, etc., voir Montillier.
Montélaz, crôt à Yverdon, autrefois Montéla^ ancienne pro-
priété de Tabbaye de Tela ou de Montherond (Crottet, Histoire
d'Yverdon, p. i33) ; donc Mont-de-Tela.
Montembloux, ham. de Montévraz, D. Sarine, Afontemblioux,
Lutz, MutinblouSy 1139, Montambloch, 1298, Montablot^ i3oi,
Rec. dipl. II, 8, Arch. Fr. V, 296, Montamblod, i644= Mont
de Ambloch, n. pr. germain, racine Amal, — Fôrstemann a le
fém. AmblOf — et suffixe oc h, comme les noms dérivés Antoch,
Gundioch, Waloch, etc., de And, Gund, Wala. Chose curieuse, le
nom paraît en voie de transformation et le Dict. géog. suisse At-
tinger, III, 35i, donne en premier rang la forme Montemblon,
Monte Mopo, mont et col (2862 m.), au fond de la vallée de
Saas, Valais. Studer donne au choix les étymologies suivantes :
Monte Moro, de morOj mûre de haie, ou de niorus, ital. moro^
MONTBNOL — MONTET 287
mûrier ; des ronces et des mûriers à 2800 m. ! ou de maiiruSy
noir : la montagne est toute blanche de neig« ^ ; enfin Moro, de
Moro, du More^ du Sarrasin, mais les Sarrasins ne paraissent pas
avoir occupé cette vallée. Au reste la montagne s'appelait alpem
Monti Molli ^ curtem Monti Molli en i3oo ; de l'adjectif italien
molle, au sens de facile, doux, ce passage étant le plus facile et
le seul fréquenté jadis dans cette partie des Alpes Pennines.
Montenol, D. Porrentruy, Berne, Montenoty ii']^, Montinolty
1180, 1200, Montenoltj 1210 = mont de Ënold, Eonold, n, pr.
germain. Fôrstm., 874.
Les Montenaîlles, ham. du Mont-Lausanne; formé (comme
Fontenailles, fontaine -f- aille), de l'adj. montain -H aille, coll.
ou dépréciatif = prairies, terres un peu montagneuses.
Montérel, pâturage, vallée du Petit Hongrin, Monterai^ i4oo.
A première vue, diminutif de mont, la forme de i4oo en fait dou-
ter. A Chàteau-d'Œx on nomme le sommet au-dessus, visible des
Granges, Mont-Tbrrc/ ou Mont-Tbwr/, sans doute Mont- Touril y
petite tour (touri, s. m., paquet rond de taviilons ou bardeaux).
Les autres formes seraient-elles une corruption de celle-ci ?
Montéret, pâturage près Saint-Gergues = petit mont.
Monterschu, D. Lac, Frib., Moncorsum, 1281, F. B. II, 117,
Montcorsu, xiii«s., M. R. VI, 608, MonterschUn, i363. Mon--
tersoTiy 1428, Monterschorij i436. Rec. dipl. III, Vil, VIII ; le
déterminatif est sans doute un nom pr. germain.
Montet, D. Broyé, Montel, 1184, Arcb. Fr. Vl, Montez, 1228,
Monfeils, 1266, MontilSy 1276, Montet, 1887 ; — Montet à Bex,
Monthey, 1792 ; D. Glane ; en Vully, MontelZy i854 ; au Lande-
ron, Muntelsy 1299, que L. de Meuron écrit Monthey en 1828, etc. ;
noms contractés de monticalum, petit mont. La forme Monteils
nous paraît être la contraction régulière de MonticuliSy 11 54»
1179 (Mossel), que nous trouvons p. 10 et 89, Gart. Haut-Grét.
Un Montez près de Genollier, 1195, a été identifié à tort par
M. Hisely avec Mont sur Rolle, Gart. Oujon, M. R. XII, 5 et 217.
* D'ailleurs moro, noir, n*est pas employé ; les moro, mora des Grisons ne
Tiennent pas de morus, noir, mais du celtique môr, grand.
288 MONTÉTAN — MONTHERON
Montétan, loc. à Lausanne. Serait-ce le lieu nommé à plu-
sieurs reprises dans le Cart. Laus. Montauter^ xin*s., et Montch-
tier, 1238, M. R. VI, 247, 4o4, 654 ?
Monte vie, coteau traversé par le chemin de Gharmoille au ha-
meau de Fontaine, Jura bernois ; de monter impératif de monter,
et vie, voie, chemin.
Montévraz, D. Sarine, Montivrar, i445, Montefran, i644>
forme germanisée. On reconnaît facilement ici, dans le 2^ élément
du mot, le nom pr. Evrard, forme francisée du n. pr. germain
Eberhard, donc mont d'Eberhard.
Monteynan, ham. d'Arconciel, Frib., Montenan. Montennariy
fin du XII® s. Donat. Haut., Arch. Fr. VI, mont ôt n. pr.
Montezillon, ham. de Rochefort, Neuch., Monteisillum, 1247,
MontisiloTiy i3ii, Montissilion, i346.
Montfaucon, D. Franches-Montagnes, Berne, ail. Falkenberg,
Montera Malconis, iiSg = Mont de Falcon, n. pr. ou Mont du
faucon, n. commun ; plutôt le premier, comparez avec Prafal-
con, Farcounet.
Montfavergier, D. Franches-Montagnes, mons Fabrorum,
i338 = montagne des forgerons, de mont ei/abricarius, forge-
ron.
Montgéroux, m. à Gharmey, fausse orth. pour Géroud =
mont (de) Géroud = Gerold, n. pr. germain. Montgirod, mon-
tagne et ferme, D. Moutier, Berne, même origine.
Montgremay, loc. près Saint-Ursanne, Mons Grimarch, 12 10,
Mongremart, i436 = Mont de Grimarch, n. pr. germain, ra-
cine krim.
Montherod, D. Aubonne, Montero, xiii« s., Monterot, i344>
M. G. IX, Montheroty i349 ^= Mont d*ua Germain, probable-
ment Ero, Heroy dont dérive le nom d'Hérens.
Montheron, près Lausanne, Montenum, ii42, Montenan,
Montenony xiP s., Montanam, Montunum, 1142, Montheron,
1177, Montunum, ii84, Montiron, i3i4. Abbatia Sancte Mariae
de Monte Rotundo, 1177, Cart. Month., M. R. XII. Ce latin est
une interprétation par le notaire du nom Montheron, dont l'ori-
MONTHBY — MONTJORET 289
gine est incertaine. Remarquons le curieux flottement entre les
liquides r et n au xii« s. Ce n*est qu'au xiv« s. que le r l'emporte.
Quant au 2® élément du nom, c'est sans doute un n. pr. germain
tel que Tenno.
Monthey^ Valais, Montez^ laiS^ Monteyz^ ia33, Monteys^
ï2^^y Montez, 1241, 1268, Montelz, 1267, Montetz, 1290. Vers
Monthey, ham. d'Yvorne, Monthey, 1827, Montheolum dans
les chartes xiii«-xv« s. Monthoux, loc. à Meyrin (petit crét),
comme le Monthoux, Savoie, Montheolnmy 128'], Montou, i355 ;
en Monthion à Long-irod = diminutifs de mont ; monticulum
donne monteil.
Monthorens à Ecuvillens, Frib., es Montorens, xii<) s. ; de
Mont et Thorens, Torens, voir Torins.
Montiau, montée rapide à l'entrée du vallon des Mérils, et
Montiaux, vallon de la Gérine, les deux à Ghâteau-d'Œx : mont et
sufHxe patois iau ■= oir : montoir.
Montignez, D. Porrentruy, Berne, Montignei, 11 70, Montai^
gnie, 1181, Muntiniacum, 11%'], Monteg nez, \i%^, Montaigny,
i346, etc. =(fundam) Montaniacuni, domaine d'un Monta'
ni us (voir Montagny).
Moniillier, D. Lac, Fribourg", es Montelliery 1270, M. Fr. I,
264, MuntelSj i3oo, F. B. IV, 2, ham. à Château-d'Œx, etc.,
MoniillieZy ham. d'Oleyres, Montilier, Montiller, Montoilly,
Montilly, Montillet, Montillat, nombreux ham. et lieux-dits, —
plus de 5o, — dérivés de monteil, petit mont, du latin monticu-
lum. Quelques-uns peut-ôtre aussi de Mont-Tillier ou Tilley, de
tilietum = lieu montueux couvert de tilleuls, mais non de Tel-
lier, n. pr., car les formes latines seraient mons, montem Tilleri
qui ne se rencontre jamais.
Montillon à Pàquier, Gruyère, très petit mont.
Montimbert, écart de Châtel-Saint-Denis, vignes à Ghardonnc
= mont d'Imbert, n. pr.
Montjoret, 2 ham. Mézières et les Glanes, Frib. ; de mont et
joret, s. m., forme masc. de jorette, s. f., petite joux = mont de
M. D. SEC. SÉRIE, TOME VII 19
290 MONTJOVIN — MONTMEILLAN
la petite joux. Pour M. Bonnard (in litt.), pli^tôt n. pr., mont
d'un nommé Joret.
Montjovin, terr. à Massonens, Frib.^ signalé par le P. Dellion,
Dict. VIII, 345, en Montjovin^ loc, à Autig'nj, Frib., i44i-
Il faut en rapprocher l'ancien nom du Saint-Bernard, Mont-Joux,
Mons Jovis, ainsi nommé jusqu'au xiii^ s., à cause du temple de
Jupiter élevé par les Romains sur le col ; on trouve aussi Mons
Jovensis, x^ s., Montem Jovinum, Vie de saint Majeul, x® s.,
M. R. XXIX, 35, 39. M. Du Plessis nous a oblig^eamment fourni
la note suivante : « Montjuvis (pron. isse), ruisseau, affluent du
Mujon, T.g. La source de ce petit cours d'eau sort du Montjuvis,
sorte d'épaulement du pied du Suchet situé au-dessus de la route
de l'Aberg'ement à Baulmes, nommé Montjovet au Cad. de Rani-
mes. Dans le voisinag'e se trouve le bloc mégalithique du Bon
Château. Cad. de Rances, 1809-1812, levé par Wagnon, fol. 69,
70. Dans un autre des premières années du xviii® s., fol. 47> 48,
en Mont Juyepy et à la table en Mont Juet, ^ Peut-être les uns
et les autres emplacements consacrés jadis à Jupiter.
Montmagnoud, crêt à Pampignj = mont de Maginoldy n.
pr. germain ; voir Magnoud,
Mon t^Ia- Ville, Montevilla^ ii4ï» villa Mons, ïï49» ^^77» ^*
R. I. = ferme du mont.
Montmagny, D. Avenches, Manniacum, ia4o, Montmagniel,
1760 ; ne peut venir, comme le dit Studer, de mons magnuSy qui
donnerait magne ; vient de Mons magniacas, du g-entilice Ma-
gniaSy voir Magny.
Montmeillan (ou Montmélian, Lutz), m. à Lausanne, écart
de Peney-le-Jorat ; probablement un Montem Mediolanensem ,
comme Mediolanense castrum, aujourd'hui Château-Meillan,
Berry. Voir Miolan.
Le Montmélian ou Montmeillan de Savoie^ bourg' près Chanibéry,
s'appelait jadis mons Emelianus, d'après le Dict. géog. de Grégoire,
éd. de 1872. On trouve BertradaSy Jacobus de Monte Meliano, Ittl,
Humbertus de Montemeliano, 1264, M. R. XXIX et XXX, mais toutes
ces formes nous paraissent simplement la latinisation du n. français.
MONTMELON — MONTOISEAU 291
Monimelon, D. Porrentruy, Berne. Pas de formes anciennes
pouvant mettre sur la voie.
Montménily D. Bûren, Berne, ail. Meinisberg ; paraît signi-
fier mont et ménily v. fr. mesnil, du latin mansionile, maison :
la maison, la demeure du mont. Mais le nom allemand nous in-
dique une autre origine: Meinhartsperg, 1268, F. B. II, 587,
Meynesbergy 1882, Tr. = mont de Meinhart, n. pr. g-ermain. Le
français n'est qu'une interprétation du nom actuel allemand.
Monimirail, m. près Saint-Biaise, Neuchàtel ; mont et v. fr.
mirait = miroir, lieu d'où l'on a une belle vue ; nom récent,
donné à cette campagne en 17 16 d'après le Mus. N. XXIX, 80 ;
voir Miriau.
Montmoirin, ham. de Semsales, Fribourg ; sans doute un n.
propre.
MontmoUin, D. Boudiy, Neuchàtel, Montmolens, 1872, Ma-
tile, Monmollens, i4oi, M. N. XLI ; si les loc. Maliens et J/u/-
linSf i84o, de Matile s'y rapportent, ce serait un nom d'origine
germanique, comme Moilens, Vaud et Frib. = chez les descen-
dants de Mollo, Motilo.
Mont-Noble ou mieux Mont Nuoble^ au S.-E. de Sion ; de
montem nubilum, mont nuageux où s'amassent les brouillards,
ce noble, nuageux, se retrouve dans le verbe einnoblli, se cou-
vrir de nuages.
Le Monto ou Montoz, sommet du Jura bernois = montel, pe-
tit mont.
Montoie, loc. à Lausanne où commence la montée pour arriver
en ville ; la Montoie, bois, avec montée de 80 m. à Cornol, Jura
bernois, dérivés sans doute de monter, bien que le suffixe soit dif-
ficile à expliquer. Rien de commun avec le oie du latin eta qui
s'ajoute à des noms de plantes pour désigner l'endroit où elles
abondent : ormoie, charmoie.
Montoiseau, loc. à Crans, D. Njon ; Montougy (ogi-oiseau),
pâturage à Lignerolle, maison à Vallorbes ; Montaugy, loc. à
Montagny, Frib. ; un Montosel à Vufflens-la-Ville en 1877 =
mont de l'oiseau.
292 MONTOLLIET — MONTREUX
Le Cari. d'Oujon, M. R. XII, parle d'un mont Oisel qui formait la
limite occidentale et méridionale des possessions de l'abbaye : ab occi^
dente terminus est mons Oisels, p. 2, — a meridie terminus est mons
Oisels, p. 5, mont Oysel, p. XXXÏI, montem Oisel y p. 72. M. Hisely, au
Répert.y p. 218, le rapporte à la Dôle avec un point d'interrogation. Ne
serait-ce pas le Mont-Oysel, auj. Montoisey (1671, carte Etat-major Fr.),
situé au S.-O. de Gex. Quant à l'étymolog^e, nous rattachons ce mot à
une autre racine, au celtique uœello, escarpé ; voir Eischoll.
MontoUîet, ham. de Corpataux, Frib. ; Monton, petit sommet
alpes de Sien ; Montzet, alpes d'Hérémence ; diminutifs de mont,
le dernier, suffixe patois tzet = chet, comme gretzet de créty
mayentzet de majen.
Montorge, loc. à Fribourg* ; coliine avec château à Sien,
Monte Orgio, i igô, Montorjo, i235-i2g5, Montem ordeum dans
les chartes xiie-xive s. ; parait être le Mont de l'orge, où Ton cul-
tive Torge. Mais il y a peut-être une étymologie plus juste. Littré
a un mot salorge qui signifie amas de sel, jadis au xvi® s. ma-
gasin de sel, de sal et du latin horreum, magasin, grenier, de-
venu en fr. orge, comme cercum, cierge. Montorge pourrait donc
être le grenier, le magasin du mont.
Montpereux (ou mieux Montperreux), colline et fermes à la
Ghaux-de-Fonds ; de montem petrosum, mont pierreux.
Montppeveyres, D. Oron, Monteproverio, i554, Monspres-
byteri, 1167, Moniprevere, 1177, M. R. XII, et Mont Provaire,
loc. aux Glées ; de mont et v. fr. provoire, prêtre, du latin pres^
byterus = mont du prêtre.
Montreux, D. Vevey, Monasteriolum, xi^ s.,Mustruelj i2i5,
Donat. Haut., et 1260, M. R. XXIX, Muistruum, 1228, Mustrus,
1260, M. R. XXX, MustruZj i334, et Mustreux, i355, M. R.
XXVIII, 389, 385 ; M. Aymon de Crousaz (Origine du nom de
Montreux, p. 8, 9), indique encore les formes Monstreux^ Mous-
treuZy i558, Moustrieux, i5l^2, Mustrueux, 1694; de monas-
teriolum, dim. de monasterîum, d*où le français moûtier, donc
petit moûtier, petite église. Mutrux, D. Grandson, Mustrueu,
i359 (Matile), MustruZy Monstruz, i38i, Mutrou, i4o3, dont les
anciennes formes sont presque identiques, a sans doute la même
MONTRICHER -— MORACHE 293
origine, bien que ce village n*ait pas d'église. Peut-être dépendait-
il d*un moûtier quelconque ?
Montricher, D. Cossonaj, Mons Richarius, 1049, Monte Ri-
cherii, 1177, M. R. I, i54, Monrichie, i4i2 = mont de Richer^
n. pr. germain, autre forme de Richard.
Montriond, crét à Lausanne, Montreonty 1288, Cart. Laus.,
M. R. VI, 644 ; mont et v. fr. riond, reond, du latin rotundus
= mont rond.
Montsalvens, D. Gruyère, Fribourg, Montsalvan, 1169,
— salvairij — saluant, 1177, — sarwayn, 1281, — sarven, i337,
— salveyns, i34o, — sarvens, i35o ; de montem silvanum, mont
de la forêt.
Monlsevelier^ D. Delémont, Rerne, Maziviliry 11 36, Mutz-
willare, ii39, Muzivilare, ii^Q, Motzewilre, 121^2 y Mucewilre,
1269, Musseueliery 1817 = villare, village de MnzzOy Mus80,n.
pr. germain. Le nom français est une corruption de la forme de
i3i7 et l'orthographe actuelle, avec la racine mont, est tout à fait
fautive.
Montsoflo, écart de La Roche, Frib. = mont (du) souffle, du
vent, patois sôjlà, souffler.
Les Montuires, rochers, alpes de Salvan, comme coul-uire, de
monter, et suffixe uire = oire ; rochers où Ton monte, où le bé-
tail passe pour gagner un gradin plus élevé.
Monturban, ham. d'Ocourt, D. Porrentruy, Mont-Urhan, i3i6
:= mont d'Urbain, n. pr.
Mont voie, ham. d'Ocourt, D. Porrentruy = voie sur le mont;
il est sur une colline, traversée par une route.
Morache, loc. à Bramois, Moraschi, i3o6 ; à Nyon ; Mora-
chon à Ballaigues, Pompaples, etc., diminutif; les Morasses,
ham. d'Ayer, Valais, Moraschy, 1267, et 5 autres loc. ; Murasse
et Murace, nombr. loc. ; Murache à Chalais, Mourache à Mol-
lens. Valais, Morisson, dim., à Savièse ; du frison mur, limon,
lieu boueux, et suffixe augm. ache, asse. C'est un n. commun au
moyen âge dans les chartes valaisannes ; un rôle de cens parle
294 MORAND — MORENNES
d'un fichelin d'org'e sur « une murasse située » ; une autre
nomme « certaines murasses » à Ajent, 1 829-1 877.
Morand, Flon — , affl. de la Paudèze près Lausanne, ^umen
Maurone, 908, Cart. Laus., M. R. VI, 169; sans doute dérivé
du n. pr. Maur, voir Morens.
Morat, Fribourg, curtis Muratunty 5i6, M. F. II, Castra
Murtenay 10^2, Murat^ io33, 1228, Murten^ 1288, F. B. II, -W^m-
retanif i255, 1870, etc. ; du bas latin muratum (locum), endroit
entouré de murs. Des localités du même nom à Lutry, Poliez-Pit-
tet, etc., ont la même origine ; voir Mur.
Morale!, loc. près Granges, D. Payerne, Muratel, 1182, 1228,
Murattel, 1228 ; m. près Cully ; au Moratez(tex), champs à Vil-
lars-Tiercelin ; dim. du précédent ; racine mur, pierre, voir Mur.
Moray ou Morey, loc. à Vouvry, la Moraye, ham. de Glette-
rens ; loc. à Grandcour, dérivés collectifs de la racine g-erm.
mur y comme mor-aine, mor-ache, etc.
Morclan, Rochers de — , sommet, alpes de Vionnaz, Valais,
frontière française, même racine que Mordes, ham. de Lavey,
D. Aigle, terrulam Mordes, 1048-1281, MorclCy i5o4, Mor-
claz, 1801. D'après Gatschet, du v. h. ail. muor, marais, mais il
n'y en a point, et cela n'explique pas la finale cl. Vient de la rB-
cine celtique mure, terrain rompu, brisé, anfractueux, avec un
suffixe diminutif : * murcula, morcula^ au plur. morculas, d'où
Mordes. En effet, Morcles est un pluriel comme l'indiquent les
mots homines des Morcles, les hommes des Morcles, 1272, M. R.
XXX, 208 ; les Champs Morcleyres, aux Devens de Bex, même
racine.
Mordagne, ham. de Molondin, Mordagne, i4o8 ; Morda-
gnon, m. à Villars-le-Terroir, dim.
Môrel, voir Murgier.
Morenches, loc. à Sottens, Morenzes à GoUonge-Valais ; ra-
cine mur, comme
Morennes, loc. Grand-Saconnex, à Tannay, D. Nyon, à Gilly,
Montherod, et Moreyna(z), vignes à Conthey, Valais ; autres
MORBNS — MORILLON 295
formes du mot romand moraine, falaise, pente escarpée, que Kôr-
ting tire du bavarois mury pierre brisée, cailloutis.
Morens, D. Broje, Frib., MorenSj 1142, Cart. Month. 5, Mo-
reins, 1228, Morens, 1819, 1825, Matile, Moarin^ i497> ^or^
rens, ïQ^2, Morans, 1^12^ Morin, 1882, Dict. Kuenlin ; Mor-
rens, D. Echallens, Morrens, ii47, ^^99» Cart. Month., 11, 55,
Morrans, 1272, M. R. XIV, 806 ; Morenges au lac de Bienne,
n. fr. de Môrigen, Moringen, 1196, M. F. W y Muringen, 1284,
Morans, i256, Moringe, 1264, F. B. II, Moirenges, 1278 =
chez les descendants de Moro ou Maur, n. pr. germain, le même
que le nom romain Maurus, noir. Fôrstm., p. 924 ; rien de com-
mun avec moor, marais, comme le veut le Mus. N., i885. Les dif-
férentes orth. an, in du premier montrent les curieuses fluctuations
de la prononciation.
Morge, nom de nombreuses rivières de Suisse et de France ;
Tune, C. de Vaud, Morgia, 1297, Morgyz, 1828, a donné son
nom à la ville de Morges fondée vers 1 286 ; autre à Saint-Gin-
golph, Valais, Morgia, xii« et xiii® s. ; 8« entre Conthey et Sion,
Morgia^ x«-xiii«s., Morze en patois, noms correspondants des
nombreuses Murg de la Suisse allemande. Ne vient pas du patois
mordji, vaudois mourguet, morgier, tas de pierre, comme on Ta
dit. Anzeiger fur Schw. Geschichte, vol. 88, et Dict. Attinger, ni,
conmie le veut Studer, de la racine celtique mure, terrain brisé,
limon ; ou Gatschet, du v. h. ail. maorag^ marécageux^ de muor^
marais. Mais aucune de ces rivières n'est marécageuse. D'après
Holder, nom d'origine celtique ou d'après Jubainville, ligurienne,
de la racine indo-germanique morg^ vieil hibernien marjy puri-
fier, au participe pur, agréable, morga, agréable, aimable.
Morgex, voir Murger.
Morgins, vallée et ham. val d'Illiez, Valais, MorgenSy ii56,
Hidber, II, et 1476, Arch. Schw. Gesch. III, Morgen vers 1720 ;
peut-être parent du n. gaulois Morginnumydénwé, d'après d'Ar-
bois de Jubainville, du celtique morga, agréable, aimable.
Morillon, ham. du Petit-Saconnex, Genève, Murillion, 1802,
296 MORION — MORON
M. G. III, i8i, Mourillon, loc. à Ballaigues ; peut-être du bava-
rois mur, pierre brisée, terrain caillouteux.
Morion, chalets sur un crèt arrondi près Liddes = mont-riond^
mont rond. Grêt Maurion à Vallorbe.
Morlens, D. Glane, Fribourg-, Morlingis, villa Morlensis^
996, Morlens, 1 1 1 1, M. R. III = chez les descendants de Morilo,
n. pr. germain.
Morion, D. Gruyère, Fribourg", Molas subteriores, 955, Mol-
loriy io38, Hidber, I, 1882, 1464* Mollun, 1264, Hec. dipl.,
I, p. 100, Mollom, 1286, Morlorij i5oo, Arch. Fr. III, 78, 162.
D'après le nom de 955, dériverait de meule et serait de la famille
de moulin, mais le suffixe o/i, d'après M. Bonnard, ne peut re-
présenter le latin inum,
Mormont, tertre près Pizy, D. Aubonne ; ham. de Courcha-
von, D. Porrentruj ; Morlmont, crêt boisé près Charmoille,
D. Porrentruj ; de morum, mûre de haie, la ronce = créts cou-
verts de ronces. Quant au Mormont près Ëclépens, du reste de
même origine, voir Mauremont.
Mormontani, loc. à Yens, D. Morg-es, Montmettan, 1268,
Montmontant, 1268. La première forme fait 'supposer dans le
déterminatif un nom de personne.
Mornens, maison près d'Orges, enclave de Champvent, ou en
loii le roi Rodolphe donna des terres à Romainmôtier, M. R.
III, 428 = chez les descendants de Morino, n. pr. germain ; de
la racine Maur^ noir. Fôrstm., p. 915.
Mornex ou Mornay, loc. près Lausanne, Modernacum, 920,
Mornay^ 1198, Mornai^ 1288, et un autre à Satigny, Genève;
de (fundum) Modernacum, domaine d'un Modernus, cognomen
romain.
Moron, sommet du Jura bernois ; 8 ham. de Chatelat, Saint-
Braix et de Gourchavon, mont à Courgenay, mont à Lugnez,
cirque rocheux près la Chaux-de-Fonds = Mont Rond y comme le
montrent ces textes dans Trouillat : viam de Monte rotundOy
12 10, pratum situm in Monte rotundo, 1254. Sus Mouron, pâ-
tur. à Provence, au pied d'un crêt arrondi, probablement le
MORRENS — MORTRUZ 297
même mot. C'est sans doute le Morront près des Fauconnières in-
diqué dans une délimitation de 1820 (Matile).
Morrens, D. Echallens, voir Morens.
Mortaigue ou Mortigue, affl. du Talent, ruisselet à Ai|;^le
(Fontaney), la Mortigue, affl. de la Bressonnaz^ D. Moudon, et
une autre, affl. du Grenet, D. Lavaux ; de morte et aiguë, igue^
de aqua, eau : morte-eau, à cause de leur cours paisible.
Mortais ou Mopleys, vallon rocheux de la Gruyère, alpes de
Charmey ; Mourtey, ham. de Leytron et pâturag'e de Bagnes,
Valais ; Mourti, trois localités, — rochers, — val des Dix, val de
Ferpècle et alpes d'Ayent, Valais ; en Murty, champs à Ollon, les
Mortennes, arête de rochers, alpes de Vouvry, forme adjective.
Au moyen âge le mandement de Satigny, Genève, s'appelait la
terre del Monter, dou Morter, 1261, 1274, Rég. gen. 229, 269,
et le sig-nal de Ghoully Mont Mortier d'après Blavignac. Ces di-
vers mots, et particulièrement le Mortcr de Satigny, ont une frap-
pante parenté avec les Morter, Mortel, Martel, murtera^ aug-m.
Murteratsch, dim. Murterett des Grisons que Pallioppi dérive
d'un mot celtique mortari et auquel il donne le sens de sol aride
caractérisant les hauts pâturages où l'herbe pousse difficilement.
C'est effectivement le cas pour les pâturages valaisans et fribour-
geois nommés ci-dessus ; mortari doit être parent du germ. mur,
pierre brisée, rocaille.
Mortaveau, loc. à Nyon ; aussi écrit et plus correctement
MortavauXy vallée morte.
Moptive ou Mortivue, D. Veveyse, Fribourg, affl. de la Broyé ;
de morte et ive, eau, syn. de Mortigue.
Mortriiz, ruisseau à Cressier, Neuch. Au premier aspect paraît
signifier ruisseau mort, paisible. Mais son cours est rapide : il
fait une chute de 5o à 60 p. de hauteur totale au pied du tertre
où s'élève l'antique église de Saint-Martin. En outre la prononcia-
tion — t sonore — semble indiquer une autre origine. M. Alf. Go-
det, M. X. XX, 288-286, dont nous rapportons la démonstration en
abrégé, le tire de Martis rivellus. Il coule non loin d'un lieu où
devait s'élever un temple de Mars dont on a retrouvé les autels
298 MORVAUX — MOTIER
et du mas de vig'nes appelées les Saint-Martin^ nom chrétien subs-
titué au culte de Mars, cas fréquent. Quant à Martis devenant
mort, outre que la permutation a-o se rencontre ailleurs, Ducange
a un exemple topique (au mot mortua aqua) qui parle d'un cam-
pum Martis situm in loco qui antiquitus Mortis aqua, novitatis
depravatione mortua aqua appellatur. Un autre argument à l'ap-
pui de Tétjmologie de M. Godet est le nom de Mont marte que
porte la rue du haut de Gressier, tendant à l'ancienne église de
Saint-Martin, M. N. XXIV, 282.
Morvaux, ou moins bien Morveaux, rochers, — lugubres, dit
Lutz, — entre la Valsainte et Bellegarde, Friboui^, Morval,
ii34, iilfi, Morvas, ii[^6, Morvaux, 1198, M. F. III, 64, 69,
Morvauz, 1247 = mort val, vallée morte.
La Mopvaz, ruiss., affl. de la Venoge, la Morva, i344 ; Mop-
vette, affl. du Veyron ; de morve, flux nasal.
Morvin, ham. de Marlj et de Montécu, Fribourg ; sans doute
pour Morvens = chez les descendants d'un Germain dont le nom
dérive de la racine mor, comme Morwo.
Mosse,s, très nombreuses localités des Alpes (aussi du Jura :
Mosses^ Val-de-Travers, Mousses, ham. de Cuarnens), avec les
variantes Mossaz, Burtignj, Mousse, Blonaj, Port-Valais, les di-
minutifs Mousset, Finhaut, Mossette,s, Moussetaz ; Mosson,
Gonthej ; les formes collectives les Mossières, prés à Aubonne,
Mosseires à Riaz, Praz Mossiaux à Forel-Lavaux, Pâquîer-
Mossy à Ghâteau-d'Œx ; de Tall. moos, marais.
Mossel, D. Glane, Fribourg, Moncels vers ii5o, Muncels,
xije s., MonseZy i245, Mossez, i258, Monses, 1260, M. R. XII,
le P. Dellion donne encore Monsey, Mossey. Un Durannus de
Moncels y est appelé ailleurs Durannus de Monticulis^ p. 10, 89,
i53 ; du V. fr. moncel, du latin monticellum- petit mont. Mossel
était aussi au moyen âge le nom à Vevej de la localité appelée
aujourd'hui les Cheneveyres, M. R. VI^ 856.
Motier, Neuchâtel, Mosiier, 1880 ; Motîer en VuUy, Mostier,
1267, 1827, Moutîer, Berne, Monstier, 1189, 1817 ; du latin mo^
MOTONEY — MOULIN 299
nasterium, provençal monestiery v. fr. monstier^ qui signifiait
couvent et église ; en patois mothi, mouthi, de là : Sous le Mou-
thi à Bretonnières, Sur le Mothy à Vugelles, au Mothy à Cha-
vornay et le Mouti ou Mouthi, loc. à Vallorbe, emplacement de
l'ancien prieuré.
Motoney, prés marécageux à Fully ; Motona à Nendaz, Moto-
naz au Sanetsch ; de moton^ mouton, et suffixes patois a, ey, ier
(pré) moutonier, où Ton fait paître les moutons.
Mottaz, Motte, Mothe, les collectifs Motty, Mottey, Mottex,
Mottis à Valeyres-sous-Rances, Mottec, vallée d'Anniviers (pour
le c voir Biolec) ; les diminutifs Mottette,s, Motélon ou Motte-
Ion, Mottalet à Courtepin ; nombreuses localités^ villages et ha-
meaux, situés sur des éminences dans tout le pays romand ; par-
fois sommets, par exemple la Motte^ 2882 m., au N. de Sion. Du
mot germanique mott^ v. fr. mote, petite élévation, dim. motil'
Ion y tertre, gaélique motay mont, patois mothOy italien motta,
romanche mot, muot,
Moudon, Minnodunum ou Minnidunum à l'époque romaine,
viens MinnodunensiSy ii« s. ; le n permute avec 1 au xii« s. ;
Meldon, 1160, Meldun, 1177, Moudon, 1161, Cart. Haut-Crét,
Moldany Modun^ xii® s., Meldunum dans les chartes du moyen
âge, Moudon, 1288, M. R. VI, Meudon, 1249, ^' ^- ^'» ®*^* » ®^
ail. Milden, De dunum, château fort, et d'après d'Arbois de Ju-
bain ville du n. pr. gaulois Minnos, connu par les inscriptions =
château de Minnos. On l'a dérivé aussi du celtique minus, min nos,
petit, mais ceci n'explique pas le double nn.
Mouellé ou Moelle, Pierre du — , gros rocher isolé sur le col
de ce nom. Bridel le tire du celte moell, ou mouell, chauve = le
roc nu.
Aux Mouettes, champs à Isérables, Valais ; il ne peut s'agir
de l'oiseau ; probablement dim. du v. fr. mouéCy s. f., mesure de
terre qui pour l'ensemencement exigeait un boisseau de grain ; du
latin modiata.
Mouille, etc., voir Moille.
Moulin, près Sierre, voir Mollens.
300 MOUNAZ — MUJON
Mounaz, ham. de Vaisternens et Rueyres, Frib., avec moalin
sur la Neyrigpue ; de molina^ moulin.
Mountet, au fond du vallon de Zinal, autre forme de montet.
Moures, Mouret, voir Mur.
Mourgues, Mourgaz, Mourget, voir Murger.
Mouri, Sex — , Ormont-dessus, aussi S ex ou Rocher Murgaz
ou Mourgaz ; le Mourin, sommet sur Bourg'-Saint-Pierre ; mots
dérivés du g'ermanique mur^ pierre brisée (parent du latin murus,
muraille).
Moussillon, combe à la vallée de Joux^ patois Comba au MuS'
silhon; au MoussilloD, loc. à Saint-Prex. Ce mot patois sig'nifie
à la fois moucheron^ insecte, et mousseron^ champifj^non. Ceux
qui connaissent les localités peuvent décider.
Mouterin, Praz — , à Roche ; probabl. pré des gens de Montreux.
Moveliep, D. Delémont, ail. Mode rsivi 1er, Moderswilre = wiV-
lare^ village, de Moier, Afoder, n. pr. germain. Fôrstm., p. 935.
Les Mueges ou Mueses, prés à Posieux, Frib. ; le P. I>ellion,
Dict. VIII, 35i, en fait un dérivé de mooSy marais, ce qui nous
paraît fort improbable.
Mugncns ou Munnens, loc. à Cuarny, MunnenSy loii, et
Mugnens, 11^4, Munens, ii']'], Afouinens, 1199, M. R. VI et
XII (rapporté par erreur à Monnaz par Hidber et le Dict. de Lutz)
et probabl. Monnens, loc. à Gimel et à Pomy = chez les descen-
dants de Mtinno, Aluno, n. pr. germain. Fôrstm., 987. C'est le
correspondant des loc. allemandes Maningen, Munnenheim, etc.
Au Muguet, forêt à Monthey, Valais, Murguet, 1696 ; peut-
être endroit où abonde le muguet, patois murguety mais peut-être
faut-il le rattacher à mourguet = murgier.
Le Muids (fausse orlh.), ham. d*Arzier, D. Nyon, villa Mucia'
tis entre 962 et 998, grangia que dicitur au MuiSj 1260, grangie
dou Mois, 1266, M. R. XII, 100, 176; du gentilice romain Mu-
ciuSy d'où Muciatis, comme le gentilice Sullius a donné Sulliatis
d'après Holder. Ainsi qu'on le voit, le d est parasite et devrait dis-
paraître.
Mujon ou Mugeon, ruiss., affl. de la Thièle, D. Orbe. A dé-
MULETS — MURGUET 301
faut de formes anciennes on ne peut que conjecturer. Peut-être du -
V. fr. muir ou maire, mug-ir, le mujon, le ruisseau qui mug^t ;
comparez la Brinaz, la Mionnaz, etc.
Les Mulets de la Liaz, — de Zessetta, arête de rochers, vallée
de Bagnes ; comme les Grands et les Petits Mulets de Chamonix,
par métaphore, ces rochers ayant de loin Tair de mulets traversant
les champs de neig'e. Ces figures sont fréquentes : on connaît le
Lion, TAne, le Cheval blanc, le Corbeau, le Mouton.
Miind, D. Brig'ue, forme germanisée de mont : Monty 1299, et
au xiv« s., M. R., Mond, i348, Berchem dans Jahrbuch Schw.
Gesch. XIV, 333.
Mur, D. Avenches, Maris ^ i337, i453, et 6 loc. Vaud et Frib. ;
la Fin de Mur prés Chéserex, D. Nyon, probablement leMauras
d'entre 995-1017, Rég. g-en. 4? ; Mura(z), ham. Sierre et Sion,
ly Mara, i4i4 ; Muraz, Monthey, Noville, Villeneuve, et 3 autres ;
Mouraz à Conthey ; Murai, Céligny, Ëvionnaz, Goumœns, Matran ;
la Mure, à Lancy ; Mures, à Mazembroz de Fully ; aux Mures à
Chardonnay-Morg-es ; Muret à Finhaut et 4 autres ; la Murée,
Ormpnt-dessus ; es Murailles, 6 loc. Frib. ; Muresses à Saviése ;
Murettes à Duilier, Mareta prés Yens, 1249 ; les Moures, ham.
des Cullayas ; Mouraz à Conthey ; le Mouret, 3 ham. Frib. et
loc. à Conthey, à Lussery ; les Mourets à Rougemont, Murist,
D. Broyé, Frib. ; Maris, 1228, 1377, ^453 ; dérivés du latin mu-
ram, mur os ^ désignant, dans les endroits habités, des localités
où se trouvaient des restes de murs et constructions romaines ; de
là également Moral et les nombreux Maar, Mari de la Suisse
allemande. Dans les Alpes, de la racine germanique mur, pierre,
rocaille, par exemple les Murs, rochers, éboulis, alpes de Liddes.
La Muratte, 2 pâturages. Vallée de Joux ; dérivé de mur, au
sens de pierre, et suffixe dim. atte = elle: pâturage rocail-
leux.
Le Murguet, loc. à Saint-Gingolph, Murgîer, m. à Corre-
von, Meurgier à Lens, Mergîer à Gourtetelle, les Morgiers à
Chézard, Murgy, Burtigny, Prahins, etc. ; Murgîs, Ormont-des-
sous ; Murgaz ou Mourgaz, Ormonts et Château-d'Œx ; la Mur-
302 MURIAUX — NANCIAU
gataire^ pàturag'e à l'Abbaye, les Mourguets à Vaippens, Mour-
zet, OrmoDt-dessous, Morgex, Monthey, Olloa et Lejsin ; du n.
commun v. fr. encore usîté murguet, Vaud, murger, murgère^
Valais, merger^ Bourg'og'ne, murgée^ Berrj, le bas latin murga-
rium de Ducang'e n'est que la traduction du mot vulg'aire ; de
muricarium^ dérivé de muruSy mur, parent du germanique mur^
pierre brisée ; Merien, ham. près Stalden, Morgi, i256, et Mô-
pel, village près Brigue, Morgi, 121 3, Morgie, i245, Morgy^
1260, Morgiay 1474? tirent aussi leur nom de morgier, tas de
pierres ; ce dernier village est bâti à côté d'un immense éboule-
ment préhistorique.
Muriaux, D. Franches-Montagnes, Berne, Mirevalj i3i5, puis
Mi rival, enfin Murival ; de mire, impératif de mirer, regarder,
et val. Le nom allemand Spiegelberg signifie Montmirail, à peu
près le même sens.
Murist, voir Mur.
Musot ou Musotte : t sonore ; ham. de Vejras, D. Sierre, Va-
lais, Mezioth et Meiot, 1226, Mujot, 1288, i438, Myojot, 1260,
Moujoty 1293, Mojoty 1454» permutation valaisanne j-s, z. Ori-
gine inconnue. La forme la plus fréquente présente la racine
mouj\ muj qui se retrouve dans le nom du ruisseau le Mujon,
voir plus haut. Quant aux graphies Myoço, 1267, ^y^j^y i3o4,
il est difficile de dire s'il faut les rapporter à Miège ou au ham.
voisin de Musot.
Mutrux, D. Grandson ; voir Monlreux.
Muveran, sommet sur Bex, ou Mœveran, carte Rovéréa et atlas
Siegfried. Bridel le dérivait du celtique « muva, lieu où l'on tient
les vaches, » étymologie à mettre en quarantaine jusqu'à plus
ample informé.
IVaires ou Nairy, voir Neyre.
IVanciau(x), 2 ham. de Puidoux près du lac de Bret, Nan-
chaux à Lessoc ; formes patoises de nansoir ou nançoir, écha-
faudage pour placer la nasse, v. fr. nanse, bas latin nansa. De
là riie du Nançoir ou Nansoir à Noville, et le diminutif au Aa/i-
NANDS — NAUD 303
sioretj loc. à Yvorne ; une charte de Sioa parle de ces nansoirs :
« quandam barram factam pro piscatura, gallice nanzijoupy »
i43o.
Es Nands, mieux es Nants, mayens sur un terrain ondulé,
alpes de Vionnaz, Valais ; de nant au sens primitif de vallée : il
n'y a pas là de ruisseau.
IVanse, loc. vignoble de Savièse, dans le ravin de la Sionne,
Nans et Nanz, 1200-1288, Nancz, NantZy i3o6, etc. ; IVantze,
champs à Grimisuat et Savièse dans la vallée de la Sionne ; du
celte nans, nant, vallée, voir Nant.
^fant, nom commun de nombreux ruisseaux, canton de Genève,
rives du Léman et Bas Valais ; 2 ham. VuUy fribourgeois ; de la
racine celtique nantUj cambrien nant^ comique nans, nantz^
vallée, d'où il a passé en français au sens de vallée d'abord, puis
de ruisseau. C'est à la même racine qu'il faut rattacher le ^^fanz-
thal près Viège, Nancz, i256, et le composé Ginanz (de ge, pré-
fixe allemand marquant la collectivité). De là aussi le nom des
anciens Nantu^ates = habitants de la vallée, environs de Saint-
Maurice.
Nantillières, loc. à Rochefort, Neuch. ; au IVandillier à Co-
lombey, Nandillières, 1696, es NandilleSy 1776 ; du patois na/i-
tillay neintilla, nentille, Berry, lentille, et coll. ière, endroit où
l'on cultivait des lentilles ; au xvii® s. on disait à Paris nantilles :
« il faut dire des nentilles avec les Parisiens, et non des lentilles
avec les Ang'evins » (Ménag'e).
Naters, D. Brig'ue, Valais, Nares, 1017, Natrensi villa, iioo,
Natria, 11 38, Narres, 12 10-1476 ; Proz de Narres à Saxon ; du
celte nader, natri, serpent, couleuvre, natru, serpent d'eau, pa-
rent du V. h. ail. natara, ail. moderne natter: endroit où abon-
dent les couleuvres, les serpents.
La Naud (ou Naux, Lutz), ham. de Collong'es, D. Saint-Mau-
rice, Valais, fausses orthographes pour la Nau ; celtique nau,
latin navem, bateau : l'endroit au-dessus des rapides du Bois
Noir étant favorable à un bac, appelé nau dans la vallée.
304 NAUPRAZ — NAYE
Naupraz, loc. Sédeilles, D. Payerne ; de naUy nauva, Deuf, et
praz = pré neuf, nouvellement défriché.
IVautze, territoire à Grimisuat ; peut-être autre forme de Noche
(ch-tz) ; voir ce mot.
Nava, alpe d'Anniviers, Valais, alpe Nova in Annivisio entre
1206 et 1287, M. R. XXIX, 826 = alpe nouvelle, la Neuve y
comme la Nauva(z), alpes de Blonay, et une autre Neuve, dans
le val Ferret. Permutation o-a, comme mala de mola, moîa, maïa^
longe-lang-e, zô-zâ, le patois prononce naova ; la Navettaz, à côté
de la Nava, diminutif.
Au Navay, prés au bord du Rhône à Vouvry ; endroit où se
trouvait jadis le bac, remplacé, un peu plus bas, par le pont de la
Porte du Sex ; variante du v. fr. navoi^ navire, bateau ; voyez
aussi Nau.
Navîzence ou Navigenze, rivière du val d'Anniviers, Valais ;
aquam de la Navisenchy^ 1267, i384.
Nax, D. Hérens, Valais, Narres vers iioo, Furrcr, III, NaSy
12 fois ii3i-i353, Na^y i364. Naz, D. Ëchallens, Nars, 1218,
Cart. Laus., M. R. VI, i4i, Nas, 1216; ham. du Mont, D. Lau-
sanne ; loc. à Préverenges, à Carouge, pâturage sur Baulmes.
Gatschet dérive les deux premiers de nardus, nard, graminée
dure et piquante des pâturages de montagne (poil de chien). Cela
nous paraît douteux et conviendrait tout au plus pour le pâturage
de Baulmes, mais le nom latin n'a pas passé dans la langue po-
pulaire, en outre comment expliquer la chute du d dans Narres,
Nars?
Naye, pâturage sur Montreux et sommet : la Chaux de Naye ;
les Nayes, prés humides à Mollens, Valais, et à Monthey (aussi
Nez), prés de Nayes, prés marais à Noville ; les Naîes, plage à
Versoix, les Neys au cadastre ; Néa, loc. à Vétroz ; en Nayes,
les Grandes Nayes, chalets sur Vouvry ; les Nez, alpe et ravin
sur Saint-Gingfolph, loc. à Gonthey, Nez, 1820 ; prés humides à
Vionnaz, Nayat, 1728, Naya, 1776 ; m. à Arconciel et à Lussy,
Frib. ; les Neycx, prés humides à Bex, es Nex, pré marécageux
à Chesières, à Massongex et loc. aux Fontaines, Ollon, loc. à Bex
NEIRIGUE — NÉRÉAZ 305
€t Troistorrents ; composé Versney à Noville = vers les prés
inondés. Les chartes en indiquent beaucoup d'autres : ejs Ney à
Bulle, 1826, es Nex à Ëpagny, Gruyère, i548, en Nez^ i643, es
Née^ 1646, à Autigny ; un Nay près de Géronde, Valais, 1829,
un Nais près Ërschmatt, 1242, eis Neix à Neyruz, i433, et Nez
près Mont, 1597. De naye, subst. verbal de nayer^ noyer, au
sens d'inonder ; désigne des terrains, pour les localités de la val-
lée du Rhône, que le fleuve ou le lac inondait annuellement dans
ses crues, et plus généralement des terrains humides, marécageux.
En Dauphiné 7Var= anciens bras de rivières et terrains bas qu'ils
inondent, et le v. fr. a naiSy creux où Ton fait rouir le chanvre.
Pour le sommet de Montreux Studer reprend Tétymologie de Bri-
del qui tirait ce nom du celtique neachy sommet. Gela convient
pour celui-ci, impossible pour tous les autres. Du reste le sommet
ne s'appelle pas Naye, mais la Chaux de Naye et ce dernier nom
est celui du pâturage.
Neirigue (ou Neyrigue), commune et affl. de la Glàne, IVaî-
rigue, affl. du Grenet, IVeireigue près Ballens, D. Aubonne,
Noîraigue, village et ruisseau, Neuchâtel, Neîpîvue, village et
ruisseau, Gruyère, Nigra aqua^ 955, M. R. XIX, 48» 980, d'a-
près Hidher, I, Neire eioCy i4oo, M. R. XXIII, Noyrewe, 1514»
Neyrevayt, etc. ; la Neyrivue, pâturage à Rougcmont = noire
eau.
Neire vaux, ham. à Marsens, D. Gruyère, Neyrevaux, pâtu-
rages à Lessoc, Ormont-dessus et Peney-le-Jorat, Neîrvaux à
Payerne, Nairvaux ou Neyrevaux, alpe à Gorbeyrier, Neypvaux
à Mordes, Noirvaux à Sainte-Croix, Oron-le-Châtel et Noiraigue,
Nervaux à Baulmes, Nervaud, ham. de Praz, Glane, IVerveau,
ham. du Bouveret, Valais, fausses orthographes pour Neirevaux ;
de neir^e, noir, et vaux, vallée.
Nendaz, D. de Gonthey, Valais, Nenda^ 988, Neinda, 1100,
J2l^i, Neigda, 1200 (remarquez le groupe eïg = en), Ney nda,
i25o, Neinde, 1266, Ninda, 1892.
La Néréaz, ham. de Ghardonne, autre forme de Noréaz,
M. D. SEC. SÉRIE, TOME VII 20
306 NERMONT — NIERLBT
Nermont, chalets sur Montreux, et Niremont, sommet sur
Semsales = noir-mont.
Nesserts. loc. à Fleurier et à Courroux = en Esserts, voir Es-
serts.
La Neuva, alpe, val Ferret, Valais = la nouvelle.
Neyppaz, loc, marais de Payerne = prés noirs ^ les prairies
où les joncs abondent ont une teinte noirâtre.
En IVeype, loc. à Agiez près Orbe, les Neypes ou IVaires
(Nairy, Lutz), ham. de Monthej, li NeyreSy 1829 ; en Neypoo à
Pullj, Neypin à Echallens, IVeypettaz à Vétroz, IVeypettes à
Orges, dira. ; Anneyres, ham. à La Sarraz, pour En Neyres ; de
neireSy noires, endroits sombres, boisés à l'époque.
Neyrules, maisons sous la Tour de Gourze, Lavaux ; de nuca-
riolas = noyeraies.
Neyruz, D. Sarine, Fribourg-, Nuruos, xii* s., Donat. Haut.,
Arch. Fr. VI, Nuruols, 1187, Nuiras, Nuerus, 1187, 1142, M.
F. II, 16, 220, Nuruos y 1171, i2ï5, Nuruz, 1198, 1247, M. F.
III, 69, IV, 2i4, Nurrier, 1261, Zeerl., Nerioux, i525 ; de nu*
careta, nucaretum, noyeraie. Le P. Dellion, s'arrètant à la
forme moderne, traduit par ruisseau noir, explication contredite
par toutes les formes anciennes ; 2» IVeyruz, D. Moudon, Nuirai,
ii&S, JVy roui, 1261, M. F. IV, 218, Neyriouz, 1869; du bas
latin nucarioluni, noyeraie.
Nex, Nez, voir Naye.
Nialin ou Niolin, ham. de Savig^ny, D. Lavaux; de Tadj. pa-
tois nialein, gnialein, endroit où s'amassent et séjournent les
nioles ou brouillards ; niola, du latin nubila, dérivé de nubes.
Niedens, grand ham. d'Yvonand = chez les descendants de
Nid, Nied, n. pr. germain, de la racine gothique /ie//A (6), envie.
Fôrstm., 967.
ISier, Six, alpes de Saillon ; syn. de noir, noir = rocher noir.
Nierlet, — les Bois, commune, D. Sarine, Nyalet, Niarlety
i4o4, Nyarlet la Bos, i475 ; 20 ham. de Neyruz, D. Sarine,
Fribourg, Nuarler vers 1170, Nuarlez, 1178, Noarlez et Nuar-
NIFLEMENT — NITRAVERD 307
let vers 1280, Donat. Haut. On peut en rapprocher Nerly, ferme
à Vermes, Jura bernois, en patois Nierli,
IViflement ou Mclement (f-c), ham. de Lessoc, D. Gruyère,
Fribourg, Neyjlementy 1896, Neirjlumen, i456 ; ce second mot,
moitié patois, moitié latin (le P. Dellion le rapporte à Neirivue),
est sans doute un essai de latinisation du mot romand, comme
Arcum cœli pour Arconciel, et ne peut être pris en considération.
Ori^ne inconnue.
En IHilliettaz, loc. à Puidoux ; nillette, d'après M. Isabel (in
litt.) = dépôt de bois près d'une scierie.
IVîouc (on dit aussi Nieuc), ham. sur Ghippis, D. Sierre, Va-
lais, Nyu, 12 18, c final, caractéristique des noms de la vallée
d'Anniviers (voir Biolec). Pourrait signifier nid, patois /iiaei, ni-
chet, nid, provençal nia, nieu, nid. Ny se retrouve dans Prassony
ou Praz sur Ny, ham. d'Orsières. Une loc. es Niouz à Lausanne
ou environs, 1288, M. R. VI, 649.
La Nioccaz, affluent du Buron, près Gressy. Ce mot aurait-il
quelque parenté avec Tadj. patois nioca, niaucOy la nigaude, la
sotte ? Les noms de ruisseaux sont pleins de telles figures : la
Mionnaz, la Gabiare, la Gayaz, la Frinze, la Brinnaz.
Au Nîplay, petit bois près Croy, au Mplîer, bois à Aire-la-
Ville, Genève, au Neplay à Illarse, Valais, Nippley, 1696; au
IViplay à Saint-Ging-olph ; de niple, nipplie^ nom patois de la
nèfle ; « le néflier est assez abondant au Niplay (Croy), où, nous
écrit M. Burdet, je me souviens d'avoir cueilli et mangé des
nèfles. »
Niremont, sommité alpes fribourgeoises ; de neiry noir, et
mont, à cause de ses flancs couverts de sapins.
IViton, Pierre à — , bloc erratique dans le port de Genève, Nei'
ton dans Spon, 1670, qui le tire de Neptune, ital. Nettuno, dieu
des eaux, dérivé aussi de Neith, dieu des eaux chez les Gaulois ;
aurait été un autel consacré à ce dieu. Au pied de la pierre on a
trouvé, d'après Spon, un couteau et deux haches de bronze.
Nîtraverd, carte Dufour, Nitravers, Siegfried, aussi Zim-
merli, III, 87, ham. de Grône, Valais, fausses orth. ; liaison de
308 NIVA — NŒS
en avec /travers, de y = es et travers, dans les terres en travers
du plateau.
La Niva, alpe d'Evolène, et Mell de la Nîva, sommet vallée
d*Hérens ; loc. à Bourg-Saint-Pierre, Entremont ; du latin nivem,
neige, v. fr. nivey patois nevOy niva, neha. Ce nom se retrouve
dans la partie germanisée de la vallée du Rhône : Niven et Niven-
pass, sommet et col, alpe^s de Louèche ; Niwa, bisses, et Niwen,
mayens, D. Viège et de Brigue.
Noale, vignes à Ayent et loc. à Savièse = novalia, navales ,
nouveaux défrichements, avec apocope du v.
Noble, voir Mont-Noble.
En Noche, petit vallon fermé à Aigle, en Nosche à Ollon. On
pourrait penser à en Oche, avec soudure de Tn, mais d'anciens
textes montrent qu'il n'en est rien : les M. R. XXIX mentionnent
un ciausum de Nochi, 1288, Nochi/y 1829, près Sierre, un pratum
de la Nochi près Lens, 1260. Les trois du v. fr. noche j forme
fém. de noc, s. m., baquet, auge, réservoir en pierre pour rece-
voir les eaux de pluie (Godefroy).
Nods, ail. Nos, Neuveville, Nos, i255, Noos, i258-i8o6; le
V, fr. a no, s. m., auge. Dans le Berry, noud, s. m., a le sens de
noche, voir ci-dessus. Nods est probablement les nos, nods, les
nouds, les auges, au figuré, à cause de sa position dans une combe.
Noé, Praz — , à Bramois = pras nové, pré neuf, apocope du
V comme Noale pour novale, et Balaanx, Balaoz, carte Club,
alpes de Nendaz, pour Ballavaux.
Noës ou Nœs, ham. de Granges, Valais. On pense d'abord à
nuces, noix, le hameau est entouré de beaux noyers. Mais on ne
trouve aucune trace de ce hameau dans les anciens textes ; par
contre on trouve une dizaine de mentions d'une localité au terri-
toire de Granges, nommée Œz, qui a disparu sans laisser de
traces: Grista de Œz, 1080, vineam Doiz (d'Oiz), 1288, plantata
de Œz, 1260, QJz, 1279, ^299, vinea de Œz, 1297, frustum apud
Œz, 1292 et 1297, vinea d'Œyz^ 1304, M. R. XXIX, XXX. Il
faut en conclure que le Œz du XP au xiii^^ s. et le Noës d'aujour-
d'hui sont une seule localité et que Noës s'est formé par aggluti-
NOIRAIGUE — NORÉAZ 309
nation de la préposition Ën-Œz, Noës, comme Ënnej de en Hejz,
Neuloz, de En Ëuloz, etc.
Noiraigue, villagi'e et ruisseau, Neuch., Nigra aqua, 998, Ma-
tile, I = eau noire.
IVombrieux, sommets sur Bex et sur Gorbeyrier ; Pointe des
Ombrieux sur Vionnaz, Valais, rOmbriaou, ou Lombriau, som-
met et pâturage à Albeuve, Frib. ; du latin umbilicuSy provençal
umbrilh, fr. nombril.
IVonens ou Nonan, ham. de Gorminbœuf, Frib., Nonans^
1178, Donat. Haut., Arch. Fr. VI, 1260; pourrait être chez les
descendants de Nonno, NannOy n. pr. germain ; toutefois la dé-
couverte dans la localité de nombreuses ruines et antiquités ro-
maines montre que Tendroit a été habité dès Tépoque gallo-ro-
maine.
La prononciation ans au xii« s. Ta fait exclure par M. Stadelmann,
de la liste des noms en ans d'origine germanique. Cela ne nous paraît
pas une raison absolue, puisqu'on trouve à la même époque et même
antérieurement la terminaison ans pour des noms germaniques indiscu-
tés : Marsans, 1137, Sorans, 1150, Hidber, Aleran, Allerant. 1147^ 1154,
M. K. XII, Granz, 1212, lllan, 1214, Boslans, 1218^ Escublans, 1220,
Gommuans, 1218, Gomoans, Vuyllans, Promasans, 1220, dans la même
charte et à côté Vulleins, Promaseins ; Coriolans, Escuvilans, Vister-
nans, 1223, même charte, à côté de Coriolains, Cotains, Lovains ; nous
pensons donc que Nonens peut être aussi dérivé d'un n. pr. germain.
Chose curieuse, ces formes en ans, parallèles à celles en eins, parais-
sent avoir été des traductions germaniques, si nous en jugeons par un
acte de 1212-1220 des Fontes rerum Bern. II, 24, qui porte au-dessus
des noms romands leur traduction allemande, ainsi :
theotonice Arans th. Merans th. Gurnols
...ex adjacentibus vicis... de Arins, de Mareins, de Curnâl,
t. Eingo t. Wilere.
de Einjo... ac de Vilare.
Nonans est aussi un n. de famille sans doute dérivé de celui du vil-
lage, cas très fréquent: dans Jeunet, Abbaye de Fontaine- André, on
trouve un Pierre Nonans abbé, 1489-1502, un autre Pierre Nonans no-
taire, 4349, Jean Nonans, 1431. Le sceau de Tabbé porte deux têtes de
nonnes, armes parlantes. Op. cit., 97, 204.
Norétiz, D. Yverdon, Nœruls et Nuruls, ii47> Gart. Month.,
M. R. XII, Nœraia, Nueraia, 1218, M. R. VI, 117, Nœrei,
310 NOUTRE — NOYERAYE
ia45, Cari. Month. ; les deux premières formes de nucariolaniy
les autres de nucareta^ forme féminine de nucaretuniy noyeraîe ;
même ori^ne pour le Noréaz, D. Sarine, Frib., Noarea, ii34,
Nuarea^ 1180, Donat. Haut., Noreya, i4o5, Norea^ i635. On
dit une noraie dans le Berry pour une plantation de noyers.
En IVoutre, champs à Fully, soudure de en = en Outre,
champs au delà, outre, prép. très employée en Valais.
IVoval à Buix et Courtedoux, Novalles, D. Grandson, ISovellis,
1179, NouelleSy i4o3, M. R. XII et XIV ; ham. et loc. à Pully,
Navales, 1226; Etoy, Renens, Blonay, Poliez-le-Grand, etc.;
Neu villes à Martig'ny ; Novallettaz à No ville ; le IVovelet, ham.
de Provence ; aux IVovelets, loc. à Pompaples, diminutifs ; du
latin novaliay terres nouvellement défrichées ; syn. de essert, es-
sertum sive novale, M. R. XII, 176 ; se retrouve dans Tall. No-
flerty villages Berne et Fribourg*.
IVovassalles ou IVova§elle, loc. à Aigle ; du nom d'une an-
cienne famille noble, orig'inaire du Chablais, Pierre Denovasselle,
bourgeois d'Aigle, i442 ; comme Neuvecelle près Ëvian, berceau
de cette famille, nove sala, 1288, Novassellay itit^i, de nova,
nouvelle, et sala, du germanique sal, maison, et non de neue
zelle comme on Ta expliqué.
Noveleu, lieu-dit à Aile, Jura bernois ; de novale, terrain nou-
vellement défriché, et suff. dim. eu de eolum, comme Prayeux
de prateolum.
Novell! ou Novali, alpe de Nendaz, Novelli ou îVovelle, alpe
d*Hérémence, Valais, Novelles, i448 ; voir Novalles.
Novi ou Novy, Praz — , une i2« de loc. Vaud et Frib. = pré
neuf. No via, vig-nes à Blonay, peut-être môme origine.
Novîlle, D. Aigle, Vaud, Nova villa, 1177, 1286, Novellis,
II 79 d'après de Gingins, Recherches. Novilla, 1268, Novella,
i342 = nouvelle villa, ferme.
Noyeraye, Monthey, Noyeray, Bagnes, Noyeret, Dorenaz,
Granges- Vaud etRances, Noyereltcs, Ecublens, Noyerat, Cham-
pagne, Noyeraux, Aigle, 17 18, Féchy, etc. ; Noïrel à Golombey,
Noyeret, 1696 ; de nucaretum et nticareta, noyeraie, de nucem
NOYRES — NUVILLY 31i
et suffixe areturriy — combinaison des suffixes arius et etum, —
formé dans la basse latinité lorsque les adjectifs en arius eurent
pris le sens de substantifs.
Es IVoyres (noïre) à Porl-Valais, patois nohira = aux noyè-
res, aux noyers.
La IVoZy m. près la Sorne et rétang* de Bellelay, et Gombe des
Noz à Fontenay, Jura bernois ; probablement le même que le v.
fr. noe, noue, bas latin /loa, normand noCy prairie marécageuse ;
proprement aug'e, bassin, encore dans ce sens dans le Berry, puis
terrain bas, inondé.
Nozon, rivière, D. Orbe, Novisonum ou Novisonam fluviolum
vers 642, Noisonem fluviolum, 1049. Novisona est évidemment
formé de Tadjectif celtique novios, nouveau, frais, et o/ia, source,
rivière, donc source fraîche. S'appelait aussi simplement Lion, du
celte fflion (pr. lion), eau courante ; de là Vau-lion.
iVugerol ou Neureux, anc. loc. au lac de Bienne entre Neuve-
ville et le Landeron y détruite avant 1809. Orthographe très va-
riable : le Mus. N. XXXV, p. 33, en compte 44 formes ; les prin-
cipales : Nugeroiis, 866, 884, 962, Tr., Nugerol, ii47, Nueroly
1 185, Nuruz, 1264, Neureux, xv^ s., Nyrouly etc. ; de nucario-
iurrif noyeraie. Nug^rol a aussi été le nom au moyen âge (1292)
du villag-e soleurois de Nug-lar. Tr. 11, 529. L. de Meuron (Mairie
du Landeron) tire Nugerol de nigra vallis, p. 10, et Neureux de
neuf ruz, ruisseau, p. i^, "^sins se douter que ce sont deux formes
(lu même nom. •
Nuvilly, D. Broyé, Frib., Nivillins, 1182, M. R. VII, 28, Nu-
rilie, 1228, Nuovillie, 1242, M. R. VI, 667, Nuoilliez, i5oo =
(praedium) Noviliacum, domaine d'un Novellius, gentilice connu
chez nous par des inscriptions de Genève. L'interprétation du
P. Dellion, novus locus, ne soutient pas l'examen. La forme de
1 182 avec son suffixe germanique est curieuse. C'est une forma-
tion analogue à celles de Tartegnins et Trevelin, voir ce dernier
mot.
M. le curé Dupraz, dans son bel ouvrage sur la Cathédrale de Lau-
sanne, p. 274, dit « Nivillins n'est certainement pas Nuvilly, comme
312 NYON — OCHB
l'apparence le donnerait à penser. » Nous persistons à rapprocher ces
deux noms qui n'ont pas plus de difiPérence que Tartignie et Tartegnins^
Triviliacum et Trévelin et s'expliquent de même.
Nyon, Noviodunum à Tépoque romaine, puis Nevidunum, Ni-
dunum et Nudunum dans les chartes au xrv«s., M. G. XXI,
NiunSy i2o4, 121 1, NionSj i244> M. R. XII, NyonSj 1246, M. R.
V, 1278, i344; du celte novio, nouveau, et dunum^ fort, nou-
velle forteresse.
Obecca, Grande et Petite, et TObequettaz, pâturag'es à la
Tour de Trême, Obecaz, i368; rObeccaz, ham. de Sorens,
D. Gruyère ; Chèques, m. à Gurtilles, D. Moudon. Pourrait-on
supposer Tall. Obegg ou Obeck, localité sur un angle saillant?
C'est déjà un peu loin de la frontière des langues, bien qu'il y ait
plusieurs noms allemands à Ghâteau-d'Œx, à La Roche et même
à Prez, non loin de Payerne, où il y a un lac de Seedorf !
L'Obêche, fausse orth. de quelques guides et cartes pour lo
Besso, sommet d'Anniviers ; voir ce mot.
Es Obépins, m. à Gratta vache, Frib. ; autre graphie du v. fr.
aubépin, aubépine.
Oche, Dent d' — , alpes près Saint-Gingolph, Valais ; de ochey
s. f. = coche, entaille : la montagne a deux sommets, la Dent et
le Bec, séparés par une profonde entaille.
Oche, Ouche, QSuche, diminutifs Ochette, Ouchette, Ou-
chelettes (Nax, Valais), nom de quelques hameaux et de très
nombreux lieux-dits^ autrefois n. commun. Littré donne ouche :
bonne terre capable de porter toute espèce de fruits, terrain voisin
de la maison, planté d'arbres fruitiers ; du bas latin olcay mot
celtique employé par Grég. de Tours, vi® s., 4c campus tellure fe-
cundus, taies enim incolae (les Rémois) olcas vocant » : champs
de terre fertile, de tels que les habitants appellent olcas, oches.
Olca a donné oche, retraduit dans les chartes en Ocha (ad Ochas
à Gorgier, 998), ochia^ parfois latinisé en olica *. Oche se dit gé-
* Une charte de la 14* année du roi Rodolphe III, soit en 1008, M. R. XXVI,
p. 142, dit: In villa Severiaco olica I qui terminât de très partes terras Mauri-
OCOURT — ŒX 313
néralement dans le G. de Vaud ; Ouche, pied du Jura vaudois et
Neuchâtel, Œuche dans le Jura bernois. En Valais souvent Dusse,
Oussettes et avec Tarticle soudé Lousse, Ayent, Vétroz, Loucette
(Vercorin), permutation ch-s ; enfin Offe, Ouffe dans certaines
localités de la vallée du Rhône ; voir ces mots.
Ocourt, D. Porrentruy, Berne, Oscurt, 1189, 1178, Hoscort,
1210 = cour, ferme de Hozo, n. pr. germain. Fôrstm., p. 700.
(Ex, Château d' — , Pays-d'Enhaut, Castrum in Ogo, io4o,
Ogoz, iii5, vallis de Oizt iii5, F. B. I, 0/r, Oity 1177, Or,
xii® s., Cart. Month. ; Oix^ Œz, 1228, OyZy 1288, puis OyeSy
1841, Oyex, OyeZj i486, etc., en ail. Œsch,
On a proposé de nombreuses explications de ce nom. Dans les Etrennes
helvétiennes de 1801, voir aussi Conserv. suisse^ V, 164. Bridel le dérive
de oie, pré, par un faux rapprochement avec oison, mieux voaazon,
gazon^ qui vient du v. h. ail. waso. F. de Gingins en 1837 et Hisely
après lui, M. R, IX, 51, tirent Ogo de ffoch-Gaa, Haut-go, contrée éle-
vée, étymologie que Zimmerli considère comme possible ; mais, comme
Gatschet le fait remarquer justement, on ne trouve nulle part dans les
chartes des expressions bas latines correspondantes telles que Altigau-
dia, Altgauvia, etc., qui en seraient la traduction. Pour Gatschet Ogo,
Ogoz est la forme romanisée du gothique atisk, v. h. ail. ezzisc^ m. h.
ail. eschj œsch, pâturage clos, entouré de haies. D'autres le dérivent de
Esche, le frêne, plur. Eschen, du v. h. ail. asca, soit l'équivalent de
Frasses et de Frenay. Ces deux étymologies, surtout la première, sont
satisfaisantes pour le nom allemand Œsch, mais il est difficile d'en tirer
Ogo.
Ch. Morel, Revue hist. vaud., 1901, dérive à son tour Ogoz du
mot auge, ouge, bas latin augia, nom très fréquent dans la vallée de la
Sarine, patois oudze. Malgré toute l'autorité d'une opinion émise par un
homme aussi versé dans ces questions que Ch. Morel, il nous est impos-
sible de l'adopter. Sans parler du déplacement de l'accent qu'elle sup-
pose : Aùfife, Oùge, Ogo, il est difficile d'admettre que cette même racine
ait, dans les mêmes lieux, donné des formes aussi différentes que Œx et
Ouge ; il y a 7 Ouges au Pays-d'Ënhaut ; comment leurs noms auraient-
ils persisté à côté des transformations successives du mot qui est devenu
Œx? En 1040 Ogo, 1115 Ogoz ; le nom se modifie rapidement, déjà en
cii, etc., sans doute par un rapprochement avec Tadj. aulica, qui dépend de
Taula, et dans Hidber, II, p. 499, un acte de 979 (41* année de Conrad) où Bal-
duf échange Ollica I contre un champ à Siviriacum. Hidber traduit avec doute:
Hofsttatt ?
314 OFFE — OGNONNAZ
1115 Oiz et 1228 Oix et Œz, c'est presque le nom actuel^ tandis que les
Auge et les Ouge s'appellent encore de même sept ou huit siècles plus
tard. En outre Aufa^a désigne toujours des terrains bas, au bord des
rivières. Cette étymologie est, croyons-nous, juste par exemple pour le
village de Œy^ Bas Simmenthal, Ogie en 1270^ Oia, 1302^ où l'on voit
la transformation d'augia^ et qui est au bord de la Simme, mais Chftteau-
d'Œx est sur la hauteur, à 60 m. au-dessus. L'étymologie reste donc
encore indéterminée. Notons en passant que les prés au-dessus de Mon-
treux, dans la direction du Pays-d'Enhaut, s'appelaient Prata de Our,
1317, M. R.
Offe, Auffe, Ouffe, dim. Ouffettes, loc. de la vallée du Rhône,
à Vionnaz, Salvan, Colombey, Dorenaz (aussi aux ZoufiFettes),
etc., Valais, et à Bex, Ollon, Corbeyrier, Veyges, Leysin,
D. Aigle ; en Louffe à Bovemier, Massougex et Vionnaz, VOche^
1761 ; Louf à Evîonnaz, Louffe ^ 1760, Loufe à Collonge ,'pour
rOuffe ; le même que Oche. Ouche avec la permutation ch-f ,
comme dans Salanfe, Lanfe, pour Salanche, Lanche.
Ogens, D. Moudon, OgenSy 1166, Ogeins et Oiens, 1227, M.
R. VI, 176, 177, i85, OgienSy i4i2, Ogens, i453 zz chez les des-
cendants de Ogo, autre forme de Hugo, n. pr. germain ; de la
racine v. h. ail. huguy esprit. Fôrstm., p. 760.
Ogis, Pré des — , à Elssert-Pittet, pour Ozis, pré des oiseaux ;
du patois oziy de avicellum, petit oiseau, permutation z-j, fré-
quente en patois. Rappelle un lieu-dit Osoget, 1 258, entre Peney-
le-Jorat et Gorcelles, M. R. XII, 92.
Ognonnaz, ou par corruption Oyonnaz, ruisseau près Vevey,
Ouniona vers 12 15, Cart. Laus., M. R. VI, 35 1, Onuina^ On-
nunay 122^, Jlumicellum de Osnona, M. R. VI, 875, EgnonaZy
i356, Ognyona^ 1376, 1893 ; Bridel, Essai sur le lac Léman,
Conservateur suisse, V, 63, écrit Uïne,
D'après M. A. de Montet (Hist. Vevey, i35), Ognonaz serait le
nom du territoire que le ruisseau traverse, nom dû aux planta-
tions d'oignons qui l'occupaient sans doute autrefois ; le nom
aurait passé à la rivière. Cette étymologie est bien peu vraisem-
blable ; tous les noms locaux semblables dérivés de noms de
plantes cultivées sont en eyre, ère, ière : un territoire planté d'oi-
OGOZ — OLEYRES 315
gnons se serait appelé Ounîonere, Ougnonejre, comme on a Por-
reyre, de porrum, Panesejre, de panis, etc. Ognonaz vient sans
doute d'une racine celtique onio, ounio, qu'on retrouve dans les
noms celtiques Ouniorix, Onnio cités par Holder, et ona, rivière.
Ogoz ou Ogo, domaine sur Saint-Saphorin-Lavaux, Ogga^
xii« s., M. R. XII, 19, 162 ; ham. à Puidoux ; propriétés des reli-
gieux de Marsens au pays d*Offo, ancien nom du pays de Gruyère,
soit du comté qui s'étendait sur la haute Sarine : Butulum in
OgOj 900 (Pago ausicensBy 980, Hidber, I, 220), Rua in Ogo,
1019-1086, Rodulfus cornes in Ogo, 1172, Radulfus cornes de
Ogga^ xii® s., Rola in Ogo, 1182, decanatus de Ogo, 1228,
Ponte in Hogo, i25o, aujourd'hui Pont en Ogoz, etc., M. R.
XII, Zimmerli, II, 188 ; origine incertaine, voir Œx.
Oie, Oye : Tattes d'Oie à Nyon, Champ de l'Oie à Bière, à Pa-
lézieux. Moulin de l'Oie à Bogis, bois à Aijsi^le et Daillens, Crèt
d'Oye à Apples, Prés à Châtel-Saint-Denis, CofiFrane, Pàquier,
Saint-Aubin, loc. à Noville^ Saxon, MoUens ; Ruz des Oies à
Bulle ; Fin des Oies à Courtetelle ; Pré de l'Ouye à Yvorne, des
Ouyes à Oulens ; Pré d'Oyon à Aigle, noms datant de l'époque
déjà reculée où l'on avait des troupeaux d'oies, patois ohia, ouhie,
dim. ohion, ouhion, Berry oyon, du latin auca, oie.
Le Dict. géogr. d'Attinger dérive ces mots de Fall. oei, v. h. ail.
ouwa, m. h. ail. oia^ prairie humide. Mais un grand nombre de ces
localités ne sont pas du tout des prés humides, au bord de Teau (Crêt,
Tattes, Champ). En outre le mot allemand ne saurait donner le son
mouillé de ouye. En 1675, sur la plainte du conseil de Fleurier, se plai-
gnant des dégâts faits par les troupeaux d'oies, le Conseil d'Etat de
Neuchfttel ordonne à tous les propriétaires d'oies de s'en défaire dans les
huit jours. M. N., VI, 313.
Oisonfontaine, ham. de Saint-Ursanne, Berne, au bord d'un
ruisseau. Est-ce le dim. français d'oie, oison, ou une fausse ortho-
graphe pour Youason^ terrain bas et humide. Il faudrait des
formes anciennes pour décider.
Oleypes, D. Avenches, Oleres, 1228, M. R. VI, 834, OlyereSy
1289, Matile ; Olieres, 1272, Olelres, 1840, Rec. dipl. III, 16 ; ces
4 orth. dans une même charte de 1289, Mtl., Olieres, i255.
316 OLEIRE — ONEX
Wûrstbg*. , 200. D'après Gatschet, de aulearia, de aula, terre
dépendant d'une ancienne demeure seig-neuriale : très douteux^
d'après les anciennes orth. Signifie peut-être poterie ; il y a un
mot V. fr. olier = potier (note de M. Bonnard).
L*01eire ou Oleyre, ruiss., affl. de la Mentue, près Bercher.
Olives, Creux des — , à la Chaux-de-Fonds ; de olive ^ nom
vulgaire dans le Jura neuchâtelois du Narcisse faux-narcisse, fré-
quent dans quelques vallées du Jura. A la Côte, olive est le nom
de la Primevère acaule.
Ollon, D. Aigle, Aulonum, 5i6, 1018, Olonum^ ii57, OlunSy
1178, Oulon, 121 1, Olun, 1217, Olon, 1282, Oulon, 1260, 1288,
Olons, 1260, Oullon, iSgô, i6i4, etc. ; Olon, ham. de Lens près
Sierre, Valais, -^m/m/is, iioo, Ulricus de Aula, 1219, Galons^
1246, Ouluriy i3o8, Olon, i453 ; les deux du latin aula, au sens
de ferme, dépendance de quelque grande maison seigneuriale.
Ombriaux, Ombrieux, voir IVombrieux.
Omène ou Omeinaz, alpe près du lac Noir, Fribourg, souvent
écrit, avec soudure de la préposition, lac Domène, Bridel, Cou-
serv. suisse, IV, 281, et Domeinaz, Lutz, ou encore lac Domaine,
Conserv. suisse, V, 178 et X, 278, alpibus de Almina, 11 84,
1200, Haulmena, Aumina, 1289, Almina, ii4G, Hidber, ^u-
mina, ii46 (Mtl.), Halmeyna, xiii® s. (Lib. Donat. Hauterive,
Arch. Fr. VI. 54, 78, 126) ; de Tall. Almeinde, Allmend = pâ-
turage commun, d'après Gatschet.
Le Dicl. géogr. d'Attinger donne asile à une élymologie d'après
laquelle ce nom lui viendrait d'un moine d'Haulerive qui aurait exorcisé
les serpents de la contrée, de là le nom de montagne du Moine, dou
Meino, d'Omeina, puis d'Omène. La simple lecture des anciennes formes
du nom et le fait qu'Almina se rencontre déjà en H34, tandis qu'Haute-
rive n'a été fondé qu'en 1137, en prouve Tinvraisemblance. (Dans un
errata, le Dict. a corrigé cet article qui avait échappé à l'attention de
ses directeurs.)
Les Onchots à Cronay, Onchèpes à Oulens, les Onchepaltes
à Courgenay, D. Porrentruy = jonchets, jonchères, apocope du j
comme dans le jeu des jonchets dit aussi onchets ; voir Jonchire.
Onex, C. Genève, Ounay, Honay, xiii« s., Rég. gen., 5i4,
ONNAZ — ORDON 317
Onay, 1291, i3ii, i34A> M. G. I, IX et XTV ; de (fundum)
Onacum, domaine de Onus, comme Aanaj, Dép. Nièvre, jadis
Onacum. La racine onus est employée dans lonomastiqae romaine.
De Vit a le gentilice Onusanius. Peut-être Onus est-il simplement
le nom germain Ono latinisé. Onex devient A u/i^x, 1717, Au/ia^,
Ounai/y Aulnayy Alnetum au xyiii^ s. par fausse traduction,
confusion avec aunaie.
Onnaz, pâturage de Vionnaz, Valais, Hona^ i4o2,M. R. 2^ .,
II, 39 ; la carte Du four écrit Nona^ soudure de n : en Onaz ; ori-
gine inconnue.
Onnens, D. Sarine, Fribourg', ail. Onning, UnenSy 1187,
ii46, 1197, M. F. II, m, UnainSj 1228, Donat. Haut., UneinSy
1228, M. R. VI, Onyn, 1622 (Del lion) ; — autre D. Grandson,
UnenSy 1228, villam des Unens, i84o = chez les descendants du
Germain On/, Ono.
Oppens, D. Yverdon, Opens entre 11 63 et 1171, Arch. Fr. VI,
OupeinSy i244, Wûrstfag*., 92 = chez les descendants d*Oppo, n.
pr. germain, Fôrstm., p. 971, correspondant des Oppikon de
Thurgovie (le Orpens de 1223, M. R. III, 552, est sans doute la
même localité).
Orbe, Urba, iv« s., Orba dans Frédégaire, 618, Urba, 866,
879, 987, viens Urbensis, 1049, Orbe vers 1220, Orba, ii4i»
1228, OrbaZy 1888, M. R. XIV, VI, V; tire probablement son
nom de la rivière voisine, VOrbe. Ce nom se retrouve en France :
VOrbt rivière des Cévennes. Orba était aussi le nom d'un fleuve
de Phrygie, affluent du Méandre, et leur nom vient peut-être à
tous des sinuosités de leur cours, racine orb, cercle : TOrbe est
très sinueuse dans son cours supérieur^.
L'Ordon, forêts à Boécourt, Asuel, Mettemberg, Jura bernois ;
^ Nous ne savons où M. Maxime Reymond (Revue hist. V, déc. 1905), a
trouvé que « l'Orbe supérieure s'appelait autrefois la Lionne et qu'au xviii* s.
encore la Grande Eau se nommait l'Eau noire. » La Lionne, Leona, 1140, est
un simple affluent du lac de Joux à l'Abbaye et la Grande Eau, jadis Ruisy oa
Rionze n'a jamais porté que ces deux noms. Celui d'Âijs^e noire appartient à
un ruisselet, affluent de la Grande Eau à Ormont-dessus et au hameau voisin.
318 ORGES — OR6IÈRES
les Ordons, forêts à Séprais, Champoz, Moutîer, Sojhières, Jura
bernois, au Lieu et le Chenit, vallée de Joux ; pAturag-e à Montri-
cher, loc. à Bullet, à Saint^Croix ; les Pœts Ordons à Ballai-
g^es ; les Grands Ordons à Corcelles ; Queue de TOrdon,
quartier de la Sagne, Neuchâtel = forêt dont le bois, de petite
taille, est exploité par parcelles par les charbonniers. Un arrêt de
1744 de LL. EE. « donne droit aux communes de marquer les
ordons aux charbonniers qui doivent laisser sur place les plantes
de demi-pied de diamètre. >► M. R. I, 436.
Orges, D. Yverdon, OrseSy 1260, M. R. I, 2« livr. 178;
champs à Lens ; probablement de horde um, org'e.
Orgemont, loc. à Combremont-le-Grand, à Yens, coteaux où
Ton cultivait Torge ; de horde um et montent .
Orge-Pré à Dizy et Praz-Orge à Moiry ; peut-être de hor-
reum, fenil, voir plus bas Org*eval,
Orgery, loc. à Saules, D. Moutier, Berne =: Orgière,
Orgeval (ou Orzeval), loc. à Saint-Léonard, Valais, Orgeval,
i38o ; Orzîval, loc. à Lens^ Valais ; Orge vaux et Orgevallettes,
3 pâturages à Montbovon, faussement écrit Org-evaud, atlas Sieg-
fried ; Orgevalettaz à Grimisuat ; Orgevaux, alpe sous Culant,
OUon, pâturage au pied du Folly, Montreux, loc. à Pompaples,
Servion et Morrens ; Orsîvaz, alpe sur Vercorin, D. Sierre, Va-
lais, corruption de Orgival, i3o3, Orgivaiix, i3o4 (le sommet
au-dessus s'appelle encore Bec d*Orzival). Ces noms ne sont pas
tous de la même origine. Ceux de pâturages viennent de horreum,
fenil, et vallem, val. Par contre, ceux qui désignent des localités
de la plaine, où il n'y a pas de fenils pour serrer des récoltes,
viennent de hordeum^ orge, vallem : vallons où l'on cultive
l'orge.
Orgîères, chalets sur Saint-Maurice (écrit aussi Ordières) ;
forêt à Ocourt, D. Porrentruy, à Gourgevaux, Fribourg ; Or-
guîères, chalet derrière les Pléïades à Blonay ; les Orgères, pâ-
turage à Arzier, 1049 ^- » Orgires, loc. à Froideville, D. Echal-
lens, m. à Ghâtonnaye, D. Glane. Un Orgiery à Morlon, 1394 ;
de orgière^ champ d'orge, bien que quelques-unes de ces localités
ORIETTE — ORMONT 349
paraissent peu répondre à cette étjmologie par leur élévation ou
leur aspect actuel.
L'Oriette, passage descendant du Château au lac, à Neuchâtel.
D'après Chambrier (Mairie de Neuchâtel), il y avait une rue
Gloriette dans le quartier le plus élevé de la rue du Château. Il
paraît que c*est la même par où Ton descendait à la petite tour de
rOriette nommée Gloriette en i44o. Un compte de la comtesse
énumère les provisions que « Madame a fait emporter en Glo-
riette, » soit dans cette tourelle ; TOriette est donc une corruption
de Gloriette.
Orjulaz^ Bioley — , surnom venant d'une forêt du voisinaf^e
qui occupait jadis la plus ^ande partie des territoires d'Oulens,
Bretig-njy Bioley et Etagnières, nemus de Oriola, 1192, 1228,
Oriola, 1200, 1280, 1272, Bioley-Or/io«/a5, 1627. Peut-être
aussi de la racine orge, latin hordeum, et suffixe diminutif ola.
Nemus de oriola serait alors la forêt avec de petits champs d'orge.
Orjux, Crét d' — à l'Isle, <>pjux à Goumœn»-la-Ville, Champ-
Porjux à Assens =z Champ-Orjux ; l'Opjus à Fiez ; origine in-
connue.
Es Ormes à Ollon ; Ormet à Ecublens, Vaud ; les Ormets à
Soubey, Jura bernois ; Ormey, village près Morat, Ormeis, 1890,
Rec. dipl. V, ail. Ulmitz, Ulmiz, 1260, ou, avec soudure de l'ar-
ticle, Lormaz et Lormoy à Savièse, Lopmy à Lens, un Lormey
à Ayent, 1270, 1288 ; de orme et ormaie, latin ulmetum.
Ormona, ham. de Savièse, Valais, Olmona, iioo, Ormona,
1200, Hormona, 1229, Ulmum, 1224, etc. ; également dérivé de
ulmuSj orme, très répandu dans la localité.
Ormont, vallée des Alpes vaudoises, terra de Chsiblais super
Ormont, 1200, Zimmerli, II, i46, Ormont, 1281, M. R. XXIX,
294 ; in Ormont y 1 282-1845, curatus de Ormont, 1287, commu-
nitas OrimontiSj i865, vallis Oreimontis, 147^, Aureomonte,
i485, vallis Aureimontis, 1496. Gatschet le tire de horreum et
montes, monts des fenils, des granges. Ne peut venir de là : hor-
reum -f- montes donnerait Orgemonts ; comparez Orgeval, Orge-
mont. Quant au latin aureum monte m, ce n'est qu'une fausse
320 ORNY — ORON
traduction latine de Ormont et il ne paraît que tardivement dans
les chartes ; ce n'est qu'à la fin du xv« s. (i485) qu'on a eu l'idée
que ce nom d'Ormont pourrait sig'nifier le mont de l'or. Il n'y a
jamais eu d'or, métal, dans la vallée, malgré certaines traditions
populaires nées sans doute de ces fausses traductions. Par contre
elle a été habitée long-temps par l'or, l'ours, dont le nom a laissé
de nombreuses traces dans le pays : entre 20 loc, citons la Joux
do VOurs à Arpille d'Ollon, la Tannaz à l'Or près Roche, le Roc
à VOurs et Orsay sous Chamossaire, Comborsin à Rougemont.
Ormont, pour nous, est le mont de l'ours. Bridel (Coup d'œil sur
les Alpes), dit : « Un très ancien document connu du géographe
Faesi l'appelle Ursi Mons, d'où l'on a pu faire également Ormont,
parce qu'en patois Or est un ours. « Cette étymologie pourrait
être admise, ajoute-t-il, s'il est vrai que le plus ancien sceau de la
vallée portait un ours pour les armoiries de la commune, comme
on me l'a assuré. » (Conservateur suisse, VI, 278.)
Orny, D. Cossonay, Ornie, 698, 600, ï2î^8, Orneiy 1012, Or-
niacuniy iio5, Hidber, I, Hornie, i325, Ornye, i344, Ornyex,
1345 ; de (fundurn) Orniacurn, domaine d'un * Ornius, genti-
licc dérivé du cognomen Or nus donné par De Vit. Quant à Oriiy,
vallon, chapelle et glacier sur Orsières, Valais, Ornier, 1820
(Bridel), la localité est bien retirée, toutefois il n'est pas impos-
sible qu'elle ne vienne également d'un nom romain.
Opon, AuronurHy 5i6, 1017, Orum, 1161, HorunSy 1221,
Orons, 1228. « Une inscription trouvée à Bordeaux porte le nom
celtique d'Uromagus, champ d'Uros, nom probable d'une station
romaine de Suisse, » dit M. d'Arbois de Jubainville, p. 899, op.
cit. Ce nom doit être celui du fameux Bromagus (Itinéraire d'An-
ton in) ou Viromagus (table Théodosienne), qu'on a cherché par-
tout, mais dont l'identité avec Uromagus a été démontrée par
MM. Pasche d'Oron et F. de Saussure, Revue hist. Vaud,, 1901.
Uro-magus, de magus, champ = champ d'Uros, n. pr. (ou de
l'urus, urochs, bœuf).
La terminaison magus tombe de bonne heure dans les noms
semblables ; à la fin du VF s. le g disparaît. Rotomagus devient
ORSAZ — ORTIER 321
Rotomous puis Rotomo^ Rotom, Rouen ; Riomagus, Riomao,
Riomo, Riom ; de même Arg^ntomagns-ArgentoQ, Turnomagus-
TournoD, Noviomagus-Noyon, Cadomag^us-Caen ; voir Jubain ville
et Holder.
Orsaz, Joux — , = joux, forêt de l'ourse ; es Opseys(ays) à
Vérossaz ; Orsay, loc. sous Chamossaire, Ollon, à côté du Roc à
VOurs = endroit où abondent les ours ; Orsera, pâturage, D.
Hérens, Valais = v. fr. orsière, tanière d'ours.
Opsîèpes, grand village de l'Ëntremont, Valais, Ursaria, 97a,
1062, Urserij 11 77, OrsereSy 1 199, Or«iére, 1224, etc. Orzeires,
pâturage près Vallorbe, Orseyre ou Orseire du xii« s. à 1679.
Gatschet tire ces noms de l'italien orzaria^ endroits où l'on cul-
tive l'orge ; mais cette culture ne s'est jamais élevée jusqu'à la
hauteur de l'alpe d'Orsera. Studer, plus près de la vérité, les dé-
rive de UrsariiSy stations de chasseurs d'ours. Tous ces mots
viennent de ursaria, v. fr. oursière, orsière. tanière d'ours.
Dans les environs du village valaisan, on trouve la Porte à YOrs,
le Greppillon de VOrs. L'ours habitait toutes les régions monta-
gneuses, — une Orseres à Grimisuat, 1267, — même du Jorat :
il y avait au xiiP s., près de Lausanne, une forêt à'Orsières^
« nemus quod dicitur Orseres^ >► Cart. Laus., M. R. VI, 824, et
« Orseres apud Lausannem » vers i235. De là encore
Orsin, pâturage sur Vionnaz, Valais = montem ursinum,
alpe^ mont de l'ours ; voir encore les articles Lousine, Hausse^
resse, Praz du SeXy etc.
Orsonnens, D. Glane, Frib., Orsenens^ ii43, 1166, ii84, Or-
sennenSy 1162, Orseneins, 1180, 1184, Orseineins, 1288, M. R.
VI, ii5, 64o, Orcenens, 1260, Wûrstbg., i33, Orsonneyns,
1826 = chez les descendants d'UrsinOy n. pr. germain, dérivé du
latin UrsinuSy de ursus, ours.
L'Ortier, vallée de l'Eau froide sur Roche ; chalets aux Mosses,
Ormont-dessous ; autre sur Miex, aussi Lortier, alpes de Vouvry,
Valais ; les Orties, ferme à Courroux, Jura bernois ; L'Ourtié,
alpes de Trient ; L'Urqui, pâturage sur Montbovon, Gruyère ; et
avec l'article soudé Lourtier, village de Bagnes, Plan Lurqui ou
M. D. SEC. SÉRIE, TOME VII 21
322 ORVALES — OTANES
Lurquier à Albeuve, Gruyère, permutation t-q ; chalets, hameaux
où abondent les orties. On dit de môme en romanche urtier, ar-
tiera et l'allemand a Nesseln, Nessleren, Nesslau, etc. ; dans Gre-
maud nous trouvons un Antoine zur Nesselen, i346, appelé Ant.
de Urtica, i354.
Les Opvales, loc. à Malleray, D. Moutier, Berne ; terres où
abonde Vorvale, un des noms vulgaires de la Saug« des prés.
Orvaux ou Orval, ancien nom du val de Tavannes ; nous pa-
raît être un Ors-vaux, une vallée de Tours, et le latin Aurea vai-
lis, XI v® s., n*est qu'une fausse traduction.
Orvîn, D. Gourtelary, Berne, ail. Iljingen ; UlvinCy 866, Uli-
vin, 975, Ulvinch, 1178, Ulvinges, 1196, Ulveins, 1228, Ulvens,
1234, Ulvinge, 1261, Uluin, i356. — Ulvingen^ 967, 962,
1225, Ulfingerty i233, etc. Matile et Gart. Hauterive = chez les
descendants de Ulf, autre forme de Walf^ le loup. Fôrstm. ne
donne pas Ulf, mais il a le féminin Ulfa et les dérivés Uljilo,
Ulfing.
Orzens, D. Yverdon, Orsens, 1177, Gart. Month., 1225, M. R.
VI, 162, 1228, i3i7, etc., Orseins, 1226, F. B. II, 74, i238, M.
R., 20 loc. à Lutrj ; et Orsens, loc. à Port-Alban, D. Broyé,
Frib. = chez les descendants d'Orso, n. pr. g-ermain, emprunté
au latin ursus. Fôrstm., 1218.
Orzeires, Orzoval, voir Orsière, Orgeval.
Oserabloz, voir Isé râbles.
Glanes, arête de rochers près du Bec de Gorbassière, Bagnes ;
les Outans, rochers sur Bex ; les Autans ou Gitans, rochers sur
Salanfe, Valais ; autres, vallon de Barberine, alpes de Salvan ;
Outannaz, paroi au S. du Grand Muveran ; les Oulannes, ro-
chers à Trient ; Outannaz, rochers et petit vallon, alpes de Vion-
naz, Hoczona, i4o2, M. R., 2^ s., II, 39 ; Oulhannaz ou Ous-
sannaz, vallon et parois de rochers à la Dent de Brenleire (Bren-
laire), alpes de Gruyère ; probablement de Tanc. adjectif autan
.==. hautain, (rochers) autans, (roches) aufanes. Ce mot se retrouve
en Dauphiné : oussane pour désigner certaines régions rocheuses ;
voir aussi l'article Autanes,
OTHNETTE — OUDE 323
Othnette, la Dame — , forél sur Corcelle, Neuchâtel ; tire son
nom de Othenette de Cormondrèche, femme de Vauthier de Neu-
châtel, seigneur de Colombier vers i4oo, M. N. XIX.
Gitans, que Tatlas Sieg'fried écrit Autans par une fausse assi-
milation, croyons-nous, avec les noms précédents ; ancienne loca-
lité dès long-temps détruite près Martig-ny, Actanis dans la charte
de fondation de labbaje de Saint-Maurice, ecclesia de Ottanne,
1178, Othans et Otans, 1200, Ottans, 1192, 1267, OctanSy 1291,
OtanSy 1228, 1827 *. Le groupe et ou tt rattache ces mots à une
autre racine que la série précédente : ils renferment le premier élé-
ment du nom de l'ancien Octodurum = château resserré, le mot
celtique octOy ochte, défilé, gorge. Une localité à Etoy, Vaud, es
Octannes, semble renfermer la même racine ; cela dépend de sa
situation.
Ouates, Plan les — , voir Vuattes.
Ouchin, Pré — , à Moutier, Berne = pré oursin, de Tours,
permutation jurassienne s-ch^ comme Ëssert-Ëschert.
Ouchy, ham. de Lausanne, Osciacuniy xi» s., Oschye, 1170,
1184, 1228, Oschie, 1184, 1211, 1872, OchiCy 1188, Ochiacum,
XIII® s., OchySy 1800, M. R. V, VI, VII, etc. Gatschet le rattache à
Œsch, Œx, voir ce mot ; mais le suffixe iacum indique une autre
origine : c'est un (praedium) Osciacum^ propriété d'un Oscius,
gentilice gallo-romain. De Vit, IV, 888, dérivé sans doute du nom
de peuple Ose us.
Ouclîou, pâturage sur Allières, Gruyère, — aussi en Noucliou,
avec n soudé, — patois ou Cliou = au Clou ou au Clos, du verbe
patois clloure, hlloure, clore.
Oude, voir Ouille.
* Près de là se trouvait aussi Octanellum, que M. de Gingins croit, — avec
beaucoup de raison, — être le Vernayaz d'aujourd'hui. Ce n'était en tout cas
pas Salvan, comme le veut J. Monod (Guide du Valais), puisque la charte le^
indique comme 2 loc. diff., Actanellum cum Silvano. Le Rentier de Salvan,
Renterium limitativum apud Salvan, 1732, Arch. de Saint-Maurice, prouve en
faveur de l'opinion de M. de Gingins : Verneya seu Octanez, p. 104, et Ver'
neyaz sive Octanez, p. 105 ; il n'y a pas de doute que cet Octanez ne soit TAc-
tanellum de 516.
324 OUDON — OURA
Oudon, voir Audon.
Ouge, Ougettaz, nombreuses localités : 7 au Pajs-d'Ënhaut ;
l'Ougoz, prairie à Corbejrier, dans une petite combe. Le ^ dur de
Oug'oz ne fait pas difficulté : on rencontre Oug'on, Oujon, autres
formes de auge, du bas latin augia, de alveus, bassin.
Guides, partie du village de Barberine, alpes de Salvan, inon-
dée et couverte de graviers par le torrent ; patois ouedo, vide,
« ouedadjo^ inondation, débâcle, ^ Bridel. On peut sans doute y
rattacher les autres localités valaisannes Odei, Odes et peut-être
Haudères ; voir ce dernier mot.
L'Ouille, rocher escarpé, isolé, dominant de 100 m. la route
Pont-Vallorbe ; TOuUe Secca (Oulie Cecca), rocher près du gla-
cier d'Otemma, Bagnes ; les (Eillons, loc. à Noiraigue, Neuchâ-
tel ; es Oulliets, Oulies, prés à Monthey, Oude, loc. à Conthej,
d = 11 mouillé, donc == ouille ; de ouille, aiguille, et diminutif
= aiguillon ; voir aussi Avouîlle et Avouillon.
Oiijoii, ancienne chartreuse près Arzier et ruisseau voisin. Al'
giOy Augio^ xii« s., domus Alionis, 1214, 12 19, domus Augio-
ni5, xiii^ s., Oujorij 1235, Augion, 1261, etc.; le même que
auge, de alueuSy bassin, au sens de petit vallon fermé. Ougion,
Ouzon est aussi l'ancien nom du pâturage d' Audon, alpes du Se-
pey ; voir Audon.
Oulens, D. Echallens, OllenSj ôgS, 600, Hollens, ii4ï> M. R.
XIV, Oulens, 1177, Olleyns vers 1200, OuleinSy 1228, M. R. VI,
Olleins, 1288, Oulens, 1424» Oulans, 1489, M. R. XIV; —
autre, D. Moudon, Ollensy 696, aussi Oulyn, Girard Dou Lyn,
Dou Lin, Dellion, IX, 218 = chez les descendants de Ollo^ n.
pr. germain, Ollo dans Grég. de Tours, Olo dans Paul Diacre.
Fôrstm., p. 182. .
L'Oupa, Grét de — , près Travers, Neuch., Bois à TOuraz à
Pizy, la Tanna à l'Oura, caverne à Naye sur Montreux ; Pertuis
à l'Oura sur Vouvry ; du patois oura, latin aura, vent. Crôt,
bois, caverne, trou du vent. Totouraz, loc. à Bofflens, le même
que le français Toutvent à Vallorbe et à Tous Vents à Rances.
De môme en Provence des endroits exposés au vent s'appellent
OURÉ — OV AILLE 325
Milloure, Millaura (ce que la carte de Cassini traduisait par Mylord
d'après A. de Rochas, Année g'éogr.).
Ouré, champs et vignes à Savièse, Prés de l'Ouraz au bord
de la Venoge à Lussery ; d'Ouraz en Ouraz, loc. à Suscévaz,
DorenoraZy 1281, 1287, M. R. III, 628, 628 ; du latin ora, bord,
d'où le français orée. Ouriette, loc. à Aubonne ; peut-être un di-
minutif irrégulier (la forme régulière serait ourette), lei intercalé
étant dû à l'influence du patois local.
Les Dusses à Conthey, Nendaz, Evionnaz ; l'Oiissettaz à Veî-
sonne, et avec soudure de l'article, Loucette à Vercorin = Ouche,
Ouchette, avec la permutation valaisanne ch-ss ; pour l'origine,
voir Oche.
Outard, h. à Longirod, D. Aubonne, grangia de Altaribus,
1 165, Rég. gen., io5, de Altari, 12^1, grangia de Altar^ Autar
au xiv« s., Dict. hist. Vaud,, propriété alors de l'abbaye de Bon-
mont. Mais ce nom est plus ancien sans doute et vient probable-
ment d'un ancien autel druidique ou pierre à écuelles qui se
trouve dans le bois voisin. Il y a à Passy en Faucigny un endroit
appelé les Outards, où se trouve un temple de Mars, attesté par
deux inscriptions conservées dans le mur de l'église, M. G. I,
276 ; de même, près de Saint-Ursanne, Berne, la Pierre de
l'Autel, de VOalter, i436, rupem Altare^ 1210.
Outhannaz ou Oussannaz, petit vallon entre les Dents de Bren-
leire (ou Brenlaire) et de FoUieran, Gruyère, OstannaZy 14^9,
Hautannaz^ i47i ; voir Otannaz,
Ouye, voir Oie.
L'Ovaîlle, loc. à Yvorne et Corbeyrier, sur l'emplacement de
l'éboulement de i584. Ne vient pas d'aval, en bas, comme on l'a
dit, mais du v. fr. orvale^ orvaille = tempête, ouragan, désastre
qui présente chez nous la forme ovaille^ mot qui revient fréquem-
ment dans les chartes d'Aigle relatives à la Grande Eau ; aussi
ailleurs : une charte de i5i8 parlant de la maison forte de Gou-
mœns-le-Jux, alors en ruine, dit domum fortem, ad ruinam per
ovalia bellorum et incendia reductam, et dans les Mém. Inst. G.
326 OVERESSE — PAIGHEUX
IX, 2iy une autre porte, à propos d'un bail, que le propriétaire ne
veut portare g>arentiam aliquam de tempestate seu ovallo.
Overesse, loc. à Assens, Avenches, Torny-le-Grand ; du latin
ovis, mouton, et suffixe eresse = ière : prairie des moutons,
comme Boveresse, des bœufs, Porcheresse, des porcs, etc.
Ovronnaz, ham. sur Leytron, Valais, Neurona, carte Dufour,
et Nevronaz, Dict. de Lutz, par soudure de la préposition : en
Ouronnaz, Uvrona^ iioo, M. R. XVIII. Un autre jadis sur Gri-
misuat, OoronUy laôo, Uvronna^ 1267, M. R. XXIX et XXX.
Ozaîre, ruisseau de Pierre — , près Lausanne, petra Açusoria^
1142, Cart. Month., M. R. XII, pierra Uziéry, 1288, ik']^ y pierre
Ugieyre, i536, M. R. VII, Pierra Aizaire, 1780. Ce nom, dont
le sens nous échappe, se retrouve ailleurs : deux chartes valai-
sannes de 1224 parlent de fonds de terre « apud petram Awu-
sori » et « lapide A wusori, » D'après les noms des témoins, de
Vernamièg-e et de Bornué, ce doit être à l'entrée du val d'Hérens ;
enfin, xm^ petram Haysieri aux Ormonts, i3i5, rappelle sing>u-
lièrement la Pierra Uziery de 1288.
Ouvrés, Fin des — , à Siviriez = des terres ouvrées, labourées.
Ouvry, loc. à Gontliey ; probablement môme sens.
Paccay, Pacoret, Paccoresse, autres formes de pâquier ; Pa-
cot ou PaccotjS, fém. Pacôte, Paccotte,s, nombreuses locali-
tés ; Pacoty, écart de Founex et 2 loc. Frib. ; Paccotires à Lus-
sery, Pacoteîros, alpe de Dorenaz, Valais ; du mot romand pacoty
boue : lieux, pâturag'es boueux. Peut-être le dernier de pacoteire,
nom patois du populag-e, ou bouton d'or, Caltha palustris, si
abondant près des sources des sous Alpes et le long des petits ruis-
seaux.
Padeitaz, loc. à Vétroz ; permutation l-d = palette, voir plus
bas.
Pacheux, Pachîre, voir Passiau.
Sur Paicheux, prairies à Bassecourt, Jura bernois ; de pas^
cuale (pratum), pré que Ton pâture, et suffixe dim. eux, de eo-
lum.
PAILLY — PALETTE 327
Pailly, D. Echallens, Partie et Parliei entre ii5o et 1177,
Arch. Fr. VI, Parli, ii54, Parley^ 1182, Parlye^ ^^lly ii84,
Cari. Monih. y Partie, ii']li'i2l^2, Palliez j 1261, 1877, Pallye,
1296, Pailliez, i453, Pallie, i537 ; d'après les formes posté-
rieures à i25o, M. R. VI, 420, etc., comme Paillj, dép. Yonne,
de (praedium) Palliacum, domaine d'un Pallias, gentilice ro-
main, mais la présence rég'ulière de Tr dans les 6 formes anté-
rieures indique un autre g-entilice à rechercher.
Painsee, ou mieux Pensée, 1806, Pensay et Pensey, 1820
(Bridel), ham. vallée d'Anniviers, Valais, Pessey, 1260, Pessei,
1284. D'après cette ancienne forme, Pensée est un picetum, bois
de pins, du latin picea. Pour le suffixe ec, voir Biolec.
Palais, m. à Corsier (Genève), champs au Lieu, à Baulmes;
au Paie (terrain humide), à LuUy, Vaud ; les Paies, Montagny-
les-Monts, Frib. ; et les composés Gliamp Paliey à Valeyres-sous-
Ursins, Montpaiais à Ocourt, Jura ; Ctiamp Palais à Arnex,
Champalet à Bofflens, Champs Pallets à Coppet ; Ghampalin à
Val d'Illiez, Païen à Salva^ny, les Paies, 1784 ; les Palins ou
Zonnaire à Monthej ; de palais, palet, contraction de paluais, pa-
luet, de paludctum, lieux marécageux, humides. Voir aussi Plain-
palais.
La Palaz, une 20® de localités, la Pâle, 5 du Jura bernois, es
Pâlies à Crans, la Pallaz, 4 Vaud, les Pâles, 6 Vaud et Frib. ;
diminutif Palette ou Palieta(z), une 12^ de loc, etc. ; du latin
pala, pelle, pris au sens de surface plate ; une Pala à Cottens et
un campo Paleta à Lussy, Frib., xii*s. C'est la même métaphore
que planche, planchette, ancelle. On pourrait penser aussi au latin
palla, manteau, tapis, ce qui expliquerait les deux 11 de quelques
mots, mais c'est peu probable ; au reste les 2 orth. se rencontrent
pour la même localité : la Palaz à Vionnaz, la Palle, 1776, la
Palaz à Colombey, 1696, Pallaz, i856.
La Palette, sommet Ormont-dessus ; de parette, petite pare,
paroi, avec permutation 1-r. Cette modification est récente. Bridel
en 1799 écrivait le Pare (masc.) d'Isenod, Conservateur suisse, V,
328 PALEYRE — PALOUSE
p. 126, édition de i8i4* (Dans l'édition Gaullieur on lit la Pare
d'Isenau.
Paleyre, ham. de Chexbres, PaleyreSy xii« s., et Lausanne^
PaleyreSy 1227, M. R. VI, 549, Palaieres, 1280, Palayeres^
1475, collectifs de Palaz.
Palézieux, D. Oron, ce nom dont nous avons recueilli 5o
orthographes diflPérentes, de Palatiolurriy ii4ij à Palézieuœy
1675 ^, vient de Palatiolum, dim. de palatium, palais. Pallazuît,
ham. de Liddes, D. Ëntremont, Palajoie et Palasais dans Lutz,
et Palatieux ou Palaqueux, groupe de chalets, alpes de Vouvry,
ont la même orig'ine.
Pallens^ autrefois Païens, ham. de Montreux, Paleyriy 1817 ;
Palin, loc. à Pully, Païens et Paleins^ 1226, M. R. VI, 262,
PallenSy i368, Pallin, 1877, M. R. XXII ; Pallens ou Pallins et
Palins, loc. à Orbe et au Landeron ; peut-être du n. pr. germain
Pallo, du V. h. ail. palOy mal, dommag'e. Fôrstm., p. 211.
Quelques-unes de ces loc. sont dans des endroits humides et
pourraient être des palais, lieux marécag'eux, le suffixe ais per-
mutant parfois avec in : Fionnay et Fionnin, Palés-Palen ; c est le
cas de au Patin à Massongex et à Monthey : en Palin ou Zon-
naire (= Jonchère).
Pallueyres, ham. d'Ollon, Palluyères dans Lutz ; de (terras)
paludariaSy du latin paludem, marais. Padouaire^ loc. à Con-
they, le même avec permutation 1-d.
Palouse, Roche — , voir Peleuse.
* Voici, à titre de curiosité, les 48 autres formes : Pallexieu et Palleysieu,
1134, Palaisol, 1134, Paluisul, Palaisul, Palaysul, xii« s., Palaysol, Palazuz, Pa-
laziolum, Pallasiolum, 1155, Palezuz, Palexuz, 1155, Paleisul, 1162, Palusol et
Palasul, 1166, Palesol, 1180, Paleisuel, 1210, Palesuel, 1211, 1263, Palasuel,
1221, 1228, Palesuez, 1218, 1278, Palasuoz, 1224, Palasuz, 1234, Paleysoul»
1237, Palisues, 1251, Palessuo, 1263, Paleysiux, 1268, Pallesue, 1269, Paleysuez.
1270, Palasuuz, 1271, Palexiuz, 1300, Palleysious, 1323, Palaysioux et Palay-
siouz, 1333, Palesieu, 1350, Pallexiouz, 1357, 1383, Paleysuouz, 1359, Palle-
xious, 1363, Palleysuez, Pallexucz, 1377, Pallexue, 1378, Pallesiou et Palaisuel,
1396, Palexuelz, 1397, Palexieul, 1453, Palaisioux, xvi« s., Palexiu, 1524, Pal-
lexieux, 1592, Palaizieux, Lutz.
PALUD — PÂNOSSIÈRE 329
La Palud, quartier de Lausanne ; ham. de Nuvilly, Fribourg-,
et une lô^ de loc. Vaud et Fribourg ; en Paluz, ham. près Bulle ;
la Palude, pâturage de Saint-Georges ; les Paluds (Palluds), h.
de Massongex, Valais ; Pallud, loc. à Vevey, Ollon, et 5 Frib. ;
Malapalud, D. Echallens {mala, mauvais) ; de paladem, palu-
des, marais, Fréquent en romanche, palû, palûd, etc. Palluex^ loc.
à la Forclaz d'Ormont ; de paludosuSy marécag-eux. Lapalud à
Bossjy Genève, article soudé.
Pampigny, D. Cossonay, Pimpinengis^ 1016, d'après Lutz,
ecclesia de Pampiniaco, ii4ï> Panpiniey 1228, Pampignie^
1282, 1284, Pagpignie et Pampigniacum^ i235, M. R. VI, 3i4,
PampignieZy 1824, Pampignyer, i335 = domaine d'un Pem-
peniuSy nom gallo-romain dérivé du celtique pempe, cinq, à
peu près l'équivalent d'un Quintinius latin. Holder mentionne
une villa nomine Pempinas. Pour la graphie Pagpignie, voir
Suen.
Panex, village des montagnes d'Ollon : Michaelem de PanaeSy
1820, M. R., 2« s., IV, 83, PaneXy i4o2, « la Saline de PagneXy
1629, charte d'Aigle.
Pangires, fermes à Saint-Légier, Pangieres, 1286, i434» M.
R. VII, 877, Pangyre dans Levade (qui voit dans ce nom une al-
lusion au culte de Pan).
Panissière à Prangins, Tarteg-nins, champs à Duilier, loc. à
Monthey, à Colombey, à Salvan, et mayens sur Saxon, Valais ;
Pannissière, champs à Pampigny ; Paneseyre, ham. sur Char-
donne ; Panelîpe, loc. à Vex ; du v. fr. panise^ s. f., le panic
millet, patois panet ou panis, et suffixe ière, localités qui con-
servent le nom d'une ancienne culture abandonnée chez nous,
comme les noms allemands de Hirslanden, Hirslen, de l'ail, hirse,
(La localité de Vex pourrait peut-être tirer son nom du panet ou
panais, Pastinaca sativa.)
Panossière ou Panosseyre, grand glacier descendant du Com-
bin, vallée de Bagnes. Pourrait être un dérivé du patois panossî,
torchon, vieux linge, en prov. panouchoy du latin pannus, fr.
panne^ drap, et suffixe dépréciatif osse, le glacier, — comparé à
330 PANY — PARE
un drap, — étant fort sale des détritus de toute sorte qui en cou-
vrent la surface.
Pany, ham. de Chancj, Genève, et Paney, loc. à Chesalles-
Oron. Peut-être faut-il y voir d'autres formes de Penj, Penej, de
pineium, bois de pins ; c'est ainsi que les noms des villages ro-
manches de Panj, Pinius en 1290, et de Panix viennent de pin.
On ne peut g'uère les tirer de Paniacum, du gentilice Panius : ni-
acum se réduisant à g'nj, Paniacum donnerait Pagnj, comme les
Pag-nac-ey-y de France.
Paplemont, ham. de Courgenay, D. Porrentruy ; de paple,
autre forme, sous Tinfluence de Tall. pappel^ de peuple ou peu-
plier : mont des peupliers.
Paquier, 3 com. Vaud, Fribourg", Pascua, 1479, et Neuchâtel,
et nombreux ham. (iio loc.) ; Pasquier, ham. de Sommentier,
Frib. ; Pâquis, 16 loc. dont 5 ham. Genève et Vaud, Péquis, Pé-
qfuie, 4 loc. Jura bernois ; Paquais à Colombey, Paccais à
Chessel ; Pathiers à Chamoson, Palier, Paltiez-er, 6 loc. Va-
lais, permutation valaisanne q^t ; du latin pascuarium, pâturage,
les Paquières à Champagne, la Paquaire à Colombey ; de pas-*
cuaria ; Paquîalet, 4 loc. Frib. ; Pacoret, alpes de Bex ; Pa-
couret à Gonthey ; Pâqueret à Penthalaz, le Patorel à Croy,
Paterin à Vétroz et Patéro à Ghâteau-d'Œx ; un Pasqueret à
Venthône, 1267 ; es Paquottes à Valeyres-sous-Rances ; diminu-
tifs ; Paccoresse au Ghâtelard, Vaud, forme adjective.
Parchet, Parchy, 7 loc. Vaud et Frib., le Parchis à Porsel,
1271, les Parchis, pâturage à Gharmey ; du v. fr. parchet, petite
étendue de terre, dim. de parc, dont l'origine est incertaine. Es
Parcheiri à Bullet paraît être un collectif.
Pare ou Paraz, du v. fr. parey, parai, parait en romanche,
paré en Dauphiné, fr. paroi, du latin parietem ; la forme Pare,
Paraz du nominatif paries. Nom de nombreuses parois rocheuses,
de sommets escarpés, souvent mal écrit dans les cartes : la Pare
ou Paraz de Marnex, Ormont-dessus ; la Parraz, paroi à Vion-
naz, Sex de Pare es Fées (pour fayes, brebis, à Gorbeyrier ; la
Part, pour Pare, es Fayes à Villeneuve, Parc, pour Pare, es
PARIMBOT — PAS DES ANES 331
Fayes à la Berra, Fribourg' = parois de rochers où s'abritent les
moutons. La Pare de Vouarin, paroi dominant le Trient à Sal-
van. Pare-Blanche, paroi calcaire sur Roche, sur Yvorne et sur
Saint-Gingolph. Pares, chalets aux Voëttes, aux Mosses, à la
Forclaz, Orm ont-dessous. Les Parais, pâturage à Gollonge, Va-
lais. Parey, sommet à Ghâteau-d*Œx ; de parielem, paroi. De
même, dans la vallée d'Aoste, la Granta Parey y souvent mal
écrit Grand-Apparey, et en romanche : Paré ne ire, rochers sur
Marmels, D. Albula, Grisons ; dlminutiî parette y italien (Tessin),
pare te.
Parimbot ou Parimbol, ruisseau, D. Oron, Perembac, xiP s.,
Cart. Haut-Grét, Parimbarty 1664.
Parrain, sommet, vallée de Bagnes, autre forme irrégulière de
pareiy paroi. Parrain est une confusion avec Parein, prononcia-
tion bagnarde du suffixe ey qu'on retrouve dans Fionnin, plus
employé à Bagnes que Fionney ; on a dit aussi Goquempin, au-
jourd'hui Goquimpey à Martigny ; de même Parrin, loc. entre
Panex et Salin, paroi de rocher formant limite entre Aigle et 01-
lon, Crête de Par in, 1784, Chartes d'Aigle, op. cit., p. i35.
Les Pars, chalets au-dessus de Gryon ; de l'adj. v. fr. pars =
les (chalets) pars, disséminés, dispersés.
Partiaz, Parties, lieux-dits à Bex, Ghevilly, Mont-la-Ville,
L'Isle, Orny, Penthalaz, etc. : participe de partir, partager =
(terres) parties, anciens terrains communaux répartis, partagés ;
nom ancien : les Grandes Parties à Grandfontaine, D. Porren-
truy, i343.
Es Parts, loc. à Vérossaz ; pourrait être aux Parcs ; au Part-
zon^ dim., à Dorenaz.
Les Parzes (partse), ham. sur Ghampéry, Valais, forme fémi-
nine dérivée de parc, enclos, comme parchet, partzet, aussi petit
parc à bétail.
Pascoules, marais à Orny ; de pasquis et suffixe dim. oie,
ouïe; en Ëngadine />a5cu/ = pâturage.
Pas des Anes à Lausanne, chemin qui jadis descendait le long
du Flon, de Pépinet jusqu'au pont actuel de Ghauderon; c'était le
332 PASSEIRY — PATIEZ
pas, le passage des ânes qui se rendaient aux usines longeant la
rivière, raisscs, foules et moulins. On dit de même le Pas da
Bœuf, col entre les vallées d*Anniviers et de Tourtemagne, le Pas
de ou des Chèvres, entre celles d'Arolla et d*Hérémence, Valais.
Passeîry, ham. de Ghancy, Genève ; de (fundum) Passeria^
cuniy domaine de PasseriuSy gentilice romain cité par Ch. Morel,
M. G. XX, 63. (Inscription de Vienne.)
Passenches ou Passenges, maisons à Aigle, Passenchy ^
1426, suffixe patois enche comme dans Molli-enche, maT-enche,
Naviz-enche, Loz-enche, et peut-être la racine de passer.
Passiau, loc. à Etagnières, à Bottens ; Passlaux, hameau de
Jouxtens ; au Passîeux à Vionnaz ; Passière, col entre les vallées
de la Lizerne et de la Morge ; formes patoises avec 5-cA, à la Pa-
chire à Mathod, le Pacheu, col entre les vallées de l'Avançon et
de Derbon ; formes diverses du v. fr. passieux, passiour, fr. pas-
soir, passage ménagé dans une clôture ; la forme f r. est aussi em-
ployée, par exemple au Passoir à Montcherand.
Passonery, prés boisés à TAbergement, D. Orbe ; de passorij
échalas, et suff. ière : endroit où Ton peut couper des passons. La
même idée est exprimée dans Es Paissailles, bois à Villars-Tier-
celin ; du v. fr. paissel, échalas, prov. paisselh, fr. paisseau :
bois où Ton peut couper des paisseaux.
Les Pats, prairies à Evionnaz, Valais; du v. îr, past^ s. m.,
du latin pastus, pâture.
Patalour (Patalours dans Lutz), ferme et pâturage, les Enfers,
D. Franches-Montagnes, Berne, pour Pât-à-l'ours, v. fr. past,
s. m., repas, pâture = pâture à (de) Tours.
Paterin à Vétroz, Patéri à Château-d'Œx, Pateroux, pâtu-
rage sous Bretonnières, D. Orbe ; de la famille de pâquier, avec
permutation y-/, voir d'autres exemples à pâquier.
Aux Palets, prés à Bure, Jura bernois ; pour Paquais (q-t),
voir pâquier.
Patîez à Vex, Pallier à Leytron et 5 autres loc. Valais = pâ-
quier.
PÀTILLES — PAYANAZ 333
Aux Patilles, champs à Bercher, permutation q-t = pâquille,
petit pàquis ; au Patelliaud, pâturag'e boisé à Montreux, dim.
La Pâtissière, petit ham. de Bex, à l'écart au milieu des prés
sur le chemin de Lavey ; ne serait-il pas encore un dérivé de pâ-
iiSy du bas laiïn pas tic iam, de pascere, paître?
Patnali, sommet alpes de Morgins, Valais. Nous n'avons pas
d'étymologie à proposer. Mais nous l'inscrivons pour signaler sa
parenté avec PatnaU loc. près Savognin, Patnaly ham. d'Unter-
vatz et Patnaul, alpe de Vrin, trois localités romanches des Gri-
sons.
Au Paturiau, loc. à Granges ; de pâture et suffixe patois iau
= oir.
Paudex, D. Lausanne, PaudaiSy 12 18, 1228, Poadex^ 1229,
i368, ou PoudaiSy 1288, PoudaySy 1260, M. R. VI, 807, 467»
VII, 244» Poudex, 1868 ; probablement le même que
Le Paudex, ham. Chàtel-Saint-Denis, m. à Cronaj, loc. Pam-
pignj, Lullj, etc., le Paudez à Burtigny ; au Peudex à Founex ;
du latin paludetum^ marécage.
Pauilly ou Paully, 2 ham. voisins de Chexbres et Chardonne
= (fundam) Pauliacum, domaine d'un Paulius, gentilice dé-
rivé de Paulus, Holder, II.
La Paumîère, ham. de Chêne, Genève, fausse orth. pour Pom-
mière.
Les Pauses, plus, loc, les Courtes Pauses à Croy, autre
forme de pose, mesure agraire, ou bien forme française du patois
pousa, bien plus employé comme locatif ; voir Pousaz.
Pautex, ou Peutex, loc. à Aigle, Paatez^ 1426 ; loc. à Blonay,
au Peutet à Illarse, Pautex, 1696 ; Pautey à Cudrefin ; en Pou-,
lex à Villarimboud, Frib. ; en Pauthey à Choex (Monthey) ; du
V. fr. pautey s. f., fange, et suffixes collectifs ex, ey : lieux fan-
geux, humides. La Pautelle, m. à Noirmont, Jura bernois, dimi-
nutif ; l'Ëssert de l'Epaute, Oron-le-Châtel.
Payanaz, pâturage de Bagnes ; la Payenaz, pâturage de Cer-
niat, Frib. ; Paganaz ou Pagane, clos de vignes à Sion ; Pagan-
naz, loc. à Morat ; terre d'un Paganus, n. pr. fréquent au moyen
334 PAYERNE — PÉCOSIRE
âge : le Cart. de Haut-Crêt nomme un Pag'anus, miles de Sar-
vion, P. de Grang>es, de Maseres, de Sevirei, xii® s., etc.
Payeme, Pa/^r/i/acM/7î, 962, 1142, Cart. Month., PaiernOy
1288, Paerno, 1242, M. R. VII, 644» 667, etc. Du cognomen
Paternus, connu par plusieurs médailles et trois inscriptions en
Suisse, — un Paternus était duumvir d*Avenches, — ou du genti-
lice Paternius, La forme Paterniacum des chartes est un calque
fait par leurs rédacteurs sur les nombreux noms en acum. Pater-
niacum, avec Taccent sur nia, aurait donné Payerny, Parg-ny, ou
même Pagny comme en France. Payerne vient d*une forme popu-
laire Paternia, formée directement sur le gentilice pris adjective-
ment : (villa) Paternia ; voir Jubainville, p. 483.
Le Péage, m. à Blonay ; à Rue et à LiefiFrens, Frib. ; du latin
pedaticum, bas latin pedagium, octroi perçu sur les routes au
moyen âge.
Le Péca, ham. d'Epauvillers, loc. à Vendelincourt ; le Pécal à
Develier, les Pécals à Miécourt, les Pécas, ham. à Champoz,
tous Jura bernois ; de ladj. pascuale (pratum), prairie qu'on pâ-
ture : un pesqual à Aile, x344- A la même racine se rattachent
Peccau (ou Peccaud), bois sur Lausanne, les Peccaux, chalets
aux Avants, Montreux ;
Les Peccaudes à Dullit, le d s*est introduit par confusion avec
le suffixe aud ;
Le Péché (ou Péchai), fausse orth. pour Pécher, ham. de
Montfaucon, D. Franches-Montagnes, et les Péchés près du Lan-
deron pourraient être des pascuarium, pâturages ; mais la forme
Pêche que donne Lutz pour le premier semble indiquer une autre
^origine.
Pécolet, prés à Ollon, en Pécoly à Etoy, Picolet, pâturage à
Bagnes, Pec(c)olet à Gonthey, autres formes de pâquis, avec un
double suffixe diminutif ol-et.
La Pécoslre, m. à Sorens, Fribourg ; probablement de pécoji,
pécozi =. bec-oziy bec d'oiseau, nom en patois fribourgeois de
plusieurs espèces de primevères, localité où ces fleurs sont abon-
dantes dans les prés.
PBIL2 — PELEUVE 335
Ley iré pécoji dé vanni
Dei freye, dei tserdoa béni...
Dei dzintillè et dei brenlettès
A Moléson, à Moléson.
Peilz, Tour de — , près Vevej, Turris de Peily 1228. D'après
Gatschet, — qui ajoute entre parenthèses urk. turris Peliana,
mais sans date ni origine, — Peilz représenterait le latin pensile,
patois peilo, pailo, fr. poêle, chambre, puis maison ; tour au mi-
lieu des maisons. L'explication est plus que douteuse : jamais
peilo n'a eu le sens de maison ; la vraie étymologie est encore à
trouver.
Peissy, ham. de Satig-ny, Genève, Pelciaco, 984, M. G. II, 16,
912, Rég". g-en. et Hidber, I, 209, puis Peicie = (praedium) PeU
ciacum, domaine d'un * Pelcius ou * Peltius.
Pelens ou Pellens, loc. à La Rippe, D. Nyon, Pellenffs, 996-
1017, Hidber, I, 276, Peslens, 1128 et 1 181, M. G. II, 27, em-
placement d'un village détruit dès le xiii® s. = chez les descen-
dants de quelque colon germain.
Pélerel, loc. à Bercher, Pellerel à Boussens et 4 ham. Frib.,
diminutifs de Pélîer à Sion, Pellier, 1809 ; Pelleys, ham. à Ger-
niat : formes masculines, semble-t-il, de Pélérîaz, bois à Brem-
blens, D. Morges ; de peilera, peleiria, s. f. Ducange, pâturage,
pré humide, lieu marécageux, pélière, mot de la Provence.
Les Peleuses, loc. à Vaumarcus, Neuch. ; es Pelauses à
Etoy ; Roche Palouso à Ocourt, D. Porrentruy ; diminutifs : le
Pelozet, Bas Vully ; Pellosel à Malapalud ; du v. fr. pelouSye,
velu, du latin pilosus = prairies, roches au gazon court. La forme
palouse se retrouve en romanche : la Motta Palousa, sommet de
l'Oberhalbstein.
Au Peleuve, pâturage à Enney, Gruyère ; au Pélévoz, marais
à Vullierens, déjà en i3o4, M. R. V, 77, note; autres formes de
pelou, pelu, avec un v intercalé à cause du hiatus, comme dans
blleuva, cauva, le premier mot doit être un fém. plur. et la carte
devrait écrire aux Peleuves ; c'est un correspondant de es Pe-
louyes, lieux buissonneux près du Rhône, Port- Valais, et en face
336 PELLEVUET — PENSIER
aux Epclouïes à Chesseh Vaud, même mot avec soudure de es :
Epeluves, loc. à Goussiberlé, Fribourg, le même mot avec épen-
thèse d'un V ; de peloa ou pelu, poilu, Berry poilou^ du latin pi-
lutus ; allusion aux buissons qui recouvrent le terrain.
Pellovuet, voir Perrevuet.
Penau, ham. du Mont, D. Lausanne, EspinouXy i34o, Espi^
nouz, i4oi> EspinauZj i470, d'où est venu es Pinaux puis Pe-
nau ; de (locus) spinosus, endroit épineux.
Peney, G. de Genève, Pineyum, i258. M. G. XIV, 44»
Castrum Pineti, 1261, Piney, 1291, Pinay, 1807; Peney-le-
Jorat, Pinetum, Pinoy, 1 154, Piney, 1228, puis Pigney ; ham.
de Vuittebœuf, D. Orbe, Pynoiy 1179, Pineiy 1248, Peniy 1862,
Pinai, i4o8 ; bois à Bassins, Pinetum, ii64, M. R. V; loc. à
Port- Valais ; en Poney, m. à Gillarens et Arconciel ; Penay, pâ-
turage à Vouvry, m. à Estavayer-le-Gibloux ; Piney, loc. à
Sierre ; Peny, ham. de La Roche, loc. à Riaz, Frib., à Trélex,
Cliamps-Pény à Myes, D. Nyon, avec un beau bloc erratique *,
Pierre Pegniez, i564 ; aux Pignels à Préverenges, D. Morges ;
formes diverses dérivées du latin pineturriy bois de pins, comme
les Pigniy PignieUy Pany^ Panix des Grisons.
Penna, Grande et Petite — , sommités d'une arête détachée de la
chaîne des Maisons Blanches, vallée de Bagnes ; s'emploie aussi
en Dauphiné pour désigner des arêtes de montagne ; patois
penna, latin pinna, grosse plume d'oiseau, créneau de muraille.
Pennines, Alpes — , du celtique /)e/in, tête, sommet, alpes qui
présentent les plus hauts sommets, et « non de Pœni, qui n*est
pas plus, dit justement Bridel, la racine étymologique des Alpes
Pennines que celle des monts Apennins. »
Pensler, ham. de Barberêche, Frib., ail. Penzers, Pancier,
1229, 1256, Benciers, 1261, Pancie^ 1298, M. R. XII, 282, Pan^
ciez, Rec. dipl. VII, 34. D'après M. Stadelmann, « le r du nom
romand paraissant de bonne heure, et surtout le nom allemand,
* Vendu en 1875 par M. Bunji^ener, propriétaire du champ, à la Société vau-
doise des sciences naturelles.
PENTHALAZ — PENTHES 337
prouvent que nous sommes ici en présence d'un autre suffixe que
acum. »
Penthalaz, D. Gossonaj, Pentala^ 1182, 1228, M. R. YI,
Pentala, 1226, F. B. II, 74, Pentalla^ 1387, Penthala, 1674 ;
de penta, subst. verbal de pendre, être en pente, et suffixe dim.
ala,
Penthaz, D. Cossonaj, Penta^ loii, ii45, 1228, Pentha et
Penthaz, 1887, M. R. V, Penthaz^ 1674 = le subst. pente, latin
pendita, subst. verbal de pendre.
Penthéréaz, D. Cossonay, Pancerea^ ii4i> M. R. XIV {Pan--
terea d'après Hidber), Pantheroia, 11 54, Cart. Month., Pante-
reya^ 1177, ii84, Cart. Month., Panteraja^ 1226, F. B. II, 74,
Panterea, 1228, 1271, Panthereya^ 1291, Panthereya, 1371,
PenthereOy i4o3, M. R. XIV, Panthereaz^ i453, Arch. Fr., en-
core en 1702, Rev. hist. Vaud, XIV, 55 ; de panthaira, barrière,
et suffixe collectif aie. Epantaires, loc. à Boussens, pour es pan-
taires. A la Panteire ou à la Barrière, maison près Givisiez
(Kuenlin) : localités, terrains enclos de plusieurs, barrières ; le
Pantharacurriy xii® s. (Penthéréaz) du Cart. Haut-Crêt est une
graphie de notaire. Quant à notre pantaire, porte à claire-voie
d'un terrain clos, c'est sans doute le même que pantière^ filet, du
latin pantheruniy grec pantherion, une porte à claire-voie pou-
vant se comparer à un filet tendu. Dans le dép. de l'Ain, on dit
pentière pour la pente d'une montag'ne, et la forme correspon-
dante vaudoise serait penteire. Mais les orthog'raphes anciennes :
Pancerea, Pantherea, et le double nom fribourg^eois : Pantaire-
Barrière, excluent cette étjmologie et rattachent ce nom à celle
que nous adoptons.
Pentherens, territoire à Collombier =: chez les descendants de
Penthari, de * Pento (Fôrstm. a le fém. Penta) et hari^ guer-
rier. Fôrstm., 984.
Penthes, loc. avec château à Pregny, Genève ; probablement le
même, au pluriel, que Penthaz, voir ci-dessus. Notons toutefois
que d'Arbois de Jubainville tire un Pentes en France, de c do-
maine de Pentos, n. pr. gaulois, syn. du latin Quintus. >►
M. D. SBC. séRIE, TOMB VU S2
338 PEPIN — PERCHE
En Pépin, ham. de Sorens, Fribourg* ; Pépinet, pàturag^e de
Randogne, Valais ; loc. à La Chaux, Cossonay. Viendraient-ils de
Pipin, Pépin, n. pr. g'ermain ?
Pépinet, rue et place à Lausanne, molendinum de Pipinety
1286, molendina sita versus Pipinety i337, duos postellas de
Pipinety postella de Pigpignet et Pypinety Comptes de la ville
inférieure de Lausanne, 1 475-1476, M. R XXVIII 268 et suiv.,
276, 826-27, plus tard Pépinet et au xvii® s. Pépinet d'après
une note de M. B. Dumur.
L'ortho§^aphe Pigpignet est très intéressante. Beaucoup de Lausan-
nois prononcent aujourd'hui encore Pimpinet, or le g a été souvent em-
ployé au moyen âge pour rendre le son nasal ; on a écrit Pagpignie pour
Pampigny. Voir d'autres exemples à Suen. Ce nom se prononçait donc
déjà Pimpinet au xve s. En 1656, nous écrit M. B. Dumur, maître Guil-
laume Pimpinet de Gex, tanneur, fut reçu habitant de Lausanne. On au>
rait pu songer à un rapprochement entre ce nom de famille et la pro-
nonciation nasale du nom du quartier. L'orthographe Pigpignet de i475,
antérieure de deux siècles à l'arrivée de cette famille, tranche la ques-
tion.
Cette orth. Pigpignet nous fournit l'étymologie probable. La 3^ syllabe
nous donne le témoignage d'un ancien son mouillé dès longtemps dis-
paru comme dans signet, prononcé sinet dès le xiiie s. comme le montre
l'orth. sinet dans des textes de cette époque. C'est donc l'équivalent de
* Pimpigney, soit propriété d'un Pempenias, — voir Pampigny, —
Gallo-Bomain qui habitait jadis ce quartier du vicus de Lousonna. Pour
faire de cette hypothèse une certitude, il faudrait trouver des formes
comme Pigpigniei, Pigpignei, qui prouveraient la dérivation du sufHxe
iacum.
Perabol, loc. à Lausanne^ Perabot, 1284, Perrabot, 1288,
Cart. Laus., M. R. VI, 611, 687 ; Perrabot ou Payraboz, m. à
La Roche, Frib., Pierabot, 18 14, synonymes de Pierre à Bot
sur Neuchàtel, Perrabot , 1191 ; localité qui tire son nom d'un
beau bloc erratique, ainsi appelé, dit-on, à cause de sa ressem-
blance avec un gigantesque crapaud^ bot, accroupi. Nous y voyons
plutôt un génitif : pierre à bot, du crapaud, qui cherche volon-
tiers un gîte sous les pierres. Pierrabeau, loc. à Courtepin, est
sans doute un Pierre à bot.
Perche, pâturage, Ormonts ; m. à Morens et Gorminbœuf, loc»
PERCIA — PERRAUSAZ 339
à Courtemautruy et Porrentruy ; diminutifs, Pepchel à Damvant,
Poirchet à Reclère, Perchatte à Undervelier, les 3 Jura bernois ;
du latin pertica qui s'appliquait au terrain entier affecté à une
culture par une ou plusieurs familles.
Percîa, Sex — , alpes de Bex ; Pierre Percîa, alpes de Mon-
treux ; Têta Perfla, alpes de Finhaut, permutation s-f = rocher,
pierre, tête percée.
Perles, nom fr. de Pieterlen^ D. Bûren, Perla^ 1228, M. R.
VI, 1255, F. B. II, Pella^ 1276, Berilo, 1280, PeterlOy i255, F.
B. II, Bieterlo, 1282, i3oi, F. B. IV, 52, Beyierloriy i332, Bie-
terloriy i342, etc. ; le fr. est une corruption d|^ nom allemand
Peterlo = petit Pierre ; rien de commun avec le culte de Bel,
comme le veut le Dict. géogr, suisse Attingper.
Perly, G. Genève, Perliacum, xii« s. et 1170, M. G. II, 24,
37, Perlie, i23i, 1298, Perlier, i332, i374, M. G. IV, XIV et
XVIII ; de (fundum) Perilliacum, domaine d'un Perillius, gen-
tilice romain.
Peroux, m. à TEtivaz ; probablement pour Perrou, Perru.
Perr, racine, de petra, pierre, fournit une très nombreuse fa-
mille de noms et de localités que nous essayons de grouper avec
un exemple de chaque forme. On rencontre assez souvent des
formes avec un seul r, formes plus anciennes du v. fr. père y pa-
tois pira, par exemple eis Grosses Pères à Vercorin, 1264.
Y Perraches à Lens et Venthône ; suffixe aug'm. ache.
Perrallaz, 7 loc. Vaud et Frib., Perrailles, Mont, Péraille,
Roug'emont, Perrela, Saint-Aubin, Neuch. ; de perr, peyr =
pierre, et suff. dim. ou dépréciatif aille, Epéralles à Montche-
rand, le même avec soudure de l'article es.
La Perraudette(ettaz), ham. de Pully ; la Péraudette à Giez,
les Perroudes, m. à Montpreveyres ; paraissent dériver non de
pierre, mais du n. pr. Perraud et Perroud, familles connues
dans le pays.
Perrausaz, 18 loc. Vaud et Frib. ; Peraousa, ham. de Trey-
vaux, Perpau à Villeneuve, Perreux à Vouvry, à Yverdon, Pé-
rouse à Peney-Satig-ny et à Moutier, Perrouse, Yens, etc. Per-
340 PERREFITTE — PERRIS BLANCS
reuses, Colombier-Neuch. ; Perrouges à La Tour ; Pirrogière
à Nax, Valais, collectif ; du m. et f. de ladj. latin petrosuSy pier-
reux. Perrosalle à Ollon ; Perroset, ham. de Grandsoa et 3 loc;
Perrosy, Bonvillars^ dim. du précédent.
PerreflUe ou Pierreûtte, D. Moutier, Berne, Pierre fite^ 1 296
= petraficia^ pierre fichée, plantée ;
Perret, Perrex et Perrey, une 20® de loc. ; Perrez à Roug-e-
mont, Perey, Echichens, Martig-ny, Porsel ; Perray, Troistor-
rents, PereySy 1867 ; Peray à Chesières, Perry, Château-d'Œx
et Châtel-sur-Montsalvens, les Perrîx ou Perrîs à Saint-Maurice,
Perry en 1722 ^ Perréaz à Rances, Perreye à Giez ; de perr,
et suffixes collectifs ey^ ex, ixy fém. eye, du latin eturriy eta :
lieux où abondent les pierres. Perrec à Chalais, Valais ; le même
avec suflP. valaisan ec =^ ey. Pereyrosset à Oulens = pierrier
roug-e, terre pierreuse roug-eâti*e.
Perpevuil, une i2« de loc. Vaud et Frib., Perrevuel, 3 loc,
Pepvuîl à Villeneuve, Frib., Pierravuel à Porsel, Peipeivuat à
Bossonens, et avec la permutation r-l : Pellevuet à Besencens,
Pelevuet, PlUevuil, 5 loc., Pilivuly plutôt Pilivui à Illens,
1202, Piliwit à Autignj, i44i- Cette série présente les mots pa-
tois recueillis par Bridel : perreooiié, monceau de pierres, et per-
revoué, pellevouet, orig'an, thym serpolet. Le premier = per»
ruet, per rouet, avec un v intercalé. D*un autre côté, pour les
formes en 1, le v. fr. a pelluette ou peluette, s. f., piloselle, com-
posée à feuilles velues, de pelu et suflF. et. Pellevuet pourrait aussi
être le même mot, avec un v intercalé, chose fréquente en patois.
Peppeype, i5 loc. Vaud et Frib., Peppeipe, Bagnes, etc., Pep-
pièpe, *5 ; de Tadj. bas latin petraria, carrière de pierres. Peppe-
pet, Gonthey, Vufflens, Saint-Prex, Gland, dim.
EIs Pepplnnes, loc. à Monthey, dans les glariers de la Vièze ;
adj. du \dX\n pétri nas (terras), (terres) pierreuses.
Peppîs blancs, les — , 2 loc. alpes de Bex à Javernaz et Argen-
tine = pierriers blancs, à cause de la blancheur des blocs de cal-
caire urgonien.
PERROG — PERTE 341
Peppoc, pâturage et glacier, vall. d'Hérens, Valais, lo Biognio
de PerreiZy 1290 ; syn. de Perey (ec, oc = ey, voir Biolec).
PeiToIaz, Aigle et Fully, Pérolles, Frib., Perules, 1269, Del-
lion, XII, 95, Perrola, 1409, Py roules, i4i3 ; Perpollcs à TEti-
vaz, PeyroUaz à Morges, Peyroules, Bulle, Py roule, i35o, es
Pirules à Granges, 1226, Péraulaz à Belmont, Péralaz, Mau-
borget ; de perr, peyr, pierre et suflP. dim. oie.
Peppon, Praz — , 2 loc. Ghâteau-d'Œx ; Grand et Petit — ,
sommets, vall. du Trient ; Zan (champ) Peppon sur Gonthey ;
Peppont (fausse orth.), sommet vall. de Nendaz ; du bas latin
petronem, de pierre ; en Dauphiné, peiron, sommet rocheux et
nu.
Peppoy, D. RoUe, Pirrhois, 910, Rég. gen., 35, villa Petreio,
955, villa Petroioy loiS, M. G. XIV, villa Perroy, xi« s., Cart.
de Cluny et de Saint- Vincent de Mâcon ; ager Petriacensis, 966,
PerruySy 1172, Perrueys, 1172, etc. = (fundum) Petreium,
du gentilice Peireius pris adjectivement. D après Jubainville,
p. 44o, il s'agissait d'une localité du Maçonnais. Nous supposons
qu'il la situe ainsi parce que c'est une terre de Cluny ; mais notre
Perroy appartenait à Cluny et nous pensons qu'il ne s'agit que
d'une seule localité. Au reste cela ne change rien à l'étymologie.
Peppu, forêt à Ëstavanens, Gruyère ; Peppues, m. à Matran,
le Pepoox, m. à l'Etivaz, le Peppuz, 2 pâturages, alpes de Châ-
teau-d'Œx ; de perr et suffixe augm. u, latin utum,
Peppuel, 5 loc., Pépuel à Gilly, Peppouel à Cuarnens et Tré-
lex, diminutif du précédent, perru-et = localité un peu pierreuse
ou petite localité pierreuse, le diminutif pouvant concerner le lieu
ou la qualité.
La Peppatannaz, gorge du torrent de la Frasse à Château-
d'Œx ; de l'adj. perru, pierreux, et tannaz, caverne, gorge : la
gorge pierreuse.
Le Pepte d'Aveneire, passage de rochers, alpes de Villeneuve,
Lanehe di Pepte, alpes de l'Etivaz, Pepté à Bovey, alpes de
Charmey ; Pepte à l'Oups à La Chaux ; le Pepte de l'Aigi
près Baulmes ; Peptais à Morgins et Ormont-dessous^ Pep
342 PERTIT — PESEUX
de Bonaudon, alpes de Montreux, Pierre-Pertuis, Jura bernois,
Pierra pertusch, 1 342 ; Perte de la Tinna, ancien nom du défilé
de la Tine près Rossinières, Pertel, 5 loc. Frib. ; Pertîs à Bon-
nefontaine, la Pertusaz, alpe, vallée de THon^n ; dérivés divers
de pertuisy subst. verbal du v. fr. pertuisiery percer. Quant à
perte, patois perte, trou, il suppose un déplacement de l'accent
difficile à expliquer, mais il est évidemment de la même origine,
racine indogperm. berdh, grec perthô, percer, briser.
Pertit, ham. de Montreux ; peut-être participe passé periit, de
partir, séparer, partager, pris adjectivement ; le manque de formes
anciennes ne permet pas de conclure.
Péry, D. Courtelary, Berne, ail. Baderich, villa Bederica,
884, Bidericus, 962, Péril, ii48, 1179, Perril, 1228, Peri^
1285, etc. — Biderich, 12!^, Piderich, 1287, Bidrich, i3a6;
du n. pr. germain Badurih, Paiurih, riche en combats. Les
formes anciennes montrent que les p, b ont permuté déjà en alle-
mand.
Pesay ou Pezay, ham. de Presinges, Genève ; Bachet de Pe-
sey ou Pesay, ham. de Lancy, Genève ; pour Bachet, voir Bâche ;
celui-ci, Pesay, 1268, Pesey^ 1821, Pesai, i3ii, M. G. XIV et
XVIII. D'autres indications se rapportent à Tun des deux : St.
de Pisis, 1188, Pisis, 1288, Amodric de Peseiz, 1268, M. G.
XIV et VII. Gatschet en fait des Picetum, bois de pins. Mais ce-
lui-ci a gardé en français le double ss dans Pessey et pesse. Ce
sont des piseium, de pisum, pois := champs de pois ; de même
Pezé près Arconciel, Frib.
Le Rég. gen., 518, donne pour le Pesay de Lancy la forme Piciacas,
que nous n'avons pas rencontrée. C'est, pensons-nous, une interpréta-
tion. Mais le gentilice Pitius, d'où dérive Piciacus, aurait donné Pécy,
Pissy comme en France (voir Jubainville, 293) ou encore Pizy et non
Pesay.
Peslères, champs à Vevey, 1286, Pezeyres à Ghavannes-le-
Chêne et Blonay ; de pisarias, champ de pois.
Peseux, G. Neuchâtel, Posas, 1191, Pusoz, 1195, Posoys,
1277, Poysous, 1281, Pusue, 1289, Pisuel, i856, Pisoul, 1878,
PESSE — PEU 343
Puseuz et Peseulx, i437, Matile, Pissuez, i4o3, Pissouz, i4i9»
Pusieux^ i465, Peseax, i466, M. N. XXVIII et XLI, 170, 172 ;
de puteolum, dim. de puteum, puits, et non de Pessaltus, pied de
la forêt, comme l'explique Guilbert, Glossaire neuch.^ 2®éd.y 160.
Quant à Pusiacum, i4i6, 1428, M. N. XLI, c'est une graphie de
notaire, calquée sur les nombreux noms en iacum.
Pesse, Noville, La Tour ; de pesse, latin picea, sapin rouge.
Pesset à Crésu, Pessette, Pessettaz, Bassins, Attalens, diminu-
tifs ; Pesso à Conthey, de pesse ; de picetuniy bois de pesses. Pes-
sevaux, loc. à Aigle, plans de 1718 = vallée des pesses. Le Pes-
sey, ham. de Long-irod, aurait une autre origine d après la forme
Poiseor de 1264, Dict. hist. Vaud, p. 749.
Pessenaz, loc. à Conthey, et Pessonay ou Pessonnayre^ loc.
à Chessel, D. Aigle = poissine, poissonnière ; vivier.
Pesseux, Pessoz, etc., voir Pissot,
Petou, etc., voir Pou.
Pétra Félix, forêt et col sur Vaulion, Pierra-Fulliz et Pier-
rajaly, 1186, Pierra fuliz^ 1807, ^344» Petra fellixy i34o,
Pierra Fully^ i343, Matile ; Pierraz Fulix^ i488, Pierra
Fully, 1499, Pierre FoêliXy i6i4 = pierre de Folly, du bois
feuillu. Les légendes sur le nom de Petra felix, pierre heureuse,
sont naturellement dues à une fausse interprétation du nom, pos-
térieure au xve s.
La Petroulaz, pâturage, Jura de la Rippe ; au premier abord
de petra, pierre, et suffixe diminutif bas latin ola, patois oula, la
petite Pierre, soit petit pâturag-e pierreux ; seulement, à part le
nom de Petrafelix, qui est moderne, le t de Petra s*est constam-
ment assimilé avec r, perr ou pierr, on devrait avoir Perroulaz,
Perrolaz. Il faut chercher ailleurs. Bridel donne « Pet ré, s. m.,
pré marécageux où le pied enfonce, où Ion pétrit (Nyon). » Nous
dirions plutôt où Ton s'empêtre, v. fr. empestrer, de pastoria,
entraves. Si l'on rapproche Petroulaz de Pétré, ce serait un petit
pâturage plus ou moins marécageux.
Peu, très fréquent dans le Jura bernois, Peu-Chapatte, — Pé-
quignot, — Claude, — Girard, etc. ; Combe des Peux à Roche-
344 PEUFFEYRE — PEVRAY
fort, le bois du peuœ de Neuchàtel, 1626 (Jeunet, p. ii4); Pau
aux Bois, Jura bernois ; le Pei, sommet à Bourg-Saint- Pierre, le
Pey Rond, sommet sur Ardon, le, les Paz ronds, 3 sommets
Ëntremont ; Poays à Ursins, Lavanchy-Poy, Ormonts ; es
Pueys, 5 loc. Frib. ; Puey à Vevey et 4 Frib. ; au Puit, ham. sur
Riez, loc. à Neyruz, Autigcny ; le Puy, soit crét, des Fourches à
Orbe, et loc. à Conthey, Charrat et Nendaz^ Valais, au Puis à
Aig'le sur Vers Pousaz ; Sur le Puits, crét à Biolej-Magnoud, Cor-
revon, La Sarraz, autrefois Poy : un acte de Matile, i344> fixant
les limites de La Sarraz, nomme le poix de Wichimont ou mo-
larium de Wichimonz, le poix ou mont de Ruery (Rueyres), et le
poix de Montaust. Poy se trouve aussi dans les chartes valai-
sannes de Sion, 1266 : Un Benedictus dol Poy, Du latin podium y
estrade de théâtre, qui a passé en français avec le sens de colline,
mont : en 1249, Ans. de Billens donne à Pierre de Savoie ce qu'il
possède in Podio de Romont, Zeerleder, I ; on connaît les Puy
d'Auverg-ne, les Peu ou Pué du Berry et les Poët du Dauphiné.
Par contre les Puits de la plaine de TOrbe : marais du Puits à
Bavois et ailleurs à Pompaples, à Orny, sont des sources, nom-
breuses dans cette partie du marais.
La PeuiTeyre, ham. et Champ Peufier à Bex ; au PeulTet^
prés à Noville, es PuiTet ou Peffés à Vouvry, à la Poffeyre,
vigne à Lutry ; sans doute parents du patois peuffety puffet^ di-
minutifs de pousse^ poussière, avec permutation s-f, allusion pro-
bable à un terrain léger, s^enlevant facilement en poussière.
Peulex à Salvan, Valais, les Peutels, ham. à Jussy, Genève
(mare) ; Peutet, Peut!, Peutîx, Peuty, 6 loc. Valais ; d'après
M. Bonnard (in litt.), de putiduSy laid, voir pouet. Peut-être
quelquefois autre forme de Pautex : le Peulîl de Monthey, Peutij
181 9, était un Paufey, 1696, et le Pautex d'Aigle s'appelle aussi
Peutex, voir Pau f ex.
Pevray, maison et loc. à Eclépens = (fundum) Piperacum^
domaine d'un Piper, cognomen romain. Piperacum a donné les
Pibrac et Pebrac de France, et Piper le village de Poivre (Aube),
Piper, 1202 (Jubainville) ; voir cependant Pevret.
PÉVRET — PIGNE 345
Pévpet, loc. à Pully, en Pevpey, champ à Villars-Tiercelin,
Champ Pévpaz à Saint-Cierges ; de piperetum, endroit où
abondent les menthes, patois peuria.
Au Pex, Pez, 2 loc. Berolle et Ballens, ruisseau, marais et pe-
tit lac ou puits naturel ; de puteum^ puits.
Peypes, ham. de Peyres-el^Possens, D. Moudon, Pairi, 1228,
1280, Payri, 1264, M. R. VI, i4i ; probablement autre forme de
pierre, provençal peire, peyre,
Pezé, Pezeype, voir Pesay.
Phillîng, Granges — , voir Filling.
Piamont, loc. à Domdidier, Mex, etc. ; probabl. Plat mont.
Pichoux, voir Pissou.
Piémont, m. à Courtelary = pied (du) mont.
Pierrabesse,-baisse, voir Besse.
Pierre à Bot, voir Perabot.
Pierrafortscha, ham. près Fribourg ; du patois forischa^
fourchu : pierre fourchue ou fendue, à cause d'un bloc erratique
— peut-être un dolmen — remarquable, fendu en deux ; une
autre Pierra fortscha se trouve près de Berlens, Fribourg.
La Pierraz, alpe de Bourg-Saint-Pierre, Entremont; sans
doute le pratam de Lapide (Pierre), i235, M. R. XXIX, 820.
Les Pierronnes, lieux rocheux, pierriers au fond du vallon de
Javemaz, alpes de Bex ; correspondant fém. de Perron, du bas
latin petronem, de pierre ; voir Perron.
Pieulieuse, voir Pouillcrel.
Pîeppafuz, m. à Vaux = pierre à feu, terrain siliceux où des
étincelles jaillissent sous la pioche du laboureur.
Pierredar, plateau rocheux dominant le cirque de Creux de
Champ ; fausse orth. pour Pierre-Dard (ou Perredard) , la
pierre, le rocher du Dard, de la cascade qui tombe au-dessous et
forme la principale source de la Grande Eau naissante.
Le Pigne de TAllée (pour la Lei), sommet près Zinal, Valais ;
le Pîgne d'Arolla, vallée d'Hérens ; dérivé Têta Pegnat ou mieux
Pegnaz, alpes de Bex ; de * pinnium, dérivé de pinnay créneau
346 PILAZ — PISSOT
de muraille, qui a donué pignon ; pinna est un parent du celtique
penn, sommet, tète, auquel on pourrait aussi rattacher pigne.
Pilaz ou Pile (Pille, carte Siegcfried, prononcé comme ville),
pâturage du Jura à Saint-Cergues ; peut-être du v. fr. pille, vase
et pile (pila), mortier à pilon, qui a aussi le sens de citerne, vais-
seau ; c'est une métaphore semblable à celle de Auge. La Pilaz est
enfoncée, surtout la Pile-Dessous, entre des coteaux qui la domi-
nent de 2 à 3oo m.
PîIIevuît, voir Perrevouet.
Piraz, loc. à Vex ; du patois pira, pierre ; de même un champ
de Piraz-grand à Troinex, Genève, Petra magna en 1276, jadis
un menhir de 26 p. de hauteur, M. G. XIV, 87, et V, 5o5 ; en
Pîry, loc. à Ayent, collectif; du \aX\n petretum, lieu pierreux.
Pîpoliîèpe à Plan-les-Ouates, Genève ; pirole, petite pierre, et
coll. ière ; lieu graveleux.
Pissevache, cascade près Vcrnayaz, Valais. Gatschet, trouvant
Tétymologie qui se présente tout naturellement, inesthétique, —
« unâsthetisch, » — le tire « du v. h. ail. puzzin-wag, source
jaillissante : vue d'en bas, la cascade a Tair d'une source jaillissant
du rocher. Mais, outre que les transformations du mot seraient
bien difficiles et que les intermédiaires manquent, il y a d'autres
raisons : i» Nous avons plusieurs autres Pissevache, ruisseau
à Hermenches, D. Moudon, un autre à Bossy, Genève, ce nom est
porté aussi par le nant des Grattes à Genève ; d'après Galiffe,
d'autres encore en Savoie, et il y a Pissechèvpe, cascade du tor-
rent de Mordes ; 2» les paysans qui ont nommé ces cours d'eau ne
se piquent pas d'esthétique, comme le montrent les mots suivants ;
30 le romanche emploie la même figure : val Pischa, Pischa da
daint, vall. de Munster, Pisciadello à la Bernina, etc. ; du ro-
manche pischy urine.
Pissot, torrent à Lourtier de Bagnes, loc. à Ollon, torrent à
Villeneuve, gorges à l'Etivaz, pâturage à Albeuve ; Pessot à Nei-
rivue. Broc, Corbeyrier, Vouvry ; cascade sur Muraz, D. Mon-
they ; Pissoz à Vionnaz, les Pessottes à Gollonge, Pessoz, tor-
rent, affluent de la Lizerne, cascade de la Salenze sur Saillon ;
PIZY — PLAINPALAIS 347
Pezot(ls) à Conthey ; Pesseux, ruisseau à Trient et torrent à
Saint-Martin d'Héreas ; le Pîssoîr, sommet i^^lacé à Trient et ruis-
seau à Og-ens, le Pissioux à Cheyres ; Pecheux, alpes de Saint-
Ging-olph et de Trient ; le Pissoux, g'orges du Doubs près Chaux-
de-Fonds, Pichoux (ou Pissou), gorg-e et cascade de la Some et
gorges près Courgenay et Boécourt, la Pissausaz à Reverolles,
le Pischiauc à Grône, Valais (pour le c, voir Biolec) ; diminutifs,
Pesseuie, loc. à Fully, Pessaulaz, m. à Chàteau-d'Œx. Pîs-
chourgraben à Louèche-Bains, comba dou Pissyor, i55i, forme
germanisée ; un Pissot à Mage^ Valais, i255.
Pîzy ou Pisy, D. Aubonne, Pisis^ i\%%, Pesis, ^^97» M. G.
XIV, i5 et IV, 86, Pisy, i235, Pisis, i244, M. R. XII, Guill. de
PysiZj i3o6, M. R. XXXIV, 4i ; de pisis, dat. plur. de pisum,
pois, et de pisetum, culture de pois. Ces formes primitives empê-
chent de le dériver de Piciacum, domaine d'un Pitius, comme
Pizy, Yonne, Piciacum au vu® s.
La Place, les Places, ham. de Conthey, Platea, 1290;
d'Ayent, Platea, 1282, et de nombreux autres villages valaisans ;
les Places à Fribourg, les Plates, i33o, et 12 autres loc. du can-
ton ; aussi dans le Jura neuchâtelois et bernois ; de platea, place
de ville, désigne Tagglomération principale, au moins à l'origine.
Plagne, D. Gourtelary, ail. Plentsch, Bleen, forme ail., i3ii,
la Plagne ou Plaigne, loc. à Gimel et pâturage sur Montreux
(aussi Pleniaz) ; les Plagnes, forêt sur Bière, Plagnoz, pâtur. à
Lessoc ; autres formes de plaine, provençal planha, plaigna ;
Plagnuit, ham. sur Fully et sur Salvan, en Planuit à Vérossaz,
Plagnuz à Château-d'Œx, le Planiu à Gerniat, Gruyère, diminu-
tifs ; de planeolum.
La Pla(g)nière, ham. de Châtel-Saint-Denis, forme adjective.
Littré a le masc. plagnier, plateau sur une montagne.
Le Plain, les Plains, le Plaignat, loc. à Saint-Brais, diminu-
tif, et les composés Plainbois, Plainfayen {faginurriy de hêtre),
Plainmont, loc. du Jura bernois ; de plain, s. m., anc. forme de
plan ; plan du bois, des hêtres, du mont.
Plainpalais, Genève, Palais, Palacium, 1263, 1269, Pala--
348 PLAIT — PLANA PAYE
tiuiHy i34o, M. G. XIV, 60, VII, 817, III, 186, Planum pala
ciurriy li?^, Plainpalex^ xvi® s. ; de plain = plan et palais.
Une chronique de Grenève, anonyme et sans date — fin du xvi® s^
— dit : « Le second monastère forain estoit des Jacopins, assis en
la Courraterie et estoit nommé Palaix pour sa mag-nificence et
grandeur. > Mais ceci n'est qu'une fausse étjmologie. Le couvent
des Jacobins ou dominicains paraît avoir été fondé justement en
1263 où nous trouvons le mot Palais déjà employé. Palacium ne
serait qu'une traduction latine du v. fr. palais. Or si Ton consi-
dère que le terrain était alors une plaine marécageuse, exposée
aux inondations dis TArve et du Rhône, que la grève du lac à Rive
se nommait ègdlemGDi palueys, i3o5, paloySy i3o3, i3o6 ou pa^
laySy i3o6, Rég*. g'en., p. 385, 5i5, 4oo, on verra plutôt dans
Plainpalais la plaine du marais, de paludetum. Voyez aussi Pa-
lais.
Le Plaît, ham. de Renens, D. Lausanne. Serait-ce l'emplace-
ment du plaît des Runing'es? v. fr. plaii, du latin placitunij
cour, assises, assemblée des citoyens d'une commune ; une charte
de 1238 parle d'un W. de Plais de Runens. Il y avait un Playtj
villis de Playt aux environs de Lutry, i36o, M. R. VII, un alleu
de Plaîty et aujourd'hui une rue de Sous Plaît à Chexbres, même
origine.
Plamboz, ham. du Locle, Plambuîs à Bovernier, Pîambué,
ham. de Collonges, Valais, Plambouet à Fully, Pîambuît, ham.
de Lavey et d'OUon = plan, adj., et bois.
Pîame, loc. à Gonthey = plane, permutation w-m, comme
prunier, prumi.
Plamproz, loc. à Lourtier de Bagnes, à Vouvry = plan-pré.
Pîanactiaux, sommet à Château-d'Œx 1= chaux, pâturage^
plan. Plamachaux, pâturage à Champéry, Valais, même mot,
permutation /i-m.
Plana Paye, ham. du Ghâtelard et de Villars, Frib., Planna
Faye, i483 ^ forêt plane de hêtres (et non plaine aux moutons).
Plan-à-Jeur à Salvan et Martigny = plan de la forêt. On
PLANARD — PLANFAYON 349
trouve aussi Planajeur, c'est alors la forêt, la joux plane. Plan-
la-Jeux de Vionnaz était une planna Jeur^ 1728, 1770.
Planard, nombreuses loc. Vaud et Valais, suff. augm. ard =
grand plan.
Flanavy, loc. à Yvorne ; de via = route plane.
Planaz, nombr. loc. et Plannaz, Salvan, Pliannes, patois fri-
bourgeois; fém. de plan, adj. = lieux plans, plats.
Planchamp, ham. de Montreux et ailleurs ; de planum cam-
puniy champ plan.
Planches, D. de Vevey et nombreux ham. et très nombreux
lieux-dits ; dim. Planchettes, du fr. planche, latin planca, au
sens d'espace de terrain.
Planchemont à Moudon = planche du mont.
Planchy à Bulle, Planchi, 1277, Planchix, 1879, et Plan-
•chis, champs à Porrentruy, collectifs de Planche.
Plancudrey, ham. de Villeneuve = plan de la coudraie, des
coudriers.
Plandaret à Conthey = Plandarrey, plan d'arrière.
Planereuse, alpe sur un plan au-dessus de la Reuse de Sa-
leina, val Ferret = Plane de la Reuse.
Planée, loc. aux Verrières ; de planata ; Plané, Planet,
Planneau (ou Planeau) à Vionnaz, es Planettes à Chardonne,
Planette (Venthône), dim. de plan.
Planellet, sommet sur Vouvry, petit plateau au sommet, et
Planélet à Vionnaz, doubles diminutifs, el-et.
Planex, Planey, Plany, Plenay ; collectifs de plan, avec suf-
fixes coll. ex^ cy^ y*
Planeyse, plaine à Colombier, Neuch., Planeise à Payerne,
Planaize à Boussens, Planaise, Saint-Saphorin-Morges, Planîsse
à Chesières, à Saint-Léonard, Planessy, i448, Planîge à Ven-
thône, Planey si, i36i, Planigy à Salquenen, Planazi à Bagnes ;
de planitia.
Planfayon, D. Singîne, Frib., ail. Plaffeyeriy Planfeiuriy
II 48, Donat. Haut., Plan/euriy 1228, M. R. VI, 24, Planfaion,
1287, F. B. II, 1428, R. dipl. VII, i56, Plainfaon, i453 ; autre
350 PLAN FAYE — PLATTA
loc. à Ropraz ; de plan^ adj., eijayon, dim. de faye, de fageia
■=. petit bois plat de hêtres ; peut-être aussi de faye^ brebis ; ce
serait alors la plaine aux brebis.
Plan Faye, ham. de Massonnens et loc. Matran ; de plan, s.
m., plateau et faye, àefageta = plan de la hêtraie.
Plan-Fey ou Planfey, 5 loc. ; de plan eifagetuniy Tune Piano
Facto, i4o2, M. R. 2, II, 25, même sens.
Plan-Folliaz, plus. loc. = plan de la feuillei du bois feuillu.
Pian-Fromentin, ham. Ormont-dessus ; plan et n. propre (fa-
mille des Ormonts).
Plan-Ievpaz, loc. à Montreux = plan de la leyvraZy du lièvre.
Es Plannes, loc. Albeuve, Villeneuve ; Muraz et Leytron, Va-
lais ; peut-être aux plaines, peut-être aussi aux Planes, aux érables
Planes.
Plan-IVévé, g-laciers, Bex et Salvan = plan du névé, de la
neige.
Plans sadoz, atlas Sieg-fried, ou Plançades, carte Dufour,
larg'e plateau de pâturag^es doucement inclinés au Saint-Bernard
= plans sadeSf v. fr. sade, doux, ag-réable.
Plan Sayaz, alpe d'Ollon ; plan de Tarête, voir Seya.
Plan-Seujet, ham. sur Bex = plan des saules ; voir Seujet.
La Plantaz, une 3o^ de lieux-dits, aussi la Planta, Sion, la
Planteau à Evionnaz (Plantoz) et Vionnaz, ou la Plantau (d, x),
Monthey, Colombey), désignant des terrains cultivés, des plan-
tages ; celui-ci du bas latin plantaticum, de planiare, planter ;
es, les Plantaux, plus, lieux-dits, diminutif.
Plantey à Etoy, Plantay à Lavigny, es Plantayes à Vouvry,
es Plantaies, Yens, 1296, Gilly, 1265, la Plantée, de planta-
tam^ plantatas. Un Will. de Plantata à Liddes, 1228.
Plasselb, D. Singine^ Fribourg, Blanselp, i364, Matile,P/a/i-
naseyva, 1824, Plannasewa, ^472, M. G. XII, en patois Plana-
si va ; forme allemande de Plana silva t forêt plane.
Platta, vignoble près Sion, Plata, i243, Platta, i3o6, Plattaz^
i4i4> es Plattes à Fiez ; de plat ; Plattel à Concise, Platet à
Champvent, diminutifs ; Platey à Vionnaz, Platez à Montche-
PLATURE — POIL DE CHIEN 351
rand, Plattaire à CremiD, Plaleyres à rAberg^ment, collec-
Ufs.
La Plature (ou TEplature), loc, plaine aux Pommerats, Jura
bernois, et ham. aux Fonts, Neuchâtel ; les Eplatures, ham. de
la Chaux-de-Fonds, pour es Platures ; de plat et suffixe collectif
ure.
Pleigne, D. Delémont, Berne, ail. Pleeriy Plenna^ ^^9»
Plaigne, 1187, Plenne, 1188, Blennes, 1213 ; Pleigne-Seigne,
ham. de Montfaucon, Franches-Montag-nes ; autre orth. de plai~
gne (voir plus haut), syn. de plaine, adjectif dans le second = la
Sag'ne plaine, ou plane, unie.
Pienafey, ham. de Saint-Sylvestre = forôt plane de hêtres.
Plenazeu (Pléna-jeur) à Bag-nes, pâturage entouré de forêts,
dzeu = joux, donc en pleine joux.
Pleujouse, D. Porrentruy, ail. Bliizhausen, Blutzhasen^
\^l\o, Pluiusa, iio5, 1180, de Pluvioso, ii36-ii52, Pluviosa,
116 1, II 86, \2^by Pluiose, i3o2, i3o5; le latin sig'nifie (villa)
pluviosa, (vicas) pluviosus, villag-e pluvieux ; l'allemand Blitz-
hausen, villag-e des éclairs, des orag-es. Le rapprochement des
deux noms justifie Tétymolog-ie de pluvieux.
Piex, écrit aussi Pley (ou P/ay, Plaix), pàturag'es à Muraz,
Collong-es, Val d'IUiez, Valais, à Ollon ; dérivés : Pleyeu à Saxon
et à Bag-nes ; Pléauc, prés à Grône, Valais ; Pleyau sur Saint-
Légier, pâturage et sommet (auquel le doyen Bridel, épris d'anti-
quité, a donné le nom grec de Pleïades) ; du latin plexus, v. fr.
plais, clôture = pâturag-es entourés de clôtures ou de forêts. Plaix
est un n. local très fréquent dans le Berry ; Tall. : pletscherty une
io« de loc, a la même orig-ine.
Pliains, plusieurs pâtur. Gruyère, les Pliannes, plaine, m. à
Semsales, Piiano, Tour de Trême ; formes patoises de plairty
plane.
Poay, Poy, voir Peu.
Poët, f. Poëtte, voir Pou.
Le Poil de CSiien, pâturage de Vaulruz, Gruyère, et localité à
352 POIPE — PONT
Montcherand ; du nom populaire du Nardus stricta, graminée très
dure, patois Pei de isin, trop commua dans les sols tourbeux.
Poipe ou Poype, mamelon arrondi, poipe en Dauphiné, em-
ployé chez nous au moyen àg-e, et peut-être encore aujourd'hui, la
poipe, popia, popiCy du château à Dommartin, 1200, 1225, W. et
Gir. de la Polpi, 1217, M. R. VI, 117, i64, 167, etc. ; parent
de poupe, montag'ne en forme de mamelle, anc. fr. poupe^ bout
de sein, provençal popa,
Poirerat, loc. à Courchavon, Jura bernois, lieu où abondent les
poiriers.
Poîsat, Poisattes, Poisieux, voir Posât.
Polîez, 2 com. D. Echallens, Poliacum^ Pauliaca^ M. R. VI,
i4i, 642, Polliacum, ii4i> f^olye, 1142, Cart. Month. 'j^PolUy
II 54, Pollie lo grant, 1228, 1226, Pollie^ 1228, Pollie lopitety
1280, M. R. VI, 187, Pallie lo Grande 1288, Poulye loz Grandy
1276, Palliez (Pittet), i4o8, Paliez-le-Grandy i453, Pally-le-
Grand et Pally-Pittet, 1702, Rev. hist. Vaud., XIV, 55, Pully^
le-Petity 1784, Arch. Fr. VII = (fandam) Polliacam^ domaine
d'un Pollius, g-entilice romain.
Pomay à Arvejes d'OUon ; Pommey, 5 loc. ; Pommier, ham.
Grand-Saconnex ; la Pommière (Paumière), ham. de Chêne ;
Pommy à Bremblens, Châtel-sur^Montsalvens ; Pomy, D. Yver-
don, PomierSy 1174» Pomer^ i235, Cart. Month., Pomy y 1487,
Pomiery i453 ; en Pomy à Trélex ; de pometaniy pommeraie.
Pomeipy, Pommeriaz, Lavig-ny ; Pommeret, 8 loc. ; Pom-
merai, Jura; les Pomme rettes à Dombresson ; de pomaretarriy
pomaretay pommeraie.
Pomirond, fausse orth. de Tatlas Sieg'fried, Pomepan, Dict.
de Lutz, ou mieux Pomeypon, ham. de Conthey, diminutif.
Pompaples, D. Cossonay, Pons papuli, 1049, PompaplOy
1825, Ponpaploy 1844 (Matile), Pumpaplos, i458 = pont du
peuplier ; la forme paple sous l'influence du germanique pappel
comme dans Paplemont.
Le Pont, Vallée de Joux, autrefois lo Popt, le Champ da Port,
i883, ad Portum; le nom changea quand on eut jeté un pont.
PONTAISE — PONT NEUF 353
Pontaise, loc. à Lausanne, Pontosa, i5io?
Pontareuse, ham. C. Neuchâtel, anc. paroisse disparue,
temple démoli en 1647, Ponterousa, 121 1, Pontrousa, 1228, M.
R. VI, 19, 649, Ponterosa, 1288, Ponte Aurosa, 1849 = Pont
de TAreuse.
Pontet, nombr. loc, une 10^, dim. de pont; Tun d'eux, au
Pontet à Massong-ex, 1761, est aujourd'hui un Poutet.
Ponthaux, D. Sarine, Frib., Pontet, iit^2, Cart. Month., p. 6,
M. R. XII, PonteaPy 1166, Hidber, II, Pontelz et Pontouz vers
1180, Donat. Haut., PontelSy 1868, Rec. dipl. III, PonthouZy
1884) Pontaux, i458 ; un autre PontelSy ham. de Guin, sans
doute dim. de pont. Le premier est très probablement le BontelSy
1428 et 1484) H.ec. dipl. VII, p. 169, 168 et V, que M. Gremaud
n'a pas identifié.
Pontis, vallée d'Anniviers, gorges avec plusieurs ponts ; Ponty,
ham. de Lejsin, Pontiz, 1882 ; — ou Pontey, ham. de Lucens,
Pontety 1142, Pontity ii55, M. R. XII; les Pontex près Ro-
mont, autres dérivés de pont ; les suffixes ey, ex désignant des
collectifs. Pont et Pontet dénomment souvent des localités au sol
tourbeux, où les chemins ont dd être établis sur des ponts, soit
sur des troncs juxtaposés. C'est ainsi que l'ancienne route romaine
traversait le Grand Marais. C'est le cas pour les Ponts-de-Martel,
les Joux des Ponts à Semsales, les Ponts d'Avaux à Vaulruz, le
Pontet, Vallée de Joux, la Chaussée des Pontins à Coffrane,
les Pontins à Saint-Imier, Pontenet, com. D. Moutier, Pontenalj
1869, Pontenet y 1874, Ponteiet, i4oi ; les Pontenets, pâturage
à Saint-Brait, Jura bernois, Pontinet aux Ponts-de-Martel. Ce
dernier nom désigne une localité où se trouvait jadis un tel che-
min fait de madriers juxtaposés utilisé encore, d'après Lesque-
reuXy en i5i7, £ibandonné en i54o, enseveli sous trois pieds de
tourbe en 1842 ; in, diminutif, enet, inet, double dimin.
Au Pontonney à Siviriez, Frib., probablement Pontonnet, petit
pont.
Pont Neuf sur la Morge, alpes de Conthej, Valais ; pons no^
vuSy i3o4.
M. D. SBC. SÉRIE, TOME VII 23
354 POm'-ORGE — PORRENTRUY
Pont-Opge, m. et pont près des Thioleyres, D. Oron, Pontem
Ordeorum, iiS^^pratum de Pontoris, i2i5, M. R. I, 2« S.,
i48, PontorjoZy lôSg = pont de l'orge.
Pontrsec, Ponsec ou Pensez, torrent, liniite d'Orsières et de
Liddes, Valais, />on5 siccaSy 1228 ; le torrent est souvent à sec, de
là le nom.
Pontrausaz, m. à Mont, D. Rolle ; c*est probablement le Pont-
reusaj 1228, et Ponterosa^ 1288, Gart. Laus., M. R. VI, 649, et
le Orausa ultra Albonam de 1 344 dans Matile.
Ponveys (s fautif), loc. à Grand villard, Gruyère, près du pont.
Eponveys, loc. vers les 2 ponts de la Sarine et du torrent à
Montbovon = pont-^eil, es ponts-veilSy le pont vieux, es ponts
vieux, « du v. fr. oeil, vieux » (Bonnard).
Ponverpoz, loc. à Villeneuve, ancienne propriété des nobles de
Pontoerre^ famille savoisienne, — châteaux près d'Annecy, —
qui possédait de nombreux fiefs dans la contrée. C'était aussi à
Aigle le nom du Clos de Vahyse avant que ceux-ci eussent suc-
cédé aux Pontverre, écrit Pontverrier, Jeannet de — , 1872, 1878,
François de — , i4i8, i442, etc., chartes d'Aigle.
Porcheresse, loc. sous Chamossaire, alpes d'Ollon, 2 autres à
Premier et Bretonnières ; pâturage à Charmey (Portzereche, Por-
tzeresse) ; de porc et suffixe v. fr. eresse, pâturage des porcs. L'a-
tlas Siegfried indique à Morgins une loc. Pocheresse, sans doute
un r oublié.
Poppentpuy, ail. Pruntrut; Purrentru et Punrentrutj 1186^
Trouillat, Pontereyntruj ii4o, Attinger, PoarewrfrM, 1186, Por-
rentrai, 1284, etc. ; n. ail. Brunnendrutj 1276, BurnentrUt,
1288. D'après Perreciot (Etude sur le comté d'Ajoie), reproduit par
Lutz, de Pons Raintrudis, Ragnetrudis, c'est-à-dire pont bâti
par la femme de Dagobert I*"" (622-688). Aucun document histo-
rique, répond Vauthey, ne peut appuyer cette supposition, puis il
tire ce nom de mots celtiques. Le Dict. géog. d'Attinger le tire de
l'ail, brunn, fontaine, et trut, trud, druide, étymologie mixte fort
douteuse. Nous préférons la première, en remarquant que si rien
ne prouve que le pont ait été fondé par la femme de Dagobert,
PORREYRE — POSAT 355
rien De s^oppose à ce qu'il ait été construit par quelque autre Ra-
g'netrud ou Raintrud (Fôrstemann donne i5 variantes de ce nom).
Poppeype, pâturag-e sur Gryon ; ferme à La Tour ; Poppey-
pettaz, pàturag-e sur Bex, diminutif, la Poppasse sous la Pointe
des Savolaires à Bex, suff. aug-m. asse ; es Poppades, vignes à
Luins, dérivés de porrum, patois porra^ porré, poireau, ail, en-
droit où abondent, dans les Alpes, Tail des montag'nes, et dans le
vig-noble Tail des vig-nes.
Popsel, C. Frib., Porcels, xii® s., Porsez, 1271, Forcez,
1284, M. R. XII, Porcel, i453, Arch. Fr. et 1668, carte v. der
Weid.
Popsogne, alpe à Rougemont, Pays-d*Enhaut ; peut-être de
porc et sogncy v. fr. songne, italien sogna, soin : « pàturag'e où
Ton soigne, où Ton élève des porcs, synonyme des Porcheresses,
assez fréquentes dans les Alpes.
Poptalban^ Fribour^, Poraban^ Porabant, 1166, capella de
Portubanniy 1182, Hidber, U^ Porta Arbano, i33o, Matile, Po-
rabarif 1668, carte v. der Weid; de port et Albanus, Albain, n.
pr. romain.
Poptaux, loc. à Aigle, Popleau à Corseaux, en Poptel à Con-
cise,